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13/12/2017

or vous savez qu’il ne faut pas toujours condamner les filles sur les apparences

... Celle-ci par exemple ?

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/el...

 Péril imminent

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

23 janvier 1763 1

Divins anges, vous peignez les seigneurs genevois 2 du pinceau de Rigaud . Nous verrons si le prince 3 fera donner de bons ordres pour les souscriptions.

Je me hâte de justifier mademoiselle Corneille, que vous accusez avec toutes les apparences de raison, or vous savez qu’il ne faut pas toujours condamner les filles sur les apparences. Il est vrai qu’elle a fait plus de progrès dans la comète 4 et le trictrac que dans l’orthographe, et qu’elle met la comète pour neuf plus aisément qu’elle n’écrit une lettre . Mais le fait est qu’à l’aide de madame Denis, qui lui sert en tout de mère, elle est venue à bout d’écrire à son père, à sa mère, et à mesdemoiselles Félix et de Vilgenou 5. Nous avons chargé du paquet, il y a longtemps un citoyen de Genève ( c’est M. Micheli brevet de colonel suisse 6) qui s’en allait à Paris à petites journées, elle ne sait point la demeure de son père . Je crois aussi que mesdemoiselles Félix et de Vilgenou ont changé d’habitation : en un mot, on a écrit, cela est certain. (N.b. que la petite a écrit auparavant deux lettres à son père, à M. Corneille, directeur de la petite poste . Mais où ? elle n'en sait rien )

A présent disons un petit mot du tripot.

Il est bien difficile que je change d'avis sur Adélaïde ; je trouve une espèce de ridicule et de misère à mettre trois différents écriteaux l'un après l'autre sur ma porte . Je penserai toujours qu'il n'est pas possible d'attribuer en France à un prince de sang, une action horrible, à moins qu'elle ne soit bien constatée, et qu'il n'est pas plus permis de supposer que les Anglais aient demandé à l'un de nos princes le sang de son frère . En un mot, après avoir lu attentivement l'une et l'autre pièce, je ne fais nulle comparaison, et je trouve Le Duc de Foix moins mal écrit, et moins mal conduit qu'Adélaïde . La manière de juger ne dépend pas de nous ; vous savez que c'est un acte involontaire et nécessaire ; je ne peux voir que ce que je vois et sentir ce que je sens . Tant pis pour moi, si je sens, et si je vois mal .

Je suis encore plus inflexible sur l'idée de faire épouser Olympie par Cassandre, sans qu'il la connaisse . Je trouve cela faible, commun, nullement tragique, incompatible avec mon plan . Je me sens la plus mortelle aversion pour cette tournure ; ce n'est pas ma faute ; je me donne à vous comme Dieu m'a fait .

Des préfaces à Zulime, vous en aurez, mes anges, et c’est à mon grand regret ; car, sans me flatter, Zulime est un Bajazet tout pur, sans qu’il y ait un Acomat. Je suis plus difficile que vous ne pensez. Figurez-vous que quand j’envoyai Olympie pour être jouée à Manheim, je faisais correction sur correction, changement sur changement, carton sur carton, vers sur vers, précisément comme autrefois j’allais donner à mademoiselle Desmares des corrections par le trou de la serrure 7.

Donnez-moi quelques jours de délai encore, car je n’ai pas le temps de me reconnaître ; je vous l’ai déjà dit, vous ne me plaignez point ; je suis vieux comme le temps, faible comme un roseau, accablé d’une douzaine de fardeaux. Figurez-vous un ver à soie qui s’enterre dans sa coque en filant ; voilà mon état . Un peu de pitié, je vous prie.

Voilà un bien digne homme que M. le duc de Praslin ! Je suis à ses pieds : je vois que son bon esprit a été convaincu par les raisons des avocats, et que son cœur a été touché. Mais quoi , cette affaire sera donc portée à tout le Conseil, après avoir été jugée au bureau de M. d'Aguesseau ? Je n’entends rien aux rubriques du Conseil. A propos de Conseil, savez-vous que je crois le mémoire de Mariette le meilleur de tous pour instruire les juges ? Les autres ont plus d’itos et de pathos 8, mais celui-là va au fait plus judiciairement : en un mot, tous les trois sont fort bons 9. Il y en a encore un quatrième que je n’ai pas vu .10

Voici bien autre chose. Je marie mademoiselle Corneille, non pas à un demi-philosophe dégoûté du service, mal avec ses parents, avec lui-même, et chargé de dettes, mais à un jeune cornette de dragons 11, gentilhomme très aimable, de mœurs charmantes, d’une très jolie figure, amoureux, aimé, assez riche. Nous sommes d’accord, et en un moment, et sans discussion, comme on arrange une partie de souper. Je garderai chez moi futur et future ; je serai patriarche . Si vous nous approuvez mes bons anges, vous savez qu’il faut, je ne sais comment, le consentement des père et mère Corneille. Seriez-vous assez adorables pour les envoyer chercher, et leur faire signer : Nous consentons au mariage de Marie avec N. Dupuits, cornette dans colonelle-générale ? et tout est dit.

Que dira M. le duc de Praslin de cette négociation si promptement entamée et conclue ? Il m’a donné de l’ardeur. Je pense qu’il conviendrait que Sa Majesté permît qu’on mît dans le contrat qu’elle donne huit mille livres à Marie, en forme de dot et 12 pour paiement de ses souscriptions. Je tournerais cette clause ; elle me paraît agréable ; cela fait un terrible effet en province . Le nom du roi dans un contrat de mariage au mont Jura ! figurez-vous ! et puis cette clause réparerait la petite vilenie de M. le contrôleur-général. J’en écris deux mots à M. le duc de Choiseul et à madame la duchesse de Gramont 13. La petite est charmée, et le dit tout naïvement . Elle ne pouvait pas souffrir notre demi-philosophe 14. Au reste, vous sentez bien que mariage arrêté n’est pas mariage fait, qu’il peut arriver des obstacles, comme mort subite ou autre accident ; mais je crois l’affaire au rang des plus grandes probabilités équivalentes à certitude.

Mes divins anges, mettez tout cela à l’ombre de vos ailes.

N.B. - Hier il parut que les deux parties s’aimaient. Depuis ma lettre écrite, j’ai signé les articles. Si nous avions le consentement de la petite poste 15, je ferais le mariage demain . Ce n’est pas la peine de traîner, la vie est trop courte. »

1Manuscrit avec date autographe, ainsi que les deux parenthèses du paragraphe 2 (ajouts en bas de page), et toute la fin à partir de Voici bien autre choses ; l'édition de Kehl omet , d'après la copie Beaumarchais les paragraphes 4 et 5, de même que les autres éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-3.html

2 Les Cramer .

3 Philibert Cramer .

4 La comète est un ancien jeu de cartes dans lequel les as sont supprimés, le 9 de trèfle est remplacé par une comète rouge, le 9 de carreau par une comète noire .

5 Les nièces de Titon du Tillet, qui avaient d'abord pris soin de Mlle Corneille .

6 Certainement François-Gratien Micheli qui pourtant ne semble pas avoir atteint le grade de colonel ; le nom de cette famille se prononce à l'italienne , et V* l'écrit Miqueli .

7 Pour le rôle de Jocaste dans Oedipe ; sur la Desmares, voir lettre du 22 octobre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/06/je-n-ai-point-cette-roideur-d-esprit-des-vieillards-mon-cher-ange-je-suis-f.html

8 Les Femmes savantes, III, 5 ; Molière .

9 Ceux d'Elie de Beaumont, Loyseau et Mariette .

10 Celui de Sudre .

12 et ajouté par V* au dessus de la ligne .

13 S'agit-il de la lettre du 25 janvier 1763 au duc et à la duchesse de Choiseul ? Il paraît plus probable que V* a déjà écrit une lettre antérieure à celle-ci où il évoque spécialement le rôle qu'il attribue au roi .

14 Vaugrenant .

15 Corneille père , voir lettre du 26 janvier 1763 à Cideville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-3.html

12/12/2017

Après tout ne soyons en peine de rien ; nous aurons assez d'autres ressources

... et nous chanterons bien encore, même sans Johnny !

Un plus grand que lui me plait davantage, et est moins exotique dans son dernier logis :

https://www.youtube.com/watch?v=iS46IzvCemI

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Georges Brassens, éternel

 

 

« A Philippe Debrus

à Genève

22è [janvier 1763] au soir à Ferney 1

Voici ce que M. d'Argental me mande du 15 janvier .

« Le vent du bureau est très favorable ; M. le duc de Praslin veut aller au Conseil le jour qu'on jugera l'affaire ; il fait cette démarche, et pour cette affaire dont il sent l'importance, et par rapport à vous qui y prenez le plus grand intérêt . »

Tout cela me donne les espérances les mieux fondées . J'ai écrit aux Cramer pour les exemplaires des factums .

Après tout ne soyons en peine de rien ; nous aurons assez d'autres ressources . Je vous avoue que je ne dormirai guère jusqu'à la décision du Conseil .

Bonsoir, monsieur, tâchez de dormir, si vous pouvez car vous êtes aussi vif que moi, attendu que vous êtes languedochien 2. »

1 Debrus a noté sur le manuscrit « Re[çu] le 23 » et une autre main a ajouté « 22 janvier1764 » ce qui est erroné .

2 On peut croire à un calembour, ce qui n’est pas le cas car cette prononciation est bien attestée ( voir lettre du 6 mars 1759 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/04/11/j-aime-fort-les-pays-libres-mais-j-aime-encore-mieux-etre-le-5344503.html . V* utilise la même orthographe aussi dans le Pot pourri .

danse-t-il avec son hydrocèle ?

... Yes ! why not ?

 Image associée

Il n'y a pas que le sapin de Noël qui porte des boules !

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 21 janvier 1763]

Nous sommes bien fâchés, nous autres habitants des neiges, de ne pas assister à la belle fête de nos amis . Si je me portais bien, si j’étais jeune, les choses ne se passeraient pas ainsi .

Je renvoie la feuille P de Pierre, à laquelle il a fallu ajouter des remarques qui m'ont paru intéressantes . Ah ! les mauvais vers que les vers de Pierre ! nous avons encore cinq volumes d'ennui à imprimer, cela est effrayant, et je ne sais pas comment je me tirerai de ce bourbier .

Je garde la feuille X de l'Histoire, elle va bien, c'est la feuille V qu'il me faut ; je crains fort que dans cette feuille V il n'y ait un carton à faire ; il faut me pardonner si je m'avise quelquefois des choses un peu trop tard ; c'est la faute de la multiplicité des occupations, et surtout , d'une très mauvaise santé .

Si monsieur Caro peut commencer le traité de la tolérance, on le lui enverra sur-le-champ, on est tout prêt ; on y a travaillé avec tout le soin possible .

Je lui fais les plus tendres compliments, danse-t-il avec son hydrocèle ? »

 

ce ne sont que des épines, des tracasseries plus ridicules que dangereuses, mais elles sont désagréables et nous avilissent aux yeux des étrangers

...

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 21 janvier 1763

Mon cher et respectable magistrat j'ai été instruit en détail du jugement de vos arbitres . Bien des gens trouvent qu'ils ont passé leur pouvoir en stipulant l'emploi que vous devez faire de l'argent qu'ils ont décidé vous appartenir . Aussi je ne regarde point cette sentence arbitrale comme un jugement , je la regarde seulement comme une médiation amicale . On vous adjuge quinze mille livres, et en même temps les arbitres vous prient de rendre ces quinze mille livres réversibles à monsieur votre fils . C'est un mince objet, et c'est à vous à voir si vous voulez vous assujettir vous-même à cette condition . Si vous permettiez à ma tendre et respectueuse amitié de vous dire mon avis, je vous conjurerais de ne faire aucune difficulté de signer, parce que d'un trait de plume vous mettez fin à l'affaire la plus désagréable, parce que vous montrerez par là une magnanimité supérieure au mauvais procédé qu'on a eu avec vous, parce que vous ne laissez voir aucune envie de vous ressentir de ce procédé, parce que vous restez le maître absolu de disposer de votre bien, et qu'enfin onze cents louis sont peu de chose . J'ajouterais que c'est le sentiment de toutes les personnes qui vous sont attachées . Vous aurez en différant un peu fait voir aux arbitres qu'ils ont passé leurs pouvoirs, et en signant vous signerez votre repos . Si vous avez déjà terminé, je vous en félicite, sinon j'ose vous en prier, et je vous prie surtout de me pardonner ma liberté .

Quant à la bagatelle dont il s'agit entre nous, permettez-moi de vous dire que M. Tronchin dicta votre billet comme un mémorandum . C'est l'usage des négociants . Souvent même ils se contentent de porter les sommes sur leurs registres . Cela n'a rien de commun avec les formes judiciaires . C'est ensuite aux parties qui ont déposé l'argent chez eux ou qui l'ont reçu, à faire entre eux les arrangements dont ils conviennent . Votre billet dont un double est entre mes mains, et dont l'autre est probablement resté à Lyon entre celles de M. Camp, associé de M. Tronchin, porte, j'ai reçu par les mains et des deniers de M. Tronchin 1 vingt mille livres de M. de Voltaire dont je lui tiendrai compte . Fait double ne servant que d'un seul et même acquit. 13 sept[em]b[re] 1761 . Ce billet est proprement une quittance, le mot d'acquit le dit expressément, les deniers de M. Tronchin le confirment encore 2, et il est sûr que vos héritiers pourraient contester le paiement aux miens .

Je vous ai déjà mandé que la procuration pour Gex n'obviait point au paiement du contrôle, que d'ailleurs la date de l'emprunt était omise . Ainsi vous avez trouvé bon que je vous proposasse un acte à Paris attendu que le contrôle n'y est pas en usage . J'aurai l'honneur de vous renvoyer la procuration de Gex non remplie et le double de votre billet avec annulation motivée au bas , et je redemanderai l'autre double à M. Camp que je vous adresserai à l'instant que je l'aurai reçu . N. B. -- Vous pouvez en attendant pour la plus grande sûreté rappeler le billet et l'annuler dans le contrat 3.

Je suis toujours émerveillé du long loisir de votre parlement . J'avais en main la cause des six frères auxquels on a ravi leur bien par une antichrèse odieuse . J'avais obtenu pour eux une sentence dans la caverne de Gex nommé bailliage . L'oisiveté du parlement ôte ainsi le pain à six orphelins . Il y a peut-être cent familles dans le même cas . Vous m'avouerez que cela n'est pas juste, et que ce n'est pas la peine d'avoir fait serment de rendre la justice pour ne la pas rendre . Ce délai m'afflige extrêmement . La plupart des choses que je vois n'ont point d'exemple . Il est vrai que ce ne sont que des épines, des tracasseries plus ridicules que dangereuses, mais elles sont désagréables et nous avilissent aux yeux des étrangers .

J'ai lu le réquisitoire du procureur général de Provence contre les jésuites . Je trouve qu'on est beaucoup plus éloquent en province qu'à Paris . La capitale ne se signale que par l'opéra-comique .

Adieu mon illustre magistrat, mon respectable ami, continuez-moi des bontés qui me sont chères .

V.4

Je serais enchanté que M. de Caylus voulût approuver notre dessinateur et qu'il vous donnât une attestation que je pusse montrer à Cramer .

Pour moi j'en suis très content, quoique les figures ne soient pas toujours correctement dessinés, et je trouve que Pertharite, Don Sanche, Théodore, Attila, Pulchérie, Othon, Suréna, Bérénice, Sophonisbe, La Toison d'Or, Andromède ne méritent pas les dessins de votre protégé . Quel fatras ! que de pauvretés ! et que de préjugé ! »

1 Depuis j'ai reçu … mots ajoutés sur le manuscrit au-dessus de la ligne .

2 Depuis les derniers … mots ajoutés sur la manuscrit au-dessus de la ligne .

3 Le nota bene est ajouté au bas de la page sur le manuscrit .

4 C'est ici le bas de la 7è page sur le manuscrit ; V* a ajouté t.s.v.p.

11/12/2017

Je n'ai point fait de citoyens, mais j'ai fait de la terre .

...

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

21è janvier 1763 à Ferney

Notre ami commun M. Damilaville, m'avait envoyé, monsieur, votre très beau et très solide discours, et je ne croyais pas l'avoir ; le titre m'avait trompé ; je viens enfin de m'apercevoir de mon erreur , j'ai vu votre nom à la 35è page, et je vous ai lu avec un plaisir extrême . Tout célibataire que je suis, j'avoue que vous faites très bien de prêcher le mariage . Je suis aussi très fort de votre avis sur les défrichements . Je me suis avisé de défricher, ne m’étant pas avisé de peupler ; mais voici comme je m'y suis pris ; j'ai assemblé les propriétaires des terres abandonnées, et je leur ai dit, mes amis, je vais défricher à mes frais, et quand la terre sera en valeur, nous partagerons . Je n'ai point fait de citoyens, mais j'ai fait de la terre .

Je me flatte , monsieur, que vous serez célèbre pour avoir fait une bien meilleure action, pour avoir fait rendre justice à l'innocence opprimée et rouée . Vous avez vu sans doute la lettre de la religieuse de Toulouse ; elle me paraît importante, et je vois avec plaisir que les sœurs de la Visitation n'ont pas le cœur si dur que messieurs ; j'espère que le Conseil pensera comme la dame de la Visitation .

Si vous voyez M. de Cideville, je vous prie de lui dire combien je l'aime ; c'est un sentiment que vos ouvrages m’inspirent pour vous , qui se joint bien naturellement à l’estime infinie avec laquelle j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Il me semble que la simplicité, la vertueuse indulgence de cette nonne de la Visitation, condamne terriblement le fanatisme sanguinaire

...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21 janvier 1763 1

J'envoie à mes frères la copie de la lettre d'une bonne religieuse 2. Je crois cette lettre bien essentielle à notre affaire . Il me semble que la simplicité, la vertueuse indulgence de cette nonne de la Visitation, condamne terriblement le fanatisme sanguinaire des assassins de Toulouse en robe .

Je demande pardon à mon frère de m'être trompé sur une brochure 3 qu'il avait eu la bonté de m'envoyer . Il ne m'annonçait par le titre qu'un discours de M. Rouxelin 4. Je n'eus pas le temps de le lire et je ne m'aperçus pas qu'il était suivi du discours de M. de Beaumont 5. Je répare ma faute, je le lis, et je vais remercier l'auteur .

Écrasez l'infâme .

V.

Voici deux lettres, mon cher frère, que je vous supplie de faire envoyer à leurs adresses .

Aurez-vous la bonté de m'envoyer le factum de Loyseau pour demoiselle Alliot 6?

Mes frères, écrasez l'infâme, vous dis-je . »

1 L'édition Cayrol omet la fin à partir du 3è paragraphe, ainsi que les éditions suivantes ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-2.html

 

10/12/2017

Vous voyez que je me contente difficilement . Je fais vite, et je corrige longtemps

...

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime

de S. A. E. Mgr l’Électeur palatin

à Manheim 1

J'ai reçu votre Palatinat 2, mon cher historiographe . Me voilà au fait grâce à vos recherches de bien des choses que j'ignorais . Les Palatins vous auront de l'obligation .

Je vous prie de me mettre aux pieds de Leurs Altesses Électorales . Nous sommes ici dans les neiges jusqu'au cou . Cela gèle l'imagination d'un pauvre diable d'environ soixante-dix ans, et je n'ose écrire à monseigneur l’Électeur de peur de l'ennuyer .

Vous avez probablement reçu le petit paquet que je vous ai adressé . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

Voudriez-vous à ces vers de la seconde scène du IVè acte  3:

La loi donne un seul jour ; elle accourcit le temps

Des chagrins attachés à ces grands changement :

Mais surtout attendez les ordres d'une mère ,

Elle a repris ses droits, ce sacré caractère, etc.

substituez ceux-ci :

Statira vit encor et vous devez penser

Que du sort de sa fille elle peut disposer.

Respectez les malheurs et les droits d'une mère,

Les lois des nations, le sacré caractère

Que la nature donne et que rien n'affaiblit .

Vous voyez que je me contente difficilement . Je fais vite, et je corrige longtemps .

Je vous embrase .

21 janvier [1763]. »

1 Date complétée par Collini sur le manuscrit olographe avec mention « f[ran]co Canstatt » . La première phrase du deuxième paragraphe manque dans les éditions . Le 22 janvier 1763 Collinni écrit à son tour pour accuser réception du « paquet ».

3 Collini a changé sur le manuscrit seconde en, ce qui est correct .