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02/08/2009

Mon miracle est d’exister

Brutalement, sans fioriture, depuis le "bouge indigne" de Ferney, "l'antre des Alpes"

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Si j’avais quelque vingt ou trente ans de moins, il se pourrait à toute force, mon cher et illustre ami, que je me partageasse entre vous et Mlle Clairon. Mais en vérité je suis trop raisonnable pour ne pas vous donner la préférence. J’avais promis, il est vrai, de venir voir à Lyon L’Orphelin chinois, et comme il n’y avait à ce voyage que de l’amour –propre, le sacrifice me parait bien plus aisé. [d’Alembert lui écrivit de Lyon que le bruit avait couru qu’il devait venir entendre la Clairon dans le rôle d’Idamé dans la nouvelle salle que Soufflot  a fait construire]. Mme Denis devait être de la partie de l’Orphelin. Elle pense comme moi, elle aime mieux vous attendre. Ceci est du temps de l’ancienne Grèce où l’on préférait à ce qu’on dit les philosophes.

 

 

                            Le bruit court que vous venez avec un autre philosophe.[Patu] Il faudrait que vous le fussiez terriblement l’un et l’autre pour accepter les bouges indignes qui me restent dans mon petit ermitage.[d’Alembert restera à Genève du 10 au 30 juillet et recueillera les informations pour écrire l’article Genève dans l’Encyclopédie, source de polémique en 1757]. Ils ne sont bons tout au plus que pour un sauvage comme Jean-Jacques, et je crois que vous n’êtes pas à ce point de sagesse iroquoise. Si pourtant vous pouviez pousser la vertu jusque là, vous honoreriez infiniment mes antres de Alpes en daignant y coucher. Vous me trouverez bien malade. Ce n’est pas la faute du grand Tronchin. Il y a certains miracles qu’on fait, et d’autres qu’on ne peut faire. Mon miracle est d’exister, et ma consolation sera de vous embrasser. Ma champêtre famille vous fait les plus sincères compliments.

 

 

                            V.

                            Aux Délices 2 août 1756. »

 

                           

01/08/2009

Qui aurait dit il y a vingt ans que Berlin deviendrait l’asile des arts, de la magnificence et du goût ?

 Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa !

Charilla, ma vaillante collègue, c'est vrai, j'ai failli te faire faire des heures minutes sup non payées.

 Je peux t'assurer que je vais suivre ta visite pour apprendre à mettre le turbo et tenir ce fichu timing d'une heure maxi !

 

Mon passé de profession libérale m'a déformé ; à son compte, généralement on ne regarde pas l'horloge pointeuse. En bon salarié respectueux je vais faire amende honorable et sabrer -(non ! pas le champagne ! )- dans la présentation de la visite, ce que j'estime nécessaire et qui peut-être, après tout, est inutile ?

Un aimable visiteur anonyme a trouvé que j'en faisais trop ! Je suis heureux d'apprendre , mais je le savais déjà, qu'il y a des gens pressés, amateurs de Reader'digest comme de fast food ! Pour cinq euros, il avait droit à une heure, malheur à celui qui déborde :

-"j'ai dit un cheeseburger avec une petite frite, un petit Coca ! Comment osez-vous , pour le même prix, me donner une grande frite ?". J'ai envie, maintenant que la frustration se dissipe de dire : "si tu n'aimes pas ça, n'en dégoûte pas les autres !"

 

Charilla, tu es jeune, tu es  l'avenir, tu es femme et impulsive ! Dieu  te garde !  سلام

Pour moi, Dieu merci, il y a Bach , comme ce qui suit , que je dédie aux pressés opressés opressants du monde entier : http://www.dailymotion.com/video/xmxex_glenn-gould-art-of...

 

 

 

 

Volti s'est décidé à aller voir Fred the II ; grand chambellan, il va devenir ... Quel travail que celui de fréquenter un roi prussien, fût-il philosophe !!!

 

 

 

           « A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville, rue des Saints-Pères à Paris

 

 

           Je mérite votre souvenir, Monsieur, par mon tendre attachement, mais Aurélie [personnage féminin de Rome sauvée] n’est pas encore digne de Catilina. Comment voulez-vous que je fasse ? Trouver tous les charmes de la société dans un roi qui a gagné cinq batailles [V* a quitté Paris vers le 25 juin pour se rendre auprès de Frédéric]; être au milieu des tambours, et entendre la lyre d’Apollon ; jouir d’une conversation délicieuse à quatre cents lieues de Paris ; passer ses jours  moitié dans les fêtes, moitié dans les agréments d’une vie douce et occupée, tantôt avec Frédéric le Grand, tantôt avec Maupertuis, tout cela distrait un peu d’une tragédie. Nous aurons dans quelques jours à Berlin un carrousel [carrousel donné les 26 et 27 août  en l’honneur de la margravine de Bayreuth, sœur de Frédéric] digne en tout de celui de Louis XIV. On y accourt des bouts de l’Europe, il y a même des Espagnols. Qui aurait dit il y a vingt ans que Berlin deviendrait l’asile des arts, de la magnificence et du goût ? Il ne faut qu’un homme pour changer la triste Sparte en la brillante Athènes. Tout cela doit exciter le génie, mais tout cela dissipe et prend du temps. Il me faudrait un recueillement extrême. J’ai ici trop de plaisir. Je vous recommande Hérode, [Hérode et Mariamne]  et le duc d’Alençon,[autre titre , autre version d’Adélaïde du Guesclin, du duc de Foix] je les mets avec mon petit théâtre [son théâtre privé de la rue Traversière où plusieurs de ses pièces ont été représentées avant son départ] sous votre protection. Si vous voyez César [Lekain qui joue César dans Rome sauvée], dites-lui, je vous en supplie, à quel point je lui suis dévoué. Je ne veux pas le fatiguer de lettres, moins je lui écris plus il doit être content de moi. Adieu digne successeur de Baron. Il n'y a que votre aimable commerce qui soit au dessus de votre déclamation. Conservez-moi votre amitié. Je vous serai bien tendrement attaché toute ma vie.

 

 

           V.

           A Potsdam (sic) 1er Août 1750. »

 

 

31/07/2009

Spécial "Aoûtiens", anti-stress, tire-bouchon

« A Pierre Guy

 

 

           Le sieur Duchesne, libraire de Paris, m’ayant demandé mon consentement pour l’impression de mes œuvres, je ne puis que lui en témoigner ma satisfaction à condition qu’il se conformera à la dernière édition de Genève, et qu’il fera soigneusement corriger les fautes d’impression.

 

 

           Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

 

 

           Fait au château de Ferney, le 31 juillet 1764. »

 

 

 

Aujourd’hui, lettre courte , homme blanc fatigué ; lui vous laisser travailler avec vos yeux sur document joint :

www.editions-stock.fr/media/Docs/historique_Stock.pdf

 

 

mexicain.jpg

 

J’ai dit avec vos yeux, mais pas oublier petits neurones dans boite à idées !...

 

 http://www.youtube.com/watch?v=vvqKXfZelZc

 

30/07/2009

les échafauds et les bordels anglais l’emportent

Aujourd'hui, sauf erreur ou omission, jour de paye que je salue comme il se doit avec ce titre qui me plait depuis toujours : Money : http://www.lastfm.fr/music/Pink+Floyd/_/Money

 

De money à monkey il n'y a qu'une lettre de différence (-argent - singe-) le passage de l'humain au singe se fait-il quand il y a de l'argent ou quand il manque ?

Vaste question !

Mais j'aime bien vous embêter parfois.

Pour ma part je vais de ce pas consulter le (maigre)solde de mon compte ("a moi, compte, deux mots !...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«  A Charles Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

           Mon cher ange, l’abomination de la désolation [évangile selon Matthieu] est dans le temple du Seigneur . Lekain, aussi en colère que vous l’êtes dans votre lettre du 24, me dit que presque toute la jeunesse de Paris est pour Le Tourneur,[traducteur et panégyriste de Shakespeare, au détriment des tragiques français] que les échafauds et les bordels anglais l’emportent sur le théâtre de Racine et les belles scènes de Corneille,bordel-11.jpg qu’il n’y a plus rien de grand et de décent à Paris que les Gilles de Londres, et qu’enfin on va donner une tragédie en prose où il y a une assemblée de bouchers qui fera un merveilleux effet [Maillard ou Paris sauvée, de Sedaine, qui ne fut pas jouée à la Comédie Française]. J’ai vu finir le règne de la raison et du goût. Je vais mourir en laissant la France barbare, mais heureusement vous vivez, et je me flatte que la reine ne laissera pas sa nouvelle patrie, dont elle fait le charme, en proie à des sauvages et à des monstres. Je me flatte que M. le maréchal de Duras ne nous aura pas fait l’honneur d’être de l’Académie pour nous voir manger par les Hottentots. Je me suis quelquefois plaint des Welches, mais j’ai voulu venger les Français avant de mourir. J’ai envoyé à l’Académie un petit écrit,[Lettre … à l’Académie française lue dans cette Académie à la solennité de la saint Louis le 25 août 1776] dans lequel j’ai essayé d’étouffer ma juste douleur, pour ne laisser parler que ma raison. Ce mémoire est entre les mains de M. d’Alembert, mais il me semble que je ne dois le faire imprimer qu’en cas que l’Académie y donne une approbation un peu authentique. Elle n’est pas malheureusement dans cet usage.[en l’envoyant à d’Alembert le 26 juillet, V* avait écrit :  « Voyez si vous pourrez, et si vous oserez m’écrire une lettre ostensible, un mot de votre secrétairerie, en réponse de ma requête. »] Voilà pourtant le cas où elle devrait donner des arrêts contre la barbarie. Je vais tâcher de rassembler les feuilles éparses dans ma minute pour vous en faire tenir une copie au net. Je sais que je me faire de cruels ennemis, mais peut-être un jour la nation me saura gré de m’être sacrifié pour elle.

 

 

           Secondez ma faiblesse, mon cher ange, et mettez-moi à l’ombre de vos ailes.

 

 

           V.

       30è juillet 1776. »     

 

29/07/2009

festival Pan Africain ou l'Afrique (Noire et Blanche ) transparente, invisible ...

C'est aujourd'hui, ce matin, qu'il est fait état d'une broutille, une vétille, une poussière d'évenement, "une chiure de mouche" comme disait mon papa : LE FESTIVAL PAN AFRICAIN, deuxième du nom ; heureux d'apprendre son existence alors qu'il est terminé depuis plus de huit jours .

C'est vrai que le Tour de France est un "spectacle culturel " de renommée mondiale et que le nombril du monde est parisien. Que pèse de son côté le continent africain, patrie des premiers hommes ? Le poids d'une cacahuète salée d'apéritif avec le pastis !

Honte à moi et aux journaleux !

Je n'ose pas croire que c'est parce qu'il avait lieu à Alger qu'il n'a été , en tout cas à mes yeux, connu que d'un monde cultivé réduit ; le grand public est resté sur la touche encore une fois .

Voyez-vous même :

http://images.google.fr/images?hl=fr&q=festival+panaf...

Et comme ce sont des gens qui ont de l'humour, n'en déplaise à certains :

festival pan africain blague.jpg

La théorie de la relativité , -plus on va vite, plus le temps est court-, est encore valable en ce temps de "far niente". Vite distrayons-nous, vite oublions les autres et contemplons ce nombril généreusement offert sur toutes les plages.

Nombrils.jpg

  Lettre du 29 juillet 1775 suit ....

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

           Vous ferez assurément une très  bonne action, mon cher philosophe, d’écrire au roi de P[russe] et de lui donner cent coups d’encensoir,[pour ce qu’il fait pour d’Etallonde et la manière dont il le fait] qui seront cent coups d’étrivières pour les assassins de nos deux jeunes gens. Soyez sûr que l’homme en question sera encouragé par vos éloges ; il les regardera comme des récompenses de la vertu, et il s’efforcera d’être vertueux, surtout quand il ne lui en coûtera rien, ou que du moins il n’en coûtera que très peu de chose ; il mettra sa gloire à réparer les crimes des fanatiques et à faire voir qu’on est plus humain dans le pays des Vandales que dans celui des Welches.

 

 

           Le mémoire de d’Etallonde [d’Etallonde n’envoyait sa requête qu’à Turgot et ne savait pas s’il devait la faire présenter à Maurepas et à Miromesnil] est trop extrajudiciaire pour envoyer à tout le Conseil. D’ailleurs on ne fera jamais rien pour lui en France ; et il peut faire une fortune honnête en Prusse ; il la fera si vous fortifiez le roi son maître dans ses bons desseins ; il est comme Alexandre qui faisait tout pour être loué dans Athènes. Soyez persuadé que ce sera à vous que mon pauvre jeune homme devra son bien être. Je le  ferai partir pour Potsdam dès que vous aurez écrit.

 

 

           Je viens de lire Le Bon sens [du baron d’Holbach : Le Bon Sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles, 1772 ; attribué à V* qui réagira]: il y a plus que du bon sens dans ce livre ; il est terrible. S’il sort de la boutique du Système de la Nature,[la page de titre porte « par l’auteur du Système de la nature »] l’auteur s’est bien perfectionné.[voir réaction de V* au Système de la nature et sa réponse, « respectueuse remontrance à cet éloquent athée » dans le billet à Cramer vers le 5 juin 1770]. Je ne sais si de tels ouvrages conviennent dans le moment présent et s’ils ne donneront pas lieu à nos ennemis de dire : voilà les fruits du nouveau ministère. Je voudrais bien savoir si les assassins du ch[evalie]r de La Barre ont donné quelque arrêt contre le Bon  Sens.

 

 

           Votre bon sens, mon cher ami, tire très habilement son épingle du jeu. Vous avez raison de ne jamais vous compromettre. Il faut aussi que les deux Bertrands prennent toujours pitié des pattes de Raton ; il faut qu’on laisse mourir le vieux Raton en paix. Il y a une chose qu’il préfèrerait à cette paix, ce serait de vous embrasser avant de quitter ce monde.

 

 

           V.

           A Ferney ce 29è juillet 1775. »

 

28/07/2009

Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille

 

http://www.youtube.com/watch?v=F-rWf2PMHbw&feature=re...

 

Volti a encore frappé fort et j'ose le souhaiter n'a pas été qu'un sujet d'intéret touristique . Je m'explique : ce jour nous avons reçu une délégation officielle (d'un grand pays, très grand pays , inventeur de la porcelaine, d'où le clip précédent!), qui laisse un bon souvenir. Son élément principal, homme cultivé et agréable accompagné de son épouse, a beaucoup apprécié la visite conduite par Eilise et a l'intention de revenir. Il sera le bienvenu , c'est un poête, qui connait le français, l'anglais et jouait gentiment le rôle d'interprête auprès de son épouse. Puisse-t-il appliquer le plus souvent possible les idées généreuses de Voltaire, c'est notre voeu le plus cher ....

 

 

Volti, tu défends bec et ongle ton enfant , jeune Pucelle, que tu mis vingt ans à mettre au monde (tu dis trente, qui dit mieux ! ;-)): longue grossesse, accouchement difficile, présentation par le saint siège, tentative de version, forceps, césarienne , et sans anesthésie ! Je comprends que tu hurles "au charron" .

Sachez que cette Pucelle constitue ma récréation . N'appelez pas la police, je ne la touche que des yeux et je ris . Concentré de malice, voilà ce qu'elle est .

 Je vous invite à le vérifier : http://books.google.fr/books?id=bXYDefqNRGQC&dq=la+pu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

 

           Je ne suis pas excessivement dans les délices, mon cher et respectable ami ; toute cette aventure de Jeanne d’Arc est bien cruelle. Le porteur [son secrétaire Collini, envoyé à Paris] vous remettra mon ancienne copie. Vous la trouverez assurément plus honnête, plus correcte, plus agréable [le 6 juillet, V* écrit : qu’ « on trouve ici (l’ouvrage) très joli, très gai, et point scandaleux. On dit que les contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et quand on rit on ne se fâche point. »]  que les manuscrits qu’on vend publiquement. Je vous supplie d’en faire tirer une copie pour Mme de Fontaine, d’en laisser prendre une à Thiriot, et de permettre à vos amis qu’ils la fassent aussi copier pour eux. C’est le seul moyen de prévenir le péril dont je suis menacé. On s’est avisé de remplir toutes les lacunes de cet ouvrage commencé il y a plus de trente années. On y a ajouté des tirades affreuses. Il y en a une contre le roi. Je l’ai vue. Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille. [des vers assez proches sont annotés par V* dans les marges de la copie de La Pucelle «  Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »: « …Dort en Bourbon la grasse matinée / …. Et quand saint Louis, là-haut mon compagnon / M’a prévenu qu’un jour certain Bourbon / M’en donnerait à pardonner bien d’autres » Chant I, vers 320 sq.]

 

 

C’est dormir à la Bourbon la grasse matinée

C’est… saint Louis le bon apôtre

A Louis XV en pardonne bien d’autres.

Les Richelieux le nomment maquereau.

[il ne manquera pas de citer ce vers à Richelieu le 31 juillet et d’ajouter « Les La Beaumelle, les Fréron et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rhapsodie sont prêts, dit-on de les faire imprimer. »]

 

 

 

           Figurez-vous tout ce que les halles pourraient mettre en rimes. Enfin on y a fourré plus de cent vers contre la religion qui semblent faits par le laquais d’un athée.

 

 

           Ce coquin de Grasset dont je vous dois la connaissance a apporté ce beau manuscrit à Lausanne. J’ai profité de vos avis, mon cher ange, et les magistrats de Lausanne [Grasset travaillait chez l’imprimeur Bousquet à Lausanne] l’ont intimidé. Il est venu à Genève ; et là, ne pouvant faire imprimer cet ouvrage, il est venu chez moi me proposer de me le donner pour cinquante louis d’or. [Grasset dit que c’est V* qui l’envoya chercher. Il lui demanda d’aller voir la personne qui possédait le manuscrit. Celle-ci lui dit qu’on pouvait l’acheter 50 louis ; qu’il « provenait d’une copie que M. de Voltaire avait vendue 100 louis au prince royal de Prusse et que l’ayant donnée à copier à un secrétaire infidèle, celui-ci en avait fait une copie pour lui et l’avait vendue au possesseur actuel 100 ducats ». Grasset copie dix-sept lignes impies comme pièce à conviction, conformément aux instructions de V*. Il les lui apporta, lui demandant de faire faire une copie et de lui rendre la feuille écrite de sa main. V* promit ; mais, une fois en possession du papier, il refusa de le rendre et prit au collet Grasset en l’accusant d’avoir composé le manuscrit. Grasset dut finalement mettre la main à l’épée pour se libérer de V* et de ses gens, et il alla se plaindre aux autorités. Il avoue toutefois qu’il a fait une seconde copie des dix-sept lignes destinée, dit-il à Bousquet « sans autre vue que de (le) ce voulons pas d’un homme de cette pièce ».] Je savais qu’il en avait déjà vendu plus de six copies manuscrites. Il en a envoyé une à M. de Bernstof, premier ministre en Danemark. Il m’a présenté un échantillon, et c’était juste un de ces endroits abominables, une vingtaine de vers horribles contre Jésus-Christ. Ils étaient écrits de sa main. Je les ai portés sur le champ au résident de France. Si le malheureux est encore à Genève, il sera mis en prison, mais cela n’empêchera pas qu’on ne débite ces infamies dans Paris, et qu’elles ne soient bientôt imprimées en Hollande. Ce Grasset m’a dit que cet exemplaire venait d’un homme qui avait été secrétaire ou copiste du roi de Prusse, et qui avait vendu le manuscrit cent ducats. Ma seule ressource à présent, mon cher ange, est qu’on connaisse  le véritable manuscrit composé il y a plus de trente ans, tel que je l’ai donné à Mme de Pompadour, à M. de Richelieu, à Mme de La Vallière, tel que je vous l’envoie. Je vous demande en grâce ou de le faire copier ou de le donner à Mme de Fontaine pour le faire copier. Je vous prie qu’on n’épargne point la dépense. J’enverrai à Mme de Fontaine de quoi payer les scribes. Si vous avez cet infâme chant de l’âne qu’on m’attribue, il n’y a qu’à le brûler. Cela est d’une grossièreté odieuse, et indigne d’être dans votre bibliothèque. En un mot, mon cher ange, le plus grand service que vous puissiez me rendre est de faire connaitre l’ouvrage tel qu’il est, et de détruire les impressions que donne à tout le monde l’ouvrage supposé.

 

 

           Je vous embrasse tendrement et je me recommande à vos bontés avec la plus vive insistance.

 

 

P.S.- On vient de mettre ce coquin de Grasset en prison à Genève. On devrait traiter ainsi à Paris ceux qui vendent cet ouvrage abominable.

 

 

           Voltaire

           Aux Délices 28 juillet 1755. »

27/07/2009

En attendant j’applique mille baisers aux seins ronds, aux fesses enchanteresses

Mais que font les services municipaux ?

Comment osent-ils laisser courir un croulant s'écroulant ? Pourquoi ne lui-ont-il pas apporté la bonne parole, celle que tout établissement recevant du public doit afficher à son entrée avertissant des risques dus à la chaleur : deshydratation, malaises et tutti quanti ?

Nicolas, rassure-moi ! Tu vas bien ?

Oui, tu es sûr ? C'est vrai que tu n'es pas tombé de bien haut, il n'y a pas de talonnettes aux baskets !

 

Bon, oublions ce presque drame et saluons la célérité des secours .

Au fait, pendant que j'y pense, quel garde républicain est désigné pour faire le bouche-à-bouche si besoin ? Ah ! oui, le grand moustachu ! Plus envie de tomber dans les pommes maintenant Nicolas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Volti est en passe de se faire prendre sa maitresse préférée ! Va-t-il craquer ? Non, il semble bien connaitre son "oiseau" et sa "prudence"...En tout cas, à cinquante quatre ans, il pête encore le feu ce Volti !

 

 

 

 

 

«  A Marie-Louise Denis

Rue du Bouloir à Paris.

 

 

           Ma chère enfant, j’ai bien de la peine à revenir malgré le plus austère régime. Passe encore si on n’était puni que de ses fautes, mais n’avoir rien à se reprocher et souffrir, questo e l’diavolo. Venons à votre affaire. Elle m’intéresse plus que ma santé. Faut-il que nous ne vivions pas ensemble et que je ne puisse vous tenir lieu de votre commandant de Lille ?[projet de mariage de Mme Denis] Je ferai, je vous le jure, un violent sacrifice quand il faudra contraindre mon cœur à vous laisser aller en Flandres. Je serai réduit à souhaiter que ce commandant là laisse bientôt une place vacante. Je ne me consolerai qu’en cas que son testament suive de près son contrat de mariage. Au reste je m’en rapporte sur la conclusion à votre prudence. Vous ne ferez rien sans être bien assurée d’un grand avantage. Eh ! bien, ma chère enfant, j’irai vous voir dans votre royaume. Mais votre transplantation sera-t-elle si prochaine ? Je me flatte que ma santé me permettra de venir vous voir bientôt à Paris. Vous serez la seule raison de mon voyage. Sémiramis en sera le prétexte en  cas qu’elle ait quelque succès. Le roi a la bonté de me donner une décoration qui coûtera quinze mille francs. Autant j’en suis flatté, autant je crains que cette distinction n’aiguise les dents de l’envie. Je crois qu’au moins la pièce sera bien jouée. Il faudra que vous en voyiez une répétition avec votre vieux commandant prétendant. Faites moi ce plaisir, chère enfant, et dites moi votre avis sur cette décoration, et sur le jeu des acteurs. Vous me parlez de ce petit ouvrage  que je vous ai lu en manuscrit. Savez-vous bien que Crébillon l’avait refusé à l’approbation comme un ouvrage dangereux ? Ce pauvre homme a perdu le peu de raison qu’il avait. Je crois que depuis M. Pallu, intendant de Lyon, l’a fait imprimer, et peut-être y en a-t-il à présent des exemplaires à Paris. Mais le monde est aussi tiède sur les panégyriques [Panégyrique de Louis XV] que Crébillon est déraisonnable, et probablement cette brochure n’étant pas annoncée n’aura pas grand cours. Tenons-nous en à Sémiramis et qu’elle réussisse. Je vous la recommande. Si elle est bien reçue à la première représentation, vous me verrez probablement à la quatrième. Je dois d’ailleurs remercier le roi. Mais je ne viendrai, que pour vous et se il povero stato della mia salute me lo permesse mi gittarai alle vostre genochia et baccarei tutte vostre Belta. In tanto io figo mile baccii alle tonde poppe, alle trasportrici natiche e tutta vostra persona che m’ha fatto tante volte rizzare e m’ha annegato in un fiume di delizie.[« et si le malheureux état de ma santé me le permet, je me jetterai à vos genoux et je baiserai toutes vos beautés. En attendant j’applique mille baisers aux seins ronds, aux fesses enchanteresses, à toute votre personne qui m’a si souvent fait bander et m’a plongé dans un fleuve de délices. »]

 

 

           V.

           A Commercy ce 27 juillet 1748. »

 

 

 

 

 

 

Advienne que pourra, j'ose vous rapporter les paroles du poême de Volti qui a inspiré le grand Georges deux siècles plus tard ;[lettre posthume à James, 27 juillet 1778] je vous laisse juges !

 

   

 

Quand j'pense à Marie-Louise

J'en oublie ma marquise

Exquise

Quand j'pense à la Geoffrin

J'ai encore faim

Quand j'pense à ma Pimpette

J'referme ma braguette

Et quand j'pense au grand Luc

Là je protège mon cul .

 

 

   

http://www.dailymotion.com/video/xkbwn_georges-brassens-f...