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17/07/2012

Il ne faut que vivre pour voir des choses nouvelles

 ... Comme celles-ci !

 

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 Je ne sais comment écrit ce chat, mais si je me fie aux traces qu'il laissse sur le toit et le pare-brise de ma voiture, il fait beaucoup de pâtés , plus que la comtesse certainement, quand même .

 

 

« A madame Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.

Aux Délices, 2 juillet [1756]

Vos lettres, madame, sont bien aimables; mais ce n'est pas sans peine qu'on jouit du plaisir de les lire. Il n'y a point de chat qui n'avoue que vous le surpassez beaucoup. Nous avons enfin au gîte ce célèbre Tronchin 1, qui vous était, je crois, très-inutile. Votre régime vaut encore mieux que lui. Ce sera à vous seule que vous devrez une longue vie. Jouissez-en dans le sein de l'amitié avec Mme de Brumath. Si je n'étais pas retenu dans mes Délices par ma famille, j'aurais pu avoir encore la consolation de vous voir à Strasbourg. L'électeur palatin avait bien voulu m'inviter à venir lui faire ma cour à Manheim. Je sens que j'aurais donné volontiers la préférence à l'île Jard. Vous savez d'ailleurs que j'ai renoncé aux cours.
Je ne sais pourquoi les parents du maréchal de Richelieu, qui sont avec lui devant Port-Mahon, ont fait courir le fragment d'une lettre 2 que je lui écrivis il y a plus de six semaines. Ils comptaient apparemment prendre le fort Saint-Philippe plus tôt qu'ils ne le prendront. M. le duc de Villars me mande 3 qu'il vient d'envoyer encore un renfort de six cents hommes et de deux cent cinquante artilleurs. On ne dit point qu'on ait pris un seul ouvrage avancé. Cependant il me paraît qu'on ne doute pas qu'on ne vienne enfin à bout de cette difficile entreprise. Elle deviendra glorieuse par les obstacles.
Vous ne vous attendiez pas, madame, qu'un jour la France et l'Autriche seraient amies. Il ne faut que vivre pour voir des choses nouvelles. Tout solitaire, tout mort au monde que je suis, j'ai l'impertinence d'être bien aise de ce traité. J'ai quelquefois des lettres de Vienne, la reine de Hongrie est adorée. Il était juste que le Bien-Aimé et la Bien-Aimée fussent bons amis. Le roi de Prusse prétend à une autre gloire, il a fait un opéra de ma tragédie de Mérope; mais il a toujours cent cinquante mille hommes et la Silésie.
Adieu, madame recevez mes respects pour vous, pour toute votre famille, et pour Mme de Brumath. »
 

1 Théodore Tronchin , le médecin, de retour de Paris .

2 Les vers qui font partie de la lettre du 3 mai 1756 à Richelieu. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/07/04/l...

3 Le fils du maréchal de Villars était en correspondance avec Voltaire depuis longtemps; mais la seule lettre de ce philosophe au duc, recueillie jusqu'à présent, est du 25 mars 1762.

 

16/07/2012

J'ai reçu une grande et éloquente lettre de la Dumesnil ; elle n'était pas tout à fait ivre quand elle me l'a écrite.

 ... Et je bois à sa santé ! Thin tchin !!

 

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« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 28 juin [1756]

Mon très-cher ange, j'ai fait venir les frères Cramer 1 dans mon ermitage. Je leur ai demandé pourquoi vous n'aviez pas eu, le premier, ce recueil de mes folies en vers et en prose, ils m'ont répondu que le ballot ne pouvait encore être arrivé à Paris. Ils disent que les exemplaires qui sont entre les mains de quelques curieux y ont été portés par des voyageurs de Genève; ils en sont la dupe. Lambert a attrapé un de ces exemplaires, et travaille jour et nuit à faire une nouvelle édition. Comment avez- vous pu soupçonner, mon cher ange, que j'aie négligé le premier de mes devoirs? Votre exemplaire devait vous être rendu par un nommé M. Dubuisson. Le Dubuisson et les Cramer disent qu'ils n'ont point tort et moi, je dis qu'ils ont très-grand tort, puisque vous êtes mal servi.
Je n'ai point vu les feuilles de Fréron 2, je savais seulement que Catilina 3 était l'ouvrage d'un fou, versifié par Pradon 4 et Fréron n'en dira pas davantage. C'est cependant à ce détestable ouvrage qu'on m'immola pendant trois mois; c'est cette pièce absurde et gothique à laquelle on donna la plus haute faveur. L'ouvrage de La Beaumelle est bien plus mauvais et bien plus coupable qu'on ne croit: car qui veut se donner la peine de lire avec examen ? C'est un tissu d'impostures et d'outrages faits à toute la maison royale et à cent familles. Il est juste que ce malheureux soit accueilli à Paris, et que je sois au pied des Alpes. Dieu me préserve de répondre à ses personnalités . Mais c'est un devoir de relever dans les notes du Siècle de Louis XIV les mensonges qui déshonoreraient ce beau siècle.
J'ai reçu une grande et éloquente lettre de la Dumesnil 5; elle n'était pas tout à fait ivre quand elle me l'a écrite. Je vois que Clairon 6 lui donne de l'émulation mais, si elle veut conserver son talent, il faut qu'elle cesse de boire. Mlle Clairon a des inclinations plus convenables à son sexe et à son état.
Je vous avoue une de mes faiblesses. Je suis persuadé, et je le serai jusqu'à ce que l'événement me détrompe, qu'Oreste 7 réussirait beaucoup à présent; chaque chose a son temps, et je crois le temps venu. Je ne vous dirai pas que ce succès me serait agréable, je vous dirai qu'il me serait avantageux; il ouvrirait des yeux qu'on a toujours voulu fermer sur le peu que je vaux.
Si vous pouviez, mon cher ange, faire jouer Oreste quelque temps après Sémiramis 8, vous me rendriez un plus grand service que vous ne pensez. Vous pourriez faire dire aux acteurs qu'ils n'auront jamais rien de moi avant d'avoir joué cette pièce.
Je vous remercie de vos anecdotes. Le discours de Louis XIV, qu'on prétend tenu au maréchal de Boufflers, passe pour avoir été débité aux maréchaux de Villars et d'Harcourt. La plaine de Saint-Denis est bien loin du Quesnoi. Il eût été bien triste de dire qu'on se ferait tuer aux portes de Paris, quand les anciennes frontières n'étaient pas encore entamées.
Quoique je sois plongé dans le siècle passé, je voudrais pourtant savoir si, dans le temps présent, l'abbé de Bernis est déclaré contre moi. Je ne le crois pas; je l'ai toujours aimé et estimé, et j'applaudis à sa fortune 9. Instruisez-moi. Je vous embrasse tendrement. »



3 Tragédie de Prosper Jolyot de Crébillon, 1748. La marquise de Pompadour l'appréciait et la défendait, au grand dam de V* .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_Jolyot_de_Cr%C3%A9billon

5 Marie-Françoise Marchand, dite Mlle Dumesnil : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Dumesnil

6 Claire-Joseph Léris , actrice préférée de V* : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Clairon

7 Oreste fut créée en 1750 .

8 Représentée le 29 août 1748 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56517150

9 François-Joachim de Pierre de Bernis, que V* surnomme « Babet la bouquetière », qui n'avait pas huit cents livres de revenu en 1744, et qui, dans le monde littéraire, avait commencé par faire de petits vers dont se moquait un peu Voltaire, jouissait, en 1756, du plus grand crédit auprès de la Pompadour. Il venait de signer le funeste traité du 1er mai avec le comte de Staremberg, ambassadeur d'Autriche.

Voir : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=206

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis

 

15/07/2012

Vous voyez, madame, votre consolation devant vos yeux, en voyant votre perte.

... Petit message qui peut tout à fait être de circonstances pour Ségolène, après les déclarations de Thomas Hollande .

Paris vaut bien une messe, disait le Vert Galant, eh ! bien , l'amour filial vaut bien la perte d'un siège de député , non ?

 

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 http://www.lefigaro.fr/politique/2012/07/12/01002-20120712ARTFIG00598-thomas-hollande-complique-le-14-juillet-de-son-pere.php

 Famille normale, enquiquinements normaux qui n'empêchent pas la terre de tourner, pas de quoi s'attrister ni compatir .

Plus difficile sera de trouver une consolation après les mises au chômage annoncées .

 

« A madame Louise Dorothée de Saxe-Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA 1

Aux Délices, près de Genève, 26 juin [1756]

Madame, il y a donc des malheurs aussi pour Votre Altesse sérénissime? et il faut que les vertus les plus nobles et les plus pures éprouvent, comme les autres, le sort de l'humanité ! Votre résignation à la Providence, madame, est bien exercée dans la perte d'un fils aîné 2 mais aussi les mêmes vertus qui sont éprouvées dans la douleur de cette perte sont récompensées par les princes qui vous restent. Vous voyez, madame, votre consolation devant vos yeux, en voyant votre perte. Votre Altesse sérénissime doit, pour surcroît d'affliction, être accablée de lettres, je lui demande pardon d'augmenter le nombre de ceux qui l'affligent en la voulant consoler. Mais comment pourrais-je ne pas écouter mon attachement et ma douleur? Il est impossible à mon cœur de retenir ses mouvements.
J'ose me joindre ici à la grande maîtresse des cœurs, à tout ce qui vous entoure, madame, pour pleurer à vos pieds et à ceux de monseigneur le duc , mais aussi je me joins à eux pour voir dans les princes vos enfants (que Dieu conserve!) les plus grandes et les plus chères espérances, comme la meilleure consolation 3.
Quand pourrai-je, madame, venir partager tous ces sentiments, admirer les vôtres, jouir de vos bontés, et renouveler à Votre Altesse sérénissime, à monseigneur, à toute votre auguste maison, tous mes vœux, avec mon tendre et profond respect! »

1 Épouse de Frédéric III, duc de Saxe-Gotha . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_III_de_Saxe-Gotha-Altenbourg

2 Frédéric , né en 1735 .

3 La copie que nous avons sous les yeux porte éducation. (A. F.)

 

J'espère qu'un jour je ferai aimer la vérité.

 ... Qui selon l'adage, n'est pas touours bonne à dire .

Volti ne se gène pas pour remonter les bretelles du "cher et ancien ami" et c'est normal, comme dirait un président connu . Ce dernier saura-t-il faire aimer la vérité ? J'en doute . Ou alors, il faudra la présenter comme dans le monde allégorique, femme nue sortant du puits, la partie masculine de la population (majoritairement, mais je ne vous exclus pas mesdames )  pourrait alors la trouver aimable .


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 http://elisandre-librairie-oeuvre-au-noir.blogspot.fr/2012/02/entre-femmes-philosophes-et-allegories.html


Sinon, reste l'espoir !



 

« A M. THIERIOT

Aux Délices, 26 juin [1756]

Vous ne savez ce que vous dites, mon cher et ancien ami, et vous faites toujours quelque quiproquo. Vous vous imaginez d'abord qu'il est question d'un intérêt d'argent pour vous, quand je vous mande que, si vous laissez subsister la note sur Bayle, elle pourra faire tort à l'éditeur 1. Il était bien question de cela . Vous allez vous plaindre à M. d'Argental que j'ai supposé que Lambert vous faisait un présent! Quel présent pouvait-il vous faire pour une telle bagatelle ? Et, quand je vous écris que vous n'avez pas entendu le passage de ma lettre, vous me répondez comme si je vous avais écrit que vous n'entendiez pas un passage de mon ouvrage, ayez donc un peu plus d'attention et des idées plus nettes.
Songez bien que je vous demande si Lambert compte ajouter des pièces fugitives, que je n'ai point, à celles que les Cramer ont imprimées. Songez que je vous demande si vous en avez quelques-unes. Songez qu'alors il devrait attendre, et faire à loisir une édition complète à laquelle vous présideriez. En ce cas, vous devriez venir aux Délices, et vous ne vous en repentiriez pas. Vous seriez en quatre jours à Lyon, je vous adresserais à M. Tronchin, le banquier 2, qui vous fournirait une voiture, et nous causerions. Il y a une Histoire générale qui pourrait mériter vos soins, etc.
Je vous répète, mon cher et ancien ami, que je sais, à n'en pouvoir douter, que La Beaumelle est l'auteur du Citoyen de Montmartre 3, et qu'il l'avait communiqué à Fréron.4
Vous avouez donc enfin que cet homme5, qui cherchait à imiter Tacite, n'a imité que Gacon 6. Plus vous avez avancé dans la lecture de ses infâmes rapsodies, plus vous avez dû être indigné. On n'a jamais écrit plus insolemment tant de mensonges et ces mensonges sont d'autant plus dangereux qu'ils sont souvent mêlés avec la vérité. Un mot de Mme de Maintenon lui sert de canevas pour cent impostures. On a mis au pilori des hommes bien moins coupables.
J'ai lu les Mémoires de Dangeau 7 dont vous me parlez, il n'y a pas quatre pages à extraire. J'ai beaucoup retouché le Siècle de Louis XIV; il terminera l'Histoire générale. J'espère qu'un jour je ferai aimer la vérité.
Je vous embrasse. »

2 Jean-Robert Tronchin , à Lyon .

3 Les Pensées philosophiques d'un citoyen de Montmartre sont de Sennemaud .

5 La Beaumelle.

6 François Gacon, dit « le poète sans fard » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Gacon

 

14/07/2012

On s'accoutume à bien parler

 ... Et à écouter ceux qui parlent bien, on prend un grand plaisir, même au delà du sujet traité, souvent .

On s'accoutume aussi à mal parler, pire à mal écrire, c'est-à-dire à écrire aussi mal qu'on parle .

Pourquoi faut-il que les jeunes (et moins jeunes aussi) ne se sentent adoptés par les leurs que s'ils adoptent les tics de langage des plus cons* , d'une nullité écrasante ?

Autant j'aime l'argot, autant je me régale des images et inventions verbales d'un (-des deux-) San Antonio , autant je renacle en entendant des interviews d'adolescents qui en sont encore au stade "pipi-caca-popo" (ce qui m'arrange bien car ça peut se dire facilement en verlan), et tirent gloire à la télévision de montrer leurs culs , culs tristes il faut le souligner , faces de pets ! 

 * NDLR - La sincèrité oblige l'auteur de ces lignes à employer les termes propres à sa pensée, sans censure . Il serait paradoxal d'être privé de la liberté de parole le jour du 14 juillet .

Et vers 22h 30 la poudre a parlé -bellement- au château de Voltaire !

 

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« A Mademoiselle *** 1

Aux Délices, près de Genève, 20 juin 1756.

Je ne suis, mademoiselle, qu'un vieux malade, et il faut que mon état soit bien douloureux puisque je n'ai pu répondre plus tôt à la lettre dont vous m'honorez, et que je ne vous envoie que de la prose pour vos jolis vers. Vous me demandez des conseils; il ne vous en faut point d'autre que votre goût. L'étude que vous avez faite de la langue italienne doit encore fortifier ce goût avec lequel vous êtes née, et que personne ne peut donner. Le Tasse 2 et l'Arioste 3 vous rendront plus de services que moi, et la lecture de nos meilleurs poètes vaut mieux que toutes les leçons; mais, puisque vous daignez de si loin me consulter, je vous invite à ne lire que les ouvrages qui sont depuis longtemps en possession des suffrages du public, et dont la réputation n'est point équivoque. Il y en a peu; mais on profite bien davantage en les lisant qu'avec tous les mauvais petits livres dont nous sommes inondés. Les bons auteurs n'ont de l'esprit qu'autant qu'il en faut, ne le recherchent jamais, pensent avec bon sens, et s'expriment avec clarté. Il semble qu'on n'écrive plus qu'en énigmes. Rien n'est simple, tout est affecté; on s'éloigne en tout de la nature, on a le malheur de vouloir mieux faire que nos maîtres.
Tenez-vous-en, mademoiselle, à tout ce qui plaît en eux. La moindre affectation est un vice. Les Italiens n'ont dégénéré, après le Tasse et l'Arioste, que parce qu'ils ont voulu avoir trop d'esprit; et les Français sont dans le même cas. Voyez avec quel naturel Mme de Sévigné 4 et d'autres dames écrivent comparez ce style avec les phrases entortillées de nos petits romans, je vous cite les héroïnes de votre sexe, parce que vous me paraissez faite pour leur ressembler. Il y a des pièces de Mme Deshoulières 5 qu'aucun auteur de nos jours ne pourrait égaler. Si vous voulez que je vous cite des hommes, voyez avec quelle clarté, quelle simplicité notre Racine 6 s'exprime toujours. Chacun croit, en le lisant, qu'il dirait en prose tout ce que Racine a dit en vers. Croyez que tout ce qui ne sera pas aussi clair, aussi simple, aussi élégant, ne vaudra rien du tout.
Vos réflexions, mademoiselle, vous en apprendront cent fois plus que je ne pourrais vous en dire. Vous verrez que nos bons écrivains, Fénelon 7, Bossuet 8, Racine, Despréaux 9, employaient toujours le mot propre. On s'accoutume à bien parler, en lisant souvent ceux qui ont bien écrit on se fait une habitude d'exprimer simplement et noblement sa pensée sans effort. Ce n'est point une étude il n'en coûte aucune peine de lire ce qui est est bon, et de ne lire que cela; on n'a de maître que son plaisir et son goût.
Pardonnez, mademoiselle, à ces longues réflexions; ne les attribuez qu'à mon obéissance à vos ordres.
J'ai l'honneur d'être avec respect, etc. »

1 Le contenu de cette lettre prouve que la personne à qui elle est adressée n'était pas encore mariée. Les éditeurs de Kehl l'avaient intitulée A Mme Dupuy, femme du secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Mme Dupuy s'appelait Mlle Menon ou Manon. La famille de son mari, ne croyant pas que ce fût son véritable nom, a fait des recherches sans rien découvrir qui pût détruire ou confirmer ses soupçons. Mme Dupuy est nommée Louise Menon dans l'acte mortuaire de son mari. (Beuchot.)

4 Marie de Rabutin-Chantal marquise de Sévigné : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_Rabutin-Chantal_(ma...)

7 François de Salignac de la Mothe-Fénelon : http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9nelon

 

13/07/2012

sur cent hommes, il y en a au moins quatre-vingt-dix qui sont à plaindre. Tout est bien n'est donc pas fait pour le genre humain

 ... Heureusement chacun peut avoir sa part de bonheur et de misère, malheureusement ce sont les proportions de ces parts qui fait du bien ou du mal . J'ose me placer dans les dix pour cent de ceux qui ne sont pas à plaindre, non pas que je sois riche et beau (ça se saurait !), non que j'aie une santé à faire taire toute la faculté de médecine, non que je sois animé de la foi du charbonnier qui tient son ticket pour le paradis d'une main et sa pelle de l'autre, mais tout simplement chaque jour je peux fréquenter Voltaire, penser à une amie, à des proches, à des projets .

 Et puisque Volti nous donne des statistiques peu joyeuses pour les hommes, il en est d'autres navrantes encore plus pour les femmes , écoutez :

 http://www.youtube.com/watch?v=61klageOn-4

 

 

« A M. DUPONT.

Aux Délices, près de Genève, 20 (juin) 1756 1

Je vous avais envoyé, mon cher ami, deux petits ouvrages assez tristes et assez conformes à l'état où doit être votre âme après la perte d'un jeune homme de si grande espérance, à qui vous étiez tendrement attaché 2. Vous devez avoir reçu mes jérémiades, et vous devez sentir que le Tout est bien de Pope n'est qu'une plaisanterie qu'il n'est pas bon de faire aux malheureux. Or, sur cent hommes, il y en a au moins quatre-vingt-dix qui sont à plaindre. Tout est bien n'est donc pas fait pour le genre humain. Je suis honteux de dater ma lettre des Délices en écrivant à M. de Klinglin. Mais enfin il faut bien que j'aie un port après avoir essuyé tant d'orages. Je suis très-aise d'être loin des jésuites et des médecins de Colmar. Ces charlatans-là nuisent au corps et à l'âme. Nous avons à présent un vrai médecin 3 qui est allé de Genève à Paris apprendre aux Français à préserver leurs enfants de la petite vérole en la leur donnant. Ce ne sont pas là des exemples à remettre devant les yeux de monsieur le premier président, ils redoubleraient trop sa douleur.
Si le Port-Mahon n'est pas pris quand vous recevrez ma lettre, il ne le sera jamais. Mme Denis et moi, nous vous assurons, vous et Mme Dupont, de la plus tendre amitié.
VOLTAIRE »

1 Placée par le premier éditeur et par Beuchot au 20 août, cette lettre, antérieure à la prise de Port-Mahon, ne peut être que du 20 juin au plus tard.

2 Le second fils de M. de Klinglin, attaqué d'une paralysie depuis longtemps.

3 Le docteur Théodore Tronchin .

 

Le mensonge n'a jamais parlé avec tant d'impudence. Cela est fait pour être lu des ignorants oisifs, méprisé des sages, et pour indigner les gens en place

 ... Comme en ce moment en Syrie ! Bachar et Asma, beau couple de tyrans, unis dans le mensonge aussi fermement que par les liens du mariage . Luxe, calme et volupté, déclinés à la Assad se traduisent par misère, guerre et assassinat pour les opposants . Et ces pignoufs de Russes ( je veux dire Poutine et ses séïdes) qui, au mieux jouent les Ponce Pilate, au pire se réjouissent que pendant ce temps on oublie la Tchétchénie . 

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20120713.AFP2680/syrie-apres-treimsa-l-opposition-denonce-un-massacre-et-appelle-l-onu-a-agir.html

 

 

 

« A M. THIERIOT.

Aux Délices, 16 juin [1756]

Je ne suis pas étonné qu'on dévore ce ramas d'anecdotes où, parmi quelques vérités indifférentes, tirées des Mémoires de Dangeau, de Huber, etc., tout fourmille de faussetés, de contradictions, et d'impostures. Le mensonge n'a jamais parlé avec tant d'impudence. Cela est fait pour être lu des ignorants oisifs, méprisé des sages, et pour indigner les gens en place. De quel front ce malheureux 1 ose-t-il assurer que Monseigneur épousa Mlle Choin, et que Mme de Berry se maria au comte de Riom?
Quand on avance de tels faits, il faut avoir ses garants. Il était réservé à ce siècle qu'un gredin parlât de la cour comme s'il y avait joué un rôle. Il prend la peine de combattre de temps en temps le Siècle de Louis XIV, et il porte la démence jusqu'à citer des passages qui n'y ont jamais été.
Je suis bien aise que ce soit un pareil coquin qui ait écrit contre vous. Il se dit citoyen de Montmartre 2, il mérite d'être citoyen d'une chiourme. Que comptez-vous faire, mon ancien ami, de l'édition de mes bagatelles? Vous devriez bien venir voir l'auteur, et joindre votre portefeuille au mien. Nous pourrions faire quelque chose ensemble. Les Cramer ne se repentent pas de leur édition, quoiqu'il y en ait tant d'autres. Ils l'ont presque toute débitée en trois semaines, je ne m'y attendais pas. L'Histoire générale mérite un peu plus d'attention; on y joint le Siècle de Louis XIV, avec des additions et des notes qui sont assez curieuses. Vous ne nuiriez pas à cet ouvrage, nous le reverrions ensemble. Mes nièces auraient soin de vous rendre votre séjour aux Délices digne du nom que ma maison ose porter. J'y jouis de la paix, j'y travaille à loisir: ce sont là les vraies délices. Je serais trop heureux si j'avais de la santé et l'ami Thieriot. Vale.

P. S. La lettre à M. le maréchal de Richelieu 3 n'était pas assurément pour le public. Je ne l'ai communiquée à personne. S'il a fait voir mes prophéties, il les accomplira. »