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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il est utile d’approfondir la vérité

... Ce que veut à tout prix éviter Fanfoué Fillon, et Marine Le Pen itou . Tous deux ont un discours identique -- copié-collé --, dès lors qu'il s'agit de faire la vérité sur leurs agissements, légaux bien entendu, indéfendables mêmement, pourtant . Ah ! les beaux candidats que nous avons là !

marine présidente.png

Réalité / fiction / instruction ?

 

Je dois dire que le peu d'estime que j'avais pour le Fanfoué II a fondu, comme des emplois fictifs plongés dans la Sarthe, en entendant les minables, ridicules attaques du candidat crevant de trouille de perdre son prestige en même temps que son gagne-pain de politicien surpayé .

 

fillon sarko juge.png

Toujours inséparables, le maître es fraudes et l'élève ! c'est beau , un vieux couple ! 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

A Ferney 27 mars [1762]

Vous me demanderez peut-être, mes divins anges, pourquoi je m’intéresse si fort à ce Calas, qu’on a roué ; c’est que je suis homme, c’est que je vois tous les étrangers indignés, c’est que tous vos officiers suisses protestants disent qu’ils ne combattront pas de grand cœur pour une nation qui fait rouer leurs frères sans aucune preuve.

Je me suis trompé sur le nombre des juges, dans ma lettre à M. de La Marche 1. Ils étaient treize, cinq ont constamment déclaré Calas innocent. S’il avait eu une voix de plus en sa faveur, il était absous. A quoi tient donc la vie des hommes ? à quoi tiennent les plus horribles supplices ? Quoi ! parce qu’il ne s’est pas trouvé un sixième juge raisonnable, on aura fait rouer un père de famille ! on l’aura accusé d’avoir pendu son propre fils, tandis que ses quatre autres enfants crient qu’il était le meilleur des pères ! Le témoignage de la conscience de cet infortuné ne prévaut-il pas sur l’illusion de huit juges, animés par une confrérie de pénitents blancs qui a soulevé les esprits de Toulouse contre un calviniste ? Ce pauvre homme criait sur la route qu’il était innocent ; il pardonnait à ses juges, il pleurait son fils auquel on prétendait qu’il avait donné la mort. Un dominicain, qui l’assistait d’office sur l’échafaud, dit qu’il voudrait mourir aussi saintement qu’il est mort. Il ne m’appartient pas de condamner le parlement de Toulouse ; mais enfin il n’y a eu aucun témoin oculaire ; le fanatisme du peuple a pu passer jusqu’à des juges prévenus. Plusieurs d’entre eux étaient pénitents blancs ; ils peuvent s’être trompés. N’est-il pas de la justice du roi et de sa prudence de se faire au moins représenter les motifs de l’arrêt ? Cette seule démarche consolerait tous les protestants de l’Europe, et apaiserait leurs clameurs. Avons-nous besoin de nous rendre odieux ? ne pourriez-vous pas engager M. le comte de Choiseul à s’informer de cette horrible aventure qui déshonore la nature humaine, soit que Calas soit coupable, soit qu’il soit innocent ? Il y a certainement, d’un côté ou d’un autre, un fanatisme horrible ; et il est utile d’approfondir la vérité.

Mille tendres respects à mes anges.

V. »

1 Selon Georges Avenel : «  Dans cette lettre, qu’on ne nous a pas autorisé à reproduire, Voltaire dit que trois juges seulement se sont prononcés pour l’acquittement de Calas. » . Cependant, de nos jours, on connait bien cette lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/02/j-en-suis-hors-de-moi-je-m-y-interesse-comme-homme-un-peu-me-5916627.html

 

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03/03/2017 | Lien permanent

il faut qu'un protestant parle en protestant, mais qu'il ne révolte pas les catholiques

... La question reste : à partir de quel point une religion, quelle qu'elle soit, en révolte-t-elle une autre (ou toutes les autres) ? Et est-ce alors un motif suffisant pour que ladite religion (ses fidèles, plus précisément) taise ses dogmes ? Pour autant que je sache, la liberté de parole est respectable, sinon respectée, par tous , et la religion une affaire personnelle qui ne doit pas imposer ses vues à qui que ce soit . 

Actuellement, les "protestants" politiques parlent comme Souchon : "tar' ta gueule à la récré " , et n'entament pas , -heureusement,- la volonté de bien faire de la majorité . M. Mélenchon et Mme Le Pen vos rancoeurs personnelles et vos discours amphigouriques me lassent, qu'êtes-vous capable de construire vous qui êtes pour tout ce qui est contre  ?

 Résultat de recherche d'images pour "un protestant parle en protestant humour"

Dur , dur de joindre les actes aux paroles !

 

 

« A Théodore Tronchin Professeur

à Genève

[vers le 29 juillet 1762] 1

On voit bien que notre Esculape est le fils ainé d'Apollon . Toutes ses réflexions me paraissent très justes .

Je suppose qu'il a lu le savant exposé de Révérend Donat Calas, théologien très profond, tel qu'il était d'abord ; je l'ai extrêmement adouci, je fais parler Donat en homme qui répète avec timidité ce que ses maîtres lui ont appris, et qui ne demande qu'à être mieux instruit . Ce tour me paraît très naturel, il faut qu'un protestant parle en protestant, mais qu'il ne révolte pas les catholiques .
Il me paraît que loin d'animer les dévots contre lui, il les invite à le convertir : d'ailleurs, ce n'est point le principal acteur de la pièce qui parle . Donat Calas, qui n'était pas de cette horrible tragédie, remplit seulement le devoir d'un fils .

Ensuite vient Pierre, principal personnage qui apporte en effet le procès ; il met sous les yeux, tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il a vu, et tout ce qui est consigné au greffe, il montre la vérité dans tout son jour .

Tout cela ayant été fait très à la hâte, parce que le temps pressait, le 13è mars a été pris pour le 13è octobre et a été corrigé à la marge .

J'avoue, mon cher maître, qu'un homme qui se plaint d'avoir été étranglé est une ironie mais le fait est tel, un témoin a déposé cette absurdité et je ne sais s'il est mal de mêler cette seule ironie aux vérités touchantes et terribles qui sont dans le mémoire ; cependant, s'il est encore temps, et si vous le jugez à propos, nous corrigerons cet endroit et tous ceux que vous indiquerez . Je verrai si tout est imprimé, et ce qu'on peut faire . Je tâcherai d'aller chez vous avant ou après dîner, quand j'aurai fait mon corps .

J'ai encore un mot à dire touchant l'archevêque de Paris . Je crois que Mme la marquise de Pompadour se mêlera plus que lui de cette affaire, et, entre nous, je ne sais s'il est mal d'exposer en une seule page tout ce qui peut rendre la religion des Calas excusable aux yeux des jansénistes, qui dans le fond pensent assez comme Claude, évêque de Turin 2. Il me paraît que tous les parlements de France, excepté celui de Toulouse, marchent à grands pas vers un protestantisme mitigé . Je soumets le tout à vos lumières et à votre humanité, et vous embrasse tendrement . »

 

1 L'édition Cayrol date cette lettre de fin 1762 ou début 1763 . La lettre a été écrite dès que V* reçut la réponse à sa lettre du 28 juillet 1762 ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/29/il-y-a-des-gens-capables-de-dire-qu-importe-qu-on-ait-roue-o.html ), d'où la date proposée .

2 Claude de Seyssel, archevêque de Turin, auteur de l'ouvrage Adversus errores et sectam Valdensium disputationes, 1520, encouragea le duc de Savoie à attaquer Genève . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_de_Seyssel

et : http://data.bnf.fr/12214243/claude_de_seyssel/

 

 

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20/06/2017 | Lien permanent

Je crois qu'il vaut mieux avoir affaire aux princes morts qu'aux princes vivants

... On évite ainsi des embouteillages qui ne font qu'augmenter le soukh ambiant ordinaire à Paris .

Honni soit qui mal y pense !  le roi d'Espagne ne présente pas beaucoup d'intérêt en cette période électorale .

http://www.dailymotion.com/video/xqif7s_serge-lama-nini-peau-d-chien_music

Un roitelet nommé Nini Peau-d'Andouille Sarko pérore actuellement et se pare de succès qui doivent plus à l'intelligence et engagements de Juppé, qu'à ses lâchetés mesquines en meetings passés .

Les résultats du premier tour et les trois grâces ...

 zig et puce et alfred.jpg

 Remettez dans l'ordre les trois principaux protagonistes accrochés au même mât et sauvez Alfred !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 25 mars 1760
Madame, je savais bien que Votre Altesse sérénissime faisait le bonheur de tous ceux qui ont l'honneur de vous approcher ; mais je vois qu'elle veut que les absents s'en ressentent comme les présents. Votre bonté me comble de joie, madame ; ce qu'elle daigne me proposer 1 est une grâce que je sollicite moi-même avec transport. Des mémoires sur le règne de Pierre le Grand sont la plus agréable consolation que je puisse recevoir dans le chagrin de n'être pas à vos pieds dans Gotha, et dans la douleur que j'ai de voir la cousine de Mlle Pertriset si capricieuse et si difficile à marier 2. Je crois qu'il vaut mieux avoir affaire aux princes morts qu'aux princes vivants. Si le czar Pierre était en vie, je fuirais cent lieues pour n'être pas auprès de ce centaure, moitié homme et moitié cheval, qui détruisait tant d'hommes pour son plaisir, tandis qu'il en civilisait d'autres. Aujourd'hui il est un héros; ses moindres actions sont précieuses. Je ne peux trop remercier Votre Altesse sérénissime de la grâce que vous m'accordez. Protégez-moi de tout votre pouvoir, madame, auprès de Mme la comtesse de Bassevitz. Si elle veut m'envoyer dès à présent tout ce qu'elle a d'intéressant en allemand, je le ferai traduire sur-le-champ et je lui enverrai fidèlement l'original. Je vais lui écrire pour la remercier ; mais je commence par Votre Altesse sérénissime, comme de raison. Je ne sais comment faire pour faire tenir à Mme de Bassevitz un petit paquet. Je l'imagine entourée de housards prussiens et de kalmouks. Que n'est-elle à Gotha, et moi aussi !
Un certain Labat, baron de Grandcour, marchand de Genève, un peu usurier de son métier, m'est venu trouver. Il parle de comptes, de différence d'argent, etc. Fi donc! le vilain n'a été que trop bien payé. Votre Altesse sérénissime est trop bonne.— Et Alzire ?3

A vos pieds avec le plus profond respect.

V. »

1 La lettre à laquelle répond V* ne nous est pas connue .

3 Dans sa lettre du 3 mars 1760 la duchesse disait : « […] Alzire et Zamore et le petit frère […] font tous leur possible pour jouer au mieux leurs rôles […] ce sera au jour de naissance de leur père qui est au 25 du mois prochain qu'ils représenteront cet admirable drame . J'ai reculé tant que j'ai pu la représentation […] dans l'espérance que vous pourriez encore arriver pour les corriger et pour les faire jouer moins mal encore . »

 

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24/03/2015 | Lien permanent

Je ne rebute rien, dans l’espérance de trouver quelque chose d’utile dans le fatras des plus grandes inutilités ; je sui

... Que ce soit au XVIIIè siècle et ses imprimés et manuscrits ou le XXIè avec le Web et Internet, le fatras est une constante ; elle n'a fait qu'enfler démesurément en 3 siècles, et ce n'est pas fini, hélas .

Twitter, Face de bouc, et tous les réseaux (liens ?) dits sociaux ne sont la plupart du temps que des pourvoyeurs de scènes d'exposition pour voyeurs/voyous, rarement des sources d'informations utiles . Pour autant je suis contre la censure de ce moyen de communication, je suis pour l'éducation des jeunes à savoir s'en servir sans risque et sans polluer encore  plus le Big Data ambiant .  

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« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

25è august 1761 au château de Ferney

par Genève

Monsieur, j'ai reçu les deux lettres du 28è juin et du 3è juillet 1, dont Votre Excellence m'a honoré, par la voie de M. de Soltikoff . Vous savez qu'en attendant que je me dévoue entièrement à Pierre le Grand, je m'amuse avec Pierre Corneille, et que cet ouvrage étant fait de concert avec l'Académie française, pourra être très utile à tous ceux qui veulent bien nous faire l'honneur de parler notre langue .

Ce sera pour moi un honneur infini, un grand encouragement pour les arts, que vous protégez, et pour la jeune héritière du nom de Corneille, qu’on puisse voir à la tête des souscriptions le nom de votre auguste souveraine et le vôtre , avec ceux de deux ou trois de vos amis .

Je crois avoir déjà mandé à Vôtre Excellence que le roi de France souscrit pour la valeur de deux cents exemplaires, et plusieurs princes à proportion. Je dois aussi vous avoir dit, monsieur, que nous ne voulons que des noms, et que les paiements ne se feront qu'après l'impression du premier volume . Je me fais une joie extrême de voir cette entreprise honorable secondée par le Mécène de la Russie.

Ce travail ne m’empêchera pas d’amasser toujours des matériaux pour votre monument. Je ne rebute rien, dans l’espérance de trouver quelque chose d’utile dans le fatras des plus grandes inutilités ; je suis trompé quelquefois dans mon calcul . J’acquiers quelquefois de gros paquets de manuscrits où je ne trouve rien du tout, d’autres qui ne sont remplis que de satires et d’anecdotes scandaleuses que je ne manque pas de jeter au feu, de peur qu’après moi quelque libraire n’en fasse usage 2. Heureusement toutes ces satires sont très mal écrites ; et s’il en reste quelques-unes qui aient échappé à mes recherches, elles ne feront pas fortune.

Ma santé ne me permet presque plus de sortir de chez moi . La consolation de mes dernières années sera uniquement de travailler pour vous ; car je compte que Corneille ne me coûtera pas plus de quatre à cinq mois . Disposez de tout le reste de mes moments. Nous ne tarissons point sur le compte de Votre Excellence, M. de Soltikof et moi ; nous ne parlons de vous qu’avec enthousiasme. Le cardinal Passionei était le seul homme en Europe qui vous ressemblât , nous venons de le perdre. Il ne reste que vous dans l'Europe qui donniez aux arts une protection distinguée, constante, et éclairée ; et je vous regarde, après Pierre-le-Grand, comme l’homme qui fait le plus de bien à votre nation.

J’ai l’honneur d’être, avec les plus tendres sentiments , et le respect le plus sincère

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »  3

 

1 Ces lettres ne nous sont pas parvenues .

2 Les historiens ne sont pas d'accord avec cette conception qui va à l'encontre de la préservation des sources historiques .

3 On trouve aussi cette lettre incomplète datée du 26 dans l'édition de Kehl et suivantes ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-36-122312059.html

 

 

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01/08/2016 | Lien permanent

si les pauvres seigneurs châtelains étaient moins dépendants de nosseigneurs les intendants, ils pourraient faire autant

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14 mars 1764 1

Divins anges,

Vraiment vous avez raison, j’aime mieux Que servirait de naître ? parce que cela nous regarde tous tant que nous sommes, et Qu'eût-il servi de naître ne regarde que Pandore . Le vivre au lieu de naître m'avait terriblement embarrassé . La main du charmant secrétaire s’était méprise, et ce ne sera jamais qu'à sa main qu'on pourra reprocher des erreurs .

J’ai reçu la Gazette littéraire 2, et j’en suis fort content : l’intérêt que je prenais à cet ouvrage, et la sagesse à laquelle il est condamné, me faisaient trembler ; mais, malgré sa sagesse, il me plaît beaucoup ; il me paraît que les auteurs entendent toutes les langues ; ainsi ce ne serait pas la peine que je fisse venir des livres d’Angleterre ; Paris est plus près de Londres que Genève ; mais Genève est plus près de l’Italie ; je pourrais donc avoir le département de l’Italie et de l’Espagne, si on voulait. J’entends l’espagnol beaucoup plus que l’allemand, et les caractères tudesques me font un mal horrible aux yeux, qui ne sont que trop faibles. Je pense donc que, pour l’économie et la célérité, il ne serait pas mal que j’eusse ces deux départements, et que je renonçasse à celui d’Angleterre . C’est à M. le duc de Praslin à décider. Je n’enverrai jamais que des matériaux qu’on mettra en ordre de la manière la plus convenable ; ce n’est pas à moi, qui ne suis pas sur les lieux, à savoir précisément dans quel point de vue on doit présenter les objets au public ; je ne veux que servir et être ignoré.

A l’égard des Roués 3, je n’ai pas dit encore mon dernier mot, et je vois avec plaisir que j’aurai tout le temps de le dire.

Madame Denis et moi nous baisons plus que jamais les ailes de nos anges . Nous remercions M. le duc de Praslin de tout notre cœur. Les dîmes nous feront supporter nos neiges.

Je suis enchanté que l’idée des exemplaires royaux, au profit de Pierre, neveu de Pierre, rie à mes anges . Je suis persuadé que M. de Laborde, un des bienfaiteurs, l’approuvera.

Nous nous amusons toujours à marier des filles ; nous allons marier avantageusement la belle-sœur 4 de la nièce à Pierre . Tout le monde se marie chez nous ; on y bâtit des maisons de tous côtés, on défriche des terres qui n’ont rien porté depuis le déluge ; nous nous égayons, et nous engraissons un pays barbare , et si nous étions absolument les maîtres, nous ferions bien mieux. Je déteste l’anarchie féodale ; mais je suis convaincu par mon expérience que si les pauvres seigneurs châtelains étaient moins dépendants de nosseigneurs les intendants, ils pourraient faire autant de bien à la France que nosseigneurs les intendants font quelquefois de mal, attendu qu’il est tout naturel que le seigneur châtelain regarde ses vassaux comme ses enfants 5.

Je demande pardon de ce bavardage ; mais quelquefois je raisonne comme Lubin, je demande pourquoi il ne fait pas jour la nuit. Mes anges, je radote quelquefois, il faut me pardonner ; mais je ne radote point quand je vous adore. »

1 La copie Beaumarchais-Kehl, suivie par les éditions, supprime le premier paragraphe .

2 Le premier cahier est du 7 mars 1764 .

3 Le Triumvirat .

4 Mlle Dupuits, sœur du mari de Cornélie-Chiffon : voir lettre de février-mars à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/03/22/je-ne-croyais-pas-qu-il-l-eut-si-grosse-6138048.html

. La formule employée par V* est d'un ton campagnard ; elle évoque les explications de Gareau dans Le Pédant joué, II, 3, sur « la veuve de Denis Vabel le jeune […] fille du second lit de Georges Marquiau le biau-frère du neveu de Piare Brunet », etc.

5 Tout ce paragraphe est caractéristique des conceptions politiques de V* que l'on pourrait dire paternalistes sans donner de caractère péjoratif à ce mot . Elles sont aux antipodes des idées démocratiques de Rousseau, tout en s’éloignant des tendances centralisatrices et anti-féodales de la monarchie française .

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12/04/2019 | Lien permanent

Si j’étais l’auteur de tout ce qu’on met sur mon compte, j’aurais à me reprocher plus de volumes que tous les Pères de l

... Si j'étais comme Voltaire ! Mais je n'ai à me reprocher que quelques notes plus ou moins pertinentes dans ce blog, que j'ose espérer moins oiseuses que celles des Pères de l'Eglise restés sans progéniture ( premiers pratiquants du mariage homosexuel, puisque mariés à Jésus-Christ ).

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14 Septembre 1764 1

Divins anges, vous devez avoir reçu des fatras tragiques ; permettez que je vous parle d’un fatras de prose . C’est un Dictionnaire philosophique portatif, qu’on m’attribue, et que jamais je n’aurai fait 2. Cela est rempli de vérités hardies que je serais bien fâché d’avoir écrites. M. Marin peut aisément empêcher que ce diabolique ouvrage n’entre chez les Welches. Si vous daignez lui dire ou lui faire dire un mot, je vous serai très obligé. Il faut surtout qu’il soit persuadé que cette œuvre infernale n’est point de moi. Si j’étais l’auteur de tout ce qu’on met sur mon compte, j’aurais à me reprocher plus de volumes que tous les Pères de l’Église ensemble. Le petit ex-jésuite est toujours au bout de vos ailes. Il attend les cinq – plus les trois – plus la première page du cinq. Cet opiniâtre candidat dit qu’il n’en démordra pas, dût-il travailler deux ans de suite . C’est bien dommage que cela soit si jeune. On a de la peine à le former ; mais sa docilité et sa patience lui tiendront lieu de talent. Vous ne sauriez croire, mes anges, combien il vous aime.

N'avez-vous pas une très belle maison sur ce quai d'Orsay ? et ce quai d'Orsay ne va-t-il pas à la Genouillère ?3 »

1 Date complétée par d'Argental . Le dernier paragraphe, rayé sur la copie Beaumarchais, manque dans les éditions .

2 V*, en bon élève des jésuite manie l'art de l'équivoque : que je n'aurai(s) fait pouvant être compris comme « que je n'aurais jamais terminé » ; il y eut en effet plusieurs suites, et rie n'empêchait d'en ajouter d'autres .

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01/11/2019 | Lien permanent

l’Europe me suffit, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par

... dit , fort justement, Emmanuel Macron, à qui l'opposition reproche de prendre un repos dont ils jouissent , eux , à temps plein . L'opposition, c'est vraiment elle la véritable planque, et il est vrai que la connerie ne prend jamais de vacances .

 Résultat de recherche d'images pour "intérêt privé et intérêt commun"

Pour information à tous, tant ceux qui sont tentés par une vie de dirigeant que tous  autres :

https://www.canal-u.tv/video/universite_paris_1_pantheon_...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

9è novembre 1763 1

Mes anges, en attendant la tragédie, voici la farce ; il faut toujours s’amuser, rien n’est si sain. Votre lettre du 3è octobre, qui veut dire 3è novembre, parle d’une méprise dont je suis étonné et fâché. Le billet qui était pour vous avec le paquet pour mon frère Damilaville, ne devait pas être dans ce paquet, mais avec ce paquet  et même ce paquet pour frère Damilaville ne devait point être cacheté. C’est apparemment cette méprise qui a fait croire que je voulais solliciter la représentation d’Olympie ; c’est de quoi je suis très éloigné ; et je vous dirai très modestement , l’Europe me suffit, je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût  et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun.

Conduisez toujours, mes chers anges, votre conjuration 2 avec votre prudence ordinaire ; ce ne sera pas moi qui vous trahirai, il faut être aussi ferme que je le suis, pour avoir résisté si constamment à M. de Chauvelin l’ambassadeur. Puisque j’ai eu cette force avec lui, je ne mollirai avec personne. Soyez les maîtres absolus, et puisse cette facétieuse conjuration vous donner quelque plaisir !

J'enverrai incessamment les Remarques sur l'Histoire générale à ce M. Hume 3, cousin de cet autre Hume, charmant auteur de L’Écossaise . Ce Hume me plait d'autant plus , qu'il a été qualifié d'athée dans le Journal encyclopédique . Je sens bien, mes anges, qu'il faut qu'un Français fasse les avances avec les Anglais ; ces messieurs doivent être fiers . Je ne fonde pas leur orgueil sur ce qu'ils nous ont pris le Canada, la Guadeloupe, Pondicheri, la Gorée 4, et qu’avec environ dix mille hommes ils ont rendu les efforts des maisons d'Autriche et de Bourbon impuissants, mais sur ce qu'ils disent ce qu'ils pensent, et qu'ils l’impriment . Il est vrai que j'agis à peu près avec la même liberté qu'un Anglais, mais je ne fais qu’usurper le droit qu'ils ont, et partant, je leur dois toute sorte de respect .

Permettez mes anges que je fourre ici pour frère Damilaville un paquet dans lequel il n'y a point de méprise . Je me mets plus que jamais à l'ombre de vos ailes .

N.B. – Il est bien vrai qu'on critiqua autrefois, Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains 5, mais il est encore plus vrai que ce vers est admirable . »

1L'édition de Kehl est limitée à la seconde moitié de cette lettre ; celle de Cayrol est limitée à la première moitié ; Moland imprime encore les deux parties comme deux lettres .

2 La représentation du Triumvirat .

4 Gorée, île du Sénégal, prise par les Anglais en 1763 ; les Français en reprendront possession en 1817 .

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01/11/2018 | Lien permanent

Il ne s’agit pas tous les jours, mes divins anges, de conspirations et d’assassinats

... Il y en a aussi de gibbons ni mauvais, et même heureux : https://www.rtl.fr/actu/insolite/en-images-un-bebe-gorill...

Naissance d'un bébé gorille octobre 2018, capture facebook

Salut petit cousin !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7è novembre 1763

Il ne s’agit pas tous les jours, mes divins anges, de conspirations et d’assassinats. Je mets pour cette fois à l’écart les Grecs et les Romains, et je ne songe qu’aux dîmes.

Voici une lettre de M. le premier président du parlement de Bourgogne 1, qui sans doute est conforme à celle qu’il a écrite à M. le duc de Praslin. J’ignore s’il est convenable que le roi fasse enregistrer aujourd’hui au parlement de Bourgogne les traités de Henri IV. Tout ce que je sais, c’est que je demande la protection de M. le duc de Praslin, et qu’il est nécessaire que notre cause soit remise par devant le Conseil, qui ci-devant l’avait évoquée à lui. Les enregistrements n’empêcheraient pas probablement le parlement de juger selon le droit commun. Il pourrait dire : Nous avons déjà jugé cette affaire il y a plus de cent ans ; le Conseil s’en est emparé depuis ; nous nous en tenons à notre premier arrêt, antérieur d’un siècle à l’enregistrement que nous faisons aujourd’hui, et cet enregistrement ne peut préjudicier au droit commun qui décide en faveur des curés contre les seigneurs.

Vous m’avouerez qu’alors ma cause, qui est très importante, serait très hasardée. Il est plus simple, plus court, plus naturel, que le Conseil d’État retienne à lui l’affaire qui était entre ses mains, et qui n’en est sortie que par un arrêt par défaut, subrepticement obtenu.

C’est sur quoi, mes anges, je vous demande votre protection auprès de M. le duc de Praslin, et j’écris en conformité à M. Mariette, mon avocat au Conseil.

Vous m'avouerez que voilà un vrai style de dépêches, et que je suis un étrange homme : voilà trois parlements du royaume que j’ai un peu saboulés, Paris, Toulouse, et Dijon ; cependant aucun n’a donné encore de décret de prise de corps contre moi, comme contre le beau M. Du Mesnil 2.

Cette aventure de M. Du Mesnil n’est-elle pas bien singulière ? et ne sommes-nous pas dans le siècle du ridicule, après avoir été, dans le temps de Louis XIV, dans le siècle de la gloire ? De grâce, donnez-moi un petit mot de consolation, en me parlant de vos roués et de vos assassinats. Mes anges, vivez heureux.

Respect et tendresse. 

V.»

2 Charles-Louis-Joachim de Chastellier, marquis Du Mesnil, lieutenant général du Dauphiné, a été contraint de prendre dans ses fonctions des édits impopulaires, qui firent de lui la cible de nombreuses plaisanteries ; voir notamment les Mémoires secrets de Bachaumont, I, 291, 303-304 ; II, 4-5 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2066578/f3.image.texteImage

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Joachim_de_Chastellier-Dumesnil

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30/10/2018 | Lien permanent

non seulement je la respecte, mais je prends la liberté de l'aimer

... N'est-ce pas dans cet ordre qu'il faut se conduire en tout temps quand on parle d'amour ?

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« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille, etc.

à l'hôtel de La Marck, rue d'Aguesseau

à Paris

17è octobre 1765 au château de Ferney

Les libraires de Genève, monsieur, viennent d'achever une édition de La Henriade in 4-° corrigée et augmentée qu'ils ont ornée de très belles estampes 1. Comme ces entreprises ne sont faites que pour un petit nombre de curieux, je doute que l'imprimeur dont vous me parlez trouvât son compte dans l'édition qu'il se propose .

Je suis infiniment touché, monsieur, du souvenir dont Mme la comtesse de La Marck daigne m'honorer, non seulement je la respecte, mais je prends la liberté de l'aimer ; on dit qu'elle a autant de philosophie que d'esprit et de grâce; je la regarde comme la protectrice des gens qui pensent ; je vous supplie de me mettre à ses pieds .

J'ignore si le Barnevelt de M. Le Mierre 2 est le Barnevelt hollandais 3, immolé à la liberté de sa patrie sous l'abominable prétexte de je ne sais quelle hérésie calviniste, ou si c'est le Barnevelt anglais, mais je sais bien qu'il y aura un grand pathétique dans sa pièce et des coups de théâtre admirables , j'ai en lui un confrère qui fait bien de l'honneur à notre art, et il est juste que les confrères s'aiment un peu . J'attendrai son ouvrage avec la plus grande impatience .

Pardonnez si je ne vous écris pas de ma main, les neiges m'ôtent presque entièrement l'usage de la vue . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

1 Il s'agit du premier volume de l'édition des œuvres de V* in-4° dont les sept premiers volumes paraitront en même temps en 1768 . À part une allusion dans la lettre de décembre 1765 à Cramer, on a ici la première référence précise à cette édition : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/09/repeter-au-lieu-de-repeter-repeter-c-est-peter-deux-fois.html

2 Barnevelt, d'Antoine Marin Le Mierre, ne sera imprimé, et joué sur le théâtre de Lyon, qu'en 1784 ( même si l'édition de 1810 , pour des raisons idéologiques, dit que cette première représentation eut lieu le 30 juin 1790 ) ; voir : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2003-1-page-49.htm

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48313w/f5.item

et : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/12127853/te/page1

et : http://theatre1789-1815.e-monsite.com/pages/pieces-gens-et-lieux/les-pieces/b/barnevelt.html

 

 

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13/04/2021 | Lien permanent

Je vais mourir bientôt en détestant les persécuteurs, et en vous aimant

Excellente mise en train, dans la voiture en allant au travail ce matin : http://www.youtube.com/watch?v=2EmbhAarOzg

 

necker caricature.jpg

Caricatures :  La Fayette, Necker et Bezenval, XVIIIe siècle, Estampe, gravure réalisée sur cuivre, 31,4 x 17, 4 cm, Musée national de la Coopération franco-américaine, Auteur : Blérancourt.

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

 

                            Vous me déchirez le cœur, mon cher ami, par  tout ce que vous me mandez. Il m’est impossible d’écrire à votre Genevois [Jacques Necker]. Jugez-en vous-même.

 

                            Sa femme est née, et a été élevée dans le même village que la mère de Mlle de Varicourt, qui lui donna longtemps des bas et des souliers, quoiqu’elle n’en eût guère pour elle-même.

 

                            J’ai donné part du mariage de Mlle de Varicourt [Reine-Philiberte Rouph de Varicourt, surnommée par V* « Belle et Bonne », avec le marquis de Villette le 18 novembre 1777 ] à la Genevoise [Mme Suzanne Necker, mère de Germaine, future Mme de Staël], et ma lettre était assurément très flatteuse. Elle n’a pas daigné me répondre, mais elle a répondu à un frère de Mlle de Varicourt, et lui a dit qu’elle était une femme trop sérieuse et voyant trop bonne compagnie pour recevoir chez elle une jeune mariée. Cet excès d’impertinence est-il concevable ?

 

                            Je tremble de tous côtés pour nos chers St-Claudiens [Soumis à la mainmorte par les moines ; Christin, soutenu par V*, avait plaidé pour eux et perdu un procès, mais continuait la procédure ; le 23 novembre V* lui a écrit :  « Que ne suis-je à portée d’intéresser M. Necker sur cette affaire ! Il est , je crois, le seul qui pourrait engager M. de Maurepas à signaler son ministère par l’abolition de la servitude, en imitant le roi de Sardaigne ».]. J’ai bien peur qu’ils ne soient mangés par les pharisiens et par les publicains. Mais où se réfugieront-ils ? Ils n’ont ni protection, ni asile. Tout ce que je vois me fait horreur et me décourage. Je vais mourir bientôt en détestant les persécuteurs, et en vous aimant.

 

                            13è janv[ier] 1778

 

                            Si vous persistez à envoyer votre lettre, il faut la mettre à la poste de St-Claude. »

 

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14/01/2010 | Lien permanent

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