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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les sots font des enfants, mais ils ne font pas verser des larmes aux juges

Je vous laisse deviner ce que le barbu nordique m'a offert ( à retardement, mais ça va quand même ) ; ci-dessous un indice :

chateau 4 ce matin 3_1_2012.JPG

 

 

 

Par habitude ou tradition personnelle, je ne souhaite quasiment jamais la bonne année dès le 1er janvier . Si cela ne tenait qu'à moi, je demanderais à tous de souhaiter la bonne année-bonne santé au jour anniversaire de naissance de chacun, car il est bien évident que l'année nouvelle d'un individu vient après cette échéance ( parfois déchéance , hélas ! ) .

 

Bon , allez ! Je me lâche, mais c'est bien parce que c'est vous et que vous avez eu :

  • la curiosité *

  • la chance *

  • la volonté *

  • la surprise *

  • la poisse *

  • l'immense bonheur *

    de vous retrouver sur cette page, qui n'est intéressante que par ce qui suit, lettre d'un dénommé François-Marie Arouet, que j'aime sous le nom de Voltaire .

(* Options ou réponses à choix multiple .)

 

En son nom , à vous, ses anges-gardiens , ayez :

Bonne Année

Belles Idées

Bonnes    Lectures

Bonnes     Ententes

Bonne   Santé

 

 

 

« A M. DE BRENLES.

Aux Délices, près de Genève, 29 mars [1755]

Je fais mes compliments, mon cher monsieur, à l'humanité en général, et à Lausanne en particulier, si votre ouvrage vous ressemble. Je vous remercie de mettre au monde des philosophes. Il faudra bientôt que je quitte ce monde maudit où il y en a si peu, je me consolerai en sachant que vous en conservez la graine. Vous devez être bien content, vous donnez la vie à un être pensant i, et vous sauvez celle d'une pauvre fille ii : cette dernière action est bien plus belle encore, car les sots font des enfants, mais ils ne font pas verser des larmes aux juges. Vous êtes le Cicéron de Lausanne.

Je compte bien venir vous embrasser à Monrion, et y faire ma cour à Mme de Brenles dès que je serai quitte de mes ouvriers. Je suis assurément bien loin de vous oublier; vous savez que je n'ai pris Monrion que pour vous et pour vos amis, je n'en avais nul besoin. J'ai la plus jolie maison, et le plus beau jardin dont on puisse jouir auprès de Genève; un peu d'utile s'y trouve joint même à l'agréable. Je suis occupé à augmenter l'un et l'autre, je suis devenu maçon, charpentier, et jardinier. Votre métier assurément est plus beau de faire des garçons et de sauver des filles. Nous prenons, ma nièce et moi, la part la plus tendre à tous vos succès. Nous faisons mille compliments au père, à la mère, et au nouveau-né . Il faudra qu'il soit baptisé par un homme d'esprit, je me flatte que ce sera M. Polier de Bottens qui fera cette cérémonie. Ne m'oubliez pas, je vous prie, auprès de ce digne ami. De belles terrasses et une belle galerie m'ont fait Genevois, mais c'est vous et Mme de Brenles qui me faites Lausannois. Adieu, monsieur; vivez heureux, et aimez un homme qui met son bonheur à être aimé de vous.

Je vous embrasse et suis pour jamais, etc. V. »

i Cet enfant mourut quelques jours plus tard .

 

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03/01/2012 | Lien permanent

Je trouve cette affaire si comique, que je la poursuis très sérieusement

... http://www.20minutes.fr/economie/1884295-20160707-budget-...

Les affirmations de l'opposition actuelle me font grincer des dents et me rassurent à la fois : le "grand foutage de gueule" est toujours d'actualité, -- j'ai eu un peu peur que seulement des vérités soient enfin dites,-- et on en connait quelques acteurs de première grandeur chez Les Républicains qui lèchent les bottes (hors de prix, avec talonnettes) du candidat/pas candidat/tout en étant candidat, Sarko le fumiste et  profiteur .

Ils ont bonne mine de prédire le pire, eux qui n'ont certes pas laissé des finances saines quand ils se sont fait renvoyer dans leurs vingt-deux mètres . Beaux donneurs de leçons .

D'un autre côté, M. Sapin n'arrête pas de se prendre les pieds dans le tapis .

Ah ! oui , au fait, comme donneurs de leçons, les footeux en bleu peuvent-ils être donnés en exemple ? France 2 - Allemagne 0 , ça n'empêchera pas l'Allemagne de gagner sur le plan économique mes chers contribuables !

 France's forward Antoine Griezmann (2L) scores a goal past Germany's goalkeeper Manuel Neuer (C) during the Euro 2016 semi-final football match between Germany and France at the Stade Velodrome in Marseille on July 7, 2016."La politique est dégueulasse parce que les hommes qui la font la rendent dégueulasse" Michel Rocard .

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

[Madame de La Live d'Epinay

place Vendôme

à Paris]

5è auguste [1761] à Ferney

J’aurai mon corps-saint 1, madame, malgré toutes vos plaisanteries ; et si je n’ai pas un corps entier, j’aurai du moins pied ou aile. Je trouve cette affaire si comique, que je la poursuis très sérieusement ; et j’aurai traité avec le ciel avant que vous vous soyez accommodée avec l’Angleterre.

Puisque vous avez, madame, frère Saurin à la Chevrette, je vous prie de vouloir bien vous charger d’une négociation auprès de lui. Vous savez que malgré les calamités du temps il y a quelques souscriptions en faveur de la race de Corneille. Je ne sais pas encore si nos malheurs ne refroidiront pas bien des gens ; mais je travaille toujours à bon compte. J’ai commenté le Cid, Cinna, Médée, Horace, Pompée, Polyeucte, Héraclius, Rodogune . Beautés, défauts, fautes de langage, imitation des étrangers, tout est remarqué au bas des pages pour l’instruction de l’ami lecteur. J’ai envoyé à notre secrétaire perpétuel de l’Académie une préface sur le Cid, et toutes les notes sur les Horaces. Je voudrais bien que M. Saurin, mon confrère, voulût aller à l’Académie, et examiner un peu ma besogne ; personne n’est plus en état que lui de juger de cet ouvrage , et il est bon qu’il ait la sanction de l’Académie, à laquelle il sera dédié.

Quelque chose qui arrive à notre pauvre patrie, Corneille sera toujours respectable aux autres nations, et j’espère que mon petit commentaire sera utile aux étrangers qui apprennent notre langue, et à bien des Français qui croient la savoir.

Je m’unis toujours aux saintes prières de tous les frères . M. le duc de Villars a pris possession de mes petites Délices  -- j’espère qu’il ne lui arrivera pas ce qui vient d’arriver à un beau-frère de M. de La Popelinière, et à un abbé d’Héricourt, conseiller de grand’chambre, qui se sont avisés de venir mourir à Genève pour faire pièce au docteur Tronchin. L’abbé d’Héricourt est une perte, car il était prêtre et conseiller ; et malgré cela il n’était ni fanatique, ni fripon.

J’ai dans l’idée, madame, que nous n’aurions point perdu Pondichéry, si M. Dupleix y était resté ; il avait des ressources, nous n’aurions point manqué de vivres; cette belle aventure me coûte le quart de mon bien.

Adieu, madame ; je désespère de vous revoir, mais je vous serai toujours bien respectueusement attaché.

Une grosse fluxion sur les deux yeux me prive de l’honneur de vous écrire de ma main.»

1 C'est-à-dire les reliques demandées à Rome ; ce mot subsiste encore comme nom propre, par exemple en Ille-et-Vilaine . Voir lettre du 23 juin 1761 au pape Clément XIII : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/05/21/dans-ce-climat-un-jour-de-travail-perdu-detruit-souvent-toute-l-esperance-d.html

et lettre du même jour au cardinal Passionei : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/05/22/notre-eveque-est-savoyard-et-refuse-aux-savoyards-la-permiss-5805058.html

 

 

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08/07/2016 | Lien permanent

J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux

... Grand bien te fasse mon cher Voltaire, mais moi qui suis soumis à un président de la République , aucune illusion, je n'espère aucune libéralité et ne tiens ma jeunesse et vigueur qu'à mes propres moyens . Hasta luego !...

https://www.youtube.com/watch?v=kiRlJ4HuWGc&list=RDjt...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17è avril 1765 1

Je réponds à votre lettre du 10 . Si elle avait été du 11, vous auriez été dans un bel enthousiasme des trente-six mille livres accordées par le roi à notre famille Calas 2. Si le roi savait combien on le bénit dans les pays étrangers, il trouverait que jamais personne n’a mis son argent à un pareil intérêt. Jamais l’innocence n’a été mieux vengée ni plus honorée. Vous êtes assurément bien payé, mon cher frère, de toutes vos peines. Le généreux Élie doit être bien content . On regarde ici son mémoire comme un chef-d’œuvre . Il était impossible que les juges résistassent à la force de son éloquence. J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux, et j’imagine qu’à présent vous ne portez plus d’emplâtre au cou.

Ou je suis bien trompé, ou M. de Beaumont a dû voir l’arrêt du parlement de Toulouse à la suite de la sentence de Castres. Si cet arrêt ne s'y trouve pas nous allons écrire pour le faire venir . Élie va donc, une seconde fois, tirer la vertu du sein de l’opprobre et de l’infortune. Je vous prie de l’embrasser bien tendrement pour moi, et de lui dire qu’il a un autel dans mon cœur.

Vous ne m'avez point encore accusé la réception du paquet que M. Delahaye a dû vous remettre, il n'est donc point encore à Paris ? Et s'il y est, il faut donc qu'il soit arrivé quelque malheur . Ne pourriez-vous point aller chez lui ? Le paquet ne laisse pas d'être de quelque conséquence . J'ai exécuté ponctuellement tous les ordres que frère Archimède m'a donnés 3, et je fais des vœux pour que la Destruction paraisse incessamment . Toutes ces destructions-là sont l'édification des honnêtes gens . Combattez, anges de l’humanité, bonsoir mon cher frère . Écr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais suivie des éditions, amalgame cette lettre avec celle du 19 avril en le abrégeant l'une et l'autre et datant du 17 avril : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5990

2 Voir dans la lettre du 7-8 juin 1764 à Cramer , où V* évoque pour la première fois l'idée de ce dédommagement : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/14/quel-dedommagement-aura-la-famille%C2%A0.html

Voir aussi la lettre d'Elie de Beaumont du 11 avril 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/28/vous-avez-de-bons-conseils-consultez-les-et-faites-ce-qu-ils-vous-diront.html

Le Journal encyclopédique du 15 avril 1765, page 171, dit que, dans les 36 000 livres, il y en eut 12 000 pour Mme veuve Calas, 6000 pour chacune des deux demoiselles Calas, 3000 pour le fils, et 3,000 pour la servante. Dupleix de Bacquencourt, maître des requêtes, rapporteur du procès, se rendit chez Mme Calas, et lui remit en outre une somme considérable en or. Cette dame pria le magistrat de vouloir bien lui dire à qui elle en avait l’obligation. « Je suis chargé, a-t-il répondu, madame, de vous demander comme grâce de ne point prendre la peine de vous en informer. »

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03/08/2020 | Lien permanent

il faut que vous soyez aujourd’hui à notre tête, que vous nous protégiez, et surtout que vous nous fassiez prendre un me

... Cette prière voltairienne n'est pas sans rapport avec notre actualité politique européenne qui va voir élus une foultitude d'illustres inconnus sensés nous pondre des lois et règlements pour le meilleur en évitant le pire . Le passé récent nous démontre que cet idéal est aussi solide que le beurre en broche , d'où le triomphe annoncé de l'abstention qui, elle, ferait le succès des partis extremistes dont le détestable RN *.

* RN = Route Nationale, or en l'occurence, Mme Le Pen, vous êtes et vous menez dans une impasse, un cul-de-sac .

Image associée

Le vrai logo du RN  

 

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

23è avril 1764 aux Délices

Je crois, monseigneur, que vous avez fait une véritable perte. Madame de Pompadour était sincèrement votre amie ; et, s’il m’est permis d’aller plus loin, je crois, du fond de ma retraite allobroge, que le roi éprouve une grande privation ; il était aimé pour lui-même par une âme née sincère, qui avait de la justesse dans l’esprit, et de la justice dans le cœur : cela ne se rencontre pas tous les jours. Peut-être cet événement vous rendra encore plus philosophe ; peut-être en aimerez-vous encore mieux les lettres ; ce sont là des amies qu’on ne peut perdre, et qui vous accompagnent jusqu’au tombeau. Songez que, dans le seizième siècle, ceux qui cultivaient les lettres avec plus de succès 1 étaient gens de votre étoffe : c’étaient les Médicis, les Mirandole, les cardinaux Saddolet 2, Bembo 3, Bibiena 4, de La Pole 5, et plusieurs prélats dont les noms composeraient une longue liste. Nous n’avons eu, dans ces derniers temps, que le cardinal de Polignac qui ait su mêler cette gloire aux affaires et aux plaisirs ; car les Fénelon et les Bossuet n’ont point réuni ces trois mérites.

Quoi qu’il en soit, tout ce que je prétends dire à Votre Éminence, c’est que nous n’avons aujourd’hui que vous, c’est qu’il faut que vous soyez aujourd’hui à notre tête, que vous nous protégiez, et surtout que vous nous fassiez prendre un meilleur chemin que celui dans lequel nous nous égarons tous aujourd’hui.

Je ne sais si vous avez lu quelque chose des Commentaires sur Corneille ; j’en avais déjà soumis quelques-uns à votre jugement, et vous m’aviez encouragé à dire la vérité. Je me doute bien que ceux qui ont plus de préjugés que de goût, et qui ne jugent d’un ouvrage que par le nom de l’auteur, seront un peu effarouchés des libertés que j’ai prises ; mais enfin je n’ai pu dire que ce que je pensais, et non ce que je ne pensais pas. J’ai voulu être utile, et je ne l’aurais pas été si j’avais été un commentateur à la façon des Dacier. Ce Commentaire n’a pas seulement servi au mariage de mademoiselle Corneille, mariage qui ne se serait jamais fait sans vos générosités, et sans celles des personnes qui vous ont secondé ; il fallait encore empêcher les jeunes gens de tomber dans le faux, dans l’outré, dans l’ampoulé, défauts qu’on rencontre trop souvent dans Corneille au milieu de ses sublimes beautés.

Si vous avez du loisir, je vous exhorte à lire la Vie du chancelier de L’Hospital 6; vous y trouverez des faits et des discours qui méritent, je crois, votre attention. Je voudrais que le petit livre de la Tolérance pût parvenir jusqu’à vous 7 ; il est très rare, mais on peut le trouver. Je crois d’ailleurs qu’il est bon qu’il soit rare. Il y a des vérités qui ne sont pas pour tous les hommes et pour tous les temps. Que Votre Éminence conserve ses bontés à son vieux de la montagne, qui lui est attaché avec le plus tendre et le plus profond respect. »

1 C'est-à-dire « avec le plus de succès » ; il y a là un archaïsme entrainé peut-être par le contexte à moins qu'il ne s'agisse d'une faute du secrétaire .

6 Voir sur cet ouvrage la lettre 29 mars 1764 à Lévesque de Burigny : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/04/votre-famille-est-une-famille-de-sages-6148567.html

7 Bernis déclina l'offre et refusa de recevoir le Traité sur la Tolérance .

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22/05/2019 | Lien permanent

de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.

... Si au moins c'était possible !

Mais je crois qu'il faudra plus que ça pour apaiser les fanatiques islamistes . Ils sont pauvres doublement, pécunièrement et en esprit, donc doublement faciles à duper . "S'il y a un complot, je n'ai rien à dire" dit Voltaire, et moi au contraire j'affirme que s'il y a complot, et j'en suis sûr malheureusement, il ne reste qu'à trouver à qui profite le crime pour trouver les véritables coupables de ces tueries .

Inch Allah, mais attache bien ton chameau !

inchallah 2906.JPG

 

 

 

« A M. de CIDEVILLE. 1

A Monrion, le 16 janvier [1757].

Nous vous sommes très-obligés, monsieur, de nous avoir rassurés sur l'état du roi, après nos justes alarmes. Toutes les nouvelles s'accordent à dire qu'il est très-bien, et que cette affreuse catastrophe ne peut avoir aucune suite fâcheuse. Il est fort à désirer qu'on puisse faire parler ce monstre.
C'est certainement un fou fanatique; mais, s'il a des complices, il est bien essentiel de les connaitre. Mandez-moi tout ce que vous saurez. Nous sommes fort étonnés que vous n'ayez pas encore l'édition de mon oncle et l'
Histoire générale. Il écrit positivement à M. Cramer pour qu'elle vous soit envoyée sur-le-champ. Nous sommes à Monrion depuis huit jours, et nous ne nous y portons pas trop bien l'un et l'autre. Ecrivez-nous toujours aux Délices, car peut-être y retournerons-nous bientôt.
J'espère qu'après tant d'alarmes tout sera tranquille dans Paris avant quinze jours. Si l'on avait fait des petites-maisons pour le clergé et le parlement, et qu'on eût jeté sur leurs querelles tout le ridicule qu'elles méritent, il y aurait eu moins de têtes échauffées, et par conséquent moins de fanatiques. Le public a mis trop d'importance à ces misères;
de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.
Mon oncle a fait à notre siècle plus d'honneur qu'il ne mérite, quand il a dit que la philosophie avait assez gagné en France, et que nos mœurs étaient trop douces actuellement pour craindre que les Français pussent dorénavant assassiner leur roi. Il est désespéré de s'être trompé, car il aime véritablement et la France et son roi; mais
un fou ne fait pas la nation. Le roi est aimé, et mérite de l'être, à tous égards.
Adieu, monsieur; songez quelquefois à vos amis des Délices, et soyez persuadé qu'ils ont pour vous la plus tendre et la plus inviolable amitié. Il faut, mon cher et ancien ami, que la tête ait tourné à ce huguenot de Cramer, qui m'avait tant promis de vous apporter mes guenilles.
Les étrangers me reprochent d'avoir insinué, dans plus d'un endroit, que, vous autres Français, vous êtes doux et philosophes. Ils disent qu'on assassine trop de rois en France pour des querelles de prêtres. Mais un chien enragé d'Arras, un malheureux convulsionnaire de Saint-Médard, qui croit tuer un roi de France avec un canif à tailler des plumes, un forcené idiot, un si sot monstre a-t-il quelque chose de commun avec la nation? Ce qu'il y a de déplorable, c'est que l'esprit convulsionnaire a pénétré dans l'âme de cet exécrable coquin. Les miracles de ce fou de Paris, l'imbécile Montgeron, ont commencé, et Robert-François Damiens a fini. Si Louis XIV n'avait pas donné trop de poids à un plat livre de Quesnel, et trop de confiance aux fureurs du fripon Le Tellier, son confesseur, jamais Louis XV n'eût reçu de coup de canif. Il me parait impossible qu'il y ait eu un complot: en ce cas, je suis justifié des éloges de ma nation; s'il y a un complot, je n'ai rien à dire.

Je vous embrasse tendrement, vous et le grand abbé 2. N'oubliez jamais votre vieux et très-attaché camarade V. »

1 Les quatre premiers alinéas de cette lettre sont de la main de Mme Denis; les trois derniers sont de l'écriture de Voltaire.

2 L'abbé du Resnel : Jean-François du Resnel du Bellay : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Du_Resnel...

 

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21/09/2012 | Lien permanent

Ne pourriez-vous point me dire ce que produira, dans trente ans, la révolution qui se fait dans les esprits

Note rédigée le 24 août 2011 pour parution le 15 octobre 2010 .

Bethlem-Hospital-incurables-being-inspected-1789-Wellcome-Library.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=psnnGcn2-QM&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=jda7dyBRIxg&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=5DYGuppSwAM

Sorry ! it's in english !!

 

Volti ne verra pas la révolution, mais il sentait bien que le monde changeait, par la voix et la voie de ceux qui réfléchissent, comme lui .

Un seul petit reproche à ce Voltaire que j'aime, sa sous-estimation des capacités de réfexions du peuple ; quoique, par bien des côtés, il a raison, en ce sens que le peuple est trop occupé à gagner sa vie, et  bien des individus, en sus, sont abrutis par les dogmes et férules du clergé . Le peuple ne réfléchira pas , il agira les armes à la main, "il pêtera les plombs" comme on dit de nos jours .

A l'heure où j'écris ces lignes, Khadafi a fui ; cet énergumène , comme bien d'autres dirigeants imbus de leur personne, cède devant la population qui l'exècre ; ce bouffon (NDLR : terme utilisé au sens insultant dans nos rues du XXè siècle, à rapprocher de "batard" ) , comme ses congénères, compte ses abattis . Il rejoint la cohorte de ceux qui ont vécu par la peur et l'injustice dans ce monde arabo-musulman qui se soulève , enfin !

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

15 octobre [1766]

 

Mon vrai philosophe, Jean-Jacques est un maître fou, et aussi fou que vous êtes sage . La lettre de M. Hume 1 me prouve que les Anglais ne sont point du tout hospitaliers puisqu'ils n'ont pas donné une place dans Bedlam 2 à Jean-Jacques . Ce petit bonhomme aurait été enchanté d'y être logé, pourvu qu'on eût mis son nom sur la porte et que les gazettes en eussent parlé . Au moins les folies de cette espèce ne font pas grand mal ; mais nous en avons eu à Toulouse et à Paris d'une espèce plus dangereuse 3. Les fous atrabilaires, les furieux sont plus remarqués dans notre nation que dans toute autre . Je m'imagine que mon ancien disciple 4 vous a écrit ce qu'il en pensait ; il est admirable sur ce chapitre . Je le crois enfin devenu tout à fait philosophe . Je me trompe fort, ou plus il vieillira, plus il sera humain et sage . Je voudrais savoir si vous écrivez toujours à une certaine dame qui donne des carrousels 5; elle donne quelque chose de mieux ; elle a minuté de sa main un édit sur la tolérance universelle . L’Église grecque n'était pas plus accoutumée que la latine à ce dogme divin . Si elle continue sur ce ton, elle aura plus de réputation que Pierre le Grand .

 

Ne pourriez-vous point me dire ce que produira, dans trente ans, la révolution qui se fait dans les esprits, depuis Naples jusqu'à Moscou ? Je n'entends pas les esprits de la Sorbonne ou du peuple, j'entends les honnêtes esprits .

 

Je suis trop vieux pour espérer de voir quelque chose, mais je vous recommande le siècle qui se forme .

 

Adieu ; je me console en vous écrivant, et vous me rendez heureux quand vous m'écrivez . »


1 Sans doute A Concise and Genuine Account of the Dispute between Mr Hume and M. Rousseau, traduit par Suard sous le titre de Exposé succinct de la contestation qui s'est élevée entre M. Hume et M. Rousseau , 1766 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57875157.r=Hume.langFR

Voir lettre à Damilaville du 14 juillet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/26/c-est-une-chose-abominable-que-la-mort-des-hommes-et-que-les.html

2 Premier hôpital psychiatrique européen  = « maison de fous » près de Londres .

3 Allusion aux affaires Calas, Sirven, de La Barre, d'Espinas (peut-être aussi) .

4 Frédéric II.

5 Catherine II.

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15/10/2010 | Lien permanent

on le traita de séditieux parce qu'il prononça un peu haut : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien.”

 http://www.deezer.com/listen-929901

http://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Curchod

 

Curchod necker_Suzanne.jpg

 

 

 

« A Suzanne Necker

 

26è septembre 1770

 

Je vous crois actuellement à Paris, Madame ; je me flatte que vous avez ramené M. Necker [i] en parfaite santé. Je lui présente mes très humbles obéissances aussi bien qu'à monsieur son frère [ii], et je les remercie tous deux de la petite correspondance qu'ils ont bien voulu avoir avec mon gendre le mari de Mlle Corneille.

 

J'ai actuellement chez moi M. d'Alembert [iii] dont la santé est raffermie , et dont l'esprit juste et l'imagination intarissable adoucissent tous les maux dont il m'a trouvé accablé. J'achève ma vie dans les souffrances et dans la langueur sans autre perspective que de voir mes maux augmentés si ma vie se prolonge. Le seul remède est de se soumettre à la destinée.

 

M. Thomas fait trop d'honneur à mes deux bras, ce ne sont que deux fuseaux fort secs, ils ne touchent qu'à un temps fort court, mais ils voudraient bien embrasser ce poète philosophe qui sait penser et s'exprimer. Comme dans mon triste état ma sensibilité me reste encore, j'ai été vivement touché de l'honneur qu'il a fait aux lettres par son discours académique, et de l'extrême injustice qu'on a faite à ce discours en y entendant ce qu'il n'avait pas certainement voulu dire [iv]. On l'a interprété comme les commentateurs font Homère ; ils supposent tous qu'il a pensé autre chose que ce qu'il a dit. Il y a longtemps que ces suppositions sont à la mode.

 

J'ai ouï conter qu'on avait fait le procès dans un temps de famine à un homme qui avait récité tout haut son Pater noster, on le traita de séditieux parce qu'il prononça un peu haut : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien. »

 

Vous me parlez, Madame, du Système de la nature, livre qui fait grand bruit parmi les ignorants, et qui indigne tous les gens sensés [v]. Il est un peu honteux à notre nation que tant de gens aient embrassé si vite une opinion si ridicule. Il faut être bien fou pour ne pas admettre une grande intelligence quand on en a une si petite. Mais le comble de l'impertinence est d'avoir fondé un système tout entier sur une fausse expérience faite par un jésuite irlandais qu'on a pris pour un philosophe [vi]. Depuis l'aventure de ce Malcrais de La Vigne, qui se donna pour une jolie fille faisant des vers [vii], on n'avait point vu d'arlequinade pareille. Il était réservé à notre siècle d'établir un ennuyeux système d'athéisme sur une méprise. Les Français ont eu grand tort d'abandonner les belles-lettres pour ces profondes fadaises, et on a tort de les prendre sérieusement.

 

A tout prendre, le siècle de Phèdre et du Misanthrope valait mieux.

 

Je vous renouvelle, Madame, mon respect, ma reconnaissance et mon attachement.

 

V. »

i Son époux Jacques Necker, de retour des eaux de Spa.

http://www.deezer.com/listen-2021171 : Why not ? !

ii Le professeur Louis Necker.

iii Il resta une quinzaine de jours, accompagné de Condorcet.

iv Antoine-Léonard Thomas, pronoça un discours en recevant Loménie de Brienne le 5 septembre à l'Académie française, flatteur pour Voltaire et où on avait vu une attaque contre le Réquisitoire sur lequel est intervenu l'arrêt du parlement du 18 août 1770 qui condamne à être brûlés différents livres et brochures , 1770, de Séguier, qui avait fait condamner des ouvrages du baron d'Holbach et aussi Dieu, réponse au Système de la nature de V*. Le discours de Thomas a été saisi et sera imprimé en 1802 seulement.

v A cet ouvrage, prétendu de M. Mirabaud, en réalité du baron d'Holbach, V* répondra par Dieu, réponse au Système de la nature.

vi V* écrit le 26 août 1768 que Needham « s'imagina avoir produit des anguilles avec de la farine et du jus de mouton » et « poussa même l'illusion jusqu'à croire que ces anguilles en avaient sur le champ produit d'autres. »

vii En 1735, Desforges-Maillard envoya ses vers sous le nom de Mlle Malcrais de La Vigne car on refusait de les publier dans le

 

http://www.deezer.com/listen-550368

 

Mercure ; V* le félicita de sa plaisanterie, à laquelle il s'était lui aussi laissé prendre, et Piron y prit l'idée de sa Métromanie.

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26/09/2010 | Lien permanent

plus ils travailleront, plus ils réussiront

... Et oui ! Ecoliers , étudiants et apprentis de toutes sortes, croyez-en Voltaire .

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

7è auguste 1767

Mon cher ange, je vous crois actuellement à Paris, et j'ai bien des choses à vous dire sur le tripot. En premier lieu, les exemplaires de l'édition de Lyon 1 sont encore en chemin de Lyon à Ferney et, grâce à l'interruption du commerce, ils y seront encore longtemps. Sur votre premier ordre, j'écrirai au libraire de Lyon de faire partir les exemplaires au moins à l'adresse de M. le duc de Praslin.

Secondement, il faut que vous sachiez que Lekain m'écrit que M. le duc de Duras a perdu une petite distribution des rôles que j'avais envoyée, et qu'il en faut une seconde; mais, dans cette seconde, il me semble qu'on enfle un peu la liste des pièces destinées à Mlle Durancy. On demande pour elle Alzire, Électre, Aurélie, Aménaïde, Idamé, Zulime, Obéide. Je ferai sur-le-champ ce que vous aurez ordonné. Vous savez qu'il y a des contestations entre Mlle Durancy et Mlle Dubois.

Après le tripot de la comédie, vient celui de la typographie. Il me paraît que c'était à Lavaysse à mettre un frein aux horreurs dont son beau-frère est coupable, et que s'il n'a pu en venir à bout, c'est une preuve que ce beau-frère est un monstre incorrigible. Vous ne savez pas, mon cher ange, combien le reste de l'Europe est différent de Paris, et avec quelle avidité de telles calomnies sont recherchées , elles sont répétées par mille échos. Vous pouvez, ainsi que M. le duc de Praslin, mépriser les d'Éon et les Vergy. M. le prince de Condé peut dédaigner 2 un misérable qui traite son père d'assassin mais les gens de lettres ne sont pas dans une situation à négliger de pareilles atteintes. Il est assurément bien nécessaire de réprimer cet excès, parvenu à son comble. La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.

Les jansénistes, d'un autre côté, sont devenus plus persécuteurs et plus insolents que les jésuites. On nous a défaits des renards, mais on nous laisse en proie aux loups. Ce sont des jansénistes qui ont fait ce malheureux Dictionnaire historique 3, où feu Mme de Tencin est si maltraitée.

Je reviens à la comédie. Vous allez avoir une nouvelle pièce 4, dont Lekain ne me parle pas. Je suis bien aise qu'il y ait quelques nouveautés qui fassent entièrement oublier les Illinois 5. Les nouveautés de MM. de Chabanon et de La Harpe ne seront pas de sitôt prêtes. Tant mieux; plus ils travailleront, plus ils réussiront. M. de Chabanon vous est toujours très attaché, maman 6 aussi, et moi aussi, qui vous adore. Mme d'Argental me boude, mais mettez-moi à ses pieds.

V. »

1 L'édition des Scythes, faite à Lyon par les soins de Bordes.

2 Dans sa réponse à la lettre du 20 juillet 1767 le prince de Coudé disait que l'ouvrage calomnieux dont lui parlait Voltaire ne pouvait mériter que le mépris.Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/16/cette-horreur-jointe-a-tant-d-autres-doit-certainement-etre-6433503.html

4La tragédie de Cosroès, par Pierre-François-Alexandre Le Fèvre, fut jouée le 26 auguste 1767 et a eu dix représentations pour la première série . Pierre François-Alexandre Le Fèvre, né en 1741, est mort à la Flèche le 9 mars 1813. Voir : https://books.google.fr/books?id=gT5aAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://data.bnf.fr/16501580/pierre-francois-alexandre_lefevre/

6 Mme Denis.

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15/03/2023 | Lien permanent

ce peuple, dont nous tenons les échecs, le trictrac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'u

...  Les Indiens maitrisent bien des sciences et pourtant ont toujours une vie régie par le système des castes né de leur religion, ce qui est d'une injustice crasse : https://fr.euronews.com/2016/02/23/cinq-minutes-pour-comp... 

Etat le plus peuplé du monde, avec des champions du domaine informatique et des enfants qui crèvent dans les ordures, ils sont les rois de la pollution, de l'injustice et la misère sociale .

Ce naïf Voltaire n'a malheureusement pas connu le quotidien des intouchables, les parias, pour le dénoncer .

Les intouchables en Inde : Robert Deliège - 9782849523476 - Ebook arts,  culture & société | Cultura

 

 

 

« A Peacock

A Ferney, 8 décembre 1767 1

Je ne saurais, monsieur, vous remercier en anglais, parce que ma vieillesse et mes maladies me privent absolument de la facilité d'écrire. Je dicte donc en français mes très sincères remerciements sur le livre instructif que vous avez bien voulu m'envoyer 2. Vous m'avez confirmé de vive voix une partie des choses que l'auteur dit sur l'Inde, sur ses coutumes antiques, conservées jusqu'à nos jours; sur ses livres, les plus anciens qu'il y ait dans le monde; sur les sciences, dont les brachmanes ont été les dépositaires, sur leur religion emblématique, qui semble être l'origine de toutes les autres religions. Il y a longtemps que je pensais, et que j'ai même écrit, une partie des vérités que ce savant auteur développe. Je possède une copie d'un ancien manuscrit 3 qui est un commentaire du Veidam, fait incontestablement avant l'invasion d'Alexandre. J'ai envoyé à la Bibliothèque royale de Paris l'original de la traduction faite par un brame, correspondant de notre pauvre compagnie des Indes, qui sait très bien le français.

Je n'ai point de honte, monsieur, de vous supplier de me gratifier de tout ce que vous pourrez retrouver d'instructions sur ce beau pays où les Zoroastre, les Pythagore, les Apollonius de Thyane, ont voyagé comme vous.

J'avoue que ce peuple, dont nous tenons les échecs, le trictrac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'une superstition qui effraye la nature . Mais, avec cet horrible et honteux fanatisme, il est vertueux ce qui prouve bien que les superstitions les plus insensées ne peuvent étouffer la voix de la raison, car la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes, qui ne peuvent anéantir ce que Dieu a fait.

J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec une très vive reconnaissance. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; édition de Kehl . Il n'a pas été possible d'identifier plus exactement le correspondant de V* , nommé « ci-devant fermier général du roi de Patna. » . Peut-être Thomas Peacock : https://www.wikitree.com/wiki/Peacock-4598

Voir lettre du 25 décembre 1767 à Chabanon :7109 :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

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30/06/2023 | Lien permanent

les seuls soupçons peuvent conduire aux extrémités les plus funestes

... D'où le suicide de malheureux adolescents qui prennent à coeur toute l'ordure qu'on leur jette sur les réseaux sociaux, gazettes infernales de notre temps . Le monde virtuel  est peuplé de foutus lâches ; apprenons à nos jeunes fragiles à faire clic sur Erase all, sans crainte de ne plus avoir d' "amis"[sic]  . Quant aux harceleurs.euses en chair et en os , qu'ils.elles soient dénoncé.e.s et puni.e.s sans tarder .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er avril 1768

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 26 mars . Votre sensibilité me pénètre. L'aventure de La Harpe a des suites bien désagréables . Malheur à la célébrité ! On a mis contre lui et contre moi dans la Gazette d’Utrecht un article abominable . Cela est fait par quelques-uns de ces polissons de Paris qui sont aux gages des gazetiers étrangers, et qui leur fournissent des calomnies contre les particuliers ne sachant pas un mot des affaires publiques . On dit dans cette Gazette d'Utrecht du 11 mars que La Harpe m'a volé Le Catéchumène et l'a fait imprimer . C'est là une des moindres douceurs de cet article . Je suis tous les jours en butte aux plus affreuses calomnies . Vous savez bien de qui est Le Catéchumène . C'est un ouvrage très médiocre dans lequel il y a quelques plaisanteries ; c'est une viande au gros sel . Peut-on supporter un voyageur qui est étonné de voir un temple et qui est tout surpris que ce temple ait des portes qu'on ouvre et qu'on ferme ? Cependant on ose m'attribuer cent ouvrages dans ce goût et enfin je puis en être la victime .

Le baron d'Holbach fait venir tous ces rogatons de Hollande . On ne manque pas chez lui de me les imputer et les bruits courent dans tout Paris . Vous allez quelquefois dans sa maison ; je me recommande à vous et je vous supplie de détourner les coups qu'on m'y porte .

Le correspondant qui m'a fait votre éloge, dont vous êtes si content, ne serait pas lui-même en état de me sauver si l'imposture m'attaquait avec des armes contre lesquelles il n'y a point de bouclier .

Vous me mandâtes il y a près d'un mois qu'on avait dit que chez le baron d'Holbach ma lettre à mon neveu sur La Harpe avait été lue devant vingt personnes . Il est vrai qu'on l'a dit ; mais il est vrai aussi que jamais cette lettre n'y a été lue .

Comptez que le public ne fait que mentir . Comptez encore qu'il n'y a pas un mot de vrai dans la prétendue histoire de l'honnête criminel , puisque Favre lui-même m'a écrit, m’a envoyé le procès-verbal, m'a prié d'envoyer un placet à M. le prince de Beauvau et qu'assurément je suis plus instruit que personne de cette affaire . Comptez que je sais très bien ce qui se passe . Comptez surtout qu'on est très irrité contre ces misérables brochures dont on est inondé . Le plus grand malheur qui puisse arriver à un honnête homme est d'en être soupçonné et les seuls soupçons peuvent conduire aux extrémités les plus funestes .

La Harpe m'a fait bien du mal, mais il m'en a demandé pardon . Il m'a tout avoué avec componction, il n'y a que le diable qui ne pardonne point . J'ai dû le gronder, mais je ne dois point le laisser en proie aux outrages qu'on lui fait dans les gazettes .

Adieu, mon très cher ami, la vertu et votre amitié me consolent de tout .

Je ne vois pas ce que la calomnie peut m'imputer sur Mme Denis . Je lui donne vingt mille francs de pension . Je lui en ai assuré trente-cinq mille . La petite Corneille a eu plus de quarante mille écus en mariage . Si on vend Ferney, tout le prix de la terre sera pour Mme Denis . J'ai donné à mes autres parents tout ce que j'ai pu . J'en suis fâché pour la calomnie. »

 

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27/11/2023 | Lien permanent

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