18/11/2017
Il faut un peu se presser d'envoyer cet ouvrage à Paris
... Mais sincèrement je doute que l'ouvrage dont je vais vous parler supporte le voyage , jugez-en : http://actu.orange.fr/societe/insolite/un-pilote-dessine-...
Si j'étais recruteur pour l'Armée de l'air je peux vous assurer que j'engagerais ce pilote, qui, victime de grenouilles de bénitier hypocrites comme seul(e)s savent l'être les Ricain(e)s, risque d'être mis à pied . Ce puritanisme imbécile , source de l'élection d'un Donald Trump, autrement malfaisant que ce pilote, me met en rage et me donne une furieuse envie d'ouvrir la boite à baffes .
Oh quel dangereux terroriste ! qui horrifie les petits enfants (and so proud mothers) , lesquels n'ont qu'un malheureux Colt 45 dans leur poche pour chasser le Malin. Un pénis couillu dans le ciel devrait donner une idée de Dieu et comment il a créé le monde, non ?
« A Gabriel Cramer
[vers le 6 janvier 1763]
Monsieur Cramer est supplié de vouloir bien renvoyer la dernière feuille des remarques sur l'Histoire, et d'y ajouter les titres des articles . Il faut un peu se presser d'envoyer cet ouvrage à Paris . Il peut contribuer au prompt débit de l'édition de l'Histoire . »
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17/11/2017
il n'y a d'autre moyen d'obtenir la tolérance, que d'inspirer beaucoup d'indifférence pour les préjugés, en montrant pourtant pour ces préjugés même un respect qu'ils ne méritent pas
...
"Il est plus difficile de briser un préjugé qu'un atome" : Albert Einstein dixit .
"Plus difficile, mais pas impossible ! : James (décidément optimiste ) dixit .
« A monsieur le ministre Paul-Claude Moultou
à Genève
Ferney 5è janvier 1763 1
J'ai lu avec attention, monsieur, une grande partie de L’Accord parfait 2. C'est un livre où je dirais qu'il y a de fort bonnes choses, si je ne m'étais pas rencontré avec lui, dans quelques endroits où il parle de la tolérance . Il y a , ce me semble, un grand défaut dans ce livre, et qui peut nuire beaucoup à votre cause ; c'est qu'il dit continuellement que les catholiques ont toujours eu tort , et les protestants toujours raison ; que tous les chefs des catholiques étaient des monstres, et les chefs des protestants des saints . Il va même jusqu'à mettre Spiphame, évêque de Nevers 3, au rang de vos apôtres irréprochables . C'est trop donner d'armes contre soi-même ; il est permis d'injurier le genre humain, parce que personne ne prend les injures pour lui ; mais quand on attaque violemment une secte en demandant grâce, on obtient la haine, et point de grâce .
Je vous répète qu'il est infiniment à désirer qu'un homme comme vous veuille écrire . Vous seriez lu, et L'Accord parfait ne le sera point ; il est beaucoup trop long et trop déclamateur, comme tous les livres de cette espèce ; il faut être très court, et un peu salé, sans quoi les ministres et Mme de Pompadour, les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre .
Sous un autre gouvernement, je n'aurais pas osé hasarder quelques petites notes, dont il est très aisé de tirer d'étranges conséquences ; mais je connais assez ceux qui gouvernent, pour être sûr que ces conséquences ne leur déplairont pas . Je pense même qu'il n'y a d'autre moyen d'obtenir la tolérance, que d'inspirer beaucoup d'indifférence pour les préjugés, en montrant pourtant pour ces préjugés même un respect qu'ils ne méritent pas .
Je pense enfin , que l'aventure des Calas peut servir à relâcher beaucoup les chaînes de vos frères qui prient Dieu en fort mauvais vers . Je suis convaincu, que si d'ailleurs on a quelque protection à la cour, on verra clairement que des ignorants qui portent une étole, ne gagnent rien à faire pendre des savants à manteau noir, et que c'est le comble de l'absurdité comme de l'horreur .
Plus je relis les Actes des martyrs, pus je les trouve semblables aux Mille et une nuits, et je suis tenté de croire qu'il n'y a jamais eu que les chrétiens qui aient été persécuteurs, pour la seule cause de la religion .
Je vous supplie , monsieur, de vouloir bien envoyer chez MM. Souchay et Lefort le commentaire de Bayle sur le Contrains-les d'entrer 4, et la lettre de l'évêque d'Agen 5, par laquelle cet animal veut contraindre d'entrer .
J'ai encore une autre grâce à vous demander, comme à un docteur hébraïque, qui est pourtant un Français très aimable, c'est de vouloir bien m'écrire en caractères chrétiens, ces mots de la Vulgate, tibi jure debentur 6. C'est à l'occasion du dieu Chamos 7, vous savez ce que c'est ; il ne sera pas mal de mettre cet hébreu en marge, pour effrayer les ignorants qui prétendraient que ce passage est un argument ad hominem 8, et qu'il ne veut dire autre chose, sinon, vous pensez vous autres chamichiens que vous possédez de droit ce que Chamos vous a donné . Mais le jure debentur est formel, et un petit mot d'hébreu sera sans réplique .
On m'a mandé de Toulouse, qu'un jeune homme qui allait prier tous les jours à Saint-Étienne sur le tombeau du saint martyr Marc-Antoine Calas 9, est devenu fou, pour n'avoir pas obtenu de lui le miracle qu'il lui demandait, et ce miracle c’était de l'argent .
On ne peut rien ajouter, monsieur, ni à ma compassion pour les fanatiques, ni à ma sincère estime pour vous . »
1 L'édition Gaberel est limitée à des extraits, datée correctement ; l’édition Taillandier de même . Les Lettres inédites suppriment le 5è et le 7è paragraphe, suivie des autres éditions et toutes celles-ci datent à tort du 8 .
2 Voir lettre du 2 janvier 1763 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/11/j-ai-l-honneur-de-vous-envoyer-monsieur-l-esquisse-sur-la-tolerance-c-est-a.html
3 L'auteur de L'Accord parfait a mis en effet Jacques-Paul Spiphame, évêque de Nevers, au rang des hommes de bien convertis au protestantisme en oubliant que Spiphame avait été décapité en 1566 sur l'ordre du Conseil de Genève pour « immoralité » .
4 C'est le fameux Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d'entrer, de Pierre Bayle, 1686-1688 .
5 Lettres de M. l'évêque d'Agen à monsieur le contrôleur général, contre la tolérance des huguenots dans le royaume, 1et mai 1751, de Joseph-Gaspard-Gilbert de Chabannes .
6 Il te sont dus à bon droit .
7 Juges , XI, 24 .
8 Personnel .
9 Voir lettre du 2 janvier 1763 à Ribote-Charron : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/12/le-citoyen-tolerant-qui-a-mis-cette-affaire-en-train-sera-as-5998523.html
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16/11/2017
Tout ce que je crains c’est d'acquérir de l'indifférence avec l'âge – l'indifférence glace les talents
... et rend con ! -- je me le dis tout net .
« A Bernard-Louis Chauvelin
Dans les neiges , 5 janvier [1763]
Ma main n'a point suivi mon cœur . Tout ce que je souhaite, c'est que Votre Excellence daigne être fâchée de ma paresse . J'ai été malade, j'ai travaillé, j'ai voulu vous écrire de jour en jour et je ne l'ai point fait . Je suis très coupable envers moi car je me suis privé d'un très grand plaisir . Si vous étiez à Paris j'aurais bien plus 1 d’amitié pour Olympie et pour Le Droit du Seigneur . Les entrailles paternelles s’émouvraient bien davantage pour mes enfants quand vous en seriez le parrain . Tout ce que je crains c’est d'acquérir de l'indifférence avec l'âge – l'indifférence glace les talents . Qui voit les choses de sang-froid, n'est bon que pour votre illustre métier .
Le ministère, à ce qu'on dit,
Veut une âme tranquille et sage,
Tandis que mon métier maudit
En veut une ardente et volage .
Vous n'employez que des raisons,
Quand il faut vous ouvrir, ou feindre,
Je ne peins que des passions :
Il faut les sentir pour les peindre .
Et les passions ! Il y a longtemps que je n'en ai plus . Vous monsieur qui en avez une si belle, et que la plus charmante ambassadrice du monde doit inspirer, c'est à vous de faire des vers .
Malgré mon âge décrépit
J'en ferais bien aussi pour elle
Si vous me donniez votre esprit
Et votre grâce naturelle .
J'aurai quelque chose à vous envoyer le mois prochain, mais comment m'y prendrai-je ? Ce mois-ci vous n'aurez rien . Je n'ai que des neiges ; j'en suis entouré, et elles passent dans ma tête . Peut-être en avez -vous autant à Turin ; et je ne sais si vous direz de la neige du Piémont ce que le cardinal de Polignac disait de la pluie de Marly 2. M. et Mme d'Argental ont cru que je plaisantais en vous suppliant de leur envoyer Le Droit du seigneur . Ils l'avaient en effet mais ils n'avaient pas une si bonne copie que la vôtre . Mes anges d'ailleurs me rendent la vie bien dure , ils me donnent des commissions comme on en donnait au diable de Papefiguière 3; et des corrections pour cette pièce-ci, et des changements pour cette pièce-là, et des additions, et des retranchements . Mes anges je ne suis pas de fer, ayez pitié de moi .
Je demande à Votre Excellence votre protection envers mes anges .
Je vous souhaite force années heureuses et je vous présente mon très tendre respect .
V. »
1 plus ajouté par V* au-dessus de la ligne .
2 Beuchot donne une explication en note dans son édition ; « Louis XIV lui faisait voir les jardins de Marly, et lui en faisait remarquer les beautés ; une averse survint ; le roi voulait interrompre la promenade : '' Sire , dit Polignac, la pluie de Marly ne mouille point.'' » Voir : https://books.google.fr/books?id=ejx_CgAAQBAJ&pg=PT1142&lpg=PT1142&dq=jardins+de+marly+polignac+louisXIV&source=bl&ots=uxPjpaSVe0&sig=EGosICfzo5tGrpRXzQtlgGC74VA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiLtZrDkMHXAhWKzRoKHZcZC6gQ6AEISjAH#v=onepage&q=jardins%20de%20marly%20polignac%20louisXIV&f=false
3 Voir Pantagruel , IV, 45-47, de Rabelais : https://books.google.fr/books?id=DaQGAAAAQAAJ&pg=PA443&lpg=PA443&dq=Pantagruel+,+papefigui%C3%A8re&source=bl&ots=90mf9PJPMq&sig=XtQ_r1Wv5IUqIxt73XokYAUT3tg&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjQh9a1j8HXAhWPDBoKHWv7BmsQ6AEILTAA#v=onepage&q=Pantagruel%20%2C%20papefigui%C3%A8re&f=false
; voir aussi Les contes de La Fontaine : « Le diable de Papefiguière » : http://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=51
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15/11/2017
Je suis plus en peine caro de votre testicule que de votre typographie , Mme Denis vous en dit autant quoique cela ne soit pas honnête et Mlle Corneille suivrait notre exemple si elle savait de quoi il s'agit
... Récréation . Rions un peu . C'est du Voltaire tout pur .
P.S. -- Un petit remède naturel pour mes frères humains qui seraient handicapés : "Les graines de citrouille sont bons [sic] pour empêcher la formation de kystes dans les testicules. Faire bouillir les graines dans de l'eau chaude et les consommer à chaud." Sachant que certains nomment "graines" les testicules, cette recette assurément fait frémir !
Voir , par curiosité : http://laisseterre.com/article/epididymaire-kyste-causes-symptmes-la-prvention-et-remdes-naturels
A l'Ouest rien de nouveau !
« A Gabriel Cramer
Eh mon Dieu ! A-t-on toujours dans sa poche droite un vieux Mercure, et dans sa poche gauche un programme de l'édition de Pierre Corneille ? N'oublie-t-on pas tout dans Paris au bout de quelques semaines, et même de quelques jours ? Songe-t-on à autre chose qu'à ses rentes, à ses maîtresses, et à l'opéra-comique ?
Il est d'une nécessité indispensable, de faire mettre de nouveaux avis dans les affiches de Paris et dans les journaux . Voici encore deux personnes qui s'adressent à Mme Denis pour avoir des souscriptions . Il est très important d'instruire le public à plusieurs reprises, et il l'est encore davantage d'écrire des lettres circulaires à tous ceux qui ont souscrit et qui n'ont point payé . Monsieur Cramer doit les connaître en consultant ses registres et le programme . On ne sait, par exemple, si messieurs les princes, M. le duc de Villars, Mme de Pompadour, M. le prince de Soubise, ont payé leur contingent . Il est sûr que M. le maréchal de Richelieu et plusieurs grands seigneurs n'ont rien donné .
Voici des modèles d'avis au public, et de lettres circulaires, dont monsieur Cramer est prié de faire usage . Il est prié aussi de mander si monsieur le contrôleur général a donné quelque chose au nom du roi, afin qu'on puisse écrire en conséquence .
On lui renvoie les feuilles corrigées . On lui renverra incessamment le Traité sur la tolérance, sur lequel on a consulté des ministres du Saint Évangile, et qui par conséquent sera approuvé de Dieu et des hommes .
On répond bien que ce saint libelle entrera dans Paris, où tout entre ; mais on recommande sur toute chose à monsieur Gabriel le secret de cette œuvre de Dieu .
Je suis plus en peine caro de votre testicule que de votre typographie , Mme Denis vous en dit autant quoique cela ne soit pas honnête et Mlle Corneille suivrait notre exemple si elle savait de quoi il s'agit . Ne m'oubliez pas auprès de votre famille et rétablissez au plus vite vos parties récréatives .
V.
4 janvier [1763] au soir . »
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il faut qu'il mette du vin dans son eau
... ceci étant , un voleur a , selon ses goûts , préféré y mettre du whisky en belle quantité et excellente qualité, ne voulant pas faire comme ceux qui , revenant d'outre-tombe, ont choisi trois cents bouteilles de grands crus de vin . Ils sont pour le vol sans modération , auront-ils la gueule de bois avant de finir en taule ? S'ils ont volé, c'est qu'ils ont des acheteurs, et je ne serais pas surpris si ces derniers sont de pays où l'alcool est prohibé . On tient le pari ?
http://www.20minutes.fr/paris/2168787-20171114-paris-vole...
Ah ! c'est le pied !
C'est au pied du mur qu'on trouve le maçon et c'est au pied du verre qu'on trouve le pochtron !
«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
A Ferney, 5 janvier 1763 1
O mes anges ,
Ce n’est pas ma faute, si on m'a mandé que l'auteur d'Eponine 2 aimait le bon vin . Je lui fais réparation d'honneur, et je crois que vous l'avez mis à l'eau d'Hippocrène . Mais il faut qu'il mette du vin dans son eau .
Ce n'est pas non plus ma faute si nous avons cru, madame Denis et moi, que vous vous intéressiez au demi-philosophe qui est arrivé sous vos auspices, qui nous a dit venir de votre part, et qu’il fallait conclure subito, allegro, presto, qu’il n’attendait qu’une lettre de son père, et que cette lettre viendrait dans trois jours . Le père est l’homme du monde qui dépense le moins en papier et en encre . Il y a un an qu’il n’a écrit à monsieur son fils. Il lui faisait une pension de mille livres avant d’avoir payé sa compagnie, et, depuis ce temps, il lui retranche sa pension. Ce fils n’a donc que sa compagnie qu’on va réformer, trois chevaux que nous nourrissons, et des dettes. La philosophie est quelque chose, je l’avoue . Mais cette philosophie est celle de M. de Valbelle 3 et de Mlle Clairon, qui ont imaginé d’envoyer le capitaine faire main-basse sur la recette des souscriptions, recette qui n’est pas prête, comme je l’ai mandé à mes anges. Je ne crois donc pas que je puisse lui dire : Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi 4. Tout cela ne laisse pas d’être triste, parce qu’on sait tout, et que cette aventure peut aisément être tournée en ridicule par les malins, dont le nombre est grand.
Je vous ai répondu sur les souscriptions, et je vous ai exposé notre état .
Nous prendrons en attendant une petite somme pour envoyer au père et à la mère .
J'ai répondu sur tous les articles concernant mon tripot . J'ajoute que je crois avoir prié M. de Chauvelin de vous envoyer Le Droit su seigneur et que je crois encore qu'il y a des changements assez considérables .
Vous croyez donc que je vais aux Délices, et que je suis assidu auprès de M. le duc de Villars ? Je suis assiégé par quatre pieds de neiges à perte de vue, et je la fais ranger pour transporter des pierres. Je me console d’ailleurs de mes quatre pieds autour de moi, en considérant les délices de la Suisse, qui consistent, comme vous savez, en quarante lieues de montagnes de glace qui forment mon horizon hyperboréen. Le duc de Villars a quitté les Délices . Tout auprès de son juge il s’est venu loger,5 dans une maison assez convenable à un valet de chambre retiré du monde. Il vient quelquefois dîner à Ferney ; mais, tant que j’aurai mes neiges, je n’irai point chez lui. Je suis d’ailleurs très malingre, et assurément plus que lui, malgré ses convulsions de Saint-Médard . Et observez qu’il n’a que soixante ans, et que j’en ai bientôt septante 6, quoi qu’on die 7.
O mes anges ! tant que mon vieux sang circulera dans mes vieilles veines, mon cœur sera à vous. Mais, à présent, comment renvoyer notre jeune soudard au milieu des glaces et des neiges ? Savez-vous bien que cela est embarrassant ? Tout ce qui m’arrive est comique ; Dieu soit béni ! Je remercie M. Deparcieux 8, et je n’ai que faire de lui pour savoir que la vie est courte.
Pour ce nigaud de Laugeois, neveu de Laugeois, vous pouvez avoir la bonté de m’envoyer son rabâchage davidique 9, en deux envois, contre-signés duc de Praslin. Je mettrai sa prose à côté des chansons hébraïques 10 de Lefranc de Pompignan. Voulez-vous bien présenter mes respects et souhaiter de bonnes fêtes à M. le duc de Praslin ? Comment peut-il travailler avec sa mauvaise santé ? Est-elle meilleure ? Pour Dieu favorisez moi du mémoire incendié du président au mortier 11! Portez-vous bien, mes anges ; c’est le grand point.
Respect et tendresse.
V.»
1 L'édition de Kehl et suivantes selon la copie Beaumarchais omettent des passages : voir http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1763-partie-1.html
2 Chabanon, dont la pièce jouée au Théâtre-Français le 6 décembre 1762 n'a eu que deux représentations .
3 Joseph-Alphonse-Omer , comte de Valbelle, amant de Mlle Clairon .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph-Alphonse-Omer_de_Valbelle
4 Mots prononcés par Mme Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme, III, 12 .
5 Réminiscence Plaideurs, de Racine, I, 5 ; le « juge » est ici le docteur Tronchin .
6 Septante est encore utilisé et répandu dans la région lyonnaise comme en Suisse et en Belgique .
7 Réminiscence des Femmes savantes, III, 2 .
8 Antoine Deparcieux avait sans doute envoyé à V* son Mémoire lu à l'assemblée publique de l'Académie royale des sciences, le samedi 13 novembre 1762, édité en 1763, concernant les moyens de fournir de l'eau à Paris, ainsi que son Addition à l'Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine, 1760, dont V* se souviendra dans L'Homme aux quarante écus . L'Essai original a été publié en 1746 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Deparcieux_(1703-1768)
et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208520n/f5.image
9 Laugeois de Chastellier avait publié une nouvelle édition (anonyme) de sa Traduction nouvelle des psaumes de David, 1762, dont V* possédait déjà l'édition originale de 1757 ; voir : page 611 : https://books.google.fr/books?id=-jvRqkIM2dcC&pg=PA611&lpg=PA611&dq=Laugeois+de+Chastellier&source=bl&ots=lDXBrVz_1m&sig=NCh6lF_n-_1IgOtxwsPrWGBOEyk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjFhuaAtL_XAhWIAxoKHdYYC6oQ6AEISTAJ#v=onepage&q=Laugeois%20de%20Chastellier&f=false
10 Ces « chansons » de Lefranc de Pompignan ont paru sous le titre Poésies sacrées de M. L*** F***, 1751 . Voir : https://books.google.fr/books?id=yHq9yoHsrC4C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
11 De Boyer, chevalier d'Eguilles . Voir lettre du 2 janvier 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/10/je-n-ai-point-peuple-et-j-en-demande-pardon-a-dieu-mais-auss-5997815.html
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14/11/2017
Si on ne prend pas ce parti , tout sera infailliblement perdu ; c'est l'avis de ...
... pas moins de quinze mille scientifiques dans « Mise en garde des scientifiques à l’humanité : deuxième avertissement. » Les humains ont la tête dure, il peut leur en cuire (au sens propre) dans peu de temps .
http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/quinze-m...
« A Gabriel Cramer
On a reçu deux feuilles des Éclaircissements 1 qui ne se suivent pas . La page 16 finit par ce mot L'Histoire, et la page 17 commence par ce et déploie . Ce qui est dans la page 15 est répété dans les pages 16, 17, 18 et 19 . L'imprimeur s'est trompé, et a pris sans doute une ancienne feuille a, pour la nouvelle .
Au reste, on imprime à Paris ces Éclaircissements, mais si monsieur Cramer veut les ajouter à l'Histoire générale, il fera très bien de se dépêcher d'achever cette histoire qui est attendue avec quelque impatience . L'Errata est tout prêt . On va en faire un pour les dix volumes qui précèdent ; mais il serait essentiel de réimprimer Mariamne selon la nouvelle leçon, en observant de mettre autant de pages pour la nouvelle Mariamne que pour l'ancienne, ce qui est très aisé, et ce qui ne nuira pas à l'édition .
Quant au Traité sur la tolérance, il paraît que monsieur Cramer pourra y employer la presse qui a servi à l'Histoire du czar, cette histoire étant incessamment finie . En attendant il est prié de renvoyer le manuscrit, auquel il faut ajouter des notes nouvelles .
On a reçu une lettre de M. Marin 2, par laquelle il se plaint de n'avoir pu trouver de libraire qui lui ait pu fournir deux souscriptions pour Mme la princesse de Tallemont 3. Il est absolument nécessaire que monsieur Cramer ait la bonté de presser ses correspondants, et de faire insérer un nouvel avertissement dans les journaux . Mais surtout il faut rafraîchir le mémoire des souscripteurs qui n'ont pas fourni leur contingent . On ne peut s'y prendre que par des lettres circulaires, imprimées, et envoyées à l'adresse des personnes qui ont promis beaucoup, et qui ne donnent rien . Si on ne prend pas ce parti , tout sera infailliblement perdu ; c'est l'avis de M. et Mme d'Argental ; ils sont fort étonnés que M. Philibert ne les ai point vus, et n'ait pris aucune mesure pour ces souscriptions . Cette entreprise ne peut réussir que par beaucoup d'empressement et de soins .
Caro je suis très en peine de votre hydrocèle 4 mais ce n'est surement qu'un peu d'eau extravasée . S'il en faut venir à un petit coup de lancette vous ne serez certainement pas réduit à l'état de Daumart . Je vous prie de me faire donner de vos nouvelles . Je vous embrasse de tout mon cœur, et je salue toute votre famille .
V.
4 janvier au soir [1763]. »
1 Voir lettre du 13 décembre 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/13/l-opera-comique-soutient-il-toujours-la-gloire-de-la-france.html
2 François-Louis-Claude Marin , signalé à V* par Thieriot en 1758 ., occupe en 1763 alors une position clé dans les services de la censure et spécialement du commerce des livres ; il rendit à V*des services très importants au mépris des devoirs de sa charge . Pourtant , seule la publication non autorisée des Lois de Minos , en 1773, lui causa quelques ennuis passagers . On le retrouvera aux prises avec Beaumarchais qui fit de lui des portraits féroces . Voir : http://data.bnf.fr/11914585/francois-louis-claude_marin/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin
et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64976583/f11.image
3 On ne trouve pas le nom de cette princesse dans la liste des souscripteurs .
4 Cramer avait un kyste, voir lettre du 5 décembre 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/10/16/s-il-va-a-paris-il-sera-fete-amoureux-aime-paresseux-et-rest-5989903.html
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la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses
... Ami Voltaire, les Français sont encore et toujours comme ça au XXIè siècle, et les plus remarquablement attachés à cette misérable coutume sont nos politiciens . Il est des coutumes plus néfastes me direz-vous, mais il en est de plus louables heureusement , et vous le savez bien .
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche
A Ferney , 3 janvier 1763 1
Mon illustre magistrat, mon respectable ami, j’ai le cœur serré de la lecture de votre second mémoire . Que je vous plains ! Que les derniers pas de votre belle carrière sont pénibles ! Mais enfin vous êtes sage . Tâchez de finir cette affaire à quelque prix que ce soit et ménagez-vous des heures heureuses sur la fin de ce jour d'orages qu'on appelle la vie . Je voudrais voir le mémoire de votre adverse partie ; et quand je songe que cette adverse partie est un fils, un premier président qui vous doit ce qu'il a et ce qu'il est, je suis bien affligé .
Je vous promets de venir vous voir l'année prochaine, si je suis en vie . Vous savez que jusqu'ici je n'ai pas eu un moment dont je pusse disposer .
Je me flatte que votre procès contre monsieur votre fils vaut mieux que celui que vous entreprenez pour votre dessinateur . Vous en appelez à M. de Caylus, c'est précisément , à ce qu'on me mande, M. de Caylus qui l'a condamné . Pour moi je ne le condamne point, il m'est très indifférent que des figures soient grandes ou petites, et même qu'elles soient bien ou mal faites . On n'examine point les estampes des tragédies qu'on ne peut lire ; et les souscripteurs n'ont que trop d'estampes et de papier pour leur argent .
Beaucoup même de souscripteurs n'ont rien donné selon la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses, tandis que les Anglais sont ordinairement l'un et l'autre en effet .
Venons à présent à notre petite affaire . Le billet que vous m'avez fait à Lyon entre les mains de MM. Tronchin et Camp, ne vaut rien en justice réglée et déréglée, parce que c'est une quittance plutôt qu'un billet, et que certainement monsieur votre fils ne le paierait pas, et que mesdames vos filles seraient en droit de le pas payer à Mlle Corneille ou à mes autres hoirs après que notre corps sera rendu aux quatre éléments .
La procuration que vous avez eu la bonté de m'envoyer ne peut suffire parce qu'elle ne spécifie point le temps où je vous ai prêté la somme de vingt mille livres, et qu'elle ne dit pas même que cet argent vous a été prêté .
De plus vous marquez par un petit billet séparé que la date du prêt est omise pour éviter le contrôle . Mais vous savez que les fermiers du domaine exigent toujours les droits de contrôle en province, soit que le contrat soit en règle, soit qu'il paraisse défectueux, et l'acte nul quand il n'a pas été contrôlé .
Observons encore que la date du prêt étant omise, l'intérêt de la somme hypothéquée ne pourrait courir que du jour du contrat ; et que s'il arrivait ce qu'on appelle un malheur ( par courtoisie ) , à vous et à moi, ce qui peut très bien arriver, quinze ou seize mois d’arrérages seraient infailliblement perdus pour Mlle Corneille ou pour mes héritiers, lesquels ne seront pas riches attendu que je n'ai presque que du viager, et ma terre de Ferney qui est plus agréable qu'utile .
Je soumets toutes ces raisons à votre prudence et à votre amitié, et je vous supplie de vouloir bien faire un acte légal à Paris où l'on ne paie point de droits de contrôle . Je vous envoie le modèle de cet acte qui peut être dressé entre vous et le notaire, sans qu'il soit besoin de ma procuration , et si on en voulait absolument une, je l'enverrais sur le champ à la réception de vos ordres .
Il faut que je vous dise tout, pardonnez-moi mon respectable ami . Il me revient de plusieurs endroits que votre terre de La Marche ne suffit pas pour remplir les droits prétendus ou à prétendre de monsieur votre fils et de mesdames vos filles . On affecte de répandre que vous vous êtes fait un peu d'illusion dans vos espérances, et qu'on peut abuser de votre facilité . Je ne peux croire qu’ayant si longtemps et si bien décidé des affaires des autres, vous n'avez pas mis dans les vôtres propres toute la clarté et toute la sûreté qui doivent y être .
Je m'en rapporte mon digne magistrat à votre sagesse, à la connaissance parfaite que vous devez avoir de vos affaires ; à votre intégrité et à votre compassion pour l'héritière de Corneille, qui n'a de fortune que ces vingt mille livres, et l'espérance vague du produit d'une souscription . Pardonnez-moi je vous en conjure la liberté que je prends de vous donner avis des bruits publics ; et n'imputez cette liberté qu'à mon tendre attachement . Je ne peux vous exprimer ma surprise et ma douleur de la conduite de monsieur votre fils envers vous . N'y a-t-il nul accommodement à faire ? Le malheureux billet que vous lui avez donné portant approbation et quittance de toute sa gestion ne vous condamnerait-il pas dans la rigueur de la justice, qui n'examine pas si vous avez été surpris ou non, si vous avez signé ou non votre ruine, si vous avez fait cette reconnaissance à la hâte ou avec mûre délibération ? Quel recours pourrait avoir un homme de votre âge et de votre rang ? Je n’en vois aucun . Legem tibi dixisti 2. Vous mettez en évidence les procédés cruels qu'on a eus avec vous , mais irez-vous plaider contre votre signature ? Encore une fois, il ne m'appartient pas de m'ingérer dans vos affaires, et d'oser vous donner un conseil . Je me borne à des souhaits, au vif intérêt que je prends à tout ce qui vous touche et au tendre et respectueux dévouement que je conserverai pour vous toute ma vie .
Je vous proteste que je ne crois aucun des bruits qu’on sème malignement à Dijon . Mais encor une fois j'ai cru qu'il était du devoir de ma respectueuse et tendre amitié de vous en donner avis . On dit que vous avez mis La Marche en vente et que ces fausses rumeurs ont été répandues exprès pour empêcher l'acquisition . Votre ville de Dijon ne vaut pas grand-chose , à ce que les bonnes gens assurent, mais vous n'en êtes que plus respectable pour moi qui vous adore .
V.
Le diable est dans les parlements d'Aix et de Dijon, mais où n'est-il pas ? »
1 Manuscrit olographe appartenant à feu Armand Godoy, de Lausanne .
2 Tu as dit la loi dans ta propre cause ; c'est-à-dire qu'en donnant sa signature, Fyot a pronnocé contre lui-même dans sa propre cause .
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