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09/08/2009

il y a encore des races d’hommes gris pommelé fort jolis : ceux qui aiment cette variété seront fort aise de cette découverte

Vite fait, juste pour prouver que je ne suis pas dans l'eau-delà (mais dans le vin d'ici )...

« A Jean-Jacques Dortous de Mairan

 

                            Je vous remercie bien sensiblement, Monsieur, d’une attention qui m’honore, et d’un souvenir qui augmente mon bonheur dans mes charmantes retraites ; il y a longtemps que je regarde vos lettres au père Parennin et ses réponses, comme des monuments bien précieux ; mais n’allons pas plus loin, s’il vous plait ; j’aime passionnément Cicéron, parce qu’il doute ; vos lettres à Père Parennin sont sans doutes de Cicéron ; mais quand M. Guignes a voulu conjecturer après vous il a rêvé très creux. J’ai été obligé en conscience de me moquer de lui (sans le nommer pourtant) dans la préface de l’Histoire de Pierre Le Grand. On imprimait cette histoire l’année passée, lorsqu’on m’envoya cette plaisanterie de M. Guignes ; je vous avoue que j’éclatai de rire en voyant que le roi Yu était précisément le roi d’Égypte Menès, comme Platon était chez Scarron l’anagramme de Chopine, en changeant seulement Pla en Cho, et ton en pine. J’étais émerveillé qu’on fût si doctement absurde dans notre siècle. Je pris donc la liberté de dire  dans ma préface : Je sais que des philosophes d’un grand mérite ont cru voir quelque conformité entre ces peuples, mais on a trop abusé de leurs doutes etc.

 

 

                            Or ces philosophes d’un grand mérite, c’est vous, Monsieur, et ceux qui abusent de vos doutes, ce sont les Guignes. Je lui en devais d’ailleurs à propos des Huns : j’ai vu des Huns, moi qui vous parle, j’ai vu chez moi de petits huns, nés à trois cents lieues de l’est de Tobolskoy, qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à des chiens de Boulogne, et qui avaient beaucoup d’esprit ; ils parlaient français comme s’ils étaient nés à Paris, et je me consolais de nous voir battus de tous côtés, en voyant que notre langue triomphait dans la Sibérie ; cela est, par parenthèse, bien remarquable. Jamais nous n’avons écrit de si mauvais livres et fait tant de sottises qu’aujourd’hui ; et jamais notre langue n’a été si étendue dans le monde.

 

 

                            J’aurai l’honneur de vous soumettre incessamment le premier volume de L’empire de Russie sous Pierre le Grand. Il commence par une description des provinces de la Russie, et l’on y verra des choses plus extraordinaires que les imaginations de M. Guignes, mais ce n’est pas ma faute ; je n’ai fait que dépouiller les archives de Pétersbourg et de Moscou qu’on m’a envoyées. Je n’ai point voulu faire paraitre ce volume avant de l’exposer à la critique des savants d’Arcangel et du Canchatka, mon exemplaire a resté un an en Russie, on me le renvoie, on m’assure que je n’ai trompé personne, en avançant que les Samoyèdes ont le mamelon d’un beau noir d’ébène, et qu’il y a encore des races d’hommes gris pommelé fort jolis : ceux qui aiment cette variété seront fort aise de cette découverte, on aime à voir la nature s’élargir ; nous étions autrefois trop resserrés, les curieux ne seront pas fâchés de voir ce que c’est qu’un empire de deux mille lieues ; mais on a beau faire, Ramponneau, les comédiens du boulevard et Jean-Jacques mangeant sa laitue à quatre pattes, l’emporteront toujours sur les recherches philosophiques.

 

 

                            Je ne peux finir cette lettre, Monsieur, sans vous dire un petit mot de vos Égyptiens : je vous avoue que je crois les Indiens et les Chinois plus anciennement policés que les habitants de Mesraïm ; ma raison est qu’un petit pays très étroit inondé tous les ans , a dû  être habité plus tard que le sol des Indes et de la Chine beaucoup plus favorable à la culture et à la construction des villes ; et comme les pêchers nous viennent de Perse, je crois qu’une certaine espèce d’homme à peu près semblable à la nôtre, pourrait bien nous venir d’Asie. Si Sésostris a fait quelques conquêtes, à la bonne heure, mais les Égyptiens n’ont pas été taillés pour être conquérants. C’est de tous les peuples de la terre le plus mou, le plus lâche, le plus frivole, le plus sottement superstitieux. Quiconque s’est présenté pour lui donner les étrivières l’a subjugué comme un troupeau de moutons ; Cambyse, Alexandre, les successeurs d’Alexandre, César, Auguste, les califes, les Circasses, les Turcs n’ont eu qu’à se  montrer en Égypte pour en être les maîtres. Apparemment que du temps de Sésostris ils étaient d’une autre pâte, ou que leurs voisins de Syrie et de Phénicie étaient encore plus méprisables qu’eux.

 

 

                            Pour moi, Monsieur, je me suis voué aux Allobroges, et je m’en trouve bien ; je jouis de la plus heureuse indépendance, je me moque quelquefois des Allobroges de Paris ; je vous aime, je vous estime, je vous révèrerai jusqu’à ce que mon corps soit rendu aux éléments dont il est tiré.

 

 

                            J’ai l’honneur d’être, avec le respect que je dois à votre mérite et la tendresse que méritent vos mœurs aimables, v[otre] t[rès] h[umble] ob[éissant] s[ervi]t[eu]r.

 

 

                            Le Suisse Allobroge V.

                            9è août 1760 au château de Tournay

pays de Gex par Genève. »

03/08/2009

moi qui ne suis qu’un vieux mouton, j’achève mes jours dans ma bergerie, en vous priant d’armer les pasteurs

Il va être fait allusion à la chasse aux loups ; la suivante me plait assez :

 

Chasseur de loup.jpg

 

Je plains les loups et les renards avec un "vieux mouton" comme Volti !

 

 

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Il faut que je vous dise ingénument, mon cher philosophe, qu’il n’y a point d’Ingénu, que c’est un être de raison ; je l’ai fait chercher à Genève et en Hollande [en 1767, édition à Genève de ce conte L’Ingénu histoire véritable, avec adresse d’Utrecht ; l’édition de Paris intitulée Le Huron ou l4inégénu porte l’adresse de Lausanne ; être de raison = qui n’existe que dans l’imagination]; ce sera peut-être quelque ouvrage comme Le Compère Matthieu [de Du Laurens]. L’ami Cogé pecus [F. M. Coger auteur de l’Examen du Bélisaire de m. Marmontel ; d’Alembert avait signalé à V* le 14 juillet que ce « faquin de Coger … régent de rhétorique au collège Mazarin » était dit « Cogé pecus »,  « coge pecus = rassemble ton troupeau »] fait apparemment courir ces bruits-là qui ne rendront pas sa cause meilleure. Vous voyez l’acharnement de ces honnêtes gens : leur ressource ordinaire est d’imputer aux gens des Ingénu pour les rendre suspects d’hérésie, et malheureusement le public les seconde ; car s’il parait quelque brochure avec deux ou trois grains de sel, même du gros sel, tout le monde dit :  « C’est lui, je le reconnais, voilà son style ; il mourra dans sa peau comme il a vécu. »  Quoi qu’il en soit, il n’y a point d’Ingénu, je n’ai point fait l’Ingénu, je ne l’aurai jamais fait ; j’ai l’innocence de la colombe, et je veux avoir la prudence du serpent.[St Matthieu X, 16]

 

 

                            En vérité, je pense que vous et moi, mous avons été les seuls qui aient prévu que la destruction des jésuites rendrait les jansénistes trop puissants. Je dis d’abord, et même en petits vers, qu’on nous avait délivrés des renards pour nous abandonner aux loups. Vous savez que la chasse aux loups est beaucoup plus difficile que la chasse aux renards, il y faut du gros plomb ; pour moi qui ne suis qu’un vieux mouton, j’achève mes jours dans ma bergerie, en vous priant d’armer les pasteurs, et de les exciter à défendre le troupeau.

 

 

                            J’attends avec impatience, votre réponse sur Cogé pecus [dès le 4 août, d’Alembert rassure V* qui s’inquiétait que Coger lui imputait « un poême sur la religion naturelle »  -alors qu’il en avait fait un «  sur la loi naturelle, ce qui est très différent »- et le Dictionnaire philosophique, et qu’il ajoutait que le roi en avait « marqué la plus vive indignation »  au président Hénault et à Capperonnier.]. Ce ne sont pas ces cuistres là qui sont les plus dangereux. Les trompettes ne sont pas à craindre, mais les généraux le sont. Les honnêtes gens ne peuvent combattre qu’en se cachant derrière les haies. Il y a des choses qui affligent ; cependant il faut vivre gaiement ; c’est ce que je vous souhaite au nom du père, etc., en vous embrassant de tout mon cœur.

 

                            Voltaire

                            3 d’auguste 1767. »

 

Chasse au renard : yes ! I love this one !!

J'exprime ici mon grand amour débordant pour the corsican fox dit Napoléon :

Avouez-le, en toute logique comment aimer Volti et le conquérant avide, l'obsédé de la grandeur (surtout de sa propre fortune et de celle de sa famille), la France n'étant qu'un réservoir de soldats qu'on leurre et qu'on fait tuer .
fox chasse corsican fox.jpg
mouton.gif
Quelques loups de triste mémoire, mais si bien chantés par Reggiani : http://www.youtube.com/watch?v=46064Lswy20

01/08/2009

Qui aurait dit il y a vingt ans que Berlin deviendrait l’asile des arts, de la magnificence et du goût ?

 Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa !

Charilla, ma vaillante collègue, c'est vrai, j'ai failli te faire faire des heures minutes sup non payées.

 Je peux t'assurer que je vais suivre ta visite pour apprendre à mettre le turbo et tenir ce fichu timing d'une heure maxi !

 

Mon passé de profession libérale m'a déformé ; à son compte, généralement on ne regarde pas l'horloge pointeuse. En bon salarié respectueux je vais faire amende honorable et sabrer -(non ! pas le champagne ! )- dans la présentation de la visite, ce que j'estime nécessaire et qui peut-être, après tout, est inutile ?

Un aimable visiteur anonyme a trouvé que j'en faisais trop ! Je suis heureux d'apprendre , mais je le savais déjà, qu'il y a des gens pressés, amateurs de Reader'digest comme de fast food ! Pour cinq euros, il avait droit à une heure, malheur à celui qui déborde :

-"j'ai dit un cheeseburger avec une petite frite, un petit Coca ! Comment osez-vous , pour le même prix, me donner une grande frite ?". J'ai envie, maintenant que la frustration se dissipe de dire : "si tu n'aimes pas ça, n'en dégoûte pas les autres !"

 

Charilla, tu es jeune, tu es  l'avenir, tu es femme et impulsive ! Dieu  te garde !  سلام

Pour moi, Dieu merci, il y a Bach , comme ce qui suit , que je dédie aux pressés opressés opressants du monde entier : http://www.dailymotion.com/video/xmxex_glenn-gould-art-of...

 

 

 

 

Volti s'est décidé à aller voir Fred the II ; grand chambellan, il va devenir ... Quel travail que celui de fréquenter un roi prussien, fût-il philosophe !!!

 

 

 

           « A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville, rue des Saints-Pères à Paris

 

 

           Je mérite votre souvenir, Monsieur, par mon tendre attachement, mais Aurélie [personnage féminin de Rome sauvée] n’est pas encore digne de Catilina. Comment voulez-vous que je fasse ? Trouver tous les charmes de la société dans un roi qui a gagné cinq batailles [V* a quitté Paris vers le 25 juin pour se rendre auprès de Frédéric]; être au milieu des tambours, et entendre la lyre d’Apollon ; jouir d’une conversation délicieuse à quatre cents lieues de Paris ; passer ses jours  moitié dans les fêtes, moitié dans les agréments d’une vie douce et occupée, tantôt avec Frédéric le Grand, tantôt avec Maupertuis, tout cela distrait un peu d’une tragédie. Nous aurons dans quelques jours à Berlin un carrousel [carrousel donné les 26 et 27 août  en l’honneur de la margravine de Bayreuth, sœur de Frédéric] digne en tout de celui de Louis XIV. On y accourt des bouts de l’Europe, il y a même des Espagnols. Qui aurait dit il y a vingt ans que Berlin deviendrait l’asile des arts, de la magnificence et du goût ? Il ne faut qu’un homme pour changer la triste Sparte en la brillante Athènes. Tout cela doit exciter le génie, mais tout cela dissipe et prend du temps. Il me faudrait un recueillement extrême. J’ai ici trop de plaisir. Je vous recommande Hérode, [Hérode et Mariamne]  et le duc d’Alençon,[autre titre , autre version d’Adélaïde du Guesclin, du duc de Foix] je les mets avec mon petit théâtre [son théâtre privé de la rue Traversière où plusieurs de ses pièces ont été représentées avant son départ] sous votre protection. Si vous voyez César [Lekain qui joue César dans Rome sauvée], dites-lui, je vous en supplie, à quel point je lui suis dévoué. Je ne veux pas le fatiguer de lettres, moins je lui écris plus il doit être content de moi. Adieu digne successeur de Baron. Il n'y a que votre aimable commerce qui soit au dessus de votre déclamation. Conservez-moi votre amitié. Je vous serai bien tendrement attaché toute ma vie.

 

 

           V.

           A Potsdam (sic) 1er Août 1750. »

 

 

31/07/2009

Spécial "Aoûtiens", anti-stress, tire-bouchon

« A Pierre Guy

 

 

           Le sieur Duchesne, libraire de Paris, m’ayant demandé mon consentement pour l’impression de mes œuvres, je ne puis que lui en témoigner ma satisfaction à condition qu’il se conformera à la dernière édition de Genève, et qu’il fera soigneusement corriger les fautes d’impression.

 

 

           Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

 

 

           Fait au château de Ferney, le 31 juillet 1764. »

 

 

 

Aujourd’hui, lettre courte , homme blanc fatigué ; lui vous laisser travailler avec vos yeux sur document joint :

www.editions-stock.fr/media/Docs/historique_Stock.pdf

 

 

mexicain.jpg

 

J’ai dit avec vos yeux, mais pas oublier petits neurones dans boite à idées !...

 

 http://www.youtube.com/watch?v=vvqKXfZelZc

 

30/07/2009

les échafauds et les bordels anglais l’emportent

Aujourd'hui, sauf erreur ou omission, jour de paye que je salue comme il se doit avec ce titre qui me plait depuis toujours : Money : http://www.lastfm.fr/music/Pink+Floyd/_/Money

 

De money à monkey il n'y a qu'une lettre de différence (-argent - singe-) le passage de l'humain au singe se fait-il quand il y a de l'argent ou quand il manque ?

Vaste question !

Mais j'aime bien vous embêter parfois.

Pour ma part je vais de ce pas consulter le (maigre)solde de mon compte ("a moi, compte, deux mots !...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Charles Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

           Mon cher ange, l’abomination de la désolation [évangile selon Matthieu] est dans le temple du Seigneur . Lekain, aussi en colère que vous l’êtes dans votre lettre du 24, me dit que presque toute la jeunesse de Paris est pour Le Tourneur,[traducteur et panégyriste de Shakespeare, au détriment des tragiques français] que les échafauds et les bordels anglais l’emportent sur le théâtre de Racine et les belles scènes de Corneille,bordel-11.jpg qu’il n’y a plus rien de grand et de décent à Paris que les Gilles de Londres, et qu’enfin on va donner une tragédie en prose où il y a une assemblée de bouchers qui fera un merveilleux effet [Maillard ou Paris sauvée, de Sedaine, qui ne fut pas jouée à la Comédie Française]. J’ai vu finir le règne de la raison et du goût. Je vais mourir en laissant la France barbare, mais heureusement vous vivez, et je me flatte que la reine ne laissera pas sa nouvelle patrie, dont elle fait le charme, en proie à des sauvages et à des monstres. Je me flatte que M. le maréchal de Duras ne nous aura pas fait l’honneur d’être de l’Académie pour nous voir manger par les Hottentots. Je me suis quelquefois plaint des Welches, mais j’ai voulu venger les Français avant de mourir. J’ai envoyé à l’Académie un petit écrit,[Lettre … à l’Académie française lue dans cette Académie à la solennité de la saint Louis le 25 août 1776] dans lequel j’ai essayé d’étouffer ma juste douleur, pour ne laisser parler que ma raison. Ce mémoire est entre les mains de M. d’Alembert, mais il me semble que je ne dois le faire imprimer qu’en cas que l’Académie y donne une approbation un peu authentique. Elle n’est pas malheureusement dans cet usage.[en l’envoyant à d’Alembert le 26 juillet, V* avait écrit :  « Voyez si vous pourrez, et si vous oserez m’écrire une lettre ostensible, un mot de votre secrétairerie, en réponse de ma requête. »] Voilà pourtant le cas où elle devrait donner des arrêts contre la barbarie. Je vais tâcher de rassembler les feuilles éparses dans ma minute pour vous en faire tenir une copie au net. Je sais que je me faire de cruels ennemis, mais peut-être un jour la nation me saura gré de m’être sacrifié pour elle.

 

 

           Secondez ma faiblesse, mon cher ange, et mettez-moi à l’ombre de vos ailes.

 

 

           V.

       30è juillet 1776. »     

 

29/07/2009

festival Pan Africain ou l'Afrique (Noire et Blanche ) transparente, invisible ...

C'est aujourd'hui, ce matin, qu'il est fait état d'une broutille, une vétille, une poussière d'évenement, "une chiure de mouche" comme disait mon papa : LE FESTIVAL PAN AFRICAIN, deuxième du nom ; heureux d'apprendre son existence alors qu'il est terminé depuis plus de huit jours .

C'est vrai que le Tour de France est un "spectacle culturel " de renommée mondiale et que le nombril du monde est parisien. Que pèse de son côté le continent africain, patrie des premiers hommes ? Le poids d'une cacahuète salée d'apéritif avec le pastis !

Honte à moi et aux journaleux !

Je n'ose pas croire que c'est parce qu'il avait lieu à Alger qu'il n'a été , en tout cas à mes yeux, connu que d'un monde cultivé réduit ; le grand public est resté sur la touche encore une fois .

Voyez-vous même :

http://images.google.fr/images?hl=fr&q=festival+panaf...

Et comme ce sont des gens qui ont de l'humour, n'en déplaise à certains :

festival pan africain blague.jpg

La théorie de la relativité , -plus on va vite, plus le temps est court-, est encore valable en ce temps de "far niente". Vite distrayons-nous, vite oublions les autres et contemplons ce nombril généreusement offert sur toutes les plages.

Nombrils.jpg

  Lettre du 29 juillet 1775 suit ....

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

           Vous ferez assurément une très  bonne action, mon cher philosophe, d’écrire au roi de P[russe] et de lui donner cent coups d’encensoir,[pour ce qu’il fait pour d’Etallonde et la manière dont il le fait] qui seront cent coups d’étrivières pour les assassins de nos deux jeunes gens. Soyez sûr que l’homme en question sera encouragé par vos éloges ; il les regardera comme des récompenses de la vertu, et il s’efforcera d’être vertueux, surtout quand il ne lui en coûtera rien, ou que du moins il n’en coûtera que très peu de chose ; il mettra sa gloire à réparer les crimes des fanatiques et à faire voir qu’on est plus humain dans le pays des Vandales que dans celui des Welches.

 

 

           Le mémoire de d’Etallonde [d’Etallonde n’envoyait sa requête qu’à Turgot et ne savait pas s’il devait la faire présenter à Maurepas et à Miromesnil] est trop extrajudiciaire pour envoyer à tout le Conseil. D’ailleurs on ne fera jamais rien pour lui en France ; et il peut faire une fortune honnête en Prusse ; il la fera si vous fortifiez le roi son maître dans ses bons desseins ; il est comme Alexandre qui faisait tout pour être loué dans Athènes. Soyez persuadé que ce sera à vous que mon pauvre jeune homme devra son bien être. Je le  ferai partir pour Potsdam dès que vous aurez écrit.

 

 

           Je viens de lire Le Bon sens [du baron d’Holbach : Le Bon Sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles, 1772 ; attribué à V* qui réagira]: il y a plus que du bon sens dans ce livre ; il est terrible. S’il sort de la boutique du Système de la Nature,[la page de titre porte « par l’auteur du Système de la nature »] l’auteur s’est bien perfectionné.[voir réaction de V* au Système de la nature et sa réponse, « respectueuse remontrance à cet éloquent athée » dans le billet à Cramer vers le 5 juin 1770]. Je ne sais si de tels ouvrages conviennent dans le moment présent et s’ils ne donneront pas lieu à nos ennemis de dire : voilà les fruits du nouveau ministère. Je voudrais bien savoir si les assassins du ch[evalie]r de La Barre ont donné quelque arrêt contre le Bon  Sens.

 

 

           Votre bon sens, mon cher ami, tire très habilement son épingle du jeu. Vous avez raison de ne jamais vous compromettre. Il faut aussi que les deux Bertrands prennent toujours pitié des pattes de Raton ; il faut qu’on laisse mourir le vieux Raton en paix. Il y a une chose qu’il préfèrerait à cette paix, ce serait de vous embrasser avant de quitter ce monde.

 

 

           V.

           A Ferney ce 29è juillet 1775. »

 

28/07/2009

Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille

 

http://www.youtube.com/watch?v=F-rWf2PMHbw&feature=re...

 

Volti a encore frappé fort et j'ose le souhaiter n'a pas été qu'un sujet d'intéret touristique . Je m'explique : ce jour nous avons reçu une délégation officielle (d'un grand pays, très grand pays , inventeur de la porcelaine, d'où le clip précédent!), qui laisse un bon souvenir. Son élément principal, homme cultivé et agréable accompagné de son épouse, a beaucoup apprécié la visite conduite par Eilise et a l'intention de revenir. Il sera le bienvenu , c'est un poête, qui connait le français, l'anglais et jouait gentiment le rôle d'interprête auprès de son épouse. Puisse-t-il appliquer le plus souvent possible les idées généreuses de Voltaire, c'est notre voeu le plus cher ....

 

 

Volti, tu défends bec et ongle ton enfant , jeune Pucelle, que tu mis vingt ans à mettre au monde (tu dis trente, qui dit mieux ! ;-)): longue grossesse, accouchement difficile, présentation par le saint siège, tentative de version, forceps, césarienne , et sans anesthésie ! Je comprends que tu hurles "au charron" .

Sachez que cette Pucelle constitue ma récréation . N'appelez pas la police, je ne la touche que des yeux et je ris . Concentré de malice, voilà ce qu'elle est .

 Je vous invite à le vérifier : http://books.google.fr/books?id=bXYDefqNRGQC&dq=la+pu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

 

           Je ne suis pas excessivement dans les délices, mon cher et respectable ami ; toute cette aventure de Jeanne d’Arc est bien cruelle. Le porteur [son secrétaire Collini, envoyé à Paris] vous remettra mon ancienne copie. Vous la trouverez assurément plus honnête, plus correcte, plus agréable [le 6 juillet, V* écrit : qu’ « on trouve ici (l’ouvrage) très joli, très gai, et point scandaleux. On dit que les contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et quand on rit on ne se fâche point. »]  que les manuscrits qu’on vend publiquement. Je vous supplie d’en faire tirer une copie pour Mme de Fontaine, d’en laisser prendre une à Thiriot, et de permettre à vos amis qu’ils la fassent aussi copier pour eux. C’est le seul moyen de prévenir le péril dont je suis menacé. On s’est avisé de remplir toutes les lacunes de cet ouvrage commencé il y a plus de trente années. On y a ajouté des tirades affreuses. Il y en a une contre le roi. Je l’ai vue. Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille. [des vers assez proches sont annotés par V* dans les marges de la copie de La Pucelle «  Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »: « …Dort en Bourbon la grasse matinée / …. Et quand saint Louis, là-haut mon compagnon / M’a prévenu qu’un jour certain Bourbon / M’en donnerait à pardonner bien d’autres » Chant I, vers 320 sq.]

 

 

C’est dormir à la Bourbon la grasse matinée

C’est… saint Louis le bon apôtre

A Louis XV en pardonne bien d’autres.

Les Richelieux le nomment maquereau.

[il ne manquera pas de citer ce vers à Richelieu le 31 juillet et d’ajouter « Les La Beaumelle, les Fréron et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rhapsodie sont prêts, dit-on de les faire imprimer. »]

 

 

 

           Figurez-vous tout ce que les halles pourraient mettre en rimes. Enfin on y a fourré plus de cent vers contre la religion qui semblent faits par le laquais d’un athée.

 

 

           Ce coquin de Grasset dont je vous dois la connaissance a apporté ce beau manuscrit à Lausanne. J’ai profité de vos avis, mon cher ange, et les magistrats de Lausanne [Grasset travaillait chez l’imprimeur Bousquet à Lausanne] l’ont intimidé. Il est venu à Genève ; et là, ne pouvant faire imprimer cet ouvrage, il est venu chez moi me proposer de me le donner pour cinquante louis d’or. [Grasset dit que c’est V* qui l’envoya chercher. Il lui demanda d’aller voir la personne qui possédait le manuscrit. Celle-ci lui dit qu’on pouvait l’acheter 50 louis ; qu’il « provenait d’une copie que M. de Voltaire avait vendue 100 louis au prince royal de Prusse et que l’ayant donnée à copier à un secrétaire infidèle, celui-ci en avait fait une copie pour lui et l’avait vendue au possesseur actuel 100 ducats ». Grasset copie dix-sept lignes impies comme pièce à conviction, conformément aux instructions de V*. Il les lui apporta, lui demandant de faire faire une copie et de lui rendre la feuille écrite de sa main. V* promit ; mais, une fois en possession du papier, il refusa de le rendre et prit au collet Grasset en l’accusant d’avoir composé le manuscrit. Grasset dut finalement mettre la main à l’épée pour se libérer de V* et de ses gens, et il alla se plaindre aux autorités. Il avoue toutefois qu’il a fait une seconde copie des dix-sept lignes destinée, dit-il à Bousquet « sans autre vue que de (le) ce voulons pas d’un homme de cette pièce ».] Je savais qu’il en avait déjà vendu plus de six copies manuscrites. Il en a envoyé une à M. de Bernstof, premier ministre en Danemark. Il m’a présenté un échantillon, et c’était juste un de ces endroits abominables, une vingtaine de vers horribles contre Jésus-Christ. Ils étaient écrits de sa main. Je les ai portés sur le champ au résident de France. Si le malheureux est encore à Genève, il sera mis en prison, mais cela n’empêchera pas qu’on ne débite ces infamies dans Paris, et qu’elles ne soient bientôt imprimées en Hollande. Ce Grasset m’a dit que cet exemplaire venait d’un homme qui avait été secrétaire ou copiste du roi de Prusse, et qui avait vendu le manuscrit cent ducats. Ma seule ressource à présent, mon cher ange, est qu’on connaisse  le véritable manuscrit composé il y a plus de trente ans, tel que je l’ai donné à Mme de Pompadour, à M. de Richelieu, à Mme de La Vallière, tel que je vous l’envoie. Je vous demande en grâce ou de le faire copier ou de le donner à Mme de Fontaine pour le faire copier. Je vous prie qu’on n’épargne point la dépense. J’enverrai à Mme de Fontaine de quoi payer les scribes. Si vous avez cet infâme chant de l’âne qu’on m’attribue, il n’y a qu’à le brûler. Cela est d’une grossièreté odieuse, et indigne d’être dans votre bibliothèque. En un mot, mon cher ange, le plus grand service que vous puissiez me rendre est de faire connaitre l’ouvrage tel qu’il est, et de détruire les impressions que donne à tout le monde l’ouvrage supposé.

 

 

           Je vous embrasse tendrement et je me recommande à vos bontés avec la plus vive insistance.

 

 

P.S.- On vient de mettre ce coquin de Grasset en prison à Genève. On devrait traiter ainsi à Paris ceux qui vendent cet ouvrage abominable.

 

 

           Voltaire

           Aux Délices 28 juillet 1755. »