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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à

... Rêve encore le futur ex-président de la république française !

Basta !

 Rouge, je m'arrête !

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne3777.JPG

 Vert, je passe !!

 

« A M. LE COMTE DE TRESSAN 1

A Monrion, 11 janvier [1756]

Il me paraît monsieur, que Sa Majesté polonaise n'est pas le seul homme bienfaisant 2 en Lorraine, et que vous savez bien faire comme bien dire. Mon cœur est aussi pénétré de votre lettre que mon esprit a été charmé de votre Discours 3. Je prends la liberté d'écrire au roi de Pologne, comme vous me le conseillez, et je me sers de votre nom pour autoriser cette liberté. J'ai l'honneur de vous adresser la lettre,4 mon cœur l'a dictée.
Je me souviendrai toute ma vie que ce bon prince vint me consoler un quart d'heure dans ma chambre, à la Malgrange, à la mort de Mme du Châtelet 5. Ses bontés me sont toujours présentes. J'ose compter sur celles de Mme de Boufflers et de Mme de Bassompierre 6. Je me flatte que M. de Lucé 7 ne m'a pas oublié mais c'est à vous que je dois leur souvenir. Comme il faut toujours espérer, j'espère que j'aurai la force d'aller à Plombières, puisque Toul est sur la route. Vous m'avez écrit à mon château de Monrion ; c'est Ragotin qu'on appelle monseigneur; je ne suis point homme à châteaux. Voici ma position, j'avais toujours imaginé que les environs du lac de Genève étaient un lieu très- agréable pour un philosophe, et très-sain pour un malade, je tiens le lac par les deux bouts; j'ai un ermitage fort joli aux portes de Genève, un autre aux portes de Lausanne, je passe de l'un à l'autre; je vis dans la tranquillité, l'indépendance, et l'aisance, avec une nièce qui a de l'esprit et des talents, et qui a consacré sa vie aux restes de la mienne.
Je ne me flatte pas que le gouverneur de Toul 8 vienne jamais manger des truites de notre lac mais si jamais il avait cette fantaisie, nous le recevrions avec transport; nous compterions ce jour parmi les plus beaux jours de notre vie. Vous avez l'air, messieurs les lieutenants généraux, de passer le Rhin cette année plutôt que le mont Jura et j'ai peur que vous ne soyez à Hanovre quand je serai à Plombières. Devenez maréchal de France, passez du gouvernement de Toul à celui de Metz soyez aussi heureux que vous méritez de l'être faites la guerre, et écrivez-la. L'histoire que vous en ferez vaudra certainement mieux que la rapsodie de la Guerre de 1741, qu'on met impudemment sous mon nom. C'est un ramas informe et tout défiguré de mes manuscrits que j'ai laissés entre les mains de M. le comte d'Argenson.
Je vous préviens sur cela, parce que j'ambitionne votre estime.

 

J'ai autant d'envie de vous plaire, monsieur, que de vous voir, de vous faire ma cour, de vous dire combien vos bontés me pénètrent. Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à mon âge et à mon goût pour la retraite. Je sens que, si je pouvais les quitter, ce serait pour vous, après toutes les offres que vous me faites avec tant de bienveillance. Je crois avoir renoncé aux rois, mais non pas à un homme comme vous.
Permettez-moi de présenter mes respects à Mme la comtesse de Tressan, et recevez les tendres et respectueux remerciements du Suisse Voltaire.
Je m'intéresse à Panpan 9 comme malade et comme ami. »

 

1 Tressan était lieutenant général depuis mai 1748. Quelques années après, il avait été appelé à la cour de Lunéville pour y remplir les fonctions de grand- maréchal. Ce fut lui qui engagea principalement Stanislas à fonder l'Académie des sciences et belles-lettres de Nancy, en décembre 1750.

2 Ce titre avait été donné à Stanislas, en décembre 1751, dans la première séance publique de l'Académie de Nancy, par Thibault, l'un de ses membres titulaires.

3 Discours lors de l'inauguration de la Place Stanislas à Nancy le 26 novembre 1755 ; voir lettre du 18 décembre 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/26/v...

4 Cette lettre est perdue. La réponse de Stanislas est sans doute la lettre du 27 avril 1756 : page 341  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f345.image.r...

5 C'est le 10 septembre 1749 que mourut la marquise du Châtelet .

6 Sœur de la marquise de Boufflers.

7 Envoyé extraordinaire du roi Louis XV près Stanislas.

8 Depuis 1750, Tressan était gouverneur du Toulois et de la Lorraine française. Quelques années auparavant, il avait épousé une Écossaise nommée Reuxel , voir : dans le Dictionnaire de la noblesse. (ci..)

9 Surnom de François-Antoine Devaux, qui fût lecteur pour le roi Stanislas . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/01/v...

 Si vous avez bien regardé la photo prise au château de Voltaire, vous voyez que la nature met un feu rouge côté S(arkozy) et vert côté h(ollande) ; c'est prémonitoire, non ?

Je souligne

hs Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne3777.JPG

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06/05/2012 | Lien permanent

je sais qu'il a pris pour ses ministres des philosophes, à un seul près qui a le malheur d'être dévot

 Je ne sais si le remaniement ministérie annoncé (changement d'herbage rejouit les veaux !) correspondra à ce diagnostic voltairien . Je crains plutôt qu'il ne soit constitué que de dévots, dévots au Dieu-président bien entendu .

 http://www.deezer.com/listen-3036017

Ce lien est juste là pour "Devot", ne cherchez pas plus loin , je ne comprends pas assez l'allemand pour être au clair sur le texte, mais un peu de hard rock de temps en temps, ça décolle la pulpe .

Et puis pour une lettre à un teuton, c'est raccord ...

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse


 

[Vers le 10 août 1775]


 

Lekain dans vos jours de repos

Vous donne une volupté pure [i]

On le prendrait pour un héros,

Vous les aimez, même en peinture.

C'est ainsi qu'Achille enchanta

Les beaux jours de votre jeune âge.

Marc-Aurèle enfin l'emporta.

Chacun se plait dans son image.


 

Le plus beau des spectacles, Sire, est de voir un grand homme, entouré de sa famille [ii], quitter un moment tous les embarras du trône pour entendre des vers, et en faire le moment d'après de meilleurs que les nôtres. C'est ce qui arrive souvent et ce qui n'arrive point à Versailles . Il me paraît que vous jugez très bien l'Allemagne, et cette foule de mots qui entrent dans une phrase, et cette multitude de syllabes qui entrent dans un mot, et ce goût qui n'est pas plus formé que la langue. Les Allemands sont à l'aurore ; ils seraient en plein jour si vous aviez daigné faire des vers tudesques.


 

C'est une chose assez singulière que Lekain et Mlle Clairon [iii] soient tous deux à la fois auprès de la maison de Brandebourg. Mais tandis que le talent de réciter du français vient obtenir votre indulgence à Sans-Souci, Gluck vient nous enseigner la musique à Paris . Nos Orphées viennent d'Allemagne si vos Roscius vous viennent de France . Mais la philosophie d'où vient-elle ? De Potsdam, Sire, où vous l'avez logée et d'où vous l'avez envoyée dans la plus grande partie de l'Europe.


 

 Je ne sais pas encore si notre roi marchera sur vos traces, mais je sais qu'il a pris pour ses ministres des philosophes, à un seul près qui a le malheur d'être dévot.[iv]


 

 Nous perdons le goût, mais nous acquérons la pensée. Il y a surtout un monsieur Turgot qui serait digne de parler avec Votre Majesté . Les prêtres sont au désespoir. Voilà le commencement d'une grande révolution. Cependant on n'ose pas encore se déclarer ouvertement, on mine en secret le vieux palais de l'imposture fondé depuis 1775 années. Si on l'avait assiégé dans les formes, on aurait cassé hardiment l'infâme arrêt qui ordonna l'assassinat du chevalier de La Barre et de Morival. On en rougit, on en est indigné, mais on s'en tient là, on n'a pas eu le courage de condamner ces exécrables juges à la peine du talion. On s'est contenté d'offrir une grâce dont nous n'avons point voulu. Il n'y a que vous de vraiment grand. Je remercie Votre Majesté avec des larmes d'attendrissement et de joie.[v] J'ai demandé à Votre Majesté ses derniers ordres ; et je les attends pour renvoyer à ses pieds ce Morival dont j'espère qu'elle sera très contente.[vi]


 

Daignez conserver vos bontés pour ce vieillard qui ne se porte pas si bien que Lekain le dit. »[vii]

 

 

i Lekain a quitté Paris le 13 mai et va jouer « les rôles d'Oedipe, de Mahomet et d'Orosmane. » écrit Frédéric le 24 juillet, qui ajoute : « L'année passée, j'ai entendu Aufresne ; peut-être lui faudrait-il un peu du feu que l'autre a de trop … cependant je n'ai pu retenir mes larmes ni dans Œdipe, ni dans Zaïre. »

ii Le 24 juillet, Frédéric : « Il y a eu beaucoup de spectateurs à ces représentations : ma sœur Amélie, la princesse Ferdinand, la landgrave de Hesse, et la princesse de Wurtemberg, votre voisine, qui est venue ici de Montbéliard pour entendre Lekain. »


 

iii Qui est alors la maitresse d'Auguste-Christian-Frédéric, margrave d'Anspach, puis de Bayreuth ; cf. lettre du 22 septembre 1773 à Frédéric où V* la dit « la philosophe de monsieur le Margrave »


 

iv Le « dévot » : Louis-Nicolas-Victor de Félix, comte de Muy.


 

v Morival d'Etallonde bénéficiera des bontés de V* et de Frédéric cf. lettres du 7 et 29 juillet à d'Alembert, et celle du 7 juillet à Frédéric.

vi V*, le 29 juillet « suppliait (Sa) Majesté de daigner lui mander » s'il devait « renvoyer Morival à Vesel ou l'adresser à Potsdam ».


 

vii Frédéric, le 24 juillet : « j'ai été bien aise d'apprendre de (Lekain) que vous vous promeniez dans votre jardin, que votre santé est assez bonne, et que vous avez plus de gaieté encore dans votre conversation que dans vos ouvrages ... »

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C'est un bon alibi qu'une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! Peut-il faire à la fois cinq actes, et cela,

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http://www.deezer.com/listen-7020231 : mi sono innamorato di te , Volti qui utilisait l'italien dans ses lettres enflammées pour Marie-Louise allait bien au-delà de cette simple et naïve expression d'amour ... Il était encore loin de l'appeler "Maman Denis" !!

 

A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

20 novembre 1766

 

Divins anges, vous vous y attendiez bien, voici des corrections que je vous supplie de faire porter sur le manuscrit i.

 

Maman Denis, et un des acteurs de notre petit théâtre de Ferney, fou du tripot, et difficile ii, disent qu'il n'y a plus rien à faire, que tout dépendra du jeu des comédiens, qu'ils doivent jouer Les Scythes comme ils ont joué Le Philosophe sans le savoir iii, et que Les Scythes doivent faire le plus grand effet, si les acteurs ne jouent ni froidement ni à contresens.

 

Maman Denis et mon vieux comédien de Ferney assurent qu'il n'y a pas un seul rôle dans la pièce qui ne puisse faire valoir son homme. Le contraste qui anime la pièce d'un bout à l'autre doit servir la déclamation, et prête beaucoup au jeu muet, aux attitudes théâtrales, à toutes les expressions d'un tableau vivant. Voyez, mes anges, ce que vous en pensez . C'est vous qui êtes les juges souverains.

 

Je tiens qu'il faut donner cette pièce sur le champ, et en voici la raison. Il n'y a point d'ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu'on ne m'impute. Les livres de cette espèce pleuvent de tous côtés. Je serai infailliblement la victime de la calomnie si je ne prouve l'alibi. C'est un bon alibi qu'une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! Peut-il faire à la fois cinq actes, et cela, et cela encore ? » Les honnêtes gens alors crient à l'imposture.

 

Je vous supplie, ô anges bienfaiteurs, de montrer la lettre ci-jointe à M. le duc de Praslin ou lui en dire la substance. Il sera très utile qu'il ordonne à un de ses secrétaires ou premiers commis d'encourager fortement M. du Clairon à découvrir quel est le polisson qui a envoyé de Paris aux empoisonneurs de Hollande son venin contre toute la cour, contre les ministres, et contre le roi même, et qui fait passer sa drogue sous mon nom iv.

 

Comme j'en étais là, je reçois votre lettre du 13. Je pense absolument comme M. le duc de Praslin , qu'il ne faut pas imprimer les lettres de Jean-Jacques tirées du dépôt v, avec l'authenticité d'une permission du ministère. Mais il faudra bien les imprimer et rectifier les dates, si Jean-Jacques ose nier son écriture, ce qu'il fera sans doute en se prévalant de la méprise sur ces dates, on peut avoir eu ces lettre originales des héritiers de M. du Theil vi . Elles ne sont point censées devoir être dans le dépôt des Affaires étrangères, parce qu'elles ne regardent point les affaires d'État, et que ce n'est qu'une discussion entre un maître et un valet menacé de coups de bâton.

 

La lettre sous mon nom au docteur Pansophe est probablement de l'abbé Coyer vi. Si je l'avais écrite, je serais bien loin de la désavouer, elle est digne des Provinciales.

 

Mais prenez garde que je mentirais si ayant eu le bonheur d'écrire cette lettre charmante à Jean-Jacques je disais à M. Hume que je n'ai pas écrit à Jean-Jacques depuis 7 ans.

 

Cela est très vrai. Je ne mens point, ma lettre à M. Hume ne contient que des faits incontestables, et des faits qu'il m'était important d'éclaircir. Ce malheureux m'avait calomnié, et il a fallu me justifier vii.

 

Voici la destination que je fais selon vos ordres des rôles de l'académie royale du Théâtre-Français.

 

Ô anges, je n'ai jamais tant été au bout de vos ailes.

 

V.

 

N.B.- Il y a pourtant dans la Lettre au docteur Pansophe, des longueurs et des répétitions, elle est certainement de l'abbé Coyer.

 

N.B.- Voulez-vous mettre mon gros neveu l'abbé Mignot du secret ? »

 

abbé mignot neveu volt portrait.jpg

 

iIl a envoyé le manuscrit des Scythes la veille.

http://www.voltaire-integral.com/Html/06/04SCYTHE.htm

 

ii V* y jouait le rôle de Sozame, vieillard exilé dans les montagnes.

 

iv Ce sont les Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse,recueil de lettres « altérées » et accompagnées de « notes encore plus outrageantes » ; cf. lettre aux d'Argental du 6 octobre ; la lettre jointe était destinée à du Clairon.

http://books.google.fr/books?id=ZDEVAAAAQAAJ&printsec...

 

 

v Lettres adressées par Rousseau à du Theil quand il était à Venise en 1744 auprès de Montaigu ; cf. lettre du 7 novembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/07/a...

Elles furent publiées dans les Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume en novembre 1766.

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/04_Notes_Hume.html

http://www.editions-coda.fr/pid87-EXPOSE-SUCCINT-DE-LA-CO...

 

 

vi On l'attribue actuellement à V* qui demandera par ailleurs à Bordes de s'en reconnaitre l'auteur ; cf. lettre du 15 décembre.

 

vii Cf. lettre du 28 octobre à Damilaville.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/27/j...

 

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20/11/2010 | Lien permanent

J’ai cru d’ailleurs m’apercevoir que les remords et la religion faisaient toujours un très-grand effet sur le public

... Oui hier, oui encore aujourd'hui . Pour "spectateurs", personnellement, je traduis par "gogos" . Les religions sont de grandes mises en scène , avec des producteurs qui rêvent de coucher avec les jeunes premières (vierges, bien entendu ! ) et mater les mâles crédules .

Et pourtant ... il est si simple d'être libre quand il nous reste pour deux sous de jugeotte ...

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« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

4 janvier [1762]

Enfin donc, ma chère nièce, je reçois une lettre de vous ; mais je vois que vous n’êtes pas dévote, et je tremble pour votre salut. J’avais cru qu’une religieuse, un confesseur, un pénitent, une tourière, pourraient toucher des âmes timorées. Les mystères sacrés sont en grande partie l’origine de notre sainte religion : les âmes dévotes se prêtent volontiers à ces beaux usages. Il n’y a ni religieuse, ni femme, ni fille à marier, qui ne se plaise à voir un amant se purifier pour être plus digne de sa maîtresse.

Vous me dites que la confession et la communion ne sont pas suivies ici d’événements terribles ; mais n’est-ce rien qu’une fille qui se brûle, et qu’un amant qui se poignarde 1 ?  

Où avez-vous pêché que Cassandre est un coupable, entraîné au crime par les motifs les plus bas ? 1° Il n’a point cru empoisonner Alexandre ; 2° on n’a jamais appelé la plus grande ambition un motif bas ; 3° il n’a pas même cette ambition ; il n’a donné autrefois à Statira un coup d’épée qu’en défendant son père ; 4° il n’a de violents remords que parce qu’il aime la fille de Statira éperdument, et il se regarde comme plus criminel qu’il ne l’est en effet : c’est l’excès de son amour qui grossit le crime à ses yeux.

Pourquoi ne voulez-vous pas que Statira expire de douleur ? Lusignan ne meurt que de vieillesse : c’était cela qui pouvait être tourné en ridicule par les méchantes gens. Corneille fait bien mourir la maîtresse de Suréna sur le théâtre :  

Non, je ne pleure point, madame, mais je meurs.2  

Vous êtes tout étonnée que, dans l’église, deux princes respectent leur curé : mais les mystères sacrés ne pouvaient être souillés, et c’est une chose assez connue.  

Au reste, nous ne comptons point jouer sitôt Cassandre . M. d’Argental n’en a qu’une copie très informe. Si vous aviez lu la véritable, vous auriez vu que Statira, par exemple, ne meurt pas subitement. Ces vers vous auraient peut-être désarmée :  

Cassandre à cette reine est fatal en tout temps.

Elle tourne sur lui ses regards expirants ;

Et croyant voir encore un ennemi funeste

Qui venait de sa vie arracher ce qui reste,

Faible, et ne pouvant plus soutenir sa terreur,

Dans les bras de sa fille expire avec horreur ;

Soit que de tant de maux la pénible carrière

Précipitât l’instant de son heure dernière,

Ou soit que, des poisons empruntant le secours,

Elle-même ait tranché la trame de ses jours 3.  

Si vous aviez vu, encore une fois, mon manuscrit, vous auriez vu tout le contraire de ce que vous me reprochez. J’ai cru d’ailleurs m’apercevoir que les remords et la religion faisaient toujours un très-grand effet sur le public ; j’ai cru que la singularité du spectacle produirait encore quelque sensation. Je me suis pressé d’envoyer à M. et à madame d’Argental la première esquisse. Je n’ai pas imaginé assurément qu’une pièce faite en six jours n’exigeât pas un très long temps pour la corriger. J’y ai travaillé depuis avec beaucoup de soin ; elle a fait pleurer et frémir tous ceux à qui je l’ai lue, et il s’en faut bien encore que je sois content. 

Vous voyez, par tout ce long détail, que je fais cas de votre estime, et que vos critiques font autant d’impression sur moi que les louanges de votre sœur. Elle est aussi enthousiasmée de Cassandre que vous en êtes mécontente 4; mais c’est qu’elle a vu une autre pièce que vous, et qu’une différence de soixante à quatre-vingts vers, répandus à propos, change prodigieusement l’espèce.  

Je ne sais ce qu’est devenu un gros paquet d’amusements de campagne que j’avais envoyé à Hornoy, et que j’avais adressé à un intendant des postes. Il y avait un petit livre relié, avec une lettre pour vous, et quelques manuscrits : tout cela était très indifférent ; mais apparemment le livre relié fit retenir le paquet. J’ai appris depuis qu’il ne fallait envoyer par la poste aucun livre relié : on apprend toujours quelque chose en ce monde.  

Vous ne m’avez pas dit un mot de l’alliance avec l’Espagne. Je vois que vous et moi nous sommes Napolitains, Siciliens, Catalans ; mais je ne vois pas que l’on donne encore sur les oreilles aux Anglais, et c’est là le grand point.

Revenons au tripot. Vous allez donc bientôt voir Zulime (3)5 ! Je vous avoue que je fais plus de cas d’une scène de Cassandre que de tout Zulime. Elle peut réussir, parce qu’on y parle continuellement d’une chose qui plaît assez généralement ; mais il n’y a ni invention, ni caractères, ni situations extraordinaires : on y aime à la rage . Clairon joue, et puis c’est tout.

Bonsoir, ma chère nièce ; je vous regrette, vous aime, et vous aimerai tant que je vivrai.

On dit que nous aurons Florian au printemps : il verra mon église et mon théâtre. Je voudrais vous voir à la messe et à la comédie. »

1 Voir Olympie .

2 Suréna, V, 5 ; Corneille .

3 Olympie, V, 1, mais tout ce passage fut réécrit .

4 Mme Denis avait l'intention de jouer le rôle principal d'Olympie ; elle avait donc écrit le 2 janvier 1762 à Ami Camp en vue de faire faire à Lyon l'habit de prêtresse « résolue de [se] coiffer et de [s'] habiller exactement comme Mlle Clairon dans Iphigénie [de La Touche] » Elle souhaitait les conseils de Mlle Destouches qui avait habillé les prêtresses des chœurs « lorsque Mlle Clairon joua Iphigénie à Lyon » . elle précisait : « Mlle Corneille m'embarrasse . Je veux la mettre un peu mieux que les autres prêtresses, et pas si bien que moi, car elle n'a que trois vers à dire . » Mme Denis joua en définitive le rôle de Statira, mère de l'héroïne .

5 On l'avait reprise le 29 décembre 1761 .

 

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04/01/2017 | Lien permanent

La vérité est si belle, et les hommes d’État s’occupent si profondément de ces connaissances utiles, qu’il n’en faut épa

... Ami Voltaire, ton humour et ton esprit sont inégalables, et s'adaptent si exactement à notre monde politique que l'on peut à juste titre douter qu'il y ait eu un quelconque progrès dans la manière de gagner des suffrages, et se parer du titre de dirigeant avec les avantages inégalables qui y sont liés .

Hommes/femmes politicien(ne)s , candidats à la présidentielle, vous ne nous épargnez guère en nous imposant votre prose, votre langue de bois, vos états d'âme, et vos voeux plus proches de lettres au père Noël que ceux d'adultes conscients des problèmes des citoyens qui n'en peuvent plus de payer vos gaffes .

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Oui, mais quand ? Langues de bois à la dérive ...

 

 

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

Au château de Ferney par Genève

25è septembre 1761 1

Monsieur, j’ai reçu, par M. de Soltikof, les manuscrits que Votre Excellence a bien voulu m’envoyer ; et les sieurs Cramer, libraires de Genève, qui vont imprimer les Œuvres et les Commentaires de Pierre Corneille, ont reçu la souscription dont Sa Majesté Impériale daigne honorer cette entreprise 2. Ainsi chacun a reçu ce qui est à son usage : moi, des instructions, et les libraires des secours.

Je vous remercie, monsieur, des uns et des autres, et je reconnais votre cœur bienfaisant et votre esprit éclairé dans ces deux genres de bienfaits.

J’ai déjà eu l’honneur de vous écrire par la voie de Strasbourg, et j’adresse cette lettre par M. de Soltikoff, qui ne manquera pas de vous la faire rendre. Ce sera, monsieur, une chose éternellement honorable pour la mémoire de Pierre Corneille et pour son héritière, que votre auguste impératrice ait protégé cette édition autant que le roi de France. Cette magnificence, égale des deux côtés, sera une raison de plus pour nous faire tous compatriotes. Pour moi, je me crois de votre pays, depuis que Votre Excellence veut bien entretenir avec moi un commerce de lettres. Vous savez que je me partage entre les deux Pierre qui ont tous deux le nom de Grand ; et si je donne à présent la préférence au Cid et à Cinna, je reviendrai bientôt à celui qui fonda les beaux-arts dans votre patrie. J’avoue que les vers de Corneille sont un peu plus sonores que la prose de votre Allemand 3, dont vous voulez bien me faire part ; peut-être même est-il plus doux de relire le rôle de Cornélie que d’examiner avec votre profond savant si Jean Gutmanschts 4 était médecin ou apothicaire, si son confrère Van-gad 5 était effectivement Hollandais, comme ce mot van le fait présumer, ou s’il était né près de la Hollande. Je m’en rapporte à l’érudition du critique, et je le supplierai en temps et lieu de vouloir bien éclaircir à fond si c’était un crapaud 6 ou un écrevisse 7 qu’on trouva suspendu au plafond de la chambre de ce médecin, quand les Strelits l’assassinèrent.

Je ne doute pas que l’auteur de ces remarques intéressantes, et qui sont absolument nécessaires pour l’Histoire de Pierre-le-Grand, ne soit lui-même un historien très agréable, car voilà précisément les détails dans lesquels entrait Quinte-Curce quand il écrivait l’Histoire d’Alexandre. Je soupçonne ce savant Allemand d’avoir été élevé par le chapelain Nordberg 8, qui a écrit l’Histoire de Charles XII, dans le goût de Tacite, et qui apprend à la dernière postérité qu’il y avait des bancs couverts de drap bleu au couronnement de Charles XII. La vérité est si belle, et les hommes d’État s’occupent si profondément de ces connaissances utiles, qu’il n’en faut épargner aucune au lecteur. A parler sérieusement, monsieur, j’attends de vous de véritables mémoires sur lesquels je puisse travailler. Je ne me consolerai point de n’avoir pas fait le voyage de Pétersbourg il y a quelques années. J’aurais plus appris de vous, dans quelques heures de conversation, que tous les compilateurs ne m’en apprendront jamais. Je prévois que je ne laisserai pas d’être un peu embarrassé. Les rédacteurs des mémoires qu’on m’a envoyés se contredisent plus d’une fois, et il est aussi difficile de les concilier que d’accorder des théologiens. Je ne sais si vous pensez comme moi ; mais je m’imagine que le mieux sera d’éviter, autant qu’il sera possible, la discussion ennuyeuse de toutes les petites circonstances qui entrent dans les grands événements, surtout quand ces circonstances ne sont pas essentielles. Il me paraît que les Romains ne se sont pas souciés de faire aux Scaliger et aux Saumaise le plaisir de leur dire combien de centurions furent blessés aux batailles de Pharsale et de Philippe. 

Notre boussole sur cette mer que vous me faites courir est, si je ne me trompe, la gloire de Pierre-le-Grand. Nous lui dressons une statue ; mais cette statue ferait-elle un bel effet si elle portait dans une main une dissertation sur les annales de Novogorod, et dans l’autre un commentaire sur les habitants de Crasnoyark. Il en est de l’histoire comme des affaires, il faut sacrifier le petit au grand. J’attends tout, monsieur, de vos lumières et de votre bonté . Vous m’avez engagé dans une grande passion et vous ne vous en tiendrez pas à m’inspirer des désirs.

Songez combien je suis fâché de ne pouvoir vous faire ma cour, et que je ne puis être consolé que par vos ordres.

J'ai l'honneur d'être avec les plus respectueux et les plus tendres sentiments

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Pardonnez à un vieillard languissant et malade s'il n'a pas l'honneur de vous écrire de sa main. »

1 A la suite de la copie Beaumarchais, la fin à partir de J'ai l'honneur … manque dans toutes les éditions .

2 Le 31 juillet 1761, Schouvalov écrivait : « Je vous prie monsieur de souscrire pour deux cents exemplaires [de l'édition de Corneille] , dont la moitié pour la bibliothèque de sa Majesté Impériale et l'autre sera distribuée par votre serviteur à vos admirateurs ; j’enverrai par la poste prochaine une adresse à M. Solticof pour toucher huit cents ducats qui en font la somme, aux ordres que vous lui donnerez . »

4 Le personnage n'est pas identifié ; est-ce un nom forgé par V* .

6 Ce « crapaud » fait penser , au moins fugitivement, au crapaud qui avale Polichinelle dans le Pot Pourri, chapitre VII : https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri#VII

7 Sic ; le genre des mots commençant par une voyelle et finissant par e est très hésitant à l'époque classique (énigme, équivoque, intervalle ).

8 Sur le « chapelain Nordberg » à qui V* ne pardonne pas d'avoir signalé certaines de ses erreurs, voir : Joran A. Nordberg , Konung Carl den XIItes historia, 1740, traduite Histoire de Charles XII, roi de Suède, 1742-1748 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%B6ran_Nordberg

 

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09/09/2016 | Lien permanent

Quand il s'agit d'argent tout le monde est de la même religion

... https://www.youtube.com/watch?v=_sR7taa33-M

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

A Ferney 26 décembre [1760]

Ma belle philosophe, je ne sais ce qui est arrivé, mais il faut que M. Bouret fasse une bibliothèque de csars . Il a retenu tous ceux que je lui avais adressés . Il y a beaucoup de mystères où je ne comprends rien . Celui-là est du nombre . Ne regrettez plus Genève, elle n'est plus digne de vous . Les mécréants se déclarent contre les spectacles 1. Ils trouvent bon qu'on s'enivre, qu'on se tue, qu'un de leurs bourgeois, frère du ministre Vernes, cocu de la façon d'un professeur Neckre 2, tire un coup de pistolet au galant professeur,3 etc.,etc.,etc., mais ils croient offenser Dieu s'ils souffrent que les bourgeois jouent Polyeucte et Athalie . On est prêt à s'égorger à Neuchâtel pour savoir si Dieu rôtit les damnés pendant l'éternité ou pendant quelques années .

Ma belle philosophe croyez qu'il y a encore des peuples plus sots que nous . Quoi on a pris sérieusement L'Ami des hommes ! Quelle pitié ! Il y eut un prêtre nommé Brown 4 qui prouva il y a trois ans aux Anglais ses chers compatriotes, qu'ils n'avaient ni argent ni marine, ni armée, ni vertu, ni courage . Ses concitoyens lui ont répondu en soudoyant le roi de Prusse, en prenant le Canada, en nous battant dans les quatre parties du monde . Français répondez à ce pauvre ami des hommes !

Je suis fâché que le cher Fréron soit encagé . Il n'y aura plus moyen de de se moquer de lui, mais il nous reste Pompignan pour nos menus plaisirs 5.

Ma chère philosophe savez-vous que je ramène mes voisins les jésuites à leur vœu de pauvreté, que je les mets dans la voie du salut en les dépouillant d'un domaine assez considérable qu'ils avaient usurpé sur six frères, gentilshommes du pays, tous au service du roi ? Ils avaient obtenu la permission du roi d'acheter à vil prix l’héritage de ces six frères , héritage engagé, héritage dans lequel ils croyaient que ces gentilshommes ne pouvaient rentrer, parce que, disent-ils ( dans un de leurs mémoires que j'ai entre les mains ) ces officiers sont trop pauvres pour être en état de rembourser la somme pour laquelle le bien de leurs ancêtres est engagé .

Les six frères sont venus me voir ; il y en a un qui a douze ans et qui sert le roi depuis trois . Cela touche une âme sensible , je leur ai prêté sur le champ sans intérêt tout ce que j'avais ; et j'ai suspendu les travaux à Ferney . Ils vont rentrer dans leur bien . Figurez-vous que les frères jésuites pour faire leur manœuvre s’étaient liés avec un conseiller d’État de Genève qui leur avait servi de prête-nom . Quand il s'agit d'argent tout le monde est de la même religion . Enfin j’aurai le plaisir de triompher d'Ignace et de Calvin . Les jésuites sont forcés de se soumettre, il ne s'agit plus que de quelques florins pour le Genevois, cela va faire un beau bruit dans quelques mois . Vous sentez bien que frère Croust dira à madame la dauphine que je suis athée . Mais par le grand Dieu que j'adore, je les attraperai bien , eux et l'abbé Guyon, et Me Abraham Chaumeix, et le Journal chrétien et l'abbé Brizet 6 etc., etc. Non seulement je mène la petite-fille du grand Corneille à la messe mais j'écris une lettre à un ami du feu pape 7 dans laquelle je prouve (aussi plaisamment que je peux ) que je suis meilleur chrétien que tous ces fiacres-là 8, que j’aime Dieu, mon roi, et le pape, que j'ai toujours cru à la transsubstantiation, qu'il faut d’ailleurs payer les impôts ou n’être pas citoyen etc. Ma chère philosophe communiquez cela au prophète . Voilà comment il faut répondre . Ah ah vous êtes chrétiens, à ce que vous dites, et moi je prouve que je le suis .

Il est vrai qu'on imprime une Pucelle en vingt chants mais que m'importe ? Est-ce moi qui ai fait La Pucelle ? C'est un ouvrage de société fait il y a trente ans . Si j'y travaillai, ce ne fut qu'aux endroits honnêtes et pudiques ( ce que j'affirme devant Dieu ) . Ah ah maître Omer, je ne vous crains pas .

Ma belle philosophe, j'embrasse vos amis, et votre fils . »

1 Voir lettre du même jour à de Rebecque : ...

2 Neckre en surcharge sur Verne écrit d'abord .

3 Voir lettre du 30 octobre 1760 à d'Alembert : ….

4 John Brown , dans un ouvrage An Estimate of the manners and principles of the times, 1757 ; le livre qui avait eu un vif succès fut traduit par Charles Chais sous le titre Les Mœurs anglaises, 1758 .

5 Réminiscence de Gresset, Le Méchant, II, 1 .

6 Ou Grizel ou Brizel ; voir la Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé Grizel .

7 Voir lettre du 23 décembre 1760 à Albergati Capacelli :....

8 Pour cochers de fiacres ; le mot est employé dans ce sens par Marivaux dans La Vie de Marianne, II.

 

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27/12/2015 | Lien permanent

Aidé de ces matériaux, j'en ai supprimé tout ce qui pouvait être défavorable , et j'en ai tiré ce qui pouvait relever la

... Affirme un statisticien -avec la dernière courbe du chômage sous le coude-, à notre président tenté par un nouveau septennat . Aux dernières nouvelles, ledit président n'en a pas eu pour autant le sourire, serait-il enfin réaliste ? Jusqu'où peut-on triturer les chiffres ?

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Mèèèèhèèhèèh ! Cause toujours, tu m'intéresses !

 

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève 24 mai [1761]1

Monsieur, j'ai reçu par Mme le comtesse de Bentinck, digne d'être connue de vous et d'être votre amie, la lettre dont vous m’avez honoré en date du 11-12 avril 2. Je savais déjà monsieur que vous aviez reçu sept lettres à la fois de M. de Soltikoff écrites en divers temps . Je vous en ai écrit plus de douze 3 depuis le commencement de l'année ; j'ai fait partir 50 exemplaires reliés en maroquin rouge il y a très longtemps, les uns adressés à M. le duc de Choiseul, les autres à M. le comte de Keiserling, quelques-uns à M. le comte de Choiseul, ambassadeur à Vienne . Un gros paquet fut envoyé par la messagerie de Genève à M. le comte de Golofskin, votre ambassadeur à La Haye, avec une caisse d'eau des Barbades et une lettre d'avis au secrétaire d'ambassade qui devait se charger de vous faire passer le tout, M. le comte de Golofskin étant mort ; il y a longtemps que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire que les infidélités dans les postes et dans les voitures publiques sont une suite des fléaux de la guerre , je m'en suis aperçu plus d'une fois avec douleur . La triste aventure de M. Puskin a été encore un nouvel obstacle à notre correspondance et à la continuation des travaux auxquels je me suis voué avec tant de zèle .

J'ai tout abandonné pour m'occuper uniquement du second tome de la vie de Pierre le Grand . J'ai été assez heureux pour trouver à acheter les manuscrits d'un homme qui avait demeuré longtemps en Russie . Je me suis procuré encore la plupart des négociations du comte Bassevitz .

Aidé de ces matériaux, j'en ai supprimé tout ce qui pouvait être défavorable 4, et j'en ai tiré ce qui pouvait relever la gloire de votre patrie ; je vais porter quelques nouveaux cahiers à M. de Soltikoff, avec le duplicata de la lettre 5 que j’ai l'honneur d'écrire à Votre Excellence . Je vous jure que si j'avais eu de la santé je vous aurais épargné et à moi-même tant de peines et tant d'inquiétudes, j'aurais fait le voyage de Pétersbourg soit avec M. le marquis de L'Hospital 6 soit avec M. le baron de Breteuil 7; mais puisque la consolation de vous faire ma cour, de recevoir vos ordres de bouche, et de travailler sous vos yeux , m'est refusée, je tâcherai d'y suppléer de loin, en vous servant autant que je pourrai . M. de Soltikoff me tient quelquefois lieu de vous monsieur ; il me semble que j'ai l'honneur de vous voir et de vous entendre quand il me parle de vous, quand il me fait le portrait de votre belle âme, de votre caractère généreux et bienfaisant, de votre amour pour les arts, et de la protection que vous donnez au mérite en tout genre . Soyez bien sûr de tous ces mérites que vous encouragez, celui de M. de Soltikoff répond le mieux à vos intentions . Il passe des journées entières à s'instruire et les moments qu'il veut bien me donner sont employés à me parler de vous avec la plus tendre reconnaissance . Son cœur est digne de son esprit, il échaufferait mon zèle, si ce zèle pouvait avoir besoin d'être excité .

Je crois pouvoir ajouter à cette lettre que depuis les reproches cruels que m'a faits un certain homme 8, d'écrire l'histoire des Ours et des Loups, je n'ai plus aucun commerce avec lui . Je sais très bien qui sont les loups et si je pouvais me flatter que la plus auguste des bergères qui conduit avec douceur de beaux troupeaux daignait être contente de ce que je fais pour son père, je serais bien dédommagé de la perte que je fais de la protection d'un des gros loups de ce monde .

J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus inviolable et le plus tendre respect

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Le vieux mouton broutant au pied des Alpes  »

 

1 Les éditions omettent les passages j'ai fait partir ...Golofskin étant mort , et avec le duplicata … à Votre Excellence .

2 Elle disait notamment : « L'appréhension où je suis depuis assez longtemps que les paquets que je vous adresse ne vous parviennent pas fidèlement commence à se changer en certitude […] je dois supposer que les lettres dont vous m'honorez subissent le même sort […] je viens de recevoir sept lettres à la fois de M. Solticoff […] Je vous ai envoyé il y a trois mois les duplicatas des pièces dont j'avais chargé M. Pouchkin sur lequel […] il ne faut plus compter . J'amasse encore des matériaux , et je compte de vous les expédier au premier jour . »

3 Deux seulement nous sont parvenues, mais le chiffre donné par V* n'est pas forcément exact .

4 V* est sans détour et dévoile sa partialité en faveur de la politique russe .

5 Copie signée, date autographe envoyée à Saltnikov et par lui à Schouvalov .

7 Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier de Breteuil, baron de Preuilly, neveu d’Émilie du Châtelet, ministre plénipotentiaire depuis le 30 juin 1760 jusqu'au 19 mai 1763 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Auguste_Le_Tonnelier_de_Breteuil

8 Frédéric II .

 

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25/04/2016 | Lien permanent

Il a peint un prêtre, et moi j’ai voulu peindre un bon prêtre ; je m’en rapporte à vous

... aurait pu dire Stéphane Bern : https://actu.orange.fr/societe/people/religion-le-coup-de...

 Le curé des loubards est venu avec son blouson, ses santiags et son humour décapant.

S'il est un bon prêtre sur terre, Guy Gilbert l'est selon mon coeur .

http://www.lest-eclair.fr/25479/article/2017-05-21/guy-gi...

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

4è juin 1763 au château de Ferney

par Genève 1

Mon cher et ancien camarade, toujours le même refrain, toujours les mêmes regrets de ce que Ferney n’est pas en Normandie, et Launay dans le pays de Gex . Nous sommes quatre à présent à Ferney, et nous ne pouvons courir , Madame Denis est languissante ; je le suis plus qu’elle, et je deviens aveugle . J’écris avec peine . Je vois à peine mes caractères, et je les forme gros pour me soulager . Vous êtes seul, vous avez de la santé, vous pouvez aller. Vous devriez bien un jour entreprendre le voyage  . Car enfin il faut se voir avant de mourir ; il est clair que nous ne converserons pas ensemble quand nous serons cinis, fabula et manes 2 . J’aurais bien voulu vous envoyer Olympie . Mais comment vous l’adresser ? il n’y a plus moyen d’envoyer aucun imprimé par la poste. La lettre de Jean-Jacques Rousseau à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, a mis l’alarme partout. On a ouvert et supprimé tous les paquets qui contenaient du moulé 3, de quelque nature qu’ils fussent  . Ainsi on a coupé les vivres de l’âme . Notre Corneille avance ; nous en sommes malheureusement à Bérénice. Vous savez qu’il ne sortit pas de ce combat à son avantage. Je fais imprimer la Bérénice de Racine avec des remarques qui m’ont paru nécessaires. J’en fais peu sur la pièce de Corneille . Vous savez qu’elle n’en mérite pas ; mais il faut tout pardonner à l’auteur de Cinna . Vous avez vu que j’étais dans le goût des remarques, par celles que j’ai faites sur Olympie . Elles sont un peu philosophiques. J’avais dès longtemps assez d’antipathie contre le rôle de Joad, dans Athalie. Je sais bien qu’en supposant qu’Athalie voulait tuer son petit-fils, le seul rejeton de sa famille, Joad avait raison . Mais comment imaginer qu’une vieille centenaire veuille égorger son petit-fils pour se venger de ce qu’on a tué tous ses frères et tous ses enfants ? cela est absurde  . Quodcumque ostendit mihi sic, incredulus odi 4. Le public n’y fait pas réflexion, il ne sait pas sa sainte écriture. Racine l’a trompé avec art ; mais, au fond, il résulte que Joad est du plus mauvais exemple. Qui voudrait avoir un tel archevêque ? Il a peint un prêtre, et moi j’ai voulu peindre un bon prêtre ; je m’en rapporte à vous . Adieu, mon cher ami ; nous vous aimerons tant que nous vivrons.

V. »

1 Cideville a écrit le 10 mai 1763 : « J'ai eu la bonne fortune, illustre et cher ami, d'entendre votre tragédie d'Olympie chez Mme du Boccage . M. Saurin, quelle ne connait point, était chargé , lui-dit-il, de la lui envoyer . Elle est imprimée à Francfort et un M. Collini, éditeur, dit ce me semble qu’elle a été représentée à Manheim devant l’Électeur . Elle nous fut lue par M. l'abbé Trublet . Je crus voir un de ces chanoines nègres, nu, comme la main, le bonnet carré en tête, n'ayant point pour tout surplis qu'une aumusse sur le bras, que peint si plaisamment Mme de Sévigné, forcé comme l'esprit immonde de chanter les louanges du Très-Haut ; en effet le pauvre diable chanta assez bien vos beaux vers et fut obligé avec tout le monde de les applaudir . Cette pièce, à quelques longueurs près que vous avez dit-on retranchées, me parut la digne cadette de ses sœurs ainées . […] Mais pourquoi donc ne pas nous envoyer cette belle tragédie, si pleine de mœurs et de bons sentiments ? Pourquoi ne pas la donner à prêcher à Clairon qui sera en état dans quelques mois d'en entretenir un nombreux auditoire ? […] Pour moi, mon cher ami, je suis totalement confisqué ; j'ai des vapeurs, j'ai un trouble dans la tête qui ne me permet plus de m'appliquer […] , on veut me faire revenir la goutte . Je prends depuis quinze jours des bains […] Je vais sur la fin du mois à Launay cultiver mon petit jardin. »

2 D'après Perse, Satires, I, 152 : cendre, manes et fantôme .

3 De l'imprimé ; moulé est le vieux mot dans ce sens, et survivait chez les paysans de la région parisienne de l'époque .

4 Tout ce qu'il me montre ainsi, ne me convainc ni ne me plait ; Horace, Art poétique, 188.

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Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis/Regarde les audit

... -- Qui fait ainsi ? Mélenchon ou Zemmour ?

-- Les deux mon général .

-- Qui sera élu ?

-- Aucun des deux , circulez il n'y a rien à voir (ni à écouter ) .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

29 de novembre [1766]

Il y a trois heures que j’ai reçu le cinquième volume 1, mon très cher philosophe. Ce que j’en ai lu m’a paru digne de vous. Je ne puis vous donner un plus grand éloge. Quoi ! vous dites dans l’avertissement que l’Apologie de l’étude n’a pas été heureuse dans l’assemblée où elle fut lue 2 ! Êtes-vous encore la dupe de ces assemblées ? Ne savez-vous pas que le Catilina de Crébillon fut reçu avec transport ?

Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis.3

Votre Apologie de l’étude est un morceau excellent, entendez-vous ? N’allez pas vous y tromper.

Je vous rendrai compte incessamment du manuscrit que votre ami a envoyé à M. Boursier 4. Il faut attendre que la fermentation de la fourmilière de Genève soit un peu apaisée.

À l’égard de l’ami Vernet, il est dans la boue avec Jean-Jacques, et ni l’un ni l’autre ne se relèveront.

Il y a aussi bien des gens qui barbotent dans Paris. En vérité, mon cher philosophe, je ne connais guère que vous qui soit clair, intelligible, qui emploie le style convenable au sujet, qui n’ait point un enthousiasme obscur et confus, qui ne cherche point à traiter la physique en phrases poétiques, qui ne se perde point dans des systèmes extravagants.

À l’égard de l’ouvrage sur les courbes 5, je vous répète encore que c’est ce que j’ai vu de mieux sur cette matière.

Puisque vous daignez mettre le petit buste 6 d’un petit vieillard sur votre cheminée avec des magots de la Chine, je vais commander un nouveau magot à celui qui a imaginé cette plaisanterie. J’aimerais bien mieux avoir votre portrait au chevet de mon lit, car je suis de ces dévots qui veulent avoir leur saint dans leur alcôve.

J’oubliais de vous dire que j’ai été très fâché qu’on ait mis sur mon compte la Lettre au docteur Pansophe, qui est fort plaisante, à la vérité, mais où il y a des choses trop longues et trop répétées, et dans laquelle on voit même des naïvetés tirées de Candide. Cette lettre est de l’abbé Coyer. Il devrait avoir au moins le bon procédé, et même encore la vanité, de l’avouer ; en la mettant sous mon nom, il me met en contradiction avec moi-même, lorsque je proteste à M. Hume que je n’ai rien écrit à Jean-Jacques depuis sept 7 à huit ans. Je l’ai prié très instamment de ne me point faire ce tort ; il s’en ferait à lui-même. Il veut être de l’Académie, et je pense que l’Académie n’aime pas ces petits tours de passe-passe.

Je vous embrasse de tout mon cœur ; je vous salue, lumière du siècle .»

2 L'essai de d'Alembert l 'Apologie de l’étude avait été lue dans la séance publique d'ouverture de l’Académie française du 13 avril 1761. Voir lettre du 7 ou 8 mai 1761 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/15/ce-n-est-pas-assez-de-montrer-qu-on-a-plus-d-esprit-que-les-5788704.html

3 Regarde les auditeurs avec des yeux torves, frappe vigoureusement le pupitre, ne dis rien à propos, et tu prêcheras bien .

4 La Lettre à M. ***, conseiller au parlement dont il est parlé tome XLIII, page 473, et ci-dessus, page 241.

Voir lettre du 8 novembre 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/ce-charlatan-est-un-des-plus-dangereux-coquins-qui-respirent-6366034.html

5 Voltaire désigne ici l’ouvrage de d’Alembert, intitulé Sur la Destruction des jésuites, etc., qui n'a rien à voir avec les courbes ; voir lettre de mai 1761 à d'Alembert (en note 2)

6 Le buste de Voltaire, exécuté par un ouvrier de Saint-Claude, cité dans la lettre du 27 janvier 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/16/portez-vous-bien-mon-cher-frere-et-soit-que-je-vive-soit-que-6316233.html

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01/03/2022 | Lien permanent

pour la canaille, le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu’il lui faut ...Ce sont les assassins que je ne ménag

... Une fois de plus l'actualité du détestable est personnifiée par Poutine et Bachar al-Assad, réunion de deux assassins notoires en vue de normaliser des relations avec un faux jeton de leur acabit Erdogan sur le dos  d'un quatrième

https://www.sudouest.fr/international/russie/russie-vladi...

On est bien loin de l'esprit de trêve olympique .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

13è janvier 1769

Je vous renvoie, mon cher philosophe, votre chien danois 1 ; il est beau, bien fait, hardi, vigoureux, et vaut mieux que tous les petits chiens de manchon qui lèchent et qui jappent à Paris.

Votre discours est excellent ; vous êtes presque le seul qui n’alliez jamais ni en deçà ni en delà de votre pensée. Je vous avertis que j’en ai tiré copie.

Le Mercure devient bon. Il y a des extraits de livres fort bien faits. Pourquoi n’y pas insérer ce discours, dont le public a besoin 2? La Bletterie a juré à son protecteur et à sa protectrice qu’il ne m’avait point eu en vue, et qu’il me permettait de ne pas me faire enterrer. Il dit aussi qu’il n’a point songé à Marmontel quand il a parlé de Bélisaire, ni au président Hénault quand il a dit que  la précision des dates est le sublime des historiens sans talents . J’ai tourné le tout en plaisanterie.

À propos du président Hénault, le marquis de Bélestat m’a écrit 3 enfin qu’il était très fâché que j’eusse douté un moment que le portrait de Sha-Abas et du président fussent de lui ; qu’ils sont très ressemblants ; que tout le monde est de son avis, et qu’il n’en démordra pas. J’ai envoyé sa lettre à notre ami Marin. On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province, car la province pense depuis quelques années. Il s’est fait un prodigieux changement, par exemple, dans le parlement de Toulouse ; la moitié est devenue philosophe, et les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt.

Oui, sans doute, je regrette Damilaville . Il avait l’enthousiasme de saint Paul, et n’en avait ni l’extravagance ni la fourberie : c’était un homme nécessaire . Oui, oui, l’A, B, C est d’un membre du parlement d’Angleterre, nommé Huet 4, parent de l’évêque d’Avranches, et connu par de pareils ouvrages. Le traducteur est un avocat nommé La Bastide ; ils sont trois de ce nom-là : il est difficile qu’ils soient égorgés tous les trois par les assassins du chevalier de La Barre.

Vous n’avez point les bons livres à Paris : le Militaire philosophe 5les Doutes 6l’Imposture sacerdotale 7le Polissonisme dévoilé 8. Il paraît tous les huit jours un livre dans ce goût en Hollande. La Riforma d’Italia 9 qui n’est pourtant qu’une déclamation, a fait un prodigieux effet en Italie. Nous aurons bientôt de nouveaux cieux et une nouvelle terre, j’entends pour les honnêtes gens ; car, pour la canaille, le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu’il lui faut.

Je prends le ciel et la terre à témoin que je vous aime de tout mon cœur.

Pardieu, vous êtes bien injuste de me reprocher des ménagements pour gens puissants, que je n’ai connus jadis que pour gens aimables à qui j’ai les dernières obligations, et qui même m’ont défendu contre les monstres. En quoi puis-je me plaindre d’eux ? est-ce parce qu’ils m’écrivent pour me jurer que La Bletterie jure qu’il n’a pas pensé à moi ? Faudrait-il que je me brûlasse toujours les pattes pour tirer les marrons du feu ? Ce sont les assassins que je ne ménage pas. Voyez comme ils sont fêtés tome Ier et tome IV du Siècle. »

1 Un discours tenu par d'Alembert à l'Académie, au roi de Danemark, reproduit intégralement dans la Correspondance littéraire , VIII, 212 et suiv.

Voir lettre du 12 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/18/empechez-que-ce-siecle-ne-soit-la-chiasse-du-genre-humain-6503374.html

« Le roi de Danemark ne m’a presque parlé que de vous dans la conversation de deux minutes que j’ai eu l’honneur d’avoir avec lui : je vous assure qu’il aurait mieux aimé vous voir à Paris que toutes les fêtes dont on l’a accablé . » Lettre de d'Alembert du 17 décembre 1768 .

2 Le Mercure de France de janvier 1769 ne publia qu'un bref résumé de ce discours , voir I, 147-148.

4 Voltaire pourrait avoir eu l'idée de ce personnage à partir de celui d'un anglais nommé William Hewet, dont on conserve une lettre à V*, écrite de Genève le 3 décembre 1758 annonçant sa venue au philosophe .

6 Les Doutes sur la religion, suivis de l’analyse du Traité théologi-polilique de Spinosa, 1767. in-12. L’Analyse est du comte de Boulainvilliers ; les Doutes, de Guéroult de Pival, mort en 1772.

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12171113/gueroult_de_pival/fr.pdf

et : https://data.bnf.fr/de/14474771/examen_de_la_religion/de.pdf

8 C’est-à-dire Le Christianisme dévoilé

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26/07/2024 | Lien permanent

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