Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/12/2017

N. b. qu'on pourrait confier cet argent à la mère qui le ferait durer

...

 

 

« Voltaire

et Marie-Françoise Corneille

à Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Ferney 26 janvier 1763 1

Mes divins anges nous marions donc Mlle Corneille . Il est très juste de faire un petit présent au père et à la mère, mais dès que ce père a un louis il ne l'a plus, il jette l'argent comme Pierre faisait des vers ; très à la hâte . Vous protégez cette famille . Pourriez-vous charger quelqu'un de vos gens de donner à Pierre le trotteur vingt cinq louis à plusieurs fois afin qu'il ne jetât pas tout en un jour ? Je vous demande bien pardon, je sais à quel point j'abuse de votre bonté mais on n'est pas ange pour rien .

N. b. qu'on pourrait confier cet argent à la mère qui le ferait durer .2

Il y a plus . Vous sentez combien il doit être désagréable à un gentilhomme, à un officier d'avoir un beau-père facteur de la petite poste dans les rues de Paris . Il serait convenable qu'il se retirât à Évreux avec sa femme et qu'on lui donnât un entrepôt de tabac ou quelque autre dignité semblable qui n'exigeât ni une belle écriture ni l'esprit de Cinna . Je vous soumets ma lettre aux fermiers généraux 3. Si vous la trouvez bien je vous supplie de vouloir bien ordonner qu'elle soit envoyée . Peut-être même on trouverait quelque membre de la compagnie pour l'appuyer . Cet emploi n'aurait lieu si on voulait, que jusqu’à ce qu'on vît clair dans les souscriptions et qu'on pût assurer une subsistance honnête au père et à la mère . Je crois aussi qu'il est convenable que j'écrive à M. de La Tour du Pin, et que Marie écrive aussi un petit mot, quoiqu'elle dise à Mme Denis : maman, je sens que je n'ai pas de génie pour la composition .

 

Il est vrai que pour la composition ce n'est pas mon fort, mais pour les sentiments du cœur je le dispute aux héros de mon oncle . Je conserverai toute ma vie la reconnaissance que je dois aux anges de M. de Voltaire qui sont les miens . Je vous prie monsieur et madame d'agréer avec votre bonté ordinaire mon attachement inviolable, mon respect et si vous le permettez la tendresse avec laquelle je serai toute ma vie votre très humble et très obéissante servante .

Corneille .

 

D'ordinaire elle forme mieux ses caractères,mais aujourd'hui la main lui tremble . Mes anges lui pardonneront sans doute .

J'ai cru aussi qu'il était bon qu'elle écrivît à M. le comte de La Tour du Pin son parent . Il y a un petit mot pour son frère 4. Il ne le mérite guère après la manière indigne dont il s'est conduit si chrétiennement à l'aide de Fréron, mais cet abbé avait mis deux lignes au bas d'une lettre du comte à la mort de leur père, ainsi on peut faire ici mention de lui, et cela est honnête . »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais et suivie des autres éditions joint à cette lettre celle du 26 janvier 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-4.html . Le mois a été ajouté au-dessus de la ligne apparemment par V* .

2 Phrase ajoutée dans la marge du bas .

3 On ne la connait pas .

4 L’abbé de la Tour-du-Pin, qui avait demandé une lettre de cachet pour enlever mademoiselle Corneille. (Georges Avenel.)

16/12/2017

Je renvoie trois cahiers de La Pucelle, qu'on ne peut pas honnêtement présenter pour présent de noces

... J'adore l'humour de ce Voltaire qui sait par ailleurs être aussi grivois en imageant le mariage comme étant une "ouverture de pâté" . Marlène Schiappa aurait-elle été capable de faire virer le patriarche de l'Académie comme France 2 a vidé Tex suite à la plainte portée par la demi-ministre féministe intégriste ?

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/les-z-amours-... 

 Résultat de recherche d'images pour "ouvrir le pâté"

Comprenne qui veut !

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 25 janvier 1763] 1

Je ne renvoie point la feuille T qu'on vient de m'envoyer . Il me faut un peu de temps pour adoucir certaines choses qui pourraient effaroucher, et nuire à la facilité du débit .

Si dans le reste du volume il se trouvait quelque chose d'un peu trop gai sur les Juifs on offrirait de faire un carton, et deux même, s'il le faut . Ce que je demande instamment, c'est que je ne sois pas nommé . .
Maintenant, venons à l'ouverture du pâté ; c'est un officier de cavalerie, devenu maître des comptes à Dole, qui se saisit de ce morceau, c'est un homme d'une très belle figure, et qui paraît fort aimable . Il faudra seulement vingt-quatre mille francs au mois de juin, ou au commencement de juillet . C'est Pierre Corneille qui marie toute la famille, voilà pourquoi je me suis adressé à monsieur Cramer . S'il peut faire fournir cet argent au commencement de juillet il faut qu'il prenne pour le reste les temps qui lui conviendront, et faire du total une somme ronde 2. Il pourrait même se charger des deux cents exemplaires qui resteront de la czarine 3. M. de Schouvaloff n'en a jamais demandé qu'une douzaine d'exemplaires, mais je crois qu'il en faudrait quelques uns de reliés .

J'ai toujours très approuvé, toutes les mesures, toutes la propositions, comme tous les soins que monsieur Cramer a bien voulu prendre . L'avantage que la famille Dupuits trouvera, me paraît considérable, je suis content, tout le monde doit l'être, et le sera . C'est à moi seul de régler avec monsieur Cramer, puisque c'est moi seul qui ait fait cette entreprise . Monsieur Cramer ne doit en aucune manière soupçonner qu'il y ait personne qui fasse la moindre difficulté, et qui ait le moindre scrupule ; tout ira très bien, moyennant vingt-quatre mille francs qu'on donnera à la fin de juin à celui qui doit ouvrir incessamment le pâté .

Je me flatte que monsieur Cramer se porte mieux, il n'en est pas de même de moi . Je renvoie trois cahiers de La Pucelle, qu'on ne peut pas honnêtement présenter pour présent de noces . Je prie monsieur Cramer de vouloir bien m'en faire avoir trois autres . On lui apportera T demain sans faute. »

1 L'édition Gagnebin place la lettre en février, ce qui est un peut trop tard .

2 V* ira jusqu'à estimer le produit du Corneille à 100 000 livres ( lettre à La Harpe du 22 janvier 1773 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/04/correspondance-... ) ; il ne descendra jamais en dessous de 50 000 livres . Ces considérations sont éclairées dans une certaine mesure par une lettre de Mme Denis à Cramer qui doit être sensiblement contemporaine : «  Mon cher ami nous marions Mlle Corneille à M. Dupuits, cela n'est décidé que d'hier, et il est très essentiel que ce mariage ne se déclare que dans quinze jours . Vous êtes et serez la seule personne à qui j'en ferai part avant ce temps-là, ainsi je vous demande le secret . Nous avons présenté l'affaire des souscriptions comme un objet qui peut aller au moins à cinquante mille francs comme j'ai tout lieu de l'espérer, et je vous supplie qu'en cas que Dupuits s'en informe à vous de ne nous pas démentir . Effectivement si nous pouvons avoir deux mille cinq cents souscriptions comme j'ai tout lieu de le croire cela ira beaucoup au-delà . Du reste nous sommes enchantés de l'affaire que nous faisons . Mlle Corneille trouve un jeune homme aimable qui a beaucoup de bien mais motus et vantez beaucoup nos souscriptions .

Je suis fort fâchée de n''avoir pas été à votre bal . Je n'ai pu quitter mon oncle et j'avais cette affaire à cœur . Adieu, gardez-moi le secret et surtout ne dégoûtez point de nos souscriptions . Je vous embrasse et vous aime de tout mon cœur . Denis . »

3 Ainsi Cramer pouvait vendre ne seconde fois des exemplaires qui étaient souscrits mais qui ne devaient pas être effectivement livrés . C'est dire à quel point V* avait bien conçu son projet, tant sur le plan financier que sur le plan « publicitaire » . La liste des souscripteurs comporte un total de 2992 exemplaires . Plusieurs centaines au moins ne furent pas livrés ; voir lettre du 20 février 1763 à Cramer : « … le roi ne veut point du tout qu'on lui envoie deux cents exemplaires, qu'il n'en demande que douze ... »

15/12/2017

Je n'ai pas osé, mais j'ose vous demander si je peux vous supplier de permettre

... , chers lecteurs, de faire un appel à Mam'zelle Wagnière, -bien connue par son beau blog MonsieurdeVoltaire, - afin qu'elle reprenne le moral, et la plume (ou du poil de la bête, selon ses préférences ) . Mille mercis pour ce cadeau .

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville

et à

Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont

Ferney 25 janvier 1763 1

Monseigneur et madame,

Je n'ai pas osé, mais j'ose vous demander si je peux vous supplier de permettre que votre beau nom décore le contrat de mariage de Marie Corneille . Vous êtes ses protecteurs, elle vous doit tout . Son nom est aussi fort beau dans son genre : serait-ce trop présumer au milieu des réformes et de tant d'affaires ? Deux mots de votre main : Nous commettons la marmotte Voltaire pour signer en notre nom au contrat de mariage de la nièce à Pierre .

Agréez le profond respect de la marmotte .

Voltaire . »

je me suis distillé la tête pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

... Je suis bien de l'avis de Voltaire : les harceleurs sexuels doivent être châtiés, éliminés .

 Image associée

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24 janvier 1763 1

Mon cher frère, on ne peut empêcher, à la vérité, que Jean Calas ne soit roué, mais on peut rendre ses juges exécrables, et c’est ce que je leur souhaite. Je me suis avisé de mettre par écrit toutes les raisons qui pourraient justifier ces juges, je me suis distillé la tête 2 pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

Gardez-vous bien d’imputer aux laïques un petit ouvrage sur la tolérance qui va bientôt paraitre [il l’annonçait déjà le 6 décembre 1762 : « on dit qu’il paraitra quelque chose à l’occasion des Calas et des pénitents blancs », en spécifiant qu‘ « on attendrait que la révision eût été jugée »]. Il est, dit-on d’un bon prêtre ; il y a des endroits qui font frémir, et d’autres qui font pouffer de rire ; car Dieu merci, l’intolérance est aussi absurde qu’horrible.

Mon cher frère m’enverra donc la petite feuille qu’on attribue à M. Le Brun [La Renommée littéraire ; V* écrira à Le Brun pour lui faire part des fiançailles de Mlle Corneille le 26, et lui propose de signer le contrat (par procuration). Il écrira à Damilaville le 1er février : « C’est une aventure assez comique que j’ai eue avec Pindare-Le Brun en vous envoyant un paquet pour lui dans le temps que vous me dépêchiez ses rabâchages contre moi … Je l’accable de politesses qui doivent lui tenir lieu de châtiment.]. Mais est-il possible que Le Brun qui m’adressait de si belles odes pour m’engager à prendre Mlle Corneille et m’envoie souvent de si jolis vers, ne soit qu’un petit perfide ?

Nous marions Mlle Corneille à un gentilhomme du voisinage, officier de dragons, sage, doux, brave, d’une jolie figure, aimant le service du roi et sa femme, possédant dix mille livres de rente, à peu près, à la porte de Ferney [Claude Dupuits de La Chaux]. Je les loge tous deux. Nous sommes tous heureux. Je finis en patriarche. Je voudrais à présent marier Mlles Calas à deux conseillers au parlement de Toulouse.

On dit la comédie de M. Dupuis [Dupuis et Desronais, comédie de Charles Collé, inspirée d’une nouvelle des Illustres Françaises de Robert Challe] fort jolie : cela est heureux. Le nom de notre futur est Dupuits [à Le Brun , il écrira que cette coïncidence « est d’un bon augure »]. Frère Thiriot doit être fort aise de la fortune de Mlle Corneille. Elle la mérite . Savez-vous que cette enfant a nourri longtemps son père et sa mère du travail de ses petites mains [Jean-François Corneille était « facteur de la petite poste dans les rues de Paris »] ? La voilà récompensée. Sa vie est un roman.

Je vous embrasse tendrement, mon cher frère. Écrasez l’Infâme. »

1 L'édition de Kehl qui abrège (et abrègera systématiquement et souvent supprimera ) la formule écrasez l'infâme en écr. l'inf. Avec cette note : « Il faut désigner ainsi ces deux derniers mots qui reviennent souvent dans les lettres à Damilaville . »

14/12/2017

Venez mon cher monsieur m'éclairer et m'échauffer ou plutôt me modérer

... afin que je puisse prendre enfin une décision qui soit définitive pour ce fichu projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui va me pourrir les fêtes de fin d'année " disent, chacun de son côté, Nicolas Hulot et Emmanuel Macron .

* NDLR - James, en qualité de contribuable, veut que ce soit la solution la moins onéreuse qui l'emporte, et signale qu'il y a encore peu d'années il situait Notre Dame des Landes, logiquement (?) au sud de Bordeaux ; pas vous ? Que deviendront les ZADistes si on ne fait pas l'aéroport à NDdL, des anciens combattants sans pensions ?

 

Pourquoi un nouvel aéroport ? on va très bien comme ça !

 

« A Paul-Claude Moultou

Venez mon cher monsieur m'éclairer et m'échauffer ou plutôt me modérer car je vous avoue que l'horreur de l'arrêt de Toulouse m'a un peu allumé le sang ; et il faut être doux en prêchant la tolérance . Pourriez-vous venir coucher mercredi auprès d'une église qui est dédiée à Dieu seul en grosses lettres , et dans un petit château où l'on sent tout votre mérite ? Si votre frère l'antiathanasien Vernes veut être de la partie nous ne dirons pas grand bien des évêques d'Alexandrie, et même encore moins des juges de Toulouse .

Dimanche au soir [23 janvier 1763 ?] 1»

1 L'édition Taillandier propose de dater la lettre de décembre 1762 ; elle présente des affinités avec celle du 20 janvier 1763 à Vernes, et le ton assez familier par rapport aux premières lettres de 1763 au même montre qu’elle n'appartient pas au début des relations . Voir : https://books.google.fr/books?id=Nrs7AAAAcAAJ&pg=PA31...

 

Vous savez belle âme, combien il est doux de faire des heureux

...

Résultat de recherche d'images pour "faire des heureux"

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 23 janvier [1763] 1

Je reçois dans le moment une lettre de M. Tronchin le fermier général par laquelle il me demande le billet et le double du billet pour vous les remettre lui-même . J'écris à Lyon mon aimable et respectable magistrat, je mande à l’associé de M. Tronchin qu'il envoie sur-le-champ ces billets que je comptais vous faire parvenir en droiture . À leur défaut je vous renvoie la procuration qui n’aura plus lieu moyennant l'arrangement que vous prenez . Les vingt mille livres serviront toujours de dot à Mlle Corneille . Nous la marions selon toutes les apparences à un autre Bourguignon, un fils d'un maître des comptes de Dole, notre voisin, jeune officier très aimable . On dit que vous n'étiez pas trop content de la famille Cormont 2. Je ne veux point d'un gendre qui vous déplaise . Si vous étiez à la Marche la noce viendrait danser dans votre parc .

Les yeux me font mal, les neiges m'aveuglent, je ne peux écrire longtemps, sans cela je vous écrirais huit pages . Vous savez belle âme, combien il est doux de faire des heureux . Je cherche à vous imiter de loin .

V. »

1 L'édition Correspondance inédite (1836) omet les deux dernières phrases de même que les éditions suivantes .

les ministres n'aiment point que leurs démarches soient pressenties .

... Jean-Jacques Urvoas et Thierry Solère  sont bien la preuve, comme le dit ci-avant Voltaire,  qu'ils auraient  aimé que leurs manoeuvres répréhensibles soient passées à la trappe , le ministre se rendant complice d'un député fraudeur fiscal !

 http://www.liberation.fr/france/2017/12/13/l-ex-garde-des...

 Image associée

L'opportunisme est une seconde nature chez certains politicards malhonnêtes .

 

 

« A Philippe Debrus

23 janvier 1763

Je vous remercie, monsieur, de la communication de la lettre de Mme Calas, du 18 janvier . J'en suis très content, mais je suis bien indigné que ce frère Bourges, et ce curé de Saint-Étienne 1 ne répondent pas à un avocat au Conseil . Dieu veuille que ce Bourges ne soit pas un fripon, et que ce curé ne soit pas un lâche !

Je tremble pour la santé de M. Gilbert de Voisin 2, il est vieux et infirme . Pour M. de Crosne, son mariage 3 ne fera que rendre son cœur plus tendre envers une mère et deux filles, dont le sort est entre ses mains . C'est proprement du rapporteur que tout dépend .

Je ne me console point que mon neveu qui est son ami et son allié soit à son abbaye, mais je peux vous répondre qu'il l'a laissé aussi bien disposé que nous pouvons le désirer .

Je vous prie de ne donner communication du petit mot touchant M . le duc de Praslin 4, qu'à des personnes très discrètes, les ministres n'aiment point que leurs démarches soient pressenties .

Je vous embrasse de tout mon cœur, vous et vos amis . »

1 St Etienne est l'église cathédrale de Toulouse et donc son « curé » est l'archevêque de Toulouse .

2 Il était membre du conseil du roi depuis 1740 . Voir : http://data.bnf.fr/15559852/pierre_gilbert_de_voisins/

3 Anne-Adélaïde , fille de La Michodière, le correspondant de V* était sur le point de devenir l'épouse de Louis Thiroux de Crosne ; le mariage a lieu le 24 janvier 1763 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Thiroux_de_Crosne

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste-Fran%C3%A7ois_Delamichodi%C3%A8re