14/08/2021
On vous en donne avis
... Banksy -dont je suis fan- nous informe et montre ses dernières oeuvres :
https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/3102747-20210...
Du talent , génial : ce tableau exposé dans un hôpital britannique sera vendu au bénéfice du service de santé .
Je suis admiratif du travail des street artists : https://www.graffitiartmagazine.com/
« A Jean Ribote-Charron
à Montauban
23 mai 1766 1
La personne, monsieur, à qui vous aviez adressé l’éloge de Mme Lavaysse, vous en envoya quinze exemplaires par le dernier, à l’adresse de M. Baudinot. On vous en donne avis. Et si vous avez reçu le paquet on vous enverra les autres choses que vous avez demandées. »
1 Sur le fond de cette lettre, voir la lettre du 1er mai 1766 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/25/le-bon-parpaillot-paiera-ce-qu-on-voudra.html
et voir Bulletin de la Société de l’histoire du Protestanisme français ; Paris, 1856, page 245 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65746n/f253.item
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quand on a affaire à des esprits effarouchés et inquiets, on s’expose à voir les démarches les plus simples et les plus honnêtes produire les soupçons les plus injustes
... Tu vois juste mon cher Voltaire, et ce n'est pas une consolation de voir que ce n'est pas une exclusivité française , la mauvaise volonté se fait volontiers universelle . Que la fièvre quarte emporte les influenceurs ahuris et leurs followers décérébrés !
https://zaitchick.blogspot.com/2021/01/vaccin-connecte.html
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
23è mai 1766 1
J’aime beaucoup mieux, mes divins anges, vous parler des proscriptions de Rome que des tracasseries de Genève, qui probablement vous ennuient beaucoup. Mon petit ex-jésuite craint qu’il n’en arrive autant aux tracasseries de Fulvie. Il y avait longtemps qu’il était embarrassé de cette Fulvie et de ce petit Pompée, qui manquaient tous deux leur coup au même moment. Nous avions sur cela, l’un et l’autre, beaucoup de scrupule. Enfin nous avons changé cet endroit, et je crois que nous nous sommes tirés d’affaire assez passablement. Nous avons soigné le style autant que nous l’avons pu. Nous sommes assez contents des notes, qui nous paraissent instructives et intéressantes pour ceux qui aiment l’histoire romaine. Nous retouchons la préface, ou plutôt nous laccourcissons beaucoup. Nous comptons, dans quinze jours, soumettre le tout à votre tribunal ; mais nous sommes persuadés que ce ne sera qu’à la longue que l’ouvrage pourra parvenir, je ne dis pas à être goûté, mais un peu connu, du public.
Nous avons en vue un petit libraire 2 qui pourra donner cent écus à Lekain et si nous les obtenons, nous croirons en avoir tiré un bon parti ; mais nous ne voulons rien faire sans votre approbation .
Les affaires de Genève ne fourniront jamais un sujet de tragédie, pas même celui d’une farce. Vous savez que j’ai toujours été extrêmement éloigné de jouer ma partie dans ce tripot ; vous savez que, dès que vous eûtes la bonté de m’envoyer la consultation de votre avocat, je la remis à M. Hennin dès le moment de son arrivée ; je ne voulais que la paix, sans prétendre à l’honneur de la faire. Il est bien ridicule que j’aie eu depuis des tracasseries pour un compliment 3 ; mais quand on a affaire à des esprits effarouchés et inquiets, on s’expose à voir les démarches les plus simples et les plus honnêtes produire les soupçons les plus injustes. Je vous prédis encore que jamais on ne parviendra à la plus légère conciliation entre les esprits genevois. On pourra leur donner des lois, mais on ne leur inspirera jamais la concorde. Je ne change point d’opinion sur la manière dont toute cette affaire doit finir : mais je me garde bien de vous presser d’être de mon avis.
Je compte toujours sur la protection de MM. de Praslin et de Choiseul, dont je vous ai l’obligation, et c’est une obligation assez grande. J’attendrai tranquillement la décision des plénipotentiaires ; et, quelque intéressé que je sois, par bien des raisons, à l’arrêt qu’ils doivent rendre, je ne chercherai pas même à pressentir leur manière de penser. Je voudrais trouver un moyen de vous envoyer la petite collection qu’on a faite des lettres de Baudinet et de M. Covelle 4. Cela me paraît plus amusant que les querelles sur le droit négatif. Je vous jure, avec un ton très-affirmatif, mes chers anges, que vos bontés font la consolation et le charme de ma vie.
V.»
1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais est amputée du deuxième paragraphe biffé sur la copie .
2 Lacombe ; voir lettre du 5 mai 1766 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/27/o...
3 Voir lettre du 30 avril 1766 à Taulès: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/22/j...
4 Collection des Lettres sur les miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles...
00:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/08/2021
c’est la cause de la nation, c’est celle de la tolérance, c’est le combat de la raison contre le fanatisme
... Entendez-vous anti-vax bornés et dangereux ? Vous n'avez pas encore compris en voyant la situation d'outre-mer où la croyance en l'irrationnel mène à la tombe ? Le mensonge au service de la trouille que vous diffusez est criminel . Continuez à manifester : 250 000 bas de plafond attendus sur 200 villes ! Vous vivrez les prémices de votre disparition après votre quart d'heure de célébrité télévisé . RIP .
https://www.mesapress.com/opinion/2019/05/09/anti-vaxxers...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
21è mai 1766 1
Mon cher Cicéron, je suis pénétré de vos attentions, et très affligé de la maladie que vous avez essuyée. Je vous félicite de n’avoir point été chargé de la cause de Lally, qui a été si malheureuse. Vous n’êtes fait que pour les triomphes. J’augure très bien du procès de M. de La Luzerne, puisque vous l’avez entrepris 2. Quant à celui des Sirven, le mémoire paraîtra toujours assez tôt pour faire un très grand effet dans le public. Ce public est toujours juge en première et dernière instance. Un mémoire attachant, éloquent, bien raisonné, le persuade ; et quand le cri public s’élève et persévère, il force les juges à faire justice. D’ailleurs, ce mémoire pour les Sirven ne se borne pas à une seule famille . Tous les pères de famille y sont intéressés ; c’est la cause de la nation, c’est celle de la tolérance, c’est le combat de la raison contre le fanatisme. Vous écrasez la dernière tête de l’hydre. Enfin je suis toujours persuadé que votre factum mettra le sceau à la grande réputation que vous vous êtes déjà faite. Je ne sais quel sentiment m’intéresse davantage, ou la pitié pour les Sirven, ou mon zèle pour votre gloire.
Mille respects à votre illustre et aimable compagne.
V. »
1 Le même jour, Mme Du Deffand écrit à Walpole à propos de Voltaire : « Ah ! Quel esprit m'a-t-il donné, celui qui fait qu'on ne peut être ni content de soi ni des autres ! »
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Les tracasseries de Genève continuent toujours . Je crois qu’on ne s’en soucie guère à Paris
... Et pourtant, Mme Hidalgo voici un modèle selon votre coeur de bienfaitrice :
https://www.geneve.ch/fr/actualites/defi-quotidien-entret...
La poutseuse en chef
« A Etienne-Noël Damilaville
21 mai 1766 1
En réponse à votre lettre du 15, mon cher ami, je vous dirai que je viens de lire l’article 2 dont vous m’avez parlé ; tout mon petit troupeau et moi, nous en sommes transportés. J’ai fait l’acquisition, dans mon bercail, d’un jeune avocat qui est notre bailli 3, et qui est homme à plaider vigoureusement contre les intolérants.
Le buste en ivoire 4 d’un homme très-tolérant partit à votre adresse le 13 de ce mois. Il est vrai que c’est un vieux et triste visage, mais ce morceau de sculpture est excellent.
Je ne sais si vous avez lu une Vie de Henri IV, par un M. de Bury, qui s’est avisé, je ne sais pourquoi, de comparer notre héros à Philippe, roi de Macédoine, auquel il ne ressemble pas plus qu’à Pharaon. Je vous ai déjà dit que cet homme s’était déchaîné dans sa préface contre le président de Thou. Nous avons trouvé un vengeur 5 . Un de mes amis s’est chargé de la cause de de Thou contre Bury. Il a inséré dans cette défense quelques anecdotes assez curieuses. Je crois que cet ouvrage peut s’imprimer à Paris. Je le ferai transcrire, je vous l’enverrai, et vous en pourrez gratifier l’enchanteur Merlin.
Croyez-vous qu'en effet M. de Calas vienne faire un tour à Genève ?
Voici un petit mot pour son défenseur et celui des Sirven . Nos pauvres Sirven trouveront la pitié du public bien épuisée ; mais enfin nous serons contents si nous obtenons quelque justice . J'espère toujours que le factum de M. de Beaumont sera un chef-d’œuvre et un coup terrible porté au fanatisme .
J'attends les mémoires pour et contre Lally et le factum pour M. de La Luzerne 6. J'attends surtout le Fréret dont vous m'avez tant parlé .
Je n’ai point encore pu parvenir à me procurer un exemplaire du Philosophe ignorant 7. On dit qu’il est imprimé à Londres. Dès que je l’aurai, je ne manquerai pas de vous le faire parvenir.
Les tracasseries de Genève continuent toujours . Je crois qu’on ne s’en soucie guère à Paris, et je commence à ne m’en plus soucier du tout. Genève est une grande famille qui faisait fort mauvais ménage, et à qui le roi a fait beaucoup d’honneur en daignant lui envoyer un plénipotentiaire ; mais il sera aussi difficile d’inspirer la paix 8 aux Genevois que de remplacer Mlle Clairon à Paris.
Je vous prie, mon cher ami, de vouloir bien envoyer vingt-et-une livres à M. Duclos pour ma quote-part du service que nous avons fait pour monseigneur le dauphin . Il me semble que c'est une dette sacrée dont je dois m'acquitter au plus vite . Je vous aurai bien de l'obligation . Votre amitié sert dans toutes les occasions à la consolation de ma vie ; vous ne sauriez croire à quel point je vous regrette .
Il faut que je vous dise encore que M. le chevalier de Neuville, à qui vous avez eu la bonté d’envoyer à Angers une édition de mes œuvres, ne l'a point reçue ; le paquet devait être adressé, autant qu'il m'en souvient, à M. de Foureau, libraire à Angers . Je me flatte que M. Thomas a reçu le sien, mais pour celui de Racine, je crois que les éditeurs se sont moqués de nous . Je suis bien fâché qu'on n'ait pas commenté ce grand homme .
Ayez encore la charité, je vous en prie, de faire parvenir ce petit billet à Du Molard qui dit que vous savez sa demeure, laquelle j'ignore parfaitement . »
1 Copie contemporaine Darmstadt B., incomplète du début de l'avant-dernier paragraphe, Il faut que je vous dise […] Angers .
2 Sur le manuscrit, ce mot est suivi de tolérance, qui est une glose d'éditeur .
3 Ce bailli est Christin, voir lettre du 12 mai 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/31/tout-cet-affreux-desert-s-est-change-en-paradis-terrestre-6329903.html
5 Voltaire lui-même, dans son opuscule intitulé le Président de Thou justifié ; voir https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Pr%C3%A9sident_de_Thou_justifi%C3%A9/%C3%89dition_Garnier
6 Henri-Gabriel de Briqueville, comte de La Luzerne, ayant pour adversaire Charles-Joseph Mauger de La Maugerie, aux démêlés durant de 1764 à 1780 . Voir : https://books.google.fr/books/about/Requ%C3%AAte_%C3%A0_M_le_lieutenant_g%C3%A9n%C3%A9ral_de.html?id=ks1BQwAACAAJ&redir_esc=y
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6552979w.r=cardinal+de+richelieu.langFR.textePage
8 Mot remplacé par concorde dans les éditions suivant la copie Beaumarchais-Kehl .
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12/08/2021
on s'est trompé, on a pris une copie pour une autre
... De ce fait, veuillez annuler l'obligation du contrôle technique pour les deux roues motorisés, [et in petto] au moins jusqu'après les élections présidentielles " précise Emmanuel Macron , sans autre explication ni commentaire ( inutiles, on le sait, il n'est pas temps de perdre de précieux électeurs .
https://www.francetvinfo.fr/societe/securite-routiere/le-...
Les deux roues ? Yo man, je touche ma bille ! Hell's angel à donf !
Y a pas de roues sur un jet ski ? depuis quand ?
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 mai 1766]
Inveni illam praeclaram orationem funebrem quam mihi amicus miserat .1
Mais ayez pour agréable de me renvoyer le manuscrit qu'on vous a porté ce matin ; on s'est trompé, on a pris une copie pour une autre . Je vous remettrai le tout ensemble demain matin .
Quant au petit billet de M. le d. d. C.2 – tâchez je vous prie que ceux qui ont servi ne soient pas compromis . On ne peut ni ne doit s'opposer aux bontés de M. le D., si on s'y jouait on s'en trouverait très mal, mais il ne faut pas que je sois brouillé avec – pour avoir rendu service . Il me semble que quelque bonne tête devrait avoir la bonté de venir conférer avec moi .
J'ajoute qu'il serait bien étrange qu'on eût exigé de moi cette démarche et qu'on ne fût pas sûr du conseil – e viva . »
1 J'ai trouvé cette fameuse oraison funèbre que mon ami m'avait envoyée . Il doit s'agir de l’œuvre de Thomas mentionnée à propos de la lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html
2 Lettre de Choiseul signalée dans la lettre du 18 mai 1766 à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/08/index.html
19:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
Des animosités, des aigreurs réciproques, de l’orgueil, de la vanité, de petits droits contestés, ont brouillé tous les corps de l’État pour jamais
... Constat voltairien, constat constant de nos jours . Egalité et fraternité, où êtes-vous ?
Serein, bande de serins !
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
[vers le 18 mai 1766] 1
Mon colonel, mon protecteur Messala 2,
C’est pour le coup que je me jette très sérieusement à vos pieds ; ayez la bonté de lire jusqu’au bout.
Je vous dois tout, car c’est vous qui avez rendu ma petite terre libre ; c’est vous qui avez marié Mlle Corneille, et qui avez tiré son père de la misère par les générosités du roi et les vôtres, et celles de Mme la duchesse de Gramont.
C’est par vous que mon désert horrible a été changé en un séjour riant ; que le nombre des habitants est triplé, ainsi que celui des charrues, et que la nature est changée dans ce coin, qui était le rebut de la terre. Après ces bienfaits répandus sur moi, vous savez que je ne vous ai rien demandé que pour des Genevois ; car que puis-je demander pour moi-même ? je n’ai que des grâces à vous rendre.
Jean-Jacques Rousseau seul a troublé la paix de Genève et la mienne ; Jean-Jacques, le précepteur des rois et des ministres, qui a imprimé, dans son Contrat insocial, qu’il n’y a, à la cour de France, que de petits fripons qui obtiennent de petites places par de petites intrigues 3 , Jean-Jacques, qui veut que l’héritier du royaume épouse la fille du bourreau 4, si elle est jolie ; Jean-Jacques, qui s’imagine follement que j’avais engagé le conseil de Genève à le proscrire ; Jean-Jacques, qui s’appuya d’un colonel réformé au service de Savoie, et pensionnaire d’Angleterre, nommé M. Pictet, pour commencer, sur cet unique fondement, la guerre ridicule que Genève fait à coups de plume depuis deux années.
Peut-être les Genevois, honteux d’un si impertinent sujet de discorde, n’ont osé avouer cette turpitude à M. le chevalier de Beauteville ; et moi, qui ne peux sortir et qui passe la moitié de ma vie dans mon lit et l’autre en robe de chambre, je n’ai pu instruire monsieur l’ambassadeur de ces fadaises dans le peu de temps qu’il a bien voulu me donner quand il a daigné venir voir ma retraite.
À la mort de M. de Montpéroux, toutes les têtes de Genève étaient dans une fermentation d’autant plus grande qu’il n’y avait en vérité aucun sujet de querelle. Des animosités, des aigreurs réciproques, de l’orgueil, de la vanité, de petits droits contestés, ont brouillé tous les corps de l’État pour jamais. Quelques personnes du conseil, plusieurs principaux citoyens, vinrent me trouver . Je leur proposai de venir tous dîner chez moi souvent, et de vider leurs querelles gaiement, le verre à la main. Comme ils disputaient alors sur des questions de loi qui sont survenues, ou plutôt qu’on a fait survenir, j’envoyai un mémoire 5 à des avocats de Paris, et je reçus une consultation fort sage.
M. Hennin arriva ; je lui remis la consultation, et je ne me mêlai plus de rien.
Les natifs de Genève vinrent me trouver, il y a quelques jours, et me prièrent de leur faire un compliment qu’ils devaient présenter à messieurs les médiateurs . Je ne pus ni ne dus refuser cette légère complaisance à trente personnes qui me la demandaient en corps . Un compliment n’est pas une affaire d’État. Ils revinrent après me communiquer une requête qu’ils voulaient donner à messieurs les plénipotentiaires ; je leur recommandai de ne choquer ni leurs supérieurs ni leurs égaux. Je n’ai eu aucune autre part aux divisions qui agitent la petite fourmilière. Je demeure à deux lieues de Genève ; j’achève mes jours dans la plus profonde retraite. Il ne m’appartient pas de dire mon avis, quand des plénipotentiaires doivent décider.
Soyez donc très persuadé, mon protecteur, qu’à mon âge je ne cherche à entrer dans aucune affaire, et surtout dans les tracasseries genevoises.
Mais je dois vous dire que, mes petites terres étant enclavées en partie dans leur petit territoire, ayant continuellement des droits de censive, et de chasse, et de dîme à discuter avec eux, ayant enfin du bien dans la ville, et même un bien inaliénable, j’ai plus d’intérêt que personne à voir la fourmilière tranquille et heureuse ; je suis sûr qu’elle ne le sera jamais que quand vous daignerez être son protecteur principal, et qu’elle recevra des lois de votre médiation permanente. Je vous conjure seulement de vouloir bien avoir la bonté de recommander à M. de Beauteville votre décrépite marmotte, qui vous adorera du culte d’hyperdulie 6 tant que le peu qu’il a de corps sera conduit par le peu qu’il a d’âme.
Monseigneur sait-il ce que c’est que le culte d’hyperdulie ? Pour moi, il y a soixante ans que je cherche ce que c’est qu’une âme, et je n’en sais encore rien.
V.
Ah ! si j’osais, je vous supplierais d’engager M. de Beauteville à demeurer, en vertu de la garantie, le maître de juger toutes les contestations qui s’élèveront toujours à Genève. Vous seriez en droit d’envoyer un jour, à l’amiable, une bonne garnison pour maintenir la paix, et de faire de Genève, à l’amiable, une bonne place d’armes quand vous aurez la guerre en Italie. Genève dépendrait de vous à l’amiable ; mais 7»
1 Minute autographe datée « février 1766 » par une autre main, suivie par les éditions ; l'édition de Kehl procède de la minute . V* répond à une lettre du 12 mai 1766 de Choiseul, d'où la date proposée . Choiseul précise : « Ne vous mêlez point de toute cette querelle […] Ne parlez point de ma lettre […] . Je m'étais imposé de ne pas vous écrire tant que cette affaire durerait, mais au fond, parce que Genève se perd, est-il juste que j'aie l'air d'oublier mon ami qui me promet d'être discrète ? »
Beuchot , lui, note : « Dans une récente édition des Œuvres de Voltaire, on a placé cette lettre au mois de novembre. Les éditeurs de Kehl l’avaient mise en février, et je m’en tiens à leurs dispositions. » et Garnier note dans son édition : « — Cette lettre à Choiseul doit avoir été écrite vers le même temps que le n° 6269 [12 février 1766 à d'Argental], plutôt que huit mois après. »
2 Marcus Valerius Messala Corvinus, homme de guerre et protecteur des arts : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcus_Valerius_Messalla_Corvinus
3 Le Contrat social , III, 6 ; voici ce que Rousseau y écrit : « […] ceux qui parviennent dans les monarchies ne sont le plus souvent que de petits brouillons, de petits fripons, de petits intrigants, à qui les petits talents, qui font dans les cours parvenir aux grandes places, ne servent qu'à montrer au public leur ineptie aussitôt qu'ils y sont parvenus. »
4 Émile, livre V. et voir lettre du 1er mai 1766 à Taulès : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/24/malade-ne-pouvant-sortir-et-m-amusant-a-me-faire-batir-un-petit-tombeau-for.html
5 Voir les lettres du 27 novembre 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/20/quand-je-leur-ai-envoye-un-plan-qui-n-est-pas-un-plan-de-tra-6304668.html
du 14 décembre 1765 à d'Argental: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/08/je-souhaite-passionnement-que-les-parlements-puissent-avoir-6308367.html
du 17 décembre 1765 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/11/j-ai-bu-aujourd-hui-a-votre-sante-dans-ma-masure-de-ferney.html
6 Nouvel emploi de ce mot rencontré à plusieurs reprises notamment dans les lettres aux d'Argental .
7 Le manuscrit finit ainsi, comme toutes les éditions qui en dérivent .
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Venez, monsieur, reconnaître au plus tôt les lieux que vous voulez embellir
...Ainsi le propriétaire du PSG, Nasser Al-Khelaifi aurait-il pu accueillir Lionel dit Leo Messi sur la pelouse du Parc des Princes . Les larmes de crocodile du footballeur et l'enthousiasme délirant des supporters ne m'ont pas fait oublier qu'on a mis sous nos yeux une vulgaire opération commerciale, infiniment moins intéressante que la découverte et l'achat des vaccins pour échapper à la mort par Covid . Mais, bon , les footeux ne brillent pas par l'altruisme, les récentes violences dans les stades dès que ce public y est admis prouverait leur mauvais fond .
" Mektoub ! Pourvu que le prix du pétrole ne baisse pas ! Inch Allah !"
« A Pierre-Michel Hennin
18è mai 1766 à Ferney
Venez, monsieur, reconnaître au plus tôt les lieux que vous voulez embellir. Voilà le premier moment où le pays de Gex a des feuilles et des fleurs. L’air qu’on y respire est plus doux que celui de Genève.
Mettez-moi, je vous en supplie, aux pieds de monsieur l’a[m]bassadeur ; je m’informe tous les jours de sa santé ; et puisque la nature, qui me persécute, ne veut pas que je lui fasse ma cour à Genève, j’espère qu’il ne partira pas sans daigner venir encore prendre l’air dans nos hameaux, et les honorer de sa présence.
Gardez-vous bien (si vous m’aimez) de m’oublier auprès de M. le chevalier de Taulès.
J’ai déjà fait usage de la singulière anecdote que je lui dois touchant l’étonnant traité de Léopold avec Louis XIV, que j’aurais toujours ignoré sans lui 1. Si sa belle mémoire veut encore m’aider, le Siècle de Louis XIV ne s’en trouvera pas plus mal. Je ne me mêle, Dieu merci, que des affaires du temps passé, et je laisse là le siècle présent pour ce qu’il vaut. Je ne prends point la liberté d’écrire à monsieur l’ambassadeur sur sa santé , je m’adresse à vous pour en savoir des nouvelles. Ma nièce, qui alla ces jours passés lui présenter ses hommages et les miens, m’assure qu’il sera bientôt en état de sortir.
Adieu, monsieur : toute ma petite famille vous embrasse bien tendrement, et soupire comme moi après le bonheur de vous voir.
V. »
1 Il s’agit, ici d’un traité de partage de la monarchie espagnole, fait en très grand secret par Louis XIV et l’empereur Léopold, dès les premières années du règne de Charles II. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle_de_Louis_XIV/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_08 (Note de Hennin fils.)
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