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15/01/2020

Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois

... Ceci peut-il rassurer et consoler notre Stéphane Bern national , effondré par la "trahison" d'Harry envers sa grand'ma Lizbeth the II ?

 

 

« A Sébastien Dupont , Avocat au Conseil

souverain d'Alsace, etc.

à Colmar 1

Vous voilà , mon cher ami, du conseil de M. le duc de Virtemberg mais songez que vous êtes aussi à la tête du mien . Soyez arbitre entre lui et moi, entre la grandeur et l'amitié .

Il me semble que quelques publicistes allemands prétendent que toute les terres dépendantes du comté de Montbéliard sont substituées à perpétuité par des pactes de famille . Si cela était, comme je le présume, ma famille risquerait beaucoup ; ma nièce surtout, aurait à se plaindre, et il se trouverait que je l'aurais dépouillée de mon bien en voulant le lui assurer . Je sais que M. le duc de Virtemberg s’oblige pour lui et pour ses hoirs, mais ces hoirs pourront fort bien ne se point croire obligés . M. le prince Louis-Eugène de Virtemberg, frère du duc régnant, semble même refuser de s'engager par une simple parole d'honnêteté et de générosité qu'on lui demandait . Peut-être avec le temps pourrait-on obtenir de lui cette démarche que l'âme noble d'un prince ne doit pas refuser . Mais enfin nous n'avons fait jusqu'ici auprès de lui que de vains efforts .

Vous sentez bien, mon cher ami, que ce n'est pas mon intérêt qui me guide . Je tombe dans une décrépitude infirme, et le duc régnant me survivra sans doute, mais Mme Denis peut lui survivre, et vous savez que j'étais prêt de passer un autre contrat avec lui, en faveur de mon autre nièce et de mes neveux . La difficulté qui se présente arrête la conclusion de cette affaire, et fait trembler pour les précédentes .

Vous êtes à portée de savoir si en effet le duc régnant a pu stipuler pour ses hoirs, si les domaines de Franche-Comté et d'Alsace répondent de la dette, et quelles mesures on pourrait prendre pour nous donner toutes les sûretés nécessaires . J'avoue que je n'avais jamais douté que M. le prince Louis qui m'a honoré de ses bontés depuis son enfance, et qui est aujourd'hui mon voisin, pût faire la moindre difficulté d'acquitter un jour une dette si légitime, en cas qu'on eût le malheur de perdre son frère aîné . Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois que de la volonté des hommes .

Je m'en remets à vous, mon cher ami ; je vous prie de conduire ce pauvre aveugle, qui l'est surtout en affaires, et qui vous aime de tout son cœur .

V.

 

20è novembre 1764 à Ferney.

N.B. – Je présume que les terres du duc de Virtemberg qui sont en France, sont régies selon les lois de la France, et il me semble que nos lois ne permettent plus les substituions perpétuelles, excepté sur les duchés-pairies, mais j'ai cherché en vain ces règlements dans les conférences de Bornier 2. Il est rare de trouver dans les livres ce qu'on y cherche . Je vous supplie de conférer de tout cela avec M. de Bruge, qui doit être depuis longtemps au fait des affaires de la maison de Virtemberg. »

1 Le manuscrit original porte le cachet « Strasb[ourg] » ; Dupont a porté sur le manuscrit « répondu le 1er décembre 1764 » et « Struve Corp[us] juris public [academicum, Jena, 1734] p. X, 196. Alsatia illustrata t. 2, P. 78 ordonn[ance] d'Orléans oct [obre] 17] 59 la Novelle 159 »

2 Philippe Bornier , Conférences des nouvelles ordonnances de Louis XIV […] avec celles des rois prédécesseurs de sa Majesté, 1681 .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9607069f.texteImage

14/01/2020

on fourre dans l'inventaire bien des choses qui ne m'appartiennent pas 

... Telle est le constat de Harry , --qui semblerait bien avoir été contaminé par nos grèvistes en stoppant ses fonctions princières ,--  comptant les millions qui lui restent .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20è novembre 1764

Vous êtes les anges des Corneille, comme vous êtes les miens ; ainsi je compte que Mme Dupuits n'est pas trop téméraire en suppliant monsieur d'Argental de vouloir bien faire rendre le paquet ci-joint à M. Corneille . Le marquis est bien arrivé , et il a bien promis d'envoyer les feuilles qu'on demande ; et je ne doute pas que le prince et le marquis 1 n'ordonnent à leurs principaux officiers de faire les recherches nécessaires dans leur chancellerie , moyennant quoi l'héritier du nom de Corneille peut se flatter de recevoir dans quelques mois un paquet scellé du grand sceau .

Mes anges m'avaient tenu le cas secret sur les Lettres secrètes ; je ne les ai point lues . C'est un nommé Robinet, qui est allé exprès à Amsterdam . Je ne crois pas que son entreprise lui paye son voyage . Il prétend aussi faire imprimer ma correspondance avec le roi de Prusse ; en ce cas, il publiera de bien mauvais vers . Vous croyez bien que j'entends les miens car ceux d'un roi sont toujours bons .

Il me paraît que je ressemble assez à un homme dont le bien est à l'encan ; on vend tous mes effets comme si j'étais décédé insolvable , et on fourre dans l'inventaire bien des choses qui ne m'appartiennent pas ; mais comme je suis mort ce n'est pas la peine de me plaindre .

Dieu bénisse les vivants et qu'il accorde à mes anges la vie sempiternelle le plus tard qu'il pourra . »

1 A savoir Gabriel et Philibert Cramer !

13/01/2020

presque toutes les brochures de nos jours ressemblent à cette foule innombrable de moucherons qui meurent après avoir bourdonné un jour ou deux, pour faire place à d'autres qui ont la même destinée

... C'est évidemment multiplié par des milliards de nos jours . Innombrables nouvelles sans intérêt . Auto- admiration filmée jusqu'à l'écoeurement . Gaspillage de temps . Gaspillage d'énergie . Influenceurs/petits-maîtres pour moutons de Panurge vendeurs d'idioties , chefs d'Etats arrogants et vains, tous à mettre dans le même panier des déchets ultimes, inutilisables .

 

 

« A Pierre Rousseau Directeur du « Journal

encyclopédique »

à Bouillon

Aux Délices près de Genève

19è novembre 1764 1

Il est vrai, monsieur, comme vous le dites dans votre lettre du 4 courant, qu'on débite toujours quelque chose sous mon nom, comme on donne quelquefois du vin cru pour des vins étrangers . Ceux qui font ce négoce se trompent encore plus qu'ils ne trompent le public . Mon vin a toujours été fort médiocre, et ceux qui débitent le leur sous mon nom, ne feront pas fortune .
J'apprends que pour surcroit, on vient d'imprimer en Hollande mes Lettres secrètes . Je crois qu'en effet ce recueil sera très secret, et que le public n'en saura rien du tout . Il me semble que c'est à la fois offenser le public, et violer tous les droits de la société, que de publier les lettres d'un homme de son vivant, sans son consentement ; mais lui imputer des lettres qu'il n'a point écrit 2, c'est le métier d'un faussaire . Ce recueil n'est point parvenu dans ma retraite ; on m'assure qu'il est fort mauvais, et j'en suis très aise .

Je présume , au reste, que dans ces lettres familières qu'on débite sous mon nom, il n'y en aura aucune qui commence comme celles de Cicéron , si vous vous portez bien, j'en suis bien aise, pour moi je me porte bien. Ce serait là trop clairement un mensonge imprimé .

Je conçois qu'on imprime les lettres de Henri IV, du cardinal d'Ossar, de Mme de Sévigné . Racine le fils a même donné au public quelques lettres de son illustre père, dont on pardonne l'inutilité en faveur de son grand nom, mais il n'est permis d'imprimer les lettres des hommes obscurs que quand elles sont aussi plaisantes que celles que vous connaissez sous le titre de Litterae obscurorum virorum 3. Ne voilà-t-il pas un beau régal à faire au public que de lui présenter les prétendues lettres très inutiles et très insipides écrites par un homme retiré du monde à des gens que ce monde ne connait point du tout ? Il faut être aussi malavisé pour imprimer de telles fadaises, que frivole pour les lire . Aussi toutes ces paperasses tombent-elles au bout de quinze jours dans un éternel oubli ; et presque toutes les brochures de nos jours ressemblent à cette foule innombrable de moucherons qui meurent après avoir bourdonné un jour ou deux, pour faire place à d'autres qui ont la même destinée .

La plupart de nos occupations ne valent guère mieux, et ce n'était pas un sot que celui qui a dit le premier que tout était vanité, excepté la jouissance paisible de soi-même .

La substance de tout ce que je vous dis, monsieur, mériterait une place dans votre journal, si elle était ornée par votre plume .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments que vous me connaissez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Lettre parue dans le Journal encyclopédique le 1er décembre 1764.

2 Sic.

12/01/2020

Les homme sont pitoyables au théâtre, et je ne sais s'ils valent beaucoup mieux ailleurs

... Les femmes qui le constatent au quotidien, savent marquer leur désapprobation/dégoût , tout comme Kimia Alizadeh en Iran  : http://www.leparisien.fr/international/iran-la-seule-femm...

 

 

« A Louise-Florence- Pétronille de Tardieu d'Esclavelles de La Live d'Epinay

place Vendôme

à Paris

16è novembre 1764

Il me paraît, madame, que vous avez un curé digne de vous ; c'est vous , sans doute, qui nommez à la cure ; c'est l'homme du monde dont après vous j'ambitionne plus le suffrage . M. Dubut ou Desbuttes, car je ne sais pas précisément son nom, le remercie bien fort de ses cerisiers . Il est bien vieux, ce M. Desbuttes, mais il a le bonheur de manger les cerises de votre curé, il en jettera les noyaux au nez des superstitieux et de fanatiques qui, je crois, n'approchent jamais de votre paroisse .
Je vois que tous les climats se ressemblent, quoique les esprits ne se ressemblent pas . Si vous avez froid nous sommes gelés ; si vous avez un pouce de neige nous en avons deux pieds ; si vous perdez quelques uns de vos poulets tous les nôtres meurent ; mais vous avez des Fréron , des Pompignan, un Journal chrétien, et nous n'avons rien de tout cela . Vous vivez , madame, dans votre belle retraite avec vos philosophes ; moquez-vous des sottises de toutes les espèces ; que ne puis-je en rire avec vous ? Mais il n'y a pas moyen de rire quand on souffre tant de votre absence .

Je crois comme vous, madame, que la scène française expire aux pieds de l'opéra-comique ; il n'y a que les femmes qui la soutiennent, comme il n'y a qu'elles qui fassent les agréments de la société . Les homme sont pitoyables au théâtre, et je ne sais s'ils valent beaucoup mieux ailleurs .

Je ne peux avoir l'honneur de vous écrire et de vous remercier de ma main ; je redeviens toujours aveugle avec les neiges, je crois que je suis le premier qui ait éprouvé un aveuglement périodique . Il n'en est pas de même de mes sentiments . Mon estime et mon tendre respect pour vous ne souffrent jamais d'altération . »

11/01/2020

D'ailleurs , il importe fort peu qu'on soit mangé après sa mort par des vers du pays de Genève, ou par des vers du pays de Gex

... Chers asticots de tous pays, vous n'aurez pas à ronger ma couenne, je suis un adepte de la crémation, me refusant à priver de quelque mètre carré arable que ce soit mes survivants .

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« A George Keate Esq.

Nandos Coffee house

London

14è novembre 1764 au château de Ferney

par Genève 1

J'ai une plaisante destinée, mon cher monsieur ; je suis presque entièrement aveugle quatre ou cinq mois de l'année . Il n'est pas juste qu'étant si éloigné d'égaler Milton je sois absolument aveugle comme lui . Je ne le sais que quand les neiges couvrent les Alpes et le mont Jura, que vous avez si bien chantés 2. C'est ce qui m'a privé du plaisir de lire moi-même les beaux vers dont vous avez honoré les Délices 3, mais j'ai trouvé heureusement un Anglais qui me les a lus, et qui a partagé mon admiration .

Je serai bientôt obligé, je crois, de quitter ces Délices que vous m'avez rendues si chères en les célébrant . Il faut que j'habite le printemps , l'été et l'automne, la terre de Ferney que je fais valoir, et dans l'hiver il ne me faut qu’une chambre bien chaude . D'ailleurs , il importe fort peu qu'on soit mangé après sa mort par des vers du pays de Genève, ou par des vers du pays de Gex .

Soyez sûr, monsieur, que tant que je vivrai, je vous serai attaché avec une reconnaissance égale à mon estime .

V. »

1 L'original est contresigné « Isaac Souchay », mention « de Genève f[ran]co Paris », cachet NO au dessus de 26 dans un cercle .

2 Sur le poème The Alps, voir la lettre du 26 juillet 1763 à Keate : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/11/vous-rendez-l-horreur-agreable-6065700.html

3 Ce n'est pas tout à fait exact, dans son poème Keate ne fait aucune référence spécifique aux Délices .

10/01/2020

l'histoire deviendrait un beau recueil de mensonges si l'on [n'] osait rapporter ce qu'ont fait les rois et les ministres il y a cent cinquante années, de peur de blesser la délicatesse de leurs arrière-cousins

... Il serait bon que la famille royale de Grande Bretagne s'en fasse une raison . So shoking Harry and Meghan !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14 novembre 1764 1

Mon gendre et moi, nous sommes aux pieds des anges et avant que j'aie fermé ma lettre, je compte bien que M. Dupuits aura écrit celle de remerciements qu'il vous doit, après quoi il fera de point en point tout ce que vous avez eu la bonté de lui conseiller .

Je ne suis pas aussi heureux que lui dans la petite guerre avec M. le maréchal de Richelieu, puisque je lui ai déjà envoyé les choses que vous voulez que je supprime . Il me permet depuis quarante ans de disputer contre lui ; et je ne me souviens pas d'avoir jamais été de son avis ; mais heureusement il m'a donné toujours liberté de conscience .

Je conçois bien, mon cher ange qu'on oublie aisément les anciennes petites brochures écrites à propos du Testament : il y était question du capucin Joseph, et de sa prétendue lettre à Louis XIII . Je répondis en 1750 ce que je dis aujourd'hui avoir répondu en 1750 2, parce que je l'ai trouvé dans mes manuscrits reliés, écrit de la main du clerc que j’avais en ce temps-là . Comment avez-vous pu imaginer que j’eusse voulu antidater cette réponse ? Quel bien cette antidate aurait-elle pu faire à ma cause ? Croyez que je dis aussi vrai sur cette petite brochure que sur le Portatif 3. Croyez que M. Abauzit, auteur de l'article Apocalypse et d'une partie de Christianisme, est non seulement un des plus grands savants homme de l'Europe, mais à mon gré le mieux savant .

Croyez que M. Polier, premier pasteur de l’Église de Lausanne, auteur de Messie, entend très bien sa matière , et ne ressemble en rien à vos évêques qui n'en savent pas un mot .

Croyez que Middleton, ce même Middleton qui a fait cette belle vie de Cicéron, a fait un excellent ouvrage sur les miracles, qu'il nie tous, exceptés ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ . C'est de cet illustre Middleton qu'on a traduit le conte du miracle de Gervais et de Protais 4, et celui du savetier de la ville d'Hippone 5. Remerciez Dieu de ce qu'il s'est trouvé à la fois tant de savants personnages, qui tous ont contribué à démolir le trône de l’erreur, et à rendre les hommes plus raisonnables et plus gens de bien .

Enfin , mon cher ange, soyez bien convaincu que je suis trop idolâtre et trop enthousiaste de la vérité pour l'altérer le moins du monde .

À l'égard du Testament relié en maroquin rouge 6, la faute en est faite . Cette petite et innocente plaisanterie pourrait-elle blesser M. de Foncemagne, surtout quand ce n'est pas une viande sans sauce, et quand j'assaisonne la raillerie d'un correctif et d'un éloge ? J'ai envoyé l'ouvrage à M. de Foncemagne, l'estimant trop pour croire qu'il en fût offensé .

Enfin , pourquoi voudriez-vous que je supprimasse le trait de l'hostie et du marquis Dupuis, duc de La Vieuville 7, quand cette aventure est rapportée mot pour mot dans mon Essai sur l'histoire générale 8, tome V, page 29, édition de 1761 ? supprimer un tel article dans ma réponse, après l'avoir imprimé dans mon histoire, et après l'avoir envoyé à M. le maréchal de Richelieu lui-même, ôter d'une édition ce qui est dans une autre, ce serait me décréditer sans aucune raison .

Vous voyez donc bien,mon cher ange, que la vérité et la convenance exigent que l'ouvrage paraisse dans Paris, dans le même état où je soupçonne que le roi l'a déjà vu, sans quoi je paraitrais désavouer les faits sur lesquels je me suis fondé .

Pardonnez je vous prie à mes petites remontrances ; l'histoire deviendrait un beau recueil de mensonges si l'on [n'] osait rapporter ce qu'ont fait les rois et les ministres il y a cent cinquante années, de peur de blesser la délicatesse de leurs arrière-cousins . Je vous supplie donc instamment de vouloir bien agréer la bonté de M. Marin , qui veut bien faire imprimer ma réponse à M. de Foncemagne avec les dernières additions que j'ai envoyées nouvellement .

Au reste, il résultera de toute cette dispute, ou que le testament du cardinal de Richelieu n'est point de lui, ou que s'il en est, il a fait là un bien détestable ouvrage . Je sais, à n'en pouvoir douter, que le roi a lu deux fois ce testament il y a environ vingt ans ; et je crois qu'il est bien important pour le royaume, que le roi perde l'opinion où il peut avoir été que cet ouvrage doit être la règle de la conduite d'un prince .

Quand on m'a mandé que vous aviez bien voulu corriger quelques passages, j'avais cru que c'était la faute qu'on a faite d'oublier les jeunes magistrats, et de dire que les avocats instruisent les magistrats 9 en oubliant jeunes ; que cette expression , la France est le seul pays souillé de cet opprobre, vous avait paru trop forte 10, et que c'était là ce qu'il fallait ménager les termes . Je me soumets à vos lumières et à vos bontés ; et en même temps je vous demande grâce pour l'hostie de Vieuville, pour le maroquin rouge de l'abbé de Rotelin, et pour l'histoire du capucin Joseph 11. Je vous supplie de vouloir bien faciliter et d'approuver la bienveillance de M. Marin, à qui je renouvelle mes instances de laisser imprimer l’ouvrage tel que je l'ai envoyé en dernier lieu à vous et à lui .

Voici la lettre que M. Dupuits, rempli de reconnaissance a l'honneur de vous écrire . Il a écrit en conséquence à M . de Pingon . Nous remercions ensemble M. l'ambassadeur de Malte . Respect et tendresse . »

1 L'édition de Kehl est incomplète du dernier paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

2 Les Doutes nouveaux commencent comme suit : « Lorsque M. de Foncemagne , en 1750, écrivit pour soutenir l'authenticité du Testament politique, voici ce qu'on lui répondit ... »

3 Protestation assez vaine .

4 Dictionnaire philosophique article Miracles . V* possède la seconde édition des « Miscelaneous works » de Conyers Middleton, 1755 , et le passage en question apparaît au tome I, page 49, dans les « Introductory discourse to a free inquiry into the miraculous powers » . Voir : https://books.google.fr/books?id=tXFPAAAAYAAJ&pg=PA244&lpg=PA244&dq=Introductory+discourse+to+a+free+inquiry+into+the+miraculous+powers+tome+I&source=bl&ots=tW_j-jkAFM&sig=ACfU3U1L_MC2BmoybLtYsTgIl6BLOBMXVA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwibh5Lp4PfmAhUKzIUKHRAoAb8Q6AEwAnoECAkQAQ#v=onepage&q=Introductory%20discourse%20to%20a%20free%20inquiry%20into%20the%20miraculous%20powers%20tome%20I&f=false

5 Même article du Dictionnaire ; Middleton , I, 268 .

6 Foncemagne mentionne le fait qu'un Testament relié en maroquin rouge était conservé dans la bibliothèque de l'abbé Rothelin . Dans les nouveaux doutes, V* met gentiment en doute la valeur de l'argument comme preuve d'ancienneté .

7 V* a cité les mots prétendument rapportés par Richelieu lui-même : « Après avoir longtemps sollicité le marquis de La Vieuville, à qui je jurai sur l'Eucharistie une amitié inviolable, et que je fis ensuite exiler […] »

9 Ce passage des Nouveaux doutes ne fut pas modifié .

10 Cette phrase fut supprimée .

11 V* dit que «  le petit traité du capucin Joseph, De l'unité du ministre » peut être inclus dans les « mensonges imprimés » ? L'ouvrage en question est sans doute L'Homme du pape et du roi, 1634, de François Le Clerc du Tremblay, en religion Joseph de Paris ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Leclerc_du_Tremblay

et : https://data.bnf.fr/fr/12061967/joseph_de_paris/

 

09/01/2020

je crois qu'il est de mon devoir de vous soumettre mes intentions et mes intérêts

... Ainsi parle Carlos Ghosn, branche pourrie de la classe des magnats de l'industrie . J'enrage devant le déluge de qualificatifs admiratifs des journalistes concernant son "évasion" qui, en fait, n'est que ridicule, d'une banalité affligeante quand on parle d'un multimillionnaire capable d'acheter des sbires, sans compter . Combien de temps va-t-on écouter, et s'intéresser à cet escroc ? On est loin de Latude .

 

 

« A Louis-Eugène, prince de Wurtemberg

A Ferney, 13 novembre 1764 1

Monseigneur,

Quoique je présume que Votre Altesse Sérénissime m'accorde liberté de conscience, ce n'est pourtant pas d'affaires spirituelles que j'aurai l'honneur de l'entretenir, mais bien de temporelles . Prêt à passer un contrat avec monseigneur le duc votre frère, je crois qu'il est de mon devoir de vous soumettre mes intentions et mes intérêts . Ces intérêts sont principalement ceux de ma nièce qui a tout quitté pour me suivre dans mes retraites . J'établis quelques rentes sur sa tête et sur celle d'une autre nièce .

Ces rentes sont principalement hypothéquées sur les domaines de Montbéliard, de Franche-Comté et d'Alsace . Je crois que ces terres sont substituées à Votre Altesse Sérénissime suivant l’ancien règlement de votre illustre maison . Je sais encore mieux quelle serait votre générosité dans le cas où le duché vous appartiendrait . Aussi je ne demande que votre agrément et votre approbation qui me tiendront lieu de tout . Mon sincère attachement à Votre Altesse Sérénissime et vos bontés autorisent ma démarche . Une fluxion sur les yeux, qui m'ôte presque entièrement la vue, m'empêche d’écrire de ma main . Le secret de votre bonté pour moi n'en sera pas moins scrupuleusement gardé .

Agréez avec la bienveillance ordinaire le respect avec lequel j’ai l'honneur d'être

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. » .

1 Cette lettre est complétée par une autre dont l'original est conservé et qui, quoique signée de Marie-Louise Denis, a certainement été dictée par V* . C'est pourquoi il a paru bon d'en donner le texte ici : « A Ferney le 20 novembre 1764 / « Monseigneur, / Si mon oncle n'était pas malade, il viendrait certainement remercier Votre Altesse Sérénissime de ses bontés . Permettez que j'aie l'honneur de vous écrire à sa place . Nous comptons lui et moi sur la générosité de vos sentiments . / Il a placé quelques rentes sur ma tête entre les mains de monseigneur le duc votre frère . Ces rentes ne sont point établies sur le duché de Virtemberg, mais sur les domaines d’Alsace et de Franche-Comté . Je ne sais si le contrat n'est pas passé actuellement . / J'ignore si ces terres sont substituées à Votre Altesse Sérénissime . J’ose la supplier de daigner m'en instruire . S'il arrivait un malheur dont votre seul avènement au duché pourrait nous consoler, je suis sûre qu'une âme aussi élevée que la vôtre ne me ferait jamais repentir de voir mon bien placé sur les terres de votre illustre maison . / Il ne s'agit pour moi que de dix-huit à vingt mille livres de rentes viagères, et quand même il y en aurait davantage, Votre Altesse Sérénissime ne voudrait pas sans doute que j'en fusse un jour dépouillée . / Nous sommes bien loin mon oncle et moi d'oser compromettre en rien la magnanimité de Votre Altesse Sérénissime . Un mot conforme à votre manière de penser si juste et si noble nous sera une caution plus sûre que tous les contrats et toutes les formalités des parlements d'Alsace et de Besançon, et ce mot sera enseveli dans le secret . / Mon oncle ne peut dans l'état où il est aller dans ces deux provinces . Il croit d'ailleurs les formalités très inutiles avec des princes dont les sentiments égalent la naissance . Je me flatte que je joindrai toute ma vie la reconnaissance au respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, / monseigneur / de Votre Altesse Sérénissime / la très humble et très obéissante servante / Denis . »