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17/03/2021

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires

... Si seulement c'était vrai, Roselyne ! (Bachelot, précisément "ministre de la Culture" ! sic. ). Non seulement tu ne fais rien de concret, mais en plus tu te permets des jugements de valeur absolument indignes , incapable en plus d'affronter ceux que tu te glorifies d'aider financièrement et qui ne demandent que d'exercer leurs métiers d'artistes . Avoue que tu n'es dans ce gouvernement que la cinquième roue du carrosse, béni-oui-oui d'offfice , grosse tête de marionnette de foire . "Cette soirée n'a pas été utile au cinéma ...": tu ne crois pas si bien dire, il y a eu d'un côté des acteurs, des vrais, et de l'autre ta vanité vexée et ta vacuité insondable : https://actu.orange.fr/politique/roselyne-bachelot-etrille-la-ceremonie-des-cesar-un-meeting-politique-a-l-antipathie-incroyable-magic-CNT000001xNZ1k.html

Chapeau bas à Corinne Masiéro ! Rassurez-vous, vous n'êtes pas en "état de ruine" , même si Morandini , franc comme un âne qui recule, fait caviarder vos seins et sexe .

Corinne Masiero, nue sur la scène des César, persiste et signe : "Je m'en  fous"

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/cesar-2021-corinne...

https://www.rtl.fr/culture/cine-series/corinne-masiero-repond-a-roselyne-bachelot-quand-allez-vous-arreter-de-nous-faire-crever-7900009004

 

 

« A Pierre Lullin Conseiller Secrétaire

d’État

à Genève

Jeudi au soir 21è novembre 1765 à Ferney 1

Monsieur,

Ce matin quatre citoyens m'ont fait dire qu'ils voulaient me parler ; je leur ai envoyé un carrosse, je leur ai donné à dîner, et nous avons discuté de leurs affaires .

Je dois d'abord leur rendre témoignage qu'aucun d'eux n'a laissé échapper un seul mot qui pût offenser les magistrats . Je ne crois pas qu'il soit impossible de ramener les esprits, mais j'avoue que le conciliation est fort difficile . Il y a des articles sur lesquels il m'a paru qu'ils se rendraient 2; il y en a d'autres qui demandent un homme plus instruit que moi, et plus capable de persuader . J'avais imaginé un tempérament qui semblait assurer l'autorité du Conseil, et favoriser la liberté des citoyens ; je vous en ferai part quand je pourrai avoir l'honneur de vous entretenir . Vous serez du moins convaincu que je n'ai profité de la confiance qu'on a bien voulu avoir en moi, que pour établir la concorde 3. Mes lumières sont bornées, mes vœux pour la prospérité de la République ont plus d'étendue .

Je vous supplie, monsieur, d'assurer le Conseil de mon zèle et de mon très respectueux dévouement, et de croire que j'aurai toujours l'honneur d'être avec les mêmes sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Desnoiresterres donne une version incomplète .

2 On a tous les renseignements possibles, intéressants, sur cette entrevue dans une lettre de Pierre Lullin à Jean-Pierre Crommelin du 22 novembre 1765 : « De Genève du vendredi 22 novembre 1765 . / Monsieur,/ Je dois vous informer de quelques conversations que vous avons eues avec M. de Voltaire, que le Conseil m'a ordonné de vous mander, présumant que M. le duc de Praslin pourrait en avoir connaissance, et dont vous ne parlerez point le premier . / Je reçus le 27 du mois dernier une lettre de M. de Voltaire, dans laquelle après m’avoir dit un mot de l'affaire des dîmes, il ajoutait :

« Je me suis toujours fait, monsieur, un honneur et un devoir …  [http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/21/si-vous-pouvez-vous-echapper-quelques-moments-et-venir-diner-6298986.html ] » / +

« J'eus l'honneur de lire au Conseil cette lettre, dont je reçus l'ordre d'aller à Ferney ; il y avait déjà quelque temps qu'on parlait beaucoup des visites que les représentants faisaient à M. de Voltaire . On présuma qu'il voulait m'en entretenir . Je me rendis à Ferney le 30, je lui dis que j'avais préféré d'avoir l’honneur de le voir, que Messeigneurs informés de ses sentiments pour eux m'avaient chargé de lui exprimer leur sensibilité . Il me dit d'abord avec une grande effusion de cœur qu'il était plein de respect pour le Conseil et qu'il désirait qu'il fût persuadé de son dévouement et de son zèle pour tout ce qui peut intéresser l’État ; qu'on l’avait calomnié dans le public et représenté comme ayant des liaisons intimes et dangereuses avec les représentants et qu'il espérait que le Conseil n'aurait ajouté aucune créance à ces bruits , qu'il était vrai que ne pouvant refuser sa porte à personne il avait reçu la visite de De Luc fils accompagné de Vieussieux, que le sujet ou le prétexte de cette visite fut le désir qu'avait De Luc de connaître par lui-même les titres qui étaient au château de Ferney, qui prouvaient que ses ancêtres avaient possédé cette terre ; qu'après l'avoir satisfait là-dessus la conversation était naturellement tombée sur nos dissensions et sur Rousseau ; qu'ils lui témoignèrent leur crainte sur l'abus du droit négatif, qu'il leur répondit qu'elle était chimérique, que la crainte des abus à venir portait à tout, parce qu'il est possible d'abuser de tout, qu'il fallait se reposer sur la sagesse du Conseil, qui lui paraissait bien éloigné d’abuser de son autorité, qu'il lui avait paru faible dans sa conduite vis-à-vis Rousseau : que la continuation des dissensions lui paraissait tendre à une médiation, ce qui était un pas vers la servitude, qu'il leur dit que tant qu'ils suivraient les directions de Rousseau, il ne pourrait leur taire qu'ils serait regardés à la cour de France comme des rebelles et des séditieux, que Rousseau y était en abomination . Ils l'assurèrent qu'ils ne suivaient plus ses conseils . Il leur répondit qu'ils ne le connaissaient pas, qu'il avait le cœur noir, qu'il se bornerait à leur en citer un exemple qui le concernait ; qu'il avait écrit il n'y a pas longtemps : « Si vous avez dit que je n'étais pas secrétaire d'ambassade à Venise, vous en avez menti et si je ne l'ai pas été vous pouvez me dire que c'est moi qui en ai menti » ; que pour s'assurer de la qualité de Rousseau il avait écrit pour avoir du bureau ce qui pouvait le concerner, qu'on lui avait envoyé la copie de trois lettres que Rousseau avait écrit à M. Du Theil, premier commis du bureau des Affaires étrangères en 1741, dans lesquelles en se plaignait de l’ambassadeur, il dit qu'il mange son pain, qu'il était à ses gages, et qu'il était son secrétaire, qu'il s'était brouillé avec lui pour le règlement d'un compte, qu'il avait eu peur qu'il ne le jetât par la fenêtre, et qu'il l'avait menacé de coups de bâton : qu'il leur avait lu ces lettres, et il me les fit lire.

« Il me dit ensuite qu'on accusait le Conseil d'être la cause des ordres que le canton de Berne avait donné à Rousseau de se retirer . Je l'assurais que le Conseil n'avait jamais rien écrit à aucune puissance sur le compte de Rousseau . Il ajouté qu'on l'accusait d'avoir écrit un mémoire adressé à M. le duc de Praslin contre le magistrat, qu'on pouvait s'informer si ce fait n'était pas faux, que toutes les fois qu'il avait écrit, c'était d'une manière favorable au Conseil . Il s'étendit ensuite sur la folie qu'il y avait d'imaginer qu'il pût se lier avec les représentants dans des vues défavorables au Conseil , qu'il fait trop de cas de son estime et de celle de tous ses amis pour avoir de semblables desseins . Tout ceci fut dit de manière que je compris qu'il avait fortement désiré de s'expectorer avec moi . Il me pressa de garder le secret et invita le Conseil à en faire de même . Il me dit qu'il se trouvait dans une position telle qu'il pouvait rendre au Conseil des services importants dans l'occasion qu'il regardait comme très prochaine, mais qu'il ne fallait pas s'effaroucher si on voyait aller quelques-uns des principaux chez lui, qu'ils le regardaient comme une personne neutre, qu'ainsi ce qu'il pourrait leur dire ferait plus d'effet que ce qui partirait de tout autre , que le Conseil pouvait prendre confiance en lui, qu'il ferait ce qu'il désirerait, qu'il lui était entièrement dévoué et il m'en donna pour preuve qu'on lui avait écrit de se séparer de la République pour l'affaire des dîmes, qu'il n'avait pas voulu le faire présumant qu'on voulait peut-être lui être favorable et nous condamner . Je le remerciai beaucoup de ses dispositions, l'assurant que j'en informerais le Conseil.

« Je me trouvai seul ensuite avec Mme Denis qui me dit qu'elle désirait me parler depuis quelque temps et elle m'informa que lorsque son oncle quitta les Délices Chapuis, De Luc et d'autres allèrent lui témoigner leurs regrets de ce qu'il quittait le territoire de la République . Ils parurent parler au nom des citoyens qui se flattaient de n'avoir en rien contribué à cette retraite ; elle me dit qu'elle ne pouvait dissimuler que le brûlement du Dictionnaire philosophique avait affecté son oncle, que cependant elle l'avait calmé en lui représentant que le Conseil était gêné dans ses délibérations par les ménagements qu’il doit avoir pour le Consistoire et par l'égalité qu'il doit observer dans ses jugements ayant brûlé Émile : elle me réitéra les sentiments de son oncle pour la République et elle m’assura qu'il avait été très fâché des bruits répandus contre lui . Elle pense que les visites de M. De Luc et autres n'avaient pour but que de se rendre son oncle favorable dans le cas de l'appel de la médiation et elle me dit qu'elle tenait de lieu sûr que si on était obligé d'y recourir, l'intention de la Cour était de se tenir radicalement au premier ouvrage .

« Sur mon rapport j'eus ordre de me rendre à Ferney et de dire à M. de Voltaire que le Conseil avait une véritable satisfaction de ses sentiments, persuadé qu'il était qu'il lui rendrait service dans toutes les occasions . Mes ordres portaient de le sonder, sans cependant rien avouer qui pût lui faire croire que le Conseil voulût le charger d'aucune proposition .

« La veille de mon départ M. de Voltaire avait envoyé à M. le conseiller Jacob Tronchin une lettre ,dans laquelle après lui avoir manifesté ses sentiments pour sa famille à l'occasion du libelle, et son attachement à la constitution du gouvernement, il dit, « que voyant avec douleur les jalousies et les divisions qui règnent il propose une entrevue dans un dîner à sa campagne entre deux magistrats des plus conciliants et deux des plus sages citoyens à laquelle on pourrait inviter un avocat auquel les deux partis auraient confiance », et il finit en invitant M. Tronchin à y aller avec M. le conseiller Turretin au cas que sa proposition ne pût avoir lieu . MM. les syndics à qui M. Tronchin communiqua cette lettre, lui ordonnèrent de lui répondre qu'il la leur avait communiquée et qu'ils y réfléchiraient : on n'en dit rien d'abord au Conseil, on me mit dans la confidence . On m'ordonna de feindre d'ignorer le contenu de cette lettre et je me rendis à Ferney le lendemain 14 de ce mois ; j'informai M. de Voltaire que j'avais rendu compte au Conseil de notre précédente conversation et que j'avais eu ordre de lui témoigner de nouveau la sensibilité du Conseil aux sentiments qu'il m’avait exprimés. Il me réitéra les assurances de son dévouement et il me dit, qu'il avait écrit à M. Tronchin et s'il ne m’avait pas communiqué sa lettre ; je lui dis que je l'ignorais entièrement , il en parut un peu surpris et tout de suite il me dit : « Il y a beaucoup de mécontentement et d’aigreur, il faut chercher quelques moyens qui puissent contenter les représentants . Il vaut mieux le faire par vous-même que par autrui. M. le duc de Praslin a bien connaissance que le roi a été médiateur, mais il ne connait point votre constitution . » Je le trouvai tout occupé de la lecture des lettres populaires et d'un manuscrit que mes yeux ne purent lire étant un peu éloigné de lui ; « J'ai beaucoup réfléchi, dit-il, sur les moyens de concilier vos différends et j'imagine qu'on pourrait contenter les représentants en trouvant un expédient qui donnât de l'efficace aux représentations mais qui les rendît extrêmement rares . Pour cela je pense qu'il faudrait fixer le nombre de représentants, leur âge et leur qualité afin que le Conseil y ait égard . Si on poussait ce nombre jusqu'à 6 ou 700, je doute qu'il fût aisé de persuader un si grand nombre de citoyens à moins que le grief ne fût évident » ; je lui répondis que ce moyen altérerait notre constitution, qu'il n'était pas si difficile qu'il l'imaginait de réunir 6 à 700 bourgeois, que telles étaient les liaisons qu'occasionnaient les cercles, les fabriques et le commerce, qu'un chef, pour peu qu'il soit accrédité, peut faire appuyer ses griefs prétendus par ce nombre de citoyens et même par un plus grand, qu'ainsi l'expédient proposé irait toujours à faire porter au Conseil général les fantaisies d'un homme en tête de la démocratie . Il me parut sentir la force de cette réflexion, il n’insista pas, il ne me dit rien de plus et je partis .

« MM. les syndics informèrent le Conseil de la lettre de M. de Voltaire et l'avis fut que M. Tronchin irait à Ferney où après avoir exprimé à M. de Voltaire les sentiments du Conseil pour lui, il lui dirait qu'il jugeait n'avoir pas le droit de transiger sur la constitution du gouvernement de la République, qu'ainsi l'entrevue qu'il proposait, ne pourrait aboutir à rien . M. Tronchin fut chargé de l'en détourner le plus poliment qu'il pourrait . M. Tronchin est allé à Ferney le 20, M. de Voltaire a bien pris la résolution du Conseil et il a dit que dans toute cette affaire il ne voulait être que le cabaretier . Il parla encore de la proposition qu'il m'avait faite, et il dit qu'il aurait fallu mettre par écrit l'explication de huit ou dix lois qui tiennent le plus au cœur des représentants, qu'on aurait confirmé le droit négatif pour le reste ; quelques-uns le sont allé voir lundi dernier et ils lui ont manifesté leur intention de n'élire aucuns magistrats qui n'aient obtenu leur demande , qu'ils voulaient absolument M. Trembley pour procureur général ou point . J'ai l'honneur d'être / monsieur votre très humble et très obéissant serviteur/ Lullin/ Conseiller et secrétaire d’État ».

Certains conclurent de cette lettre que les efforts de conciliation de V* se réduisent à animer les « citoyens » contre Rousseau .

3 Le Conseil, ayant reçu communication de la lettre de V* à Jacob Tronchin et d'une autre similaire (non retrouvée), fut d'avis , le 25 novembre 1765, que « ledit noble Lullin doit aller chez le sieur de Voltaire et lui répondre le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution du gouvernement de la République et qu'il rompe aussi civilement qu'il sera possible toute négociation . »

veiller sur l'affaire concernant le Genevois qui est venu chasser avec des chiens dans nos bois

...et piquer nos meurons !

VIGOUSSE - Le Petit Hebdomadaire Satirique Romand - Humour à la TSR - «La  vie de bourreau»

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

[20 ou 21 novembre 1765] 1

M. Balleidier est prié de veiller sur l'affaire concernant le Genevois qui est venu chasser avec des chiens dans nos bois ; et de poursuivre la femme de Gardet, cabaretier de Saconnex, qui est venu couper du bois dans les étoiles de Ferney. 

V.»

1 Sur le manuscrit Balleidier a noté : « De M. de Voltaire / sans date/ reçue le 21è novembre/1765. / Par laquelle il me charge / de poursuivre les/ rapports contre le sieur Lambotoz / et contre la f[emm]e Gardet » , et d'une autre main au crayon : « Marion Du Crez / femme de François Gardet ». Vézinet imprime quelques mots de cette lettre .

16/03/2021

vite le paquet aux anges . Il s'agit de grandes affaires

...Le vaccin Astra Zeneca n'est plus fait pour les humains "par précaution" . Wait and see !

André-Philippe Côté: puis arriva un certain virus... [VIDÉO] | Actualités |  Le Soleil - Québec

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

A Ferney 20 novembre [1765] au soir

En écrivant et en riant aux anges, je supplie monseigneur le duc de Praslin de jeter un coup d’œil sur le contenu ; mais s'il n'en a pas le temps, vite le paquet aux anges . Il s'agit de grandes affaires .

Je le supplie d'agréer l'attachement extrême et le respect de ce vieux Suisse .

V. »

Plus on vieillit, dit-on, plus on a le cœur dur : cela peut être vrai pour des ministres d’État, pour des évêques, et pour des moines

... Constat douloureux , la liste n'est pas exhaustive . Par pure grandeur d'âme, vaccinons-les quand même .

Les coups de cœurs du Challenge Bande Dessinée 2019 - Liste de 94 livres -  Babelio

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

20è novembre 1765 à Ferney

Il faut que vous sachiez, madame, qu’il y a près d’un mois que madame la duchesse d’Anville voulut bien se charger d’un assez gros paquet pour vous. Ce paquet, qui en contenait d’autres, est adressé à Mme Florian, qui doit prendre ce qui est pour elle, et vous faire tenir ce qui est pour vous. Le départ de madame la duchesse d’Anville a été retardé de jour en jour ; mais enfin elle ne sera pas toujours à Genève.

Je ne sais si ce que je vous envoie vous amusera ; mais vous verrez, dans la lettre qui est jointe à ce paquet 1, que je vous ouvre entièrement mon cœur. Je m’y suis livré au plaisir de causer avec vous comme si j’étais au coin de votre feu. Je ne peux vous rien dire de plus que ce que je vous ai dit. Je pense sur le présent et sur l’avenir comme j’ai parlé dans ma lettre. Plus on vieillit, dit-on, plus on a le cœur dur : cela peut être vrai pour des ministres d’État, pour des évêques, et pour des moines ; mais cela est bien faux pour ceux qui ont mis leur bonheur dans les douceurs de la société et dans les devoirs de la vie . Je trouve que la vieillesse rend l’amitié bien nécessaire ; elle est la consolation de nos misères et l’appui de notre faiblesse, encore plus que la philosophie.

Heureux vos amis, madame, qui vous consolent, et que vous consolez ! Je vous ai toujours dit que vous vivriez fort longtemps, et je me flatte que M. le président Hénault poussera encore loin sa carrière. Le chagrin, qui use l’âme et le corps, n’approche point de lui.

On m’a mandé qu’on avait découvert un bâtard de Moncrif qui a soixante et quatorze ans. Si cela est, Moncrif est le doyen des beaux esprits de Paris ; mais il veut toujours paraître jeune, et dit qu’il n’a que soixante-dix-huit ans 2 ; c’est avoir un grand fond de coquetterie . Je m’occupe à bâtir et à planter comme si j’étais jeune ; chacun a ses illusions.

Je vous ai mandé que je commençais mon quartier de quinze-vingts, qui arrive tous les ans avec les neiges. Voilà la saison, madame, où nous devons nous aimer tous deux à la folie . C’est dans mon cœur un sentiment de toute l’année.

Je ne sais s’il est vrai que M. le dauphin ait vomi un abcès de la poitrine, et si cette crise pourra le rendre aux vœux de la France. Je voudrais que les mauvaises humeurs, qu’on dit être dans les parlements et dans les évêques, eussent aussi une évacuation favorable ; mais l’esprit de parti est plus envenimé qu’un ulcère aux poumons.

Portez-vous bien, madame, et agréez mon tendre respect ; daignez ne me pas oublier auprès de votre ancien ami. »

2 Ce qui est exact .

15/03/2021

Détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdités sans nombre ; empêchez que les gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n’en ont point

... Adresse aux académiciens et tous pratiquants de la langue française qui sont révulsés par le délire de l'écriture inclusive .

On n'a pas plus de respect pour les femmes en mettant au féminin ce qui est d'origine masculin ; on est en réalité condamnés à une hypocrisie à visée commerciale, une stupide récupération politicarde . Les discours amphigouriques , déjà trop nombreux, vont fleurir, et je l'espère faire baisser l'usage exagéré, en France, des somnifères ( avec avantages reconnus par la Faculté : pas d'accoutumance, pas d'effets secondaires ! ) . Molière a connu les Précieuses ridicules, elles renaissent au XXIè siècle mais n'ont même pas la qualité d'être drôles .

https://www.redacteur.com/blog/comment-pourquoi-utiliser-ecriture-inclusive/

Salut m'sieurs-dames ! L'inclusif, je m'en beurre la biscotte !

Je vous conseille https://www.mots-surannes.fr/?p=11575&

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19è novembre 1765 1

Mon cher frère, voici des guenilles 2 qui ne sont pas miraculeuses, mais dans lesquelles un honnête impie se moque prodigieusement des miracles. Le prophète Grimm en demande quelques exemplaires ; je vous en envoie cinq. Ce ne sont là que des troupes légères qui escarmouchent . Vous m’avez promis un corps d’armée considérable. J’attends ce livre de Fréret 3, qui doit être rempli de recherches savantes et curieuses . Envoyez-moi une bonne provision . La victoire se déclare pour nous de tous côtés. Je vous assure que dans peu il n’y aura que la canaille sous les étendards de nos ennemis, et nous ne voulons de cette canaille ni pour partisans ni pour adversaires. Nous sommes un corps de braves chevaliers défenseurs de la vérité, qui n’admettons parmi nous que des gens bien élevés. Allons, brave Diderot, intrépide d’Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville, courez sus aux fanatiques et aux fripons ; plaignez Blaise Pascal, méprisez Houtteville et Abadie autant que s’ils étaient Pères de l’Église . Détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdités sans nombre ; empêchez que les gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n’en ont point . La génération naissante vous devra sa raison et sa liberté.

N’oubliez pas de presser Briasson de tenir sa promesse 4. Je peux mourir cet hiver, et je ne veux point mourir sans avoir eu entre mes mains tout le Dictionnaire encyclopédique. Je commencerai par lire l’article Vingtième 5. »

1 La copie Beaumarchais fond cette lettre avec celle du 15 novembre 1765 .

3 Sur ce prétendu livre de Fréret, voir lettre du 16 octobre 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/13/y-a-t-il-rien-de-plus-tyrannique-par-exemple-que-d-oter-la-l-6297342.html

4 De lui envoyer les volumes VIII et suivants de l’Encyclopédie.

5 Article, bien entendu, de Damilaville .

comme bon voisin, je voudrais, s’il était possible, tout concilier. Il y a de part et d’autre des gens de mérite, mais ce sont des mérites incompatibles

... 

https://www.youtube.com/watch?v=k8HTMNOdPOc

Le Renard et la Cigogne, Benjamin Rabier | Fables de la fontaine, Fables  d'esope, Illustrations

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

À Ferney [ vers le 16 novembre 1765 ].1

Je suis très-fâché, monsieur, que vous soyez arrivé si tôt à Paris ; j’aurais bien voulu tenir encore chez moi longtemps M. et Mme de Florian, et M. de Florianet 2. M. Tronchin est parti pour Paris ; nous verrons si on le consultera. Mme d’Harcourt le suit dans un lit dont elle ne sortira point sur la route. On la déposera de cabaret en cabaret sous une remise ou un hangar, comme un ballot . Elle est, ainsi que Daumart, un terrible exemple du pouvoir de la médecine.

Je crois que vous ne vous intéressez guère aux affaires de messieurs de Genève. Une grande partie des citoyens est toujours fort aigrie contre les grandes perruques 3. On s’est assemblé aujourd’hui pour faire des élections 4; je n’en sais point encore le résultat. Mon devoir et mon goût sont, ce me semble, de jouer un rôle directement contraire à celui de Jean-Jacques. J.-J. voulait tout brouiller ; et moi, comme bon voisin, je voudrais, s’il était possible, tout concilier. Il y a de part et d’autre des gens de mérite, mais ce sont des mérites incompatibles. Je reçois les uns et les autres de mon mieux ; c’est à quoi je me borne. Il faut tâcher de ne pas ressembler au voisin Robert, qui se trouvait fort mal d’avoir voulu raccommoder Sganarelle et sa femme5.

Je me flatte que Mme de Florian est en bonne santé. J’ai beau faire des allées et des étoiles 6 pour sa sœur, elle ne s’y promène point ; elle a le malheur d’être à la campagne, et de n’en pas jouir . Je fais continuellement avec elle le repas du renard et de la cigogne 7.

Mes compliments, je vous prie, à votre beau-frère 8 et à votre votre beau-fils . Si vous rencontrez quelque évêque dites-lui qu'il ne m'excommunie point ; si vous rencontrez quelque conseiller du Parlement, dites-lui qu'il ne me brûle point au pied du grand escalier ( comme la lettre circulaire de l'évêque de Reims 9) en présence de maître Dagobert Isabeau .

Adieu, monsieur ; je vous embrasse, vous et madame votre femme, sans cérémonie et de tout mon cœur .

V. »

1 La copie Beaumarchais-Kehl date « novembre 1765 » à quoi est ajouté d'une autre main « 1er », ce qui est à peu près correct . L'édition de Kehl suivant la copie et suivie des autres éditions met en tête du 1er paragraphe le troisième de la lettre du 22 novembre 1765 . La dernière phrase ne figure pas sur la copie .

2 Le fabuliste, Jean-Pierre Claris de Florian, auteur d’Estelle, etc., né le 6 mars 1755, mort à Sceaux le 13 septembre 1794. Son buste figure dans le parc du château de Ferney . Voir : http://www.chateau-ferney-voltaire.fr/Explorer/Le-chateau...#

et : https://www.ferney-voltaire.fr/wp-content/uploads/ferneymag-3T-2019-juillet-aout-septembre.pdf

3 Sur ces différends, voir lettre du 14 octobre 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/10/toute-la-fortune-de-geneve-consiste-dans-l-argent-qu-elle-a-6296712.html

Une lettre de Du Peyrou à Rousseau du 18 novembre 1765 donne quelques lueurs sur les positions de V* : « La bourgeoisie de Genève a fait par ses chefs des avances à Voltaire qui s'y est prêté, piqué de ce que le Conseil avait fait brûler son Dictionnaire philosophique. »

4 Elles auront lieu le 15 et le 17 novembre 1765, ce qui rend compte de la date proposée pour la lettre .

5 Dans Le Médecin malgré lui, Ac. I, sc. 2, de Molière : http://www.toutmoliere.net/acte-1,405458.html#scene_ii

6 Ronds-points dans les parcs et les forêts ; à Paris, la place de l’Étoile était originairement un rond-point de cet ordre .

8 L'abbé Mignot .

Vous avez regardé ma liberté, ma foi, Comme un bien de conquête, et qui n'est plus à moi .

... Erreur ! Ce qui est mien le restera .

Ma liberté d'expression est plus grosse que la tienne – François De Smet

https://francoisdesmet.blog/2012/09/25/ma-liberte-dexpression-est-plus-grosse-que-la-tienne/

 

 

« A Henri-Louis Lekain

Je vous prie , mon cher grand acteur, de ne point rendre ridicule un pauvre auteur votre ami ; je ne conçois pas comment l'éditeur a pu répéter environ quatre vers 1 dans deux scènes différentes . Les vers qu'il fallait retrancher sont, autant qu'il m'en souvient, dans le 3è acte, si je ne me trompe . Il y en a deux qui sont ainsi,

Vous avez regardé ma liberté, ma foi,

Comme un bien de conquête, et qui n'est plus à moi .

Il fallait retrancher ces deux vers et les deux précédents : je n'ai plus la pièce sous les yeux, je ne puis me souvenir précisément si ces vers sont du trois ou du quatre, mais je vous ai prié de les ôter en quelque endroit qu'ils fussent . Si la chose est impossible, je vous demande en grâce de faire mettre à la fin de la pièce l'avertissement ci-joint

On avertit qu'on a inséré par mégarde dans la scène … à l'acte … ces quatre vers-ci qui ne devaient pas y être .

Ici les quatre vers .

L'imprimeur prie l'auteur de lui pardonner cette négligence . Il ne s'est pas aperçu de la marque mise à ces quatre vers pour être rayés .

M. de La Harpe vous a-t-il lu sa comédie espagnole et maure ?2 Je souhaite passionnément qu'elle vous dédommage de l'absence de Mlle Clairon .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

16è novembre 1765 à Ferney . »

2 Problème : la pièce que La Harpe a lue est Gustave Vasa, effectivement jouée le 3 mars 1766 ; quant à la comédie « espagnole et maure », il peut s'agir de Dom Pèdre que la comédiens ont entre les mains et qui ne sera pas jouée ; elle est de Voltaire, non de La Harpe et on ne voit pas pourquoi V* chercherait à la lui attribuer .