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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les domestiques jurèrent sur l’Évangile que le roi n'avait pris avec Agnès que des libertés honnêtes

... Tandis que d'autres jurèrent que le président n'a pris avec Liliane que des privautés malhonnêtes ; suivez mon regard !  Scandale à l'hospice ! Heureusement, Carla aime Nicolas Raymond et le chante sussurre , belle consolation d'être aimé pour ce que l'on pourrait être .

 

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« A Jacob VERNES

A Lausanne 12 janvier [1758]

Votre ode est pleine de beautés mon cher confrère en Apollon et Sabellius, Eusébius et autres graves personnages . Je vous conseille de la mettre dans un volume de votre choix littéraire et de faire présenter ce volume au roi de Prusse . Je me chargerais avec un grand plaisir de lui envoyer votre ode et je m'en ferais honneur . Mais vous sentez bien que je ne puis en conscience lui adresser par la poste un ouvrage où vous dîtes tant de mal des pauvres Français, vos compatriotes et les miens , des Autrichiens dont la cour me comble de bontés, et des Russes qui m'envoient tant de médailles d'or . Mon paquet pourrait bien être pris par des housards et je me brouillerais tout d'un coup avec trois puissances sans être mieux avec Frédéric . Je n'ambitionne que de passer le reste de ma vie dans la paix et dans l'obscurité .

Jugez si un homme qui pense ainsi peut avoir la moindre part à l'article de l'Encyclopédie qui fait tant de bruit dans votre ville . C'est une calomnie bien maladroite de dire que j'aie conduit la plume de M. d'Alembert . Je donne un démenti formel à quiconque répand une telle imposture . M. d'Alembert n'est pas homme à se laisser conduire : il est public qu'il se chargea de cet article quand il vint dans ce pays . Il connait Genève beaucoup mieux que moi . Je n'y vais jamais . Mes maladies me forcent de rester chez moi . Il a beaucoup fréquenté tous vos ministres et je n'ai pas l'honneur d'en connaître un seul excepté M. Vernet que j'ai vu deux ou trois fois . En un mot je n'ai vu qu'avec le public l'article Genève . On y cite une lettre de moi imprimée dit-on dans le Mercure Galant 1, que je ne lis jamais, et le mot atroce dont je ne me suis jamais servi dans cette lettre . Ce n'est pas que je ne pense avec vous que la conduite de Calvin envers Servet fut d'une atrocité abominable . Je l'ai dit en qualité d'historien et tout homme qui ne sera pas un monstre doit le penser . Mais jamais je n'ai écrit la lettre à Thieriot telle qu'on l'a imprimée dans le Mercure . Jamais je n'ai lu un mot de tout ce qu'on a écrit dans d'autres mercures au sujet de cette lettre . Jamais je n'ai eu la moindre connaissance de l'article de M. d'Alembert qu'avec le public . Quiconque dit le contraire est un calomniateur . Voilà la pure vérité et une autre vérité c'est que je ne m’embarrasse point de toutes ces misères et que je veux vivre tranquille dans des retraites qui m'ont coûté fort cher mais que j'abandonnerai comme une grange dès qu'on m'y fera la moindre peine 2.

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V .

Pourriez-vous m'envoyer le livre de M. Palissot par la messagerie ou bien le donner à M. Catala votre voisin qui me fera l'amitié de me le faire tenir ?

Le Journal encyclopédique parle fort mal de ces lettres 3. On dit qu'elles attaquent beaucoup de gens de mérite . On traite ce livre de libelle diffamatoire . Pourquoi M. Palissot veut-il se faire des ennemis ? Vous devriez bien l'empêcher de prendre un parti si dangereux .

J'ai un besoin pressant de savoir si c'est Froissard ou Monstrelet ou Alain Chartier qui dit avoir fait prêter serment aux domestiques de Charles VII en qualité d'historiographe pour savoir d'eux si Charles avait couché avec Agnès Sorel 4 dont il laissa trois enfants ; les domestiques jurèrent sur l’Évangile que le roi n'avait pris avec Agnès que des libertés honnêtes . Par quoi Alain, car je crois que cela est d'un Alain, certifie que jamais Agnès ne fit ce que vous savez avec Sa Majesté très chrétienne 5. La chose presse . C'est pour un article de l'Encyclopédie . M. Roustan 6 ne pourrait-il pas consulter ces trois historiens à la bibliothèque publique ? M. Abauzit ne pourrait-il pas consulter sa mémoire ? Je vous demande en grâce de me déterrer ce passage . Je vous aurai une extrême obligation . »

1 V* nomme ainsi par moquerie le Mercure de France ; d'Alembert cite dans son article Genève le texte de la lettre de Thieriot tel qu'il parut dans le Mercure ; voir lettre du 12 septembre 1757 à Constant de Rebecque : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/19/il-y-a-bien-du-temps-que-j-ai-fait-voeu-de-ne-lire-aucun-jou.html

2 V* tiendra parole en se portant acquéreur de Tournay et de Ferney , en territoire français, cette même année .

3   Dans son numéro du 15 décembre 1757 , VIII, iii, 87-96

4   A propos d'Agnès Sorel, voir lettre du 9 octobre 1755 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/05/ceux-qui-disaient-qu-il-s-etait-passe-entre-eux-quelque-chos.html

5  On trouve cette référence dans l'article Historiographe écrit pour l'Encyclopédie, mais cet article ne parut pas quoique d'Alembert en eut explicitement chargé V* . Il paraitra à la fin du second volume des Nouveaux mélanges , 1765.

6   Probablement le théologien Antoine-Jacques Roustan (1734-1808) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Jacques_Roustan

 

 

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22/03/2013 | Lien permanent

je dois vous dire que dans la fermentation des esprits, au milieu de la guerre civile littéraire, il faut s'attendre les

... On le voit chaque année au moment de la remise des prix littéraires, concurrence oblige, tant de la part des jurés que des éditeurs . La littérature est aussi un bizness .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 24/9/2015

 

 

« A Henri-Louis Lekain

24 septembre [1760]

Avant d'aller jouer Tancrède, et après avoir écrit une longue lettre à M. et Mme d'Argental, et après avoir fait un petit monologue pour Mlle Clairon à la fin du second acte, et après avoir enragé qu'on ne m'ait pas averti plus tôt, et après m'être voulu beaucoup de mal d'être si loin de vous, et n'en pouvant plus j'aurai peut-être encore le temps, mon cher Lekain, de vous dire un petit mot que je n'ai point dit à M. et Mme d'Argental en leur écrivant à la hâte, et étant ivre de leurs bontés .

C'est au sujet du troisième acte . Nous serions bien fâchés de le jouer comme on le joue au Théâtre -Français : vous n'avez pas fait attention qu'Aldamon n'est point du tout le confident de Tancrède . C'est un vieux soldat qui a servi sous lui . Mais Tancrède n'est pas assez imprudent pour lui parler d'abord de sa passion . Il ne laisse échapper son secret que par degrés . D'abord il lui demande simplement où demeure Aménaïde, et c'est cette simplicité précieuse qui fait ressortir le reste . Il ne s'informe que peu à peu, et par degrés du mariage . Il ne doit point du tout dire à Aldamon,

Car tu m'as déjà dit que cet audacieux1

ce vers gâte la scène de toutes façons . Si Aldamon lui a déjà dit cette nouvelle, s'il en est sûr, s'il s'écrie, il est donc vrai, il doit arriver désespéré, il ne doit parler que de sa douleur, et le commencement de la scène qui chez moi fait un très grand effet devient très ridicule .

Ne sentez-vous pas que tout l'artifice de cette scène consiste de la part de Tancrède à s'ouvrir par gradations avec Aldamon ? – Il s'en faut bien même qu'il doive lui dire tout son secret et quand il lui dit cher ami tout mon cœur s'abandonne à ta foi 2, remarquez qu'il se donne bien de dire, j'aime Aménaïde . Il le lui fait assez entendre ; et cela est bien plus naturel et bien plus piquant . Il ne veut pas paraître que comme un ancien ami de la maison . Il serait très mal d'aller plus loin . Ce séjour adoré qu'habite Aménaïde 3– est un vers d'opéra intolérable .

Concevez donc qu'il ne permet à son amour d'éclater que dans son monologue, c'est là qu'il doit commencer à dire Adélaïde 4 m'aime . S'il le dit, ou s'il le fait trop entendre auparavant cela devient froid et absurde .

Le vers d'Aldamon

Je vais parler de vous, je réponds du succès,5

est très à sa place . Il respecte, il aime Tancrède comme un grand homme, il sait que le nom de Tancrède est révéré dans la maison, il est plein de cette idée, il la confond avec un simple message, et quand Aldamon dit ce vers, je réponds du succès, Tancrède a bien meilleur air à dire avec enthousiasme, il sera favorable 6.

Je vous prie très instamment , mon cher ami, de représenter toutes ces choses à M. d'Argental, et de remettre absolument le troisième acte comme il est . Vous me feriez un tort irréparable, si vous continuiez à m'exposer ainsi devant le public, et surtout si on imprimait la pièce dans l'état affreux où elle est par ma négligence, et par mon absence . Voyez à quoi je serais réduit si Prault imprimait la pièce avant que je vous l'aie envoyée signée de ma main . Prévenez ce coup pour vous et pour moi .

Je ne peux entrer ici dans aucun détail, mais je dois vous dire que dans la fermentation des esprits, au milieu de la guerre civile littéraire, il faut s'attendre les premiers jours aux critiques les plus injustes . C'est une poussière qui s'élève, et qui se dissipe bientôt . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 Ces vers furent supprimés : Tancrède Ac. III, sc. 3 .

2 Ibidem Ac. III, sc. 2 .

3 Ces mots furent supprimés .

4 Erreur d'impression La Pléiade , lire Aménaïde bien sûr .

5 Dernier vers de la scène 1 de l'acte III ; il fut modifié ainsi : Puisque vous m'envoyez, je réponds du succès .

6 Ce sont les premiers mots de la réplique de Tancrède à la scène suivante, Ac. III, sc. 2 .

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24/09/2015 | Lien permanent

l’embrasement de l’univers est annoncé dans Hystaspe et dans les Sibylles

... et pour confirmation , voir Paco Rabanne et Madame Soleil .

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hystasp%C3%A8s

https://www.parismatch.com/People/Paco-Rabanne-1999-apoca...

 

 

« A Simon-Nicolas-Henri Linguet

Au château de Ferney par Genève

le 14 [ou 15] mars 1767 1

Monsieur,

Je n'ai point encore reçu le livre que vous voulez bien m’envoyer , et probablement je ne l'aurai de longtemps . La communication entre Lyon et Genève est interrompue ; mais je ne veux pas différer les remerciements que je vous dois .2

Je crois, comme vous, monsieur, qu’il y a beaucoup à reprendre 3 dans l’Esprit des lois 4. Il y a très peu de lecteurs attentifs 5 . On ne s’est point aperçu que presque toutes les citations de M. de Montesquieu 6 sont fausses. Il cite le prétendu testament du cardinal de Richelieu, et il lui fait dire au chapitre vi, dans le livre III, que s’il se trouve dans le peuple quelque malheureux honnête homme, il ne faut point s’en servir. Ce testament, qui d’ailleurs ne mérite pas la peine d’être cité, dit précisément le contraire ; et ce n’est point au sixième, mais au quatrième chapitre. Il fait dire à Plutarque que les femmes n’ont aucune part au véritable amour 7.

Il ne songe pas que c’est un des interlocuteurs qui parle ainsi, et que ce Grec, trop grec, est vivement réprimandé par le philosophe Daphneus, pour lequel Plutarque décide. Ce dialogue est tout consacré à l’honneur des femmes ; mais Montesquieu lisait superficiellement, et jugeait trop vite.

C’est la même négligence qui lui a fait dire que le grand seigneur n’était point obligé par la loi de tenir sa parole 8 ; que tout le bas commerce était infâme chez les Grecs 9; qu’il déplore l’aveuglement de François Ier, qui rebuta Christophe Colomb 10, qui lui proposait les Indes, etc. Vous remarquerez que Christophe Colomb avait découvert l’Amérique avant que François Ier fût né.

La précipitation de son esprit 11 lui fait dire au même endroit, livre IV, chapitre xix, que le conseil d’Espagne eut tort de défendre l’emploi de l’or en dorures. Un décret pareil, dit-il, serait semblable à celui que feraient les états de Hollande, s’ils défendaient la cannelle 12. Il ne fait pas réflexion que les Espagnols n’avaient point de manufactures ; qu’ils auraient été obligés d’acheter les étoffes et les galons des étrangers, et que les Hollandais ne pouvaient acheter ailleurs que chez eux la cannelle .13

Presque tous les exemples qu’il apporte sont tirés des peuples presque 14 inconnus du fond de l’Asie, sur la foi de quelque voyageur mal instruit et menteur.

Il affecte 15 une connaissance très mal placée de la géographie et il se trompe au point d'affirmer qu’il n’y a de fleuve 16 en Perse que le Cyrus ; il oublie le Tigre, l’Euphrate, l’Oxus, l’Araxe, et le Phase 17,

Malheureusement son livre n'a pour fondement qu'une antithèse 18 qui se trouve fausse. Il dit que les monarchies sont établies sur l’honneur, et les républiques sur la vertu ; et, pour soutenir ce prétendu bon mot : la nature de l’honneur (dit-il, livre III, chapitre vii) est de demander des préférences, des distinctions . L'honneur est donc, par la chose même, placé dans le gouvernement monarchique. Il devrait songer que, par la chose même, on briguait, dans la république romaine, la préture, le consulat, des triomphes, des couronnes, et des statues.

J’ai pris la liberté de relever plusieurs méprises pareilles dans ce livre, d’ailleurs très-estimable. Je ne serai pas étonné que ce livre vous paraisse 19 plus rempli d’épigrammes que de raisonnements solides ; et cependant il y a tant d’esprit et de génie qu’on le préférera toujours à Grotius et à Pufendorf. Leur malheur est d’être ennuyeux ; ils sont plus graves que solides 20 .

Grotius, contre lequel vous vous élevez avec tant de justice, a extorqué de son temps une réputation qu’il était bien loin de mériter. Son Traité de la Religion chrétienne est méprisé de tous les savants 21. C’est là qu’il dit, au chapitre xxii de son premier livre, que l’embrasement de l’univers est annoncé dans Hystaspe et dans les Sibylles. Il ajoute à ces témoignages ceux d’Ovide et de Lucain ; il cite Lycophron pour prouver l’histoire de Jonas 22.

Pour bien juger 23 du caractère de l’esprit de Grotius, il n'y a qu'à lire sa harangue 24 à la reine Anne d’Autriche, sur sa grossesse. Il la compare à la Juive Anne, qui eut des enfants étant vieille ; il dit que les dauphins, en faisant des gambades sur l’eau, annoncent la lin des tempêtes, et que, par la même raison, le petit dauphin qui remue dans son ventre annonce la fin des troubles du royaume 25.

Je vous citerais cent sottises de ce Grotius qui a été tant admiré .

A l'égard de Jean-Jacques Rousseau dont vous me parlez, j'avoue qu'il n'a pas le génie de Montesquieu, ni l'érudition de Grotius, mais il tombe dans de plus grands écarts . Il n'a jamais écrit que des paradoxes, et il s'est toujours contredit . Sans la digression de son Vicaire savoyard, digression très mal placée dans l'instruction d'un jeune homme, on oublierait qu'il a écrit ; et encore ce vicaire se contredit lui-même en étant pénétré de respect pour des mystères qu'il trouve absurdes . Les reste de son Émile et de son Héloïse sont aujourd'hui dans la boue avec leur auteur . C'est un très méchant homme connu par la plus lâche et la plus orgueilleuse ingratitude . Toutes ses manœuvres sont d'un bas scélérat, démasqué par toute la magistrature de Genève, et connu pour tel par M. le duc de Choiseul et par le roi lui-même . Je ne vous conseille pas de prendre le parti de ce misérable ; ce n'est point par des paradoxes et des charlatanismes qu'on mérite l'estime des honnêtes gens . C'est par une conduite honnête ; il faut l'avoir et il ne l'a pas eue . Je pense et je parle comme milord Walpole, et le célèbre M. Tronchin en a été le témoin . Il sait avec qui Rousseau se ligua pour me forcer à quitter une maison de campagne que j'avais achetée à vie sur le territoire de Genève . Il sait comme il cabala avec les prédicants , et comme ensuite il cabala contre eux . Ce malheureux qui venait de donner à Paris une comédie sifflée s'avisa de m'écrire que je corrompais sa république en donnant des spectacles dans mon château de Ferney . Il m’écrivit que j'avais menti, si j'avais dit qu'il n'ait pas été secrétaire de l'ambassade de M. le comte de Montaigu à Venise, et qu'il en avait menti, lui, s'il n'avait pas eu tous les honneurs de l’ambassadeur ; et il se trouve par ses propres lettres écrites de Venise qu'il était domestique du comte de Montaigu et qu'il fut chassé à coups de bâton . Ces lettres furent écrites à M. Dutheil à qui il demandait l'aumône .

Ce beau philosophe a fini par mettre le trouble dans sa patrie, par être chassé de Genève, de Berne et de Neuchâtel ; et il imprime qu'il lui faut des statues . Voilà des vérités , monsieur,voila sur quoi il faut juger. Ajoutez à cela qu'il n'a signalé sa perfidie envers moi que parce que je lui avais offert le don d'une maison de campagne, et qu'il ne s'est élevé contre M. Hume que parce que M. Hume lui avait voulu procurer une pension . Après cela, prenez son parti si vous voulez .

J'espère , quand j'aurai lu votre livre, que je vous dirai avec la même vérité combien je vous estime ; c'est un sentiment que votre lettre m'a déjà inspiré 26. Je suis surtout pénétré du désir que vous paraissez témoigner de voir l'union régner parmi les gens de lettres . Ils seraient bien forts s'ils connaissaient le prix de cette union . Ce serait la phalange macédonienne qui ne trouverait point de Paul Émile chez les fanatiques .

J'ai l'honneur d'être, avec toute l'estime et les sentiments que je vous dois, etc. « 

 »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. à la fin de laquelle le copiste écrit : « N[ot]a . Cette lettre fut envoyée ouverte à un mai qui ne la remit point dans la crainte que M. Linguet ne la fit courir . Il en fit part à M. de Voltaire qui approuva cette circonspection, et envoya la lettre suivante du 6 avril 1767 (voir lettre à M*** : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-... ) à la place de la première . » Que ceci soit vrai ou faux et cela paraît peu vraisemblable sous cette forme) , la présente lettre ne parut dans Le Commentaire historique, désigné par la suite par le sigle ED, sous une forme remaniée, qui est passée dans toutes les éditions, et qui figurera ici en variantes . Pour la date, noter qu'une minute , avec les quatre dernières lignes autographes, passée en vente chez Charavay le 28 novembre 1861, est datée du 15 mars 1767 . l'existence de cette minute, retouchée par V*, prouve que la lettre à Linguet a été soigneusement méditée ..

2 Tout ce début manque dans ED, remplacé par une ligne de points .

3 ED : qu'il y a plus d’une inadvertance

4 On trouve dans divers ouvrages de Voltaire des critiques de l’Esprit des lois ; voyez la note, tome XX, page 1.

5ED : Très peu de lecteurs sont attentifs .

6 ED : les citations de Montesquieu

7 De l'Esprit des lois, VII, note a . En envoyant à V* sa Théorie des lois civiles ou Principes fondamentaaux de la société, Linguet lui a écrit le 19 février 1767 « {…] vous ne me blâmerez pas d'avoir combattu les opinions de M. de Montesquieu . J'ai rendu justice à son grand génie en attaquant ses erreurs . C'est un esprit brillant qui est sujet à de fréquentes éclipses . Je n'en ai pas dit à beaucoup près tout ce que j'en aurais pu dire . »

8 De l'esprit des lois, livre III, chapitre ix.

9 Livre IV, chapitre viii.

10 Livre XXI, chapitre xxii.

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26/08/2022 | Lien permanent

Pouvait-il applaudir à des pensées outrées, à des raisonnements captieux et alambiqués, à des intrigues froides, à des a

... Telle sera la question après l'attribution du prix Goncourt, et donc le rejet de bien des concurrents qui ne toucheront pas le pactole .

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

7 septembre [1764]

Vous voilà, monsieur, engagé dans une grande guerre dont assurément vous vous tirerez avec honneur. Vos deux aides de camp sont la raison et le goût, et j'ose dire que vous combattez contre des ennemis qui n'ont pas tout à fait le même avantage.

Y a-t-il rien de plus déraisonnable et de plus injuste que de reprocher d'avoir écrit pour dégrader Corneille à un homme qui ne s'est réduit au métier pénible et désagréable de commentateur que pour faire du bien à la famille de ce même Corneille, qui a marié sa petite-nièce et qui entretient chez lui sa famille ? Il me semble qu'il y a bien peu de générosité à insulter le seul des commentateurs qui en ait usé ainsi envers la famille de son auteur.

Il n'y a pas moins d'injustice à prétendre qu'on n'a écrit que pour décrier Corneille. Il suffit de lire la remarque qui se trouve dans l'examen de Cinna, page 318. La peine que le commentateur s'est donnée de traduire le César de Shakespeare et l'Héraclius de Calderon fait bien voir qu'il élève Corneille, non seulement au-dessus des Français ses contemporains, mais au-dessus des auteurs de toutes les nations.

L'attention même du commentateur de ne pas relever la moitié des fautes de Corneille prouve assez que, s'il a péché, c'est plutôt par excès d'indulgence que par trop de critique. Vous avez vu, monsieur, ces vers de Cinna qui ont été épargnés et qui ne méritent pas de l'être. Il n'y a point de tragédie de Corneille et dans ces tragédies point de scènes sur lesquelles vous ne puissiez faire la même réflexion. Il vous sera bien facile de citer au moins une centaine de vers, et ce morceau de critique sage et vrai sera fort utile ; car enfin il s'agit de perfectionner l'art et non de prendre parti pour un homme qui n'est plus et à qui on ne doit que la vérité .

A l'égard du goût, il est très vrai qu'on doit mettre Racine au premier rang des auteurs. Personne ne peut lui contester cette place. Mais sait-on bien en quoi consiste ce goût ? Se tromperait-on assez pour croire que le goût puisse subsister sans génie ? N'est-ce pas ce goût qui produit des caractères, vrais et intéressants, des Acomats et des Burrhus ? N'est-ce pas en inventant toutes les nuances de ces beaux caractères que Racine a montré un génie perfectionné, et avec quel art, avec quelle éloquence sont-ils rendus !

Oui, sans doute, l'auteur des Commentaires a été forcé d'opposer souvent Racine à Corneille, pour montrer combien il faut écrire avec naturel et avec grâce, comment il faut orner sa pensée par l'expression. Il a cherché non seulement des exemples dans Racine, mais encore dans Quinault. L'auteur des Commentaires a rendu un service éternel aux belles lettres par ces comparaisons fréquentes, qui sont la plus sûre manière de former le goût. Tantôt il fait voir comment Racine a mis dans la bouche d'Esther les mêmes choses que Sévère dit dans son monologue :

Ils font des vœux pour nous qui les persécutons 1.

Tantôt 2 il montre pourquoi Corneille a dû resserrer cette pensée en un vers et pourquoi Racine a dû l'étaler en quatre. Il rapporte dans ses remarques sur Cinna la délibération d'Auguste qu'on trouve dans Dion Cassius et il nous a seul appris à quel point Corneille est supérieur à l'auteur grec dans ce morceau de politique.

Enfin, pour peu qu'on ait de justice, on voit que le commentateur cherche à faire toujours l'éloge de Corneille. Mais, de bonne foi, pouvait-il louer ses défauts ? Pouvait-il ne pas convenir que Théodore, Pertharite, Don Sanche, Attila, Pulchérie, Tite et Bérénice, Suréna, Othon et Agésilas 3 n'étaient pas dignes de Cinna ? Pouvait-il applaudir à des pensées outrées, à des raisonnements captieux et alambiqués, à des intrigues froides, à des amours insipides, aux solécismes innombrables dont toutes les dernières pièces de Corneille fourmillent ; et dans quel temps écrivait-il si mal ? C'était lorsque Pascal avait fixé la langue et que Racine l'embellissait.

Cependant, le commentateur appelle toujours Corneille le père du théâtre. Et en cela il va peut-être trop loin, car Mairet est le premier qui ait fait une pièce régulière et qui ait observé les trois unités. Sa Sophonisbe 4, au bout de trente ans, l'emporte encore sur celle de Corneille. Mairet avait le premier saisi le véritable esprit de la tragédie, qui est la crainte et la pitié. Sa Sophonisbe, malgré ses énormes défauts, inspira ces deux sentiments, et Corneille, dans la sienne, ne fit que raisonner.

Le reproche d'avoir imprimé les morceaux de Corneille imités du latin ou traduits de l'espagnol est encore très injuste, puisqu'on s'est conformé en cela à Corneille lui-même qui fit imprimer tous les textes imités dans une petite édition de 1744 5 qui est très curieuse et aujourd'hui très rare .

Il faut que l'auteur de la lettre contre les Commentaires ait senti combien sa cause était mauvaise, puisque pour la défendre il a recours au goût des Hollandais. Il croit, sur la foi de Lagrange Chancel 6, que l'on joue souvent les pièces de Corneille en langue hollandaise . C'est en quoi il se trompe beaucoup et on peut l'assurer qu'on n'en joue pas une seule à Londres. On sait assez quelles sont nos pièces dramatiques qui sont représentées à Londres avec le plus de succès.

Je voudrais bien savoir surtout à quoi bon citer Crébillon dans cette querelle ? Que fait-il là ? S'agit-il de lui ? L'auteur des Commentaires en a-t-il parlé ? Il y a de beaux endroits dans son Radamiste et même dans sa très mauvaise Electre, sottement amoureuse du sot Itis . Mais Crébillon parle-t-il français ? L'auteur barbare de Catilina, de Xerxès, de Pyrrhus, de Sémiramis, du Triumvirat sera-t-il jamais cité par les honnêtes gens ?

Enfin, monsieur, vous avez devant vous une immense carrière dans laquelle vous pouvez terrasser votre ennemi à chaque pas. Combattez, vous avez des armes d'une très bonne trempe.

Vous pouvez, monsieur, faire un ouvrage très instructif. Ce n'est pas moi qu'il faut obliger, c'est le public, quoique je sois plus reconnaissant qu'il ne l'est d'ordinaire. Je ne parle pas des injustices et des mensonges de la lettre. L'auteur ose avancer que tout le public a été indigné de voir Corneille critiqué. Cependant, tous les journaux, excepté les malsemaines de Maître Aliboron dit Fréron, ont trouvé les critiques aussi justes que les éloges et le commentaire très impartial. Il n'y a point d'homme de lettres qui ne m'ait écrit que je n'avais pas été assez sévère. Votre antagoniste parle de mon adresse. Je suis assurément l'homme du monde le moins adroit. Personne peut-être n'a dit plus hardiment la vérité. Enfin, je crois me connaître en poésie tout aussi bien que ce prétendu doyen d'une académie de province. Vous me feriez un vrai plaisir de m'apprendre le nom de cet écrivain qui dans sa brochure a parlé beaucoup pour ne rien dire du tout. Soyez sûr, monsieur, de mon attachement et de ma reconnaissance.

V. »

2 Mot ajouté par V* sur le manuscrit .

3 Ibid .

4 Sophonisbe, de Mairet, que l'on considère comme la première tragédie « régulière », date de 1635 . Le parallèle entre les diverses Sophonisbe devient un des lieux communs de la critique dramatique vers l'époque où écrit V* . On les publia même ensemble pour faciliter les comparaisons . V* lui-même présentera al Sophonisbe de Mairet « réparée à neuf » en 1770 .

5 Lapsus pour 1664 .

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28/10/2019 | Lien permanent

Je me console en vous écrivant encore

chat et jambes.gif

Plaisir partagé !

 voilà le titre que je donnerais à cette image .

Connaissant les chats, je dirai qu'il se moque bien que ces deux jambes soient  surmontées d'une femme sublime, d'un laideron ou d'un barbu comme moi !

Connaissant les femmes (là, je me vante et je parle par ouï-dire ! ), je dirai qu'elle apprécie la caresse du chat qui lui, l'aime plus que son amant qui lui, ose regarder d'autres femmes ! Enfin, je suppose !...

En réalité, dans cette gentille tête de chat, peu de pensée quand même, tout comme dans celle de sa maîtresse qui lui dit :"fiche le camp, tu vas faire filer mes bas !"

Tout ça pour en venir à une dédicace : "Vraiment vous êtes bien bonne d’avoir pris mes plaisanteries à la lettre."

Un peu tiré par les poils ! Non ?

 

« A Marie-Louise Denis

 

Ce 19 au soir [février 1752]

 

             Non, ma chère enfant, je ne vais point à Potsdam, je suis encore trop malade. Je me console en vous écrivant encore. Je ne vous ai point répondu sur quelques articles de notre n°20 du 3 février. Quoi ! vous vous imagineriez sérieusement que je vous ai jeté le chat aux jambes[f1]  , et que je me suis excusé à vos dépens envers les anges sur la Gaussin ! Je leur ai écrit au contraire qu’ayant fait un nez à la romaine à Aurélie, il n’y avait pas moyen de charger Mlle Gaussin d’un tel rôle[f2]  . Vraiment vous êtes bien bonne d’avoir pris mes plaisanteries à la lettre. A présent que je vous écris, Rome a eu probablement son arrêt [Jouée le 24 février à la Comédie française]. Vous me rassurez sur la réputation du Siècle, mais il nous faut Corbi [Représentant en librairie]. En cas que Rome ait été honnêtement reçue, je voudrais bien la dédier au roi [Elle sera bien reçue, mais non dédiée au roi]. Faites-en  demander la permission par Mme de Pompadour ou par M. d’Argenson. Il me semble que cette démarche serait décente. Faites-la réussir. Vous devez faire réussir tout. Peut-être après tant d’obligations vous devrai-je un jour la santé. J’en ai bien besoin, et je ne sais plus que devenir. Je vous embrasse tendrement.

 

             V.

 


 [f1]= suscité des embarras

 

 [f2]Le 6 février, il a écrit aux  D’Argental : « Je mettrai dans ma confession générale … que j’ai affligé Mlle Gaussin ; je m’en accuse très sérieusement devant mes anges … mais pourquoi m’a-t-on forcé de changer le rôle tendre que j’avais fait pour elle ? …M. le maréchal de Richelieu a été las pour la première fois des femmes tendres et complaisantes … Il est clair que ce gros rôle d’Amazone n’est pas fait pour les grâces attendrissantes de Mlle Gaussin … Je vous prie de lui montrer cet article de ma lettre »

http://www.dailymotion.com/video/x1ng5g_chat-qui-joue-du-...

J'ai eu un chat qui ressemblait à celui-ci, mais c'est plutôt moi qui jouait du piano comme ça !

 

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19/02/2010 | Lien permanent

presque toutes les brochures de nos jours ressemblent à cette foule innombrable de moucherons qui meurent après avoir bo

... C'est évidemment multiplié par des milliards de nos jours . Innombrables nouvelles sans intérêt . Auto- admiration filmée jusqu'à l'écoeurement . Gaspillage de temps . Gaspillage d'énergie . Influenceurs/petits-maîtres pour moutons de Panurge vendeurs d'idioties , chefs d'Etats arrogants et vains, tous à mettre dans le même panier des déchets ultimes, inutilisables .

 

 

« A Pierre Rousseau Directeur du « Journal

encyclopédique »

à Bouillon

Aux Délices près de Genève

19è novembre 1764 1

Il est vrai, monsieur, comme vous le dites dans votre lettre du 4 courant, qu'on débite toujours quelque chose sous mon nom, comme on donne quelquefois du vin cru pour des vins étrangers . Ceux qui font ce négoce se trompent encore plus qu'ils ne trompent le public . Mon vin a toujours été fort médiocre, et ceux qui débitent le leur sous mon nom, ne feront pas fortune .
J'apprends que pour surcroit, on vient d'imprimer en Hollande mes Lettres secrètes . Je crois qu'en effet ce recueil sera très secret, et que le public n'en saura rien du tout . Il me semble que c'est à la fois offenser le public, et violer tous les droits de la société, que de publier les lettres d'un homme de son vivant, sans son consentement ; mais lui imputer des lettres qu'il n'a point écrit 2, c'est le métier d'un faussaire . Ce recueil n'est point parvenu dans ma retraite ; on m'assure qu'il est fort mauvais, et j'en suis très aise .

Je présume , au reste, que dans ces lettres familières qu'on débite sous mon nom, il n'y en aura aucune qui commence comme celles de Cicéron , si vous vous portez bien, j'en suis bien aise, pour moi je me porte bien. Ce serait là trop clairement un mensonge imprimé .

Je conçois qu'on imprime les lettres de Henri IV, du cardinal d'Ossar, de Mme de Sévigné . Racine le fils a même donné au public quelques lettres de son illustre père, dont on pardonne l'inutilité en faveur de son grand nom, mais il n'est permis d'imprimer les lettres des hommes obscurs que quand elles sont aussi plaisantes que celles que vous connaissez sous le titre de Litterae obscurorum virorum 3. Ne voilà-t-il pas un beau régal à faire au public que de lui présenter les prétendues lettres très inutiles et très insipides écrites par un homme retiré du monde à des gens que ce monde ne connait point du tout ? Il faut être aussi malavisé pour imprimer de telles fadaises, que frivole pour les lire . Aussi toutes ces paperasses tombent-elles au bout de quinze jours dans un éternel oubli ; et presque toutes les brochures de nos jours ressemblent à cette foule innombrable de moucherons qui meurent après avoir bourdonné un jour ou deux, pour faire place à d'autres qui ont la même destinée .

La plupart de nos occupations ne valent guère mieux, et ce n'était pas un sot que celui qui a dit le premier que tout était vanité, excepté la jouissance paisible de soi-même .

La substance de tout ce que je vous dis, monsieur, mériterait une place dans votre journal, si elle était ornée par votre plume .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments que vous me connaissez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Lettre parue dans le Journal encyclopédique le 1er décembre 1764.

2 Sic.

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13/01/2020 | Lien permanent

on imprimera ce que je n'ai pas fait, à la faveur de ce que j'ai fait

 

deux magots asiatiques.jpg

"Il faut casser mes magots ..."

... Voilà, c'est fait ... !

statue brisée bouddha.jpg


 

 

 

« A Mme Marie-Elisabeth de FONTAINE.

Aux Délices, 23 mai [1755] 1.

Il faut casser mes magots de la Chine, ma chère enfant, l'infidélité qu'on m'a faite sur cette ancienne plaisanterie de la Pucelle d'Orléans empoisonne la fin de mes jours. On m'a envoyé quelques morceaux de cet ouvrage; tout est défiguré, tout est plein de sottises atroces. Il n'y a ni rime, ni raison, ni bienséance. Cependant on m'imputera cette indigne rapsodie, et il m'arrivera la même chose que dans l'aventure de l'Histoire générale, on imprimera ce que je n'ai pas fait, à la faveur de ce que j'ai fait. Le contraste de cet ouvrage avec mon âge et avec mes travaux me fait sentir la plus vive douleur. Je suis très-incapable de songer à une tragédie; il faut la liberté d'esprit, et ce dernier coup m'étourdit. Si, par hasard, vous savez quelques nouvelles, si vous pouvez voir Darget 2 et m'instruire, vous me ferez grand plaisir.
J'aimerais mieux vous voir ici , vous feriez ma consolation avec votre sœur 3. Comment vont les bénéfices de votre frère?4 Si Jeanne d'Arc avait fondé quelque bon prieuré, il serait juste qu'il le desservit , je lui souhaite des pucelles et des abbayes. »

1 La lettre que nous donnons ici comme entière n'est qu'un fragment d'une autre lettre qui, après avoir toujours figuré à cette place, avait été rejetée par M. Beuchot au 23 août. Or, M. Beuchot s'est trompé, non moins que ses devanciers. Il n'a pas vu que le commencement de la lettre suspectée est bien du 23 mai 1755, mais que la fin lui est étrangère et appartient à une lettre du 13 août. Si, maintenant, on détache d'une lettre du 2 juillet les deux derniers alinéas qui sont postérieurs à cette date, et si on reporte ces fragments au 23 août à titre de lettre entière, on aura, je crois, remis quelque ordre dans cette partie de la Correspondance. (Georges Avenel)

3 Marie-Louise Denis .

4 Alexandre-Jean des Aunais , qui après avoir été lieutenant aux armées en 1744, cherche depuis 1747 à obtenir le bénéfice d'une abbaye, ce sera Scellières en Champagne, sous le nom d'abbé Mignot .

 

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20/01/2012 | Lien permanent

savoir si l'âme des puces est immortelle

 

puce.jpg

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Libertine chanson :http://www.deezer.com/listen-7733525

http://www.deezer.com/listen-700377  : j'étais à dix mille lieues d'imaginer les frasques de cet insecte dans un opéra tel que La Damnation de Faust !

Moins chic :  http://www.deezer.com/listen-3874375

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

30è mars 1768

 

Quand j'ai un objet, Madame, quand on me donne un thème , comme par exemple de savoir si l'âme des puces est immortelle, si le mouvement est essentiel à la matière, si les opéras-comiques sont préférables à Cinna et à Phèdre, ou pourquoi Mme Denis est à Paris, et moi entre les Alpes et le mont Jura, alors j'écris régulièrement, et ma plume va comme une folle .

 

L'amitié dont vous m'honorez me sera bien chère jusqu'à mon dernier moment, et je vais vous ouvrir mon cœur.

 

J'ai été pendant quatorze ans l'aubergiste de l'Europe, et je me suis lassé de cette profession . J'ai reçu chez moi trois ou quatre cents Anglais qui sont tous si amoureux de leur patrie que presque pas un seul ne s'est souvenu de moi après son départ, excepté un prêtre écossais nommé Brown 1, ennemi de M. Hume, qui a écrit contre moi, et qui m'a reproché d'aller à confesse, ce qui est assurément bien dur .

 

J'ai eu chez moi des colonels français avec tous leurs officiers pendant plus d'un mois 2. Ils servent si bien le roi qu'ils n'ont seulement pas eu le temps d'écrire ni à Mme Denis ni à moi .

 

J'ai bâti un château comme Béchamel 3, et une église comme Lefranc de Pompignan 4. J'ai dépensé cinq cent mille francs à ces œuvres profanes et pies . Enfin d'illustres débiteurs de Paris et d'Allemagne 5, voyant que ces magnificences ne me convenaient point, ont jugé à propos de me retrancher les vivres pour me rendre sage . Je me suis trouvé tout d'un coup presque réduit à la philosophie . J'ai envoyé Mme Denis solliciter les généreux Français, et je me suis chargé des généreux Allemands 6.

 

Mon âge de soixante et quatorze ans, et des maladies continuelles me condamnent au régime et à la retraite . Cette vie ne peut convenir à Mme Denis, qui avait forcé la nature pour vivre avec moi à la campagne . Il lui fallait des fêtes perpétuelles pour lui faire supporter l'horreur de mes déserts, qui de l'aveu des Russes sont pires que la Sibérie pendant cinq mois de l'année. On voit de sa fenêtre trente lieues de pays, mais ce sont trente lieues de montagne, de neiges et de précipices . C'est Naples en été, et la Laponie en hiver . Mme Denis avait besoin de Paris ; la petite Corneille en avait encore plus besoin . Elle ne l'a vu que dans un temps où ni son âge, ni sa situation ne lui permettaient de le connaître . J'ai fait un effort pour me séparer d'elles, et pour leur procurer des plaisirs à la tête desquels je mets celui qu'elles ont eu de vous rendre leurs devoirs . Voilà, Madame, l'exacte vérité 7 sur laquelle on a bâti bien des fables 8, selon la louable coutume de votre pays, et je crois même de tous les pays .

 

J'ai reçu de Hollande une Princesse de Babylone . J'aime mieux les Quarante écus 9 que je ne vous envoie point, parce que vous n'êtes pas arithméticienne, et que vous ne vous souciez guère de savoir si la France est riche ou pauvre . La Princesse part sous l'enveloppe de Mme la duchesse de Choiseul . Si elle vous amuse, je ferai plus de cas de l'Euphrate que de la Seine.

 

J'ai reçu une petite lettre de Mme de Choiseul ; elle me paraît digne de vous aimer . Je suis fâché contre M. le président Hénault 10 ; mais j'ai cent fois plus d'estime et d'amitié pour lui que je n'ai de colère .

 

Adieu, Madame, tolérez la vie ; je la tolère bien . Il ne vous manque que des yeux, et tout me manque . Mais assurément les sentiments que je vous dois et que je vous ai voués ne me manquent pas .

 

V. »


1 Robert Brown, pasteur de l'Église presbytérienne d'Utrecht . Ayant accepté de préfacer les Lettres critiques d'un voyageur anglais sur l'article Genève de l'Encyclopédie, de Vernet, 1762, que V* lui attribua jusqu'en 1766 :

http://books.google.fr/books?id=wDZCAAAAcAAJ&pg=PA81&dq=Lettres+critiques+d%27un+voyageur+anglais+sur+l%27article+Gen%C3%A8ve+de+l%27Encyclop%C3%A9die,+de+Vernet&hl=fr&ei=n6aPTeCSCpGw8QOst-ygDw&sa=X&oi=book_result&ct=book-thumbnail&resnum=1&ved=0CDMQ6wEwAA#v=onepage&q&f=false

Brown est venu chez V* pour voir si le portrait que l'auteur faisait de lui était exact, et il fut bien reçu . Après quoi, il avait raillé dans sa préface (page iv) « la secte poético-philosophique ..., ce tourbillon poétique se berçant de l'agréable chimère de réduire le christianisme ... à n'être plus qu'un vain nom »

V* riposta dans une lettre à d'Alembert qui fut dangereusement falsifiée et imprimée . S'ensuivit une polémique et Brown devint pour V* le modèle des hôtes ingrats . Selon lui, le pasteur disait « à tous les Écossais » qu'il « s'appliquait des reliques pour la fièvre » : lettre à Théodore Tronchin du 26 juillet 1765 .

2 Pendant le blocus de Genève ; voir la lettre « simulée » du 16 mars 1768 prétendue de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/03/15/queste-coglionerie-mi-trastullano-un-poco.html

3 Louis de Béchamel, marquis de Nointel, était surintendant des bâtiments sous Louis XIV et bien connu pour la magnificence de son hospitalité.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_B%C3%A9chameil_de_Nointel

4 V* a bâti une église à Ferney ; sur l'église de Pompignan, voir lettre du 9 février 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/je-ne-peux-rendre-ni-les-hommes-ni-les-filles-raisonnables.html#more

5 Le maréchal de Richelieu, les héritiers de la maison de Guise, le marquis de Lezeau , d'une part et le duc de Wurtemberg d'autre part ; voir lettre du 8 mars à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/08/j...

6 Cette phrase causera de l'inquiétude à V* quand il apprendra que Mme du Deffand a montré sa lettre ; il écrira à Mme Denis le 31 mai : « Je crains fort que cette lettre n'ait donné à M. le maréchal de Richelieu un prétexte d'être froid avec moi . Je disais que vous alliez solliciter à Paris les paiements des généreux seigneurs français ... »

8 Le 18 mars , à Damilaville : « on met dans les gazettes que je me suis brouillé avec toute ma famille . Voilà les fruits de la cruelle indiscrétion de La Harpe ».

10 Cela à cause de l'article « Servet » dans l'Abrégé chronologique de Hénault, dont il a reçu la nouvelle édition . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56063559.r=colonies.langFR

V* écrit entre autres au président, le 14 mars , à ce sujet : « Je n'ai point lu les additions ... J'ai ... lu « Servet », et j'ai été bien affligé . Je le suis d'autant plus que je sais que certainement Servet était un fou très honnête, et Calvin le plus malhonnête fanatique qui fût en Europe ... Le meurtre de Calas est une action très pardonnable en comparaison de l'assassinat juridique commis sur la personne de Servet... »

 

 Des joyeux camarades que je n'ai pas écouté depuis des lustres ! Shame on me !

http://www.deezer.com/listen-3105678

 

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28/03/2011 | Lien permanent

J'ai un instinct qui me fait aimer le vrai

A l'heure programmée pour la parution de cette note, je devrais être en route pour ma première compétition de tir à l'arc en plein air de cette saison. Il est prévu du froid, avec vent du nord, et la météo suisse qui ne se trompe pas prévoit même des chutes de neige à moins de 2000 mètres . Vivement que finisse ce printemps pourri ! Réchauffement climatique, comme prévu par certains, ne veut pas dire beau temps mais moyenne des températures plus élevée, quitte à vivre sous une couche de nuages plus constante . Mais franchement, ça commence à me gonfler (comme gonflent les cumulus qui nous pissent dessus ! ).

Mais un bonheur est prévu !

Dans une semaine, -une longue semaine pour moi,- "Fête à Voltaire" à Ferney-Voltaire .

affiche fete a voltaire 2010.jpg

Notez tout de suite cette date : 26 juin 2010, et venez .

http://www.ferney-voltaire.fr/TPL_CODE/TPL_EVENEMENT/PAR_...

Grâce à ce lien, vous pouvez télécharger "l'inégralité" du programme (non, non, je ne suis pas l'auteur de cette faute de frappe, c'est la commission culturelle qui se marche un peu sur le sac ...)






Pour moi, ce sera la date anniversaire de ma rencontre de LoveVoltaire qui transmet sans relâche l'oeuvre de Volti en l'illustrant d'un manière remarquable . Quand vous voyez son blog "monsieurdevoltaire" vous êtes frappé par son élégance, élégance qui est l'exact reflet de son auteur. Puis vous serez ébahis par la puissance de travail qui est mise en oeuvre .

Je garderai toujours au coeur le plaisir de la connaitre. Et ce plaisir va être renouvelé . Merci à Voltaire !

 

 

 

"A Henri Pitot

 

Le 20 juin [1737]

 

Vous devez avoir actuellement, monsieur, tout l'ouvrage [Eléments de la philosophie de Newton] sur lequel vous voulez bien donner votre avis. J'en ai commencé l'édition en Hollande, et j'ai appris depuis que le gouvernement désirait que le livre parût en France, d'une édition de Paris . M. d'Argenson sait de quoi il s'agit [le marquis René-Louis de Voyer] ; je n'ai osé lui écrire sur cette bagatelle. La retraite où je vis ne me permet guère d'avoir aucune correspondance à Paris, et surtout d'importuner les gens en place de mes affaires particulières. Sans cela, il y a longtermps que j'aurais écrit à M. d'Argenson, avec qui j'ai eu l'honneur d'être élevé, et qui , depuis vingt-cinq ans, m'a toujourqs honoré de ses bontés. Je compte  qu'il m'a conservé la même bienveillance.

Je vous supplie, Monsieur, de lui montrer cet article de ma lettre , quand vous le trouverez dans quelque moment de loisir. Vous l'instruirez mieux que je ne le ferais touchant cet ouvrage. Vous lui direz qu'ayant commencé l'édition en Hollande, et en ayant fait présent au libraire qui l'imprime [Ledet], je n'ai songé à le faire imprimer en France que depuis que j'ai su qu'on désirait qu'il y parût avecprivilège et approbation.


Ce livre est attendu ici avec plus de curiosité qu'il n'en mérite, parce que le public s'empresse de chercher à se moquer de l'auteur de La Henriade devenu physicien. Mais cette curiosité maligne du public servira encore à procurer un prompt débit à l'ouvrage, bon ou mauvais.


La première grâce que j'ai à vous demander, Monsieur, est de me dire , en général, ce que vous pensez de cette philosophie, et de me marquer les fautes que vous y aurez trouvées. J'ai un instinct qui me fait aimer le vrai ; mais je n'ai que l'instinct, et vos lumières le conduiront.


Vous trouvez que je m'explique assez clairement; je suis comme les petits ruisseaux ; ils sont transparents parce qu'is sont peu profonds . J'ai tâché de présenter les idées de la manière dont elles sont entrées dans ma tête . Je me donne bien de la peine pour en épargner à nos Français qui, généralement parlant, voudraient apprendre sans étudier.


Vous trouverez dans mon manuscrit, quelques anecdotes semées parmi les épines de la physique. Je fais l'histoire de la science dont je parle, et c'est peut-être ce qui sera lu avec le moins de dégoût. Mais le détail des calculs me fatigue et m'embarasse encore plus qu'il ne rebutera les lecteurs ordinaires. C'est pour ces cruels détails surtout que j'ai recours à votre tête algébrique et infatiguable ; la mienne poétique et malade, est fort empêchée à peser le soleil.


Si madame votre femme est accouchée d'un garçon, je vous en fais compliment. Ce sera un honnête homme et un philosophe de plus, car j'espère qu'il vous ressemblera.


Sans aucune cérémonie, je vous prie de compter sur ma reconnaissance autant que sur mon estime et mon amitié ; il serait indigne de la philosophie d'aller barbouiller nos lettres d'un Votre très humble, etc.


P.-S. - Vous vous moquez du monde de me remercier comme vous le faites et encore plus de parler d'acte par devant notaire [prêt d'argent ? Le 2 août 1738 , à Moussinot, il demandera de lui prêter 800 livres tournois ; il dira qu'"il ne faut point, (lui) semble, de notaire avec un philosophe", mais précisera quand même les modalités de remboursement et parlera d'un "billet de M. et Mme Pitot portant paiement sur leur terre"] ; je le déchirerais. Votre nom me suffit, et je ne veux point que le nom d'un philosophe soit deshinoré par des ogligations en parchemin. S'il n'y avait que des gens comme nous, les gens de justice n'auraient pas beau jeu."

 

 

 

A " nos Français qui, généralement parlant, voudraient apprendre sans étudier", je dédie ceci qui vient de Français qui ont étudié sans apprendre :

http://www.linternaute.com/humour/betisier/photo/les-perl...

Au milieu de ces perles qui sont une source immédiate de rire, j'ai une pensée émue pour celui (ou celle , ) qui évoque la pensée de  JJ Rousseau . Je vous laisse découvrir, et je pense à ma bloggueuse préférée qui va en rester hilare . La vérité sort de la bouche des  (grands) "enfants" ?


 

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Je ne suis pas assez bon financier pour savoir si l’impôt sur les terres suffirait, je vois seulement qu’il n’y a aujour

... Il est deux constantes universelles, la coïonnerie et les impôts, depuis la nuit des temps .

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 mars 1766

Je viens de relire le Vingtième de M. Boulanger, mon cher ami, et c’est avec un plaisir nouveau. Il est bien triste qu’un si bon philosophe et un si parfait citoyen nous ait été ravi à la fleur de son âge 1. Je ne suis pas assez bon financier pour savoir si l’impôt sur les terres suffirait, je vois seulement qu’il n’y a aujourd’hui aucun pays dans le monde où les marchandises, et même les commodités de la vie, ne soient taxées. Cela est d’une discussion trop longue pour une lettre, et trop embarrassant pour mes faibles connaissances.

L’article Unitaire 2 est terrible. J’ai bien peur qu’on ne rende pas justice à l’auteur de cet article, et qu’on ne lui impute d’être trop favorable aux sociniens . Ce serait assurément une extrême injustice, et c’est pour cela que je le crains.

Vous m’avez fait un très beau présent en m’envoyant la réponse du roi au Parlement 3. Il y a longtemps que je n’ai rien lu de si sage, de si noble, et de si bien écrit. Les remontrances n’approchent pas assurément de la réponse. Si le roi n’était pas protecteur de l’Académie, il faudrait l’en mettre pour cet ouvrage.

M. Marin m’a fait l’amitié de m’écrire au sujet de ces lettres 4 que Changuyon a imprimées. Il me mande qu’il se conduira à son ordinaire, comme mon ami, et comme un homme qui veut de la décence dans la littérature. Je ne sais pas qui sont les chiffonniers qui vont ramassant les ordures . Mandez-moi je vous prie, ce que vous savez de cette nouvelle impertinence . Voulez-vous bien m’adresser à Meyrin, par le carrosse de Lyon 5 six exemplaires de ce petit Voltaire portatif ? C’est un bouclier contre les flèches des méchants.

Protagoras n’est point marié. Tant mieux s’il l’était, parce qu’il ferait des d’Alembert, et tant mieux s’il ne l’est pas, attendu qu’il n’a pas une fortune selon son mérite.

Je plains ce pauvre La Harpe ; il est chargé d'une famille, et il n'a pour vivre que son talent 6.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher frère.

Le petit discours 7 qu’on prétend mettre à la suite du mémoire pour les Sirven n’est qu’une sortie contre le fanatisme, et une exhortation à faire du bien à cette malheureuse famille. Cela n’est bon que pour l’étranger. »

1 Pour signer l'article Vingtième, Damilaville a pris le pseudonyme de « défunt M. Boulanger, ingénieur des ponts et chaussées », Boulanger étant un personnage réel qui a notamment écrit des essais sur les fossiles et des ouvrages antichrétiens, tel l'article « Hébraïque (langue) » de l'Encyclopédie qui lui est attribué .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Antoine_Boulanger

3 Dans son lit de justice du 3 mars, le roi a fortement réaffirmé l'autorité royale ; son discours fut publié sous le titre : Réponse faite par le roi, tenant son parlement de Paris, le 3 mars 1766 aux remontrances de ladite cour suprême sur ce qui s'est passé à Pau et en Bretagne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86138542.image .

Les Remontrances du Parlement de Paris au XVIIIè siècle ne seront publiées qu'en 1888-1898 par Jules Flammermont ; celle dont il est question ici figure au tome II, p . 554 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6535528k/f612.texteImage

4 Cette lettre du 3 mars 1766 nous est parvenue . Il y est en effet question des Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse dont Changuion a entrepris la publication .

5 Les éditions suivant l'édition de Kehl donnent m'adresser par Lyon, et suppriment la phrase précédente « Je ne sais....impertinence. »

6 Paragraphe biffé sur le copie Beaumarchais et manquant sur toutes les éditions suivantes .

7 L’Avis au public (Georges Avenel)..

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23/06/2021 | Lien permanent

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