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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il faut pardonner aux jeunes gens qui ont de grandes passions, et qui se trouvent dans des situations violentes

Quels "jeunes" ?

Eh ! bien, par exemple , ici, le toujours jeune Volti à quatre-vingt-deux ans révolus .

"Grandes passions" et "situations violentes" semblent être une bonne recette pour avoir une vieillesse/jeunesse de qualité , garder la vivacité de l'esprit même si le corps regimbe .

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And now : Passion of a man : http://www.deezer.com/listen-672569 . Contraste ? Non ?

 

 

 

« A Marie-Jean-Antoine de Caritat , marquis de Condorcet

Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, etc. à Paris

 

28è février 1776

 

Je vous excède peut-être de mes lettres, mais il faut pardonner aux jeunes gens qui ont de grandes passions, et qui se trouvent dans des situations violentes .

 

Il est certain que la faction des sicaires qui persécute M. Delisle de Sales i affile ses poignards et charge ses arquebuses . Il est certain que Panckoucke est perdu si on trouve chez lui un seul exemplaire de cette infâme édition annoncée par un nommé Bardin dans le journal de Bouillon ii.

 

J'ai averti sa sœur Mme Suard : elle ne me répond point ; vous êtes son ami . Tout ce qu'on me mande me fait voir évidemment qu'il n'y a pas un moment à perdre . S'il est vrai qu'en effet Bardin ou quelque autre ait vendu cette misérable édition au frère de Mme Suard, il n'a d'autre parti à prendre qu'à la renvoyer ou à la brûler .

 

C'est à moi plus que personne de me plaindre . Il y a dans cette collection vingt ouvrages qui font frémir la religion chrétienne, et qu'on a la barbare impudence de mettre sous mon nom iii. Si ce nom malheureux n'est pas en toutes lettres à la tête de ces indignes ouvrages, il y est si bien désigné qu'on ne peut s'y méprendre . Je sais que le parti est pris de procéder contre Panckoucke et contre moi . Je n'en puis douter ; et je ne veux pas dans ma quatre-vingt-troisième année mourir ailleurs que dans mon lit . Je ne veux pas être la victime de l'impudente avarice de je ne sais quel libraire nommé Bardin .

 

J'avertis que je serai le premier à me plaindre si on débite dans Paris un seul exemplaire de cette collection abominable de Bardin ; que je demanderai protection de M. le garde des Sceaux iv contre ce Bardin jusqu'à ma mort, et que je chargerai mes héritiers de poursuivre ce Bardin .

 

Je vous prie encore une fois , mon illustre philosophe, de tirer le frère de Mme Suard de ce précipice . Je suis outré contre elle de ce qu'elle ne m'a point répondu . Il est très nécessaire que son frère et elle instruisent tout . Un libraire de Paris ne doit pas regarder une telle affaire comme un objet de commerce, mais comme un objet de potence . Soyez très sûr qu'on n'épargnera personne, et que le même esprit de fanatisme et de rage qui vient de porter Saillant le fils à dénoncer son propre père v portera les sicaires à de plus sanglantes extrémités .

 

Je vous embrasse tendrement . Je pleure sur le genre humain . Je compte sur votre amitié, sur votre zèle et sur vos bontés .

 

Permettez-moi de vous adresser ce petit mot que j'écris à M. Gaillard vi. Faites-moi l'amitié de le lui remettre . Envoyez-moi sa réponse par M. de Vaines . Pardonnez-moi mes importunités, et mes inquiétudes . »

 

 

i Lettre de V* à Condorcet du 16 février 1776 : « Il s'agit d'un M. De Lille de Sales, persécuté en 1776, ... » : lettre 50 page 98 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f301.image

Condorcet a écrit à V* le 11 février que le Châtelet dénonce le livre, qu'il est brûlé, qu'on informe contre les libraires, contre l'auteur et Delisle de sales sera décrété de prise de corps . Lettre 49 page 96 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f299.image

ii Édition dite « encadrée » des Œuvres de Voltaire annoncée dans le Journal encyclopédique du 15 janvier 1776 par Bardin , libraire de Genève . V* s'en plaint à Cramer dès le 1er février .

iii A d'Alembert, le 8 février, V* cite tous les auteurs et ouvrages incriminés attribués faussement (ou non, comme Le Dîner de Boulainvilliers) à lui : lettre MMMMMMMLXIV page 157 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f162.image.r...

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/27_Boulainvillie...

iv Armand-Thomas Hue, marquis de Miromesnil : http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Thomas_Hue_de_Miromes...

vDelisle de Sales, pour avoir imprimé la Philosophie de la nature ; voir lettre à Condorcet le 26 février : lettre 51 page 100 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f303.image

vi Gabriel-Henri Gaillard, académicien français depuis 1771; à propos de la prochaine élection , V* soutenant Jean-François La Harpe .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel-Henri_Gaillard...

 

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28/02/2011 | Lien permanent

Je ne peux faire la moindre attention aux tracasseries .Pour moi je suis rempli d’autres idées

De l'avantage d'être au travail 10 heures d'affilée ... blog à tout va ! Comme disait l'autre, -"à la recherche du temps perdu"-, Proust Marcel, je tente de fournir aux curieux quelques lettres qui ont boudé le clavier ces derniers jours . En parlant de Marcel, je dois vous dire que celui que je préfère c'est celui qui accompagne le Grand Jacques . Allez, chauffe Marcel !!  http://www.dailymotion.com/video/x5jkld_jacques-brel-veso...

Actuellement, même si Volti embrassait l'impératrice Catherine II en 1765, un projet de magnifique exposition pour 2010 au château de Voltaire (basée sur les relations de Volti avec Catherine en particulier et la France et la Russie en général) est en train de passer -(seulement peut-être, je le souhaite )- à la trappe. Un administrateur et un directeur ont uni leurs talents pour ce projet. Et devinez ce qui arrive ? Non, pas Zorro, bande d'enfants attardés !! Madame le Courriel n'a tout simplement pas fait le nécessaire auprès du ministère de tutelle (celui qui tient les cordons de la bourse ); que le diable la patafiole !! Mon côté fataliste avec tendance optimiste me pousse à croire que tout n'est pas perdu . Inch allah, mais attache bien le chameau !!

Volti écrit :"La bonne cause triomphe sourdement", je dirait plutôt, au jour d'aujourd'hui, "on écrase les bonnes causes sourdement".

 Plus que jamais : Ecr. l'Inf.

 

 

 

« A Etienne –Noël Damilaville

 

                            En réponse à votre lettre du 18, mon cher frère, j’embrasse tendrement Platon Diderot. Par ma foi j’embrasse aussi l’impératrice de toute Russie. Aurait-on soupçonné il y a cinquante ans qu’un jour les Scythes récompenseraient si noblement dans Paris la vertu, la science, la philosophie, si indignement traitées parmi nous ! [Catherine II a acheté la bibliothèque de Diderot qui garde l’usage des livres et reçoit cent pistoles par an pour leur entretien]. Illustre Diderot, recevez les transports de ma joie.

 

                            Je ne peux faire la  moindre attention aux tracasseries de la Comédie. Cela peut amuser Paris. Pour moi je suis rempli d’autres idées. La générosité russe, la justice rendue aux Calas, celle qu’on va rendre aux Sirven, saisissent toutes les puissances de mon âme. On travaille à force à la condamnation du cuistre théologien dénonciateur, sot, et fripon [V* fait imprimer les Observations sur une dénonciation de la Gazette littéraire faite à M. l’archevêque de Paris, de l’abbé Morellet]. La bonne cause triomphe sourdement. Nouvelle édition du Portatif en Hollande, à Berlin, à Londres, réfutations de théologiens qu’on bafoue ; tout concourt à établir le règne de la vérité.

 

                            Vous aurez l’abbé Bazin avant qu’il soit peu [La philosophie de l’Histoire], n’en doutez pas. Vous deviez envoyer un ruban à Mme du Deff*** ; vraiment il ne faut lui envoyer rien du tout si elle trahit les frères. De quoi s’avise-t-elle à son âge, et aveugle, de forcer des hommes de mérite à la haïr !

 

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !

 

                            Hélas ! Elle ne sait pas que sans les philosophes le sang de Calas n’aurait jamais été vengé.

 

                            Mandez-moi si M. Gaudet [directeur général des vingtièmes, supérieur hiérarchique de Damilaville] vous aura remis par cette poste un paquet assez gros touchant nos vingtièmes.

 

                            La voie de Saint Claude est longue, on ne peut y envoyer des paquets que par des exprès.

 

                            Mon cher frère, faut-il que je meure sans vous avoir vu de mes yeux, que le printemps guérit un peu ? Je vous vois de mon cœur. Ecr[asez] l’Inf[âme].

 

Voltaire

                            24 avril 1765. »

 

 

Amis du bel accordéon, bienvenue ! Laissez-le vous souffler dans les esgourdes et réjouir ce qu'il y a entre elles ! http://www.marcelazzola.com/images.php

Talents, coeurs gros comme des cathédrales ! OK ? OUI ... J'ai un faible pour Take Bach .

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25/04/2009 | Lien permanent

vous me feriez plaisir de m'instruire des sentiments du public que vous avez sans doute recueillis

... Telle est ma requête à Kanye West : https://www.bfmtv.com/international/anti-avortement-et-an...

Les USA, non content d'avoir un sale président et une épidémie de Covid meurtrière qu'on préfère traiter par le mépris en sauvant uniquement les finances, viennent de dégoter un rappeur millionnaire comme candidat à la présidence ; c'est la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf (suivant en celà sa compagne Kim qui, elle, a donné la priorité d'abord à son postérieur, ses mamelles et son compte en banque ! ), syndrome de la grosse tête . Encore un idiot qui met Dieu à toutes les sauces .

Kim Kardashian et Kanye West en Simpsons, leur vie façon cartoon ...

Plus bing bling que ça, tu meurs . A l'ouest rien de nouveau !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er avril 1765 1

Mon très cher frère, j'ai reçu votre lettre du 24è mars . Je vous dirai d'abord que voyant combien les avis sont partagés sur la prise à partie, il m'est venu dans la tête que Mme Calas devrait faire pressentir M. le vice-chancelier, et M. le contrôleur général, afin de ne pas faire une démarche qui pourrait alarmer la cour , et diminuer peut-être les bontés qu'elle espère du roi . On pourrait engager M. Héron à savoir par le premier secrétaire de M. le vice-chancelier ce qu'il pense sur cette affaire . Il me semble qu'il est très aisé de savoir si ces deux ministres approuveraient ou non la prise à partie, et que c'est par là qu'il faut commencer . C'est ce que j'écris à Mme Calas .

Voilà deux horribles aventures qui exercent à la fois votre bienfaisance philosophique . J'enverrai incessamment la signature de Sirven, si le généreux M. de Beaumont n'aime mieux vous confier la dernière feuille du mémoire numéroté, et Sirven mettrait son nom par-devant notaire au bas de cette page qu'on vous renverrait, et qu'on rejoindrait aux autres, comme je crois vous l'avoir déjà mandé .

M. Delahaye fermier-général doit vous envoyer des chiffons 2 couverts d'une toile cirée . Il y a une Mme de Chamberlin 3 demeurant rue des Douze-Portes, qui aime passionnément les chiffons ; vous ferez une bien bonne œuvre de lui en envoyer deux . On ne peut se dispenser d'en envoyer trois à M. de Chimène, rue Neuve-des-Bons-Enfants, près du Palais-Royal, attendu qu'il en donnera un à M. d'Autré pour lui faire entendre raison . Vous êtes prié d'en faire tenir un par la poste à M. le marquis d'Argence au château de Dirac par Angoulême . Il y en aura pour vos amis, pour les Le Clerc de Montmercy, pour tous les adeptes . M. d'Argental doit avoir certainement deux paquets que vous devez partager, et ces deux paquets sont curieux . Ils sont d'une seconde fabrique, et on en fait actuellement une troisième . Ce sont des étoffes qui deviennent fort à la mode . Je vois que le goût se perfectionne de jour en jour ; ce n'est peut-être pas en fait de tragédies . Il ne m'appartient pas d’en parler ; il y aurait à moi de la mauvaise grâce ; mais vous me feriez plaisir de m'instruire des sentiments du public que vous avez sans doute recueillis . Quelquefois ce public aime à briser les statues qu'il a élevées ; et les yeux se fâchent du plaisir qu'ont eu les oreilles .

Je me recommande à vos prières dans ce saint temps de Pâques, et à celles de nos frères . Je vous avais prié de me dire si Helvétius est à Berlin . Pour frère Protagoras il devait bien s'attendre que le libraire maître de son manuscrit, en disposerait selon son bon plaisir, qu'il en donnerait à ses amis, et que ces amis pourraient en apporter à Paris . Mon ami Cideville a gardé le secret, et n’en a parlé à personne qu'à Protagoras lui-même . Le livre d'ailleurs ne peut faire qu'un très grand effet ; et l'auteur jouira de sa gloire sans rien risquer .

Continuez, mon cher et digne frère, à faire aimer la vérité . C'est à elle que je dois votre amitié, elle m'en est plus chère, et je mourrai attaché à vous et à elle .

Écr l'inf . »

1 L'édition de Kehl omet la fin du premier paragraphe à partir de On pourrait engager …, et la formule finale .

2 Ces « chiffons » ne sont pas les exemplaires d'une nouvelle édition du Catéchisme de l'honnête homme comme le pensait Beuchot, mais une édition du Dictionnaire philosophique . Pour M. Delahaye, voir lettre du 27 mars 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/02/la-reine-a-bu-dit-on-a-sa-sante-mais-ne-lui-a-point-donne-de-quoi-boire.html

3 Cette « Mme de Chamberlin » a écrit à V* le 30 janvier 1765 une lettre très admirative, lui disant entre autres : « [… ] vous dont la Zaïre a fait couler de mes yeux les premières larmes de tendresse qui soient sorties de mon cœur, vous par qui j'ai connu l'amour, êtes-vous insensible à ma peine […] ? » . Elle d plaignait que son libraire voulût lui vendre cinq louis le Dictionnaire philosophique, d’où l’attention que V* a pour elle de lui en faire parvenir un exemplaire .

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09/07/2020 | Lien permanent

toute la fortune de Genève consiste dans l'argent qu'elle a tiré de la France en faisant la contrebande, en contrefaisan

... Refuge des fraudeurs fiscaux peut être ajouté à cette liste pour l'actualiser; dans ce pays neutre où l'argent n'a pas d'odeur, il est de bon ton  d'accueillir volontiers ce produit migrateur qui niche en d'innombrables banques . C'EST TOUT BOOON !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14è octobre 1765 1

J'adresse cette lettre en droiture à celui de mes anges qui va à Fontainebleau et à tous les deux s'ils y vont tous deux . Je leur certifie d'abord que j'ai fait mettre à la poste de Lyon l'Adélaïde dont Roscius Lekain paraissait si pressé . Cette voie lui épargnera tout juste la moitié des frais . La petite préface est jointe à la pièce corrigée . On a tâché de suivre en tout les idées des anges ; et il est à souhaiter qu'on joue la pièce à Fontainebleau, conformément à cette leçon .

Dieu merci, le petit ex-jésuite a du temps pour faire battre Auguste et Julie à coups de langue, pour qu'ils donnent chacun leur reste de quatrain en quatrain, et de vers en vers, si faire se peut . Mais il faut être inspiré pour cela, on ne se donne pas l'inspiration . Nous avons une édition in-4° à conduire, et tous nos ouvrages à corriger pour ne pas mourir intestat . Cette besogne absorbe le temps, fatigue l'âme et lui ôte tout son enthousiasme .

Je suis toujours à vos pieds pour mes dîmes, et quelque chose qui arrive je ne sens que l'obligation que je vous aurai . C'en est une très grande de vous devoir l’amitié de M. Hennin . Il trouvera les affaires un peu brouillées, et de toutes les brouilleries c'est sans doute la moins intéressante ; car il importe peu pour la France que Genève soit aristocratique ou démocratique 2. Je vous avoue que je penche à présent pour la démocratie , malgré mes anciens principes, parce qu'il me semble que les magnates ont eu tort dans plusieurs points ; un de ces torts des plus inexcusables, est l’affaire de l'impératrice de Russie 3. Les magnates, avec qui je me trouve lié pour mes dîmes ont depuis quelque temps des façons que la République romaine aurait avouées ; elle n'a pas rendu le moindre petit honneur à M. le duc de Randan 4, gouverneur de la province voisine, qui est venu voir Genève avec vingt officiers du régiment du roi . Les vingt-cinq du Petit Conseil se sont avisés de prendre le titre de nobles seigneurs, la tête leur a tourné comme à M. de Pompignan . Cependant, toute la fortune de Genève consiste dans l'argent qu'elle a tiré de la France en faisant la contrebande, en contrefaisant le sceau de la Compagnie des Indes, et en faisant parfois de la fausse monnaie . Un de leurs grands gains a été de prendre des rentes viagères, et de les mettre sous un nom de baptême commun à toute la famille, de sorte que cinq ou six personnes ont joui l'une après l'autre de la même rente . Monsieur le contrôleur général a été obligé de les forcer à rapporter leurs extraits baptistaires et leurs signatures 5. Quand je vous dirai que cette petite ville a, par tous ces moyens, acquis quatre millions de rente sur la France, vous serez bien étonnés, mais le ministre des Finances est très instruit de toutes ces vérités ; et il ne serait pas mal que le ministre des Affaires étrangères en fût instruit aussi ; mais Dieu nous préserve que ce digne ministre prenne la résolution dont je vous parlais dans ma dernière lettre , j'en serais si fâché que je ne veux point le croire .

Je suis encore persuadé que dans les pays étrangers on fait Mgr le Dauphin beaucoup plus malade qu'il ne l'est . Vous savez à quel point la renommée est exagératrice .

Pour les querelles du parlement et du clergé, je pense bien qu'on n'exagère pas, et j'espère que [...] 6.

1 Le même jour, Recville écrit à Praslin : « L'emprisonnement d'un bourgeois très mauvais sujet dont M. de Voltaire s'était servi pour débiter le second volume du Dictionnaire philosophique, nouvelle production des plus impies, fait remuer certains esprits mauvais par eux-mêmes et qui le deviennent davantage par des conseils pernicieux. »( Ministère des Affaires étrangères, Genève ) . Sur ce « bourgeois » et sur le Dictionnaire philosophique devant les autorités de Genève entre août et octobre 1765, voir Besterman.

2 Les Genevois sont alors divisés en quatre classes : les citoyens ( nés à Genève de citoyens ou de bourgeois ) , les bourgeois ( natifs ou habitants naturalisés ) , les natifs ( nés des habitants ) et les habitants ( étrangers autorisés à résider . Seuls les deux premiers groupes ont des droits politiques et sont favorisés sur le plan économique . Parmi cette minorité privilégiée, un petit groupe de patriciens ( les magnates de V* ) détiennent la réalité du pouvoir . Différentes tentatives ont été faites en 1765 pour modifier ce statut . Les partisans de la démocratisation sont nommés les représentants en raison de la fréquence de leurs représentations ; les conservateurs sont nommés les négatifs .

3 V* manifeste que ses idées politiques sont liées à ses intérêts . Il intervient librement dans les affaires genevoises depuis qu'il n'est plus sur le territoire de la République de Genève .

5 Clairement V* enfonce le clou .

6 Texte limité à quatre pages, le reste de la lettre manque .

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11/02/2021 | Lien permanent

nous mettrons tout cela au net dans un mois

... Soutenir ou non Gégé Depardieu, that's the question . Son comité de soutien me semble être du même tonneau que celui qui est capable de voter pour Trump . Ecoutons ceux et celles qui lui répondent : https://www.bfmtv.com/people/cinema/affaire-depardieu-ang...

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

27 avril 1768

Ma chère nièce, nous ne parlerons point aujourd'hui de M. de Laleu, je vois que tout s'arrangera dans un mois à votre satisfaction et à celle de toute ma famille à qui je fais les plus tendres compliments . Je remercie les deux conseillers des lettres qu'ils m'ont écrites . Il y avait en effet une petite erreur dans le premier mémoire pour M. de Laleu ; je m'en aperçus, et je la corrigeai dans le second mémoire plus détaillé que je vous envoyai ; nous mettrons tout cela au net dans un mois .

Il faut en attendant, que je vous parle du devoir que j'ai rempli à Ferney . Vous savez que je m'en étais déjà acquitté avec vous, et je ne pouvais m'en dispenser lorsque je suis seul à Ferney chargé de la manutention de la terre et de l'édification publique . Je ne sais pas pourquoi l'action du monde la plus simple, et la plus convenable à mon âge a pu paraître singulière . Vous voyez que la calomnie s'attache à tout . Je ne dois sans doute compte à personne de mes sentiments ni des fonctions nécessaires que j'ai remplies ; mais comme vous avez déjà rempli avec moi ces mêmes fonctions, je suis sûr que vous parlerez de cette affaire d'une manière convenable . Ceux qui veulent envenimer les motifs de ma conduite, ceux qui me calomnient, ceux qui m'imputent des ouvrages dont la religion peut s'alarmer, doivent être confondus . Je n'ai, Dieu merci, aucun ouvrage dans ce goût à me reprocher . Je ne m'appelle ni Bolingbroke, ni Fréret, ni Du Marsais, ni Saint-Hyacinthe, ni La Mettrie . Je ne suis ni l'ex-capucin Maubert, ni l'ex-mathurin Laurent, et vous savez, de plus, que nous n'avons jamais lu aucun de ces livres .

L'abbé Adam qui a été quatre ans notre aumônier 1 et qui est encore au château peut rendre un témoignage authentique de ma conduite . Je me trompe beaucoup ou les derniers jours de ma vie ne seront point troublés par les impostures des Frérons et des gens de cette espèce .

Je vous ai mandé sur la terre de Ferney, tout ce que je pouvais vous en dire, elle rapporte certainement fort peu, mais elle peut devenir pour vous une retraite fort agréable lorsque vous serez lasse de Paris . Vous aurez d'ailleurs quelque bien dans ce pays-là, comme la rente de la tontine sur M. de Beaumont, et quelques autres petites rentes .

Le parti que vous prenez de vous loger agréablement près du rempart 2 avec Mme Dupuits vous fera mener une vie fort douce ; vos amis viendront vous voir quand ils sauront qu'on vous trouve chez vous, et en vérité, cette compagnie-là vaut mieux que celle de Gex . Pour moi qui suis entièrement voué à la solitude, et qui passe mes journées entières ou a souffrir ou à travailler, comment pourrais-je contribuer aux agréments de votre vie ? Les jours de tumulte et de fêtes sont passés, et ne reviendront plus . Je me couche à l'heure où vous soupiez ; je me lève à l’heure où vous vous endormiez, enfin je touche à ma soixante-quinzième année avec une santé languissante qui demande le régime et la retraite . Soyez à Paris ma consolation, écrivez-moi quand vous n'aurez rien à faire ; vos lettres me soulagent du fardeau de mes inutiles correspondances .

M. Dupuits est à Châlons avec son régiment . Quand il viendra il trouvera M. Christin qui gouvernera ses affaires . Daumart est toujours dans le même état 3. La Fanchon 4 qui était auprès d'Adélaïde a toujours la fièvre . Le chirurgien la traite et consulte M. Joly 5, nous espérons qu'on la sauvera .

M. Bourcet va donner ses ordres à Versoix 6 . Les coches et les rouliers y arrivent régulièrement . Si on bâtit une ville comme je l'espère, ce sera une raison de plus pour ne point vendre Ferney, ou pour mieux vendre cette terre un jour . J'y achèverai ma vie en vous aimant, et en vous donnant toutes les preuves d'amitié qui seront en mon pouvoir .

N. B. – On n'a fait que rire de La Guerre de Genève ; et en effet, ce n'est qu'une pure plaisanterie qui ne peut déplaire qu'à Vernet et à Jean-Jacques .
Dîtes-moi, je vous en prie, ce que vous pensez de la musique de M. de La Borde, et assurez-le bien de l'intérêt que je prends à sa personne et à son procès 7.

V. »

1 Plus de quatre ans même ; en janvier 1763, le père Adam disait déjà la messe à Ferney ; voir lettre du 18 janvier 1763 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/jean-jacques-fait-des-lacets-dans-son-village-avec-les-monta.html

2 Rue Bergère, près de l'ancien rempart .

3 Petit neveu infirme après accident dont V* s'occupe depuis 1757 . Voir lettre du 7 septembre 1760 à Th. Tronchin : et du 9 mai 1764 à Mme Du Deffand :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/je-crois-qu-il-est-impossible-d-aimer-veritablement-le-neant.html

4 Fanchon était une des servantes de Mme Denis, restée avec V*.

5 Gaspard Joly, auteur , en collaboration avec Jean-Antoine Cramer, d'une « Lettre […] sur l'inoculation de la petite vérole », Le Nouvelliste suisse , août 1751.Voir : https://www.academia.edu/36328437/_La_bataille_du_si%C3%A..._

6  Le 16 avril, Dupan écrit : « Il est arrivé depuis plusieurs jours un nouvel ingénieur à Versoix, on attend à Gex le 1er mai le bataillon de Cambrésis, et M. Bourcet viendra ensuite donner les derniers ordres pour le port », (Genève , Suppl. 1544 )

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30/12/2023 | Lien permanent

Nous avons plus besoin de charrues que de montres

tous nos cultivateurs seront bientôt des horlogers employés par Genève " : ou des fonctionnaires internationaux ! Le pays de Gex, que Volti ne pourrait reconnaitre, voit ses terres agricoles fondre comme neige au four, et depuis plus de cinquante ans est un vivier de travailleurs transfrontaliers . Nul arrêt ne peut être promulgué pour empècher cette évolution . Comme me l'a dit avec humour un jeune paysan (quarante ans !) : "vous verrez, dans quelques années il y aura des bus de touristes pour voir les derniers paysans, comme on va voir les Indiens dans leurs réserves aux USA !"

Nous n'en viendrons pas aux extrémités envisagées par Volti et Fabry .

Qui va nous nourrir ? Rolex, l'ONU, l'UBS ?

 

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 http://www.deezer.com/listen-3371778

 

 

« A Jean-François Dufour de Villeneuve 1


A Ferney 10 avril 1764

 

Monsieur,

Il y a longtemps qu'on m'avait remis ce mémoire 2 pour vous être présenté dans un voyage que je devais faire à Dijon . Les maladies dont je suis accablé ne m'ayant pas permis de vous faire ma cour , je remplis au moins les vœux de notre petite province en vous adressant ses supplications ; il n'est que trop vrai que l'abus dont on se plaint est très préjudiciable, et que tous nos cultivateurs seront bientôt des horlogers employés par Genève . Nous avons plus besoin de charrues que de montres ; et c'est ici le cas où le nécessaire doit l'emporter sur le superflu . Pour moi, Monsieur, je me borne uniquement à espérer votre protection pour notre pauvre petit pays . Je ne doute pas que si vous voulez bien représenter au Conseil l'état où nous sommes vous en fassiez rendre un arrêt qui défende aux paysans de quitter la culture des terres pour servir les horlogers de Genève . Nous attendons tout de votre sagesse et de votre bienveillance .

 

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect

Monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire »

 

1   Lieutenant civil au Châtelet de Paris, maître des requêtes .         Page 158 : http://books.google.fr/books?id=uG9BAAAAcAAJ&pg=PA158...

2   La « requête des états du pays de Gex pour faire défense aux habitants du pays de quitter la culture des terres » . V* avait invité Louis-Gaspard Fabry, maire et subdélégué de Gex à venir mettre au point le mémoire avec lui .

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09/04/2011 | Lien permanent

Une femme, quand elle est jolie, est mieux coiffée pour un écu qu'une laide pour mille pistoles.

...Ce que vous confirmeront les coiffeurs et coiffeuses (voyez comme on peut être politiquement correct , je respecte la parité! ) qui sont aux pièces en cette période de fête où le paraitre est diablement important ; les laides verront l'aimable sourire des designers capilliculteurs qui touchent alors le jack pot .

coiffure.jpg

Illumination après un passage dans la crèche !

 

« A M. le marquis Francesco- Albergati CAPACELLI 1

Aux Délices, 4 décembre [1758].

Monsieur, benedetto sia il cielo che vi a inspirato il gusto del più divino trastullo, che e valenti uomini e le virtuose done passano godere, quando sono più di due insieme 2. Vous vous adressez 3 tout juste à un homme qui ne rougit point, à son âge, de jouer encore la comédie avec ses amis. Nous avons à Lausanne un très-joli théâtre j'en fais bâtir un à une terre 4 que j'ai en France, à quelques lieues de la campagne où je suis à présent ; mais nous nous gardons bien mes amis et moi de nous habiller à la française quand nous sommes grecs ou persans . Il faut pourtant vous épargner des frais, et voici comme on peut s'y prendre . 1° une cuirasse de carton peinte, au lieu de veste, la cuirasse peut coûter trois paoles, et une veste pourrait coûter vint sequins . 2° un casque de carton qui peut coûter encore trois paoles, au lieu d'un chapeau qui est plus cher . 3° un brodequin à la jambe, composé d'un ruban qui peut coûter un ou deux paoles 5.

Les femmes se mettent comme elles veulent, sans beaucoup de dépense; surtout point de cornettes; un petit diadème de perles fausses, quelques rubans, des boucles, ou un petit bonnet. Une femme, quand elle est jolie, est mieux coiffée pour un écu qu'une laide pour mille pistoles.

Questo sia detto per i viventi; vengo adesso a i morti 6.

Quand j'ai fait jouer Sémiramis, j'ai fait placer l'ombre dans un coin, au fond du théâtre elle montait par une estrade, sans qu'on la vît monter; elle était entourée d'une gaze noire,7 tout dépend de la manière dont sont placées les lumières. Cela fait un terrible effet, quand tout est bien disposé, car

Segnius irritant animos demissa per aurem,

Quam quae sunt oculis subjecta fidelibus.8

Vous me demandez, monsieur, si on doit entendre, au premier acte, les gémissements de l'ombre de Ninus; je vous répondrai que, sans doute, on les entendrait sur un théâtre grec ou romain mais je n'ai pas osé le risquer sur la scène de Paris, qui est plus remplie de petits-maîtres français, à talons rouges 9, que de héros antiques. Je ne conseillerais pas non plus qu'on hasardât cette nouveauté sur un petit théâtre resserré, qui ne laisse pas de place à l'illusion.

Le grand prêtre Oroès ne donne point l'épée de Ninus à Arsace, dans le premier acte; il la lui donne dans le quatrième. Je sauvai à l'acteur l'embarras de ceindre une épée et d'ôter la sienne, en le faisant venir sans épée sur le théâtre.

Le tonnerre est aisément imité par le bruit d'une ou deux roues dentelées qu'on fait mouvoir derrière la scène sur des planches; les éclairs se forment avec un peu d'orcanson 10.

Voilà, monsieur, tout ce que je peux répondre aux questions que vous avez bien voulu me faire; mais je ne pourrais jamais répondre dignement à l'honneur que je reçois de vous, ni vous exprimer assez les sentiments que je vous dois.

Je crois que vous voyez M. Algaroti ; oserai-je  lui présenter ici mes obéissances, aussi bien qu'à toute votre société ?

J'ai l'honneur d'être, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi »11 

1Albergati en envoyant les copies des lettres de V* à l'édition de Kehl les fit précéder d'une note dans laquelle il expliquait que cette relation épistolaire avait pris naissance lorsqu'il avait écrit à V* pour lui demander des conseils sur la , représentation de Sémiramis non encore jouée en Italie, qu'il projetait de faire sur son théâtre de campagne . Il précisait aussi que les lettres envoyées ne représentaient pas l a totalité de la correspondance échangée . Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Biographie_universelle_ancienne_et_moderne/1re_%C3%A9d.,_1811/Albergati-Capacelli_%28le_marquis_Fran%C3%A7ois%29

2 Béni soit le ciel qui vous a inspiré du goût pour le divertissement le plus divin dont les hommes de valeur et les femmes vertueuses puissent tirer du plaisir quand ils sont plus de deux ensemble .

3 Dans la lettre initiale d''Albergati du 22 novembre 1758 .

4 A Tournay .

5 Depuis « mais nous nous gardons bien », la fin du paragraphe manque dans les autres éditions . La paole (en italien , paolo) était une monnaie des États pontificaux valant un peu moins d'une livre de France .

6 Cela soit dit pour les vivants, j'en viens maintenant aux morts .

7 Noire est ajouté de la main de Voltaire au dessus de la ligne .

8 L'esprit est moins vivement touché par ce qui lui est transmis par l'oreille que par ce qui lui est présenté par les yeux fidèles .

9 Ils disparurent en 1759, grâce au comte de Lauraguais; voir page 405 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113219/f407.image

10 En citant cet exemple, Littré suggère qu'il y a ici une faute d’impression pour arcanson . Mais le mot revient sous cette forme dans une lettre à Bordeaux du 4 septembre 1763 . Définition d'arcanson selon Littré : « Galipot [résidu de térébenthine] liquéfié dans des chaudières, filtré et coulé dans des moules creusés au milieu du sable, pour lui donner la forme de pains . » De nos jour on le nomme colophane .

11 Depuis « je crois ... » la fin manque dans toutes les éditions .

 

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20/12/2013 | Lien permanent

Ne soyez ni paresseux ni tiède . Écrasez l’infâme tant que vous pourrez, et que Dieu vous le rende

... Je suis bien d'accord sur cette injonction, au détail près ,  pour moi : que Dieu reste où il est supposé être selon certains .

 Résultat de recherche d'images pour "ne soyez pas paresseux humour"

Paroles d'experts ! C'est fou le nombre de gens qui se sont sentis concernés quand les "fainéants " ont été évoqués récemment ; "qui se sent morveux se mouche" comme disait belle-maman ! (Beau-papa avait une version plus rude de ce dicton .)

http://www.lamontagne.fr/paris/loisirs/television-medias/...

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

pour mon frère Thieriot

mille compliments à mon frère Damilaville

8 novembre [1762] 1

Mon frère vous pouvez avoir eu des convulsions à Paris , mais sûrement vous n'êtes pas devenu convulsionnaire . Je me flatte qu'à présent votre corps se porte aussi bien que votre âme .

Les lettres de Henri IV que vous m'envoyez sont conformes à mon manuscrit . Elles sont très curieuses et figureront à merveille dans l'histoire de ce monde .

Le plat libelle contre cette histoire ne ressemble guère à un docteur de Sorbonne . Il a tout l'air d'un Patouillet 2 et d'un Caveirac 3. Comment ce Culture aurait-il imprimé sa guenille à Avignon ? Comment un sorbonniqueur 4 aurait-il pris le parti du jésuite Daniel ? En tout cas si on lit le libelle, tout ce qui concerne les faits mérite réponse et elle est faite . Si on ne le lit pas ma réponse est inutile .

Nous avons joué Le Droit du seigneur, et très bien, et en bonne compagnie . Vous devriez vous remuer, si vous pouvez, pour le faire jouer à Paris . Je voudrais que vous m'eussiez vu faire le bailli, et le prêtre car j'ai été hiérophante dans Olympie . Cette dernière pièce m'a plus coûté à faire qu'à jouer et l'ouvrage de six jours est devenu l'ouvrage d'une année entière . On la représentera à Paris quand M. d'Argental le décidera : je ne suis pas pressé .

Les Cramer impriment à présent le second volume de Pierre le Grand sans oublier Pierre Corneille . Je vous dis toutes les nouvelles de l'école . S'il y en a de Paris souvenez-vous de votre frère . Mme Denis et Cornélie Chiffon vous font mille compliments .

Je vous prie instamment de m'envoyer une note des petits déboursés que mon frère Damilaville a bien voulu faire pour moi . Je me flatte que Dieu vous a fait la grâce de placer en bonnes mains les choses édifiantes dont vous étiez chargé en partant du pays des infidèles . Ne soyez ni paresseux ni tiède . Écrasez l’infâme tant que vous pourrez, et que Dieu vous le rende .

V. »

1 L'édition Pièces inédites donne une version incomplète, peu soignée et datée en outre de 1763, suivie par toutes les éditions, alors que toutes les allusions convergent vers 1762 . Thieriot de retour à Paris écrit à V* le 1er novembre : « Enfin je sors non triomphant, mais fort abattu d'un paroxysme d'asthme convulsif le plus violent que j'ai éprouvé […] J'avais fait mes deux portions de voyage également bien heureusement et je suis arrivé, moyennant les six louis de viatique que M. Camp m'a remis, sans délier ma bourse, grâce à la vôtre . Enfin je respire pour vous remercier du songe enchanteur et délicieux dans lequel vous m'avez bercé depuis cinq mois […] J'ai retrouvé dans mes collections les lettres d'Henri IV à Catherine d'Andouin que j'avais copiées au haras du roi en basse Normandie en 1750 . Je ne m'en trouve que sept, et il me semble que vous en avez une ou deux de plus […] Il m'a été demandé avec instance à Lyon par une multitude d'honnêtes gens des mémoires d'Elie de Beaumont et de Mariette qu'on voudrait acheter […] L'auteur de cet infâme libelle [les Erreurs de Voltaire ? mais on a vu que c'était Nonnotte] est un docteur de Sorbonne fort ignoré et fort méprisé des siens, il s'appelle de La Culture […] . »

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6309263x

2 Louis Patouillet est l'auteur de l'Apologie de Cartouche, parue aussi sous le titre Cartouche ou le Scélérat justifié par la grâce du père Quesnel, 1731 . Voir : https://books.google.fr/books?id=XEdaAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/624-louis-patouillet

et : http://data.bnf.fr/11997761/louis_patouillet/

4 Ce mot a déjà été employé par V* .

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30/09/2017 | Lien permanent

Je maudis Ferney quatre mois de l'année au moins, mais je ne puis le quitter, je suis enchaîné à ma colonie.

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

19è janvier 1771

 

Mon cher ange,j'ai dit au jeune homme i que la fin de son deuxième acte était froide, et je l'en ai fait convenir. C'est une chose fort plaisante que la docilité de cet enfant. Il s'est mis sur la champ à faire un nouvel acte. Je vous l'enverrais aujourd'hui s'il ne travaillait pas les autres.

 

Quand je vous dis que vous n'avez rien perdu ii, j'entends que vous conservez votre place, votre belle maison de Paris, et que vous allez au spectacle tant qu'il vous plait. Pour moi, je vous ai donné des spectacles, et je ne les ai point vus. J'ai établi une colonie, et je crains bien qu'elle ne soit détruite iii. Les fermiers généraux la persécutent, personne ne la soutiendra. Je ne suis pas même à portée de solliciter la restitution de mon propre bien qu'on s'est avisé de me prendre sans aucune forme de procès iv. Voilà comme j'entends que je perds, et malheureusement je perds aussi la vue. Je suis enseveli dans les neiges qui m'ont arraché les yeux par l'âcreté de l'air qu'elles apportent avec elles. Je maudis Ferney quatre mois de l'année au moins, mais je ne puis le quitter, je suis enchaîné à ma colonie.

 

J'ai bien envie de vous envoyer pour votre amusement une grande lettre en vers que j'ai écrite au roi de Dannemark sur la liberté de la presse qu'il a donnée dans tout son royaume v: bel exemple que nous sommes bien loin de suivre. Vous l'aurez dans quelques jours ; on ne peut pas tout faire à la fois surtout quand on souffre.

 

Je vous prie de vouloir bien me mander s'il est vrai qu'un homme de considération qui écrivit le 23è décembre à un de ses anciens amis vi, lui manda qu'il l'aurait envoyé voyager plus loin sans madame sa femme qui est fort délicate.

 

Au reste, cette dame a encore plus de délicatesse dans l'esprit que dans la figure, et à cette délicatesse se joint une grandeur d'âme singulière qui n'est égalée que par la bonté de son cœur.

 

Est-il vrai, comme on le dit, que monsieur et madame sont endettés de deux millions vii?

 

Est-il vrai qu'on leur ait offert douze cent mille francs le jour de leur départ viii?

 

Reçoivent-ils des visites ? Comment se porte votre ami de trente-cinq ans ix? Son séjour est bien beau, mais il est bien triste en hiver.

 

Pouvez-vous me dire ce que devient M. de La Ponce x? Vous me direz que je suis un grand questionneur mais vous répondrez ce qu'il vous plaira, on ne vous force à rien.

 

Conservez votre santé, mes deux anges; c'est là le grand point . Je sens ce que c'est que de n'en avoir point ; c'est être damné au pied de la lettre . Je mets ma misère à l'ombre de vos ailes.

 

V. »

 

 

ii Consécutivement à la disgrâce de Choiseul.

 

iii V* dit que Choiseul avait promis d'exempter sa colonie d'impôts ; cf. lettre du 22 juin 1770 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/24/q...

ou page 96 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80040v/f101.image.p...

 

 

iv Rappel de l'argent des rescriptions que les édits de l'abbé Terray lui ont fait perdre.

 

v Epître au roi de Danemark Christian VII sur la liberté de la presse accordée dans tous ses Etats.

http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtre_109

 

vi Etienne-François de Choiseul, comte de Stainville, puis duc de Choiseul, avait reçu l'ordre du roi de se retirer à Chanteloup jusqu'à nouvel ordre .http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Fran%C3%A7ois_d...

 

vii Ce qui est vrai .

 

viii  Le roi ayant accordé trois millions à Choiseul pour payer ses dettes, cette somme ne fut jamais versée.

 

ix César-Gabriel de Choiseul-Chevigny , marquis de Choiseul, puis duc de Praslin exilé à Praslin.

 

x Secrétaire du duc E.-F. de Choiseul .

 

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19/01/2011 | Lien permanent

la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite

... Comme disait le grand Jacques "Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire
Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant", ce qui bien sûr n'ajoute aucune valeur aux deux protagonistes , et le "derrière d'un jeune jésuite" ne regarde ni le pape et ni ses subordonnés .

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https://www.youtube.com/watch?v=KNBzzjHs8vc 

 

 

« A Ladouz

4è janvier 1764 1

Monsieur,

Vous avez écrit trois lettres à M. de Voltaire signées Ladouz à l'hôtel des Asturies rue du Sépulcre . Vous lui dites dans ces trois lettres que vous avez été secrétaire du célèbre Lefranc de Pompignan, que vous n'avez plus le bonheur d'être à lui, et qu'il vous a renvoyé parce qu'il vous soupçonnait d'avoir fourni à M. de Voltaire des mémoires contre lui .

Vous demandiez à M. de Voltaire une attestation qui détruisît cette calomnie, il vous répondit qu'il ne vous connaissait pas, que vous ne le connaissiez pas, et qu'on ne lui avait jamais envoyé d'autres mémoires contre M. Lefranc de Pompignan que ses propres ouvrages . Il me charge, étant vieux et malade, et presque aveugle, de vous répéter la même chose de sa part .

Voici tout ce qu'il connaît de M. Lefranc de Pompignan.

1° D'assez mauvais vers.

2° Son discours à l'Académie 2 dans lequel il insulte tous les gens de lettres .

3° Un mémoire au roi 3 dans lequel il dit à Sa Majesté qu'il a une belle bibliothèque à Pompignan-les-Montauban.

4° La description d'une belle fête qu'il donna dans Pompignan, de la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite, accompagné des bourdons du pays, et d'un grand repas de vingt-six couverts dont il a été parlé dans toute la province 4.

5° Un beau sermon de sa composition 5, dans lequel il dit qu'il est avec les étoiles dans le firmament, tandis que les prédicateurs de Paris, et tous les gens de lettres, sont à ses pieds dans la fange .

Mon maître a appris aussi que M. Lefranc de Pompignan se comparait à Moïse (quoiqu'il soit noyé) et que monsieur son frère l'évêque était Aaron 6; il leur en fait ses compliments .

Il a entendu parler aussi d'une pastorale de monseigneur l'évêque, adressée aux habitants du Puy-en-Velay par Mgr Cortiat secrétaire 7. On lui a mandé que dans cette pastorale il est question d’Aristophane, de Diagoras, du Dictionnaire encyclopédique, de Fontenelle, de La Mothe, de Perrault, de Terrasson, de Boindin, du chancelier Bacon, de Descartes, de Malebranche, de Loke, de Neuton, de Leibnitz, etc., etc.

Nous félicitons messieurs du Puy-en-Velay d’avoir lu les ouvrages de tous ces messieurs . Tel pasteur, telles brebis . Mais mon maître n'entre dans aucune de ces querelles scientifiques . Il cultive la terre avec bien de la peine, et laisse les grands hommes éclairer leur siècle .

Vous lui mandez que Mgr l'évêque d'Alès 8 veut vous prendre pour secrétaire, en cas que vous ayez une attestation en bonne forme que vous n'avez point trahi les secrets de M. Lefranc de Pompignan . Il vous envoie cette attestation, et il se flatte que quand vous serez avec M. d'Alès vous ne ressemblerez pas à M. Cortiat secrétaire .

P.-S. – Je vous demande pardon monsieur . J'oubliais dans les ouvrages de M. Lefranc de Pompignan La Prière du déiste qu'il a traduite de l'anglais 9. »

1 Edition Lettre / du secrétaire / de M. de Voltaire./ 1764, 7 pages qui comporte le post scriptum, absent du manuscrit Wagnière . Quoique Wagnière prétende : « Il est très vrai que, de l'avis de M. de Voltaire, j’écrivis cette lettre en réponse à celle qu'il avait reçue du secrétaire de M. de Pompignan, à qui il ne voulut pas répondre . Je n'avais ni le génie ni l'esprit de mon maître pour faire mieux . »/ , il est certain que cette lettre émane de Voltaire . C'est pourquoi il convient de la présenter ici .

4 Allusion à la « Lettre au sujet de la bénédiction de l'église de Pompignan », de Pompignan en appendice au Discours prononcé dans l'église de Pompignan, le jour de sa bénédiction, de François Philippe de Laurens de Reyrac (Villefranche-de-Rouergue, 1762 ,

voir:https://books.google.fr/books?id=37s5AAAAcAAJ&pg=PA29&lpg=PA29&dq=Lettre+au+sujet+de+la+b%C3%A9n%C3%A9diction+de+l%27%C3%A9glise+de+Pompignan%C2%A0+pompignan&source=bl&ots=yGXAu1W7Pr&sig=AgOdc_xiRKDSTaX8CQwioTPY0Sw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiw6Nywqt_fAhUQtRoKHWS1CPAQ6AEwBHoECAYQAQ#v=onepage&q=Lettre%20au%20sujet%20de%20la%20b%C3%A9n%C3%A9diction%20de%20l'%C3%A9glise%20de%20Pompignan%C2%A0%20pompignan&f=false ).

5 Ce sermon n'est pas de Pompignan ; voir lettre du 9 février 1763 à Mme d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/je-ne-peux-rendre-ni-les-hommes-ni-les-filles-raisonnables.html

6 A nouveau, il ne s'agit pas de propos tenus par Pompignan mais par Dupré de Saint-Maur qui le recevant à l'académie , compara les deux Pompignan à « deux frères , qui furent consacrés l'un comme juge, l'autre comme pontife, pour opérer des miracles dans Israël » ; voir les Discours prononcés dans l'Académie française le lundi 10 mars MDCCLX à la réception de M. Lefranc de Pompignan . Voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

et : http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

9 Lefranc de Pompignan a publié la « Prière universelle, traduite de l'anglais de M. Pope, par l’auteur de la tragédie de Didon et du Discours sur l'intérêt public », 1740, réimprimée en 1760 par Morellet avec un commentaire ironique . Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=lEH3Nt34NyIC&pg=PA13&lpg=PA13&dq=Discours+sur+l%27int%C3%A9r%C3%AAt+public+pompignan&source=bl&ots=ulDnLdho1n&sig=-NIwPdQ0kSW0cZsBs1ki6MFFseA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwifzrekr9_fAhUOCxoKHQ3WDzUQ6AEwAnoECAMQAQ#v=onepage&q=Discours%20sur%20l'int%C3%A9r%C3%AAt%20public%20pompignan&f=false

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09/01/2019 | Lien permanent

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