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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

De tous les contes j'ai choisi le plus court et le plus philosophique pour l 'envoyer à mon cher frère . Les dames n'y e

... Misogynie ? Non point .  Réalité ? pourquoi pas . Provocation ? possible .

Remarquez , distingo, le "les dames" et non un "les femmes", subtile distinction bien dans le style de maître Voltaire .

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Qu'en dit la "Dame de fer" ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6è février 1764 1

De tous les contes j'ai choisi le plus court et le plus philosophique pour l 'envoyer à mon cher frère . Les dames n'y entendront rien, mais les philosophes devineront plus qu'on ne leur dit .

Je suppose à présent tout tranquille, ce qui est bien triste pour des Français ; il ne s'agit plus que des plaisirs qu'ils peuvent goûter à la Comédie-italienne, ou à Idoménée 2. Qu'est-ce que c'est que cette Idoménée ? l'a-t-on jouée ? cela vaut-il mieux que celle de Crébillon 3?

Je n'entends point parler du terrible ouvrage du lourd Crevier contre Montesquieu 4, ni du livre intitulé, Les Fonctions du parlement 5. Si frère Thieriot veut bien m'envoyer ces livres à l'adresse de M. Camp à Lyon par la diligence, il me fera plaisir .

Au reste, Thélème ne doit trouver place que dans un petit recueil que les gens de bien feront un jour . L'ouvrage est trop petit et trop sage pour être imprimé séparément . Je prie mon frère de vouloir bien faire parvenir l'incluse à frère Du Molard au Gros-Caillou . Frère Du Molard est un bon cacouac.

Et sait du grec, Madame, autant qu'homme de France .6

Mes compliments aux frères . Écr l'inf . »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl fond des fragments de cette lettre avec une phrase de la lettre du 1er février et de celle du 3 février 1764 .

6 Les Femmes savantes, III, 5, de Molière . Sur les cacouacs, voir lettre 5 janvier 1758 à Thieriot : « Ils [les jésuites] font précéder ce grand ouvrage [La Religion vengée] d'une satire allégorique assez ingénieuse et assez piquante dans laquelle ils vous appellent des Kakouacs, d'après le mot grec Kakos, méchant, et tâchent de vous rendre aussi odieux qu'il leur est possible . » ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1758-partie-1-116903065.html

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15/02/2019 | Lien permanent

La noise a commencé par le ridicule, elle se terminera aux dépends de tous les partis

... ..."Diviser pour régner !" aurait dit notre Louis XI, et il ne s'est pas mal débrouillé ;  "Divisés pour perdre" appliquent nos inénarrables candidats à la présidentielle . Pour  s'endormir désormais, ne comptons plus des moutons innocents, mais récitons la liste sans fin des prétentieux politicards de partis à la débandade .

Humour Affiches candidats Election Présidentielle: Le côté zen - Doc de  Haguenau

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[vers le 15 juin 1766] 1

[…] théologiques ; mais je ne suis point du tout de l'avis de Fontenelle, qui , après avoir mutilé en douceur le savant traité des oracles de Vandales, disait que s'il avait la main pleine de vérités, il n'en lâcherait aucune 2. Il faut les lâcher et retirer promptement la main . Si tous les philosophes avaient suivi la maxime lâche de Fontenelle où en serions nous ? Nous gémirions sous le joug du fanatisme le plus horrible . Les temps sont bien changés ; la lumière luit de toutes parts . J'ai reçu des lettres de plusieurs magistrats de province qui pensent hautement . Il n'y a point d'année où le monstre de la superstition et du faux zèle ne reçoive quelque blessure profonde ; mais en rendant ce service au genre humain, il y aurait de la folie à être le martyr de la vérité . Helvétius et Rousseau ont fait une grande faute de mettre leur nom à leurs ouvrages . Je sais bien que si j'en faisais de pareils, je n'aurais pas la vanité de me faire connaître . Le Vicaire savoyard est un excellent morceau dans un fort mauvais livre, mais plus ce morceau est délicieux, moins l'auteur le devrait avouer . Que peut-on faire à un homme qui nie et qu'on ne peut convaincre ?

Le troisième point regarde ces fous de Genevois . Il y a quelque apparence que la chose finira comme je le souhaite, et comme je vous l'ai dit . La noise a commencé par le ridicule, elle se terminera aux dépends de tous les partis . La fable du cerf qui voulut se venger du cheval est une très bonne fable ; Ésope avait grande raison 3.

Au reste j'ai tiré mon épingle du jeu, ce jeu ne vaut rien du tout .

Je suis si fort en train de vous ennuyer qu'il faut que je vous dise encore que j'ai lu les mémoires pour et contre ce fougueux et absurde Lally . Je suis tout confondu de ne pas trouver le moindre corps de délit dans tout cela . Je serais bien curieux de savoir sur quelle preuve on l'a condamné . Vous autres Velches vous ne motivez jamais vos arrêts, vous êtes, Dieu merci, les seuls en Europe qui rendiez si cavalièrement la justice .

Respect et tendresse, et toujours au bout de vos ailes .

N.B. – J'ai toujours oublié de vous parler de M. de Chauvelin ; mon cœur vaut mieux que ma mémoire . Je lui suis véritablement attaché, et je vous supplie de me protéger bien fort auprès de lui . Il faudrait absolument qu'il lût la pièce ; elle est faite pour les ministres et pour les ambassadeurs, mais elle est bien peu faite pour les belles dames . »

1 Pour la date on observera qu'elle précède manifestement la lettre du 22 juin 1766 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/01/correspondance-annee-1766-partie-21.html

2 Cette affirmation concernant Fontenelle est déjà citée dans la lettre du 15 septembre 1763 à Helvétius : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/13/on-n-a-cause-gagnee-avec-notre-nation-qu-a-l-aide-du-plaisant-et-du-ridicul.html

L’ouvrage que V* attribue à Vandales est constitué par De oraculis veterum Ethnicorum dissertationes duae, 1683, de Antonii van Dale, dont Fontenelle tira son Histoire des oracles, 1686 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774606d.texteImage

et : https://data.bnf.fr/fr/16256853/anthony_van_dale/

et : https://en.wikipedia.org/wiki/Anton_van_Dale

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_oracles

3 La fable « Le cheval s'étant voulu venger du cerf » de La Fontaine, ne vient pas d’Ésope mais d'Aristote . Voir : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/chevengcer.htm

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08/09/2021 | Lien permanent

il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes

... Jean-Luc [Mélenchon, bien sûr], tu es ridicule à force d'être bêtement vindicatif, et comme la grenouille de la fable, trop enflé tu crèveras . Tes colères sont creuses et ne sont évidemment pas un programme de gouvernement et de progrès . Jamais tu ne seras calife à la place du calife bien que tu fasses de la lèche aux électeurs musulmans . Ferme-la ! on a besoin de paix .

melenchon-0.jpg

https://www.lunion.fr/id528923/article/2023-10-10/lactu-v...

 

 

« Au chevalier Pierre de Taulès

A Ferney 5 mars 1768 1

Les trois quarts de la nouvelle édition du Siècle de Louis XlV sont imprimés, monsieur; et à moins que vous n'ayez quelques anecdotes sur le jansénisme, il ne m'est plus possible de vous en demander sur les affaires politiques. Je sais bien qu'il y a eu quelque politique dans les querelles des jansénistes et des molinistes mais en vérité elle est trop méprisable et c'est rendre service au genre humain que de donner à ces dangereuses fadaises le ridicule qu'elles méritent.

Quant au testament attribué au cardinal de Richelieu, vous pouvez, je crois, m'instruire avec liberté de tout ce que vous en savez, et en demander la permission à M. le duc de Choiseul, en lui montrant ma lettre. Mme la duchesse d'Aiguillon a fait chercher au dépôt des Affaires étrangères tout ce qu'elle a cru favorable à son opinion. Si vous avez quelques lumières nouvelles, je me rétracterai publiquement, et je dirai que le cardinal de Richelieu a fait en politique un ouvrage aussi ridicule et aussi mauvais en tout point qu'il en a fait en théologie. Mais jusque-là je croirai qu'il est aussi faux que ce ministre en soit l'auteur, qu'il est faux que celui qui ôte un moucheron de son verre puisse avaler un chameau 2.

La narration succincte, très mal composée par l'abbé de Bouzeis sous les yeux du cardinal de Richelieu 3, n'a rien de commun avec le testament. Elle démontre au contraire que le testament est supposé . Car, puisque cette narration récapitule assez mal ce qu'on avait fait sous le ministère du cardinal, le testament devait dire bien ou mal ce que Louis XIII devait faire quand il serait débarrassé de son ministre . Il devait parler de l'éducation du dauphin, des négociations avec la Suède, avec le duc de Weimar et les autres princes allemands, contre la maison d'Autriche; comment on pouvait soutenir la guerre et parvenir à une paix avantageuse; quelles précautions il fallait prendre avec les huguenots, quelle forme de régence il était convenable d'établir en cas que Louis XIII succombât à ses longues maladies, etc.

Voilà les instructions qu'un ministre aurait données, si en effet parmi ses vanités il avait eu celle de parler après sa mort à son maître . Mais il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes, dignes du chevalier de Mouhi et de l'ex-capucin Maubert 4, sur des choses très inutiles.

Si vous voyez M. le chevalier de Beauteville 5, je vous supplie, monsieur, de vouloir bien lui présenter mon respect.

Aimez un peu, je vous en prie, un homme qui ne vous oubliera jamais. »

1Minute incomplète de la première phrase et des deux derniers paragraphes, avec mention de V* : « A M. le ch[evalier] de Taulès, 4 mars 1768 ». ; édition Supplément au recueil , également incomplète ;i a été suivie.

2Évangile de Matthieu, XXIII, 24 : https://www.aelf.org/bible/Mt/23

3 Voir, sur ce prétendu testament de Richelieu https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456

5 Beauteville est alors à Paris avec Taulès.

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24/10/2023 | Lien permanent

comment diable peut-on avoir un beau frère catéchiste !

Ainsi que je l'ai toujours cru, Jésus a perdu la tête le jour où il a, par lui-même/son père/son saint espritchristpolognestatue.jpg , créé l'homme à son image, enfin , comme on le dit .

Plus kitch que ça, tu meurs .

Au passage, je signale que quelques grosses mites ont déja entamé son habit, à moins que ce garnement ne soit allé se rouler dans les fourrés avec Marie Madeleine !

Seul mérite de l'entreprise, ça donne du boulot à quelques ouvriers, catho ou non .

Bel exemple de crédulité, je ne dis pas de croyance, ni de foi, vu la couronne du machin . Les Polonais étaient sans doute jaloux des Brésiliens, ou même des New Yorkais ?

Un petit tremblement de terre qui me ficherait tout ça par terre ne me dérangerait pas, pas plus qu'un minaret démantibulé par la main d'Allah !

 Si Dieu/Jésus/Saint Esprit porte une couronne dorée (pour faire concurrence au diadème de miss France ? ), le Diable s'habille en Prada ; devinez où va ma préférence quand le diable a un sourire pareil diable en prada.jpgà celui Miss Hathaway .

 

 

 

 

 Je vous invite à mettre/écouter la Ceinture du diable : http://www.deezer.com/listen-4627969 , plutot calmes nos amis gaëliques, et je dirais même que ça ne pète pas le feu .

Un diable terriblement contemporain :  http://www.deezer.com/listen-6101519 ...

... Donc Dieu a du pain sur la planche .

Je doute de l'efficacité d'un dieu en béton pour faire autre chose que le bonheur de quelques agences de voyage et de quelques culs benits .

 

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

 

Aux Délices 27 décembre 1758

 

Êtes-vous à Lausanne ? Êtes-vous à U*** i? Mon cher philosophe, je vois que cette année vous vous passerez de comédies, il faudra vous en tenir aux sermons ; mais franchement je crois que nos acteurs valent mieux que vos prédicateurs . Dites-moi par quel hasard malheureux vous vous avisez d'avoir un beau-frère catéchiste à V*** ii? comment diable peut-on avoir un beau frère catéchiste ! Le pis est qu'on dit que ce beau-frère ne sait point son catéchisme . C'est lui qui est l'auteur d'un libelle contre les vivants et les morts, inséré dans le délicat Mercure suisse iii; en ce cas, vous devez lui faire signifier que vous n'êtes plus son beau-frère, attendu que vous laissez les morts pour ce qu'ils sont, et que vous êtes très aimable avec les vivants. On dit encore qu'un de vos libraires de Lausanne a imprimé des lettres sous mon nom iv, et qu'il les a envoyé vendre à Paris v. Il me parait qu'on fait argent de tout, ne serait-ce point M. G*** vi, à qui le feu pape donna ses divins ouvrages vii, qui serait l'auteur de cette nouvelle friponnerie ? Il ne me reste que de le prier à diner, dans un de mes petits castels, et de le faire pendre au fruit viii. J'ai heureusement haute justice chez moi ; je ne l'ai pas moyenne chez vous, et si M. G *** veut être pendu, il faut qu'il ait la bonté de faire chez moi un petit voyage. Franchement, je vois que j'ai fait merveille d'avoir des créneaux et des mâchicoulis, j'étais trop exposé aux prêtres et aux libraires. Cependant, malgré les beaux-frères et les G***, je viendrai vous voir le plus tôt que je pourrai, vous et votre philosophe de femme à qui je présente mes hommages.

 

Voltaire

 

Je crois qu'on a payé à M. Steiguer ix les bavards anglais x qu'il a eu la bonté de faire venir pour moi. »

 

ii François Chavannes, ministre à Vevey.

Pages 6-8 : http://www.rootsweb.ancestry.com/~chevaud/dutoit/images/e...

 

iii Cf. lettre du 20 novembre 1758 ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/11/21/u... . V* reconnaitra son erreur dans une lettre à de Brenles vers le 20 janvier. Le véritable auteur de la lettre sur l'article « (Joseph) Saurin » est le ministre Le Resche ou Lervèche,ou Laroche comme l'écrit V* : http://www.voltaire-integral.com/Html/24/13_Refutation.html

 

 

iv La Guerre littéraire, ou choix de quelques pièces polémiques de M. de V***, 1759 . V*, le 31 janvier 1759, a Abraham Freudenreich, dit en ignorer le contenu ; elle contient la fameuse lettre polémique à Thiériot du 16 mars 1757 où il est question de l'âme atroce de Calvin. Cf. pages 270-272 : http://books.google.be/books?id=TIM-AAAAcAAJ&pg=PA270...

 

v Ce même 31 janvier 1759, à Freudenreich, banneret de Berne, V* dit que le recueil est annoncé à Paris.

 

vi Grasset, qui a effectivement participé à l'impression du recueil de Lausanne ; il avait déja eu un différend avec V* en juin-juillet 1755 à propos d'une copie de La Pucelle ; cf. lettres du 15 juin, 13 août et 20 août 1755. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/13/j...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/17/v...

 

 

vii De Benoit XIV ; pour impression.

 

viii NDLR .- V* a quand même de drôles d'accompagnements pour son dessert !

 

x Le 2 janvier, dans une lettre à Steiger il les cite : « ...Bollingbroke, ... Hume..., Midleton ..., Shaftsburi ... »

 

 

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27/12/2010 | Lien permanent

Beaumarchais . Quel homme ! il réunit tout : la bouffonnerie, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, t

Chats et souris, cha cha cha et sourires, ah ! quelle salsa  ....http://www.deezer.com/listen-237261

Une fabulette d'Esope : Le lion et la souris/raton :http://www.deezer.com/listen-5538087

Ah! oui, je ne vous ai pas prévenus, c'est en espagnol !!

El raton y el toro : http://www.deezer.com/listen-5538118  . En voici deux qui ne finiront pas dans l'arène entourés de vociférants .

raton.jpg

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

A Ferney 25è fév[rier] 1774

 

Mon très cher philosophe, la nature donne furieusement sur les doigts à la fin de chaque hiver aux vieilles pattes de Raton i. Il a reçu ces jours-ci un avertissement très sérieux ii, c'est une des raisons péremptoires qui l'ont empêché de vous écrire ; et si après cette raison il pouvait en exister encore une, la voici . M. le marquis de Condorcet m'avait averti qu'il ne voulait plus recevoir de lettres par les bons offices d'un homme qui était soupçonné de les ouvrir, soupçonné d'être un espion, soupçonné d'être, d'être etc.iii On s'est trop aperçu enfin que cette défiance de M. de Condorcet était très fondée ; il n'était pas étonnant que Raton eût les pattes un peu brûlées puisqu'il marchait depuis si longtemps sur des charbons ardents . Quel homme je vous avais recommandé iv! quel présent je vous aurais fait ! j'en tremble encore ... Mes lettres fort inutiles ont été lues par des personnes qui ... Voilà autant de points que Beaumarchais en reproche à Mme Goesmann v. Toute cette algèbre vous développera l'inconnue . Et cette inconnue est que nous sommes trop connus . Je n'en suis pas moins occupé de vous plaire ; Kai meta ton mou tanaton, aliquid de tuo amico videbis quod ejus memoriam menti tuae revocabit vi.

 

Où diable ce jeune homme qui porte le nom de l'instrument d'un roi juif vii, a-t-il pêché que j'étais fort gracieusement traité par Mylord grand trésorier viii? Tutto'l contrario, l'historia converti, Amice, je ne compte ni sur aucun satrape ni sur aucun monarque de l'Orient, non plus que vous ne comptez sur les puissances du Nord.

 

Si vous voyez M. de Rochefort, je vous demande en grâce de lui dire les raisons qui me forcent à ne lui point écrire . Je ne lui en suis pas moins attaché, et je lui demande en grâce, à lui et à madame sa femme, de passer par chez nous quand ils iront voir leur mère .

 

Ma consolation serait de vous revoir encore dans ma chaumière auprès de Lyon, vous et M. de Condorcet ; mais ni vous ni lui n'avez de mère dans le Gévaudan ix.

 

La mort de ce pauvre La Condamine qui croyait avoir exactement mesuré un arc du méridien x m'avertit qu'il faut que je fasse mon paquet . Je suis un peu sourd comme lui, et de plus aveugle . Les cinq sens dénichent l'un après l'autre ; et puis reste zéro .

 

De tous les ouvrages dont on régale le public le seul qui m'ait plu est le quaterne de ce Beaumarchais xi. Quel homme ! il réunit tout : la bouffonnerie xii, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, tous les genres d'éloquence ; et il n'en recherche aucun ; et il confond tous ses adversaires, et il donne des leçons à ses juges ; sa naïveté m'enchante . Je lui pardonne ses imprudences, et ses pétulances .

 

Je ne vous dis rien de votre Childebrant xiii. J'espère que vous me pardonnerez d'avoir respecté un ancien attachement . Je m'enveloppe, autant que je le puis, du manteau de la philosophie . Mais ce manteau est si étriqué, si percé de trous que la bise y entre de tous les côtés . Adieu mon très cher philosophe dont le manteau est d'un meilleur drap que le mien .

 

Vivant ou mourant tuus sum .

 

Raton »

 

ii Petite attaque d'apoplexie .

iii Marin , qui ouvrait le courrier de V* et lui vola Les Lois de Minos ;

cf. lettre à d'Argental du 30 décembre 1773 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/29/j...

iv V* avait proposé Marin comme candidat à l'Académie française pour contrer De Brosses ; cf. lettre à d'Alembert du 10 décembre 1773 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/09/s...

v Procès de Beaumarchais contre Götzman : voir lettres à d'Argental du 30 décembre 1773 et 17 janvier 1774 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/17/p...

V* a relevé des ressemblances entre le comportement de Marin à son égard et celui que décrit Beaumarchais dans son Quatrième Mémoire .

vi En grec puis en latin : Et après ma mort, tu verras quelque chose de ton ami qui te rappellera son souvenir à ton esprit .

vii La Harpe .

viii Comprendre : que j'étais en bonnes relations avec le contrôleur général Terray ; cf. lettre du 17 janvier à d'Argental .

ix Comme les Rochefort d'Ally.

x Le Condamine est mort le 4 février 1774 à la suite d'une opération à laquelle, écrit Condorcet le 6 mars, il se serait « soumis par zèle pour l'humanité . Elle était nouvelle et il a voulu qu'on en fit l'épreuve sur lui » ; c'était une opération nouvelle de la hernie .Il avait fait partie de l'expédition au Pérou de 1736 à 1740 pour mesurer un arc de méridien .

Cf. lettre 18 page 26 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58105584/f229.image...

xi Le 9 février à Bacon : « J'attends que M. de Beaumarchais me réjouisse par son Quatrième mémoire qu'on attend avec plus d'impatience qu'une comédie nouvelle » C'était le Quatrième mémoire à consulter , pour Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais ... contre M. Goëtzmann ... Marin ... Darnaud Baculard, et consorts paru le 12 février , à la suite de l'expulsion, de la salle du jugement, de Beaumarchais par le président de Nicolaï.

Page 1 , recherche « quatrième mémoire » : http://books.google.fr/books?id=7m0GAAAAQAAJ&pg=PA138...

xii Dans l'édition de Kehl de Beaumarchais, celui-ci s'est permis de remplacer « bouffonnerie » par « plaisanterie ».

xiii Le duc de Richelieu, ainsi nommé par d'Alembert .

 

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25/02/2011 | Lien permanent

Le président vient d'avoir à Bâle un procès avec une fille qui voulait être payée d'un enfant qu'il lui a fait . Plût à

... Dans notre lignée de présidents de la république à la réputation d'hommes à succès (féminins, car pour le reste ...), je vous laisse trouver duquel il est question en titre . Ou pourrait être ! Porter un casque ne protège pas de tout accident .

 Futur gros titre de journal people ou retour vers des faits connus ? Allez savoir !

 En tout cas on retrouve ici l'expression d'un grand regret de Voltaire, n'avoir pas eu d'enfant .

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

Aux Délices , le 27 mars 1759

Sire, je reçois la lettre dont Votre Majesté m'honore, écrite le 2 mars de la main de votre secrétaire 1, mon compagnon suisse,signée Fédéric . Il paraît que Votre Majesté n'avait pas encore reçu le petit monument qu'elle a voulu que je dressasse de mes faibles mains à votre adorable sœur . En voici donc une copie que je hasarde encore dans ce paquet ; je le recommande à Dieu, aux housards, et aux curieux qui ouvrent les lettres . Votre paquet que j'ai reçu avec votre lettre contenait votre ode au prince Henri, votre épître à milord Maréchal 2 et votre ode au prince Ferdinand 3. Il y a dans cette ode un certain endroit dont il n'appartient qu'à vous d'être l'auteur . Ce n'est pas assez d'avoir du génie pour écrire ainsi , il faut encore être à la tête de cent cinquante mille hommes .votre Majesté me dit dans sa lettre qu'il paraît que je ne désire que les brimborions dont vous me faites l'honneur de me parler 4.

Il est vrai qu'après plus de vingt ans d'attachement, vous auriez pu ne me pas ôter des marques qui n'ont d'autre prix à mes yeux que celui de la main qui me les avait données . Je ne pourrais même porter ces marques de mon ancien dévouement pour vous pendant la guerre ; mes terres sont en France ; il est vrai qu'elles sont sur la frontière de Suisse ; il est vrai même qu'elles sont entièrement libres et que je ne paye rien à la France ; mais enfin elles y sont situées. J'ai en France soixante mille livres de rente ; mon souverain m'a conservé par un brevet la place de gentilhomme ordinaire de sa chambre . Croyez très fermement que les marques de bonté et de justice que vous voulez me donner ne me toucheraient que parce que je vous ai toujours regardé comme un grand homme . Vous ne m'avez jamais connu .

Je ne vous demande point du tout les bagatelles dont vous croyez que j'ai tant d'envie ; je n'en veux point ; je ne voulais que votre bonté : je vous ai toujours dit vrai quand je vous ai dit que j'aurais voulu mourir auprès de vous .

Votre Majesté me traite comme le monde entier ; elle s'en moque quand elle dit que le président se meurt . Le président vient d'avoir à Bâle un procès avec une fille qui voulait être payée d'un enfant qu'il lui a fait . Plût à Dieu que je pusse avoir un tel procès ; j'en suis un peu loin ; j'ai été très malade, et je suis très vieux ; j'avoue que je suis très riche, très indépendant, très heureux ; mais vous manquez à mon bonheur, et je mourrai bientôt sans vous avoir vu ; vous ne vous en souciez guère, et je tâche de ne m'en point soucier . J'aime vos vers, votre prose, votre esprit , votre philosophie hardie et ferme . Je n'ai pu vivre sans vous, ni avec vous . Je ne parle point au roi, au héros, c'est l'affaire des souverains ; je parle à celui qui m'a enchanté, que j'ai aimé, et contre qui je suis toujours fâché . »

1 Catt .

2« Épître au maréchal Keith sur les vaines terreurs de la mort et les terreurs d'une autre vie »Cette épitre imitée de Lucrèce combat la thèse de la survie de l'âme .Voir : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvresOctavo/10/194/

3 Ode satirique dirigée contre les Français ; sur l'exemplaire qu'avait V*, il nota « Ode du roi de Prusse dans lesquelles il y trois strophes terribles » Voir « Ode au prince Ferdinand de Bronswic sur la retraite des Français en 1758 « : http://books.google.fr/books?id=jc4TAAAAQAAJ&pg=PA115&lpg=PA115&dq=ode+au+prince+ferdinand+fr%C3%A9d%C3%A9ric+II&source=bl&ots=CcL3f-lqN5&sig=Q2mEnYiKt1p63RaI0EKVLUq_sHI&hl=fr&sa=X&ei=qUlyU7T5A_Da0QX6hoG4CA&ved=0CDYQ6AEwAQ#v=onepage&q=ode%20au%20prince%20ferdinand%20fr%C3%A9d%C3%A9ric%20II&f=false

4 Cette lettre est incontestablement une réponse à la lettre du 2 mars 1759 de Frédéric . Or telle qu'elle est connue , il n'y a rien sur les « brimborions » [clé de chambellan et croix] . Elle est donc certainement incomplète dans l'état où elle est conservée ; on peut en juger par l'importante lettre à d'Argental du 6 avril 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/05/est-ce-l-infame-amour-propre-dont-on-ne-se-defait-jamais-bie.html

C'est une des preuves que l'édition de cette lettre par les éditeurs de Kehl et par Koser-Droysen repose, non sur le texte reçu par V*, mais sur quelque minute antérieure à l'état de la lettre envoyée . En revanche il a déjà été question des « brimborions » dans la lettre du 9 février 1759 à Frédéric II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/03/je-vous-regarderai-sire-comme-le-plus-grand-homme-de-l-europ-5313056.html

 

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13/05/2014 | Lien permanent

C'est le jugement dernier pour ce pays-là, il n'y a manqué que la trompette

... Pour signaler leur ite missa est à huit candidats de la doulce France !

Combien vont regretter ces quelques semaines de mise ?

Trompettes de la renommée, vous pouvez retrouver le silence , ce n'est pas trop tôt !

http://www.youtube.com/watch?v=u3euv5jralU

Trompettes-de-la-renommee.jpg

 

 

 

« A M. PALISSOT 1

Aux Délices, près de Genève, 1er décembre. [1755]

On ne peut vous connaître, monsieur, sans s'intéresser vivement à vous. J'ai appris votre maladie avec un véritable chagrin. Je n'ai pas besoin du
Non ignara mali, miseris succurrere disco, 2 Virgile., Eneïde., I, v. 630
pour être touché de ce que vous avez souffert. Je suis beaucoup plus languissant que vous ne m'avez vu, et je n'ai pas même la force de vous écrire de ma main. Si vous écrivez à Mme la comtesse de La Marck,3 je vous supplie de lui dire combien je suis touché de l'honneur de son souvenir; je le préfère à ma belle situation et à la vue du lac et du Rhône. Ayez la bonté, je vous en prie, de lui présenter mon profond respect.

On ne sait que trop, à Genève, le désastre de Lisbonne et du Portugal. Plusieurs familles de négociants y sont intéressées. Il ne reste pas actuellement une maison dans Lisbonne; tout est englouti ou embrasé. Vingt villes ont péri, Cadix a été quelques moments submergé par la mer; la petite ville de Conil, à quelques lieues de Cadix, détruite de fond en comble. C'est le jugement dernier pour ce pays-là, il n'y a manqué que la trompette. A l'égard des Anglais, ils y gagneront plus à la longue qu'ils n'y perdront; ils vendront chèrement tout ce qui sera nécessaire pour le rétablissement du Portugal.

Je n'ai point de nouvelles de M. Patu, votre compagnon de voyage. Il m'a paru fort aimable, et digne d'être votre ami. J'espère que vous ne m'oublierez pas quand vous le verrez, ou quand vous lui écrirez. Mme Denis sera très-sensible à votre souvenir. Elle est actuellement à ma petite cabane de Monrion, auprès de Lausanne, où elle fait tout ajuster pour m'y établir l'hiver, en cas que mes maladies m'en laissent la force. Si jamais vous repassiez près de notre lac, j'aurais l'honneur de vous recevoir un peu mieux que je n'ai fait. Nous commençons à être arrangés. M. de Gauffecourt 4 est ici depuis quelques jours, je crois que vous l'avez vu à Lyon. Il fait pour le sel à peu près ce que vous faites pour le tabac; mais il ne fait pas de beaux vers comme vous.

J'ai l'honneur, etc. »

 

 

 

 

1 Charles Palissot, né à Nancy le 3 janvier 1730, est mort à Paris le 15 juin 1814. Sa comédie des Philosophes, en 1760, et sa Dunciade, en 1764, lui valurent quelque célébrité et beaucoup d'ennemis. A l'occasion de ses Philosophes, il eut une correspondance avec Voltaire. Il avait fait imprimer, en 1763, son Théâtre et Ouvres diverses, en trois volumes. Plusieurs autres éditions de ses Oeuvres ont été données en divers formats. La dernière édition est de 1809, en six volumes in-8°. Palissot a donné une édition des Ouvres (choisies) de Voltaire, en cinquante- cinq volumes in-8°. S'il n'était que sévère envers les éditeurs de Kehl, on pourrait l'excuser; mais il est injuste envers eux, et, ce qui est pis encore, il manque de bonne foi. Ainsi plus d'une fois il leur reproche amèrement des fautes qu'il se vante de corriger et il ne fait qu'exécuter les corrections indiquées dans l'errata de Kehl. Au total, malgré son goût et son esprit, il n'a pas été bon éditeur de Voltaire. (Beuchot.)

 

2 Connaissant le malheur, j'ai appris à secourir les malheureux.

 

3 Marie-Anne-Françoise de Noailles, comtesse de La Marck , une des soeurs du duc d'Aïen, Louis de Noailles . Elle a entre les mains un manuscrit de La Pucelle, comme de nombreux amis et connaissances de V*.

 

4 Voir : http://www.geneanet.org/archives/ouvrages/index.php?action=detail&livre_id=411186&page=32&book_type=livre&name=GAUFFECOURT&tk=4d8ba6f57ce6e6ab

« Au milieu du XVIIIe siècle, au mois d'octobre 1754, une publicité scandaleuse pour les Valaisans commence à la suite des remarques quel'Encyclopédie fournit pour expliquer le terme crétin:«On donne ce nom à une espèce d'hommes qui naissent dans le Valais en assez grande quantité, et surtout à Sion leur capitale. Ils sont sourds, muets, imbéciles, presque insensibles aux coups, et portent des goitres pendants jusqu'à la ceinture; assez bonnes gens d'ailleurs, ils sont incapables d'idées, et n'ont qu'une sorte d'attrait assez violent pour les plaisirs des sens de toute espèce, et leur imbécillité les empêche d'y voir aucun crimecomtesse de La Marck . La simplicité des peuples du Valais leur fait regarder les Crétins comme des anges tutélaires des familles...»

Victor Capperonnier de Gauffecourt, secrétaire du résident de France à Genève et directeur des fournitures de sel pour le Valais, déplore la bourde des rédacteurs car ses «chers Valaisans s'en sont extrêmement formalisés» . Un

rectificatif paru au printemps 1756, en tête du tome VI de l' Encyclopédie, ne dissipe pas l'image désavantageuse de notre population. Les trompettes de la renommée ne sonnent heureusement pas toutes à l'unisson. »

 

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22/04/2012 | Lien permanent

je suis impotent et rabêti

Et moi, je suis orphelin et toutengris , car depuis dimanche 30 octobre à 18 h , le château de Voltaire à Ferney a fermé ses portes au public  ; jusqu'au 1er avril 2012 , seuls des groupes , sur réservation, pourront faire des visites durant ce laps de temps .  

 

le 30 octobre 2011 16h30.JPG

Vision de James, due à l'heure d'hiver, la fameuse vingt-cinquième heure ...

 

 

« A Charles-Jean-François Hénault

 

Président de la 1ère chambre des enquêtes au Parlement de Paris

 

 

 

Au château de Prangins, près Nion, pays de Vaud, 3 janvier 1755

 

 

 

Voici le fait, monsieur ; je prends la liberté d'écrire à M. le comte d'Argenson 1, en faveur d'un avocat de Colmar, et je suis comme le suisse du chevalier de Grammont, je demande pardon de la liberté grande 2 . Une recommandation d'un Suisse en faveur d'un Alsacien n'est pas d'un grand poids ; mais si vous connaissiez mon Alsacien 3, vous le protègeriez . C'est un homme qui sait par cœur notre histoire de France ; c'est le seul homme de lettres du pays, c'est le meilleur avocat et le moins à son aise, chargé de six enfants 4. Il s'agit d'une place dans une petite ville affreuse, nommée Munster ; il s'agit de rendre heureux mon ami intime ; il s'appelle Dupont . Il demande d'être prévôt de Munster, et il est assurément très indifférent à M. d'Argenson que ce soit Dupont ou un autre qui soit prévôt dans un village ou ville impériale .

 

 

 

J'ose vous supplier, avec la plus vive insistance, d'en parler à M. d'Argenson . Vous aurez le plaisir de donner du pain à toute une famille, et d'être le protecteur d'un homme très estimable . Je vous jure que vous ferez une bonne action, et je vous conjure de la faire .

 

 

 

Je suis presque perclus de tous mes membres, dans un assez beau château, en attendant la saison de prendre les eaux d'Aix en Savoie . L'état cruel où je suis ne me permet d'écrire que dans les grandes occasions, et c'en est une très grande pour moi que de vous supplier de faire la fortune de Dupont mon ami . Si jamais j'ai de la santé et de l'imagination, j'écrirai à Mme du Deffand 5; mais je suis impotent et rabêti 6 ; je ne vous en suis pas moins tendrement attaché . Comptez que , dans toute la Suisse, il n'y a personne d'aussi pénétré que moi d'estime et de reconnaissance pour vous .

 

 

 

« Je me joins à mon oncle, monsieur, en faveur de M. Dupont ; c’est un homme qui a fait toute notre ressource à Colmar . Il joint à beaucoup d'esprit et de connaissances toutes les qualités du cœur ; il a six enfants, il est bon père, bon mari, et bon ami ; c'est un sujet digne d’être présenté par vous . Je vous le recommande de toutes mes forces, et nous nous croirions heureux s'il pouvait obtenir cette place . Nous ne sommes ici que pour attendre la saison des bains ; je vous supplie de ne pas me croire en Suisse, car je ne m'y crois pas moi-même ; mais , dans quelque lieu que je sois, monsieur, ne doutez pas de mes sentiments pour vous . On ne peut vous connaître, quand on sait sentir, sans vous être tendrement attaché pour la vie .  Denis »


 

1 Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson , condisciple de V* au collège Louis Le Grand, devenu ministre de Louis XV et secrétaire d'Etat à la guerre depuis 1743 .

Douze à quinze jours plus tard, V* écrivit une épître badine sur le sujet de cette demande :

Rendez, rendez heureux l'avocat qui m'engage ;

Donnez-lui les grandeurs d'un prévôt de village.

2 Protagoniste cité dans les Mémoires du chevalier de Grammont , ouvrage du comte Anthony de Hamilton, auteur anglais que V* citera dans le Temple du Goût : « le vif Hamilton » ; voir page 16 : http://books.google.fr/books?id=HpsZAAAAYAAJ&pg=PA24&...

 

3 Sébastien Dupont, avocat au Conseil souverain d'Alsace, et relation d'affaire de V*.

 

4 Un de ces enfants, Philippe-Sébastien, né en 1743, fut prêtre et abdiqua en 1794, il devint le premier directeur des archives du Haut-Rhin.

 

5 Hénault est son amant ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand

 

 

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01/11/2011 | Lien permanent

quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole

Nouveau ministre de la culture : Frédéric Mitterrand

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/rem...

Pour ne rien vous cacher, je dis bravo ! Non au président, non au premier ministre, mais d’abord à Frédéric .

Enfin quelqu’un qui sait de quoi il parle, qui connait le sujet, non pas par conseillers interposés, mais par lui-même.

Lui accordera-t-on les moyens nécessaires ?

Ce fichu projet de loi HADOPI mal goupillé dont il hérite est un superbe cadeau empoisonné. Trouvera-t-il l’antidote ?

Il a de l’envergure, de l’ambition pour la culture.

Je fais des vœux pour qu’il puisse faire bouger l’administration culturelle, avec une attention toute particulière pour celle du CMN (centre des Monuments nationaux) qui me tient spécialement à cœur ! Je peux vous assurer qu’il y a du travail (style « travaux d’Hercule ») pour remuer ce mastodonte qui tend à roupiller trop souvent ! Et quand il ne roupille pas, il bride ceux qui , pleins de bonnes idées et d’élans, risquent de l’empêcher de ronronner tout son saoul !!!

 

  bambinnette pigalle.jpg

 

Que fait cette bambinnette ici ? Comme sa mère Eve !!

C’est tout simplement un Pigalle, comme le Voltaire nu suivant !

 

Contraste !

Beauté !

Réalisme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                        C’est un beau soufflet, mon cher et vrai philosophe, que vous donnez au fanatisme et aux lâches valets de ce monstre. Vous employez l’art du plus habile sculpteur de l’Europe pour laisser un témoignage d’amitié à votre vieil enfant perdu, à l’ennemi des tyrans, des Ganganelli, des Pompignan, et des Fréron. Vous écrasez sous ce marbre la superstition qui levait encore la tête [projet de statue de V* par Pigalle].

 

 

                        M. le duc de Choiseul se joint à vous, et c’est en qualité d’homme de lettres, car je vous assure qu’il fait des vers plus jolis que ceux qu’on lui adresse [vers faits par Palissot à la demande de Choiseul en réponse au poème de Frédéric contre Louis XV en 1759]; et soyez très certain que sans Palissot, fils de son avocat [Choiseul a soutenu la pièce Les Philosophes , de Palissot, faite contre d’Alembert entre autres], et sans Fréron qui a été son régent au collège des jésuites, il aurait été votre meilleur ami. Je le crois entièrement revenu.

 

 

                        Pour moi je lui ai presque autant d’obligation qu’à vous. Vous savez dans quel horrible désordre est tombée cette malheureuse petite république de Genève. Les sociniens sont devenus assassins. J’ai recueilli vingt familles émigrantes [Natifs fuyant Genève suite aux violences]; j’ai établi une manufacture de montres chez moi ; M. le duc de Choiseul les a protégées et a fait acheter par le roi plusieurs de leurs ouvrages. Vous voyez si son nom ne doit pas être placé à côté du vôtre dans l’affaire de la statue.

 

 

                        A l’égard de Frédéric, je crois qu’il est absolument nécessaire qu’il soit de la partie [primitivement seuls les hommes de lettres devaient souscrire]. Il me doit sans doute une réparation comme roi, comme philosophe, et comme homme de lettres. Ce n’est pas à moi à la lui demander ; c’est à vous à consommer votre ouvrage. Il faut qu’il donne. Par quelque somme qu’il contribue, Mme Denis donnera toujours vingt fois plus que lui. Elle est au rang des artistes les plus célèbres en fait de croches et doubles croches.

 

 

                        M. Pigalle m’a fait parlant et pensant quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole [Pigalle est arrivé à Ferney le 17 juin]. Il m’a fait même sourire ; c’est apparemment de toutes les sottises que l’on fait tous les jours dans votre grande ville, et surtout des miennes. Il est aussi bon homme que bon  artiste. C’est la simplicité du vrai génie.

 

 

                        J’ai vu le dessin du mausolée du maréchal de Saxe ; ce sera le plus grand et le plus beau morceau de sculpture qui soit peut-être en Europe. Il m’a fait l’honneur de me dire avec sa naïveté dépouillée de tout amour propre qu’il avait conçu le dessein des accompagnements de la statue du roi qu’il a faite pour Reims sur ces paroles qu’il avait lues dans Le Siècle de Louis XIV : C’est un ancien usage des sculpteurs de mettre des esclaves aux pieds des statues de roi ; Il vaudrait mieux y représenter des citoyens libres et heureux. Il communiqua cette idée à M. Bertin qui en qualité de ministre d’État, et plus encore de citoyen, la saisit avec chaleur, et doubla sa récompense. Ainsi, c’est à lui que nous devons l’abolition de cette coutume barbare de sculpter l’esclavage aux pieds de la royauté. Il faut espérer du moins que cette lâcheté insultante à la nature humaine ne reparaîtra plus. Il faut espérer aussi que jamais en figurant des citoyens heureux bénissant leurs maîtres, les artistes ne mentiront à la postérité.

 

 

                        Adieu, mon grand philosophe, mon cher ami, et mon soutien.

 

 

                        V.

                        22e juin 1770 à Ferney. »

 

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24/06/2009 | Lien permanent

les déprédations sont horribles, et je sais aussi que ceux qui ont été assez puissants pour les faire, le sont assez pou

...Triste constat qui concerne tant de chefs d'Etats, de gouvernements, de trusts industriels, que l'existence de tribunaux internationaux peut sembler vaine et ne rassurer que quelques idéalistes à cheval sur les principes . Maigres résultats, enquêtes interminables, absence totale d'effet dissuasif, pot de terre contre pot de fer, éternel combat à l'issue prévisible , mais bon , pour sauver la morale (faute de sauver le moral), gardons ce semblant de justice .

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Diablement bordelique !

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

31 mai [1761] 1

Ma chère nièce, à présent que vous avez passé huit jours avec M. de Silhouette, vous devez savoir l'histoire de la finance sur le bout de votre doigt . Je crois qu'il pense comme l'ami des hommes 2, qu'il n'est pas l'ami d'un tas de fripons qui ont su se faire respecter et se rendre nécessaires en s'appropriant l'argent comptant de la nation . Mais je crois que M. de Silhouette est un médecin qui a voulu donner trop tôt l'émétique à son malade . Le duc de Sully ne peut remettre l'ordre dans les finances que pendant la paix . Je sais que les déprédations sont horribles, et je sais aussi que ceux qui ont été assez puissants pour les faire, le sont assez pour n'être pas punis . Ma chère nièce, tout ceci est un naufrage . Sauve qui peut est la devise de chaque pauvre particulier . Cultivons donc notre jardin comme Candide . Cérès, Pomone et Flore sont de grands saintes, mais il faut fêter aussi les muses .

J'aurai peut-être fait encore une tragédie avant que la petite Corneille ait lu Le Cid . Il me semble que je fais plus qu'elle pour la gloire de son nom : j'entreprends une édition de Corneille avec des remarques qui peuvent être instructives pour les étrangers, et même pour les gens de mon pays . L'Académie doit foire imprimer nos meilleurs auteurs du siècle de Louis XIV dans ce goût ; du moins elle en a le projet, et j'en commence l’exécution . Cette édition de Corneille sera magnifique, et le produit sera pour l'enfant qui porte ce nom et pour son pauvre père qui ne savait pas , il y a quatre ans, qu'il y eût jamais eu un Pierre Corneille au monde .

Le parlement prend mal son temps pour se déclarer contre les spectacles, et pour faire brûler par l’exécuteur des hautes œuvres, l’œuvre d'un pauvre avocat 3 qui vient de donner une très ennuyeuse , mais très sage consultation sur l'excommunication des comédiens . Les jansénistes et les convulsionnaires triomphent au parlement, mais ils n'empêcheront pas Mlle Clairon de faire verser des larmes à ceux qui sont dignes de pleurer ; et les pédants, ennemis des plaisirs honnêtes, perdront toujours leur cause au parlement du parterre et des loges .

Je crois que la petite brochure de M. Dardelle 4 pourra vous divertir . Je vous l'envoie en vous embrassant vous et les vôtres, de tout mon cœur . »

 

1 L'édition Beaumarchais-Kehl raye le dernier paragraphe .

 

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27/04/2016 | Lien permanent

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