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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Toute cette bêtise m'est très-agréable, parce qu'elle me fait connaître tout le prix d'un cœur comme le vôtre

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« A Élie BERTRAND.
A Tournay, par Genève, [vers le 28 février 1759].
J'allais écrire à mon cher philosophe, dont la courageuse amitié m'est si précieuse ; j'allais le prier de m'envoyer par le coche quelque chose de sa façon, sur l'histoire naturelle, pour l'Académie de Lyon 1, qui vient enfin d'être renouvelée, et qui a pris une meilleure forme et plus digne de lui. Je le supplie avec instance de ne pas tarder un moment ; je n'en ai qu'un pour lui répondre. Voici un Mémoire dont j'envoie quatre copies à Berne ; je vous prie de donner la cinquième à M. de Freudenrik, dont la bonté et la justice ne seront pas subjuguées par la faction de Grasset et de Darnay, qui remuent ciel et terre.
J'écris à M. de Vermont 2. Toute cette bêtise m'est très-agréable, parce qu'elle me fait connaître tout le prix d'un cœur comme le vôtre.
Je suis bien fâché de ne savoir les noms que de deux curateurs.
Mettez-moi bien avant dans le cœur du vertueux M. de Freydenrik, car il est dans le mien à côté d'Aristide.
Je savais bien que Haller protégeait le Grasset ; j'en ai rougi pour lui, et je lui ai écrit de quoi le faire rougir 3.
Allamand m'écrit que tous les pasteurs de Vevay désavouent le libelle daté de Vevay. Nouvelle raison pour la suppression.
V. »

1 Jusqu'en 1758, deux académies existaient à Lyon, celle des sciences et belles lettres et celle des beaux arts ; elles furent réunies en 1758 .

2 Chargé d'affaires français auprès du Corps helvétique en l'absence de l'ambassadeur, spécialement au cours de la période allant du 16 octobre 1758 au 29 mai 1759 .

3 C'est la lettre du 26 février 1759 à Haller ; «  Permettez-moi donc du moins d'agir lorsqu'on m'outrage d'une façon dangereuse, comme vous en avez usé, quand on vous offensa d'une façon qui n'était qu'extravagante . » http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/26/je-ne-perds-pas-plus-le-repos-dans-cette-petite-affaire-que.html

 

 

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02/04/2014 | Lien permanent

Je n’approuve point qu’une abeille qui travaille soit obligée de partager son miel et sa cire avec des animaux oisifs

 

 

 

« A Jean-François Marmontel

Aux Délices le 16 mai 1758

Digne Cakouac,[d’après le mot grec kakos = méchant ; cacouac, déjà employé dans le Mercure d’octobre 1757 ; terme employé dans une satire allégorique des jésuites pour étoffer un écrit périodique Le religion vengée ; cf. lettre à d‘Alembert 8 janvier 1758] fils de Cakouac [#1], fili mi dilecte in quo bene complacui,[mon fils chéri, en qui j’ai mis ma complaisance] grâces vous soient rendues pour vous être souvenu de moi dans votre planète de Mercure,[le Mercure de France qu’il dirigera de 1758 à janvier 1760] quoique je ne sois plus de ce monde. J’apprends que votre bénéfice qui n’est pas simple est pourtant chargé de grosses pensions. (Je n’approuve point qu’une abeille qui travaille soit obligée de partager son miel et sa cire avec des animaux oisifs.[Piron, Crébillon père et une dizaine d‘autres écrivains avaient reçu des pensions assignées sur le Mercure]) Il y a plus de quinze ans que je n’ai lu aucun Mercure. Mais je vais lire tous ceux qui paraitront. Je vous prie de me faire inscrire parmi les souscrivants. Quand vous n’aurez plus rien de nouveau, je pourrai vous fournir quelque sottise qui ne paraitra pas sous mon nom et qui servira à remplir le volume. Je vous embrasse de tout mon cœur, et je me réjouis avec le public de ce qu’un ouvrage si longtemps décrié [la copie de la BN porte « désiré » et n’a pas la parenthèse précédente] est enfin tombé entre les mains d’un véritable homme d’esprit et d’un philosophe capable de le relever et d’en faire un très bon journal.

Adieu, nos Délices vous font mille compliments.

Le Suisse V. »

 

#1 Le 27 novembre 1757, Thiriot a annoncé à V* que les jésuites vont publier « un écrit périodique intitulé La religion vengée », où ils devaient attaquer entre autres, d ’Alembert et Diderot et qu’ils faisaient « précéder … d’une satire allégorique … dans laquelle ils (les) appellent des Kakouaks … ». Dans le Mercure d’octobre 1757, un premier mémoire nommé Avis utile cite déjà « cacouac », monstre ayant sous la langue une poche de poison distillé à chaque mot.
Jacob-Nicolas Moreau a publié en décembre 1757 un Nouveau Mémoire pour servir à l’histoire des cacouacs.

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16/05/2010 | Lien permanent

Par là ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution 

... Tel est le sentiment que j'ai à l'écoute des syndicats appelant à la grève , vrais Caliméros "ô c'est trop inzuste !" et Satanas, tout à tour . Je n'y vois rien de constructif .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

19 d'octobre [1764]

Non, vous ne brairez point, mon cher et grand philosophe, mais vous frapperez rudement les Welches, qui braient 1. Je vous défie d’être plus indigné que moi de la maligne insolence de ces malheureux, qui, dans leurs lettres sur l’Encyclopédie 2, vous ont attaqué si mal à propos si indignement et si mal. Je voudrais bien savoir le nom de ces ennemis du sens commun et de la probité. Ils sont assez lâches pour réimprimer à la fin de leur livre les arrêts du conseil contre l’Encyclopédie. Par là ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution ; et, s’ils étaient les maîtres, il est sûr qu’ils verseraient le sang des philosophes sur les échafauds.

Vous souvenez-vous en quels termes s’exprima Omer dans son réquisitoire ? On l’aurait pris pour l’avocat-général de Dioclétien et de Galérius : on n’a jamais joint tant de violence à tant de sottises. Il prétendait que, s’il n’y avait pas de venin dans certains articles de l’Encyclopédie, il y en aurait sûrement dans les articles qui n’étaient pas encore faits . Les renvois indiquaient visiblement les impiétés des derniers volumes ; au mot Arithmétique, voyez Fraction ; au mot Astre, voyez Lune ; il était clair qu’aux mots Lune et Fraction la religion chrétienne serait renversée : voilà la logique d’Omer.

Votre intérêt, celui de la vérité, celui de vos frères, ne demande-t-il pas que vous mettiez dans tout leur jour ces turpitudes, et que vous fassiez rougir notre siècle en l’éclairant ?

Il vous serait bien aisé de faire quelque bon ouvrage sur des points de philosophie intéressants par eux-mêmes, et qui n’auraient point l’air d’être une apologie ; car vous êtes au-dessus d’une apologie. Vous exposeriez au public l’infamie de ces persécuteurs ; vous ne mettriez point votre nom, mais ils sentiraient votre main, et ils ne s’en relèveraient pas. Permettez-moi de vous parler encore de ce Dictionnaire portatif ; je sais bien qu’il y en a peu d’exemplaires à Paris, et qu’ils ne sont guère qu’entre les mains des adeptes. J’ai empêché jusqu’ici qu’il n’en entrât davantage, et qu’on ne le réimprimât à Rouen ; mais je ne pourrai pas l’empêcher toujours. On le réimprime en Hollande. Vous me demandez pourquoi je m’inquiète tant sur un livre auquel je n’ai nulle part : c’est qu’on me l’attribue, c’est que par ordre du roi le procureur-général prépare actuellement un réquisitoire ; c’est qu’à l’âge de soixante et onze ans, malade, et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente ; c’est qu’enfin je ne veux pas mourir martyr d’un livre que je n’ai pas fait. J’ai la preuve en main que M. Polier, premier pasteur de Lausanne, est l’auteur de l’article Messie ; ainsi c’est la pure vérité que ce livre est de 3 plusieurs mains, et que c’est un recueil fait par un libraire ignorant.

Par quelle cruauté a-t-on fait courir sous mon nom, dans Paris, quelques lignes de cet ouvrage ? Enfin, mon cher maître, je vous remercie tendrement d’élever votre belle voix contre celle des méchants. Je vous avertis que je serais très fâché de mourir sans vous revoir.

N.B. – Un abbé d’Estrées 4, jadis confrère de Fréron, a donné un Portatif au procureur-général. »

1 D'Alembert concluait sa lettre du 10 octobre 1764 par :  « Adieu, mon cher confrère, soyez tranquille, comptez que je vais braire comme un âne ... » , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-33.html

2 Lettres sur l’Encyclopédie, pour servir de supplément aux sept volumes de ce dictionnaire (par l’abbé Saas). L’Encyclopédie, comme on l’a vu, avait été arrêtée au septième volume. (Georges .Avenel.)

3Ce de est omis dans l'édition Besterman .

4 Jacques Destrées, dont parle V* dans les Honnêtetés littéraires, XVIII 

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04/12/2019 | Lien permanent

j'ai toujours détesté et méprisé des monstres noirs et insolents, ennemis de la raison et du roi

A tous ceux que certains mariages princiers à venir intéressent et qui se demandent pourquoi ceux-là ont choisi de  s'unir, Volti donne cette réponse ( à mettre au pluriel) : "Ce mariage-là n'est pas tout à fait selon les canons, mais il est selon la nature dont les lois sont plus anciennes que le concile de Trente . "

http://www.deezer.com/listen-5189118

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

1er avril 1772

 

Mon cher ange a sans doute reçu la lettre écrite au quinque i, et je ne puis rien ajouter au verbiage de M. du Roncel ii. Vraiment je vous enverrai tant de neuvièmes iii que vous voudrez, mais comment, et par où ? Les clameurs commencent à s'élever iv, et il y a des personnes qui n'osent pas voyager . Si vous ne trouvez pas une voie, vous qui habitez la superbe ville de Paris, comment voulez-vous que j'en trouve, moi qui suis chez les antipodes dans un désert entouré de précipices ?

 

Vous m'avez ôté un poids de quatre cents livres qui pesait sur mon cœur, en me disant que M. d'Albe v avait toujours de la bonté pour moi . Mais ce n'est pas assez, et je mourrai certainement d'une apoplexie foudroyante s'il n'est pas persuadé de mon inviolable attachement, et de la reconnaissance la plus vive que ce cœur oppressé lui conserve . L'idée qu'il en peut douter me désespère . Je l'aime comme je l'ai toujours aimé vi, et autant que j'ai toujours détesté et méprisé des monstres noirs et insolents, ennemis de la raison et du roi vii.

 

Florian viii qui pleurait ma nièce, et qui est venu chez moi toujours pleurant, a trouvé dans la maison une petite calviniste assez aimable et au bout de quinze jours il est allé se faire marier vers le lac de Constance par un ministre luthérien ix. Ce mariage-là n'est pas tout à fait selon les canons, mais il est selon la nature dont les lois sont plus anciennes que le concile de Trente .

 

Est-il vrai que M. le duc de La Vrillière se retire ? J'en serais fâché x, il m'a témoigné en dernier lieu les plus grandes bontés . Ayez celle de me mander si vous voyez déjà des arbres verts aux Tuileries, des fenêtres de votre palais . Je me mets de ma chaumière au bout des ailes de mes anges, avec effusion de cœur . »

 

i V*, dans des lettres précédentes parlait d'un quatuor d'experts en théâtre : les d'Argental, Thibouville et sans doute Chauvelin ; s'y ajoute alors Praslin (exilé à Praslin) ou Pont-de-Veyle, frère de d'Argental.

ii Le « jeune avocat du Roncel », auteur prétendu des Lois de Minos . http://www.voltaire-integral.com/Html/07/04MINOS.html

iii Les tomes IX des Questions sur l'Encyclopédie .

iv Le 26 mars, le Consistoire de Genève a décidé de prendre des mesures contre la publication des Questions sur l'Encyclopédie .

v Indication codée pour le duc de Choiseul .

vi Sur ses relations avec Choiseul depuis sa disgrâce, voir lettres aux d'Argental, à la duchesse de Choiseul, à Mme du Deffand, à La Ponce depuis janvier 1771.

Sur les « doutes » des Choiseul, voir le passage d'une lettre de la duchesse cité dans une note de la lettre à de La Ponce de mars 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/10/un-moment-a-tout-detruit-nous-n-avons-a-present-qu-une-persp.html

vii L'ancien parlement de Paris ; V* approuvant la réforme Maupéou, ce qu'admettent difficilement les Choiseul et leurs alliés .

viii Second mari de Marie-Elisabeth de Fontaine, nièce de V*, morte récemment .

ix Florian épousa Mme Rilliet, divorcée d'un huguenot, huguenote . V* le 28 janvier, avait écrit au cardinal de Bernis pour lui faire demander une permission au pape : il promettait la conversion de la jeune femme ... après la mariage ; la requête ne fut pas agréée .Voir page 402 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80040v/f407.image.r=.langFR

x V* lui avait demandé de protéger sa colonie de Ferney et la fondation de Versoix comme l'avait fait Choiseul ; La Vrillière avait alors accepté .

 

 

 

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14/04/2011 | Lien permanent

Je ne vous demande plus pardon de mes importunités

... et sachez que ce n'est qu'à titre tout à fait personnel que je voterai pour M. Macron ; n'y voyez aucune espèce de revanche de m'être fait balayer par vous à la primaire, par vous et ce PS pour lequel j'ai beaucoup fait, au delà du raisonnable , y compris financièrement, ma cotisation n'étant pas fictive . Hasta luego, Benoit "

signé : Manuel Valls , matador y campeador .

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Chimène et le Cid , dans l'ordre qui vous plait !

 

 

« A Ami Camp

Je peux vous écrire de ma main, mon cher correspondant . C'est pour vous supplier de vouloir bien joindre à l'envoi de la lanterne, celui de quatre-vingts chiffons d'or pareils au chiffon à frange qui est dans cette lettre, avec deux pieds de galon pareil à l'échantillon ci-joint . Je ne vous demande plus pardon de mes importunités . Vous les souffrez et elles ne servent qu'à vous prouver les droits de l'amitié .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

Aux Délices 12 mai [1762] »

 

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30/03/2017 | Lien permanent

Il faut aller à Versailles , il faut être au lever des patronnes et au coucher des patrons

... Et venir, selon l'heure , à scooter avec croissants, ou en voiture officielle avec champagne . Ciao Julie, ciao Fanfoué !

 

« A Théodore Tronchin

[vers septembre 1760]

Mon cher Esculape est toujours bienfaisant . C'est son essence . Je suis sensiblement touché de ce qu'il fait . Je lui représente seulement qu'il n'est point du tout décent qu'on sorte de chez moi sur une espérance qui après tout peut n'être pas remplie , et qu'on soit dans le cas de me reprocher d'avoir renvoyé une personne à qui on doit des égards, pour la laisser solliciter du pain à Paris .

Si monsieur Tronchin veut écrire pour Mme de Muy, et lui demander ses bons offices auprès de M. l'évêque d'Orléans pour en obtenir une pension sur les économats, qui vaque rarement et qu'on donne plus rarement encore à des catholiques, si monsieur Tronchin dis-je a la bonté de solliciter cette grâce, Mlle Bazincourt sera au nombre des personnes qu'il a favorisées et à qui il a fait du bien . Pour moi je ne peux absolument entrer dans cette affaire, ce n'est point à moi à l'engager à partir . Je ne veux pas encore une fois m'exposer au reproche de lui avoir fait quitter le certain pour l'incertain . Si elle va à Paris elle n'aura pas de quoi courir pour solliciter . Il faut aller à Versailles , il faut être au lever des patronnes et au coucher des patrons .

Elle n'est pas assez riche pour aller demander de l'argent à Paris . Six mois en fiacres seulement , mangeraient les pensions qu'elle espère . En un mot, j’admire la bonté de mon cher Esculape . Mais je me lave les mains du bien qu'on veut faire à Mlle Bazincourt, et je ne lui dirai même pas un mot de tout cela 1. Mais je dis à mon cher Tronch[in] qu'il est adorable .

V. »

1 Tronchin réussit dans son entreprise et Mlle Bazincourt retourna à Paris en novembre 1760, voir letttre du 12 novembre 1760 à Chennevières . On n'entendra plus parler d'elle en relation avec V* .

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15/09/2015 | Lien permanent

Achevons doucement notre carrière, en foulant aux pieds les préjugés, en riant des sots, et en fuyant les fanatiques

... Seul vrai bon programme d'existence pour ne pas devenir brindezingue !

Épinglé par Mireille Drissi Beffara sur Geluck... et le chat | Le chat  geluck, Paroles de chat, Chat humour

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

28è décembre 1765

Mon ancien ami, vous allez donc être physiquement grand-père 1; je ne le suis que moralement. Nous élevons tout doucement la marmotte que Mme Dupuits nous a faite. Je n’aime que les anciennes lois romaines qui favorisent la liberté de l’adoption. J’ai été heureux bien tard dans ce monde ; mais enfin je l’ai été, et peu de gens en diront autant d’eux.

Voici ma réponse à votre belle dame 2 qui s’amuse à faire des romans. Je ne la cachette point avec un petit pain, parce qu’on dit que cela n’est pas honnête pour la première fois ; je ne la cachette point avec de la cire, parce qu’un cachet sous l’enveloppe de frère Damilaville serait tâté par les doigts de messieurs de la poste, inconvénient qu’il faut toujours éviter. Ayez donc la bonté de cacheter la lettre à Mme de La Martinière Benoist, et de la faire rendre.

Il faut que le chocolat soit une bonne chose, s’il vous a rendu des yeux, des oreilles, et un estomac ; moi, qui n’ai plus rien de tout cela, je vais donc prendre du chocolat aussi ; mais comme je suis plus vieux de quatre ans que vous, je doute que le chocolat me fasse le même bien. Achevons doucement notre carrière, en foulant aux pieds les préjugés, en riant des sots, et en fuyant les fanatiques. »

1 Thieriot a annoncé le 5 août 1765 le mariage de sa fille naturelle ; voir lettre du 30 août 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/12/27/vous-avez-goute-le-plaisir-d-etre-pere-et-moi-j-ai-ete-inuti-6286858.html

2 Cette « belle dame » dont il est question dans la lettre à laquelle répond V* (vers le 15 décembre 1765 ) est Françoise Albine Puzin de La Martinière Benoist, et son roman qui n'est pas le premier est intitulé Élisabeth (1766) . La lettre que V* lui 'écrivit n'est pas connue .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12117030/francoise-albine_benoist/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise-Albine_Benoist

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19/04/2021 | Lien permanent

il y a encore loin de là à la vérité démontrée

...Mais d'ici c'est plus près, non ?

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L'Ia n'en sait pas plus que moi

 

 

« A Louis Dutens

29è juin 1768 à Ferney 1

Vous rendez, monsieur, un grand service à la littérature en imprimant toutes les œuvres de Leibnitz 2 . Vous faites à peu près comme Isis qui rassembla, dit-on, les membres épars d'Osiris pour le faire adorer . Peut-être mon culte pour les monades, et pour l'harmonie préétablie n'est-il pas violent, mais enfin, Neuton a commenté l’apocalypse et n'en est pas moins Neuton . Leibnitz était un prodigieux polymathe 3, et ce qui est bien plus il avait du génie, mais il y a encore loin de là à la vérité démontrée . Neuton a trouvé cette vérité :

Nes propius fas est mortali attingere divos .4 »

1 Minute où le mois est changé en « février » par une autre main ; édition Louis Dutens, Mémoires d'un voyageur qui se repose : Dutensiana, 1806 , qui donne une version très déformée en date du 9 juin 1768 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2072278/f2.item , ( tome III non trouvé )

et https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Dutens

3 Si polymathie apparaît au milieu du XVIIè siècle chez Naudé, on a ici une des premières attestations anciennes de polymathe, personne qui s'adonne à plusieurs sciences à la fois . Littré n'en donne pas d'exemple .

4 D'après Catulle, LI, 2 . Et il n'est pas permis à un mortel d'approcher de plus près les dieux .

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12/02/2024 | Lien permanent

J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser

... C'est en substance ce que vous dites monsieur Fillon, qui visiblement avez su lutter contre le chômage d'une manière très assidue en engageant madame votre épouse avec un salaire plus qu'intéressant . Qu'aviez-vous à vous faire pardonner ? Vous parlez de boules puantes , je pense qu'il y en a d'abord eu dans vos poches  ; légalement irréprochable, moralement discutable , il n'y a pas de petits profits à vos yeux .

Minuscule excuse : vous n'êtes pas le seul à disposer ainsi des deniers publics pour votre enrichissement .

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 Et en plus vous voulez faire disparaitre le corps du délit !

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

[vers le 1er février 1762] 1

Ma chère nièce, sans doute j’irai vous voir, si vous ne venez pas chez moi ; mais il faut conduire l’édition de Corneille qui est commencée. En voilà pour un an. Je vous renverrai Cassandre dès que ceux à qui je l’ai confié me l’auront rendu . Il est juste que vous l’ayez entre les mains. Vous verrez si chaque acte ne forme pas un tableau que Van Loo pourrait dessiner.

On a mutilé, estropié trois actes du Droit du Seigneur, ou l’Ecueil du Sage, à la police . C’est le bonhomme Crébillon qui a fait ce carnage, croyant que ces gens-là étaient mes sujets.  Il faut permettre à Crébillon le radotage et l’envie . Le bonhomme est un peu fâché qu’on se soit enfin aperçu qu’une partie carrée ne sied point du tout dans Electre.

Je voudrais, pour la rareté du fait, que vous eussiez lu ou que vous lussiez son Catilina, que madame de Pompadour protégea tant, par lequel on voulait m’écraser, et dont on se servit pour me faire avaler des couleuvres dont on n’aurait pas régalé Pradon. C’est ce qui me fit aller en Prusse, et ce qui me tient encore éloigné de ma patrie. J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser.

Le Droit du Seigneur n’a été livré aux comédiens que pour procurer quelque argent à Thieriot, qui n’en dira pas moins du mal de moi à la première occasion, quand mes ennemis voudront se donner ce plaisir-là. Il doit avoir la moitié du profit, et un jeune homme 2 qui m’a bien servi doit avoir l’autre.

Mon impératrice de Russie est morte ; et, par la singularité de mon étoile, supposé que j’aie une étoile, il se trouve que je fais une très grande perte. 

Vous savez que le roi de Prusse a été assassiné 3, et que le coup n'a point porté . Il est à croire qu'une autre fois on sera moins maladroit . 

Je vous embrasse le plus tendrement du monde et votre gros garçon. »

1 L'édition de Kehl qui omet l'avant dernier paragraphe (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-5-122829498.html ), biffé sur le manuscrit, est suivie par les autres éditions . La copie manuscrite date la lettre de février 1762 et l'édition la place à la fin du mois ; mais toutes les allusions la font situer plus tôt .

2 Ce « jeune homme » pourrait être madame Belot à qui V* avait offert l'année précédente le bénéfice de la pièce ; voir lettre du 27 août 1761 à celle-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/01/il-y-a-bien-des-gens-qui-n-achetent-point-de-livres-parce-qu-5832702.html

3 Cette rumeur semble n'avoir eu aucun fondement .

 

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25/01/2017 | Lien permanent

il faut faire oublier toutes nos médiocrités de ce siècle, en rendant justice aux chefs-d'oeuvre

... L'oubli, le bienheureux oubli  des médiocrités est journalier, sinon comment admettre l'emballement médiatique, -the buzz on the net-, effaçant le buzz précédent tout aussi inepte, en attendant le pire si tant est que ce soit possible .

Chef d'oeuvre :

Non seulement je suis fan de Klimt, mais de plus je trouve ici un double chef-d'oeuvre, la peinture exploitant les folles cicatrices de la guerre, et le génie de Tammam Azzam :

http://www.unpaondemur.com/article9.php

Trouver des chefs-d'oeuvre en ce XXIè siècle, et les faire admirer, voilà qui est bien ardu . Du moins à mes yeux , car aux yeux des critiques professionnels on trouve une palanquée d'oeuvres ad-mi-raaaa-bleueueu, sublaïme ma chérie ! C'est sans doute que mes revenus ne dépendent pas de mon opinion, qui au demeurant, vous intéresse comme mon premier rôt .

 

Chef d'oeuvre vivant ...

... Et pour mon amie Mam'zelle Wagnière, ce lien pour une anecdote sur la Grande Catherine :

http://jeudi.lu/au-musee-de-lermitage-des-chats-tiennent-...

 

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Au château de Ferney par Genève

26 juin 1761

Il faut, monsieur, que je vous serve suivant votre goût . Il faut que je prenne la liberté de vous mettre à la tête d'une bonne action qui se fera dans votre Bourgogne .

J'étais à Londres quand on apprit qu'il y avait une fille de Milton qui était dans la dernière pauvreté, et incontinent elle fut riche .

J'ai mis dans ma tête de faire voir aux Anglais que nous savons comme eux honorer les beaux-arts et le sang des grands hommes . J’ai imaginé de faire une magnifique édition des tragédies de Pierre Corneille, avec des notes qui seront peut-être utiles aux étrangers, et même aux Français . Je finirai ma carrière en élevant un monument à mon maître, et en procurant un établissement à sa petite fille . Le profit de l'édition sera pour elle et son père . Je n'ai pas beaucoup de bien libre ; mon malheureux château, et mon église me ruinent, et Dieu seul me saura gré de cette église car l'évêque allobroge ne m'en sait aucun . J'espère que la nation sera un peu plus contente de l'édition de Corneille . C'est presque le seul moyen de laisser à sa descendance une fortune digne d'elle . Toute l'Académie concourt à cette entreprise, et je me flatte que le roi sera à la tête des souscripteurs . Je souscris pour six exemplaires 1, plusieurs académiciens en font autant, d'autres suivront . L'édition sera uniquement pour ceux qui auront souscrit , on ne paiera rien d'avance . Ce sera un monument qui restera dans la famille de chaque souscripteur . Ils permettront qu'on imprime leurs noms, parce que ces noms qui seront les premiers du royaume encourageront les autres . Je demande le vôtre , et celui de monsieur votre fils . M. de Ruffey donnera le sien ; je taxe M. De Brosses à deux exemplaires, à quarante livres pièce, c'est marché donné, pour une terre qu'il m'a vendue un peu chèrement . Nos confrères les académiciens de Paris, qui ont à expier leur asservissement au cardinal de Richelieu, et leur censure du Cid 2, doivent prendre plus d'exemplaires que les autres .

Je ne demande pas que messieurs de Dijon, qui ne sont point coupables, retiennent un aussi grand nombre d'exemplaires ; il suffira d'un ou de deux pour chacun . Je voudrais que l'évêque fût du nombre, l'auteur de Polyeucte le mérite .

Je vous recommande Corneille et son sang . Je finis , car Cinna et Cornélie m'appellent ; il faut faire oublier toutes nos médiocrités de ce siècle, en rendant justice aux chefs-d'oeuvre du siècle de Louis XIV . Permettez-moi la liberté de vous embrasser, et de vous assurer de mon très tendre respect .

Voltaire . »

1 En fait V* souscrivit pour cent exemplaires .

 

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30/05/2016 | Lien permanent

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