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30/11/2013

permettez que je vous parle d'abord de boire

... A votre gré !

Santé ! gaillards !!

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« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

conseiller au parlement à Dijon

Aux Délices près de Genève

1er novembre 1758

Monsieur, permettez que je vous parle d'abord de boire, car s'il est vrai que le maréchal de Daun ait déconfit le roi de Prusse, nunc est bibendum nunc pede libero pulsanda tellus 1.

Je crois bien que vous n'avez pas cette année le meilleur vin du monde, mais si vous en avez de potable, et qui soit seulement du vin ordinaire à bon marché, je vous en demande trois tonneaux .

J'ai une autre grâce à vous demander, monsieur . Je soumets à vos lumières et je recommande à votre protection le mémoire ci-joint 2. Il est fondé sur la plus exacte vérité et j’ai toutes les pièces justificatives . Un mot de vous à M. Drouin peut tout finir , et je serai infiniment sensible à votre bonté . Je ne mets point d'enveloppe pour épargner les frais inutiles . Je n'en suis pas avec moins de respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Maintenant il faut boire, maintenant il faut frapper la terre d'un pied libre . Horace ; Odes, I, xxxvii, 1-2 .

2 Il ne nous est pas parvenu .

 

Il faudra s'adresser au gros fiscal de l'empire pour vous faire indemniser

... Est ce que je  peux conseiller à l'Etat français pour se faire rembourser les dégats causés par les cinglés en bonnets rouges (même pas de fabrication française d'ailleurs ) .

 

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 Mais bon, l'Union européenne a d'autres chats à fouetter et ces couillonnades gauloises retomberont sur l'ensemble des contribuables inévitablement . Point d'empereur à barbe fleurie à l'horizon, seulement quelques président et ministres encravatés pour tenter de nous faire croire aux jours meilleurs pour l'emploi .

Je retiens l'expression d'un reste de lucidité "La bataille de l'emploi n'est pas encore gagnée !", et j'ajoute que l'on va vers une victoire à la Pyrrhus . Les morts de faim, comptez-vous !

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini

Aux Délices 1er novembre [1758]

J'ai écrit trois fois à l’Électeur palatin . Point de nouvelles . Il faudra s'adresser au gros fiscal de l'empire pour vous faire indemniser par ce gros coquin de Smith 1.

Je vous prie de vouloir bien passer chez Turckeim 2 et de lui dire que ses délais font mourir de faim 32 personnes que j'ai à nourrir chez moi .

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher Collini .

V. »

1 Allusion à l'avanie de Francfort ; voir lettre du 19 juillet 1757 à Collini : page 237 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f240.image

et la lettre du 20 janvier 1759 au même : page 49 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f31.image.r=collini%20colini

2 Jean de Turckheim, banquier de Voltaire à Strasbourg et un des banquiers du duc Charles-Eugène de Wurtemberg (ou Virtemberg comme l'écrit V*)

 

29/11/2013

Genève me paraît un peu plus gaie que du temps passé ; c'est qu'elle est plus riche et plus éclairée

 ... Et surtout plus cosmopolite !

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« A Jacob Vernes

[octobre – novembre 1758]

Ce mauvais temps me tue, mon cher abbé : je ne peux aller à la comédie, et je suis bien las de la détestable tragédie que je vois qu'on joue sur le théâtre de l'Europe ; c'est contre cette mauvaise pièce que Jean-Jacques devrait écrire […] Voilà donc deux Diogène, Rousseau et Marcet 1. Votre Genève me paraît un peu plus gaie que du temps passé ; c'est qu'elle est plus riche et plus éclairée . Continuez cette Histoire 2 et songez que Genève n'a jamais été plus heureuse qu'aujourd'hui [...] »

1 Isaac Ami Marcet de Mezières avait publié un Diogène à la campagne, comédie dont l'action se passe à Karouge, près d'Athènes . Pour ses relations avec Rousseau voir : http://etat.geneve.ch/dt/archives/page_precedente-66-5637-13288.html et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2069932.r=Isaac+Ami++Marcet+de+Mezi%C3%A8res.langFR

2 Vernes avec Antoine-Jean Roustan ne publiera jamais son Histoire de Genève . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Vernes

et http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/800-jacob-vernes

 

28/11/2013

Si j'étais contrôleur général vous auriez une pension

... Promesse de Gascon !

Ou histoire belge ?

http://www.google.fr/imgres?client=firefox-a&hs=ZeO&a...

 Et il y en a encore qui se plaignent !

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« A Charles-Etienne Pesselier 1

Aux Délices , près de Genève 30 octobre 1758

Enfin, monsieur, à force de recherches j'ai découvert tout ce que je vous dois . Ce rouleau dont vous m'avez favorisé était à Lausanne depuis longtemps, avec des cartes de géographie et des estampes qu'on m'avait envoyées de Petersbourg . J'ai fait tout revenir et je me hâte de vous faire mes remerciements . Je savais déjà , par les vers agréables qu'on a imprimés de vous, avec quel succès vous cultivez les belles-lettres , et j'avais vu dans l'Encyclopédie 2 quelles sont vos profondes connaissances sur beaucoup d'objets utiles : omne tulit punctum qui miscuit utile dulci 3, voilà votre devise . La mienne est : si placeo, tuum est 4.

Mérope ne s'attendait pas à être traitée aussi honorablement que la finance . Le Parnasse et le trésor royal vous ont bien de l'obligation . Vous avez un double droit à mon estime et à ma reconnaissance . Si j'étais contrôleur général vous auriez une pension ; et si je faisais encore des vers je vous chanterais .

Recevez, monsieur, les assurances de l'attachement sincère du vieux Suisse .

Voltaire . »

2 Auteur des articles : ferme et financier . Voir : http://encyclopédie.eu/F.html

3Il emporte tous les suffrages celui qui a su mêler l'utile à l'agréable . Horace, Art poétique .

4 Si je plais, l'honneur t'en revient . Horace, Odes, IV, iii, 24 .

recommander Pictet à Berryer

... Peut-on actualiser ce mot d'ordre ?

 

 

 

« A Charles-Louis-Auguste Fouquet, duc de Belle-Isle 1

[30 octobre 1758]

[Transmet un mémorandum de Pictet] 2

2 L'existence de cette lettre et l'indication de son contenu sont tirés d'une lettre de Belle-Isle du 12 novembre 1758, lequel promet de recommander Pictet à Berryer comme V* le lui a demandé « dans lettre du 30 du mois dernier » accompagnant le mémoire de Pictet .

 

27/11/2013

comment il faut faire pour se faire payer d'une dette de quatre années d’arrérages

 ... Si je le savais , ou plutôt si je l'avais su, je ne serais sans doute pas en train de vous écrire ici et maintenant, je ne serais sans doute pas encore devenu  fan de Voltaire au point de lire autre chose que ses contes divertissants et instructifs à la fois .

Comment se faire payer des dettes ?

A tous ceux qui sont sur cette page en attendant la réponse, je conseille d'avoir de la patience, de l'argent pour payer un avocat, des relations . Je sais fort bien comment fonctionne la justice de la France : dans ce domaine elle est nulle . Selon que vous serez profession libérale ou commerçant, votre recours s'éteindra en deux ans ou en trente ans ! Admirable profession que celle de commerçant, 15 fois plus estimable que celle de médecin ou infirmier !

La peste soit de tout ça !

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

ancien conseiller au parlement de Rouen

à sa terre de Launay

à Rouen

et s'il n'est pas en Normandie

renvoyez à Paris à son adresse .

Aux Délices route de Genève

28 octobre [1758]

Mon cher et ancien ami, j'ai peur que vous n'ayez pas reçu un billet 1 adressé dans la rue Saint-Pierre à Paris et par renvoi à votre terre de Launay si vous n'étiez pas dans la grande vilaine ville .

Il s'agissait de savoir si notre marquis Angot de Lézeau est mort ou en vie, s'il a un domicile à Rouen, s'il faut écrire au château de Léseau, où est ce beau château, en un mot comment il faut faire pour se faire payer d'une dette de quatre années d’arrérages de laquelle Angau ne donne aucune nouvelle . Licet liscere seria cum jocis 2. Il ne faut pas abandonner le demeurant . Rem suam deserere turpissimum est 3 dit Cicéron . Si Frédéric est aussi bien frotté qu'on le dit, je ferai relier ensemble l'histoire de Pyrrhus, de Picrochole, la sienne et la fable du pot au lait .4

Écrivez moi je vous en prie, mon ancien ami, des nouvelles d'Angot de Lézeau, mais surtout des vôtres . Que dites-vous de l'Esprit d'Helvétius ?

Je vous embrasse tendrement .

V. »

1 Lettre du 4 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/12/j-ai-besoin-d-un-honnete-procureur-normand-en-connaitriez-vo.html

Le 30 octobre 1758, Cideville répond : « Mgr le marquis Angot de Lezeau existe et règne dans son château de La Lotte proche Argenton en basse Normandie […].

Constat de cadavre, j'en conviens et c'est un point bien important dans une affaire ; mais le second est encore plus difficile à démêler […]

La procédure consiste à fonder un procureur sur les lieux […] pour obtenir [du juge] la permission de faire saisir les revenus du dit seigneur marquis entre les mains de ses fermiers […].

[…] il serait moins dangereux d'avoir recours à un tiers, à un procureur de Rouen qui me connût […].

N'envoyez qu'une copie collationnée de votre contrat . »

Le 6 novembre 1758 il écrira : « Enfin je reçois avant-hier une lettre du sieur de Lezeau, que ma lettre […] a enfin trouvé à Paris […] .

Il me prie de voir [son homme d'affaires Ledoux à Rouen] et de m'arranger avec lui pour les paiements qu'il a [à] vous faire […]. »

2 Il est permis de mêler des choses sérieuses aux jeux . Horace, Odes IV, xii, 27 .

3 C'est une chose honteuse que de négliger ses affaires .

4 Sur l'importance que V* attache à l'issue de l'aventure de Frédéric II, voir la Notice de Candide , édition de la Pléiade .

 

26/11/2013

il y a tant de droits à payer, tant de choses à discuter, les affaires sont si longues et la vie est si courte

... Que je ne la raccourcirai pas d'une seconde en discussions oiseuses, en actes de grippe-sous, en oubliant l'instant présent .

 Bene est, nihil amplius opto

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Tant de passants évanouis dans le passé

 

 

«A Elie Bertrand

Aux Délices 28 octobre 1758

 Mon cher ami, je ne lis ni journal partial ni journal impartial, et rarement les gazettes, qui content pourtant que le Pyrrhus du Nord a été totalement défait. Cette nouvelle est plus importante que les livres nouveaux sur l'Esprit, sur la comédie de Genève, et sur l'autre comédie des pasteurs franco-suisses. Mme de Bentinck, qui croit être grande Autrichienne parce qu'elle plaide à Vienne 1, est fort contente de Berne, et peu de votre Helvétie : moi, je suis content de tout, et si content, que je suis en effet en marché de la seigneurie de Fernex. Mais il y a tant de droits à payer, tant de choses à discuter, les affaires sont si longues et la vie est si courte, que je pourrais bien me tenir dans mon petit ermitage des Délices. Di melius fecere ; bene est, nihil amplius opto 2.

Mon grand désir est de vous revoir vous et M. et Mme de Freudenrik, à qui je vous prie de présenter mes respects .

V. »

2 Les dieux ont fait pour le mieux ; voilà qui est bien, je ne souhaite rien de plus . Horace, Epitres, II, ii, 46 .