15/12/2018
l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant même été jugé fort édifiant, quoiqu'il ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser
... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 15/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A Jean Le Rond d'Alembert
15è décembre 1763
Mon très cher philosophe, c'est pour vous dire que l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant même été jugé fort édifiant, quoiqu'il ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous , mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade, et un coup d'éperon, au cheval qui a rué contre la Tolérance, et qui l'a empêchée d'entrer en France par Lyon . Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l'avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre ; si votre ami M. Bourgelat avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée . Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition qu'ils enverraient en la cité de Lyon en guise d’un ballot de soie, et les fidèles jouiraient bientôt de l’œuvre honnête dont ils sont privés . Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire .
Je vous demande en grâce de m'envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-Georges 1. Vous savez qu'on a imprimé un examen de notre sainte religion, attribué à Saint-Evremond et qui est de Du Marsais ; je ne l'ai point vu, mais comme je sais que Du Marsais était un très bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde . Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'inf . »
1 D'Alembert a écrit le 8 décembre 1763 : « […] Jean-Georges […] a fait une réponse impertinente à la lettre par laquelle je lui mandais que j'avais envoyé son instruction pastorale à son libraire et à ses moutons . J'ai répondu à sa réponse en lui prouvant très poliment qu'il était un sot et un menteur […] »
Il enverra copie de cette correspondance à V* à la suite de la lettre du 29 décembre 1763 : « Monseigneur ,
« On vient de m’apporter de votre part un ouvrage où je suis personnellement insulté . Je ne puis croire que votre intention ait été de me faire un pareil présent . C'est sans doute une méprise de votre libraire à qui je viens de le renvoyer . J'ai l'honneur d'être avec respect etc.
« Réponse de l'évêque
« Ce n'est point par mon ordre, monsieur, que mon Instruction pastorale vous a été envoyée ; je vous le déclare volontiers et je suis fâché de cette méprise puisqu'elle vous a déplu . Je le suis aussi de ce que vous vous regardez comme personnellement insulté dans un ouvrage où vous ne l'êtes pas .
« J'ai l’honneur d'être avec les sentiments les plus sincères etc.
« Réplique
« Vous m'avez mis expressément, monseigneur, dans votre Instruction pastorale, au nombre des ennemis de la religion, que je n'ai pourtant jamais attaquée, même dans les passages que vous citez de mes écrits . J’avais cru qu'une imputation si publique, et si injuste, faite par un évêque, était une insulte personnelle, sans parler des qualifications peu obligeantes que vous y avez jointes, et qui à la vérité n'y ajoutent rien de plus.
« Quoiqu’il en soit, je vois par votre lettre que votre libraire a été peu attentif à vos ordres, puisqu'il m'a expressément écrit que vous l'aviez chargé d'envoyer votre mandement à tous les membres de l'Académie française . Vous voyez bien, monseigneur, qu'il était nécessaire de vous avertir de cette petite méprise, dont je ne suis d'ailleurs nullement blessé, non plus que de l'insulte ; j'espère qu'au moins en cela vous ne me trouverez pas mauvais chrétien . C'est dans ces dispositions que j'ai l'honneur d'être , monseigneur, votre etc. »
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14/12/2018
attaché à l'illustre république de Berne, dont j'ai toujours admiré le gouvernement doux et sage
... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 14/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A l'Oekonomische Gesellschaft
13è décembre 1763 à Ferney 1
Monsieur,
J'étais déjà, comme vous le savez, bien respectueusement attaché à l'illustre république de Berne, dont j'ai toujours admiré le gouvernement doux et sage . L'honneur que la Société d'agriculture veut bien me faire redouble ma reconnaissance . Il manque à mon bonheur d'avoir des terres à cultiver sous les yeux de ceux qui ont daigné m'agréger à leur corps . Je vous supplie de leur présenter mon respect, et d'être persuadé de celui avec lequel j'ai l'honneur d'être,
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Voir lettre du 3 décembre à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/25/le-vrai-secret-pour-bien-ameliorer-sa-terre-c-est-d-y-depenser-beaucoup.html
09:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/12/2018
si vous avez quelques ordres à me donner
... NB --Note remise en ligne le 25/12 pour le 13/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A Jeanne-Marie Lavaysse
[A madame Bruyère de Lavaysse
au Carlat ]
en Languedoc
Au château de Ferney en Bourgogne
par Genève, 13 décembre 1763 1
Si je n'étais pas depuis longtemps malade, madame, et menacé de perdre entièrement la vue, j'aurais certainement répondu plus tôt à la lettre dont vous m'avez honoré . Vous avez de grands droits à mes hommages par l'immortel Bayle dont vous êtes parente, et par un mari qui portait le nom de Lavaysse, nom devenu si cher pour m[oi par ] l'aventure des Calas, et par l'abominable jugement [de] Toulouse . Mais vous en avez encore davantage par [votre] esprit et par vos sentiments . Je voudrais être à portée de vous témoigner ceux que vous m'inspirez . La grande distance qui nous sépare, et le triste état où je suis, ne me laissent pas l'espérance de jouir d'un commerce aussi agréable que le vôtre, mais si vous avez quelques ordres à me donner, je tâcherai de vous prouver par mon exactitude les respectueux sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. »
1 Le manuscrit est légèrement endommagé . La destinataire est la veuve d’Étienne Lavaysse, frère aîné d'Alexandre Gaubert ( voir : https://books.google.fr/books?id=tvXZ8MiER_EC&pg=PA43... ); elle est la petite-nièce de Bayle (dont la mère est Jeanne de Bruguière) , et son nom de jeune fille est Jeanne-Marie Bruguière .Voir : https://books.google.fr/books?id=4CIaiG_huIcC&pg=PA122&lpg=PA122&dq=Jeanne-Marie+Brugui%C3%A8re&source=bl&ots=mYkhkcyxCA&sig=4laToSgW5BzdE1QhXOpp0IDg15o&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj_iqDWs5_fAhVpxYUKHb_YCv8Q6AEwD3oECAIQAQ#v=onepage&q=Jeanne-Marie%20Brugui%C3%A8re&f=false
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On aurait bien dû ne pas présenter chez moi une pareille espèce
... NB -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 13/12/2018 après suppression de la note originale par je ne sais qui .
« A Philippe Debrus
à Genève
Il faut, mon cher monsieur, oublier cette sottise . Votre quakre est un polisson qu'on m'avait annoncé comme un grand négociant de Pensilvanie 1, et il se trouve que c'est un gueux fugitif du Lyonnais . On aurait bien dû ne pas présenter chez moi une pareille espèce .
Au reste, je n'ai rien de nouveau, ni sur les Calas, ni sur les choses auxquelles vous vous intéressez, depuis ma dernière lettre à M. de Végobre . Je vous souhaite une santé constante, et je vous prie d'être persuadé de tous les sentiments que je vous ai voués .
13è décembre [1763].2 »
1 On sait que la Pennsylvanie a été fondée par des quakers dont Penn lui-même . On voit que V* est fâché d'avoir été trompé sur la qualité du « grand négociant ».
2 L'édition Lettres inédites supprime la date et place la lettre avant une autre du 25 décembre 1762 . Le même jour, 13 décembre 1763, on rapportait au Conseil de Genève que la recherche faite de la Lettre d'un quakre était infructueuse, aucun libraire n'en ayant connaissance .
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Serait-il possible qu'il y eût des faux-frères parmi les frères ?
... Question quotidienne au sein de tous les partis politiques, partis religieux, et associations et organisations de tout type, grands et petits, et dont la réponse est évidemment : "OUI !"
Ne me demandez pas de citer des noms, je tiens à garder un peu de temps pour vivre heureusement sans me soucier d'eux et j'ai grande aversion pour le faux .
« A Etienne-Noël Damilaville, Premier commis des bureaux
du vingtième
quai Saint-Bernard
à Paris
13è décembre 1763
Il doit vous arriver, mon cher frère, une Tolérance par Besançon, que vous ne recevrez que quelques jours après ce billet, et dont je vous prie de m’accuser la réception .
Il est arrivé un grand malheur, les Cramer avaient envoyé leur ballot à Lyon, vous pouvez juger s'il y avait des exemplaires pour vous et pour vos amis . Un M. Bourgelat, chargé de l'entrée des livres, n'a pas voulu laisser passer cette cargaison . On dit pourtant que ce Bourgelat est philosophe, et ami de M. d'Alembert . Serait-il possible qu'il y eût des faux-frères parmi les frères ? excitez bien vivement le zèle de Protagoras . Mandez-moi si la Tolérance n'excite point quelque murmure . Les Cramer ont été obligés de faire prendre à leur ballot un détour de cent lieues, qui est aussi périlleux que long .
Je vous embrasse dans la communion des fidèles .
Ecr l'inf. »
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12/12/2018
Calvin et le pape sont estimés tout juste ce qu'ils valent, c'est-à-dire pas grand-chose
... Et ce n'est pas moi qui vais dire le contraire .
« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck
13è décembre 1763 au château de Ferney
par Genève 1
Vous ne savez pas, madame, que j'ai perdu à peu près les deux yeux . D'ailleurs, vous n'avez point de reproche à me faire . J'ai répondu très exactement aux lettres dont vous m'avez honoré . Il n'est guère possible d'envoyer de gros paquets par la poste , dans le beau climat où vous avez choisi votre demeure ; mais si vous voulez pour vous amuser, des sermons dans le goût de celui du rabbin Akib, vous en aurez d'un peu plus longs, qui vous édifieront bien davantage, et qui ne vous mettront pas en danger de vous faire juive .
Je ne m'attendais pas qu'on jouât jamais Alzire et L'Orphelin de la Chine, dans le fond de l'Ost-frise . Nous réussissons plus en Allemagne, nous autres Français, à la comédie qu'à la guerre .
Je vous vois retenue plus longtemps dans le pays où vous êtes . Une famille, une mère malade, sont des liens qu'on ne peut rompre . On parle cependant d'un voyage que vous devez faire à Vienne . En ce cas Marphise et Bradamante n'auront jamais été des héroïnes plus voyageantes que vous .
Vous me parlez des tragédies de M. Derschau 2, dont le nom et le mérite ne me sont pas inconnus, et vous ne me parlez point de votre grand procès que je connais très bien . Je vous souhaite autant de succès dans vos affaires que les ouvrages et la société de M. Derschau peuvent vous donner de satisfaction . J'ai assez orné le pays où j'ai fixé ma demeure . M. le prince Louis de Virtemberg, que vous connaissez, est venu s'établir philosophiquement auprès de Lausanne, avec sa femme . Voilà un bel exemple pour vous . Il n'a pas dédaigné comme vous la Suisse ; sa maison qui n'est pas grande , est dans le plus bel aspect, et le plus riant . Il y a toujours dans nos cantons une foule d'étrangers qui vont en Italie, ou qui en reviennent . C'est le centre de toutes les nouvelles de l'Europe ; tous les bons livres nous parviennent en peu de temps ; la philosophie se met à la mode ; Calvin et le pape sont estimés tout juste ce qu'ils valent, c'est-à-dire pas grand-chose . Une liberté entière nous assure des jours tranquilles . Croyez-moi , madame, si jamais vous achetez une terre achetez-la dans notre pays .
Ma nièce répond à 3 la lettre dont vous l'avez honorée . Pour moi, madame, soyez persuadée que je ne cesserai jamais de vous être attaché avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres .
V. »
1 La lettre de la comtesse n'est pas connue .
2 Christoph Friedrich von Derschau a publié une tragédie, Pylades und Orestes, 1747, et le poème de la Lutheriade, 1760-1761 ; voir : https://de.wikipedia.org/wiki/Christoph_Friedrich_von_Derschau
et : https://www.ostfriesischelandschaft.de/fileadmin/user_upload/BIBLIOTHEK/BLO/Derschau.pdf
3 Wagnière a écrit par un lapsus on pour à .
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11/12/2018
J'espère que vous verrez incessamment à Marseille, un petit Traité sur la tolérance, qui n'est pas fait pour scandaliser les honnêtes gens
... Ni pour donner des excuses aux voyous de tous ses quartiers dont on doute qu'ils sachent lire et comprendre quoi que ce soit , hors-la-loi dont, curieusement ne parle jamais le Jean--Luc Mélenchon, qui s'en soucie comme d'une guigne, Marseille n'étant pour lui qu'une planque rentable . Ô Bonne Mère ! tu as bon dos !
« A Dominique Audibert l'aîné et Cie à Marseille
13 décembre 1763 à Ferney 1
Je n'ai, monsieur, que des grâces à vous rendre . Il est vrai que j'ai toujours été beaucoup plus occupé de ma reconnaissances envers vous que de ma petite rente sur M. de Saint-Tropez 2. Agréez mes remerciements et ceux de Mme Denis . Je me souviendrai toute ma vie que vous fûtes le premier, monsieur qui me parlâtes des Calas . Vous avez été la première origine de la justice qu'on leur a rendue, et de celle qu'on va bientôt achever de leur rendre . J'espère que vous verrez incessamment à Marseille, un petit Traité sur la tolérance, qui n'est pas fait pour scandaliser les honnêtes gens .
J'ai l'honneur d'être avec bien de l’attachement et de la reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire."
1 Voir lettre du 12 juin 1765 au même : page 393 : https://books.google.fr/books?id=-DMaAAAAYAAJ&pg=PA393&lpg=PA393&dq=voltaire+%C3%A0+audibert+le+12+juin+1765&source=bl&ots=Rr_GOlQ2gt&sig=-UCXpGjq6bYwG7NKagG_xPjcPxM&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwip3KPyn5bfAhULtRoKHTdODr0Q6AEwDXoECAEQAQ#v=onepage&q=voltaire%20%C3%A0%20audibert%20le%2012%20juin%201765&f=false
2 Jean-Joseph-Baptiste de Suffren, marquis de Saint-Tropez : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=jean+joseph+baptiste&n=de+suffren
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