11/09/2011
Votre suffrage, si vous avez le temps de le donner,...
... ne sera pas perdu pour tout le monde !
Personnellement, je ne le donne ,- et encore moins ne le vends-, pour personne d'autre que des proches .
Rédaction ce jour d'une lettre du 13 août 1754 au comte d'Argenson, pour parution le 13 août 2011 :
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08/09/2011
si on a eu la cruauté de me condamner sur un ouvrage qui n'est pas le mien, que ne fera-t-on pas quand je m'exposerai moi-même
Note rédigée le 17 septembre 2011 pour parution le 8 septembre 2011
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Colmar, le 8 septembre [1754]
C'est moi, cher ange, qui veut et qui fait tout ce que vous voulez, puisque je vous envoie, par pure obéissance, des Tartares et des Chinois dont je ne suis pas content . Il me parait que c'est un ouvrage plus singulier qu'intéressant, et je dois craindre que la hardiesse de donner une tragédie en trois actes 1 ne soit regardée comme l'impuissance d'en faire une en cinq. D'ailleurs, quand elle aurait un peu de succès, quel avantage me procurerait-elle ? L'assiduité de mes travaux ne désarmera point ceux qui me veulent du mal . Enfin je vous obéis ; faites ce que vous croirez le plus convenable . Soyez sévère, et faites lire la pièce par des yeux encore plus sévères que les vôtres .
Vous connaissez trop le théâtre et le cœur humain pour ne pas sentir que, dans un pareil sujet, cinq actes allongeraient une action qui n'en comporte que trois .Dès qu'un homme comme notre conquérant tartare a dit : J'aime, il n'y a plus pour lui de nuances ; il y en a encore moins pour Idamé, qui ne doit pas combattre un moment ; et la situation d'un homme à qui on veut ôter sa femme a quelque chose de si avilissant pour lui qu'il ne faut pas qu'il paraisse ; sa vue ne peut faire qu'un mauvais effet . La nature de cet ouvrage est telle qu'il faut plutôt supprimer des situations et des scènes que songer à les multiplier ; je l'ai tenté, et je suis demeuré convaincu que je gâtais tout ce que je voulais étendre . C'est à vous maintenant à voir, mon cher et respectable ami, si cette nouveauté peut être hasardée, et si le temps est convenable .
Je vous remercie de Rome sauvée, dont je fais plus de cas que de mon Orphelin . Je tâcherais de dérober quelques moments à mes maladies et à mes occupations pour faire ce que vous exigez .
Vous montrerez sans doute mes trois magots à M. de Pont-de-Veyle et à M. l'abbé de Chauvelin . Vous assemblerez tous les anges je me fie beaucoup au goût de M. le comte de Choiseul . Si tout cet aréopage conclut à donner cette pièce, je souscris à l'arrêt .
L’Histoire générale me donne toujours quelques alarmes . Le troisième volume ne pouvait révolter personne . Les objets de ce temps là ne sont pas si délicats à traiter que ceux de la grande révolution qui s'est faite dans l’Église du temps de Léon X . Les siècles qui précédèrent Charlemagne, et dont il faut donner une idée, portent encore avec eux plus de danger, parce qu'ils sont moins connus, et que les ignorants seraient bien effarouchés d'apprendre tant de faits, qu'on nous a débités comme certains , ne sont que des fables . Les donations de Pépin et de Charlemagne sont des chimères ; cela me paraît démontré . Croiriez vous bien que les prétendues persécutions des empereurs contre les premiers chrétiens ne sont pas plus véritables ? On nous a trompé sur tout ; et on est encore si attaché à des erreurs qui devraient être indifférentes qu'on ne pardonnera pas à qui dira la vérité , quelque circonspection et quelque modestie qu'il emploie .
Les deux premiers volumes, qu'on a si indignement tronqués et falsifiés, ne devraient m'être attribués par personne ; ce n'est pas là mon ouvrage . Cependant , si on a eu la cruauté de me condamner sur un ouvrage qui n'est pas le mien, que ne fera-t-on pas quand je m'exposerai moi-même !
Puisque je suis en train de vous parler de mes craintes, je vous dirai que notre Jeanne me fait plus de peine que Léon X et Luther, et que toutes les querelles du sacerdoce et de l'empire , il n'y a que trop de copies de cette dangereuse plaisanterie . Je sais , à n'en pas douter, qu'il y en a à Paris et à Vienne, sans compter Berlin . C'est une bombe qui crèvera tôt ou tard pour m'écraser, et des tragédies ne me sauveront pas . Je vivrai et je mourrai la victime de mes travaux, mais toujours consolé par votre inébranlable amitié . Mme Denis est bien sensible à votre souvenir ; elle partage en paix ma solitude, et m'aide à supporter mes maux . Nous présentons tous deux nos respects à Mme d'Argental . J'envoie, sous l'enveloppe de M. de Chauvelin, le paquet tartare et chinois .
Non, mon cher ange, non . Je viens de relire la pièce . Il me parait qu'on peut faire des applications dangereuses ; vous connaissez le sujet, et vous connaissez la nation . Il n'est pas douteux que la conduite d'Idamé ne fût regardée comme la condamnation d'une personne 2 qui n'est point chinoise . L'ouvrage, ayant passé par vos mains, vous ferait tort ainsi qu'à moi . Je suis vivement frappé de cette idée . L'application que je crains est si aisée à faire que je n'oserais même envoyer l'ouvrage à la personne qui pourrait être l'objet de cette application . Je vais tâcher de supprimer quelques vers dont on pourrait tirer des interprétations malignes, ensuite je vous l'enverrai . Mais , encore une fois, la crainte des allusions, le désagrément de paraître lutter contre Crébillon,3 la stérilité de trois actes, voilà bien des raisons pour ne rien hasarder . J'attends vos ordres, et je m'y conformerai toute ma vie, mon cher ange . »
1 L'Orphelin de la Chine ne fut d'abord écrit qu'en trois actes, V* le donnera en cinq qu'à la demande insistante de d'Argental .
3 Voir lettre du 6 octobre à d'Argental :
page 266 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f269.image.r=.langFR
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06/09/2011
Je peux très bien me corriger de mes sottises, mais non en rougir .
Lorsqu'on corrige ses sottises, il est de bon ton que l'on passe l'éponge , non ?
http://www.deezer.com/listen-7179884
http://www.deezer.com/listen-5127825
« A Frédéric II, roi de Prusse
[fin septembre- octobre 1752]
Sire,
Je mets à vos pieds Abraham 1, et un Catalogue 2. Le père des croyants n'est qu'ébauché parce que je suis sans livres . Mais si Votre Majesté jette les yeux sur cet article dans Bayle, elle verra que cette ébauche est plus pleine , plus curieuse et plus courte . Ce livre honoré de quelques articles de votre main ferait du bien au monde . Chérissac 3 coulerait à fond les sts pères .
Il y a grande apparence que j'ai fait une grosse sottise en envoyant à Votre Majesté mon mémoire détaillé, mais, Sire, j'ai parlé en philosophe qui ne craint point de faire des fautes devant un roi philosophe auquel il est assurément attaché avec tendresse . Je peux très bien me corriger de mes sottises, mais non en rougir .
J'aurai encore la hardiesse de dire que je ne conçois pas comment on peut habiller tous les ans 150 000 hommes, nourrir tous les officiers de ses gardes, bâtir des forteresses, des villes, des villages, établir des manufactures, avoir trois spectacles, donner tant de pensions, etc. etc.
Il m'a paru qu'il y aurait une prodigieuse indiscrétion à moi de proposer de nouvelles dépenses à Votre Majesté pour mes fantaisies, quand elle me donne 5000 écus par an à ne rien faire .
De plus je ne connais que le style des personnes que j'ai voulu attirer ici pour travailler, et point leur caractère . Il se pourrait qu'étant employées par Votre Majesté à un ouvrage qui ne laisse pas d'être délicat et qui demande le secret, elles fissent les difficiles, s'en allassent, et vous compromissent . En me chargeant de tous vos ordres, Votre Majesté n'était compromise en rien .
Voilà mes raisons . Si elles ne vous plaisent pas, si Votre Majesté ne se soucie pas de l'ouvrage proposé, me voilà résigné avec la même soumission que je travaillais avec ardeur .
Si Votre Majesté a des ordres à donner, ils seront exécutés .
Pourvu que je me console de mes maux par l'étude et par vos bontés, je vivrai et mourrai content .
V. »
1 Article de « l'encyclopédie de la raison » ; voir lettre du 5 septembre 1752 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/votre-pedant-en-points-et-virgules-et-votre-disciple-en-phil.html
2 Est-ce la table alphabétique de ce dictionnaire philosophique que Frédéric lui demandait ?Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-philosophique-introduction-83308411.html
3 Est-ce « cher Isaac », à savoir le marquis d'Argens, collaborateur du Dictionnaire et auteur des Lettres juives ?
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Boyer_d'Argens
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_juives
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106702r/f1.image.la...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1067034.image.langF...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106704h.image.langF...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106705w.image.langF...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1067068/f2.image.la...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106707n.image.langF...
05:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/09/2011
Je vous suis attaché, Madame, parce que je vous connais .
http://www.deezer.com/listen-7547090
http://www.deezer.com/listen-7179879
« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck 1
[fin septembre-octobre 1751]
Si je vous oubliais, Madame, je serais un ingrat . Si je vous avais quittée pour quelque comtesse de Potsdam,2 je serais un inconstant . Mais je pense toujours à vous, et je n'ai mis que la plus profonde solitude à la place des entretiens charmants dont vous m'honoriez . Soyez bien sûre, Madame, que vous me rendez le reste du monde insipide . Je le suis devenu loin de vous au point de ne vous pas écrire, mais je suis chartreux . Je vis dans ma cellule . Je ne suis au monde que quand je vous vois . Au reste en qualité de moine je prie Dieu pour le succès de vos affaires et en qualité de philosophe je déteste les titres qu'on prodigue, et la fausse ivresse d'une affection de commande pour des personnes qu'on n'a presque point vues . Ce feint enthousiasme déplaît bien à la sincérité de mon cœur qui vous aime véritablement . Je vous suis attaché, Madame, parce que je vous connais . Il n'est pas permis de l'être autrement .
V. »
00:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2011
adio voi que siete la gloria delle donne
http://www.deezer.com/listen-3133486 : (Tendre !)(Très tendre !!) Lettre aux Dames
A vous, Mam'zelle Wagnière, voi que siete la gloria delle donne .
Héliotrope = enivrement ...! ce que Volti ressent visiblement ici pour Marie-Louise.
« A Marie-Louise Denis
Vous prenez à votre avantage
Un pauvre mortel tourmenté
Qui n'a que les maux en partage ;
Tandis que la vivacité,
Les agréments, la volupté
Sont votre brillant apanage.
Comme vous je voudrais chanter
Cet amour qui par vous sait plaire ;
Mais il faudrait se mieux porter
Pour en parler et pour le faire.
Jo moro cara . Je suis cent fois plus mal que je n'étais avant de prendre les eaux 1. Je n'ai plus qu'une vie affreuse dont vous êtes l'unique consolation . On 2 me trainera à Fontainebleau dans quelques jours . Peut- être l'air de la campagne me fera un peu de bien . Mais je sens que je ne pourrai revivre que quand je vous reverrai . Adio cara musa, adio voi que siete la gloria delle donne 3. Aimez toujours un peu un homme bien à plaindre dont vous adoucissez seule les souffrances . Vos vers sont charmants . Vous êtes aussi aimable que je suis malheureux .
Lundi [septembre-octobre 1747] »
1 Les eaux de Passy qu'il est allé prendre après avoir séjourné à Anet chez la duchesse du Maine .
Voir : http://pietondeparis.canalblog.com/archives/2010/03/09/17173177.html
2 « On » = Mme du Châtelet, et c'est là que se passera l'incident du « jeu de la reine » qui le forcera à se réfugier à Sceaux chez la duchesse du Maine .
Voir : http://chateausceaux.wifeo.com/le-duc-et-la-duchesse-du-maine.php
09:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/09/2011
on n'ira pas changer les usages du royaume pour un petit pays aussi chétif que le nôtre
Remplacez "royaume" par "monde", et vous aurez un bref constat de ce qui attend la France, mais pas seulement elle ; ce qui ne me console absolument pas.
De Gaulle aurait dit : "les Français sont des veaux !".
Et, sans vouloir être meuhh-chant, l'on voit chaque jour le troupeau des boeufs s'agrandir !
En cette période électorale, écoutons et réécoutons Henri Tisot, porte-parole intelligent :
http://www.deezer.com/listen-13438520
Mise en ligne ce jour d'une lettre à Mme de Saint Julien du 5 octobre 1775, pour parution le 5 octobre 2010 :
23:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/09/2011
Cette funeste coutume des avocats de soutenir ainsi le pour et le contre pourra lui faire grand tort
Mise en ligne pour le 6 octobre 2010 d'une lettre du 6 octobre 1766 aux d'Argental, rédigée ce jour 1er septembre 2011 :
23:34 | Lien permanent | Commentaires (0)