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14/08/2020

quand on est sûr de la fidélité et de l’attachement d’une personne, c’est une acquisition dont il est cruel de se défaire

... Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2020/08/citation.html

Merci Mam'zelle Wagnière .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

26 avril [1765]

Une bonne femme, monseigneur, m’a donné d’une eau qui guérit mes misérables yeux, au moins pour quelques mois ; et le premier usage que je fais de la vue est de vous renouveler de ma tremblante main mes tendres hommages.

Je suppose que le paquet que vous m’ordonnâtes d’adresser à M. Jeannel vous a été rendu. Quand vous en voudrez d’autres, vous n’aurez qu’à me donner vos ordres. Je vous obéirai ponctuellement, ne doutant pas d’une sécurité entière sous vos auspices.

Le bruit des remontrances des gens tenant la Comédie 1 est parvenu jusqu’à l’enceinte de mes montagnes ; il paraît qu’une troupe est quelquefois plus difficile à conduire que des troupes ; il y a un esprit de vertige répandu dans plus d’un corps.

J’oserais soupçonner qu’il y a eu quelques tracasseries de la part d’une princesse de théâtre 2 qui aura pu vous indisposer contre M. d’Argental, dont vous aimiez autrefois la bonhomie, les yeux clignotants et la perruque en nid de pie. Il vous a de plus beaucoup d’obligations : c’est vous qui engageâtes le cardinal de Tencin à lui assurer une pension. Il serait trop ingrat s’il avait oublié vos bienfaits. Il jure qu’il s’en souvient tous les jours, et qu’il ne vous a jamais manqué. Je suis trop intéressé à vous voir persévérer dans votre bienveillance pour vos anciens serviteurs, je vous suis trop attaché, trop sensible à toutes vos bontés, pour n’être pas affligé qu’un cœur reconnaissant soit dans votre disgrâce. J’ai pris quelquefois la liberté d’avoir de petites altercations avec M. d’Argental sur le tripot ; mais que n’oublie-t-on pas quand on est sûr d’un cœur ?

On a d’ailleurs tant de sujets de se plaindre des hommes, on est entouré dans ce monde de tant d’ennemis, ou déclarés ou secrets, que quand on est sûr de la fidélité et de l’attachement d’une personne, c’est une acquisition dont il est cruel de se défaire. Pour moi, je vous réponds bien que vous serez mon héros jusqu’au tombeau, et que je mourrai le plus fidèle et le plus respectueux de tous ceux qui vous ont été attachés.

V. »

1 Ils voulaient demander justice de l’insulte qui leur avait été faite dans un mémoire où l’on rappelait que les serments des comédiens ne pouvaient être reçus en justice, attendu qu’ils exercent un métier infâme. (Beuchot.)

13/08/2020

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !

...Paradoxal ! non ? Faites ce que je dis, etc., ... Les exemples abondent, chacun en connait, et chacun le pratique un jour ou l'autre . Il faut juste ne pas en abuser si on veut que le monde reste vivable  .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24è avril 1765 1

En réponse à votre lettre du 18, mon cher frère, j’embrasse tendrement Platon-Diderot. Par ma foi, j’embrasse aussi l’impératrice de toute Russie . Aurait-on soupçonné, il y a cinquante ans, qu’un jour les Scythes récompenseraient si noblement dans Paris la vertu, la science, la philosophie, si indignement traitées parmi nous ? Illustre Diderot, recevez les transports de ma joie.

Je ne peux faire la moindre attention aux tracasseries de la Comédie . Cela peut amuser Paris ; pour moi, je suis rempli d’autres idées . La générosité russe, la justice rendue aux Calas, celle qu’on va rendre aux Sirven, saisissent toutes les puissances de mon âme. On travaille à force à la condamnation du cuistre théologien dénonciateur, sot, et fripon 2 . La bonne cause triomphe sourdement. Nouvelle édition du Portatif en Hollande, à Berlin, à Londres ; réfutations de théologiens qu’on bafoue ; tout concourt à établir le règne de la vérité.

Vous aurez l’abbé Bazin avant qu’il soit peu, n’en doutez pas. Vous devriez envoyer un ruban à madame du Deff*** . Vraiment, il ne faut lui envoyer rien du tout, si elle trahit les frères. De quoi s’avise-t-elle à son âge et aveugle, de forcer des hommes de mérite à la haïr !

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !3

Hélas ! elle ne sait pas que sans les philosophes le sang des Calas n’aurait jamais été vengé.

Mandez-moi si M. Gaudet vous aura remis par cette poste un paquet assez gros touchant nos vingtièmes .

La voie de saint-Claude est longue, on n peut y envoyer des paquets que par des exprès .

Mon cher frère, faut-il que je meure sans vous avoir vu de mes yeux, que le printemps guérit un peu ? Je vous vois de mon cœur. Ecr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais et suivie des autres éditions omet les cinquième et sixième paragraphes.

Voici quelques extraits de le lettre de Damilaville : « Il y a longtemps que Diderot cherche à vendre sa bibliothèque pour assurer la dot de sa fille […] Grimm a écrit au général Betzki pour [la] proposer à l'impératrice de Russie […] Le général répond que l'impératrice n'a pu voir sans beaucoup de peine ce sacrifice paternel, qu'elle prend la bibliothèque pour 16 000 livres et qu'elle donne des ordres au prince Galizin son ambassadeur pour le paiement de cette somme, mais à condition que Diderot gardera les livres pour son usage jusqu'à ce que l'impératrice les fasse demander et qu'il acceptera chaque année l'excédent du prix, c'est -à-dire cent pistoles pour les soins qu'il en prendra […] La manière vaut mieux encore que la chose quoiqu’elle soit fort importante pour Diderot puisqu’enfin elle fait une différence de 1800 livres de rente de plus dans sa fortune . […] Autre nouvelle, il n'y a point eu de spectacle aux Français lundi dernier, jour de la rentrée . Dubois avait été chassé pour friponnerie par ordre de M. le maréchal de Richelieu et par le vœu de ses confrères […] M. le maréchal écrit aux comédiens que le roi s'est réservé de décider si Dubois était un fripon ou non, qu'en attendant ils eussent à jouer avec lui Le Siège de Calais qui devait être donné . Aussitôt Lekain et Molé décampent , Mlle Clairon , incommodée, va se mettre dans son lit, on veut représenter Le Joueur, le public le refuse, il a un tapage du diable, tout le monde s'en va, on rend l'argent et le lendemain Brizard, dont la femme accouche le même jour, est mis au Fort-l'Evêque avec Doberval […]. »

12/08/2020

le fanatisme de la superstition subsiste dans toute sa force, et que le seul moyen de l'écraser est de faire rendre justice

...

Une plume contre l'infâme | Philosophie Magazine

https://www.philomag.com/les-idees/une-plume-contre-linfa...

 

 

« A Henri Cathala

[vers le 23 avril 1765] 1

M. de Beaumont mande que l'affaire des Sirven est plus sûre que celle des Calas, que la cassation de la sentence de Mazamet est indubitable, suivant toutes les lois . Il exige deux pièces absolument nécessaires : 1° la copie des charges et informations sur lesquelles sont intervenus les décrets de prise de corps ; 2° l'arrêt de Toulouse qui confirme la sentence . Si monsieur Cathala a quelque liaison avec M. Jalabert, il est supplié d'engager une correspondance suivie avec M. de Beaumont directement . On aura d'ailleurs le même empressement à demander justice pour les Sirven que pour les Calas . Ces deux affaires présentées coup sur coup aux yeux de l'Europe indignée feront un effet prodigieux et forceront enfin le ministère à la tolérance que tout le public réclame . J'espère que M. Cathala et ses amis prendront les partis les plus sûrs avec la plus grande chaleur ; il est supplié d'en conférer avec M. de Végobre . Il faut surtout considérer qu'il y a encore dans le Languedoc un parti violent contre les Calas, que le fanatisme de la superstition subsiste dans toute sa force, et que le seul moyen de l'écraser est de faire rendre justice à la famille Sirven . On fait à monsieur Cathala les plus tendres compliments . »

1 Une copie de la main de Sirven était autrefois conservée dans les archives de la famille Ramond, à Castres . L'édition Camille Rabaud donne une version très abrégée et datée de juillet 1767 ; Galland donne une date qui paraît bonne et est ici conservée .

11/08/2020

Tantùm relligio potuit suadere malorum ! Tant la religion a pu inspirer de crimes

... Et ça n'est pas fini !

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Elie de Beaumont

A Ferney, le 22 Avril [1765]

J’envoie au protecteur de l’innocence la réponse des Sirven en marge. Nous écrivons à Castres pour avoir des éclaircissements ultérieurs. Il est certain que l’évêque de Castres fit enfermer la fille Sirven de son autorité privée. Je joins aux réponses du père les monitoires que vous verrez, monsieur, entièrement semblables à ceux qui furent publiés contre les Calas. Voilà un beau champ pour votre éloquence sage et attendrissante. Quels monstres vous avez à combattre, et quels services vous rendez à l’humanité ! deux parricides en deux mois imputés par le fanatisme ! 

Tantùm relligio potuit suadere malorum !1

Vous allez tirer un grand bien du plus horrible des maux.

Permettez que je vous embrasse avec la plus tendre amitié. Ma foi, j’en fais autant à votre digne épouse, malgré mes soixante-onze ans passés. »

1 Tant la religion a pu inspirer de crimes ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .

10/08/2020

Voici surtout le temps de vivre pour soi et ses amis, et de sentir le néant de toutes les brillantes illusions... c’est un grand plaisir, à mon gré, de dire ce qu’on pense. Le contraire est un esclavage humiliant

... Il n'est pas plus juste déclaration . Esclaves de tous partis et toutes religions, limez vos chaînes, renvoyez vos gourous, pensez par vous-mêmes ! Peut-être est-ce trop vous demander ?

Pour moi et mes amis , un musicien franc et massif , si jamais vous avez un coup de blues : https://www.arte.tv/fr/videos/097995-008-A/chilly-gonzale...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

22 avril [1765] 1

Il faut donc que vous sachiez, madame, qu’il y avait un prêtre dans mon voisinage . Son nom était d’Estrées et ce n’était point la belle Gabrielle, et ce n’était point le cardinal d’Estrées ; car c’était un petit laquais natif du village d’Estrées, lequel vint à Paris faire des brochures, se mettre dans ce qu’on appelle les ordres sacrés, dire la messe, faire des généalogies, dénoncer son prochain, et qui enfin a obtenu un prieuré à ma porte, et non pas à ma prière. Il était là le coquin, et il écrivait en cour, (comme nous disons nous autres provinciaux) ; il écrivait même en parlement, et il y avait du bruit, et j’étais très peu lié avec madame de Jaucourt, et je ne savais pas si elle était plus philosophe qu’huguenote ; et il y a des occasions où il faut ne se mêler absolument de rien . M’entendez-vous à présent ? m’entendez-vous, madame ? et ignorez-vous combien l’Inquisition est respectable ? Vous êtes au physique malheureusement comme les rois sont en morale : vous ne voyez que par les yeux d’autrui. Mandez-moi s’il y a sûreté 2 ; et soyez très sûre que toutes les fois qu’on pourra vous amuser sans rien risquer, sans vous compromettre, on n’y manquera pas.

Ma situation est un peu épineuse ; il y a des curieux qui ouvrent quelquefois les lettres arrivant de Genève. Vous m’entendez parfaitement, et vous devez savoir que je vous suis tendrement attaché. Je donnerai, quand on voudra, un de mes yeux pour vous faire rattraper les deux vôtres.

M. le chevalier de Boufflers, avec son esprit, sa candeur, sa gaucherie pleine de grâces et la bonté de son caractère, ne sait ce qu’il dit. Le fait est que je suis dans un climat singulier, qui ne ressemble à rien de ce que vous avez vu. Il y a, dans une vaste enceinte de quatre-vingts lieues, un horizon bordé de montagnes couvertes d’une neige éternelle. Il part quelquefois de cet Olympe de neige un vent terrible qui aveugle les hommes et les animaux ; c’est ce qui est arrivé à mes chevaux et à moi par notre imprudence. Mes yeux ont été deux ulcères pendant près de deux ans. Une bonne femme m’a guéri à peu près ; mais quand je m’expose à ce maudit vent, adieu la vue. C’était à M. Tronchin à m’enseigner ce qu’il fallait faire, et c’est une vieille ignorante qui m’a rendu le jour. Il faut, à la gloire des bonnes femmes, que je vous dise que, dans notre pays, nous sommes fort sujets au ver solitaire, à ce ver de quinze ou vingt aunes de long, qui se nourrit de notre substance, comme cela doit être dans le meilleur des mondes possible ; c’est encore une bonne femme qui en guérit, et le grand Tronchin en raisonne fort bien . Sachez encore, madame, que les femmes commencent à inoculer la petite-vérole, qu’elles en font un jeu, tandis que votre parlement donne des arrêts contre l’inoculation, et que vos facultés welches disent des sottises. Voyez donc combien je respecte le beau sexe !

La Destruction des jésuites est la destruction du fanatisme. C’est un excellent ouvrage ; aussi votre inquisition welche l’a-t-elle défendu. Il est d’un homme supérieur qui vient quelquefois chez vous . C’est un esprit juste, ferme, éclairé, qui fait des Welches le cas qu’il doit . Il contribue beaucoup à détruire, chez les honnêtes gens, le plus absurde et le plus abominable système qui ait jamais affligé l’espèce humaine. Il rend en cela un très grand service . Avec le temps, les Welches deviendront Anglais. Dieu leur en fasse la grâce !

M. le président Hénault m’a mandé qu’il a quatre-vingt et un an 3 . Je ne le croyais pas. La bonne compagnie devrait être de la famille de Mathusalem. J’espère du moins que vous et vos amis serez de la famille de Fontenelle . Mais voici le temps de dire avec l’abbé de Chaulieu  :

Ma raison m’a montré, tant qu’elle a pu paraître,

Que rien n’est en effet de ce qui ne peut être ;

Que ces fantômes vains sont enfants de la peur, etc.4

Voici surtout le temps de vivre pour soi et ses amis, et de sentir le néant de toutes les brillantes illusions.

Madame la duchesse de Luxembourg n’a point répondu au petit mémoire dont vous me parlez 5. Il est clair que son protégé à tort avec moi ; mais il est sûr aussi que je ne m’en soucie guère, et que je plains beaucoup ses malheurs et sa mauvaise tête.

Vous ne me parlez point des Calas. N’avez-vous pas été un peu surprise qu’une famille obscure et huguenote ait prévalu contre un parlement, que le roi lui ait donné trente-six mille livres, et qu’elle ait la permission de prendre un parlement à partie ? On a imprimé à Paris une lettre que j’avais écrite à un de mes amis, nommé Damilaville 6. Il y a dans cette lettre un fait singulier qui vous attendrirait si vous pouviez avoir cette lettre.

En 7 voilà, madame, une un peu 8 bien longue, écrite toute de ma main . Il y a longtemps que je n’en ai tant fait . Je crois que vous me rajeunissez.

Je tâcherai de vous faire parvenir tout ce que je pourrai par des voies indirectes. Quand vous aurez quelques ordres à me donner, ayez la bonté de faire adresser la lettre à monsieur Wagnière, chez M. Souchay, négociant à Genève, et ne faites point cacheter avec vos armes. Avec ces précautions, on dit ce que l’on veut ; et c’est un grand plaisir, à mon gré, de dire ce qu’on pense. Le contraire est un esclavage humiliant .

Adieu, madame ; je suis honteux d’avoir recouvré un peu la vue pour quelques mois, pendant que vous en êtes privée pour toujours. Vous avez besoin d’un grand courage dans le meilleur des mondes possibles. Que ne puis-je servir à vous consoler ! 

V. »

1 Un main contemporaine a ajouté 1764 à la date sur le manuscrit ; la lettre a été pour la première fois correctement datée par Beuchot . Celle à laquelle V* répond n'est pas connue .

2 Pour l'envoi de livres infernaux par les mains de Mme de Jaucourt .

3 Hénault date en effet sa lettre comme suit : »Paris 19 mars 1765 . et l'an de notre vie 81 où je suis entré heureusement le 8 février . »

4 Ode sur la mort ( à M. le marquis de La Fare), de Chaulieu ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Sur_la_mort,_conform%C3%A9...)

7 En ajouté en marge par V*.

8 V* a d'abord écrit lettre remplacé par peu .

09/08/2020

On en donne à ceux qui savent les placer

... Quoi donc ?

Des dollars ! Voir , pour ceux qui ont envie de placer leur maigre retraite, ce qu'il faut faire et ne pas faire : https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/04/le-dol...

D'un coup, on se sent un peu déprimé, seul, devant son nourrain (comme disait maître Capelovici )! Que faire ?

PORC - Blog de xx-love-animals-xx

Attention aux tours de cochon !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22 Avril 1765.

A Monsieur Joaquim Deguia, marquès de Marros, à Ascoitia, par Bayonne, en Espagne.

C’est, mon cher frère, l’adresse d’un adepte de beaucoup d’esprit, qui s’est adressé à moi, et qui brûlerait le grand inquisiteur, s’il en était le maître. Je vous prie de lui envoyer par la poste un des rubans d’Angleterre qu’un fermier-général vous a apportés 1. Cette fabrique prend faveur de jour en jour, malgré les oppositions des autres fabricants, qui craignent pour leur boutique. Ces petits rubans sont bien plus commodes et d’un débit plus aisé que des étoffes plus larges . On en donne à ceux qui savent les placer. Envoyez-en un à madame du Deffand à Saint-Joseph, deux à madame la marquise de Coaslin 2, à l'hôtel de Coaslin, rue Saint-Honoré .

Sirven est chez moi, il y griffonne son innocence et la barbarie visigothe. Nous achevons, le temps presse ; voici un mot pour le véritable Élie, avec les pièces. Nous vous les adressons à vous, mon cher frère, dont la philosophie consiste dans la vertu autant que dans la sagesse. Écr l'inf .»

1 Un des exemplaires du Dictionnaire philosophique apportés par Delahaye ; voir lettre du 1er avril 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/08/vous-me-feriez-plaisir-de-m-instruire-des-sentiments-du-public-que-vous-ave.html

2 Renée-Angélique de Talhouet de Keravéon, marquise de Coislin : https://gw.geneanet.org/genroy?lang=en&n=de+talhouet+de+keraveon&oc=0&p=renee+angelique

08/08/2020

C’est une époque singulière dans l’histoire de l’esprit humain

... On réfléchit, on ergote, on coupe les cheveux en quatre et  on ne fait rien . Dans le même temps, et ça ne fait pas avancer le schmilblick, on se dispense de réfléchir, et on fait n'importe quoi . Est-il trop optimiste de penser qu'on va enfin trouver un modus vivendi étayé par un modus operandi viable .

Qui sait ?

 

 

« A Pierre-Jean-Baptiste Nougaret

Au château de Ferney, 20 avril [1765]

Ma déplorable santé, monsieur, ne m’a pas permis de vous remercier 1 plus tôt ; mais elle ne me rend pas moins sensible à l’honneur que vous m’avez fait. Vos vers et votre prose prouvent également vos talents et la bonté de votre cœur. On voit pour la première fois, dans l’affaire de Calas, le Parnasse réformer les arrêts des parlements, sans qu’ils puissent s’en plaindre. C’est une époque singulière dans l’histoire de l’esprit humain.

Agréez, monsieur, mes très sincères remerciements, et les sentiments d’estime avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

V. »

1 Nougaret, « auteur très fécond et très médiocre » comme dit Beuchot, vient manifestement d'envoyer à V* son Ombre de Calas le suicidé à sa famille et à son ami dans les fers, dédiée à V* : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040668x.image . Il se trouve en prison pour avoir composé et diffusé de la littérature obscène .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12001097/pierre-jean-baptiste_nougaret/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean-Baptiste_Nougaret