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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Quel remède à tout cela, s’il vous plaît ? je n’y vois que celui de la patience ; autrefois je m’en fâchais, j’ai pris l

... Mais je dois avouer que j'en ris jaune quand je vois avec quel aveuglement tant de travailleurs suivent des dirigeants syndicaux obtus et malfaisants .

Vive la France et les patates frites !

 

 

« A François-Louis-Claude Marin

24 novembre 1764 1

Si jamais, monsieur, quelque homme de lettres vient vous dire que son métier n’est pas le plus ridicule, le plus dangereux, le plus misérable des métiers, ayez la bonté de m’envoyer ce pauvre homme. Il y a tantôt cinquante ans que je puis rendre bon témoignage de ce que vaut la profession. Un de ses revenants-bons est que chaque année on m’a imputé quelque ouvrage ou bien impertinent ou bien scandaleux. Je suis dans le cas du célèbre M. Arnoult et de l’illustre M. Lelièvre, deux braves apothicaires, dont on contrefait tous les jours les cachets et le baume de vie. On débite continuellement sous mon nom de plus mauvaises drogues. On a fabriqué une Histoire de la guerre de 1741, avec mon nom à la tête 2. Je ne sais quel fripier 3 prétend avoir trouvé mon portefeuille ; il a donné hardiment un recueil de vers tirés du Mercure, et cela est intitulé mon portefeuille retrouvé.4

M. Robinet, que je n’ai pas l’honneur de connaître,  a fait imprimer mes lettres secrètes, qui, si elles sont secrètes, ne devaient pas être publiques ; et M. Robinet 5 ne fera pas assurément fortune avec mes prétendus secrets.

En voici un autre qui donne mes œuvres philosophiques 6 ; et ces œuvres sont d’abominables rogatons imputé autrefois à La Mettrie, et indignes même de lui.

Quel remède à tout cela, s’il vous plaît ? je n’y vois que celui de la patience ; autrefois je m’en fâchais, j’ai pris le parti d’en rire. Je ne puis imiter les charlatans, qui avertissent le public de se donner de garde de ceux qui contrefont leur élixir. Il faut subir cette destinée attachée à la littérature. Il est très inutile de se plaindre au public, qui n’a jamais plaint personne, et qui ne songe qu’à s’amuser de tout.

Il faut qu’un homme de lettres se prépare à passer sa vie entre la calomnie et les sifflets. Si vous vous plaignez à votre ami d’un libelle fait contre vous, il vous demande vite où on le vend . Si vous êtes affligé 7 qu’on vous impute un mauvais ouvrage, il ne vous répond pas, et il court à l’Opéra-Comique . Si vous lui dites qu’on n’a pas rendu justice à vos derniers vers, il vous rit au nez : ainsi le mieux est toujours de rire aussi.

Je ne sais si votre Duchesne s’appelle André ou Guy, mais, soit Guy, soit André, il a impitoyablement massacré mes tragédies . Il les a imprimées comme je les ai faites, avec des fautes innombrables de sa part, comme moi de la mienne. De toutes les républiques, celle des lettres est sans contredit la plus ridicule. »

1 Minute corrigée par V* . V* a porté en tête du manuscrit « Lettre à M. Marin 24 novembre 1764 » et « concernant les infamies de La Haye ».

2En 1756 .

3Ce mot est ajouté sur le manuscrit d'une autre écriture .

4 Sur Le Porte-feuille trouvé, voir lettre du 24 février 1757 à Pierre Rousseau : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/06/calvin-etait-un-tres-mechant-homme-altier-dur-vindicatif-et.html

5 V* a ajouté le nom au dessus de la ligne .

6 L’Évangile de la raison. Ouvrage posthume de M. D. M...y [s.I.,1764] qui fut publié avec des titres ou faux titres tels que : Collection complète des œuvres de M. de Voltaire et ouvrages philosophiques pour servir de preuves à la religion de l'auteur . L'ouvrage contient quatre œuvres de V* : Saül et David, avec une pagination séparée, le Testament de Jean Meslier, le Catéchisme de l'honnête homme et le Sermon des cinquante, suivies par L’Examen de la religion ( voir lettre du 30 décembre 1761 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/29/les-francais-commencent-a-se-former-5892505.html ) .

On peut penser avec Bengesco que V* lui-même était responsable de cette publication . La première référence externe qu'on en trouve est fournie par les Mémoires secrets du 12 novembre 1764, mais la lettre du 6 décembre 1763 à Damilaville ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/30/quand-on-peut-servir-son-prochain-sans-risque-on-est-coupable-devant-dieu-d.html ) est déjà remplie d'allusions la concernant ( à Du Marsais notamment ) : ce qui renvoie à décembre 1763 . Voir encore la lettre du 25 décembre 1764 à Pierre Rousseau : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1764-partie-41.html

7 vous lui dites corrigé par V* sur le manuscrit en vous êtes affligé .

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19/01/2020 | Lien permanent

On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule

...

 

« A Claude-Adrien Helvétius etc.

En son château de Vauré dans le Perche

à Vauré 1

15 septembre [1763]

Mon cher philosophe, vous avez raison d’être ferme dans vos principes, parce qu’en général vos principes sont bons. Quelques expressions hasardées ont servi de prétexte aux ennemis de la raison. On n’a cause gagnée avec notre nation qu’à l’aide du plaisant et du ridicule. Votre héros Fontenelle fut en grand danger pour les Oracles, et pour la reine Mero et sa sœur Enegu 2 ; et quand il disait que s’il avait la main pleine de vérités il n’en lâcherait aucune, c’était parce qu’il en avait lâché, et qu’on lui avait donné sur les doigts. Cependant cette raison tant persécutée gagne tous les jours du terrain. On a beau faire, il arrivera en France, chez les honnêtes gens, ce qui est arrivé en Angleterre. Nous avons pris des Anglais les annuités, les rentes tournantes, les fonds d’amortissement, la construction et la manœuvre des vaisseaux, l’attraction, le calcul différentiel, les sept couleurs primitives, l’inoculation ; nous prenons insensiblement leur noble liberté de penser, et leur profond mépris pour les fadaises de l’école. Les jeunes gens se forment ; ceux qui sont destinés aux plus grandes places se sont défaits des infâmes préjugés qui avilissent une nation ; il y aura toujours un grand peuple de sots, et une foule de fripons ; mais le petit nombre de penseurs se fera respecter. Voyez comme la pièce de Palissot 3 est déjà tombée dans l’oubli ; on sait par cœur les traits qui ont percé Pompignan, et l’on a oublié pour jamais son Discours et son Mémoire 4. Si on n’avait pas confondu ce malheureux, l’usage d’insulter les philosophes dans les discours de réception à l’Académie aurait passé en loi. Si on n’avait pas rendu nos persécuteurs ridicules, ils n’auraient pas mis de bornes à leur insolence. Soyez sûr que tant que les gens de bien seront unis, on ne les entamera pas. Vous allez à Paris, vous y serez le lien de la concorde des êtres pensants. Qu’importe, encore une fois, que notre tailleur et notre sellier soient gouvernés par frère Kroust 5 et par frère Berthier ? Le grand point est que ceux avec 6 qui vous vivez soient éclairés et que le janséniste et le moliniste 7 soient forcés de baisser les yeux devant le philosophe. C’est l’intérêt du roi, c’est celui de l’État, que les philosophes gouvernent la société. Ils inspirent l’amour de la patrie, et les fanatiques y portent le trouble. Mais plus ces misérables sentiront votre supériorité, plus vous aurez d’attention à ne leur point donner prise par des paroles dont ils puissent abuser. Notre morale est meilleure que la leur, notre conduite plus respectable ; ils parlent de vertu, et nous la pratiquons : enfin notre parti l’emporte sur le leur dans la bonne compagnie. Conservons nos avantages ; que les coups qui les écraseront partent de mains invisibles, et qu’ils tombent sous le mépris public. Cependant vous aurez une bonne maison, vous y rassemblerez vos amis, vous répandrez la lumière de proche en proche, vous serez respecté même de ces indignes ennemis de la raison et de la vertu . Voilà votre situation, mon cher ami. Dans ce loisir heureux, vous vous amuserez à faire de bons ouvrages, sans exposer votre nom aux censures des fripons. Je vois qu’il faut que vous restiez en France, et vous y serez très utile. Personne n’est plus fait que vous pour réunir les gens de lettres . Vous pouvez élever chez vous un tribunal qui sera fort supérieur, chez les honnêtes gens, à celui d’Omer Joly. Vivez gaiement, travaillez utilement, soyez l’honneur de notre patrie. Le temps est venu où les hommes comme vous doivent triompher. Si vous n’aviez pas été mari et père, je vous aurais dit  vende omnia quae habes, et sequere me 8; mais votre situation, je le vois bien, ne vous permet pas un autre établissement qui peut-être même serait regardé comme un aveu de votre crainte par ceux qui empoisonnent tout. Restez donc parmi vos amis ; rendez vos ennemis odieux et ridicules ; aimez-moi, et comptez que je vous serai toujours attaché avec toute l’estime et l’amitié que je vous ai vouées depuis votre enfance. »

1Rayé sur le manuscrit par une autre main et remplacé par « à Paris », « Bonne pour Paris rue Sainte-Anne butte Saint-Roch ».

4 Le discours prononcé par Pompignan lors de sa réception à l'Académie française le 10 mars 1760, dans lequel il attaquait les « philosophes » : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan

6 Mot ajouté par V* au dessus de la ligne .

7 soient éclairés et que le janséniste et le moliniste ont disparu dans toutes les éditions par « saut du même au même », rendant ainsi le passage absurde .

8Vends tout ce que tu possèdes et suis moi ; Évangile de Matthieu, XIX, 21 , de Luc, XVIII, 22 et de Marc : X, 21.

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13/09/2018 | Lien permanent

Que fit le sénat ? Il ordonna qu'on jouât la comédie , et la peste cessa

... Comment se fait-il que les sénateurs de notre XXIè siècle ne sachent pas cela ? J'en suis bien indigné, car à cause d'eux, le/la Covid 19 poursuit sa tâche assassine, les théâtres sont clos, les cinémas aussi : point de comédies , point de guérisons !

Rongeons notre frein, rions jaune sous nos masques , et que la peste les emporte puisqu'ils ne nous autorisent pas de distractions salutaires !

Baste ! oublions ça et reprenez votre train de sénateurs , si vous étiez d' humeur à rire ça se saurait .

Coronavirus : après le déconfinement, le secteur de la culture restera  encore paralysé

Merde alors!

 

 

« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

[1765 ?]1

Il est vrai, mademoiselle, que la belle Ofilds 2, la première comédienne d'Angleterre, jouit d'un beau mausolée dans l'église de Westminster, ainsi que les rois et les héros du pays, et même le grand Newton . Il est vrai aussi que Mlle Lecouvreur, la première actrice de France en son temps, fut portée dans un fiacre au coin de la rue de Bourgogne, non encore pavée ; qu'elle y fut enterrée par un crocheteur, et qu'elle n'a point de mausolée . Il y a dans ce monde des exemples de tout . Les Anglais ont établi une fête annuelle en l'honneur du fameux comédien poète Shakespear . Nous n'avons pas encore parmi nous la fête de Molière . Louis XIV au comble de la grandeur dansa avec les danseurs de l'Opéra devant tout Paris en revenant de la fameuse campagne de 1682 . Si l'archevêque de Paris en avait voulu faire autant, il n'aurait pas été si bien accueilli, quand même il eût été le premier homme de l'Europe pour le menuet .

L'Italie au commencement de notre XVIè siècle vit renaître la tragédie et la comédie, grâce au goût du pape Léon X, et au génie des prélats Bibiena 3, La Casa 4, Trissino 5. Le cardinal de Richelieu fit bâtir la salle du Palais-Royal pour y jouer ses pièces, et celles de ses cinq garçons poètes 6. Deux évêques faisaient par ses ordres les honneurs de la salle, et présentaient des rafraîchissements aux dames dans les entractes .

Nous devons l'opéra au cardinal Mazarin mais voyez comme tout change . Les cardinaux Dubois et Fleury, tous deux premiers ministres, ne nous ont pas valu seulement une farce de la foire . Nous sommes devenus plus réguliers ; nos mœurs sont sans doute plus sévères . On a soupçonné les jansénistes d'avoir armé le bras de l’Église contre les spectacles, pour se donner le plaisir de tomber sur les jésuites qui faisaient jouer des tragédies et des comédies par leurs écoliers, et qui mettaient ces exercices parmi les premiers devoirs d'une bonne éducation . On prétend même que les jésuites intimidés cessèrent leurs spectacles quelque temps avant que leur société fût abolie en France .

Vous avez sans doute entendu dire,mademoiselle, aux grands savants qui viennent chez vous, que le contraire était arrivé chez les Grecs et chez les Romains nos maîtres . L'argent destiné pour les frais du théâtre d'Athènes était un argent sacré . Il n’était pas même permis d'y toucher dans les plus pressantes nécessités , et dans les plus grands dangers de la guerre .

On fit encore mieux dans l'ancienne Rome . Elle était désolée par la peste vers l'an 390 de sa fondation : il fallait apaiser les dieux par les cérémonies les plus saintes . Que fit le sénat ? Il ordonna qu'on jouât la comédie , et la peste cessa . Tout bon médecin n'en doit pas être surpris ; il sait qu'un plaisir honnête est fort bon pour la santé .

Malheureusement nous ne ressemblons ni aux Grecs ni aux anciens Romains . Il est vrai qu'en France il y a beaucoup d'aimables Français, mais il y a aussi des Welches ; et ceux-ci ne regarderaient pas la comédie comme une spécifique s'ils étaient attaqués de la peste . Pour moi, mademoiselle, je voudrais passer ma vie à vous entendre ou la peste m'étouffe . J'avoue que les contradictions qui divisent les esprits au sujet de votre art sont sans nombre ; mais vous savez que la société subsiste de contradictions ; il n'y en a point parmi ceux qui viennent avec vous ; ils se réunissent tous dans les sentiments d'estime et d'amitié qu'ils vous doivent . »

1 L'édition Commentaire historique, ne donne pas de date et dit la lettre adressée à « une célèbre actrice » ; ce ne peut être que Mlle Clairon . La copie est datée de 1765 et l'allusion à la suppression des jésuites confirme quasiment cette date . Alors il est évident que la lettre a été écrite à la suite du scandale survenu à la Comédie-Française en 1765 . Ce n'est pas une lettre réelle mais une lettre ostensible ; elle a dû être écrite après consultation avec Mlle Clairon et lui avoir été remise lors de son départ ou peu avant .

2 Anne Oldfield, enterrée à Westminster, auprès du monument de Congreve . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12262906/anne_oldfield/

et https://en.wikipedia.org/wiki/Anne_Oldfield

3 Bernardo Divizio da Bibbiena, cardinal et auteur de comédies ; https://data.bnf.fr/fr/12092058/bernardo_dovizi/

et https://en.m.wikiquote.org/wiki/Bernardo_Dovizi

5 Pour il Trissino, voir lettre du 23 décembre 1760 à Albergati Capacelli :

et : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/12108478/te/page1

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gian_Giorgio_Trissino

6 Pierre Corneille et autres auteurs qu'il protégeait .

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09/12/2020 | Lien permanent

je vous serai attaché toute ma vie, soit que vous donniez des bénéfices à des prêtres, soit que vous les corrigiez de le

... Alors à tous les coups, vous gagnez . E viva Voltaire !

 

 

« A Claire-Josephe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

Ferney 30è mars 1766 1

Vous allez être un peu surprise, mademoiselle ; je vous demande une cure. Vous allez croire que c’est la cure de quelque malade pour qui je vous prierais de parler à M. Tronchin, ou la cure de quelque esprit faible que je recommanderais à votre philosophie, ou la cure de quelque pauvre amant à qui vos talents et vos grâces auraient tourné la tête . Rien de tout cela ; c’est une cure de paroisse. Un drôle de corps de prêtre du pays de Henri IV, nommé Doleac 2, demeurant à Paris, sur la paroisse Sainte-Marguerite, meurt d’envie d’être curé du village de Cazaux. M. de Villepinte 3 donne ce bénéfice. Le prêtre a cru que j’avais du crédit auprès de vous, et que vous en aviez bien davantage auprès de M. de Villepinte . Si tout cela est vrai, donnez-vous le plaisir de nommer un curé au pied des Pyrénées, à la requête d’un homme qui vous en prie du pied des Alpes. Souvenez-vous que Molière, l’ennemi des médecins, obtint de Louis XIV un canonicat pour le fils d’un médecin 4.

Les curés qui ont pris la liberté de nous excommunier nous canoniseront quand ils sauront que c’est vous qui donnez des cures. Je voudrais que vous disposassiez de 5 celle de Saint-Sulpice.

Je ne sais pas quand vous remonterez sur le jubé de votre paroisse. Vous devriez choisir, pour votre premier rôle, celui de lire au public la déclaration du roi en faveur des beaux-arts contre les sots ; c’est à vous qu’il appartient de la lire 6.

Adieu, mademoiselle ; je vous supplie de vouloir faire souvenir de moi vos amis, et surtout d’être bien persuadée qu’il n’y en a aucun de plus sensible que moi à tous vos différents mérites; je vous serai attaché toute ma vie, soit que vous donniez des bénéfices à des prêtres, soit que vous les corrigiez de leur impertinence, soit que vous les méprisiez. »

1 Une mauvaise version de cette lettre, et sous la date de 1769, a été imprimée dans l’Almanach littéraire, 1790, page 158. (Beuchot.) .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9737872r/f172.item

Ici, édition de Kehl , suivant minute avec corrections autographes .

2 Dans un article intitulé « Un curé de Cazaux-Pardiac » paru dans la Revue de Gascogne, avril[janvier ] 1891, Cyprien La Plagne-Barris a établi que son nom est Doliac et non Doleac comme le donne le manuscrit .

Chercher « Pardiac » dans https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5726273p/texteBrut

3 Le marquis de Villepinte est seigneur de Cazaux et doit une forte somme d'argent à Beyrie, trésorier des états de Bigorre, et c'est le candidat de ce dernier, Louis Barris, qui sera nommé curé . Voir page 433 : https://books.google.fr/books?id=lvTy8cg1p50C&pg=PA433&lpg=PA433&dq=marquis+de+Villepinte++seigneur+de+Cazaux&source=bl&ots=JMD7spgt0M&sig=ACfU3U01mPEKGbOjp7SgKjy3z7ANy4lEFw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjvkdqQj8fxAhWHxYUKHbLbALgQ6AEwB3oECAUQAw#v=onepage&q=marquis%20de%20Villepinte%20%20seigneur%20de%20Cazaux&f=false

4 Phrase ajoutée par V* entre les lignes et dans la marge .

5 Les mots disposassiez de sont une correction autographe au texte primitif, donnassiez .

6 M. de Voltaire sollicitait vivement une déclaration du roi qui rendit aux comédiens l’état de citoyen, et qui les affranchit de l’excommunication lancée autrefois contre de vils baladins. Il n’eût pas fallu moins sans doute pour engager Mlle Clairon à remonter sur le théâtre. (Kehl.) — Voir ci-devant les lettres à M. Jabineau du 4 février 1766 et du 1er mars 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/24/et-puis-n-est-il-pas-egalement-defendu-de-forcer-une-femme-a-6317899.html

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/02/je-vous-demande-en-grace-de-ne-point-fournir-des-armes-a-nos-adversaires.html

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03/07/2021 | Lien permanent

sans justesse il n’y a ni esprit ni talent

... The right thing in the right place .

Bases légales de la péréquation financière intercommunale | État de Fribourg

C'est beau

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

1er février [1766] 1

Sire,

Je vous fais très tard mes remerciements ; mais c’est que j’ai été sur le point de ne vous en faire jamais aucun. Ce rude hiver m’a presque tué ; j’étais tout près d’aller trouver Bayle, et de le féliciter d’avoir eu un éditeur 2 qui a encore plus de réputation que lui dans plus d’un genre ; il aurait sûrement plaisanté avec moi de ce que Votre Majesté en a usé avec lui comme Jurieu ; elle a tronqué l’article David. Je vois bien qu’on a imprimé l’ouvrage sur la seconde édition de Bayle 3. C’est bien dommage de ne pas rendre à ce David toute la justice qui lui est due ; c’était un abominable Juif, lui et ses psaumes. Je connais un roi plus puissant que lui et plus généreux, qui, à mon gré, fait de meilleurs vers. Celui-là ne fait point danser les collines comme des béliers, et les béliers comme des collines 4. Il ne dit point qu’il faut écraser les petits enfants contre la muraille 5, au nom du Seigneur ; il ne parle point éternellement d’aspics 6 et de basilics 7. Ce qui me plaît surtout de lui, c’est que dans toutes ses épîtres il n’y a pas une seule pensée qui ne soit vraie ; son imagination ne s’égare point. La justesse est le fonds de son esprit ; et en effet, sans justesse il n’y a ni esprit ni talent.

Je prends la liberté de lui envoyer 8 un caillou du Rhin pour un boisseau de diamants. Voilà les seuls marchés que je puisse faire avec lui.

Les dévotes de Versailles n’ont pas été trop contentes du peu de confiance que j’ai en sainte Geneviève ; mais le monarque philosophe prendra mon parti.

Puisque les aventures de Neuchâtel l’ont fait rire, en voici d’autres 9 que je souhaite qui l’amusent. Comme ce sont des affaires graves qui se passent dans ses États, il est juste qu’elles soient portées au tribunal de sa raison.

Il y a en France un nouveau procès tout semblable à celui des Calas 10 ; et il paraîtra dans quelque temps un mémoire signé de plusieurs avocats, qui pourra exciter la curiosité et la sensibilité. On verra que nos papistes sont toujours persuadés que les protestants égorgent leurs enfants pour plaire à Dieu. Si Sa Majesté veut avoir ce mémoire, je la supplie de me faire dire par quelle voie je dois l’adresser. J’ignore s’il le faut mettre à la poste, ou le faire partir par les chariots d’Allemagne. »

1 V* répond à la lettre du 8 janvier 1766 de Frédéric II : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6224

2 Il venait de paraître un Extrait du Dictionnaire de Bayle avec une préface, Berne (Berlin), 1766, deux volumes in-8°. C’est un choix des Articles les plus philosophiques dans lesquels M. Bayle a supérieurement réussi. Ce choix avait été fait par Frédéric, auteur de la préface intitulée Avant-propos, et qui est le panégyrique de Bayle.

3 On sait que Bayle donna, dans l’édition de de 1697 de son Dictionnaire, un article David qui scandalisa le consistoire de Rotterdam, et que l’auteur corrigea dans son édition de 1702. Les corrections consistaient en additions et suppressions. L’édition de 1715 contient la version de 1697. Les deux textes se retrouvent dans les éditions postérieures à 1715. Il est assez singulier que le roi de Prusse ait donné la version de 1702, qui n’est, pas la curieuse. Dans sa lettre à Voltaire du 25 novembre 1766, Frédéric promet que dans la seconde édition de son Extrait on restituera le bon article David. On n’en a rien fait, si j’en juge d’après les réimpressions de 1780 et 1789, que j’ai sous les yeux. (Beuchot.)

4 Psaumes CXIII, verset 4 : https://saintebible.com/psalms/113-4.htm

5 Psaumes CXXVI, verset 9. : https://saintebible.com/psalms/136-9.htm

8 L’Épître à Henri IV.

9 De nouvelles Questions sur les miracles . On venait de brûler l’Abrégé de l’Histoire ecclésiastique de Fleury, dont l’Avant-propos est de Frédéric. Voir la note dans https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Pyrrhonisme_de_l%E2%80%99histoire/%C3%89dition_Garnier/28#cite_ref-5

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18/05/2021 | Lien permanent

Soyez sûre, madame, que vous n’êtes pas faite seulement pour plaire

... Miss Diane Leyre, je n'en veux pour preuve que le déplacement spécial de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France pour vous rencontrer, vous avez un poids électoral que cette dernière ne peut négliger, la balle est dans votre camp . Par ailleurs, je ne peux que vous plaindre d'avoir dû passer/gâcher du temps à TPMP avec Cyril Hanouna, la vulgarité et insignifiance faites homme .

  Qui est Diane Leyre, miss France 2022? Dix choses à savoir sur elle

https://www.lavoixdunord.fr/1113065/article/2021-12-12/qu...

 

 

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

À Ferney, 14è septembre 1766

Je ne sais, madame, si j’écris au chasseur, ou au philosophe, ou à une jolie dame, ou au meilleur cœur du monde . Il me semble que vous êtes tout cela. J’ai reçu une lettre de vous qui m’attache à votre char autant que je l’étais dans votre apparition à Ferney ; et M. le duc de Choiseul a dû vous en faire tenir une de moi qui ne vaut pas la vôtre 1. Il a bien voulu m’en écrire une qui m’enchante. J’admire toujours comment il trouve du temps, et comme il est supérieur dans les affaires et dans les agréments.

J’ai voulu me consoler du malheur de vous avoir perdue. J’ai eu l’insolence de faire jouer sur mon petit théâtre Henri IV 2, le Roi et le Fermier 3 ; Rose et Colas 4, Annette et Lubin 5. J’ai reconnu dans cette pièce M. l’abbé de Voisenon : c’est la meilleure de toutes, à mon gré ; il n’y a que lui qui puisse avoir tant de grâces. Je ne m’attendais pas à voir tout ce que j’ai vu dans mes déserts.

L’amitié dont vous daignez m’honorer, madame, est ce qui me flatte davantage, et qui fait le charme de ma vieillesse et de ma retraite. Votre caractère est au-dessus de vos charmes ; je suis amoureux de votre âme, il ne m’appartient pas d’aller plus loin.

Je pris la liberté de vous remettre à votre départ de Ferney une petite requête pour M. de Saint-Florentin, en faveur d’une malheureuse famille huguenote. Le père a été vingt-trois ans aux galères 6 pour avoir donné à souper et à coucher à un prédicant ; la mère a été enfermée, les enfants réduits à mendier leur pain. On leur avait laissé le tiers du bien pour les nourrir ; ce tiers a été usurpé par le receveur des domaines. Il y a de terribles malheurs sur la terre, madame, pendant que ceux qu’on appelle heureux sont dévorés de passions ou d’ennui.

Si vous n’êtes pas assez forte (ce que je ne crois pas) pour toucher la pitié de M. de Saint-Florentin, j’ose vous demander en grâce de joindre M. le maréchal de Richelieu à vous. M. de Saint-Florentin est difficile à émouvoir sur les huguenots. Vous aurez fait une très-belle action si vous parvenez à rendre la vie à cette pauvre famille. Soyez sûre, madame, que vous n’êtes pas faite seulement pour plaire.

Agréez, madame, mon très sincère respect, et un attachement plus inaltérable que les plus grandes passions que vous ayez pu inspirer. »

1 De cette lettre de Choiseul, on ne connait que le fragment cité par V* dans sa lettre à Ribote-Charron du 24 septembre 1766 : « Le jugement des Calas n'est qu'un effet de la faiblesse humaine qui n'a fait souffrir qu'une famille ; mais la dragonnade de M. de Louvain a fait le malheur du siècle . »

2 La Partie de chasse de Henri IV, par Collé.

3 Opéra-comique de Sedaine et musique de Monsigny, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 22 novembre 1762. Voir : https://data.bnf.fr/fr/39684538/le_roi_et_le_fermier_spectacle_1807/

4 Opéra-comique, des mêmes auteurs, joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 8 mars 1764. Voir : https://data.bnf.fr/fr/42383889/rose_et_colas_spectacle_1764/

5 Opéra-comique de M. et Mme Favart et Martini, et de Lourdet de Santerre, et non de Voisenon comme le croit V* ,joué, pour la première fois, à la Comédie-Italienne le 15 février 1762. Musique de Blaise . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1165221g.image

6 Jean-Pierre Espinas, condamné aux galères en 1740 y est resté jusqu'en 1765 . Voir : https://www.jstor.org/stable/24283196

et : https://www.jstor.org/stable/24310201

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gal%C3%A8res_(peine)

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17/12/2021 | Lien permanent

je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées

... Petit bilan d'actualité du président Macron ( à quelque unités près ) qui, comme son sapin élyséen, a les boules . Joyeux Noël ... à tous les autres, si possible .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

22 Avril 1768

Mon divin ange, mes raisons pour avoir changé ma table ouverte contre la sainte table pourront ennuyer un excommunié comme vous ; mais je me crois dans la nécessité de vous les dire. Premièrement, c’est un devoir que j’ai rempli avec madame Denis une fois ou deux1, si je m’en souviens bien.

Secondement, il n’en est pas d’un pauvre agriculteur comme de vous autre seigneurs parisiens, qui en êtes quittes pour vous aller promener aux Tuileries à midi. Il faut que je rende le pain bénit en personne dans ma paroisse ; je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées ; et, quand il n’en coûte qu’une cérémonie prescrite par les lois pour les édifier, il ne faut pas s’en faire deux cent cinquante ennemis 2.

3°/ Je me trouve entre deux évêques qui sont du XIVè siècle et il faut hurler avec ces sacrés loups.

4°/ Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile ou un fripon, et il n’y a aucune précaution que je ne doive prendre, après la lettre de l’avocat Caze 3.

5°/ Soyez très sûr que, si je vois passer une procession de capucins, j’irai au-devant d’elle chapeau bas, pendant la plus forte ondée.

6°/ M. Hennin, résident à Genève, a trouvé un aumônier tout établi ; il le garde par faiblesse. Ce prêtre est un des plus détestables et des plus insolents coquins qui soient dans la canaille à tonsure. Il se fait l’espion de l’évêque d’Orléans, de l’évêque d’Annecy, et de l’évêque de Saint-Claude. Le résident n’ayant pas le courage de le chasser, il faut que j’aie le courage de le faire taire.

7°/ Puisque l’on s’obstine à m’imputer les ouvrages de Saint-Hyacinthe, de l’ex-capucin Maubert, de l’ex-mathurin Laurent, et du sieur Robinet, tous gens qui ne communient pas, je veux communier ; et si j’étais dans Abbeville je communierais tous les quinze jours.

8°/ On ne peut me reprocher d’hypocrisie, puisque je n’ai aucune prétention.

9°/ Je vous demande en grâce de brûler mes raisons après les avoir approuvées ou condamnées. J’aime beaucoup mieux être brûlé par vous qu’au pied du grand escalier.

Je rends de très sincères actions de grâces à la nature, et au médecin qui l’a secondée, d’avoir enfin rendu la santé à madame d’Argental.

Je vous amuserai probablement, par la première poste, de la Guerre de Genève, imprimée à Besançon . C’est un ouvrage, à mon gré, très honnête et qui ne peut déplaire dans le monde qu’à deux ou trois mille personnes ; encore sont-elles obligées de rire.

Je suis hibou, je l’avoue, mais je ne laisse pas de m’égayer quelquefois dans mon trou ; ce qui diminue les maux dont je suis accablé . C’est une recette excellente.

Je suis comme votre ville de Paris : je n’ai plus de théâtre. Je donne à mon curé les aubes des prêtres de Sémiramis ; il faut faire une fin. Je me suis retiré sans pension du roi, dans ma soixante-quinzième année. Je ne compte pas égaler les jours de Moncrif ; mais si j’ai les moyens de plaire 4 à mes deux anges, je me croirai pour le moins aussi heureux que lui. Je me mets à l’ombre de vos ailes, avec une vivacité de sentiments qui n’est pas d’un vieillard.

V.»

1 A Colmar, et en 1761 à Ferney. (Georges Avenel.)

Le 29 juin, à Richelieu : « Mme Denis doit se souvenir qu'elle a communié avec moi à Ferney (en 1761 sans doute ; il le lui rappellera le 27 avril), et qu'elle m'a vu communier à Colmar (en 1754) » .Voir lettre page 131 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f136.image

3 On ne connaît pas la lettre répondant à cette désignation . Une certaine Mme Caze, nièce de Joseph-Marie Terray, vint à Ferney en 1772 . Mais il s'agit plutôt d'une mauvaise lecture pour Cassen, nom sous lequel V* publia sa Relation de la mort du chevalier de La Barre . Du reste, quelques mots sont grattés sur la copie entre la lettre et de l'avocat .

4 Moncrif est auteur d’Essais sur les moyens de plaire. (Georges Avenel.)Voir : https://books.google.fr/books?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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25/12/2023 | Lien permanent

Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est

...Les villes sont notre législation ; le travail  ne va pas manquer à nos ministres sans avoir à y rajouter le temps perdu à discuter avec avec / contre ceux qui veulent revenir et abolir ce qui est déjà décidé .

 

 

« A Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty 1

27è mars 1769au château de Ferney par Genève 2

Monsieur, vous me traitez comme un Rochelais, vous m’honorez de vos bontés, et vous m’enchantez. Je suis un peu votre compatriote, étant de l’Académie de la Rochelle. Mon cœur aurait été bien ému si je vous avais entendu prononcer ces paroles :  Ce n’est pas au milieu d’eux que Henri IV aurait dit a Sully : « Mon ami, ils me tueront. »

Lorsque je lus le discours 3 que vous prononçâtes à l’Académie, je dis : « Voilà la pièce qui aurait le prix, si l’auteur ne l’avait pas donné. » Vous avez signalé à la fois, monsieur, votre patriotisme, votre générosité et votre éloquence. Un beau siècle se prépare ; vous en serez un des plus rares ornements ; vous ferez servir vos grands talents à écraser le fanatisme, qui a toujours voulu qu’on le prît pour la religion ; vous délivrerez la société des monstres qui l’ont si longtemps opprimée en se vantant de la conduire. Il viendra un temps où l’on ne dira plus : les deux puissances, et ce sera [à] vous, monsieur, plus qu’à aucun de vos confrères, à qui on en aura l’obligation. Cette mauvaise et funeste plaisanterie n’a jamais été connue dans l’Église grecque ; pourquoi faut-il qu’elle subsiste dans le peu qui reste de l’Église latine, au mépris de toutes les lois ? Un évêque russe 4 a été déposé depuis peu par ses confrères, et mis en pénitence dans un monastère, pour avoir prononcé ces mots : les deux puissances ; c’est ce que je tiens de la main de l’impératrice elle-même. Plût à Dieu que la France manquât absolument de lois ! On en ferait de bonnes. Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit. On peut dire parmi nous, en fait de lois : Hodie quae manent vestigia ruris.5

Henri IV fut assez heureux pour regagner son royaume par sa valeur, par sa clémence, et par la messe ; mais il ne le fut pas assez pour le réformer. Il est triste que ce héros ait reçu le fouet à Rome, comme on le dit, sur les fesses de deux prêtres français. Nous sommes au temps où l’on fouette les papes ; mais, en les fessant, on leur paye encore des annates. On leur prend Bénévent et Avignon, mais on les laisse nommer, dans nos provinces, des juges en dernier ressort dans les causes ecclésiastiques. Nous sommes pétris de contradictions. Travaillez, monsieur, à nous débarbariser tout à fait ; c’est une œuvre digne de vous et de ceux qui vous ressemblent. Je vais finir ma carrière ; je vois avec consolation que vous en commencez une bien brillante.

Je vous remercie de la médaille dont vous daignez me favoriser . J’espère qu’un jour on en frappera une pour vous.

J’ai l’honneur d’être avec autant d'estime que de respect,

monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

1 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty, né, à la Rochelle en 1746, mort à Paris le 18 septembre 1788, auteur des Lettres sur l’Italie.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Mercier_Dupaty

et : https://books.google.fr/books?q=editions:0sazWMo4oHJeNk-3Fw&id=1oywkpIysBkC&hl=fr

2 Original signé ( marquis Du Paty de Clam ) ; édition Kehl .

3 Discours dont on trouve un passage dans le Mercure de janvier 1769, II, 142 – 144 ; ne semble pas avoir été imprimé séparément . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37466180/f142.item

4 Arsène, évêque de Rostov ; voir lettre du 29 juin/29 juillet 1766 de Catherine II : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

et voir Dictionnaire philosophique : Puissance:   Les deux puissances : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/312

5 D'après Horace, Épîtres, lib. II, ep. i, v. 160. Trad. : Vestiges de la rusticité qui subsistent aujourd'hui . Le texte de l'édition Besterman « hodie quaemanent » est ici corrigé .

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24/09/2024 | Lien permanent

Nous avons il est vrai une assez bonne année, de sorte que selon toutes les apparences, la dépense n’excédera pas de bea

... Serait-ce la déclaration de notre ministre des Finances Bruno Le Maire ?

Pour tous ceux qui n'ont pas peur de parler de milliards, voir ce que disent nos experts : https://www.aft.gouv.fr/fr/budget-etat et https://www.vie-publique.fr/en-bref/293127-10-milliards-deuros-deconomie-au-budget-2024

Sans oublier les prévisions de la Banque de France, notre grosse tirelire ( un fameux gros et gras cochon ) qui n'accorde jamais un délai aux petits endettés, et déroule le tapis rouge pour les grossiums : https://www.europe1.fr/economie/la-banque-de-france-abaisse-a-08-sa-prevision-de-croissance-en-2024-4235518

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« A Marie-Louise Denis

24 auguste 1768

Dieu vous donne, ma chère nièce, un temps plus agréable en Picardie, que nous ne l'avons en Allobrogie . Nous avons il est vrai une assez bonne année, de sorte que selon toutes les apparences, la dépense n’excédera pas de beaucoup la recette , c'est tout ce qu'on peut espérer de mieux dans ce pays-ci quand on n'est pas M. de Verny 1 . Si l'utile manque, au moins on a l'agréable, et on vit dans l’abondance à peu de frais, mais avec une mauvaise santé on ne jouit à mon âge ni de l'agrément ni de l'abondance . Les bois commencent à se former un peu ; ils deviendront un jour un objet considérable ; et ainsi, puisque vous ne voulez pas vendre actuellement la terre, vous la vendrez mieux dans quelques années quand vous en serez dégoûtée .

J'ai continué à fermer ma porte à tout le monde ; mon état ne me permet plus de voir des passants et de me gêner pour eux . Je n'ai reçu qu'une visite d'une personne bien extraordinaire et que je ne puis nommer 2, tout le reste a été impitoyablement renvoyé .

Vous aurez probablement M. Dupuits à Hornoy, en même temps que cette lettre . Mme de Florian a dû recevoir un petit paquet 3 qui pourra l'amuser elle et sa compagnie . Il regarde les affaires du temps, et il m'a paru curieux . Je crois qu'il n'y a que le consistoire de Rome, dans le monde, à qui il puisse déplaire . J’étais si pressé et si malade quand j'envoyai ce paquet, que je ne l'accompagnai point d'une lettre . Je crois d'ailleurs qu'un ouvrage intéressant sur l'état présent des choses de ce monde fait beaucoup plus de plaisir qu'une lettre vague, dans laquelle on n'a rien à dire de particulier, et où l'esprit est à sec . Ainsi, je ne demande point pardon à M. et Mme de Florian de ne leur écrire que dans les occasions qui en valent la peine . Je les supplie de compter infiniment plus sur mon amitié que sur mon exactitude . Si la compagnie d'Hornoy reste encore un mois à la campagne, elle recevra infailliblement Le Siècle de Louis XIV et de Louis XV . Cela peut fournir une heure d’amusement par jour, quand on ne peut ni se promener , ni jouer au wisk .

Quant à nos affaires, j'approfondirai tout avec M. Christin dès qu'il sera à Ferney, et nous y mettrons un ordre certain qui conviendra à tous les intéressés . Je vous envoie le petit mémoire 4, qui demande une paire de lunettes pour être lu ; mais j'ajoute à ce mémoire qu'en fait d'affaires je ne m'en tiens jamais à mon opinion, et que je suis prêt à faire tout ce qu'on jugera à propos .

M. Dupuits a lu avant son départ un croquis d'une chose assez extraordinaire 5 ; il vous en parlera sans doute, et vous garderez sur cette niaiserie le profond secret qu'il a promis de garder pour tout autre que pour les habitants d'Hornoy . J'embrasse tous ces habitants du meilleur de mon cœur, et je vous aime avec autant de tendresse que je vous ai jamais aimée .

Le Chartreux V. »

2 Peut-être le duc de Saint-Mégrin, futur duc de La Vauguyon . Écrivant à V* vers le 15 octobre 1768, ce personnage , Paul-François de Quélen-Stuer de Caussade, duc de Saint- Mégrin, qui se trouvait alors à Montauban, lui dit en effet : « Je vous prie de vouloir bien ne pas montrer ma lettre, j'ai pour vous en prier les mêmes raisons que j'avais pour garder l'incognito chez vous . »

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Fran%C3%A7ois_de_Quelen_de_La_Vauguyon

3 Probablement Les Droits des hommes et les Usurpations des autres .

4 Ce mémoire est sans doute relatif aux affaires de Wurtemberg . V* a d'abord dicté ai déjà envoyé, corrigé en envoie .

5 Les Guèbres .

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14/03/2024 | Lien permanent

Il faut qu'ils animent la voix des meilleurs citoyens, il faut qu'ils réduisent la canaille au silence

Grasse mat' ... Mise en ligne à l'heure de l'apéro ! De l'apéro d'avant diner, bien sur , pas d'avant souper !

Un, deux , trois ! (je ne prends plus le volant ;)) : http://www.deezer.com/listen-1434860 

 

canaille mme.jpg

 

 

 

«  A Gabriel Cramer

 

[26 décembre 1764]

 

J'ai reçu l'histoire de la destruction des jésuites i; c'est le livre le plus sage, et en même temps le plus hardi, le plus philosophique, le plus adroit, le plus curieux, le plus agréable, qu'on ait écrit depuis les Lettres provinciales . Je le lis, j'en suis enchanté. Préparez vos caractères, mon cher Gabriel, venez me voir. Mais surtout, encouragez les Conseillers vos amis à se conduire avec autant de sagesse que de fermeté. Il faut qu'ils engagent adroitement tous les ministres à faire des représentations ii. Il faut qu'ils animent la voix des meilleurs citoyens, il faut qu'ils réduisent la canaille au silence en faisant connaitre les endroits blasphématoires et séditieux iii, et qu'ensuite ils punissent, non pas un livre qu'on ne peut punir, mais un coquin digne des châtiments les plus sévères iv.

 

On m'assassine depuis un an de deux mille lettres au sujet des souscriptions de Corneille. En voici encore une ; que voulez-vous que je réponde ? »

 

i Sur la destruction des jésuites en France par un auteur désintéressé, 1765, de d'Alembert . http://books.google.fr/books?id=_bUCAAAAQAAJ&printsec...

 

ii A propos des Lettres écrites de la montagne de JJ Rousseau, que V* cite dans l'édition de Marc-Michel Rey, 1764 ; ces lettres auraient été écrites avec les encouragements des Représentants (contestataires) pour neutraliser les Lettres de la campagne de Jean-Robert Tronchin, publiées en automne 1763, qui, elles, justifiaient les actes des Conseils et gagnaient l'opinion aux Négatifs ( réactionnaires ). Lettres de la montagne :Pages 1-177 : http://books.google.fr/books?id=hRQMAQAAIAAJ&printsec...

Page 370 : http://books.google.fr/books?id=aNLrn0E7jfEC&pg=PA370...

Lettres de la campagne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68205d/f2.image.pag...

 

iii Ce que se charge de faire V* en signalant à François Tronchin 13 passages particulièrement « blasphématoires » (comme un de ceux concernant les miracles décrits dans l'Évangile qui est qualifié lui-même par JJ. R. de « scandaleux, téméraire, impie », page 16) ou « séditieux » (comme « on a presque toujours vu dans le Conseil des Deux cents peu de lumières et encore moins de courage ... » page 77, et « Les citoyens sont esclaves d'un pouvoir arbitraire, et livrés sans défense à la merci de vingt-cinq despotes » page 78, et le Conseil « trame une conspiration. » page 101)

 

iv A François Tronchin : « On dira que le Conseil aura ... trop de fermeté pour s'amuser seulement à faire brûler un livre à qui la brûlure ne fait nul mal, et qu'il punira avec toute la sévérité des lois un blasphémateur séditieux... »

 

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26/12/2010 | Lien permanent

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