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09/02/2020

si cette hydre ne renaissait sans cesse du fond de superstition répandue sur toute la face de la terre

... La religion ! encore et toujours elle , pratiquée par des humains qui se prennent pour Dieu/dieux, parlent en son nom et tuent de même . Infâmes ils sont, infâmes ils restent . Le paradis est leur but suprème : qu'ils y aillent immédiatement et sans délai, je ne les retiens pas , bon débarras .

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[9 décembre 1764] 1

[Prie le roi d'agréer l'expression de sa sympathie à l'occasion de sa maladie, et lui en demande des nouvelles .]

1 Cette lettre et son contenu sont connus grâce à Sander dans les Hinterlassene Werke Friedrichs II , 1789 ; la confirmation est donnée par la réponse de Frédéric du 1er janvier 1765 , qui nous est parvenue, où on lit : « Je vous ai cru si occupé à écraser l’infâme que je n'ai pu présumer que vous pensiez à autre chose . Les coups que vous lui avez portés l'auraient terrassée il y a longtemps, si cette hydre ne renaissait sans cesse du fond de superstition répandue sur toute la face de la terre .[...] D'ailleurs, je vous suis fort obligé de la part que vous prenez à ma santé, et aux choses obligeantes que vous me dites, et je regrette que votre âge donne de justes appréhensions de voir finir avec vous cette pépinière de grands hommes et de beaux génies qui ont signalé le siècle de Louis XIV . Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde . /Federic. »

08/02/2020

Les grands artistes doivent être tous frères, et si la famille de ces frères est unie, la famille des sots sera confondue

... L'argent, je le crains bien, divise cette famille et du coup, celle des sots prospère . Il n'est qu'à voir , entendre et lire ce que de fumeux critiques veulent nous faire admirer/gober, pour devenir de parfaits béotiens comme eux .

 

 

« A Michel-Paul-Gui de Chabanon

9è décembre 1764

Si on était sûr, monsieur, d'avoir après sa mort des panégyristes tels que vous, il y aurait bien du plaisir à mourir . Vous faites de toute façon honneur aux beaux-arts . Je vois une belle âme dans tout ce que vous faites . Si tous les gens de lettres pensaient comme vous, leur état deviendrait le premier du royaume, et leurs persécuteurs seraient dans la fange . Continuez à rendre honorable un mérite personnel que l'insolence des pédants, et la fureur des fanatiques voudront enfin avilir . Les grands artistes doivent être tous frères, et si la famille de ces frères est unie, la famille des sots sera confondue . Nos pères ignorants, légers et barbares, ne connaissaient avant Lully que les vingt-quatre violons du roi, et avant Corneille le cardinal de Richelieu avait à ses gages quatre poètes du Pont-neuf , dignes de travailler sous ses ordres . Il n'y a que les coeurs sensibles et les esprits philosophes qui rendent justice aux vrais talents . Puisse cet esprit philosophique germer dans la nation . Après l'éloge que vous avez fait de Rameau 1 je ferai toujours le vôtre ; vous m’inspirez un sentiment d'estime qui approche bien de l'amitié ; j’ose vous demander la vôtre, les sentiments que j'ai pour vous la méritent . Comptez que c'est du meilleur de mon cœur et sans compliments que j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V. »

07/02/2020

en affaires je ne connais d’habileté que la franchise

... Aïe aïe aïe ! qu'on est loin, très très très loin de ça dans le monde des affaires tant commerciales que politiques . D'où l'encombrement des tribunaux et le pain bénit pour les avocats . La franchise, mon pauvre Voltaire ! et pourquoi pas de l'honnêteté tant qu'on y est ?!

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au Conseil souverain d'Alsace etc.

à Colmar

Votre lettre du 1er décembre, mon cher ami, doit entièrement dissiper les alarmes de ma famille . J'en avais fait part à M. le comte de Montmartin, parce qu'en affaires je ne connais d’habileté que la franchise . Je mande aujourd'hui à M. de Montmartin que c'est vous qui avez dissipé tous mes doutes, et qui consommez la nouvelle négociation que j'ai l'honneur de faire avec Mgr le duc de Virtemberg . Je crois que cette nouvelle ne lui déplaira pas ; et que ce nouveau contrat que nous allons faire , sera l'époque de la confiance du prince en vous, et de votre considération dans sa cour . Il vous regardera comme un homme dont l'intelligence et la probité lui auront été utiles . Je vous prie donc, mon cher ami, de faire le contrat en vertu de la nouvelle procuration donnée par Mgr le duc de Virtemberg à M. Jeanmaire, et de le faire dresser avec toutes les clauses qui peuvent en assurer la stabilité . M. Jeanmaire se charge de payer vos honoraires, en attendant que je puisse venir vous marquer ma reconnaissance à Colmar , où je serai certainement au printemps prochain si je suis en vie . Je vous embrasse de tout mon cœur avec la tendresse de la plus inviolable amitié .

Voltaire.

À Ferney 8è décembre 1764.1 »

1 Dupont a porté sur la manuscrit : « Reçu le 22 » ; le retard est imputable à l'hiver .

06/02/2020

J’essuie de très grandes difficultés par rapport à ma famille . Je sais bien qu'à mon âge je ne risque rien pour moi, mais mes héritiers en faveur de qui j'ai stipulé peuvent survivre au duc régnant

... On croirait bien entendre Elisabeth the IId qui s'inquiète après le Meghxit doublé du Brexit . Personnellement , je ne me fais aucun souci pour elle et sa descendance, l'argent va toujours à l'argent : https://www.forbes.fr/politique/harry-et-meghan-quels-fut...

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Pas mal l'hospice !

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au Conseil

souverain d'Alsace

à Colmar

Je suppose , mon cher ami, que vous avez reçu il y a environ trois semaines une lettre que je vous ai envoyée par Mme Dufresney . Il était question de votre arbitrage entre M. le duc de Virtemberg et moi chétif . J’essuie de très grandes difficultés par rapport à ma famille . Je sais bien qu'à mon âge je ne risque rien pour moi, mais mes héritiers en faveur de qui j'ai stipulé peuvent survivre au duc régnant . Je suis très sûr à présent que les terres sont substituées . Les successeurs de m le duc seront en droit de refuser l’exécution d'un contrat auquel ils n'ont pas consenti . Ils auraient pour prétexte que cette dette n'a pas été acceptée par les États de Virtemberg ; mes héritiers n'auraient pour ressource que la loi de l'honneur et de la bienséance . Je suis bien sûr que les princes frères du duc régnant ne manqueraient pas à cette loi sacrée ; mais par malheur cette loi de l'honneur qui est dans leur cœur ne peut entrer dans un contrat , et il faut d'autres sûretés dans une affaire aussi importante .

J'ignore si les États de Virtemberg voudraient accepter le nouveau contrat proposé, et ratifier en même temps les autres .

J'attends votre sentence d'arbitrage, et je voudrais bien pouvoir vous la demander moi-même . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

7è décembre 1764 à Ferney.1 »

1 Manuscrit original contresigné « Isaac Souchay », et mention « de Genève f[ran]co Colmar », cachet « Ports payés, payé Lyon » dans une couronne surmontant une fleur de lys .

05/02/2020

Je n'en suis pas mieux informé que des vingt édits qu'on enregistre ou qu'on n'enregistre pas avec tant de cérémonie

... Et comment s'y retrouver quand le plus bel apport au bien être de la société consiste pour l'opposition à déposer des milliers d'amendements contre une loi de réforme des retraites absolument nécessaire ? Et dire qu'ils sont payés pour ça !

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Et pendant ce temps-là les Chinois construisent un hôpital en 10 jours !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7è décembre 1764 à Ferney

Mon divin, ange, je réponds sur-le-champ à votre lettre du 28è novembre qui n'arriva qu'hier de Genève, et que je n'ai reçue qu'aujourd'hui . Je suis toujours émerveillé et confondu que vous n'ayez pas reçu par M. de Courteilles ou par M. l'abbé Arnaud, un paquet où étaient les provisions des dignités comiques pour Grandval, et les demoiselles Doligny et Muzy . Je vous en ai envoyé un dernier double à l'adresse de M. de Courteilles .

Le prince a renoncé à la librairie, et le marquis m'a écrit qu'il faisait partir les exemplaires dont Pierre Corneille a besoin .

M. de Pingon a accepté l'arbitrage de l'ordre de Malte . Ma petite famille et moi, nous vous faisons les plus tendres et les plus respectueux remerciements .

Je suis votre lettre pas à pas , j'envoie demain Mme Denis au grand Tronchin, elle saura de quoi il est question . Je doute beaucoup qu'on l'ait consulté, car on ne veut pas passer pour malade ; mais voici ce que je vais faire ; j'écrirai moi-même au malade, et peut-être je découvrirai de quoi il est question .

Vous êtes un véritable ange gardien d'avoir bien profité de l'apoplexie du sieur Vengé . Ces tours-là que vous me faites quelquefois, échauffent mon cœur et le remplissent de reconnaissance ; mais ils redoublent l'amertume que je sens d'être destiné à mourir sans baiser le bout de vos ailes . J'en dis autant à madame d'Argental . Vous ne me parlez point de sa santé, je présume par votre silence qu’elle est meilleure .

Mes yeux vous demandent grâce pour la révision des Roués . J'use actuellement d'une eau qui me fait espérer que je serai au moins borgne,et alors, je relirai les Roués d'un bon œil et de sang très froid . J'en jugerai comme de l'ouvrage d'un autre, et j'y travaillerai avec l'ardeur et le soin que vos ordres et vos bontés m'inspirent .

La requête de mon cher curé pour me voler mes dîmes est entre les mains du procureur général de Dijon ; voilà tout ce que j'en sais . Je n'en suis pas mieux informé que des vingt édits qu'on enregistre ou qu'on n'enregistre pas avec tant de cérémonie . Permettez mes divins anges, que je présente mes respects à M. le duc de Praslin . »

Daignez m'écrire seulement que les rentes que j'ai établies par contrats ..., en faveur de ma famille, lui seront toujours payées

... Telle est la requête des avocats , ou à peu près !

Du coup, ça fait tout drôle, étant innocent, de se retrouver derrière les barreaux .

https://www.lefigaro.fr/social/c-est-une-honte-c-est-du-v...

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« A Louis-Eugène, prince de Wurtemberg

5è décembre 1764 au château de Ferney

Permettez que j'aie encore l'honneur de parler à Votre Altesse Sérénissime sur la petite affaire de ma famille . Je ne suis point étonné que vous ayez mandé à ma nièce que dans l'occasion vous auriez égard à la justice de ses prétentions , nous comptons sans doute elle et moi sur la générosité de vos sentiments .

Vous avez ajouté à ces assurances de vos bontés, qu'il n'y avait plus de substitution dans les terres de votre maison . Vous entendez probablement qu'il est établi que les princes de votre sang en succédant à leurs parents, sont tenus de remplir les engagements de leurs prédécesseurs, de continuer les pensions , de payer les rentes et charges assignées .

C'est une loi qu'en effet l'honneur a dicté dans votre illustre maison ; mais la substitution est formelle dans toutes ses terres, et les ducs de Virtemberg ne peuvent aliéner aucun de leurs domaines, pas même en Franche-Comté et en Alsace .

Ainsi, monseigneur, aucun des domaines de votre maison n'est aliéné en ma faveur . J'ai établi seulement des rentes sur ma tête, et sur celles de mes neveux et nièces . Je ne jouirai pas longtemps des miennes ; mon âge de soixante et onze ans et mes infirmités, me font regarder l’extinction de ces rentes comme prochaines .

Reste donc celles qui sont sur la tête de Mme Denis, et celles qui sont sur la tête de mes neveux . Ils peuvent survivre à monseigneur le duc régnant, et en ce cas ils perdraient ce que je leur ai donné, si votre Altesse Sérénissime n'avait pas la bonté de tenir cet engagement, et d'ordonner le paiement de leurs rentes .

Ces rentes étant spécialement hypothéquées par-devant notaire sur les terres de l'Alsace et de la Franche-Comté , n'ont absolument rien de commun avec les États du Virtemberg . Je crois même que ce sont les seules dettes dont vos terres en France soient chargées . D'ailleurs, Votre Altesse Sérénissime sait bien que ces rentes, regardées comme alimentaires, et qui s’éteignent par la mort, n'entament jamais le fonds, et ne peuvent porter aucun préjudice ni à votre maison, ni à vos États .

Fondé sur ces raisons, et obligé de pourvoir à ma famille, j'ai donc pris la liberté de m'adresser directement à Votre Altesse Sérénissime . Je me suis félicité de voir mes intérêts dépendre de votre justice , et de la magnanimité de votre cœur . Il ne s'agit ici d'aucune discussion, d'aucun arrangement qui regarde le duché de Virtemberg, d'aucune affaire avec les États ; enfin, de rien au monde qui puisse compromettre votre personne . Je ne demande qu'un mot de lettre ; et si mon état me permettait de paraître en votre présence, je ne demanderais qu’une parole de votre bouche . Daignez m'écrire seulement que les rentes que j'ai établies par contrats avec monseigneur le duc votre frère, en faveur de ma famille, lui seront toujours payées .

Ces deux lignes certainement ne commettent pas votre personne, elles rassurent toute ma famille, et elles préviennent une foule de formalités très coûteuses dans chaque juridiction des terres situées en France .

Je vous demande cette grâce avec la plus vive instance . Je n'en abuserai certainement pas, et je vivrai et mourrai pénétré de la reconnaissance et du respect avec lequel j'ai l'honneur d'être

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

04/02/2020

Nous ne sommes pas dignes, nous et notre vin de Gex, de la prodigieuse quantité que nous en avons

... Quantité si "prodigieuse" [sic] qu'elle permet de nos jours de livrer du raisin aux Caves du Mandement (genevoises) et, double prodige , faire de ce jus discrètement transporté  par nos honnêtes suisses du célèbre Fendant valaisan . Alleluia ! les choux sont gras !

Il reste cependant un couple vigneron sur les terres ayant appartenu au patriarche dont la production est prodigieusement discrète et agréable à boire . 

https://www.mondialduchasselas.com/ferney-voltaire-le-cou...

http://www.vin-vigne.com/commune/Ferney-Voltaire-01210.html

http://www.mondialduchasselas.com/wp-content/uploads/2018/01/Ferney-Voltaire.jpg

Santé gaillards !

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Au château de Ferney par Genève

5 décembre [1764 ?] 1

Monsieur,

Vous ne m'avez rien écrit sur vos vignes cette année . Je me flatte que la bénédiction de Jacob est tombée sur vous comme sur nos cantons . Nous ne sommes pas dignes, nous et notre vin de Gex, de la prodigieuse quantité que nous en avons . Mais nous faisons plus de cas de deux de vos tonneaux que de trente des nôtres . Si donc monsieur vous avez un tonneau de vin ordinaire et un autre d'excellent, je boirai l'un et l'autre à votre santé, en cas que vous vouliez bien me le permettre . Permettez-moi d'assurer madame Le Bault de mon respect . C'est avec les mêmes sentiments que j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Daté d'après la date de récolte (voir lettre du 12 octobre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/10/12/j-espere-que-les-impots-serviront-un-jour-a-nous-faire-boire-5969998.html et celle du 22 octobre 1760 ) et du fait que la lettre est autographe . Mais le tout reste hypothétique .