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06/02/2010

cette Pucelle pour qui on m’a tant fait trembler

 

 

 

 

elephant indes.jpg
Cette illustration a deux rapports ce jour, l'un avec la lettre de Volti, l'autre plus proche avec un éléphant PS qui se fait jeter par sa direction : Georges Frèche.
De l'éléphant il a l'intelligence et la mémoire .
Malheureusement, comme celui qui orne cette note, il est décoré comme un sapin de Noël, aime ça,  et ose dire avec des trémolos dans la voix et des larmes de crocodile : "quand on me dit qu'on m' aime, je suis le maître du monde ! " . Personnellement , je suis d'accord quand c'est un proche qui vous le dit, mais quand ce sont quelques électeurs , je pense immédiatement à Di Caprio à la proue du Titanic et je dis "arrête ton film avant de couler !! ".
Il y a moins d'un an ce grand sentimental avait des paroles plus proches de sa pensée réelle et , à sa décharge, il a le mérite de dire haut et clair ce que pensent bien d'autres élus.
J'étais montpelliérain à l'époque où il est arrivé au pouvoir municipal et il n'avait pas tardé à montrer son sens de la dépense et du tape-à-l'oeil avec les deniers publics .
Ma grand-mère disait que "le nom des fous est écrit partout", ce qui me permet d'affirmer que Frèche est cinglé car tout ce qui est bâti à Montpellier porte la sacro-sainte plaque "bâti, Georges Frèche étant maire- député - président du conseil régional" et tutti quanti .Sera-t-il plus modeste pour sa pierre tombale ?
Je laisse à votre réflexion ce qui suit : http://www.youtube.com/watch?v=t55CC7U82nc
Electeurs -arbitres du Languedoc-Roussillon la balle est dans votre camp ! Il est temps de sortir le carton rouge !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Prangins 6 février [1755]

 

                            Mon cher ange, puisque Dieu vous bénit au point de vous faire aimer toujours le spectacle à la folie, je m’occupe à vous servir dans votre passion. Je vous enverrai les cinq actes de nos Chinois[f1]  ; vous aurez ici les trois autres, et vous jugerez entre ces deux façons ; pour moi je pense que la pièce en cinq actes étant la même pour tout l’essentiel que la pièce en trois, le grand danger est que les trois actes soient étranglés, et les cinq trop allongés ; et je cours le risque de tomber, soit en allant trop vite soit en marchant trop doucement. Vous en jugerez quand vous aurez sous les yeux les deux pièces de comparaison.

 

                            Mais ce n’est pas tout. Vous aurez encore quelque autre chose à quoi vous ne vous attendez pas . J’y joindrai aussi les quatre derniers chants de cette Pucelle[f2]   pour qui on m’a tant fait trembler.

 

                            Je voudrais qu’on pût retirer des mains de Mlle du Thil[f3]   ce 9è Chant de l’âne qui est intolérable ; on lui donnerait cinq chants pour un. Elle y gagnerait puisqu’elle aime à posséder mes manuscrits, et je serais délivré de la crainte de voir paraître à sa mort l’ouvrage défiguré. Ne pourriez-vous pas lui proposer ce marché quand je vous aurai fait tenir les derniers chants ?  Vous voyez que je ne suis pas médiocrement occupé dans ma retraite. Cette Histoire prétendue universelle est encore un fardeau qu’on m’a imposé. Il faut la rendre digne du public éclairé. Cette histoire telle qu’on l’a imprimée n’est qu’une nouvelle calomnie contre moi[f4]  . C’est un tissu de sottises publiées par l’ignorance, et par l’avidité. On m’a mutilé, et je veux paraître avec tous mes membres.

 

                            Une apoplexie a puni Royer d’avoir défiguré mes vers[f5]  , mais c’est çà moi à présent d’avoir soin de ma prose.

 

                            Mais que direz-vous, mon cher et respectable ami, de ce Lambert qui prive Mme Denis de ses hardes, et moi de mes livres ! Il a la hardiesse de m’écrire qu’enfin il a remis le 16 janvier au carrosse de Besançon à l’adresse de M. Fleur mon ballot avec une lettre d’avis et M. Fleur me mande du 29 janvier au soir qu’il n’a reçu ni lettre ni ballot. Ce misérable m’a trompé sur le 16 janvier comme sur le 16 décembre[f6]  . Pour Dieu ayez encore la bonté de le faire au moins rougir quand vous irez à ce théâtre allobroge où l’on a cru jouer Le Triumvirat[f7]  . Nos Suisses parlent français plus purement que Cicéron et Octave.

 

                            Je vous supplie en cas que Lambert réimprime Le Siècle de Louis XIV de lui bien recommander de retrancher le petit concile[f8]   ; j’ai promis à M. le cardinal votre oncle de faire toujours supprimer cette épithète de petit ; quoique la plupart des écrivains ecclésiastiques donnent ce nom aux conciles provinciaux je voudrais donner à M. le cardinal de Tencin une marque plus forte de mon respect pour sa personne, et de mon attachement pour sa famille . Adieu, il y a deux solitaires dans les Alpes qui vous aiment bien tendrement.

 

                            Je reçois votre lettre du 30 janvier. Ce qu’on dit de Berlin est exagéré[f9]  . Mais en quoi on se trompe fort c’est dans l’idée qu’on a que j’en serais mieux reçu à Paris. Pour moi, je ne songe qu’à la Chine, et un peu aux côtes de Coromandel. Car si Dupleix est roi je suis presque ruiné[f10]  . Le Gange et le fleuve jaune m’occupent sur les bords du Léman où je me meurs.

 

                            Toute adresse est bonne, tout va.

 

 

 

 

 

 


 [f1]L’Orphelin de la Chine

 [f2]Départ du paquet le 2 avril

 [f3]Elle avait été la dame de compagnie de Mme du Châtelet. L’affaire va se compliquer et V* va mettre en cause Darget, Frédéric, le libraire Grasset.

 [f4]Allusion à l’édition « pirate » de Néaulme et aux ennuis consécutifs.

 [f5]L’opéra de Pandore que Royer a fait remanier par Sireuil.

 [f6]Le 2 janvier il a écrit à Lambert : « Comme il m’en couterait beaucoup de racheter les in-folio et les in-quarto dont vous aviez eu la bonté de vous charger, je vous prie de les faire reporter chez Mme Denis ainsi que tous nos autres livres que nous ferons venir par les rouliers. »

 [f7]La tragédie de Crébillon créée le 23 décembre 1754, puis jouée à la Comédie française 4 fois en 1754 et 6 fois en 1755.

 [f8]Il s’agit du concile d’Embrun qu’avait présidé le cardinal de Tencin. Le 20 novembre 1754, V* écrivait à d’Argental : « Je vous avouerai que je n’ai pas trouvé dans M.  le cardinal de Tencin les bontés que j’espérais de votre oncle. »

 [f9]Le 29 janvier, il écrit à la duchesse de Saxe-Gotha qu’il ne se laisserait pas « ramener » et qu’il ne retournerait pas en Prusse malgré ce qu’on lui écrivait.

 [f10]Le 11 février, il écrit à J.-R ; Tronchin, son banquier : « Je crains toujours qu’il n’ait pris envie à cette dame Dupleix qui est toujours montée sur un éléphant de monter sur le trône. Notre Compagnie des Indes se trouverait mal de cette équipée. ». On se plaignait des dépenses occasionnées par les conquêtes de Dupleix qui de mandait des renforts ; il fut rappelé ; son successeur, Godeheu, venait de signer un traité  avec les Anglais défavorable pour la  Compagnie française le 26 décembre 1754.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fran%C3%A7ois_Dupleix

 

http://www.indiablognote.com/article-34189247.html

 

 

05/02/2010

il faut qu’il soit tragique, passionné, furieux, cruel, criminel, horrible, si l’on veut, et point du tout galant.

bague émeraude.jpg
La_Partie_carree_(1713).jpg

 La Partie carrée (1713) Watteau

 

 Je place ici ce tableau qui met en place les protagonistes avant que ça ne devienne trop cru pour vos chastes yeux !

Volti ne craint pas de parler de "partie carrée" à propos du sujet d'une pièce tragique d'un concurrent. Il a toujours eu le sens de la formule qui fait mouche, et là je lui tire mon chapeau !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A Frédéric, prince héritier de Prusse

 

A Cirey ce 5 février [1738]

 

Prince, cet anneau magnifique[a[f1] ]

Est plus cher à mon cœur qu’il ne brille à mes yeux.

L’anneau de Charlemagne et celui d’Angélique [b[f2] ]

Etaient des dons moins précieux ;

Et celui d’Hans-Carvel,[c[f3] ] s’il faut que je m’explique,

Est le seul que j’aimasse mieux.

 

                            Votre Altesse royale m’embarrasse fort, Monseigneur, par ses bontés, car j’ai bientôt une autre tragédie  à lui envoyer, et quelque honneur qu’il y ait à recevoir des présents de votre main, je voudrais pourtant que cette nouvelle tragédie [d[f4] ] servit à payer s’il se peut la bague, au lieu de paraître en briguer une nouvelle.

 

                            Pardon de ma poétique insolence, Monseigneur, mais comment voulez-vous que mon courage ne soit un peu enflé ? Vous me donnez votre suffrage, voilà, Monseigneur, la plus flatteuse récompense et je m’en tiens si bien à ce prix que je ne crois pas en vouloir retirer une autre de ma Mérope. Votre Altesse Royale me tiendra lieu du public. C’est assez pour moi que votre esprit mâle et digne de votre rang ait approuvé une pièce française sans amour. Je ne ferai pas l’honneur à notre parterre, et à nos loges de leur présenter un ouvrage qui condamne trop ce goût frelaté et efféminé introduit parmi nous. J’ose penser d’après le sentiment de Votre Altesse Royale que tout homme qui ne se sera pas gâté le goût par ces élégies amoureuses que nous nommons tragédies sera touché de l’amour maternel qui règne dans Mérope, mais nos Français sont malheureusement si galants , et si jolis, que tous ceux qui ont traité de pareils sujets les ont toujours ornés d’une petite intrigue entre une jeune princesse et un fort aimable cavalier . On trouve une partie carrée tout établie dans l’Electre de Crébillon, pièce remplie d’ailleurs d’un tragique très pathétique. L’Amasis de La Grange [e[f5] ] (qui est le sujet de Mérope) est enjolivé d’un amour très bien tourné. Enfin voilà notre goût général. Corneille s’y est toujours asservi. Si César vient en Egypte, c’est pour y voir une reine adorable, et Antoine lui répond : oui seigneur, je l’ai vue, elle est incomparable. Le vieux Marcien, le ridé Sertorius, sainte Pauline, sainte Théodore la prostituée est amoureuse.

 

                            Ce n’est pas que l’amour ne puisse être une passion digne du théâtre, mais il faut qu’il soit tragique, passionné, furieux, cruel, criminel, horrible, si l’on veut, et point du tout galant.

 

                            Je supplie Votre Altesse Royale de lire la Mérope italienne du marquis Maffei, elle verra que toute différente qu’elle est de la mienne j’ai du moins le bonheur de me rencontrer avec lui dans la simplicité du sujet, et dans l’attention que j’ai eue de n’en pas partager l’intérêt par une intrigue étrangère. C’est une occupation digne d’un génie tel que le vôtre que d’employer son loisir à juger les ouvrages de tout pays. Voilà la vraie monarchie universelle, elle est plus sûre que celle où les maisons d’Autriche et de Bourbon ont aspiré.

 

                            Je ne sais encore si Votre Altesse Royale a reçu mon paquet et la lettre de Mme la marquise du Châtelet par la voie de M. Plet. [f[f6] ]

 

                            Je vous quitte, Monseigneur, pour aller vite travailler au nouvel ouvrage dont j’espère dans quelques semaines amuser le Trajan et le Mécène du Nord.

 

                            Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance, Monseigneur…

 

                            Voltaire. »


 [f1]« Une très belle émeraude accompagnée de diamants » envoyée le 14 janvier pour remercier V* de l’envoi de Mérope.

 [f2]Dans le Cycle de Charlemagne et le Roland furieux, un anneau donne respectivement l’amour et un pouvoir magique.

 [f3]Hans Carvel , dans le conte de La Fontaine L’anneau de Hans Carvel, inspiré de Rabelais.

 

http://books.google.fr/books?id=IhJEAAAAYAAJ&pg=PA159...

 

 [f4]Mérope , sans doute, remaniée.

 [f5]La Grange-Chancel

 [f6]Pletz ou Plotz, qui est à Lunéville ,capitaine du régiment de Frédéric

 

 

 

 

Anneau hans carvel.gif

 

 

 

04/02/2010

Il est bon d’écraser deux fois le fanatisme, c’est un monstre qui lève toujours la tête.

"La déclaration du roi sera un bouclier contre la prêtraille."

Remplacez "roi" par "président de la république française", et alors là je ne suis pas sûr que l'on se retrouve avec un bouclier contre les extrémismes religieux de toutes confessions ; je suppose même qu'on doit alors se retrouver aussi protégé qu'une strip- teaseuse par son string  !

N'oublions pas que notre Sarko fait montre d'une foi catholique à toute épreuve !

Voir ses déclarations !

http://www.mouton-noir.net/info-quotidienne/Quand-Sarkozy... 

et

http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/...

Le divorce ne l'a pas rendu rancunier bien qu'il le prive normalement de certains rites dont la privation fait la souffrance de certains catho praticants . J'en déduis qu'il n'est qu'un catho en peau de lapin ! L'hypocrisie a l'air de lui convenir au teint (allez ! halé ! alléluyah ! ).

 

bouclier.jpg

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x3riyb_johnny-que-jai-to...

 

http://www.youtube.com/watch?v=lQVogwzdY2I

 

 

 

 

« A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                   4 février 1766

 

                            Je renvoie à mes divins anges le mémoire de M. de La Voute pour les comédiens. Je les supplie très humblement de trouver que j’ai raison parce que je crois avoir raison,[a[f1] ] mais s’ils me condamnent, je croirai que j’ai tort. La tournure que vous avez prise est très habile. La déclaration du roi sera un bouclier contre la prêtraille. Elle sera enregistrée, et quand les cuistres refuseront la sépulture à un citoyen pensionnaire du roi, on leur lâchera le parlement. Ne vous ai-je pas mandé que ma Catherine vient de chasser les capucins pour n’avoir pas voulu enterrer un violon français ? [b[f2] ]

 

                            Vous êtes donc de très bons politiques, vous auriez donc arrangé les Genevois en vous jouant ? On dit M. le chevalier de Beauteville malade [c[f3] ]. Il peut se donner tout le temps de raffermir sa santé. Rien ne presse. Il n’y a pas eu une patte froissée dans la guerre des rats et des grenouilles [d[f4] ]. M.Crommelin est un peu ardent. On aurait dit que le feu était aux quatre coins de Genève. Comptez que les médiateurs se mettront à pouffer de rire quand ils verront de quoi il s’agit. On a trompé monsieur le duc [e[f5] ], on l’a engagé à précipiter ses démarches. Les Zurikois qui n’aiment pas à dépenser leur argent inutilement commencent à murmurer qu’on les envoie chercher pour une querelle d’auteur [f[f6] ], car c’est là l’unique fond de la noise. Si je ne m’occupais pas tout entier de l’affaire Sirven qui est plus sérieuse, je ferais un petit Lutrin de la querelle de Genève. J’ai vu l’esquisse du mémoire d’Elie de Beaumont. [g[f7] ]. Je me flatte qu’il fera un très grand effet, et que nous obtiendrons un arrêt d’attribution. Vous nous protègerez, mes chers anges. Il est bon d’écraser deux fois le fanatisme, c’est un monstre qui lève toujours la tête. J’ai dans la mienne de soulever l’Europe pour les Sirven [h[f8] ]. Vous m’aiderez.

 

 

                            Respect et tendresse.

 

                            V. »

 

 

 

 

 


 [f1]Il renvoie le mémoire de Pierre Jabineau de La Voute en faveur des comédiens (pour préparer une déclaration au roi) avec des remarques ; V*propose des suppressions, des atténuations, distinctions et additions fondées sur des textes juridiques et sur l’histoire. Il ne faut  pas « faire sans correctif le triste aveu que les comédiens ont été déclarés infâmes à Rome. » Il faut distinguer bateleurs et acteurs de tragédies et comédies. Il ne faut pas choquer la noblesse en paraissant inviter les gentilshommes à être comédiens : « ce qui peut se dire historiquement ne peut se dire quand on fait parler le roi. Il faut tâcher de rendre l’état de comédien honnête et non pas noble. ». Ce mémoire ne fut pas utilisé.

 [f2]Catherine, le 22 août a.s. (2 septembre n.s.), racontait que « les capucins s’étant opiniâtrés cet hiver à ne pas vouloir enterrer un Français qui était mort subitement sous prétexte qu’il n’avait pas reçu les sacrements … à la fin on leur fit dire de choisir ou de passer la frontière ou d’enterrer ce Français. Ils partirent… »

 [f3]Ambassadeur que la France doit envoyer à Genève pour la médiation.

 [f4]Réf à la Batrachomyomachie faussement attribuée à Homère.

 [f5]Duc de Praslin, ministre des Affaires étrangères.

 [f6]« Les jugements portés contre (Charles Pictet) et contre le sieur Jean-Jacques Rousseau ont été les deux premiers objets des plaintes des représentants ; c’est là l’origine de tout le mal » ; voir lettre du 19 juillet 1763

 [f7]Pour les Sirven.

 [f8]A Damilaville il précise : « Je voudrais bien que ce divin Elie m’envoyât un précis de son mémoire dépouillé entièrement des accessoires qui sont nécessaires pour les juges et qui ne font que ralentir l’intérêt et refroidir les lecteurs étrangers . J’enverrais ce précis à tous les princes protestants et à l’impératrice de l’Eglise grecque. Je l’accompagnerais d’un petit discours sur le fanatisme… »

 

 

 

guitare manouche.jpg

 

Jazz ! j'aime ! et je ne suis d'aucune obédience , je touche à tout du bout des oreilles, comme ce qui suit :

http://www.youtube.com/watch?v=SkN3EL68dYo&feature=re...

03/02/2010

le malheur qu’ont tous les rois, de ne savoir pas un mot de la vérité

A l'heure où je mets cette note en ligne, je ne sais encore ce que sera l'actualité, mais d'un naturel optimiste (qui se soigne ! ) j'écoute ce qui suit, car c'est guilleret : http://www.youtube.com/watch?v=-76Ca9MRo-I&feature=related

verite.jpg

                      A débattre !

« A Johann Samuel König

 

Berlin le 3 février 1753

 

                            Je viens de lire la première feuille de la Défense de votre Appel [Défense de l’Appel au public, La Haye 1753]. C’est la victoire de Rocou [Rocou ou Raucoux : 11 octobre 1746, Fontenoy : 11 mai 1745] après celle de Fontenoy . Il est bien douloureux que jamais Sa Majesté prussienne n’ait lu votre Appel [L’Appel au public du Jugement de l’Académie royale de Berlin, La Haye 1752], qui est un chef-d’œuvre de logique ; il n’aurait certainement pas fait cette Lettre cruelle [La Lettre d’un académicien de Berlin à un académicien de Paris ], qui est le plus grand de mes chagrins, puisque c’est ce qui lui a fait le plus grand tort dans l’Europe. Il a le malheur qu’ont tous les rois, de ne savoir pas un mot de la vérité. Il ignore qu’à l’Académie Maupertuis fit apporter le jugement contre vous, tout dressé ; il ignore qu’aucun académicien ne signa, et que la chose ne fut seulement pas mise en délibération . Comment le saurait-il ? Aucun académicien n’ose parler, et Maupertuis a été le Phalaris [tyran d’Agrigente qui brûlait ses victimes dans un taureau d’airain] de la littérature . Je vous écris par Rotterdam sur une autre affaire [sa plainte contre le libraire hollandais Pierre Grosse qui a accusé V* dans La Bigarrure de lui avoir vendu un manuscrit déjà vendu à deux de ses confrères]. Vale.

 

                            Voltaire. »

Encore un mot sur la vérité ? à voir : http://www.guillermito2.net/archives/2006_02_21.html

 

02/02/2010

les suffrages d’un public toujours inconstant qui se plait à élever des idoles pour les détruire

Dédicace à celle qui ...

http://www.youtube.com/watch?v=cdje1bpjbgc

... et qui ...

http://www.youtube.com/watch?v=2kylDMPYFE8&NR=1

... ou inversement ?

samson.jpg

 Rameau, "tête à double croches" et Volti librettiste ... Je n'ai pas trouvé d'illustration musicale pour Samson, mais profitez de celle-ci quand même : "Règne Amour" (cri du coeur !!) extrait de Zoroastre : http://www.youtube.com/watch?v=gpDkWDQzN38

 

 

 

 

« A Berger

 

A Cirey [vers le 2] février 1736

 

                            Le succès de mes Américains  [Alzire ou les Américains , jouée la première fois le 27 janvier 1736, 20 fois à la Comédie française et 2 fois à la cour] est d’autant plus flatteur pour moi, mon cher Monsieur, qu’il justifie votre amitié pour ma personne et votre goût pour mes ouvrages. J’ose vous dire que les sentiments vertueux qui sont dans cette pièce sont dans mon cœur, et c’est ce qui fait que je compte beaucoup plus sur l’amitié d’une personne comme vous dont je suis connu, que sur les suffrages d’un public toujours inconstant qui se plait à élever des idoles pour les détruire, et qui depuis longtemps passe la moitié de l’année à me louer et l’autre à me calomnier. Je souhaiterai que l’indulgence avec laquelle cet ouvrage vient d’être reçu pût encourager notre grand musicien Rameau à reprendre en moi quelque confiance et à achever son opéra de Samson sur le plan que je me suis toujours proposé [V* l’a commencé à l’automne 1733]. J’avais travaillé uniquement pour lui. Je ne m’étais écarté de la route ordinaire dans le poème que parce qu’il s’en écarte dans la musique. J’ai cru qu’il était temps d’ouvrir une carrière nouvelle à l’opéra comme sur la scène tragique les beautés de Quinault et de Lully sont devenues des lieux communs, il y aura peu de gens assez hardis pour conseiller à M. Rameau de faire de la musique pour un opéra dont les deux premiers actes sont sans amour ; mais il doit être assez hardi pour se mettre au dessus du préjugé . Il doit m’en croire et s’en croire lui-même. Il peut compter que le rôle de Samson, joué par Chassé, fera autant d’effet au moins que celui de Zamore [dans Alzire], joué par Dufresne. Tâchez de persuader cela à cette tête à double croches. Que son intérêt et sa gloire l’encouragent ; qu’il me promette d’être entièrement de concert avec moi ; surtout qu’il n’use pas sa musique en la faisant jouer de maison en maison ; qu’il orne de beautés nouvelles les morceaux que je lui ai faits. Je lui enverrai la pièce quand il le voudra, M. de Fontenelle en sera l’examinateur. Je me flatte que M. le prince de Carignan [Victor-Amédée de Savoie, prince de Carignan, directeur de l’Opéra] la protègera et qu’enfin ce sera de tous les ouvrages de ce grand musicien celui qui, sans contredit, lui fera le plus d’honneur.

 

                            A l’égard de M. de Marivaux, je serais très fâché de compter parmi mes ennemis un homme de son caractère et dont j’estime l’esprit et la probité. Il a surtout dans ses ouvrages un caractère  de philosophie, d’humanité et d’indépendance dans lequel j’ai trouvé, avec plaisir, mes propres sentiments. Il est vrai que je lui souhaite quelquefois un style moins recherché et des sujets plus nobles. Mais je suis bien loin de l’avoir voulu désigner en parlant des comédies métaphysiques [pourtant si, dans les lettres à Formont d’avril 1732 et à Moncrif en avril 1733]. Je n’entends par ce terme que ces comédies [par exemple Le Triomphe de Plutus de Marivaux, 1730 ] où l’on introduit des personnages qui ne sont point dans la nature, des personnages allégoriques propres tout au plus pour le poème épique, mais très déplacés sur la scène, où tout doit être peint d’après nature. Ce n’est pas, ce me semble, le défaut de M. de Marivaux. Je lui reprocherai au contraire de trop détailler les passions et de manquer parfois le chemin du cœur, en prenant des routes un peu trop détournées. J’aime d’autant plus son esprit que je le prierais de le moins prodiguer ! [V* écrit à Formont le 29 mai 1732 : « Nous aurons aussi les Serments indiscrets de Marivaux, où j’espère que je n’entendrai rien. »] Il ne faut point qu’un personnage de comédie songe à être spirituel, il faut qu’il soit plaisant malgré lui et sans croire l’être. C’est la différence qui doit être entre la comédie et le simple dialogue. Voilà mon avis, mon cher Monsieur ; je le soumets au vôtre.

 

                            J’avais prêté quelque argent à feu M. de La Clède, mais sans billet. Je voudrais en avoir perdu dix fois davantage et qu’il fût en vie. Je vous supplie de m’écrire tout ce que vous apprendrez au sujet de mes Américains. Je vous embrasse tendrement.

 

                            Qu’est devenu l’abbé Desfontaines ? [condamné par la chambre de l’Arsenal pour avoir fait un libelle contre l’Académie.] Dans quelle loge a-t-on mis ce chien qui mordait ses maîtres ? Hélas ! je lui donnerais encore du pain, tout enragé qu’il est. Je ne vous écris point de ma main, parce que je suis un peu malade. Adieu.

 

                            Voltaire. »

Esprit peu contrariant, comme vous diront mes meilleurs amis, je place en conclusion une ouverture : http://www.youtube.com/watch?v=Uh4O6bGBQNo&NR=1

 

 

 

01/02/2010

C’est ainsi à peu près que j’en use depuis quarante ans, disant toujours : j’aurai demain du régime

Je ne regrette pas mon abonnement au Point !

N'y voyez pas ici l'affichage de mes opinions politiques !

Non!

Seulement, le n° 1949 sous la plume de Claude Imbert donne un éditorial titré "Le glas d'Haïti" . A mon grand plaisir, il cite Voltaire qui écrivit un magnifique et poignant poème suite au désastre du tremblement de terre de Libonne en novmbre 1755. Quelle solidarité fut mise en branle à cette époque, je dois avouer que je ne le sais pas ; elle ne fut sans doute pas internationale comme de nos jours .

Claude Imbert écrit :"D'abord le chaos, l'effarement, la compassion . Mais très vite la compassion se périme." , ce que je mets en parallèle avec cette citation d'une lettre du 11 août 1770 de Voltaire à Catherine II, suite au terrible tremblement de terre de Saint Domingue de juin 1770 : "On apprend à Paris le tremblement de terre qui a bouleversé trente lieues de pays à Saint Domingue, on dit : "C'est dommage", et on va à l'opéra."

Les Français n'ont guère changé depuis le XVIIIème siècle ? Si ! quand même, la générosité a été manifeste, mais n'oublions pas qu'Haïti c'est loin, et que nos misères quotidiennes prennent le pas sur les gros coups durs des autres !

Pour l'avenir, Imbert dit : "Cultiver notre jardin ? Jouir d'être épargné ? Chacun sa recette ! Mais ce serait une encourageante surprise qu'en faveur d'Haïti le monde se bouge.... Mais on ne peut, d'avance, désespérer de tout.".

http://www.dailymotion.com/video/x29zaf_salut-a-toi-les-ogres-de-barback_music

 

 

le monde bouge.jpg

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Lunéville 1er février [1748]

 

                            Mes divins anges ont-ils reçu des copies bien pleines de fautes de cette Sémiramis qu’ils ont prise sous leur protection ? Me voici donc à Lunéville ! et pourquoi ? [en remerciement des honneurs reçus à la cour, V* avait rimé un compliment à Mme de Pompadour susceptible d’offenser le parti de la reine ; on dit donc qu’il était exilé volontairement ou sur ordre ] . C’est un homme charmant que le roi Stanislas, mais quand on lui joindrait encore le roi Auguste, tout gros qu’ils sont, dans une balance, et mes anges dans l’autre, mes anges l’emporteraient. J’ai toujours été malade, cependant, ordonnez, et s’il y a encore des vers à refaire, je tâcherai de me bien porter. M. de Pont de Veyle et M. de Choiseul [Choiseul-Praslin] sont-ils enfin contents de ma reine de Babylone ? [Sémiramis] . Comment va leur santé ? Sont-ils bien gourmands ? Oui, et ensuite on prend de l’eau de tilleul. C’est ainsi à peu près que j’en use depuis quarante ans, disant toujours : j’aurai demain du régime. Mais Mme du Châtelet qui n’en eut jamais se porte merveilleusement bien. Elle vous fait les plus  tendres compliments. Je ne sais si elle ne restera point ici tout le mois de février. Pour moi qui suis une petite planète de son tourbillon, je la suis dans son orbite cahin-caha, et quoique je mène ici la vie la plus douce et  la plus commode je reviendrai avec délices vous faire ma cour. Adieu, mes adorables anges, je vous serai fidèle jusqu’au dernier moment de ma vie et votre culte sera toujours dans mon cœur.

 

                            V. »

 

 

Un flash-back sur un remède de grand-mère  qui vous soulageait et vous donnait une irrépressible envie de ne plus en avoir besoin : http://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB3212825042/boldoflorine-tisane.fr.html

 

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