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22/06/2012

Nous commençons à prendre les systèmes des Anglais mais il faudrait apprendre aussi à les battre sur mer

 ... Ou plus précisément , en ce moment, en ces jours de bagarre sur le gazon ukrainien, les battre , les piler, leur faire regretter d'avoir un aussi désagréable et cynique premier ministre, en un mot comme en cent leur foutre la pâtée . C'est à cet instant que je réalise que je ne sais absolument rien des matchs à venir, que je ne sais absulument pas si l'équipe d'Angleterre est encore en course pour le titre européen, ni si la décevante prestation des Français nous mettra à un moment ou à un autre face aux roastbeefs . Oui, je l'avoue avec une certaine fierté, je me fiche complètement de la coupe d'Europe en particulier, et du foot en général .

De plus les footeux les plus grassement payés n'ont pas attendu l'annonce du taux d'imposition voulu par François Hollande , ni les offres d'accueil à bras ouverts de la "perfide Albion", pour se trouver des petits paradis fiscaux, dont fait partie la Suisse ma voisine . Non, je n'ai pas de voisine Suisse, mais bien des Helvètes habitent mon village et font monter les prix de l'immobilier, de bleu ! de bleueueueu ! ( locution typiquement romande, proche de notre palsambleu si couramment prononcé quand une marquise se casse un ongle ).

 Pour en revenir à un sport que j'aime , le rugby

http://coupe-du-monde.tf1.fr/928/video/lievremont-battre-anglais-49eid_3u0t1_.html

 Battre les Anglais ! quel pied !!

 

7724596086_marc-lievremont-est-heureux-apres-la-victoire-du-xv-de-france-face-a-l-angleterre-samedi-en-quart-de-finale-de-la-coupe-du-monde-de-rugby.jpg


 

« A madame Marie -Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG,
à Strasbourg.

Aux Délices, près de Genève, 12 avril [1756]

J'ai déchiffré votre lettre, madame, avec le plus grand plaisir du monde. Ne jugez point, s'il vous plaît, de mon attachement pour vous par mon long silence. Ma mauvaise santé, ma profonde retraite, l'éloignement où je suis de tout ce qui se passe dans le monde, le peu de part que j'y prends, tout cela fait que je n'ai rien à mander aux personnes dont le commerce m'est le plus cher. Je n'ai presque plus de correspondance à Paris. Le célèbre Tronchin, qui gouvernait ici ma malheureuse santé, m'a abandonné pour aller détruire des préjugés en France, et pour donner la petite vérole à nos princes 1. Je ne doute pas qu'il ne réussisse, malgré les cris de la cour et des sots. Tout allait à merveille le 5 du mois. Mme de Villeroi 2 attend la première place vacante pour être inoculée. Les enfants de M. de La Rochefoucauld et de M. le maréchal de Belle-Isle se disputent le pas. Il a plus de vogue que la Duchapt 3, et il la mérite bien. C'est un homme haut de six pieds, savant comme un Esculape, et beau comme Apollon. Il n'y a point de femme qui ne fût fort aise d'être inoculée par lui. Nous commençons à prendre les systèmes des Anglais mais il faudrait apprendre aussi à les battre sur mer. Je crois actuellement M. de Richelieu en chemin pour aller voir s'il y a d'aussi beau marbre à Port-Mahon qu'à Gênes, et si on y fait d'aussi belles statues. Il pourra bien rencontrer sur sa route quelque brutal d'amiral anglais qu'il faudra écarter à coups de canon; mais je me flatte que le gouvernement a bien pris ses mesures, et que les Français arriveront avant les Anglais. Ceux-ci ont plus de deux cents lieues de mer à traverser, et M. de Richelieu n'a qu'un trajet de soixante-dix lieues à faire, ce qui peut s'exécuter en quarante heures très-aisément, par le beau temps que nous avons.
Quoique je ne sois pas grand nouvelliste, il faut pourtant, madame, que je vous dise des nouvelles de l'Amérique. Il est vrai qu'il n'y a pas de roi Nicolas; mais il n'en est pas moins vrai que les jésuites sont autant de rois au Paraguai. Le roi d'Espagne envoie quatre vaisseaux de guerre contre les révérends pères. Cela est si vrai que moi, qui vous parle, je fournis ma part d'un de ces quatre vaisseaux. J'étais, je ne sais comment, intéressé dans un navire considérable qui partait pour Buenos-Ayres, nous l'avons fourni au gouvernement pour transporter des troupes; et, pour achever le plaisant de cette aventure, ce vaisseau s'appelle le Pascal; il s'en va combattre la morale relâchée. Cette petite anecdote ne déplaira pas à votre amie 4: elle ne trouvera pas mauvais que je fasse la guerre aux jésuites, quand je suis en terre hérétique.
Avouez, madame, que ma destinée est singulière. Je vous assure que nous regrettons tous les jours, Mme Denis et moi, que mes Délices ne soient pas auprès de l'ile Jard. Mais songez, s'il vous plaît, que je vois le lac et deux rivières 5 de ma fenêtre, que j'ai eu des fleurs au mois de février, et que je suis libre. Voilà bien des raisons, madame mais elles ne m'empêchent pas de regretter l'île Jard. Daignez faire souvenir de moi monsieur votre fils. Je vous renouvelle mon tendre respect. »

1 Le duc de Chartres, et Mlle d'Orléans, sa sœur, née en 1750.

2 Jeanne-Louise-Constance, fille du duc d'Aumont. Sa mère était morte de la petite vérole en 1753. Née en 1731, mariée, en 1747, à Gabriel-L.-F. de Neuville, duc de Villeroi, dont le père était mort de la même maladie vers la fin de 1732.

3 Marchande de mode dont la boutique était près de l'Opéra ..

4 Mme de Brumath.

5 Le confluent du Rhône et l'Arve, visible depuis la colline de St Jean où sont les Délices .

 

21/06/2012

quoique j'y aie dit tout ce que je pense, je me flatte pourtant d'avoir trouvé le secret de ne pas offenser beaucoup de gens

... Et moi, dirai-je que je n'aime pas la programmation de la Fête à Voltaire 2012 , que l'on peut sans hésiter nommer la Fête à JJ Rousseau ?

Oui !

... Sans offenser beaucoup de monde ?

J'en doute !

Car le Rousseauiste manque cruellement d'humour , n'est pas naturellement tolérant, et  idolâtre l'affreux JJR . Enfin , c'est ce qu'il me semble, mais je peux me tromper, ou non !

Quand je pense que c'est pour la première fois que  celà va se dérouler intégralement sur le site du château de Ferney-Voltaire , ce qui à mes yeux, à ceux de Mam'zelle Wagnière, et de bien d'autres, fait une part exagérément belle à JJ Rousseau dont on célèbre le tricentenaire . Bast ! je ne supporte pas cet individu, et si Voltaire eut la gentillesse de l'inviter chez lui, ce gougnafier de JJR  non seulement campa sur ses ergots mais médit de Volti . Qu'il aille au diable !

En 1994, tricentenaire de Voltaire, la municipalité de Ferney-Voltaire ne se "décolla la pulpe" de l'inertie intellectuelle que sous l'impulsion d' Andrew Brown, anglais étonnant et passionnant, voltairiste émérite, qui avec une petite équipe réussit à faire éditer une commémoration justement due au Patriarche . On fut alors à deux doigts que celle ci fût à Oxford en un nouvel exil anglais, post mortem !

Jean-Jacques, reste chez toi à Genève , espèce de ...

navet !

 

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« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 12 avril [1756]

Je dicte ma lettre, mon cher et ancien ami, parce que je ne me porte pas trop bien. C'est tout juste le cas de combattre plus que jamais le système de Pope.

Bonne ou mauvaise santé
Fait notre philosophie 1.


Mandez-moi comment je peux vous envoyer quelques exemplaires de mes lamentations de Jérémie sur Lisbonne, et de mon testament en vers, où je parle de la religion naturelle d'une manière en vérité très-édifiante. J'ai arrondi ces deux ouvrages autant que j'ai pu; et, quoique j'y aie dit tout ce que je pense, je me flatte pourtant d'avoir trouvé le secret de ne pas offenser beaucoup de gens. Je rends compte de tout dans mes préfaces, et j'ai mis à la fin des poèmes des notes assez curieuses. Je ne sais si les théologiens de Paris me rendront autant de justice que ceux de Genève. Il y a plus de philosophie sur les bords de notre lac qu'en Sorbonne. Le nombre des gens qui pensent raisonnablement se multiplie tous les jours. Si cela continue, la raison rentrera un jour dans ses droits mais ni vous ni moi ne verrons ce beau miracle. Je suis fâché que vous ayez perdu l'idée de venir à mes Délices; elles commencent à mériter leur nom: elles sont bien plus jolies qu'elles ne l'étaient quand votre petit aimable Patu y fit un pèlerinage. Je vous assure que c'est une jolie retraite, bien convenable à mon âge et à ma façon de penser. Je ne fais pas de si beaux vers que Pope, mais ma maison est plus belle que la sienne, et on y fait meilleure chère, grâce aux soins de Mme Denis; et je vous réponds que les jardins d'Épicure ne valaient pas les miens. Si jamais vous vous ennuyez des rues de Paris, et que vous vouliez faire un voyage philosophique, je me chargerai volontiers de votre équipage. Dites, je vous en prie, à Lambert, que je vais lui envoyer les poèmes de Lisbonne et de la Loi naturelle. Dites-lui, en même temps, qu'il aurait bien dû s'entendre avec les Cramer pour l'édition de mes rêveries. Il était impossible que cette édition ne se fît pas sous mes yeux; vous savez que je ne suis jamais content de moi, que je corrige toujours et il y a telle feuille que j'ai fait recommencer quatre fois. L'édition est finie depuis quelques jours. Puisque Lambert en veut faire une, il me fera grand plaisir de mettre votre nom 2 à la tête du premier Discours sur l'Homme; le quatrième 3 est pour un roi, et le premier sera pour un ami: cela est dans l'ordre.
Bonsoir; je vous embrasse. »


1 Ce sont les deux derniers vers de l'ode de Chaulieu sur la Première Attaque de goutte : http://www.verse.fr/show.php?table=poems&id=1756

3 En fait le cinquième , le quatrième ayant été dédié à Helvétius en 1738 .

 

20/06/2012

Je trouve que vous avez raison dans tout ce que j'entends, et je suis sûr que vous auriez raison encore dans les choses que j'entends le moins

... Entendez par là ( non, par ici !) , ce que je comprends , ou non . C'est loin, bien sûr, de ce qui fait mon quotidien, où je ne saisis pas le bien fondé de certaines (énormémént de )  lois  pondues par des gouvernants et validées par députés et sénateurs, qui à mon goût sont trop bien payés .


Et pour accompagner Voltaire, que "j'entends", cette oeuvre, que j'écoute, qui fait partie de mes préférées .

http://www.youtube.com/watch?v=Pmj7nCRYNs4&feature=re...

 

condillac1.jpg


 

« A M. l'abbé Etienne BONNOT de CONDILLAC 1

à PARIS.

 

[avril 1756]

Vous serez peut-être étonné, monsieur, que je vous fasse si tard des remerciements que je vous dois depuis si longtemps; plus je les ai différés, et plus ils vous sont dus. Il m'a fallu passer une année entière au milieu des ouvriers et des historiens. Les ajustements de ma campagne, les événements contingents de ce monde, et je ne sais quel Orphelin de la Chine qui s'est venu jeter à la traverse, ne m'avaient pas permis de rentrer dans le labyrinthe de la métaphysique. Enfin j'ai trouvé le temps de vous lire avec l'attention que vous méritez. Je trouve que vous avez raison dans tout ce que j'entends, et je suis sûr que vous auriez raison encore dans les choses que j'entends le moins, et sur lesquelles j'aurais quelques petites difficultés. Il me semble que personne ne pense ni avec tant de profondeur ni avec tant de justesse que vous.
J'ose vous communiquer une idée que je crois utile au genre humain. Je connais de vous trois ouvrages l'Essai sur l'origine des connaissances humaines 2, le Traité des Sensations 3, et celui des Animaux 4. Peut-être, quand vous fîtes le premier, ne songiez- vous pas à faire le second, et, quand vous travaillâtes au second, vous ne songiez pas au troisième. J'imagine que, depuis ce temps-là, il vous est venu quelquefois la pensée de rassembler en un corps les idées qui règnent dans ces trois volumes, et d'en faire un ouvrage méthodique et suivi qui contiendrait tout ce qu'il est permis aux hommes de savoir en métaphysique. Tantôt vous iriez plus loin que Locke, tantôt vous le combattriez, et souvent vous seriez de son avis. Il me semble qu'un tel livre manque à notre nation vous la rendriez vraiment philosophe, elle cherche à l'être, et vous ne pouvez mieux prendre votre temps.
Je crois que la campagne est plus propre pour le recueillement d'esprit que le tumulte de Paris. Je n'ose vous offrir la mienne, je crains que l'éloignement ne vous fasse peur mais, après tout, il n'y a que quatre-vingts lieues en passant par Dijon. Je me chargerais d'arranger votre voyage vous seriez le maître chez moi comme chez vous, je serais votre vieux disciple vous en auriez un plus jeune dans Mme Denis, et nous verrions tous trois ensemble ce que c'est que l'âme. S'il y a quelqu'un capable d'inventer des lunettes pour découvrir cet être imperceptible, c'est assurément vous. Je sais que vous avez, physiquement parlant, les yeux du corps aussi faibles que ceux de votre esprit sont perçants. Vous ne manqueriez point ici de gens qui écriraient sous votre dictée. Nous sommes d'ailleurs près d'une ville où l'on trouve de tout, jusqu'à de bons métaphysiciens. M. Tronchin n'est pas le seul homme rare qui soit dans Genève. Voilà bien des paroles pour un philosophe et pour un malade. Ma faiblesse m'empêche d'avoir l'honneur de vous écrire de ma main, mais elle n'ôte rien aux sentiments que vous m'inspirez. En un mot, si vous pouviez venir travailler dans ma retraite à un ouvrage qui vous immortaliserait, si j'avais l'avantage de vous posséder, j'ajouterais à votre livre un chapitre du bonheur. Je vous suis déjà attaché par la plus haute estime, et j'aurai l'honneur d'être toute ma vie, monsieur, etc. »

 

1 Étienne Bonnot de Condillac, frère puiné de l'écrivain politique , l'abbé de Mably : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Bonnot_de_Condillac

3 Le Traité des Sensations vit le jour vera novembre 1754, et fut suivi, un an après, du Traité des Animaux.Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626258v/f7.image.r=.langFR

 

19/06/2012

Je n'en serai pas le témoin, mais j'applaudis de loin aux progrès de l'art dont on vous sera redevable.

 ... Dis-je aussi au nouveau ministre de la culture Aurélie Philipetti .

Quel art nouveau pourrrait-il naitre ces proches années ? Jeunes gens, la balle est dans votre camp !

Pour en savoir plus sur cette  femme à la mine dynamique (et qui pourrait être ma fille ) :

http://www.gouvernement.fr/gouvernement/aurelie-filippetti

Je fais des voeux pour que les travaux programmés et infiniment retardés au château de Voltaire puissent enfin avoir lieu , comme prévu dorénavant, dès cette année .

Le CMN, et l'administration sont à l'image de ce géant velu sur qui poussent des citrouilles dans le parc du château de Voltaire ( si la nature est farceuse, et je le souhaite, ce géant pourrait bien se retrouver avec une grosse paire de coucougnettes cet automne ; je vous tiens au courant ! )

 

géant endormi chez volti6961.JPG


Mme Isabelle Le Courriel Lemesle a préféré démissionner de son poste de présidente ( je mets "présidente" car je sais qu'elle déteste ça, préférant le titre de "président" ! ) du Centre des Monuments Nationaux, je ne sais pourquoi , avez-vous une idée ?

Qui va devenir calife à la place de la califette ?

De ce changement point de trace sur le site du CMN, qui fidèle à sa routine , n'est jamais totalement à jour !


 

 

 

 

« A M. Jean BLANCHET.

Aux Délices, près de Genève, 3 avril [1756]

Recevez, monsieur, mes très-sincères remerciements de l'ouvrage 1 ingénieux et profond que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Il respire le goût et la connaissance des beaux-arts. Le physicien y conduit toujours le musicien. Un tel ouvrage ne pouvait être fait que dans le plus éclairé des siècles. Je souhaite qu'il forme des artistes dignes de vos leçons. Je n'en serai pas le témoin, mais j'applaudis de loin aux progrès de l'art dont on vous sera redevable.
J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments d'estime, etc.

1 Jean Blanchet, né à Tournon en 1724, mort à Paris en 1778, avait été jésuite, puis médecin. Il est auteur de l'Art, ou les principes philosophiques du chant, 1755, in-12; nouvelle édition, 1756, in-12 : http://books.google.fr/books?id=l1sGAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

 

que faire? comment faire? et à quoi bon travailler pour des ingrats?

 ... Pourrait bien être l'amère réflexion des députés mis hors circuit dimanche !

Pour certains, à ma grande satisfaction ! pour d'autres tout simplement en disant qu'il est bien temps pour une majorité d'entre eux de reprendre  place dans la vie commune de ceux qui ne sont pas dotés d'immunités (archaïques) et privilèges (monarchiques) .

Allez ! au boulot plébéiens !

http://www.lepoint.fr/politique/elections-legislatives/vi...

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 Et sans aucun rapport, sinon que je suis fan de Glenn Gould et qu'il m'accompagna lors de la rédaction de cette note :

http://www.youtube.com/watch?v=ZII_OWJcUfY&feature=related

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 1er avril [1756]

Je reçois votre lettre du 24 mars , mon divin ange que de choses j'ai à vous dire, Mme d'Argental a toujours mal au pied et le messie Tronchin est à Paris . I1 dit que je suis sage et que je me porte bien ah ! n'en croyez rien. Mon procureur dit qu'il m'avait envoyé une procuration , c'est ce qu'un procureur doit envoyer mais il n'en était rien avant vos bontés et avant que M. l'abbé de Chauvelin eût daigné employer auprès de lui son éloquence. J'écris 1 à M. l'abbé de Chauvelin pour le remercier; je ne sais point sa demeure , je lui écris à Paris.
Vous me parlez d'une Mlle Guéant 2; voilà ce que c'est que d'écrire trop tard! les Bonneau 3 sont plus alertes. Un Bonneau m'a écrit, il y a un mois, pour Mlle Hus 4, et mon respect pour le métier ne m'a pas permis de refuser. J'ai signé; j'ai donné Nanine à cette Hus ce n'est pas ma faute je ne suis qu'un pauvre Suisse mal instruit.
On me défigure à Paris, mon Petit Carême 5 est imprimé d'une manière scandaleuse. La jérémiade sur Lisbonne et la Loi naturelle sont deux pièces dignes de la primitive Église, Satan en a fait les éditions. A qui dois-je m'adresser pour vous faire tenir mes sermons avec les notes ? Parlez donc, écrivez donc un petit mot. Quand vous n'auriez pas eu la bonté de mettre à la raison mon procureur, je ne laisserais pas de songer pour vous à quelque drame bien extraordinaire, bien tendre, bien touchant, si Dieu m'en donne la force et la grâce. Mais que faire? comment faire? et à quoi bon travailler pour des ingrats? Moi Suisse, moi fournir la cour et la ville! Je prêche Dieu, et on dit au roi que je suis athée. Je prêche Confucius, et on lui dit que je ne vaux pas Crébillon. Le roi de Prusse ne m'a pas traité avec reconnaissance, et on imprime une Religion naturelle où je le loue 6 à tour de bras .
Comment soutenir tous ces contrastes? Heureusement j'ai une jolie maison et de beaux jardins, je suis libre, indépendant mais je ne digère point, et je suis loin de vous, et je mourrai probablement sans vous revoir.
On me mande que les Anglais sont à Port-Mahon. On me mande que nos affaires de Cadix 7 sont désespérées, et vous ne me dites pas comment va votre petit fait; vous me ferez prendre les tragédies en horreur. Mme Denis vous fait des compliments sans fin, et moi des remerciements et des reproches. Je vous embrasse. Je vous aime de tout mon cœur. »


1 Cette lettre nous est inconnue. (CL.)

2 Mlle Guéant était une jeune actrice d'une figure charmante, dit Grimm dans sa Correspondance littéraire du 1er octobre 1758. Née vers la fin de 1734, elle fut reçue le 12 décembre 1754 au Théâtre-Français, où elle avait paru, dès l'âge de trois et de six ans, dans des rôles d'enfants. Elle mourut, le 12 octobre 1758, de la petite vérole. (CL.) Voir page 247 : http://books.google.fr/books?id=GUoOAAAAIAAJ&pg=PA247&lpg=PA247&dq=mlle+gu%C3%A9ant&source=bl&ots=vsW1HmelK5&sig=7zAvZAHIFaqAAsY6cN8RDjebjxc&hl=fr&sa=X&ei=HqPfT-S7G4a50QX0mZT7CQ&ved=0CEEQ6AEwAA#v=onepage&q=mlle%20gu%C3%A9ant&f=false

3 Voir la Pucelle, chant I, vers 54 et 60. Page 3 : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre957.html#page_3

5 C'est ainsi qu'il désigne son Poème sur le désastre de Lisbonne .

6 La Harpe prétend que Voltaire, après ses brouilleries avec Frédéric, passa quelque temps chez la margrave de Baireuth c'est une erreur; il confond cette princesse avec la duchesse de Saxe-Gotha. Si Voltaire fût allé chez Wilhelmine après sa sortie de Potsdam, il n'eût pas dit à Frédéric, dans la lettre d'avril 1753 « Je suis au désespoir de n'être point allé à Baireuth. »

7 D'une part suite au tremblement de terre de Lisbonne et d'autre part par les actions de piratage des Anglais qui ont ouvert les hostilités sur mer bien avant que la guerre de Sept ans ne soit déclarée .

 

18/06/2012

avec vérité j'ai abhorré les abus, les querelles et les crimes mais toujours avec la vénération due aux choses sacrées, que les hommes ont si souvent fait servir de prétexte à ces querelles, à ces abus et à ces crimes

 ... A tous les défenseurs des choses "sacrées" ou sacrées choses, je dédie le : Bonhomme bleu marine ! Saurez-vous donner un nom , sans vous tromper à ce bonhomme ?

Vous donnez votre langue au chat ( qui n'est toujours pas végétarien ! ) ?

Vous avez trop d'idées après cette merveilleuse période électorale qui enfin va laisser un peu de temps pour se consacrer aux vraies valeurs , celles du foot, du cyclisme et enfin de l'olympisme à l'anglaise ?

Alors écoutez :

http://www.deezer.com/music/track/7007623

 

choses sacrées.jpg

http://www.wattpad.com/17596-trait%C3%A9-du-pouvoir-du-ma...

 

 

 

 

« A MM. CRAMER frères 1

[mars 1756]

Je ne peux que vous remercier, messieurs, de l'honneur que vous me faites d'imprimer mes ouvrages; mais je n'en ai pas moins de regret de les avoir faits. Plus on avance en âge et en connaissances, plus on doit se repentir d'avoir écrit. Il n'y a presque aucun de mes ouvrages dont je sois content, et il y en a quelques-uns que je voudrais n'avoir jamais faits. Toutes les pièces fugitives que vous avez recueillies étaient des amusements de société qui ne méritaient pas d'être imprimés. J'ai toujours eu d'ailleurs un si grand respect pour le public que, quand j'ai fait imprimer la Henriade et mes tragédies, je n'y ai jamais mis mon nom; je dois, à plus forte raison, n'être point responsable de toutes ces pièces fugitives qui échappent à l'imagination, qui sont consacrées à l'amitié, et qui devaient rester dans les porte-feuilles de ceux pour qui elles ont été faites.
A l'égard de quelques écrits plus sérieux, tout ce que j'ai à vous dire, c'est que je suis né Français et catholique et c'est principalement dans un pays protestant que je dois vous marquer mon zèle pour ma patrie, et mon profond respect pour la religion dans laquelle je suis né, et pour ceux qui sont à la tête de cette religion. Je ne crois pas que dans aucun de mes ouvrages il y ait un seul mot qui démente ces sentiments. J'ai écrit l'histoire avec vérité j'ai abhorré les abus, les querelles et les crimes mais toujours avec la vénération due aux choses sacrées, que les hommes ont si souvent fait servir de prétexte à ces querelles, à ces abus et à ces crimes. Je n'ai jamais écrit en théologien je n'ai été qu'un citoyen zélé, et plus encore un citoyen de l'univers. L'humanité, la candeur, la vérité, m'ont toujours conduit dans la morale et dans l'histoire. S'il se trouvait dans ces écrits quelques expressions répréhensibles, je serais le premier à les condamner et à les réformer.
Au reste, puisque vous avez rassemblé mes ouvrages, c'est- à-dire les fautes que j'ai pu faire, je vous déclare que je n'ai point commis d'autres fautes ; que toutes les pièces qui ne seront point dans votre édition sont supposées, et que c'est à cette seule édition que ceux qui me veulent du mal ou du bien doivent ajouter foi. S'il y a dans ce recueil quelques pièces pour lesquelles le public ait de l'indulgence, je voudrais avoir mérité encore plus cette indulgence par un plus grand travail. S'il y a des choses que le public désapprouve, je les désapprouve encore davantage.
Si quelque chose peut me faire penser que mes faibles ouvrages ne sont pas indignes d'être lus des honnêtes gens, c'est que vous en êtes les éditeurs. L'estime que s'est acquise depuis longtemps votre famille dans une république où règnent l'esprit, la philosophie, et les mœurs, celle dont vous jouissez personnellement, les soins que vous prenez, et votre amitié pour moi, combattent la défiance que j'ai de moi-même. Je suis, etc. »

 

1 Cette lettre est imprimée dans le premier volume des Œuvres de Voltaire, 1756. Elle doit être antérieure au 12 avril, jour où Voltaire écrivait à Thieriot que l'édition était finie depuis quelques jours. (Beuchot)

 

Vous direz, mon cher monsieur, que je suis un étourdi, et vous aurez raison

 ... Diantrement raison . Où sont donc mes clés ? mon permis ? ma tête ? mon portable  ?

Ah ! oui , mon portable que j'ai sans doute enterré en plantant deux pommiers le 30 mars , de profundis toshibus kaput !

Mes clés qui naviguent semble-t-il d'un manière autonome de poches en poches, et que j'ai du mal à suivre .

Mon permis, qui a tout prendre et tout bien réfléchi m'est moins indispensable pour rouler qu'un bon plein d'essence .

Ma tête ! oublions ce détail de mon anatomie !

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Têtes de linottes

http://www.deezer.com/music/track/229984

 http://www.deezer.com/music/track/7007608

 

 

« A M. BERTRAND

à Berne

Aux Délices, 30 mars [1756]

Vous direz, mon cher monsieur, que je suis un étourdi, et vous aurez raison. J'envoyai cette lettre à M. de Seigneux de Correvon 1, magistrat de Lausanne. Je mis son adresse au lieu de la vôtre. J'étais si malade que je ne savais ce que je faisais. M. de Seigneux m'a renvoyé la lettre, sans savoir pour qui elle est. Je vous rends votre bien, c'est-à-dire mes hommages et mon cœur, qui sont certainement à vous de droit.
Vous me mandez, que Mme de Giez 2 vous a montré ce dessus de lettre; c'est pur zèle de sa part. Le cachet était surmonté d'un H: on disait à Lausanne que H voulait dire Haller; mais ce n'est pas le style d'un homme si respectable. On disait qu'il y a d'autres Haller. Tant mieux pour eux, s'ils ressemblent un peu à ce grand homme 3. Mais que ne dit-on pas à Lausanne ?
Je n'entre point dans les tracasseries; je ne suis point de la paroisse. Je vis dans la retraite, je souffre mes maux patiemment. Je reçois de mon mieux ceux qui me font l'honneur de me venir voir. Je vous aime à jamais, et voilà tout.

V. »

1 Gabriel Seigneux, seigneur de Correvon, né à Lausanne vers la fin du XVIIe siècle; auteur de quelques ouvrages utiles, mort en 1776, dans sa ville natale. http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/745-gabriel-seigneux-de-correvon

2 Veuve du jeune banquier qui permit à V* d'avoir Monrion .

3 Dans la bibliothèque cantonale de Berne, ville natale d'Albert de Haller, est un buste avec cette inscription Le grand Haller. (CL.) Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Albrecht_von_Haller