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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je suis charmé que vous ayez eu le prix, et qu’il ait eu l’accessit. Quiconque vous suit de près est un très bon coureur

... Paroles de félicitations olympiques .

 

 

« A Gabriel-Henri Gaillard

23è janvier 1769 à Ferney

Vous me demandez pardon bien mal à propos, mon grand historien ; et moi, je vous remercie très à propos Je suis étonné qu’il n’y ait pas encore plus de fautes grossières dans l’édition du Siècle de Louis XIV. Je suis enterré depuis trois ans dans mon tombeau de Ferney, sans en être sorti. Cramer, qui a imprimé l’ouvrage, court toujours, et n’a point relu les feuilles. Vous verrez, dans la petite plaisanterie 1 que je vous envoie, que Cramer est homme de bonne compagnie, et point du tout libraire. Son compositeur est un gros Suisse qui sait très bien l’allemand et fort peu de français. Jugez ce que j’ai pu faire, étant aveugle trois ou quatre mois de l’année, dès qu’il y a de la neige sur la terre.

Vous avez donc connu Lally. Non seulement je l’ai connu, mais j’ai travaillé avec lui chez M. d’Argenson 2, lorsqu’on voulait faire sur les côtes d’Angleterre une descente que cet Irlandais proposa, et qui manqua très heureusement pour nous. Il est très certain que sa mauvaise humeur l’a conduit à l’échafaud. C’est le seul homme à qui on ait coupé la tête pour avoir été brutal. Il se promène probablement dans les Champs-Élysées, avec les ombres de Langlade, de la femme Sirven, de Calas, de la maréchale d’Ancre, du maréchal de Marillac, de Vanini, d’Urbain Grandier, et, si vous le voulez encore, de Montécucullo ou Montecucullo à qui les commissaires persuadèrent qu’il avait donné la pleurésie à son maître le dauphin François. On dit que le chevalier de La Barre est dans cette troupe .Jje n’en sais rien  mais si on lui a coupé la main et arraché la langue, si on a jeté son corps dans le feu pour avoir chanté deux chansons de corps-de-garde, et si Rabelais a eu les bonnes grâces d’un cardinal pour avoir fait les litanies du couillon 3, il faut avouer que la justice humaine est une étrange chose.

Vittorio Siri, dont vous me parlez, jeta en fonte la statue d’Henri IV, qu’il composa d’or, de plomb et d’ordures 4. Nous avons ôté les ordures et le plomb, l’or est resté. Nous avons fait comme ceux qui canonisent les saints : on attend que tous les témoins de leurs sottises soient morts.

Le bon Dieu bénisse cet avocat général de Bordeaux 5, qui a fait frapper la médaille d’Henri IV ! On dit qu’il est aussi éloquent que généreux. Les parquets de province se sont mis, depuis quelque temps, à écrire beaucoup mieux que le parquet de Paris. Il n’en est pas ainsi des académies de province, il faut toujours que ce soit des Parisiens qui remportent leurs prix ; tantôt c’est M de La Harpe, tantôt c’est vous 6. Vous marchez tous deux sur les talons l’un de l’autre quand vous courez. Je suis charmé que vous ayez eu le prix, et qu’il ait eu l’accessit. Quiconque vous suit de près est un très bon coureur.

Vous sentez quelle est mon impatience de voir un Henri IV 7 de votre façon. Vous aurez embelli son menton et sa bouche, il sera beau comme le jour.

Si je vous aime ! oui, sans doute, je vous aime, et autant que je vous estime ; car vous êtes un très bel esprit et une très belle âme. Je vous fais encore une fois mes remerciements du fond de mon cœur.

V. »

1 Sans doute la Guerre civile de Genève. (Georges Avenel)

2 Certainement lorsqu'il recueillait les matériaux pour le futur Précis du siècle de Louis XV .

3 Rabelais, Pantagruel, III, xxvi, et III, xxviii ; voir https://www.gutenberg.org/files/1200/1200-h/1200-h#link32HCH0026

Le cardinal en question est Odet de Châtillon , protecteur de Rabelais : https://fr.wikipedia.org/wiki/Odet_de_Coligny

et : https://museeprotestant.org/notice/odet-de-coligny-cardinal-de-chatillon/

4 Vittorio Siri, Memorie recondite da l'anno 1601 fino al 1640, 1676-1679 . : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8703335g

5 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Mercier_Dupaty

La médaille est celle gravée par L.-J. Cathelin d'après C.-N. Cochin : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44536204w

7 L’Éloge de Henri IV, qui a remporté le prix au jugement de l'académie royale des Belles-Lettres de La Rochelle, 1768 : https://books.google.fr/books?id=Ch0LY46RgqwC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Ces éloges de Henri IV sont au reste significatifs de l'état d'esprit de l'époque . Chacun d’entre eux, par contraste, constitue un blâme implicite du gouvernement .

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04/08/2024 | Lien permanent

on doit être très sérieux sur les procédés, sur l’honneur, et sur les devoirs de la vie

...

 

« A Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay

A Ferney, le 5 janvier 1767 1

J'ai reçu, monsieur, la lettre dont vous m'avez honoré le 25 décembre accompagnée de vos vers charmants , et j'allais vous remercier de ces deux faveurs, lorsque j'ai reçu votre lettre consolante du 19 . Rien ne pouvait verser plus de baume sur ma blessure que la sensibilité d'un cœur comme le vôtre qui répond de celui de M. Dorat . J'avoue qu'il m'a fait un affront d'autant plus cruel qu'il s'adresse à l'homme du monde qui fait le plus de cas de ses talents . Ma famille a toujours été l'amie de la sienne . Il est né pour avoir de la considération parmi les honnêtes gens, et je n'impute qu'à ses fatales liaisons avec Fréron l'outrage que j'ai reçu de lui .

S'il avait pu savoir de quoi il est question avec le sieur Rousseau, je suis persuadé que sa probité aurait été alarmée d'insulter publiquement un homme de mon âge, à qui son amitié pour vous devait quelque ménagement . Je vous fais juge, monsieur, des procédés de Jean-Jacques Rousseau avec moi. Vous savez que ma mauvaise santé m’avait conduit à Genève auprès de M. Tronchin le médecin, qui alors était ami de Rousseau : je trouvai les environs de cette ville si agréables que j’achetai d’un magistrat, quatre-vingt-sept mille livres, une maison de campagne, à condition qu’on m’en rendrait trente-huit mille lorsque je la quitterais. Rousseau dès lors conçut le dessein de soulever le peuple de Genève contre les magistrats, et il a eu enfin la funeste et dangereuse satisfaction de voir son projet accompli.

Il écrivit d’abord à M. Tronchin qu’il ne remettrait jamais les pieds dans Genève tant que j’y serais ; M. Tronchin peut vous certifier cette vérité. Voici sa seconde démarche.

Vous connaissez le goût de Mme Denis, ma nièce, pour les spectacles ; elle en donnait dans le château de Tournay et dans celui de Ferney, qui sont sur la frontière de France, et les Genevois y accouraient en foule. Rousseau se servit de ce prétexte pour exciter contre moi le parti qui est celui des représentants, et quelques prédicants qu’on nomme ministres.

Voilà pourquoi, monsieur, il prit le parti des ministres, au sujet de la comédie, contre M. d’Alembert, quoique ensuite il ait pris le parti de M. d’Alembert contre les ministres, et qu’il ait fini par outrager également les uns et les autres ; voilà pourquoi il voulut d’abord m’engager dans une petite guerre au sujet des spectacles . Voilà pourquoi, en donnant une comédie et un opéra à Paris, il m’écrivit que je corrompais sa république, en faisant représenter des tragédies dans mes maisons par la nièce du grand Corneille, que plusieurs Genevois avaient l’honneur de seconder.

Il ne s’en tint pas là ; il suscita plusieurs citoyens ennemis de la magistrature ; il les engagea à rendre le conseil de Genève odieux, et à lui faire des reproches de ce qu’il souffrait, malgré la loi, un catholique domicilié sur leur territoire, tandis que tout Genevois peut acheter en France des terres seigneuriales, et même y posséder des emplois de finance 2. Ainsi cet homme, qui prêchait à Paris la liberté de conscience, et qui avait tant de besoin de tolérance pour lui, voulait établir dans Genève l’intolérance la plus révoltante et en même temps la plus ridicule.

M. Tronchin entendit lui-même un citoyen 3, qui est depuis longtemps le principal boute-feu de la république, dire qu’il fallait absolument exécuter ce que Rousseau voulait, et me faire sortir de ma maison des Délices, qui est aux portes de Genève. M. Tronchin, qui est aussi honnête homme que bon médecin, empêcha cette levée de bouclier, et ne m’en avertit que longtemps après.

Je prévis alors les troubles qui s’exciteraient bientôt dans la petite république de Genève : je résiliai mon bail à vie des Délices ; je reçus trente-huit mille livres, et j’en perdis quarante-neuf, outre environ trente mille francs 4 que j’avais employés à bâtir dans cet enclos.

Ce sont là, monsieur, les moindres traits de la conduite que Rousseau a eue avec moi. M. Tronchin peut vous les certifier, et toute la magistrature de Genève en est instruite.

Je ne vous parlerai point des calomnies dont il m’a chargé auprès de M. le prince de Conti et de Mme la duchesse de Luxembourg, dont il avait surpris la protection. Vous pouvez d’ailleurs vous informer dans Paris de quelle ingratitude il a payé les services de M. Grimm, de M. Helvétius, de M. Diderot, et de tous ceux qui avaient protégé ses extravagantes bizarreries, qu’on voulait alors faire passer pour de l’éloquence.

Le ministère est aussi instruit de ses projets criminels que les véritables gens de lettres le sont de tous ses procédés. Je vous supplie de remarquer que la suite continuelle des persécutions qu’il m’a suscitées, pendant quatre années, a été le prix de l’offre que je lui avais faite de lui donner en pur don une maison de campagne nommée l’Ermitage, que vous avez vue entre Tournay et Ferney. Je vous renvoie, pour tout le reste, à la lettre que j’ai été obligé d’écrire à M. Hume 5, et qui était d’un style moins furieux que celle-ci.

Que M. Dorat juge à présent s’il a eu raison de me confondre avec un homme tel que Rousseau, et de regarder comme une querelle de bouffons les offenses personnelles que M. Hume, M. d’Alembert, et moi, avons été obligés de repousser, offenses qu’aucun homme d’honneur ne pouvait passer sous silence.

M. d’Alembert et M. Hume, qui sont au rang des premiers écrivains de France et d’Angleterre, ne sont point des bouffons ; je ne crois pas l’être non plus, quoique je n’approche pas de ces deux hommes illustres.

Il est vrai, monsieur, que, malgré mon âge et mes maladies, je suis très gai, quand il ne s’agit que de sottises de littérature, de prose ampoulée, de vers plats, ou de mauvaises critiques ; mais on doit être très sérieux sur les procédés, sur l’honneur, et sur les devoirs de la vie.

C'est, monsieur, une des raisons qui m'ont attaché à vous quand vous m’avez fait l'honneur de venir me voir à Ferney . Vous m'avez séduit par vos grâces, mais vous avez gagné mon cœur par votre mérite . M. le duc de Choiseul que nous appelions si souvent Messala, sait quelle justice je vous ai rendue , quand il a permis avec sa bonté ordinaire que j'eusse l'honneur de lui écrire . Je vous le rendrai toujours .

Je vois avec une satisfaction extrême que vous étudiez le métier de la guerre en homme d'esprit, que vous ne vous bornez pas à remplir simplement vos devoirs, que vous cherchez à être utile, et que vous l'êtes ; que vous regardez les belles-lettres comme un amusement, et le service comme votre occupation . J'aime vos jolis vers, j'aime encore mieux vos talents militaires . Comptez que je serai toute ma vie avec les sentiments les plus inaltérables, monsieur, votre très humble, etc. »













1 Une copie est intitulée par V* « Extrait d'une lettre à M. le chevalier de Pezay du 5 janvier 1767 ». C'est le texte qui a toujours été publié jusqu'ici, depuis la première édition « Autre lettre de M. de Voltaire à M. le chevalier de Pezay du 5 janvier 1767 », Journal encyclopédique (Bouillon, 15 février 1767 ) .Une copie contemporaine donne le texte complet qui est reproduit ici, à une variante près . Les parties absentes de l'extrait sont les deux premiers paragraphes, à l’exception de la dernière phrase du second, et les deux derniers (voir : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6653 ).

2 Ce membre de phrase manque depuis tandis que .

3 Jacques-François de Luc . Voir lettre du 9 janvier à Beauteville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6661

 

4 Voici le compte de l’achat des Délices, tel que nous le trouvons dans la Revue suisse, année 1855, page 669. Tronchin de Lyon avait sans doute eu connaissance de la lettre de Voltaire à Pezay, et avait dressé ce compte pour y répondre :

« L’assertion sommaire de M. de Voltaire présente l’idée d’un vendeur peu délicat, et d’un acquéreur trop magnifique sur le prix de ses jouissances. Ce n’est ni l’un ni l’autre.

Voir note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6653

« Le magistrat à qui ce domaine appartenait certifiera que la partie utile lui rendait 2,000 livres par année, et M. de Voltaire en a joui dix ans. Il est vrai que les deux dernières années, M. de Voltaire ayant fixé sa résidence à Ferney, avait mis à ferme une portion de la partie utile des Délices pour 700 livres de France. Il en avait diminué le produit par la destruction du quart des vignes, et la conversion de quelques objets de production en agrément. Une écurie, un poulailler, el quelques cabinets hors d’œuvre, sont les seules constructions qu’il y ait faites. Elles peuvent avoir coûté de 4,000 à 5,000 livres. Les effets mobiliers servant à la culture, chariots, tombereaux, une assez grande quantité d’orangers, etc., étaient demeurés dépendants du domaine, et devaient y être laissés par M. de Voltaire à sa sortie. Les chariots, tombereaux, orangers, tout, jusqu’aux chaudières de lessive, avait passé à Ferney lors de la reprise du domaine par M. Tronchin. »

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13/04/2022 | Lien permanent

on est partagé entre le bonheur de vous avoir lu, et le chagrin de se séparer de vous

... Qui donc ? Pr Raoult ?... ou Mbappé ?

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally 1

A Ferney 9 [juin 1766] 2

Vous êtes trop bon, monsieur, mais ne soyez point surpris qu'on oublie un paquet quand on est partagé entre le bonheur de vous avoir lu, et le chagrin de se séparer de vous ; recevez mes regrets et les respects de ce pauvre malade.

V. »

1Le destinataire, né le 16 avril 1738, devint chef de brigade des gardes du corps ; il est habituellement nommé comte de Rochefort, qui n'est qu'un titre de courtoisie . C'est le troisième fils de Jean-Jacques de Rochefort d'Ally , baron de Saint-Vidal, et de Jeanne-Françoise de Fradet de Bellecombe .

Voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=jacques&n=de+rochefort+d+ailly

2 Le manuscrit porte diverses indications : « A Ferney » en tête et « 9 juin » et « 1760 » en marge . Le choix de l'année 1766 découle de la lettre du 1er juillet 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6380

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je n'ai point de culs noirs , et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie

Voici un cul-noir sur fond noir : Eh! oui, il est à fleurs !!

cul noir.jpg

J'ai ri de bon coeur en apprenant la nouvelle de ces irascibles voyageurs en partance pour Casablanca qui ont voulu jouer les fortes têtes dans leur avion .

Rendez-vous compte : au moment de leur départ, ils sont informés que suite à une panne sur un avion de la même compagnie, ils vont devoir passer par deux autres étapes imprévues pour aller récupérer les passagers en difficulté, avant d'atteindre leur destination : bilan, 6 h de voyage en plus prévues .

Ces gens -là, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur intérêt de consommateurs égoïstes, n'entendent point partager leur bel avion avec ceux qui sont en rade .

Et ça devient très moral heureusement : quelques meneurs décident l'occupation de l'avion et quelques transactions plus tard, beaucoup plus tard, ceux-là qui ne voulaient pas perdre 6h de leur précieux temps libre de vacanciers privilégiés, ceux-là donc sont encore au sol au point de départ 14h plus tard que prévu et au départ effectif de l'avion auront "gagné" près de 24h de colère imbécile à ajouter à leur vie bornée.

Rions mes frères et Ecr[asons] l'Imb[écile] !


 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

5è décembre [1759] aux Délices

 

Ermite de l'arsenal, l'ermite de Tournay et des Délices est dictateur i, parce qu'il a mal aux yeux. Vous m'écrivez toujours à Genève comme si j'étais un parpaillot, mettez par Genève, s'il vous plait ; je ne veux pas que l'enchanteur qui fera mon histoire prétende sur la foi de vos lettres que j'ai fait abjuration. La bonne compagnie de Genève veut bien venir chez moi, mais je ne vais jamais dans cette ville hérétique ; c'est ce que je vous prie de signifier à frère Berthier, supposé qu'il vive encore, ou à frère Garassise ii, ou même à l'auteur des Nouvelles ecclésiastiques iii; il me semble qu'il faudrait faire une battue contre toutes ces bêtes puantes ; mais les philosophes ne sont presque jamais réunis, et les fanatiques après s'être déchirés à belles dents se réunissent tous pour dévorer les philosophes. Un de mes plaisirs dans mon petit royaume, est de tirer à cartouches contre ces drôles-là sans les craindre ; c'est un amusement de ma vieillesse.

 

On dit que la tragédie de M. de Thibouville iv n'a pas si bien réussi que l'apparition de frère Berthier v; il y a quelques années que les choses sérieuses ne réussissent guère en France ; témoin la prose réitérée du traducteur de Pope vi, et témoins nos combats sur terre et sur mer ; il faut espérer que le diable qui n'est toujours pas à la porte d'un pauvre homme vii, ne sera pas toujours à la porte de la pauvre France.

 

O passi graviora, dabit deus his quoque finem.viii

 

On profitera sans doute des bons exemples des Russes, et du maréchal Daun. Retenez pour votre vie, mon ancien ami, une anecdote singulière. Le roi de Prusse me mande du 17 novembre ces propres mots : Dans trois jours je vous en écrirai davantage de Dresde. Et au bout de trois jours, il perd vingt mille hommes ix; vous m'avouerez que ce monde-ci est la fable du pot au lait ; vous avez sans doute une mauvaise copie de La Femme qui a raison, et soyez sûr qu'on n'a que de très détestables copies de presque tous nos amusements de Tournay et des Délices ; vous auriez bien dû venir voir les originaux ; nous avons joué une nouvelle tragédie x sur un petit théâtre vert et or ; et nous avons fait pleurer deux des plus beaux yeux que je connaisse, qui sont ceux de Mme l'ambassadrice de Chauvelin, sans compter ceux de son mari, moins beaux, à la vérité, mais appartenant à une tête pleine d'esprit et de goût. Ma nièce n'a pas tous les talents de Mlle Clairon ; mais elle est beaucoup plus attendrissante, et non moins vraie. Pour moi, je suis, sans vanité, le meilleur vieillard que nous ayons à la comédie. Je me suis un peu ruiné, mon cher ami, en bâtiments et en châteaux, et mes moutons meurent de la clavelée ; cependant je n'ai point envoyé ma vaisselle à la monnaie xi; attendu qu'il n'y [a] point d'hôtel, ni même aucune monnaie dans le pays de Gex, et je ne veux point la vendre aux huguenots ; je n'ai point de culs noirs xii, et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie.

 

M. de Paulmy a-t-il renoncé à l'exécrable dessein d'aller en Pologne xiii? Présentez-lui mes respects, et dites-lui que s'il persiste dans cette triste idée, j'avertirai les hussards prussiens qui le prendront en passant ; n'a-t-il donc pas assez de son mérite pour vivre à Paris, toujours estimé et honoré ?

 

Bona noce, mon ancien ami.

 

V. »


i = Celui qui dicte, au sens premier de dictator, en latin.

 

ii Allusion à la Relation ...du jésuite Berthier (cf. deux billets de septembre-octobre 1759 et la lettre du 25 août) qui se termine par « l'Apparition de frère Berthier à frère Garassise continuateur du Journal de Trévoux », et peut-être déjà à la future Relation du voyage de frère Garassise ... publiée en 1760. http://www.voltaire-integral.com/Html/24/17_Relation_Bert...

 

 

 

iii Les Mémoires ecclésiastiques ou mémoires pour servir à l'histoire de la constitution Unigenitus (1728-1803)de tendance janséniste, dont les principaux rédacteurs étaient alors Fontaine de La Roche et semble-t-il Louis Guidi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_eccl%C3%A9siastiques

http://c18.net/dp/dp.php?no=1027

 

v « Cette brochure s'est vendue à tous les carrefours et les plaisanteries en on fort réussi. » écrivit Thiriot le 28 novembre.

 

 

vi Celle des édits de Silhouette qui avait aussi traduit Pope; cf. lettre du 30 novembre.

 

vii Est-ce une allusion à son Pauvre Diable ?

 

viii Oh ! Vous avez supporté des maux si lourds ! La divinité mettra également un terme à ceux ci .

 

ix Frédéreic perdit 15 000 hommes, tant blessés que prisonniers le 21 novembre à Maxen. En fait les « propres mots » de Frédéric étaient : « Je vous écrirai dans une huitaine de jours de Dresde. » V* commence un chapitre de ses Mémoires par cette « anecdote singulière ».

 

x Tancrède ; cf. lettre du 5 novembre 1759.

 

xi Comme les Français de France, y compris le roi, sous le ministère de Silhouette par son arrêt du 26 octobre 1759.http://www.comite-histoire.minefi.gouv.fr/admin_eco/minis...

 

xii C'est-à-dire de la vaisselle de faïence (à la place de la vaisselle d'argent), au dessous recouvert d'un vernis brun.http://www.leblogantiquites.com/2007/06/cul-noir-de-for.h... http://www.alienor.org/ARTICLES/faience_patronyme/prod02....

 

xiii Comme ambassadeur.

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05/12/2010 | Lien permanent

La réputation de Virgile et de Tite Live vaut mieux que tous les bruits qu'ont faits et que feront les papes présents, p

Dupont a les mêmes opinions défavorables que son ami Voltaire à propos du clergé catholique en général, et des papes en particulier .

Ceux du XXè et ceux du XXIè siècle seraient-ils aptes à les faire changer d'avis ? Je pense qu'ils ne font que du "bruit", un bruit de fond, comme la musique de supermarché, juste assez forte pour briser le silence, juste assez incompréhensible pour ne pas faire travailler trop de neurones, juste assez motivante pour développer le pouvoir d'achat .

Peuvent-ils encore développer la foi , la célèbre foi du charbonnier, "qui est heureux comme un pape et con comme un panier " ? Vu l'actuelle fréquentation des lieux cultuels, ça ne semble pas gagné !

Et en plus se développe un ridicule complexe de minorité opprimée de la part de ces catho, si bien pensant, qu'ils demandent à cor et à cri qu'on cesse de se moquer de leur sainte religion au prétexte que les juifs et les musulmans sont toujours les premiers à crier à la moindre caricature . Ils réclament le droit d'être aussi abrutis que les sus-nommés, de faire leurs cacas nerveux si on touche un poil de pubis au petit Jésus . Au fait, en parlant de "bruit", la pape pète-t-il ? Si, oui, et je l'espère pour lui , peut-on parler sans blasphème de bulle papale ?

Si Dieu est grand, ses prophètes sont des petits d'hommes, qui pissent, crient, rient, mentent, souffrent et parfois aiment . Pourquoi leur faire un culte déraisonnable ? Pourquoi les défendre en abattant des vivants ? 

Pour moi, le plus grand blasphème est la haine .

L'imbécilité est son terreau .

Voyez et écoutez :

http://www.deezer.com/listen-13755069

http://www.ina.fr/media/entretiens/video/I00014749/rencontre-georges-brassens-et-le-pere-duval.fr.html

 

mécreant dupont.jpg


 


Je vais , désormais, autant que possible, mettre en ligne les lettres reçues par Volti .

Ce jour , la réponse à sa lettre du 7 janvier 1755 .

 

 

 

« De Sébastien Dupont

Avocat

à

Monsieur de Voltaire

 

Du 14 janvier [1755]

 Ma foi, monsieur, je suis honteux des peines que je vous donne . Si je vous eusse demandé l'immortalité, ce présent vous aurait moins coûté que ma prévôté .

 Vous avez daigné écrire au confesseur du roi i; je ne me serais jamais avisé de cet expédient . C'est intéresser le diable en ma faveur , car un confesseur du roi est un diable en intrigue ; il en a tout le temps . Je fais cependant plus de fond sur la robe rouge que sur le manteau noir, et je compte plus sur le président de La Marche que sur le jésuite . L'un vous servira par goût, et l'autre par politique, à moins que vous n'ayez promis votre pratique au révérend père . En ce cas, l'amour-propre le fera trotter d'importance, car il sait bien qu'il y aurait plus de gloire à être votre confesseur que celui du roi .

 Vous craignez que deux cents louis donnés à une dame de Paris ne rompent toutes vos mesures . L'amitié est prévoyante . Eh bien ! s'il le faut je les donnerai, et qui plus est, je ferai tout ce que la dame voudra . Est-ce qu'un prévôt de Munster serait moins écouté, sur le chapitre de la galanterie, que l'abbé du lieu ?ii

 Vous êtes modeste en tout, dans les affaires aussi bien que dans les belles-lettres, et vous n'estimez pas votre intercession autant qu'elle vaut . Le voisin de Ripaille me ferait cardinal, s'il l'avait entrepris . Il a été un temps que ce séjour vous aurait valu la papauté . Voilà ce que c'est que de n'être pas né quelques siècles plus tôt . Voyez ce que votre existence vous coûte . Au surplus, vous n'y perdez que cela ; car je connais des ouvrages pour lesquels on a et le respect qu'inspire l'ancienneté, et l'ardeur que donne la nouveauté . N'allez donc pas vous fâcher d'être né tard . La réputation de Virgile et de Tite Live vaut mieux que tous les bruits qu'ont faits et que feront les papes présents, passés et futurs .

 Ce Mandrin a des ailes, il a la vitesse de la lumière . Vous dites qu'il est à votre porte ; on l'a vu aux nôtres dans le même temps . M. de Monconseil est nommé général contre lui ; il est parti avant-hier pour le combattre . Je vous manderai le succès de la bataille, si l'on en vient aux mains . En attendant, toutes les caisses des receveurs des domaines sont réfugiées à Strasbourg . Mandrin fait trembler les suppôts du fisc . C'est un torrent, c'est une grêle qui ravage les moissons dorées de la ferme . Le peuple aime ce Mandrin à la fureur ; il s’intéresse pour celui qui mange les mangeurs de gens . Je vous entretiens de babioles, et je vous distrais de vos beaux ouvrages ; cela a toujours été mon lot . Je ne me défais pas de ma mauvaise coutume, ni vous de vos belles habitudes, l'humanité et la patience iii. »


 

i En fait , V* dans sa lettre à Dupont , du 7 janvier , disait :  « j'écrirais, s'il le fallait... » et non pas « j'écrirai » . C'était le Père Desmarets qui était alors le confesseur du roi Louis XV.

 

ii V* l'avait vu en 1753, lors de son passage à Munster et en disait ceci à la comtesse de Lutzelbourg le 24 octobre 1753 : « Je n'ai vu qu'en passant l'abbé de Munster, il est occupé à Colmar ; il m'a paru fort aimable . Il a tué du monde, il a fait l'amour, il est poli, il a de l'esprit, il est riche, il ne lui manque rien. » .

Voir page 365 : http://books.google.com/books?id=7SQtAAAAYAAJ&pg=PA57...

 

iii Colini et Dupont étaient moins élogieux sur V* dans leur correspondance entre eux .

Colini écrivait, entre autres : « Tel était son caractère ; dès qu'un ouvrage était commencé, il aurait voulu le voir fini le lendemain ; l'impatience le dévorait. »

 

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08/11/2011 | Lien permanent

Nous laissons faire Dieu, .... C'est le seul à qui nous ne payons pas de subsides ...Aussi,dit le roi, c'est le seul qui

... Chers cardinaux papabile !

Selon vos dires le pape est choisi par Dieu, aussi je vous conseille, pour abrèger le temps d'enfermement, d'opter pour la courte paille, Dieu ne pouvant manquer de favoriser le meilleur, à vue d'oeil .

 

paille dans l oeil de dieu.jpg


 

 

 

« A M. LE COMTE D'ARGENTAL.
A Lausanne, 5 janvier [1758].
Le roi de Prusse, en parlant à M. Mitchell,1 ministre d'Angleterre, de la belle entreprise de la flotte anglaise sur nos côtes 2, lui dit « Eh bien ! que faites-vous à présent ? Nous laissons faire Dieu, répondit Mitchell. Je ne vous connaissais pas cet allié, dit le roi. C'est le seul à qui nous ne payons pas de subsides, répliqua Mitchell. Aussi, dit le roi, c'est le seul qui ne vous assiste pas. »
Voilà, mon cher ange, les dernières nouvelles après la prise de Breslau. Le roi de Prusse a quarante mille prisonniers à présent, en nous comptant. Je fais des vœux et je crains pour M. de Richelieu. Quoiqu'il ait refusé un malheureux quart de part à Lekain 3, je l'aime toujours. Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Et vous, pourquoi avez-vous une maison dans une maudite île 4 ? C'est l'affaire de M. de Boullongne 5 de vous la payer. Son père 6 l'aurait peinte, il a peint le plafond de la Comédie. Mais daignez donc me dire ce qu'on fait en faveur des pauvres auteurs qui viennent se faire siffler sous ce plafond. De mon temps, on ne cherchait pas à les consoler. Nous allons, nous autres Suisses, donner nos comédies gratis; nous ne payons ni auteurs ni acteurs; mais aussi nous ne sommes point sifflés. Nous n'avons point de premier gentilhomme, et nous ne jouons point à la cour. Lekain m'a fait faire des habits pour Zamti 7 et pour Narbas. Nous jouerons la Femme qui a raison; et, si cette femme et Fanime font plaisir, nous vous les enverrons.
Pour comble de bénédiction, il nous vient un peintre assez bon 8. Il ne peint qu'en pastel : il travaillera sur ma maigre effigie, pour vous et pour les Quarante. Il faudra une copie à l'huile pour mes confrères qui ne veulent pas de crayons. Vous aurez l'original, mon cher et respectable ami; cela est bien juste. Il y a une comédie du roi de Prusse, intitulée le Singe de la mode 9; nous pourrions bien la jouer, tandis qu'il fait de si terribles tragédies en Allemagne. La catastrophe était peu attendue, vous n'auriez pas dit, au 1er d'octobre, qu'il écraserait tout, quand vous autres le teniez pour écrasé, et qu'il m'écrivait qu'il était perdu et qu'il voulait mourir, et que j'essuyais de loin ses larmes, que je ne veux plus essuyer de près. Il n'y a qu'à vivre pour voir des prodiges.
Adieu, mon divin ange. Ah ! si vous pouviez voir ma maison, qui forme un ceintre sur mon jardin, et qui voit d'un côté quinze lieues de lac, et sept de l'autre, et qui a le lac en miroir au bout du jardin, et la Savoie par delà ce lac, et les Alpes au delà de cette Savoie, vous me diriez Tenez-vous là. Mais je suis trop loin de vous.

V.

Voilà donc le vainqueur de Mahon 10 vainqueur du prince de Brunswick . Il ne lui manque que de donner part entière à Lekain . Mais il faut que mes héros pêchent toujours par quelque endroit .

Je n'ai encore que des nouvelles fort vagues de la victoire de M. de Richelieu . Puisse la renommée n'avoir point exagéré à son ordinaire .11 »

1 Sir Andrew Mitchell envoyé par la Grande Bretagne en Prusse . Voir lettre IX de Frédéric II à Mitchell : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/25/id/001000000/text/

et faire recherche « Mitchell » dans : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/5/75/text/?h=mitchell

2 « On vient de recevoir la nouvelle bien constatée de la prise du fort Saint Georges avec deux mille cinq cents prisonniers . Le fort a été rasé . La flotte anglaise qui avait débarqué à l'ile d'Aix s'est contentée d'incendier quelques maisons et de faire quelques désordres à Fouras et ensuite a payé les dégâts sans doute de peur que l'on n'en fit autant dans Hanovre . Ils sont rentrés à Plymouth. » : lettre de Thieriot à Voltaire du 12 octobre 1757 .

3 A la Comédie Française .

4 D'Argental avait une propriété dans l'ile d'Aix , V* y fera allusion encore .

5 Jean de Boullongne , fils ainé de Louis de Boullongne, premier peintre du roi ,venait de succéder le 25 août 1757 à François-Marie Peyrenc de Moras au poste de contrôleur général des Finances . http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Boullongne

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Marie_Peyrenc_...

6 Louis Boullongne le Jeune 1654-1733 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Boullogne

7 Zamti est un personnage de l'Orphelin de la Chine : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-l-orphelin-de-la-chine-avertissement-114073427.html

, et Narbas de Mérope .

8 Peut-être s'agit-il du peintre Jean-Etienne Liotard (1702-1789) qui selon Mme Denis dans sa lettre du 7 juin 1758 « s'est retiré à Genève sa patrie ».

9 Comédie en un acte composée par Frédéric II pour le mariage de Kaiserlinck le 30 novembre 1742 .Voir article LII : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/14/text/

10 Richelieu qui venait de remporter un engagement sans importance .

11 Ces deux derniers paragraphes manquent dans toutes les copies faites sur l'édition de Kehl .

 

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10/03/2013 | Lien permanent

Je ne vous fais point d’excuse de prendre la liberté de vous écrire sans avoir l’honneur d’être connu de vous...Pardonne

... Si la compassion de Voltaire pour les malheureux victimes d'injustices est réelle, on peu mettre un bémol et jouer scherzo sa partition vénérant le parlement .

 

 

« A Pierre Desinnocends

A Ferney 19 avril 1765 1

Monsieur,

Je ne vous fais point d’excuse de prendre la liberté de vous écrire sans avoir l’honneur d’être connu de vous. Un hasard singulier avait conduit dans mes retraites, sur les frontières de la Suisse, les enfants du malheureux Calas . Un autre hasard y amène la famille Sirven, condamnée à Castres, sur l’accusation ou plutôt sur le soupçon du même crime qu’on imputait aux Calas.

Le père et la mère sont accusés d’avoir noyé leur fille dans un puits, par principe de religion. Tant de parricides ne sont pas heureusement dans la nature humaine ; il peut y avoir eu des dépositions formelles contre les Calas ; il n’y en a aucune contre les Sirven. J’ai vu le procès-verbal 2, j’ai longtemps interrogé cette famille déplorable . Je peux vous assurer, monsieur, que je n’ai jamais vu tant d’innocence accompagnée de tant de malheurs : c’est l’emportement du peuple du Languedoc contre les Calas qui détermina la famille Sirven à fuir dès qu’elle se vit décrétée. Elle est actuellement errante, sans pain, ne vivant que de la compassion des étrangers. Je ne suis pas étonné qu’elle ait pris le parti de [se] soustraire à la fureur du peuple, mais je crois qu’elle doit avoir confiance dans l’équité de votre parlement.

Si le cri public, le nombre des témoins abusés par le fanatisme, la terreur, et le renversement d’esprit qui put empêcher les Calas de se bien défendre, firent succomber Calas le père, il n’en sera pas de même des Sirven. La raison de leur condamnation est dans leur fuite. Ils sont jugés par contumace, et c’est à votre rapport, monsieur, que la sentence a été confirmée par le parlement.

Je ne vous cèlerai point que l’exemple des Calas effraie les Sirven, et les empêche de se représenter. Il faut pourtant ou qu’ils perdent leur bien pour jamais, ou qu’ils purgent la contumace, ou qu’ils se pourvoient au conseil du roi.

Vous sentez mieux que moi combien il serait désagréable que deux procès d’une telle nature fussent portés dans une année devant Sa Majesté ; et je sens, comme vous, qu’il est bien plus convenable et bien plus digne de votre auguste corps que les Sirven implorent votre justice. Le public verra que si un amas de circonstances fatales a pu arracher des juges l’arrêt qui fit périr Calas, leur équité éclairée, n’étant pas entourée des mêmes pièges, n’en sera que plus déterminée à secourir l’innocence des Sirven.

Vous avez sous vos yeux toutes les pièces du procès . Oserai-je vous supplier, monsieur, de les revoir ? Je suis persuadé que vous ne trouverez pas la plus légère preuve contre le père et la mère en ce cas, monsieur, j’ose vous conjurer d’être leur protecteur.

Me serait-il permis de vous demander encore une autre grâce ? c’est de faire lire ces mêmes pièces à quelques-uns des magistrats vos confrères. Si je pouvais être sûr que ni vous ni eux n’avez trouvé d’autre motif de la condamnation des Sirven que leur fuite ; si je pouvais dissiper leurs craintes, uniquement fondées sur les préjugés du peuple, j’enverrais à vos pieds cette famille infortunée, digne de toute votre compassion ; car, monsieur, si la populace des catholiques superstitieux croit les protestants capables d’être parricides par piété, les protestants croient qu’on veut les rouer tous par dévotion, et je ne pourrais ramener les Sirven que par la certitude entière que leurs juges connaissent leur procès et leur innocence.

J’aurais le bonheur de prévenir l’éclat d’un nouveau procès au conseil du roi, et de vous donner en même temps une preuve de ma confiance en vos lumières et en vos bontés. Pardonnez cette démarche que ma compassion pour les malheureux et ma vénération pour le parlement et pour votre personne me font faire du fond de mes déserts.

J’ai l’honneur d’être avec respect, monsieur, votre, etc. »

1 Cette lettre est apparemment une lettre ouverte . Le destinataire est identifié par Galland . Desinnocends est l'un des juges qui avaient voté pour l'exécution de Jean Calas .Voir : https://books.google.fr/books?id=DMNYDwAAQBAJ&pg=PT103&lpg=PT103&dq=pierre+desinnocends&source=bl&ots=ZAakyNXi34&sig=ACfU3U3B7Lm9iD-LAYtBSXnciZQEyskt5w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi70c64lP3qAhWOxoUKHQebCNMQ6AEwBHoECAkQAQ#v=onepage&q=pierre%20desinnocends&f=false

2 Dans sa lettre à V* du 11 avril 1765, Élie de Beaumont met ce post-scriptum : « M. Damilaville vient de me faire remettre à l'instant la copie de la sentence de Mazamet . C'est le comble de l'absurdité et de l'horreur . On ne pourrait croire l’existence d'une telle pièce sans l'avoir lue . Un père et une mère dûment atteints et convaincu du crime de parricide et pour cela seulement pendus, et les deux dûment atteintes CONVAINCUES et complices dudit crime de parricide et pour toute peine condamnées à assister à l'exécution de leur père et mère, et au bannissement hors la ville et juridiction de Mazamet, permis à elles de se promener sur la frontière de cet immense territoire de ce Mazamet . Bon Dieu à quels temps sommes-nous réservés de voir rendre de pareils jugements, de les voir confirmer par un parlement, et par un parlement qui venait d'avoir une si cruelle leçon . Laissez-moi faire, monsieur, et soyez sûr que votre Sirven que j'appellerai aussi bientôt notre Sirven, sera dans peu satisfait avec éclat . »

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06/08/2020 | Lien permanent

Chaque siècle a ses vices dominants . Je crois que la calomnie est celui du nôtre 

... Philippe Geluck – Le Chat – Philippe Geluck : le site officiel – Le chat

Réseaux sociaux que de mal on fait grâce [sic] à vous !

 

 

« A André-Guillaume Contant d'Orville 1

A Ferney 11è février 1766

Je reçus hier, monsieur, le premier volume du recueil que vous avez bien voulu faire 2; il était accompagné d’une lettre en date du 24è décembre dernier. Je me hâte de vous remercier de votre lettre, du recueil, de l’épître dédicatoire à Mme la comtesse de Buturlin 3, et de l’avis de l’éditeur 4. Ce sont autant de bienfaits dont je dois sentir tout le prix. Vous m’avez fait voir que j’étais plus ami de la vertu, et même plus théologien que je ne croyais l’être. Il y a bien des choses que la convenance du sujet et la force de la vérité font dire sans qu’on s’en aperçoive ; elles se placent d’elles-mêmes sous la main de l’auteur. Vous-avez daigné les rassembler, et je suis tout étonné moi-même de les avoir dites.

Il faut avouer aussi que ceux qui m’ont persécuté ne doivent pas être moins étonnés que moi. Votre recueil est un arsenal d’armes défensives que vous opposez aux traits des Frérons, et des lâches ennemis de la raison et des belles-lettres.

Ma vieillesse et mes maladies m’avaient fait oublier presque tous mes ouvrages . Vous m’avez fait renouveler connaissance avec moi-même. Je me suis retrouvé d’abord dans tout ce que j’ai dit de Dieu. Ces idées étaient parties de mon cœur si naturellement que j’étais bien loin de soupçonner d’y avoir aucun mérite. Croiriez-vous, monsieur, qu’il y a eu des gens qui m’ont appelé athée ? C’est appeler Quesnel moliniste. Chaque siècle a ses vices dominants . Je crois que la calomnie est celui du nôtre ; cela est si vrai que jamais on n’a dit tant de mal de Bayle que depuis une trentaine d’années. L’insolence avec laquelle on a calomnié le Dictionnaire encyclopédique est sans exemple. Le malheureux 5 qui fournit des mémoires contre cet important ouvrage poussa l’absurdité jusqu’au point de dire que, si on ne découvrait pas le venin dans les articles déjà imprimés, on le trouverait infailliblement dans les articles qui n’étaient pas encore faits 6. Cela me fait souvenir d’un abbé Desfontaines, écrivain de feuilles périodiques, qui, en rendant compte du Minute Philosopher du célèbre Barclay, évêque de Cloane, crut, sur le titre, que c’était un livre de plaisanteries contre la religion, et traita le vieil évêque de Cloane comme un jeune libertin, sans avoir lu son ouvrage 7.

Ce Desfontaines a eu des successeurs encore plus ignorants et plus méchants que lui, qui n’ont cessé de calomnier les véritables gens de lettres. Jamais la philosophie n’a été plus répandue, et jamais cependant elle n’a essuyé de plus cruelles injustices. Ce sont ces injustices mêmes qui augmentent l’obligation que je vous ai.

Je ne sais, monsieur, si Mme de Buturlin, à qui vous me dédiez, est sœur de M. le comte de Voronzoff, que j’ai eu l’honneur de voir chez moi, et qui est actuellement ambassadeur à la Haye . Je vous supplie de vouloir bien lui présenter mes respects.

J’ai l’honneur d’être avec la plus sincère reconnaissance, monsieur, votre. »

1 André-Guillaume Contant Dorville, né à Paris en 1730, mort avant 1820. Voir : https://data.bnf.fr/fr/11994425/andre-guillaume_contant_d_orville/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dorville_(auteur)

2 Les Pensées philosophiques de M. de Voltaire, 1766, deux volumes in-8°, ou deux volumes in-12 ; on lit sur les faux-titres : Voltaire portatif. On fit de nouveaux frontispices en 1776, du moins pour le format in-12. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8546541

3 Les Pensées philosophiques sont dédiées À Son Excellence Mme la comtesse de Butturlin, née comtesse de Woronzoff, ambassadrice de Russie en Espagne. Elle est l'épouse du comte Pyotr Jona Alexandrovitch Buturlin, ministre plénipotentiaire en Espagne de 1762 à 1766 .

4 N'étant pas nommé, il doit s'agir de d'Orville .

5 Abraham Chaumeix, auteur des Préjugés légitimes contre l’Encyclopédie, voir page 115 de la lettre du 23 décembre 1760 à Capacelli : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4387

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/23/je-pardonne-de-tout-mon-coeur-a-tous-ceux-dont-je-me-suis-mo-5737506.html

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29/05/2021 | Lien permanent

ces marauds-là ne valent pas la plaisanterie . Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre

... Chacun a son pendu préféré, aussi je ne donne pas de nom ici , mais il suffit de savoir que ce sont des chefs d'Etats particulièrement révoltants qui ont du sang sur les mains et sont encore impunis . Il serait extraordinaire et consolant que la corde d'autour de leurs cous apporte la chance aux peuples brimés .

On braillera : Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira ! à la lanterne on les pendra !(air connu ) ; https://www.youtube.com/watch?v=OTh6LoKbATo&ab_channe...

CORDE DU PENDU (LA) ET AUTRES HISTOIRES : GOSCINNY, René, MORRIS:  Amazon.ca: Livres

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 octobre 1767 1

Mon cher ami, tandis que vous imprimez l'éloge de Henri IV sous le nom de Charlot, on l'a rejoué à Ferney mieux qu'on ne le jouera jamais à la Comédie . Mme Denis m'a donné en présence du régiment de Conti, et de toute la province, la plus agréable fête 2 que j'aie jamais vue . Les princes en peuvent donner de plus magnifique, mais il n'y a point de souverain qui en puisse donner de plus ingénieuse .

J'attends avec impatience le recueil qui achève d'écraser les pédants de collège . Savez-vous bien que l'impudent Coger a eu l'insolence et la bêtise de m'écrire 3? J'avais préparé une réponse qu'on trouvait assez plaisante 4 , mais je trouve que ces marauds-là ne valent pas la plaisanterie . Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre . Voici donc la réponse que je juge à propos de faire à ce coquin 5 . Il m'est très important de détromper certaines personnes sur le Dictionnaire philosophique que Coger m'impute 6 .Vous ne savez pas ce qui se passe dans les bureaux des ministres, et même dans le conseil du roi, et je sais ce qui s'y est passé à mon égard .

Je pense que l’enchanteur Merlin peut bien me rendre le service d'imprimer la réponse à Coger, et vous pourrez la faire circuler pour achever d’anéantir ce misérable .

Je recommande toujours une faible édition de Charlot afin qu'on puisse corriger dans la seconde ce qui aura paru défectueux dans la première . Il se peut très bien faire que des Welches qui ont applaudi depuis trois ans à des pièces détestables se révoltent contre celle-ci . Il y a plus de goût actuellement en province qu'à Paris, et bientôt il y aura plus de talent . J'ai entre les mains un manuscrit admirable contre le fanatisme 7 , fait par un provincial . J'espère qu'il sera bientôt imprimé .

Je vous supplie mon cher ami, de donner à Thieriot les rogatons de vers 8 qui sont dans mon paquet . Cela peut servir à sa correspondance 9.

Je vous embrasse plus tendrement que jamais .

Je tiens qu'il est très bon qu'on envoie cette lettre à Coger, à ses écoliers, et aux pères des écoliers . Il ne s'agit pas ici de divertir le public, et de plaire, il s'agit d’humilier et de punir un maraud impudent. »

1 Copies contemporaines, Darmstadt B.; B.N. ; B. H. ; édition de Kehl ; Cayrol .Cette lettre a toujours été considérée comme adressée à Marmontel, mais rien ne l'indique, tandis que tous les détails renvoient à Damilaville .

2 Cette fête a été donnée le jour même à l'occasion de la St François, patron de Mme Denis et de V*.

3 Cette lettre est conservée . Elle fut imprimée en effet dans les Pièces relatives à l’examen de Bélisaire, 1768 , pages 46-48 : https://books.google.fr/books?id=bgZOAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

4 Certainement La défense de mon maître qui parut datée du 15 décembre 1767 dans Correspondance littéraire du 15 janvier 1768, VIII, 29-30, mais qui dut être écrite bien auparavant, avant même la réception de la lettre de Coger . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/La_d%C3%A9fense_de_mon_ma%C3%AEtre/%C3%89dition_Garnier

6 Texte de l'édition : de faire à ce Coger qui m'impute le Dictionnaire philosophique ; il m'est important de détromper certaines personnes.

7 Les Lettres à S. A. Mgr le prince de *** sur Rabelais, 1767 . cet ouvrage fut connu à Paris au milieu de novembre ; voir les Mémoires secrets du 19 novembre 1767 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6305006z.texteImage

8 Sans doute ceux qui avaient été déclamés lors de la fête de Ferney ; voir Correspondance littéraire, VII, 454-455 et 470, ainsi que Chabanon, Tableaux de quelques circonstances de ma vie, 1795, 142-143 : (à télécharger ) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108475x.texteImage

9 Ce paragraphe est omis dans les deux premiers manuscrits décrits plus haut .

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13/05/2023 | Lien permanent

je crois que vous pouvez vous épargner à vous et à vos amis la peine d'apprendre tous ces changements

... No comment : https://www.linternaute.com/actualite/politique/1415513-r...

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

7è mars 1767 à Ferney 1

Puisque vous voulez, mon cher colonel, avoir la dernière leçon suivant laquelle on va jouer la pièce à Paris, la voici . Mais je crois que vous pouvez vous épargner à vous et à vos amis la peine d'apprendre tous ces changements . Cette peine ne servirait qu'à troubler et à égarer la mémoire à la veille d'une répétition . C'est une pièce très difficile à jouer. Le rôle d'Obéide surtout, qui déguise ses sentiments jusqu'au milieu du dernier acte, demande beaucoup de travail . Il faut que les acteurs soient bien affermis dans leur rôle pour être à leur aise sur le théâtre .

Vous avez demandé comment on pourrait ajuster la banquette sur laquelle les deux vieillards s’asseyent au premier acte, elle peut aisément occuper le quart de votre théâtre qui est petit comme le nôtre ; et on peut dans l'entracte la glisser dans les coulisses . Le mieux aurait peut-être été de pratiquer deux berceaux à jour sur des montants fort minces, et on aurait mis la banquette sous l'un de ces berceaux.

Vous demandez aussi s'il faut un poignard à ressort pour mettre sur l'autel . Je crois que vous en avez un .

N. B. – Le moment où Athamare entre, au quatrième acte, après avoir tué Indatire, est trop violent pour qu'il parle longtemps . Il n'a pas un moment à perdre .

Si Athamare parlait au moment du sacrifice, il devrait dire à Obéide : Tu te moques de moi, tu dis que tu m'aimes comme une folle, et tu vas me tuer ! il ne doit certainement pas lui dire : J'ai tué ton époux, j'ai fait couler tes pleurs puisqu’elle vient de déclarer qu'elle n’aimait que lui et que, par conséquent, il ne doit pas croire qu'elle ait pleuré un époux qu'elle n'aimait pas .

C'est Cramer qui a lu la pièce à Vincy 2, c'est lui qui l'a imprimée et qui n'en a donné d’exemplaire à personne qu'à moi . Voulez-vous bien avoir la bonté de me dire précisément quel jour vous donnerez ce petit spectacle à vos amis sur le théâtre de Monrepos .

Je vous dirai encore que j'aurais bien voulu faire périr Athamare ; il le mérite bien, mais il n'y a pas moyen de mettre deux coups de poignard sur le théâtre immédiatement l'un après l'autre . Cela est sévèrement défendu par nos lois .

Je me flatte que vous passerez à Ferney en retournant à Paris .

Mille tendres respects .

 

Acte Iièr, scène IIde

Ôtez le premier couplet de cette scène, et mettez celui-ci à la place :

 

Indatire

Cet autel me rappelle en ces forêts si chères 3,

Tu conduis tous mes pas, je devance nos pères .

Je peux lire en tes yeux, entendre de ta voix

Que ton heureux époux est nommé par ton choix .

L’hymen est parmi nous le nœud que la nature

Forme entre deux amants de sa main libre et pure .

Chez les Persans, dit-on, l'intérêt odieux,

Les folles vanités , l'orgueil ambitieux,

De cent bizarres lois la contrainte importune

Soumettent tristement l'amour à la fortune .

Ici le cœur fait tout, ici l'on vit pour soi,

D'un mercenaire hymen on ignore la loi,

On fait sa destinée . Une fille guerrière

De son guerrier chéri court la noble carrière,

Elle aime à partager ses travaux et son sort,

L'accompagne aux combats et sait venger sa mort .

Préfères-tu nos mœurs aux mœurs de ton empire ?

La sincère Obéide aime-t-elle Indatire ?

 

Obéide

Je connais tes vertus, j'estime ta valeur

etc.

 

Acte Vè, scène Ière

….............................................................................

Le cœur du criminel qui ravit son bonheur .

Sozame a-t-il appris à sa chère Obéide

Tout ce que l'on attend de son cœur intrépide ?

 

Obéide

Je n'en apprends que trop .

 

Sozame

Je vous l'ai déclaré

Je respecte un usage en ces lieux consacré.

Mais des sévères lois par vos aïeux dictées

Les têtes de nos rois pourraient être exceptées .

 

Le Scythe

Plus les princes sont grands, et plus sur nos autels

etc.

 

Acte Vè , scène Iide

Qu'il me garde la sienne, il sera trop content .

 

Sozame

Tu me glaces d'horreur.

 

Obéide

Allez, je la partage.

Seigneur, le temps est cher, achevez votre ouvrage.

Laissez-moi m'affermir . Mais surtout obtenez

Un traité nécessaire à ces infortunés.

etc. »

1 L'édition Roulin omet les textes révisés .

2 Le château de Vincy, près de Rolle, est occupé à l'époque par Horace Vasserot : http://www.swisscastles.ch/Vaud/chateau/vincy.html

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Vincy

3 Et non pas en ces forêts-cy chères comme le prote l'édition Besterman.

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19/08/2022 | Lien permanent

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