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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je suis enchanté d'avoir reçu des marques de votre souvenir; je ne les dois qu'à vos terreurs; mais je ne les en chéris

 Un couple de pandas est arrivé ces jours derniers en France, et plus économiquement, j'ai , moi, mon petit panda joli à croquer .

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http://www.youtube.com/watch?v=_4IRMYuE1hI

 

 

 

« DE M. DARGET

A Vincennes, le 1er juin 1755 i

Si vous êtes persuadé de mon amitié, monsieur, autant que vous devez l'être par les témoignages que j'ai été assez heureux de vous en donner à Potsdam et à Berlin, si vous pensez de ma probité un peu mieux que La Beaumelle ne vous en fait parler dans une de ses réponsesii, vous n'avez pas dû être inquiet de la lecture que j'ai faite de votre Pucelle à Vincennes. L'assemblée était composée de gens qui vous admirent et qui ont le droit de vous admirer; M. le chevalier de Croismareiii y présidait; Mme de Meyzieu iv en était; M. l'abbé Chauvelin devait y être; et l'on pourrait dire que l'auditoire était prévenu, si ce mot-là pouvait être employé quand il est question de vos ouvrages.

 


La copie que j'ai lue est une copie exacte, mais mal écrite, et qui avait été apportée d'Allemagne, où elle existe de votre aveu, pour être mise au net à Paris par une belle main. J'ai empêché cette opération, dont je connais le danger. Je me souviens que Tinoisv vous déroba une copie, en en faisant une sous vos yeux pour le roi de Prusse, et je me rappelle avec plaisir que je fus cause que cette copie furtive ne fut pas portée en Hollande. J'ai saisi avec le même zèle pour vous, monsieur, l'occasion, quoique ignorée, de vous servir de nouveau en empêchant que cet ouvrage, étant mis au net ici, ne pût être encore copié furtivement. N'en ayez donc aucune inquiétude, et soyez bien assuré que les intérêts de votre tranquillité et de votre amour-propre ne seront pas compromis, quand je serai assez heureux pour y pouvoir quelque chose.

 


Il n'y a que le premier chant de ce poème qui soit connu ici; et encore y a-t-il très-peu de gens qui l'aient ; je n'ai pas entendu dire que les autres eussent été vus. Le très-petit comité où j'en ai lu quinze chants complets en a admiré l'imagination, la poésie, les images; mais on a trouvé quelques endroits que vous retoucherez sans doute, qui peut-être sont déjà corrigés, et qui ne sont pas du ton de décence et d'agrément que l'on retrouve si généralement dans tous vos ouvrages. Tout le monde s'est accordé à dire que celui-ci ne devrait pas être imprimé, ni même trop universellement répandu pendant la vie de son auteur, et que ce serait vous rendre un très mauvais office que de le donner au public. Pardonnez donc, sans vous en alarmer, mon ancien ami, les fragments qui peuvent courir, leur peu de correction sera toujours la preuve qu'ils ne viendront pas de vous; mais que l'amour de la paternité et l'envie de produire cet enfant, affranchi de tous les défauts qu'on pouvait lui prêter, ne vous engage jamais à le mettre dans le monde , c'est un conseil que mon amitié ose vous donner avec la liberté que vous lui avez accordée autrefois.
Je souhaite bien sincèrement que vous jouissiez longtemps du beau lieu que vous habitez, il ne tient qu'à vous, mon bon ami, de le rendre le délice des autres ; puisse-t-il toujours en être un pour vous, personne ne le désire plus que moi. Je suis enchanté d'avoir reçu des marques de votre souvenir; je ne les dois qu'à vos terreurs; mais je ne les en chéris pas moins. Je vis ici avec vos admirateurs, et vous admireriez et chanteriez vous-même cet établissement si vous pouviez le voir de près ; cela est-il sans espérance? M. le chevalier de Croismare, qui y commande en chef, me charge de vous faire ses compliments; il assure Mme Denis de ses respects, je m'acquitte du même devoir, et je vous prie d'être persuadé que je serai toute ma vie, avec un attachement bien tendre et des sentiments que j'ai conservés malgré bien des circonstances, et qu'il ne tiendra qu'à vous d'entretenir, etc. »

 

 

ii La Beaumelle, à la page 129 de sa Lettre sur mes démêlés avec M. de Voltaire, imprimée à la suite de la Réponse au Supplément du Siècle de Louis XIV, 1754, in-12, fait dire à Voltaire que N. (c'est de Darget qu'il s'agit) est un homme sans honneur et sans foi. (Beuchot) .

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k717922/f129.image.r=bpt6k717922.langFR

et http://www.voltaire-integral.com/Html/15/02BEUCHO.html

 

 

 

 

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19/01/2012 | Lien permanent

celui qui a déjà été plus d'une fois le complice des ses friponneries littéraires

Quatre protagonistes : orchestre, violon, piano, violoncelle dans cette oeuvre tonique d'un de mes compositeurs préférés, Beethoven : http://www.musicme.com/Herbert-Von-Karajan/albums/Beethov... .

Ce concerto me semble illustrer ce moment de la vie de Volti qui donne de la plume à tout va pour se défendre, et sauver sa réputation déjà bien écornée, il faut le reconnaître . Cris et chuchotements ...

 

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Friponneries domestiques : Nala, Top Chef !

Volti fait appel à ses relations, dont Marc-Pierre de Voyer , comte d'Argenson, qu'il connait depuis le collège Louis Le Grand, pour le défendre dans cette sulfureuse affaire d'édition de La Pucelle en version trafiquée . Lequel comte aide Volti à sa manière, en gardant un fond de méfiance , en supposant toujours de la malice de la part de l'auteur de tant d'ouvrages déniés et répréhensibles , « friponneries littéraires » qui font trembler l'ordre établi .

 

« Du comte d'ARGENSON 1

A M. BERRYER, lieutenant général de police.2

A Compiègne, ce 7 juillet 1755.

J'ai, monsieur, des avis certains de Genève que Voltaire doit envoyer incessamment à Thieriot une copie manuscrite et complète du poème de la Pucelle 3; vous savez toutes les craintes affectées que Voltaire et Mme Denis marquent depuis longtemps que cet ouvrage ne perce dans le public par l'infidélité prétendue d'un domestique chez qui nous avons eu la complaisance d'envoyer faire des recherches infructueuses. Aujourd'hui, c'est Voltaire lui-même qui en envoie une copie. Peut-on présumer que ce soit à autre intention que pour la faire imprimer par celui qui a déjà été plus d'une fois le complice des ses friponneries littéraires ? C'est ce qu'il est, je crois, important d'approfondir, en usant à cet effet de la prudence et des précautions dont vous êtes capable. Faites donc examiner Thieriot avec soin, et vous découvrirez par là dans ses allures l'usage qu'il fera du manuscrit en question, qu'il doit ou avoir maintenant reçu, ou qu'il recevra certainement dans peu de jours. Je ne doute pas qu'il ne voie à cette occasion quelque libraire; vous connaissez ceux qui sont capables de se charger d'une pareille besogne, soit Lambert, qui a été l'imprimeur de confiance de Voltaire, soit quelque autre. Peut-être aussi Thieriot, avant de donner l'ouvrage à l'imprimeur, voudra-t-il en faire faire une seconde copie, et, en ce cas, les démarches qu'il faudra qu'il fasse pour avoir un copiste n'échapperont pas à votre vigilance. Si vous faites quelques découvertes dans ce genre, je suis persuadé que vous ne laisserez pas échapper l'occasion de saisir l'ouvrage et de faire mettre à la Bastille ceux qui s'en trouveraient chargés. Comme je compte toujours que nous nous verrons dimanche, si d'ici là vous ne parvenez pas au but que je vous propose, nous nous entretiendrons alors des mesures que vous aurez prises, et de ce que vous espérez de leur succès. »

 

1 Marc-Pierre de Voyer, comte d'Argenson, surnommé « la chèvre », à qui V* a demandé d'intervenir pour faire cesser la publication des versions indécentes de La Pucelle . http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Pierre_de_Voyer_de_Paulmy_d%27Argenson 

et , à propos de cette lettre , pages 99 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208006v/f103.image....

3 Cette affirmation laisse supposer qu'on a lu la lettre de V* à d'Argental datée du 6 juillet ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/02/18/il-vaut-mieux-se-faire-desirer-que-de-se-jeter-a-la-tete.html

 

 

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20/02/2012 | Lien permanent

coupe-jarrets ou bouchers ?

« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcetcondorcet tableau couleur.jpg

 

Le voici enfin cet exécrable procès-verbal [sur le chevalier de La Barre et d’Etallonde]; le voici avec toutes se contradictions, ses imbécillités et ses noirceurs, accumulées par une cabale d’Hottentots  welches. Deux coquins suscitèrent ce procès horrible uniquement pour perdre Mme l’abbesse de Villancour, qui n’avait pas voulu coucher avec eux.

J’envoie aux deux Bertrands l’extrait fidèle des dépositions avec la réfutation en marge. Il faut espérer que la France se lavera de cet opprobre d’une façon  ou d’une autre.

Je donne avis à M. d’Hornoy que j’ai entre les mains la procédure. Je pense qu’il faut absolument purger la contumace, les cinq ans sont passés, on a besoin de lettres du Sceau, mais elles ne sont jamais refusées, c’est une chose de droit.

Il serait plus difficile de réhabiliter le chevalier de La Barre au parlement même. Jamais ces assassins ne voudront convenir qu’ils ont été des coupe-jarrets absurdes. On ne pourrait parvenir à cette réhabilitation qu’en cas que la famille obtint la révision à un autre tribunal.

Mais songez que la famille des de Thou n’a jamais  pu parvenir à faire revoir le procès de son parent juridiquement assassiné pour s’être conduit en honnête homme. [décapité avec Cinq-Mars sans avoir révélé le complot]

D’ailleurs je crois qu’il y a eu quelques profanations prouvées contre le chevalier de La Barre. Ainsi, tout ce qu’on pourrait obtenir serait une condamnation à une moindre peine ; à moins qu’on ne portât l’affaire à un tribunal tout à fait philosophe, ce qui n’arrivera pas sitôt.

Toute notre ressource est donc de purger la contumace d’Etallonde. Le succès me parait sûr, et fera le même effet que si on cassait le jugement rendu contre La Barre. Car le public croira avec raison que La Barre était aussi innocent que son camarade ; et en justifiant l’un, nous les justifions tous les deux.

Pour parvenir à cette justification, nous écartons un ou deux témoins des Hottentots d’Abbeville. Personne ne paraissant plus pour l’accuser, il sera en ce cas absous infailliblement, et il pourra même obtenir la permission de procéder contre ses accusateurs.

Voilà où nous en sommes. La générosité du grand-duc de Russie envers M. de La Harpe [qui en reçoit une pension] est une belle leçon pour nos Welches.

J’embrasse tendrement nos deux Ajax qui combattent vaillamment pour la cause des Grecs.

J’allais faire partir cette lettre par la voie indiquée, lorsque M. de Villevieille a eu la bonté de s’en charger. Alors je l’ai mis dans la confidence ; bien sûr qu’il nous gardera le secret et qu’il pourra même nous aider des ses bons offices. Son cœur est digne du vôtre.

Il faut encore que je vous dise, et que l’avocat sache qu’il y a dans la déposition de Moinel, page 2, que ledit Moinel avait entendu dire que d’Etallonde avait donné des coups de canne au crucifix du grand chemin. J’ai mis insulter pour ne pas effaroucher les Welches.

 

V.

11 décembre 1774 »

 

Voltaire fait encore du rentre-dedans contre les « coquins » qui mènent une justice diablement partiale,  malheureusement , dans cette affaire il n’aura pas gain de cause de son vivant : « Jamais ces assassins ne voudront convenir qu’ils ont été des coupe-jarrets absurdes », cri du cœur contre la peine de mort et ceux qui la décident !

Dans un autre domaine qui me touche de près, je serais heureux que le commissaire russe d’une exposition qui est prévue au château de Voltaire en 2010, en l’honneur des liens France – Russie, Voltaire et Catherine II ne nous oublie pas dans ses prières et ne fasse pas à notre propos de la procrastination (eh oui ! quand on m’énerve je trouve des grands mots à tirette ; à vos dicos mes amis !). Allez, je balance : le prénom commence par D et le nom finit par ov. N'insistez pas, il est très discret, mais je vous donnerai peut-être le lien qui vous permettra de le voir en interview avec une journaliste qui mérite le détour, si vous êtes sages ou si vous me le demandez ...

Allez, je mets mes raquettes et je vais faire chauffer la soupe.

Spécial pour Jacques : "Mais il est tard monsieur, il faut que je rentre chez moi !"

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11/12/2008 | Lien permanent

Tout ce qu'on pourra faire sera d'éclairer peu à peu la jeunesse qui peut avoir un jour quelque part dans le gouvernemen

Je ne résiste pas au plaisir de faire paraitre cette lettre de Volti qui montre ses idées de progrès pour un meilleur monde, et lui, agé de 82 ans qui voit, encore une fois, cet avenir aux mains de jeunes bien formés .

Depuis le XVIIIè siècle, qu'en est-il de ces idées généreuses ?

Faut-il en arriver à la révolte/révolution des jeunes ?

http://www.deezer.com/listen-1967273

http://www.deezer.com/listen-1967282

 

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"Il faut bien lui laisser le plaisir de se faire valoir." , petite citation que je réserve ce jour à un petit nerveux en costume sombre qui veut faire la leçon à d'autres gugusses dans la même tenue , tout ça pour qu'on vote à nouveau , -ce qu'à Dieu ne plaise-, pour le garder cinq ans de plus !

Ici, je suis particulièrement injuste, je l'avoue, car cette phrase est applicable à tant de nos hommes/femmes politiques dont je vous laisse le libre choix , et à ceux qui s'amusent au petit jeu des amendements juste pour prouver qu'ils existent (tant à droite qu'à gauche ),et à ceux qui lancent des grèves liberticides et crétines (scieurs de branches sur lesquelles ils sont assis ). Privilèges de nantis !


 

 

« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet

 

27è janvier 1776

 

Votre lettre du 16 janvier, mon cher et respectable philosophe, est arrivée saine et sauve, et vous pouvez écrire en toute assurance à ce vieux malade qui vous sera tendrement attaché jusqu'à sa mort.

 

Je me doutais bien que le prétendu refroidissement entre deux grands hommes i, faits pour s'aimer, était une de ces absurdes calomnies dont votre ville de Paris est continuellement inondée. Une nouvelle plus vraie me désole, c'est la goutte et la fièvre du meilleur ministre des Finances que jamais la France ait eu ii. Je suis tombé dans le malheureux contretemps de lui envoyer un long mémoire en qualité de commissionnaire de nos petits États iii. Je ne pouvais deviner qu'un accès de goutte le mit au lit, dans le même temps que je lui écrivais. Je l'avais prié de me faire réponse par M. Dupont iv en marge de mon mémoire, et si vous voyez M. Dupont je vous serai très obligé de vouloir bien lui en dire un mot.

 

Je ne crains point la compagnie du métier de saint Matthieu, que vous appelez la canaille du sel v, notre grand ministre nous en a délivrés pour nos étrennes vi, et probablement pour jamais. Sa déclaration est enfin enregistrée au parlement de Dijon. Ce parlement s'est réservé de faire des remontrances ; mais elles seront peu importantes et assez inutiles . Il faut bien lui laisser le plaisir de se faire valoir.

 

Les deux canailles vii dont vous me parlez, me font toujours trembler . J'ai été trop heureux de tirer d'Etallonde des griffes de l'une viii; mais je vois avec douleur qu'on ne pourra jamais ôter à l'autre le droit de faire du mal, surtout quand ces deux canailles sont jointes ensemble pour nuire au genre humain. Vous avez bien vu par l'aventure arrivée à La Harpe combien cette réunion est à craindre ix.

 

Je vous conjure encore une fois de ne pas souffrir qu'aucun de vos amis x se donne le funeste plaisir de m'imputer des ouvrages qui m'exposent à la fureur de ces persécuteurs éternels. Soyez très sur que le ministère n'oserait jamais soutenir un homme qui serait poursuivi par eux . Vous avez vu que M. Turgot lui-même n'a pu, ni voulu, défendre dans le Conseil un petit ouvrage qui était uniquement à sa gloire xi, et qu'il a laissé condamner M. de La Harpe pour avoir loué cet ouvrage dans le Mercure.

 

Il y a une autre canaille à laquelle on sacrifie tout ; et cette canaille est le peuple . C'est elle, il est vrai, que les trois autres réduisent à la mendicité, mais c'est pour elle qu'on va à la messe, à vêpres et au salut ; c'est pour elle qu'on rend le pain bénit ; c'est pour elle qu'on a condamné le chevalier de La Barre et d'Etallonde au supplice des parricides . On voudra toujours mener cette canaille par le licou qu'elle s'est donnée elle-même. C'est pour elle qu'on touchera toujours les écrouelles xii, c'est pour elle même qu'on laissera subsister les moines qui dévorent sa substance. Nous ne pourrons jamais détruire les abus qu'on a le malheur de croire nécessaires au maintien des États, et qui gouvernent presque toute l'Europe. Ces abus sont le patrimoine de tant d'hommes puissants qu'ils sont regardés comme des lois fondamentales . Presque tous les princes sont élevés dans un profond respect pour ces abus. Leurs nourrices et leurs précepteurs leur mettent à la bouche le même frein que le cordelier et le récollet mettent à la gueule du charbonnier et de la blanchisseuse. Tout ce qu'on pourra faire sera d'éclairer peu à peu la jeunesse qui peut avoir un jour quelque part dans le gouvernement, et de lui inspirer insensiblement des maximes plus saines et plus tolérantes. Ne nous refroidissons point, mais ne nous exposons pas . Songez que les premiers chrétiens mêmes laissaient mourir leurs martyrs . Soyez sûr qu'on soupait gaiement dans Carthage le jour qu'on avait pendu saint Cyprien.

 

Vous me parlez des esclaves de Franche-Comté xiii. Je vous assure que ces esclaves ne feraient pas la guerre de Spartacus pour sauver un philosophe. Cependant, il faut les secourir puisqu'ils sont hommes . J'attends le moment favorable pour faire présenter une requête à M. Turgot, et à M. de Malesherbes xiv. Nous avons retrouvé un édit minuté sous Louis XIV par le premier président Lamoignon, bisaïeul de M. de Malesherbes : cet édit abolissait la mainmorte pour tout le royaume, selon les vues de saint Louis, de Louis Hutin, et de plusieurs de nos rois . L'accomplissement d'un tel ouvrage serait bien digne du gouvernement présent. Je ne doute pas que vous n'en parliez à ces deux dignes ministres , avec votre éloquence de la vertu, quand cette requête sera envoyée dans un temps favorable.

 

J'attends les nouveaux ouvrages de M. Turgot xv, contre lesquels on se déchaîne sans les connaître . Il ne faut courir ni deux lièvres, ni deux édits à la fois.

 

Je vous embrasse tendrement, vous et votre digne ami M. d'Alembert . Je vous demande en grâce de m'écrire ce que vous pensez tous deux de ma lettre . Conservez-moi l'un et l'autre une amitié qui fait la consolation de mes derniers jours.

 

V. »

 

i D'Alembert et Condorcet.

 

ii Turgot.

 

iii Prières et Questions adressées à M. Turgot, contrôleur général, envoyées le 13 janvier : page 441 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

V* demande pour le pays de Gex la permission pour des achats avantageux de sel, et permission de faire participer les commerçants au paiement des tente milles livres d'indemnités aux fermiers généraux, l'exemption d'impôt sur la marque des cuirs, l'application du décret de liberté de commerce des blés . Le 19 janvier, par Bouvard de Fourqueux, il a envoyé une Supplique à M. Turgot pour demander entre autres « la permission de faire venir toutes les marchandises de Marseille avec la même exemption de droits dont Genève jouit. » ; page 443 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

 

iv Dupont de Nemours.

 

v Les fermiers généraux.

 

vii Le parlement et les dévots.

 

viii Le parlement.

 

ix Le parlement avait condamné le censeur Louvel et le Mercure parce que La Harpe avait fait dans ce journal compte-rendu et citations de la Diatribe à l'auteur des Éphémérides, de V*.L'Assemblée du clergé avait fait condamner la Diatribe elle-même par le Conseil ; cf. lettre à La Harpe du 3 septembre 1775 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/03/e...

et Page 369 : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

 

x Allusion à l'affaire de l'Épitre adressée à Tressan, dans laquelle V* a même soupçonné Condorcet ; Cf. lettre à Condorcet et d'Alembert du 8 avril 1775 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/04/08/l...

 

 

xi La Diatribe de V* concernant le commerce des blés.

 

xii Cf. lettre à Frédéric II du 7 juillet 1775 : voir deuxième lettre de la note http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/06/l...

 

xiii Paysans de Saint-Claude (Jura) soumis à la mainmorte par les moines.

 

xiv En première intention, Christin, avocat , a perdu leur procès au parlement de Besançon .

 

xv Nouveaux édits en préparation : 1° suppression des corvées, 2° suppression des droits établis à Paris sur les grains, 3° suppression des offices inutiles créés sur les ports, quais, halles et marchés de Paris, 4° suppression des jurandes, maîtrises et corporations, 5° suppression de la caisse de Poissy*, 6° diminution des droits sur les suifs.

Voir par exemple : *Caisse de Poissy : page 175 : http://books.google.be/books?id=MYYCAAAAMAAJ&pg=PA175...

 

 

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27/01/2011 | Lien permanent

Rendez-vous à la loi, respectez sa justice, Elle est commune à tous, il faut qu'on l'accomplisse. La cabane du pauvre,

... Le Pen et consorts, Balkany & son, Fillon, Sarkozy, et moult autres élus, que ne respectez-vous les lois que vous créez !

 

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« A Honoré-Armand, duc de Villars

24 [25] mars 1762 1

Relation de ma petite drôlerie.

Hier, mercredi 24 de mars, nous essayâmes Cassandre ; notre salle est sur le modèle de celle de Lyon ; le même peintre a fait nos décorations ; la perspective en est étonnante : on n’imagine pas d’abord qu’on puisse entendre les acteurs qui sont au milieu du théâtre , ils paraissent éloignés de cinq cents toises. Ce milieu était occupé par un autel ; un péristyle régnait jusqu’aux portes du temple. La scène s’est toujours passée dans ce péristyle ; mais quand les portes de l’intérieur étaient ouvertes, alors les personnages paraissaient être dans le temple, qui, par son ordre d’architecture, se confondait avec le vestibule ; de sorte que, sans aucun embarras, cette différence essentielle de position a toujours été très bien marquée.

Le grand intérêt commença dès la première scène, grâce aux conseils d’un de nos confrères de l’Académie 2, qui daigna me suggérer l’idée de supposer d’abord que Cassandre avait sauvé la vie d’Olympie.

Seul je pris pitié d’elle, et je fléchis mon père ;

Seul je sauvai la fille, ayant frappé la mère.3

Dès ce moment, je sentis que Cassandre devenait le personnage le plus intéressant.

Le mariage, la  cérémonie, la procession des initiés, des prêtres, et des prêtresses couronnées de fleurs, etc., les serments faits sur l’autel, tout cela forma un spectacle auguste.

Au second acte, Statira enfermée dans le temple, obscure, inconnue, accablée de ses infortunes, et n’attendant que la fin d’une vie usée par le malheur, reconnue enfin dans cette assemblée, l’hiérophante à ses genoux, les prêtresses courbées vers elle, ensuite Olympie présentée à sa mère, leur reconnaissance, firent le plus grand effet.

Cassandre, au troisième acte, venant prendre sa femme des mains de la prêtresse qui doit la lui remettre, et trouvant Statira dans cette prêtresse, fit un effet beaucoup plus grand encore. Tout le monde sentit par ce seul vers :  

Bienfaits trop dangereux, pourquoi m’a-t-il aimée ?4

qu’Olympie aimerait toujours le meurtrier de sa mère ; de sorte qu’on ne savait qui on devait plaindre davantage, ou Cassandre, ou Olympie, ou la veuve d’Alexandre.

Au quatrième, les deux rivaux, Antigone et Cassandre, ont déjà fondu l’un sur l’autre, dans le péristyle même ; les initiés, les Ephésiens les ont séparés. Ils sont tous dans les coulisses du péristyle ; ils en sortent tous à la fois, divisés en deux bandes ; les portes du temple s’ouvrent au même instant, l’hiérophante et les prêtres remplissent le milieu du théâtre, Antigone et Cassandre sont encore l’épée à la main. C’est par cet appareil que commence le quatrième acte. L’hiérophante, après avoir dit aux deux rois,  

Qu’osiez-vous 5 attenter, inhumains que vous êtes, etc.

continue ainsi :

Rendez-vous à la loi, respectez sa justice,

Elle est commune à tous, il faut qu'on l'accomplisse.

La cabane du pauvre, et le trône des rois

Également soumis entendant cette voix

 Elle aide la faiblesse, elle est le frein du crime .

Elle dédie à l'autel l'innocente victime …

Tout dépend d'Olympie, et surtout de sa mère,

Elle a repris ses droits, ce sacré caractère

Que la nature donne et que rien n'affaiblit.

A son auguste voix Olympie obéit,

Obéissez comme elle, il faut tous deux attendre

Ce que doit prononcer la veuve d'Alexandre .6

Alors Cassandre prend la résolution d’enlever son épouse dans le temple même. Il la trouve au pied d’un autel. Cette scène a été très attendrissante ; et à ces mots :

Ma haine est-elle juste, et l’as-tu méritée ?

Cassandre, si ta main féroce, ensanglantée,

Ta main qui de ma mère a déchiré le flanc,

N’eût frappé que moi seule, et versé que mon sang,

Je te pardonnerais, je t’aimerais, barbare. 7

les deux acteurs pleuraient, et tous les spectateurs étaient en larmes.

Cet amour d’Olympie attendrissait d’autant plus qu’elle avait voulu se le cacher à elle-même, qu’elle ne s’était point laissée aller à ces lieux communs des combats entre l’amour et le devoir, et que sa passion avait été plutôt devinée que déployée.

Immédiatement après cette scène, Statira, qui a su qu’on allait enlever sa fille, vient lui apprendre qu’Antigone va la secourir, que son hymen était réprouvé par les lois ; elle la donne à son vengeur. Alors Olympie avoue à sa mère qu’elle a le malheur d’aimer Cassandre. Statira évanouie de douleur entre ses bras, Cassandre qui accourt, les divers mouvements dont ils sont agités, forment un tableau supérieur aux trois premiers actes.

Au cinq, Antigone arrivant pour soutenir ses droits, pour venger Olympie du meurtrier d’Alexandre et de Statira, apprend que Statira vient d’expirer entre les bras de sa fille ; elle a conjuré Olympie, en mourant, d’épouser Antigone. Les voilà donc tous deux dans le temple, forcés d’attendre la décision d’Olympie, et elle est obligée de choisir : elle promet qu’elle se déclarera quand elle aura rendu les derniers devoirs au bûcher de sa mère. Le bûcher paraît, elle parle aux deux rivaux, et n’avouant son amour qu’au dernier vers, elle se jette dans le bûcher.

La scène a été tellement disposée, que tout a été exécuté avec la précision nécessaire. Deux fermes, sur lesquelles on avait peint des charbons ardents, des flammes véritables qui s’élançaient à travers les découpements de la première ferme, percée de plusieurs trous ; cette première ferme s’ouvrant pour recevoir Olympie, et se refermant en un clin d’œil ; tout cet artifice enfin a été si bien ménagé, que la pitié et la terreur étaient au comble.

Les larmes ont coulé pendant toute la pièce. Les larmes viennent du cœur. Trois cents personnes, de tout rang et de tout âge, ne s’attendrissent pas, à moins que la nature ne s’en mêle ; mais pour produire cet effet, il fallait des acteurs et de l’action : tout a été tableau, tout a été animé. Madame Denis a joué Statira comme mademoiselle Dumesnil joue Mérope. Madame d’Hermenches, qui faisait Olympie, a la voix de  mademoiselle Gaussin, avec des inflexions et de l’âme ; mais ce qui m’a le plus surpris, c’est notre ami Gabriel Cramer. Je n’exagère point ; je n’ai jamais vu d’acteur, à commencer par Baron, qui eût pu jouer Cassandre comme lui ; il a attendri et effrayé pendant toute la pièce. Je ne lui connaissais pas ce talent supérieur. M. Rilliet a joué le grand-prêtre, comme j’aurais voulu que M. Sarrazin l’eût représenté. Antigone a été rendu par M. d’Hermenches avec la plus grande noblesse. Je ne reviens point de mon étonnement, et je ne me console point de n’avoir pas vu ce spectacle honoré de la présence des deux illustres académiciens 8 qui m’ont daigné aider de leurs conseils pour finir mon œuvre des six jours. Eux, et deux respectables amis 9 à qui je dois tout, et que je consulte à Paris, ont fait mon ouvrage ; car malheur à qui ne consulte pas . »

1 L'édition de Kehl donne cette lettre datée inexactement et faussement adressée à d'Argental .

2 Bernis, voir lettre de ce dernier du 25 février 1762 ; voir lettre du 5 mars 1762 à Bernis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/21/11-5913431.html

3 Olympie, I, 1 .

4 Olympie, III, 4 .

5 Nous corrigeons le texte de Besterman, Qu'oseriez-vous attenter, inhumains que vous êtes, qui fait un vers faux ; et d'ailleurs ce vers a disparu de la version définitive , Ac. IV, Sc. 3.

6Olympie, IV, 3 .

7Olympie, IV, 5 .

8 Le cardinal de Bernis et d'Alembert .

9 Les d'Argental .

 

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02/03/2017 | Lien permanent

Figurez-vous une belle ânesse, telle que celle de Balaam et prenez là-dessus la mesure du cul du prophète

... Bien qu'ici Voltaire pense au prophète Balaam, je dois vous avouer que je ne crois guère à l'existence de ce personnage et que d'instinct, dès qu'on me parle de prophète je pense immédiatement à Mohammed, dont l'existence est vérifiée historiquement et dont les écrits sont du même sac et  aussi vrais que les fables bibliques  et ayurvédiques .

 Cul d'ânesse, cul de prophète, même combat, mêmes productions malodorantes qui ne valent  pas les feux d'artifice du 14 juillet !

 Je l'ai dans le c..!

jeudelane.jpg

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Aux Délices 18 [28 ?] mai [1759]1

Dieu soit béni, mon cher correspondant . Vous m'aviez ordonné de renvoyer les bâtons de casse . Je vous ai obéi . Ils sont partis ,et puis vous dites ne les renvoyez pas ! Il n’y a que le pape qui puisse rendre ce qui est fait, non fait comme dit maître François Rabelais 2 . Vous ferez ce que vous voudrez de ce terrible envoi, qui pèse je crois une livre et demie . Il n'y a qu'a la faire manger à messieurs les commis .

Vous êtes donc ami de Jaco 3, et moi aussi . Il m'a vendu force juments . Il y a un autre fripon nommé l'Uar ou Huar, qui m'a attrapé . Je pensais que vous faisiez venir des chevaux normands, mais je vois que tout vous vient de Suisse, et je suis plus Suisse que personne . Voulez-vous savoir mon cher correspondant la taille de ma haquenée ? Figurez-vous une belle ânesse, telle que celle de Balaam et prenez là-dessus la mesure du cul du prophète .

Vous m'avez envoyé une lettre de Cadix . C'est du vent . L'académie italique 4 sera ma ressource .

Gauffecourt dine aujourd'hui chez moi . Il ne se hausse ni se baisse d'être dessalé . Il a le malheur d'être impassible .

Vous avez vraiment eu le nez fin de ne vous pas fourrer avec le trio de 18 cent mille livres . Me voici à peu près comme leurs créanciers . Je n'ai pas le sou . Que je vais être ladre ! J'attends le baron , il me fournit des espèces parfois . Adieu mon cher ami . Mme Denis vous embrasse .

V. »

1 Sur le manuscrit le 1 de 18 semble clair, mais cette lettre est postérieure à celle du 20 mai : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/04/l...

De plus, bien que Tronchin répète le 18 dans la date, il donne le 30 mai comme date de réponse .

2 E. Droz fait remarquer que cette phrase ne se trouve pas chez rabelais mais dans le premier chapitre de La Confession de Sancy d'Agrippa d'Aubigné : « J'ai lu le canon, où il est notamment dit […] que le pape peut facere infecta facta . » Voir Recueil de diverses pièces servant à l'histoire d'Henri II, roi de France et de Pologne .[Pierre Marteau ,1699, T. 2, P. 45, voir http://books.google.fr/books?id=qPhBK2-TiG4C&pg=PA73&lpg=PA73&dq=Recueil+de+diverses+pi%C3%A8ces+servant+%C3%A0++l%27histoire+d%27Henri+II,+roi+de+France+et+de+Pologne+tome+II&source=bl&ots=c-G0lqEx5F&sig=a14oU8pLHDqRYQzPj_AucbdR5Io&hl=fr&sa=X&ei=k2TEU__2JcWGywOpmIHwDQ&ved=0CDAQ6AEwAw#v=onepage&q=Recueil%20de%20diverses%20pi%C3%A8ces%20servant%20%C3%A0%20%20l%27histoire%20d%27Henri%20II%2C%20roi%20de%20France%20et%20de%20Pologne%20tome%20II&f=false ]

3 Jacob Tronchin, voir lettre du 31 octobre 1759 . Voir : http://www.gen-gen.ch/TRONCHIN/Jacob/28573?CheckCookie=1

 

 

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14/07/2014 | Lien permanent

je penche à présent assez pour la démocratie, malgré mes anciens principes

Note rédigée le 28 août 2011 pour parution le 14 octobre 2010 .

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

14è octobre 1765

 

J'adresse cette lettre en droiture à celui de mes anges qui va à Fontainebleau, et à tous les deux, s'ils y vont tous deux . Je leur certifie d'abord que j'ai fait mettre à la poste de Lyon l'Adélaïde 1 dont Roscius Lekain paraissait si pressé . Cette voie lui épargnera tout juste la moitié des frais . La petite préface est jointe à la pièce corrigée . On a tâché de suivre en tout les idées des anges ; et il est à souhaiter qu'on joue la pièce à Fontainebleau, conformément à cette leçon .

 

Dieu merci, le petit ex-jésuite 2 a du temps pour faire battre Auguste et Julie à coups de langue, pour qu'ils se donnent chacun leur reste , de quatrain en quatrain, et de vers en vers, si faire se peut . Mais il faut être inspiré pour cela, on ne se donne pas l'inspiration . Nous avons une édition in-4° à conduire,3 et tous nos ouvrages à corriger afin de ne pas mourir intestat . Cette besogne absorbe le temps, fatigue l’âme et lui ôte tout son enthousiasme .

 

Je suis toujours à vos pieds pour mes dîmes,4 et quelque chose qui arrive je ne sens que l'obligation que je vous aurai . C'en est une très grande de vous devoir l'amitié de M. Hennin 5. Il trouvera les affaires un peu brouillées, et de toutes les brouilleries c'est sans doute la moins intéressante ; car il importe fort peu pour la France que Genève soit aristocratique ou démocratique 6. Je vous avoue que je penche à présent assez pour la démocratie, malgré mes anciens principes, parce qu'il me semble que les magnates 7 ont eu tort dans plusieurs points ; un de ces torts des plus inexcusables est l'affaire de l'impératrice de Russie 8. Les magnates, avec qui je me trouve lié pour mes dîmes 9, ont depuis quelque temps des façons que la République romaine aurait avouées ; elle [sic] n'a pas rendu le moindre petit honneur à M. le duc de Randan, gouverneur de la province voisine, qui est venu voir Genève avec vingt officiers du régiment du Roi . Les vingt-cinq du Petit conseil se sont avisés de prendre un titre de nobles seigneurs, la tête leur a tourné comme à M. de Pompignan . Cependant, toute la fortune de Genève consiste dans l'argent qu'elle a tiré de la France en faisant la contrebande , en contrefaisant le sceau de la Compagnie des Indes, et en faisant parfois de la fausse monnaie . Un de leurs gains a été de prendre des rentes viagères, et de les mettre sous un nom de baptême commun à toute une famille, de sorte que cinq ou six personnes ont joui l'une après l'autre de la même rente . Monsieur le contrôleur général a été obligé de les forcer à rapporter leurs extraits baptistaires et leurs signatures .

 

Quand je vous dirai que cette petite ville a, par tous ces moyens, acquis quatre millions de rente sur la France, vous serez bien étonnés . Mais le ministre des Finances est très instruit de toutes ces vérités ; et il ne serait pas mal que le ministre des Affaires étrangères 10 en fût instruit aussi ; mais Dieu nous préserve que ce digne ministre prenne la résolution dont je vous parlais dans ma dernière lettre, j'en serais si fâché que je ne veux point le croire .

 

Je suis encore persuadé que dans les pays étrangers on fait Monseigneur le Dauphin beaucoup plus malade qu'il ne l'est . Vous savez à quel point la renommée est exagératrice .

 

Pour les querelles du parlement et du clergé, je pense bien qu'on n'exagère pas, et j'espère que 11... »


2 Le prétendu auteur de Octave ou Le Triumvirat .

3 Edition de ses Œuvres complètes datées de 1768 .

4 Ce sont toujours les dîmes réclamées par le curé de Ferney .

5 Il doit devenir le nouveau résident de France

6 Les Genevois étaient divisés en quatre classes : « les citoyens » nés à Genève de citoyens ou de bourgeois ; « les bourgeois » natifs ou habitants naturalisés ; « les natifs » descendants d'habitants ; « les habitants » étrangers autorisés à résider . Seules les deux premières catégories avaient des droits politiques et des avantages économiques . Dans cette minorité privilégiée un petit nombre de « patriciens » détenaient la réalité du pouvoir . En 1765, et déjà auparavant on avait essayé de modifier le régime ; les partisans de la démocratisation étaient appelés « les représentants » parce qu'ils présentaient souvent des « représentations » ; les autres étaient appelés « les négatifs » parce qu'ils refusaient les représentations .

Voir lettre du 19 juillet 1763 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/19/ce-pauvre-diable-traine-une-vie-miserable-et-le-pape-est-sou.html

7 Les patriciens.

8 Précédemment, V* a écrit aux d'Argental que l'impératrice « daignait faire venir quelques femmes de Genève pour montrer à lire et à coudre à de jeunes filles de Pétersbourg , que le Conseil de Genève a été assez fou et assez tyrannique pour empêcher des citoyennes libres d'aller où il leur plaît et assez insolent pour faire sortir de la ville un seigneur envoyé par cette souveraine » (Bülow).

9 C'est à dire qu'ils sont concernés comme lui quand les dîmes sont revendiquées par le clergé.

10 Duc de Choiseul-Praslin.

11 Dans le manuscrit, la fin manque .

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14/10/2010 | Lien permanent

C’est un méchant métier que celui de vouloir instruire les hommes.

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=BMfSBohCrRc#

 

http://www.youtube.com/watch?v=MRHWptpxEJA&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=GSl-Y5D1ZAw&feature=related

atabalipa.jpg

http://books.google.fr/books?id=Lov2NG8VfMQC&pg=PA774&lpg=PA774&dq=%22inca+atabalipa%22&source=bl&ots=bh92NKBhZq&sig=AJzdizAgux2iTyt4VrISL_7a84Y&hl=fr&ei=s5y_S9X0Mp6OnQPFjsz-Bg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAcQ6AEwAA#v=onepage&q=%22inca%20atabalipa%22&f=false

http://books.google.fr/books?id=G6FhAAAAIAAJ&pg=PA528&lpg=PA528&dq=%22inca+atabalipa%22&source=bl&ots=IneCmbUZfc&sig=xL9yXkqrgYWS9Q_y3gkS1ehGSWQ&hl=fr&ei=FZ2_S9-MLY7WmQO4tYHSBg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CAkQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

"C’est un méchant métier que celui de vouloir instruire les hommes. Ceux qui les trompent et qui les volent sont plus adroits que nous. Ils sont mieux récompensés, et ni vous ni moi ne voudrions pourtant être à leur place."

S'il en était besoin, ces quelques lignes montrent à l'évidence la grande part de l'idéalisme de Volti face à un réalisme remarquable.

Persiste et signe !!

« A Jean-François Marmontel

de l’Académie française, Historiographe de France

à Paris.

 

8è avril 1777, à Ferney

 

             L’accident qui m’est arrivé [« attaque d’apoplexie » le 13 mars], mon cher ami, ne m’a pas tellement affaibli que je n’aie été en état de faire le voyage du Mexique et du Pérou [lecture de Les Incas, ou la Destruction de l’empire du Pérou, de Marmontel]. Je l’ai fait dans votre beau vaisseau, et je ne saurais assez vous en témoigner ma reconnaissance. Mme Denis qui a partagé mon plaisir [le 7 avril, V* écrit à d’Argental : « J’espérais que ces Incas m’amuseraient beaucoup dans ma convalescence. Je vous avoue que j’ai été bien trompé. Il y a des sujets auxquels il ne faut rien changer. Le grand intérêt est dans le simple récit. Celui qui ajouterait des fictions aux batailles d’Arbèle et de Pharsale glacerait le lecteur au lieu de l’échauffer… » ! ], se joint à moi pour vous remercier.

 

             Je n’entends point dire que la Sorbonne ait pris le parti du révérend père inquisiteur qui lut en latin cette bulle du pape à l’Inca Atabalipa, et qui fit pendre et brûler sur le champ notre Inca pour n’avoir pas entendu la langue latine. Mais j’apprends que messieurs du Châtelet soutiennent bien mieux notre sainte religion que messieurs les sorbonniqueurs. On me mande qu’ils ont condamné au bannissement perpétuel ce pauvre Delisle de Sales, auteur de six volumes sur la nature [la Philosophie de la nature, éditée la première fois en 1769, condamnée au feu en 1776, Le jugement fut exécuté le 21 mars 1777, alors que V* venait de recevoir la troisième édition ; cf. lettre à Condorcet du 28 février] dans lesquels il a mis tout ce qu’il n’a jamais lu. Cette abomination est révoltante ; elle est du quatorzième siècle. On prétend même que le parlement en est indigné, et qu’il va réformer la sentence du Châtelet.

 

             Auriez-vous lu cette Philosophie de la nature ? Je vois que tout philosophe court de grands risques. C’est un méchant métier que celui de vouloir instruire les hommes. Ceux qui les trompent et qui les volent sont plus adroits que nous. Ils sont mieux récompensés, et ni vous ni moi ne voudrions pourtant être à leur place.

 

             Adieu, mon cher confrère, mon cher ami. Je vous avoue que je suis fâché de mourir sans vous avoir revu. »

http://www.youtube.com/watch?v=0Wv3Ya9nskA

 

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09/04/2010 | Lien permanent

un grand prêtre qui est un honnête homme

"un grand prêtre qui est un honnête homme" : il me semble qu'il n'y a plus que dans la fiction des tragédies voltairiennes qu'on puisse en trouver !

Il fut un temps où on hésitait, on l'on balançait entre l'horreur et l'ironie, le "nonsense", en apprenant le rituel imbécile et mortel des procès du monde communiste, et voilà qu'un état qui se dit de progrès, l'Iran n'a retenu de l'histoire que l'art de condamner sévèrement et ridiculement.

JE VOUS HAIS !!! Ayatollahs de mes fesses . Vous êtes de pitoyables crétins qui n'avez pas compris que ce peuple qui vous a portés au pouvoir connaitra le moyen de vous en sortir . Continuez à souffler sur la cendre encore chaude de la révolte, offrez autant d'outrages que vous le pouvez, pendant que vous le pouvez, et je vous promets des lendemains qui déchantent . Parole de Français qui connait les prémices de la Révolution.

 

"Nous résisterons face aux oppresseurs et nous continuerons d'agir pour changer les mécanismes discriminatoires dans le monde, au bénéfice de toutes les nations" : 12 juin, Mahmoud Ahmadinejad .

Garde bien ton "bénéfice"! trouillard !  rampant devant des barbus enturbannés .

 

Et pour détendre l'atmosphère :

Barbus fanatiques, préparez-vous à jouer à tire-poils !

 

Tire-poils [loc. adv.]
Jeu d´enfants. On jette un objet au milieu d´un groupe d´enfants, qui tirent les cheveux de celui qui s´en saisit pour le faire lâcher.

 Les enfants n'ayant point de barbe, variante pour les adultes dès l'age de procréer : on peut tirer barbe et cheveux .[le port du turban sera considéré comme tricherie : -note d'un infidèle roumi-].

 

 

 

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 Volti et son ami Thiriot, dans un temps de répit : point d'écrit condamnable offert aux yeux du roi et du clergé, pour l'instant du moins !

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

                            Je vous renvoie vos livres italiens, je ne lis plus que la religion des anciens mages, mon cher ami. Je suis à Babylone entre Sémiramis et Ninias [ on lui avait « ordonné une grande pièce de théâtre pour les relevailles de la dauphine » ; elle mourut le 22 juillet « le jour qu’il avait achevé sa pièce » ; il dira à Frédéric qu’il la lui « fera tenir » ; mais le 9 novembre à Fontainebleau au lieu « d’aller au lever du roi » comme il en prend « tous les soirs la ferme résolution », il reste « tous les matins …en robe de chambre avec Sémiramis » qui ne sera créée que le 29 août 1748.]. Il n’y a pas moyen de vous envoyer ce que je peux avoir de l’Histoire de Louis XIV. Sémiramis dit qu’elle demande la préférence, que ses jardins valaient bien ceux de Versailles, et qu’elle croit égaler tous les rois modernes, excepté peut-être ceux qui gagnent trois batailles en un an, et qui donnent la paix dans la capitale de leur ennemi [Frédéric et paix de Dresde ; 25 décembre 1745].

 

 

                            Mon ami, une tragédie engloutit son homme ; il n’y aura pas de raison avec moi tant que je serai sur les bords de l’Euphrate avec l’ombre de Ninus, des incestes et des parricides. Je mets sur la scène un grand prêtre qui est un honnête homme, jugez si ma besogne est aisée. Adieu, bonsoir, prenez patience à Bercy, c’est votre lot que la patience.[lettre manuscrite dont il manque sans doute encore une ligne]

 

 

                            Voltaire

                            A Versailles, 10 août 1746. »

 

 

 

Pour oublier ma mauvaise humeur maligne, rendez-vous avec ce qui me plait en l'homme : http://www.dailymotion.com/video/x56y8c_brassenslhomme-qu...

 

 

Et si vous voulez savoir d'où je sors ce jeu de tire-poils que je connais depuis mon enfance voyez : http://henrysuter.ch/glossaires/patoisT0.html

 

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10/08/2009 | Lien permanent

Les miennes sont fanées, mes divins anges !

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            J’ai acquitté votre lettre de change, Madame, le lendemain de sa réception, mais je crains de ne vous avoir payée qu’en mauvaise monnaie [vers demandés en l’honneur de Maurice de Saxe]. L’envie même de vous obéir ne m’a pu donner de génie. J’ai mon excuse dans le chagrin de savoir que votre santé va mal. Comptez que cela est bien capable de me glacer. Vous ne savez peut-être pas, M. d’Argental et vous, avec quelle passion je prends la liberté de vous aimer tous deux. Si j’avais été à Paris, vous auriez arrangé de vos mains la petite guirlande que vous m’avez ordonnée pour le héros de Flandre et des filles, et vous auriez donné à l’ouvrage la grâce convenable. Mais aussi pourquoi moi ? quand vous avez la grosse et brillante Babet [le futur cardinal de Bernis surnommé Babet la bouquetière] dont les fleurs sont si fraiches ? Les miennes sont fanées, mes divins anges ; et je deviens pour mon malheur plus raisonneur et plus historiographe que jamais. roses.jpgMais enfin il y a remède à tout et Babet est là pour mettre quelques roses à la place de mes vieux pavots .pavots vieux.jpgVous n’avez qu’à l’ordonner.

 

                            Mon prétendu exil  [la reine se serait fâchée suite à un compliment adressé à Mme de Pompadour, et non comme il le prétend pour une lettre adressée à la dauphine ] serait bien doux ici si je n’étais pas trop loin de mes anges. En vérité ce séjour-ci est délicieux. C’est un château enchanté dont le maître fait les honneurs. Mme du Châtelet a trouvé le secret d’y jouer Issé [« Pastorale héroïque en musique » de Houdar de La Motte] trois fois sur un très beau théâtre et Issé a fort réussi. La troupe du roi m’a donné Mérope ; croiriez- vous, Madame, qu’on y a pleuré tout comme à Paris ? et moi qui vous parle je me suis oublié au point d’y pleurer comme un autre. On va tous les jours d’un palais dans un kiosque, ou d’un palais dans une cabane, et partout des fêtes, et de la liberté.

Isse_.jpg

Mme du Châtelet qui joue aujourd’hui Issé en diamants vous fait mille compliments. Je ne sais pas si elle ne passera pas ici sa vie. Mais moi qui préfère la vie unie et les charmes de l’amitié à toutes les fêtes j’ai grande envie de revenir dans votre cour.

 

                            Si M. d’Argental voit Marmontel, il me fera le plus sensible plaisir de lui dire combien je suis touché de l’honneur qu’il me fait [dédicace de Denys le Tyran]. J’ai écrit à mon ami Marmontel il y a plus de dix jours pour le remercier. J’ai accepté tout franchement  sans aucune modestie un honneur qui m’est très précieux, et qui à mon sens rejaillit sur les belles lettres. Je trouve cent fois plus convenable et plus beau de dédier son ouvrage à son ami et à son confrère qu’à un prince. Il y a longtemps que j’aurais dédié une tragédie à Crébillon, s’il avait été un homme comme un autre. C’est un monument élevé  aux lettres et à l’amitié. Je compte que M. d’Argental approuvera cette démarche de Marmontel, et que même il l’y encouragera.

 

                            Adieu vous deux qui êtes pour moi si respectables et qui  faites le charme de la société. Ne m’oubliez pas, je vous en conjure, auprès de monsieur votre frère ni auprès de M. de Choiseul et de vos amis. J’attends avec impatience le temps de vous faire ma cour.

 

                            Voltaire

                            A Lunéville ce 25 février 1748. »

 

 

 

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25/02/2009 | Lien permanent

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