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24/06/2009

J’ose espérer qu’on ne me lapidera pas avec de petits cailloux

"Comme, Dieu merci, je n’ai jamais fait aucun ouvrage que le clergé puisse me reprocher" , ni les laïcs ajouterais-je pour mon compte, je ne peux être en aucun cas taxé de calomnie ...

 

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Dieu merci !

 

-"Il n'y a pas de quoi, James !

-"Mais, doux Jésus, je suis votre humble serviteur.

-"Relève toi, James, tu vas me faire rougir.

-"Je voudrais bien voir ça !

-"Va tranquille, James, la France, fille aînée de ma fille l'EGLISE catholique apostolique et romaine  est menée par un homme clairvoyant qui sait changer les couches ministres incompétents déplaisants  .

-"Oui, toi, Seigneur, tu as changé l'eau en vin, mais je crains bien que ce remaniement ne soit fait en vain .

-"Plus d'allusion à ce mariage où m'a trainé ma mère - que moi-même la bénisse!- ! Je n'ai même pas été invité à celui du petit grand avec sa muse préférée.

-"Toujours est-il qu'il a pistonné un homme cultivé pour diriger le ministère de la culture . Est-ce bien raisonnable ?

-"Oui, James ! Fais toi à cette idée qu'il y a parfois du bon à remplacer une femme par un homme .

-"Euh ! mon Jésus unique et préféré, je te signale que je suis croyant jusqu'à un certain point mais non pratiquant !! Est-ce qu'un PACS peut suffire ?

-"Malgré ma science infuse, je ne vois pas ce que tu veux dire, James mon fils indigne !

-"Ah ! oui , PACS : Petite Action Solidaire , tu vois ce que je veux dire, comme dit mon collègue Hammou !

-"Oui, maintenant que tu me le rappelles, chacun doit égoïstement se faire du bien en faisant la même chose pour son semblable ; c'est ce que j'avais dit il y a déjà un bon moment.

-"Oui, environ deux mille ans mais tu as laissé la direction des travaux à des fonctionnaires mitrés.

-"J'aurais mieux fait de me casser une patte ce jour là ! La croix ce n'est plus de mon âge .

-"Un petit coup d'éternité et il n'y paraitra plus.

-"Va, James et blogge pour tes frères humains !

-"OK ! JC , I must go !

 

 

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

 

                            Le Nekre [professeur Louis Necker, amant de « la femme de Vernes le marchand, frère de Vernes le prédicant ; Vernes le marchand lui avait « sanglé un coup de pistolet » en 1760], non pas le mari de la belle Nekre [Jacques Necker, financier, mari de Suzanne Curchod], mais l’ancien amant d’un cul pourri, mais l’assassiné, le banni, qui est actuellement un bon négociant de Marseille et qui a passé par son ancienne patrie, vous rendra cette lettre, ma chère nièce. Il faut que vous sachiez que tout le clergé est déchainé. Il s’imagine que c’est moi qui ai soulevé tous les esprits, et si on  s’est saisi d’Avignon [qui appartenait au pape], s’il y a une guerre entre les catholiques et les dissidents en Pologne, j’en suis la cause. Damilaville vous aura peut-être dit que le cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon, a oublié son nom pour se souvenir seulement qu’il est cardinal et que c’est lui qui a persécuté Fantet [libraire], l’avocat général de la chambre des comptes, et Leriche [qui a écrit un mémoire en faveur de Fantet en 1766]. Il a même, le croiriez-vous ? écrit aux fermiers généraux pour faire révoquer Leriche qui est inspecteur des domaines en Franche-Comté. Il leur a mandé qu’il remplissait la Franche-Comté de mes livres prétendus. Comme, Dieu merci, je n’ai jamais fait aucun ouvrage que le clergé puisse me reprocher, je n’ai pas voulu être la victime de la calomnie. J’ai demandé en général une lettre de recommandation à M. le duc et à Mme la duchesse de Choiseul [lettre du 27 mai à la duchesse] auprès du cardinal sans leur dire de quoi il s’agissait. Je l’ai obtenue. J’ai écrit au cardinal une lettre flatteuse et mesurée dans laquelle je me suis bien gardé d’entrer dans aucun détail, et dont il ne pourra jamais abuser, quand même il aurait la malhonnêteté de ne point répondre.

 

 

                            Le maçon qui fût repris de justice à Paris dans le temps qu’il y était porte-Dieu [évêque J.-P. Biord, qui fût vicaire de la Sainte Chapelle basse et ayant refusé d’être entendu pour une affaire de billets de confession, il fut « décrété de prise de corps » ; V* demandera à son neveu d’Hornoy d se renseigner à ce sujet], et qui est à présent à ce qu’il dit évêque et prince de Genève, a voulu remuer aussi. Je lui ai fermé la bouche par une conduite sage et nécessaire très approuvée par les Italiens adroits et blâmée à Paris par des gens de lettres qui riraient si j’étais sacrifié pour eux.

 

 

                            Si je ne peux échapper à la calomnie, j’échappe du moins à la persécution. Si Damilaville s’en tire avec six mille livres de pension, c’est un sort très heureux. Mme de Sauvigny qui avait mis dans sa tête de frustrer Damilaville de la place à lui promise [place de directeur du vingtième où il était premier commis depuis longtemps], m’avait assuré qu’elle lui ferait donner une forte pension. Je suppose qu’elle a tenu parole. Il est heureux, le voilà récompensé, et peu soupçonné. Je suis dans un cas tout différent. Mais je laisse gronder les orages uniquement occupé du Siècle de Louis XIV et de Louis XV. J’aurai bientôt achevé ce monument que j’érige à l’honneur de ma patrie sans flatterie et sans médisance. J’ose espérer qu’on ne me lapidera pas avec de petits cailloux tandis que je bâtis ce grand édifice.

 

 

                            J’ai lu par un grand hasard les Conseils raisonnables, la Profession de foi des théistes [les Conseils raisonnables à M. Bergier pour la défense du christianisme, 1768 ; les deux autres brochures sont aussi de V*], l’Épitre aux Romains, et quelques autres drogues. Je me flatte qu’on ne m’imputera pas ces bagatelles tandis que je me consume jour et nuit sur une histoire qui contient cent trente années.

 

 

                            Pour l’histoire de notre petit pays de Gex, elle sera bien courte. On n’a encore tracé ni le port ni la ville de Versoix. On n’a rien fait mais on va commencer. Si M. le duc de Virtemberg ne m’avais pas remis à deux ans pour me payer les soixante-dix  mille livres qu’il me doit, je bâtirais à Versoix une maison pour faire ma cour à M. le duc de Choiseul et je crois que ce serait un assez bon effet pour vous. On y établira la poste dans huit jours. C’est Fabry qui l’a, car il a tout englouti. On donne à Racle l’entreprise du port. Racle au moins pourra se dédommager de la perte qu’il a faite en construisant sa ridicule maison, mais j’aurai toujours perdu ce que je lui ai prêté. Vous vous en tirerez un jour, à ce que j’espère.

 

 

                            Je fus bien surpris il y a six jours quand je vis arriver chez moi M. et Mme de Vaux [sœur et beau-frère de Dupuits époux de Marie-Françoise Corneille ; Mme de Vaux est surnommée « Pâté » par V* ; Mme Denis s’inquiète de leur présence], et une grande bâtarde de M. de Vaux et le petit Vau qui est très joli et la mie du petit Vau. . Les voilà établis ici. Je m’enferme dans ma chambre avec mes deux Siècles. Je parais seulement à la fin du diner et du souper, et cependant ils restent. Leur amusement est d’aller chez Mallet et chez Racle. On ne peut quitter un pays qui fournit des plaisirs si séduisants. Il est vrai que la moisson paraît belle, c’est-à-dire qu’on pourra bien avoir quatre pour un avec la paille. Voilà notre terre de promission. Elle est admirable pour quiconque a des yeux et des jambes. Mais ceux à qui ces organes manquent doivent y périr. Nous avons manqué un marché de deux cents mille livres. Vous n’en aurez jamais cinquante mille écus. Pour moi je la quitterais demain si je n’étais retenu par mes deux Siècles.

 

 

                            On prend, comme vous savez, le train de m’envoyer garnison. Il faut soulager le paysan, fournir des lits, des draps et  des meubles à quatorze officiers et à deux cents soldats. Cela ruine et personne n’en sait le moindre gré. Il a fallu que j’achetasse du linge pour eux. Il est vrai qu’heureusement ma porte est toujours fermée, et que je suis en prison chez moi.

 

 

                            Voilà, ma chère nièce, un compte exact de la manière dont j’achève une vie que je vous ai consacrée. Je vous embrasse tendrement.

 

 

                            V.

                            De Ferney 24 juin 1768. »

 

Projet Versoix par choiseul et Volti : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.athenaeu...

 

quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole

Nouveau ministre de la culture : Frédéric Mitterrand

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/rem...

Pour ne rien vous cacher, je dis bravo ! Non au président, non au premier ministre, mais d’abord à Frédéric .

Enfin quelqu’un qui sait de quoi il parle, qui connait le sujet, non pas par conseillers interposés, mais par lui-même.

Lui accordera-t-on les moyens nécessaires ?

Ce fichu projet de loi HADOPI mal goupillé dont il hérite est un superbe cadeau empoisonné. Trouvera-t-il l’antidote ?

Il a de l’envergure, de l’ambition pour la culture.

Je fais des vœux pour qu’il puisse faire bouger l’administration culturelle, avec une attention toute particulière pour celle du CMN (centre des Monuments nationaux) qui me tient spécialement à cœur ! Je peux vous assurer qu’il y a du travail (style « travaux d’Hercule ») pour remuer ce mastodonte qui tend à roupiller trop souvent ! Et quand il ne roupille pas, il bride ceux qui , pleins de bonnes idées et d’élans, risquent de l’empêcher de ronronner tout son saoul !!!

 

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Que fait cette bambinnette ici ? Comme sa mère Eve !!

C’est tout simplement un Pigalle, comme le Voltaire nu suivant !

 

Contraste !

Beauté !

Réalisme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                        C’est un beau soufflet, mon cher et vrai philosophe, que vous donnez au fanatisme et aux lâches valets de ce monstre. Vous employez l’art du plus habile sculpteur de l’Europe pour laisser un témoignage d’amitié à votre vieil enfant perdu, à l’ennemi des tyrans, des Ganganelli, des Pompignan, et des Fréron. Vous écrasez sous ce marbre la superstition qui levait encore la tête [projet de statue de V* par Pigalle].

 

 

                        M. le duc de Choiseul se joint à vous, et c’est en qualité d’homme de lettres, car je vous assure qu’il fait des vers plus jolis que ceux qu’on lui adresse [vers faits par Palissot à la demande de Choiseul en réponse au poème de Frédéric contre Louis XV en 1759]; et soyez très certain que sans Palissot, fils de son avocat [Choiseul a soutenu la pièce Les Philosophes , de Palissot, faite contre d’Alembert entre autres], et sans Fréron qui a été son régent au collège des jésuites, il aurait été votre meilleur ami. Je le crois entièrement revenu.

 

 

                        Pour moi je lui ai presque autant d’obligation qu’à vous. Vous savez dans quel horrible désordre est tombée cette malheureuse petite république de Genève. Les sociniens sont devenus assassins. J’ai recueilli vingt familles émigrantes [Natifs fuyant Genève suite aux violences]; j’ai établi une manufacture de montres chez moi ; M. le duc de Choiseul les a protégées et a fait acheter par le roi plusieurs de leurs ouvrages. Vous voyez si son nom ne doit pas être placé à côté du vôtre dans l’affaire de la statue.

 

 

                        A l’égard de Frédéric, je crois qu’il est absolument nécessaire qu’il soit de la partie [primitivement seuls les hommes de lettres devaient souscrire]. Il me doit sans doute une réparation comme roi, comme philosophe, et comme homme de lettres. Ce n’est pas à moi à la lui demander ; c’est à vous à consommer votre ouvrage. Il faut qu’il donne. Par quelque somme qu’il contribue, Mme Denis donnera toujours vingt fois plus que lui. Elle est au rang des artistes les plus célèbres en fait de croches et doubles croches.

 

 

                        M. Pigalle m’a fait parlant et pensant quoique ma vieillesse et mes maladies m’aient un peu privé de la pensée et de la parole [Pigalle est arrivé à Ferney le 17 juin]. Il m’a fait même sourire ; c’est apparemment de toutes les sottises que l’on fait tous les jours dans votre grande ville, et surtout des miennes. Il est aussi bon homme que bon  artiste. C’est la simplicité du vrai génie.

 

 

                        J’ai vu le dessin du mausolée du maréchal de Saxe ; ce sera le plus grand et le plus beau morceau de sculpture qui soit peut-être en Europe. Il m’a fait l’honneur de me dire avec sa naïveté dépouillée de tout amour propre qu’il avait conçu le dessein des accompagnements de la statue du roi qu’il a faite pour Reims sur ces paroles qu’il avait lues dans Le Siècle de Louis XIV : C’est un ancien usage des sculpteurs de mettre des esclaves aux pieds des statues de roi ; Il vaudrait mieux y représenter des citoyens libres et heureux. Il communiqua cette idée à M. Bertin qui en qualité de ministre d’État, et plus encore de citoyen, la saisit avec chaleur, et doubla sa récompense. Ainsi, c’est à lui que nous devons l’abolition de cette coutume barbare de sculpter l’esclavage aux pieds de la royauté. Il faut espérer du moins que cette lâcheté insultante à la nature humaine ne reparaîtra plus. Il faut espérer aussi que jamais en figurant des citoyens heureux bénissant leurs maîtres, les artistes ne mentiront à la postérité.

 

 

                        Adieu, mon grand philosophe, mon cher ami, et mon soutien.

 

 

                        V.

                        22e juin 1770 à Ferney. »

 

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22/06/2009

j’ai jeté par terre toute l’église pour répondre aux plaintes d’en avoir abattu la moitié

 

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J'ai beau être d'un naturel pacifique (si! je vous l'assure) , hier, pour les beaux reflets d'une médaille, j'ai, les armes à la main accepté deux duels. Comme nous n'allons pas jusqu'à la mort du concurrent au tir à l'arc, je n'ai été que blessé au premier duel et pour compenser j'ai occis ( d'un point durement gagné) mon deuxième adversaire; je dois avouer que celui-ci, je l'ai dans mon colimateur depuis quelque temps . 

Autosatisfaction ? oui ! Et pourquoi pas ? Petit plaisir égoïste ? yes !

C'est la petite récompense de milliers de flèches décochées à l'entrainement et la compensation de cette éternelle insatisfaction d'être imparfait -je ne parle ici que de mon imperfection en temps qu'archer, car pour le reste, vous n'en doutez pas, j'espère, ma perfection est inaltérable ! (N'importe quoi !! ce James, direz-vous, ne va plus pouvoir mettre ni chaussures ni chapeau ? Eclair de lucidité, sauvé,il me reste des godasses de clown et un grand bonnet de nuit ... )chaussure_clown.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

           Mes divins anges, lisez mes remontrances avec attention et bénignité.

 

 

           Considérez d’abord que le plan d’un cerveau n’a pas six pouces de large, et que j’ai pour cent toises au moins de tribulations. Le loisir fut certainement le père des muses ; les affaires en sont les ennemies, et l’embarras les tue. On peut bien, à la vérité, faire une tragédie, une comédie, ou deux ou trois chants d’un poème, dans une semaine d’hiver ; mais vous m’avouerez que cela est impossible dans le temps de la fenaison et de la moisson, des défrichements, et des dessèchements [dont un marais près du château de Ferney], et quand à ces travaux de campagne il se joint des procès, le tripot de Thémis l’emporte sur celui de Melpomène.Je vous ai caché une partie de mes douleurs ; mais enfin, il faut que vous sachiez que j’ai la guerre contre le clergé. Je bâtis une église assez jolie, dont le frontispice est d’une pierre aussi chère que le marbre. EgliseFerney_01.jpgJe fonde une école, et pour prix de mes bienfaits, un curé d’un village voisin [le curé d’Ornex, promoteur de l’évêque d’Annecy, équivalant à un procureur du roi dans les cours ecclésiastiques]qui se dit promoteur, et un autre curé qui se dit official [le curé de Gex, official = juge ecclésiastique nommé par l’évêque ; V* ne reconnaissant pas ces droits, son avocat J.-M. Arnoult l’en détrompa le 15 juin], m’ont intenté un procès criminel pour un pied et demi de cimetière, et pour deux côtelettes de mouton qu’on a prises pour des os des morts déterrés.

 

 

           On m’a voulu excommunier pour avoir voulu déranger une croix de bois [placée vis-à-vis le portail de l’église qu’il  fait bâtir et qui « en déroberait aux yeux toute l’architecture » ; V* est accusé de l’avoir qualifiée de « potence » terme qu’il dit être utilisé par les charpentiers, donc il se serait exprimé en « bon architecte »] , et pour avoir abattu insolemment une partie d’une grange qu’on appelait paroisse.

 

 

           Comme j’aime passionnément à être le maître, j’ai jeté par terre toute l’église pour répondre aux plaintes d’en avoir abattu la moitié. J’ai pris les cloches, l’autel, les confessionnaux, les fonts baptismaux ; j’ai envoyé mes paroissiens entendre la messe à une lieue.

 

 

           Le lieutenant criminel, le procureur du roi sont venus instrumenter, j’ai envoyé promener tout le monde. Je leur ai signifié qu’ils étaient des ânes, comme de fait ils le sont ; j’avais pris mes mesures de façon que M. le procureur général du parlement de Dijon [Louis Quarré de Quintin] leur a confirmé cette vérité. Je suis à présent sur le point d’avoir l’honneur d’appeler comme d’abus, et ce ne sera pas maître Le Dains [auteur du réquisitoire contre le livre de Huerne qui protestait contre l’excommunication de comédiens] qui sera mon avocat. Je crois que je ferai mourir de douleur mon évêque [Deschamps de Chaumont]  s’il ne meurt pas auparavant de gras fondu.

 

 

           Vous noterez, s’il vous plait, qu’en même temps je m’adresse au pape en droiture [Clément XIII], ma destinée est de bafouer Rome, et de la faire servir à mes petites volontés. L’aventure de Mahomet [dédié à Benoit XIV en 1742, qui en fera la louange] m’encourage ; je fais donc une belle requête au Saint-Père, je demande des reliques pour mon église , un domaine absolu sur mon cimetière, une indulgence in articulo mortis, et pendant ma vie une belle bulle pour moi tout seul, portant permission de cultiver la terre les jours de fêtes sans être damné [« après la sainte messe » écrit-il ; « dans ce climat un jour de travail perdu détruit souvent toute l’espérance d’une année » et les paysans qui ne travaillent pas « passent le temps dans la débauche et dans les rixes »]. Mon évêque est un sot qui n’a pas voulu donner au malheureux petit pays de Gex la permission que je demande, et cette abominable coutume de s’enivrer en l’honneur de saints, au lieu de labourer, subsiste encore dans bien des diocèses ; le roi devrait, je ne dis pas permettre les travaux champêtres ces jours là, mais les ordonner. C’est un reste de notre ancienne barbarie, de laisser cette grande partie de l’économie de l’État entre les mains des prêtres.

 

 

           M. de Courteilles vient de faire une belle action, en faisant rendre un arrêt du conseil pour les dessèchements des marais. Il devrait bien en rendre un  qui ordonnât aux sujets du roi de faire croître du blé le jour de saint Simon et de saint Jude, tout comme un autre jour. Nous sommes la fable et la risée des nations étrangères, sur terre et sur mer, les paysans des cantons de Berne, mes voisins, se moquent de moi qui  ne puis labourer mon champ que trois fois, tandis qu’ils le labourent quatre ; je rougis de m’adresser à l’évêque de Rome et non pas à un ministre de France, pour faire  le bien de l’État.

 

 

           Si ma supplique au pape, et ma lettre au cardinal Passionnei sont prêtes au départ de la poste, je les mettrai sous les ailes de mes anges qui auraient la bonté de faire passer mon paquet à M. le duc de Choiseul ; car je veux qu’il en rie et qu’il m’appuie. Cette négociation sera plus aisée à terminer honorablement que celle de la paix [Choiseul depuis la fin 1760 fait mener des négociations secrètes de paix entre Angleterre et France avec l’aide de l’Espagne].

 

 

           Je passe du tripot de l’Église à celui de la comédie. Je croyais que frère Damilaville et frère Thiriot s’étaient adressés à mes anges, pour cette pièce qu’on prétend être d’après Jodelle [Le Droit du Seigneur], et qui est certainement d’un académicien de Dijon [V* est académicien de Dijon]; ils ont été si discrets qu’ils n’ont pas jusqu’à présent osé vous en parler. Il faudra pourtant qu’ils s’adressent à vous et que vous les protégiez très discrètement sous main, sans vous cacher visiblement.

 

 

       Je ne saurais finir de dicter cette longue lettre sans vous dire à quel point je suis révolté de l’insolence absurde et avilissante avec laquelle on affecte encore de ne plus distinguer le théâtre de la Foire, du théâtre de Corneille, et Gilles, de Baron. Cela jette un opprobre odieux sur le seul art qui puisse mettre la France au dessus des autres nations, sur un art que j’ai cultivé toute ma vie aux dépens de ma fortune et de mon avancement. Cela doit redoubler l’horreur de tout homme pour la superstition et la pédanterie ; j’aimerais mieux voir les Français imbéciles et barbares comme ils l’ont été douze cents ans, que de les voir à demi éclairés. Mon aversion pour Paris est un peu fondée sur ce dégoût. Je me souviens avec horreur qu’il n’y a pas une de mes tragédies qui ne m’ait suscité les plus violents chagrins ; il fallait tout l’empire que vous avez sur moi, pour me faire rentrer dans cette détestable carrière. Je n’ai jamais mis mon nom à rien, parce que mettre son nom à la tête d’un ouvrage est ridicule, et on s’obstine à mettre mon nom à tout, c’est encore une de mes peines.

 

 

           J’ajouterai que je hais si furieusement maître Omer [Omer Joly de Fleury qui a fait suspendre l’Encyclopédie, condamner le Poême sur la Loi naturelle par le parlement,…]que je ne veux pas me trouver dans la même ville où ce crapaud noir croasse. Voilà mon cœur ouvert à mes anges ; il est peut-être un peu rongé de quelques gouttes de fiel, mais vos bontés y versent mille douceurs.

 

 

           Encore un mot ; cela ne finira pas de si tôt. Permettez que je vous adresse ma réponse à une lettre de M. de Nivernais [qui a souscrit à l’édition de la critique de V* sur Corneille]. L’embarras d’avoir les noms des souscripteurs pour les œuvres de l’excommunié et infâme Pierre Corneille [encore allusion au réquisitoire du batonnier Daims], ne sera pas une de nos moindres difficultés ; il y en a à tout. Ce monde-ci n’est qu’un fagot d’épines.

 

 

           Vous n’aurez pas aujourd’hui ma lettre au pape, mes divins anges. On ne peut pas tout faire.

 

 

           Je vous conjure d’accabler de louanges M. de Courteilles pour la bonne action qu’il a faite de me rendre un arrêt qui desséchera nos vilains marais.

 

 

           Voilà une lettre qui doit terriblement vous ennuyer. Mais j’ai voulu vous dire tout.

 

 

           Mme Denis et la pupille [Marie-Françoise Corneille] se joignent à moi.

 

 

           V.

           21 juin 1761. »

 

 

Petit lien sur "stance sur le retanchement des festes en 1666" : http://www.textesrares.com/poesie/b6_245.htm

 

19/06/2009

Les gens en place sont pour la plupart de grands misérables. Ils ne savent pas ce qu’on gagne à faire du bien.

Grand calme ces jours-ci au château . Trop calme.

Le beau temps est pourtant de la partie. Serait-ce un contrecoup du Bac ? Mobilisation générale des neurones, soutien accru des futures élites de la nation !

Point de distraction, fut-elle éducative, en dehors du sacro-saint « Programme » de terminale ?

La Fête à Voltaire du 27 juin se prépare gentiment, les comédiens prennent leurs marques (bisous à Pierrette !-) ) dans le parc . http://www.ferney-voltaire.net/fr/manif06.php

 

Je fais une commande spéciale de soleil dès à présent pour être sûr d’être livré à temps …

 

 

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Hier en rentrant du travail(tard), sur le poste de la Fiesta ( et non pas en rentrant de fiesta sur le poste de travail !), La Jeanne de Brassens : Ah ! que c’est beau et bon ! Profitez-en aussi : http://radio.aol.fr/music/Georges+Brassens/_/Jeanne

 

 

 

"...la première des instructions d’un ministre c’est de plaire." : reste à savoir : à qui ? A son supérieur, un divin président ou un roi de droit divin ? Aux misérables gens du peuple pour lesquels il doit trouver les lois et règlements qui feront son bonheur ? (bonheur du peuple et bonheur du ministre ne faisant pas toujours bon ménage, ne nous attendons pas à des merveilles ! )...

 

"Il est doux, ... de regarder les épreuves d'autrui ."Volti, tu n'es jamais à cours de citations qui font mouche ... Il est vrai que tu es devenu une source dans ce domaine :

http://www.dicocitations.com/auteur/4559/Francois_Marie_A...

 

 

 

 

 

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« A René-Louis de Voyer de Paulmy, Marquis d’Argenson , Conseiller d’Etat, rue de Vendôme au Marais à Paris.

 

 

           Si j’avais l’honneur d’être auprès de mon cher monarque [Frédéric], savez-vous bien, Monsieur, ce que je ferais ? Je lui montrerais votre lettre, car je crois que ses ministres ne lui donneront jamais de si bons conseils. Mais il n'y a pas d’apparence que je voie du moins de si tôt mon messie du Nord. Vous vous doutez bien que je ne sais point quitter mes amis pour les rois ; et je l’ai mandé tout net à ce charmant prince que j’appelle Votre Humanité au lieu de l’appeler Votre Majesté. A peine est-il monté sur le trône qu’il s’est souvenu de moi pour m’écrire la lettre la plus tendre, et pour m’ordonner, ce sont ses termes, de lui écrire toujours comme à un homme et jamais comme à un roi [Frédéric est roi depuis le 31 mai ; il écrit à V* le 6 juin : « Ne voyez en moi… qu’un citoyen zélé… Pour Dieu, ne m’écrivez qu’en homme, et méprisez avec moi les titres, les noms… »]. Savez-vous que tout le monde s’embrasse dans les rues de Berlin, en se félicitant sur les commencements de son règne ? Tout Berlin pleure de joie, mais pour son prédécesseur personne ne l’a pleuré que je sache [ dans ses Mémoires, V* donne des exemples de la dureté et brutalité de Frdéric-Guillaume envers son peuple et sa famille.]. Belle leçon pour les rois. Les gens en place sont pour la plupart de grands misérables. Ils ne savent pas ce qu’on gagne à faire du bien.

 

           J’ai cru faire plaisir, Monsieur, au roi, à vous, et à M. de Valori [ambassadeur de France en Prusse] en lui transcrivant les propres paroles de ce ministre dont vous m’avez fait part : il commence son règne comme il y a apparence qu’il le continuera, partout des traits de sa bonté etc. J’ai écrit aussi à M. de Valori. J’ai fait plus encore, j’ai écrit à M. le baron de Keizerling, favori du roi, et je lui ai transcrit les louanges non suspectes qui me reviennent de tous côtés de notre cher Marc-Aurèle prussien, et surtout les quatre lignes de votre lettre. Vous m’avouerez qu’on aime d’ordinaire ceux dont on a l’approbation et que le roi ne saura pas mauvais gré à M. de Valori de mon petit rapport, ni M. de Valori à moi. Des bagatelles établissent quelquefois la confiance, et la première des instructions d’un ministre c’est de plaire.

 

           Les affaires me paraissent bien brouillées en Allemagne et partout, et je crois qu’il n’y a pas que le conseil de la trinité qui sache ce qui arrivera dans la petite partie de notre petit tas de boue qu’on nomme Europe. L’empereur voudrait attaquer les Borbonides, mais sa Pragmatique le retient [la Pragmatique Sanction rendue en 1713 par l’empereur Charles VI pour assurer à sa fille Marie-Thérèse la couronne d’Autriche était garantie par les puissances européennes.]. La Saxe et la Bavière disputeront sa succession [les maris des nièces de l’empereur sont électeurs de Saxe et de Bavière]. Bergues et Juliers est une nouvelle pomme de discorde, sans compter les Goths, Wisigoths et Gépides qui pourraient danser dans cette rubrique de barbares.

 

Dulce mari magno turbantibus aequora ventis

E Terra magnum alterius spectare laborem.

[Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, de regarder de la terre les rudes épreuves d’autrui.]

          

           Débrouille qui voudra ces fusées ; moi je cultive en paix les arts, bien fâché que les comédiens aient voulu à toute force donner cette Zulime, que je n’ai jamais regardée que comme de la crème fouettée, dans le temps que j’avais quelque chose de meilleur à leur donner [Mahomet]. J’ai eu l’honneur de vous en montrer les prémices.

 

Si me Marce tuis vatibus insere

Sublimi feriam sidera vertice.

[Si, Marcus, tu me donnes une place parmi tes poêtes, j’irai jusqu’au ciel toucher de ma tête les astres.]

 

           Mme du Châtelet vous fait mille compliments. Vous connaissez mon tendre et respectueux attachement.

 

 

           V.

           A Bruxelles ce 18 juin 1740. »

 

 

Je quitte le clavier pour aller tirer quelques flèches avant la pluie ...

17/06/2009

Je le plaindrai s’il est pendu, mais par pure humanité

Vu émission de Jean-Luc Delarue hier soir avec le don pour sujet : don de sang, plasma, plaquettes, moëlle osseuse, organes.

Mon avis : bon.

Orientée un peu sur le sentimental, cette émission (enregistrée le 10 juin)fait le point sur les besoins et appelle au(x) don(s) bénévoles qui traduisent un engagement personnel pour le bien d’autrui.

Un peu de soi pour une ou des vies sauvées, ce qui semble évident pour les donneurs de sang et autres engagés dans cette voie, doit le devenir pour le maximum des humains.

Je souhaite qu’aucun interdit -dit religieux- ne vienne freiner l’altruisme . Je dis bien –dit religieux- car je ne conçois pas un Dieu qui refuse qu’un humain porte assistance à un autre humain . Ces interdits concernant le sang sont l’œuvre d’humains peureux ou assoiffés de pouvoir, ridiculement attardés et imbéciles, sans capacité d’amour.

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert, des académies etc. rue Michel-le-Comte à Paris

 

 

 

           L’excès de l’orgueil et de l’envie a perdu Jean-Jacques [Omer de Joly de Fleury a dénoncé l’Emile ,le 9 juin, qui sera condamné par le parlement ; V* :  « C’est un fatras d’une sotte nourrice en quatre tomes, avec une quarantaine de pages contre le christianisme, des plus hardies qu’on ait jamais écrites, et par une inconséquence de cette tête sans cervelle, et de ce Diogène sans cœur il dit autant d’injures aux philosophes qu’à Jésus-Christ… » ;  « Il n’y a que lui qui soit assez fou pour dire que tous les hommes sont égaux et qu’un Etat peut subsister sans subordination. »], mon illustre philosophe. Ce monstre ose parler d’éducation ! lui qui n’a voulu élever aucun de ses fils, et qui les a mis tous aux Enfants trouvés. Il a abandonné ses enfants et la gueuse à qui il les avait faits. Il ne lui a manqué que d’écrire contre sa gueuse comme il a écrit contre ses amis. Je le plaindrai s’il est pendu, mais par pure humanité, car je ne le regarde personnellement que comme le chien de Diogène, ou plutôt comme un chien descendu d’un bâtard de ce chien.

 

 

           Je ne sais pas s’il est abhorré à Paris comme il l’est par tous les honnêtes gens de Genève [L’Emile a été saisi à Genève le 12 juin, condamné avec le Contrat Social et J-J. lui-même le 19 juin]. Soyez sûr que quiconque abandonnera les philosophes fera une fin malheureuse.

 

 

           Avez-vous assisté aux assemblées [de l’Académie] où l’on a lu mes insolences sur Rodogune [dans ses commentaires sur Corneille]? Je dis la vérité et je la dirai, mais toujours avec un petit compliment. Je défie toute la démangeaison qu’on a  de n’être pas de mon avis, de m’apporter une bonne raison contre une seule  de mes remarques. Je me connais un peu au théâtre et j’ai malheureusement cinquante ans d’expérience. Quand vous voudrez rire, trouvez-vous aux séances où on lira l’Héraclius de Caldéron, et le Jules César de Shakespear traduit mot à mot en vers blancs [jugement dur sur sur ces deux pièces].

 

           Frère Thiriot dit que l’abbé mords-les [abbé Morellet] fait un excellent ouvrage. Écrasez tous l’Infâme sans qu’elle puisse vous piquer au talon. Si ce monstre de Rousseau avait voulu, il aurait servi utilement dans les troupes légères. Il se forme partout d’assez bons officiers, mais je trouve les généraux français un peu tièdes.

 

 

           Je vous embrasse avec la plus grande chaleur.

 

 

           V.

           17 juin 1762. »

16/06/2009

empêchez, si vous pouvez, les araignées de se manger

Donneurs de sang bénévoles de Gex : vous êtes formidables. Vous avez été 168 à répondre favorablement et vous présenter à la collecte de Gex (01170), dont 10 nouveaux.

Vous avez sans doute été sensibilisés, en plus des efforts locaux, par la campagne du dimanche 14 qui était à l’honneur des donneurs de sang du monde entier.

Hier soir, l’équipe de collecte de l’EFS (Établissement Français du Sang) était K.O debout et celle de l’amicale des donneurs de Gex qui assure l’intendance fatiguée et heureuse.

Donneurs nouveaux, donneurs anciens, soyez fidèles au don, au moins deux fois par an.

 

donneurdesang.jpg

Passez d’excellentes vacances, et revenez en pleine forme pour les collectes futures, dont celle du 14 septembre à Gex.

 http://www.rhonealpes.dondusang.net/donami/sang.php

 

 

 

 

Volti, lui ne connut que la saignée qui ne profite à personne, pas même raisonnablement à lui ! En revanche il fût un remarquable donneur d'espoir pour beaucoup...

 

 

« A René-Louis de Voyer de PAULMY,  marquis d’Argenson

 

 

       Eh ! bien, Monseigneur, vous aurai-je bientôt assez importuné, assez assommé de mes paquets [dont la cinquième édition du poême sur La Bataille de Fontenoy] pour les princesses du Nord ? Que direz-vous de mon influence ? Tantôt, c’est pour la princesse de Suède [Ulrique, sœur de Frédérique, qui avait épousé le prince héritier de Suède et venait d’inviter Voltaire], tantôt c’est pour la csarine. Vous êtes bien heureux que je vous sauve le roi de Prusse cette fois- ci. Vous auriez vraiment un paquet pour le pape si vous étiez à Paris. Je suis comme l’Arétin, en commerce avec toutes les têtes couronnées, mais il s’en faisait payer pour les amadouer. Recevez mes  très humbles excuses pour cet énorme paquet  que vous pourrez faire partir par la première flotte que vous enverrez à la pêche à la baleine.

 

           Vous verrez par la lettre ci-jointe à cachet volant que j’adresse à M. d’Alion [Jean-louis d’Usson de Bonac, ambassadeur de France en Russie, par qui il fait parvenir ses œuvres à Catherine II et demande à être admis à l’Académie de Pétersbourg, étant déjà de celles de Londres, d’Edimbourg et Berlin], de quoi il s’agit, vous verrez que je veux des protections depuis Rome jusqu’à Pétersbourg, mais que surtout il me faut la vôtre. Ayez donc la bonté de me recommander à M. d’Alion comme le plus vieux serviteur que vous ayez.

 

           Je n’ai pas encore entendu parler de M. l’abbé de Tolignan, quoiqu’il ait les portraits du saint Père encore dans sa poche [V* recevra le portrait de Benoit XIV, à qui il disait qu’il lisait ses œuvres ; les médailles reçues en août, il dédiera Mahomet au pape]. J’ai peur qu’il soit un peu fâché, car chacun est jaloux, à ce que je vois, de sa petite négociation [pour lui procurer les médailles ; Tolignan était un ami de Mlle du Thil amie de Mme du Châtelet ; le cardinal Acquaviva et l’abbé de Canillac s’étaient aussi entremis].

 

           Je vous prépare une fête [Le Temple de la Gloire] pour votre retour. J’y couronnerai le roi de lauriers. En attendant vous recevrez une septième édition de Lille, et voici la sixième faite à Paris, de ce petit monument que j’ai élevé à la gloire de notre monarque. Dîtes-lui-en un peu de bien et empêchez, si vous pouvez, les araignées de se manger [expression qui revient quand il est question de faire la paix en Europe].

 

 

           Eh ! bien, il pleut donc des victoires ! Le roi de Prusse bat nos ennemis [bataille de Friedberg 8 juin 1745], et fait des épigrammes contre eux. Oh ! la belle et glorieuse paix que vous ferez !

 

 

           Voltaire

           16 juin 1745 au soir. »

 

 

 

Pour les amateurs de BD, avec un relent historique pourquoi pas !Benoit xiv et ses contemporains dans de "folles" (comme les herbes sauvages, indisciplinées ) aventures.Je l'ai pas encore lue, qu'en dites-vous, si vous connaissez ?

siecle des ombres benoit XIV.jpg

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://ombres.stryg...

 

12/06/2009

Il faut amorcer le lecteur par des choses intéressantes, sans quoi on ne tient rien

Volti offrait son aide, des diamants, de l'argent, des médailles, son temps, des bols de lait  ...

Permettez-moi de vous offrir une simple fleur ...

petites-mains.jpg

 

Quelques conseils d'un expert dans l'art d'écrire et de captiver .

 

 

 

«  A François-Louis-Claude Marin

 

 

                   J’ai le capitaine Lawrence [Les mémoires du colonel Laurence, 1766, qui sont dans sa bibliothèque ; Lawrence a quitté l’Inde en 1759]. Ce n’est pas là ce qu’il me faut. Personne ne lit les détails des combats et des sièges ; rien n’est plus ennuyeux que la droite et la gauche, les bastions et la contrescarpe. J’ai de meilleurs mémoires que toutes ces minuties des horreurs de la guerre. Il faut amorcer le lecteur par des choses intéressantes, sans quoi on ne tient rien. [V* travaille sur Fragments historiques sur l’Inde où il mettra les mémoires concernant Lally Tollendal].

 

                   J’ai un Holwel [J. Z. Holwell , Interesting Historical Events, relative to the Provinces of Bengal, and the Empire of Indostan, 1766-1777] , un Scrafton [Luke Scrafton, Reflections on the Government of Indostan, 1763]. Il s’agit de faire un ouvrage attachant, une histoire qui ait l’air simple et qui touche le cœur ; point de partialité, mais beaucoup de vérité. On est perdu pour peu que l’ouvrage ait la moindre ressemblance avec un factum d’avocat [factum en faveur de Lally]. Une pareille histoire d’ailleurs doit être courte, quoique pleine ; elle doit avoir, comme une tragédie, exposition, nœud et dénouement, avec épisode agréable.

 

                   Je finirai par vous dire, mon cher correspondant : si vous voulez voir un beau tour, faites-le ; mais si vous ne le faites pas, je le ferai.

 

                   Je trouve le jugement de M. de Morangiés absurde, mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Quelque parti qu’on prît, il semble qu’il n’y a que Dieu seul qui pût juger ce procès.

 

                   Voltaire

                   A Ferney, 12 juin 1773. »