23/11/2019
Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu'elle fera l'honneur de la nation
... Nous avons le choix de "l'entreprise" : la réforme des retraites, la réforme du monde médical, la mise en place d'actions contre les violences faites aux femmes, etc., etc. L'honneur de la nation en sortira-t-il grandi ?
Quand les hommes sont pires que les bêtes , les femmes souffrent, les femmes meurent, les enfants sont déchirés . Assez !
« A Etienne-Noël Damilaville
3è octobre 1764 1
Je crois vous avoir mandé mon cher frère, que le jeune homme nommé Des Buttes, auteur du Dictionnaire portatif, s'en était déclaré publiquement l’auteur . La calomnie qui me l’attribue doit se taire ; mais elle ne se taira pas ; je connais sa langue de serpent . Il n'y a d'autre parti à prendre que d'écarter le livre des mains des profanes, et de répandre dans le public que ce n'est qu'un recueil d'anciennes pièces de divers auteurs dont la plupart même étaient connues . On ne dira rien que de très véritable .
On m'a extrêmement alarmé sur cet ouvrage qu’on m'impute si mal à propos . Ainsi, ne soyez point étonné de la fréquence de mes lettres .
Aurez-vous la bonté de me faire parvenir les remarques sur l'Encyclopédie 2.
J'aurais bien voulu que des Cahusac et des Desmahis n’eussent pas travaillé à cet ouvrage ; qu'on se fût associé à de vrais savants, et non pas à des petits freluquets , et qu'on n'eût pas eu la malheureuse complaisance d'insérer à côté des articles des Diderot et des d'Alembert, je ne sais quelles puériles déclamations qui déshonorent un si bel ouvrage . Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu'elle fera l'honneur de la nation, et qu'assurément on doit à M. Diderot des récompenses .
On dit qu'on a donné des lettres de noblesse et une grosse pension au sieur Joseph Outrequin pour avoir arrosé le boulevard 3. Si je travaillais à l'Encyclopédie je dirais à l'article pension, M. Outrequin en a reçu une très forte, et M. Diderot a été persécuté .
Bonsoir, belle âme, qui gémissez comme moi sur le sort de la philosophie .
Écr l'inf. »
1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, amalgame une version abrégée de cette lettre et celle du 8 octobre 1764 pour en faire une « lettre' datée du 8 octobre 1764 .
2 Voir lettre du 29 septembre 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/non-seulement-il-faut-crier-mais-il-faut-faire-crier-les-criailleurs-en-fav.html
3 Voir Le Pauvre Diable, page 111, vers 354-357 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/121 ; l'arrosage des rues en été passait pour une mesure hygiénique de premier ordre .
09:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2019
Je ne sais ce que c'est qu'empoises ni avances dues au seigneur
...Et je ne sais ce que veulent les salariés SNCF, qui tout en sachant pertinemment ce que perd l'entreprise pour chaque jour de grève (entre 20 et 40 millions d'euros ! mazette !), se permettent de s'opposer à une réforme absolument nécessaire . Bossez et arrêtez de pourrir la vie de ceux qui vous payent : les clients et les contribuables .
Meeting d'égoïstes ferroviaires
« A Joseph-Marie Balleidier
à Gex
Je ne sais ce que c'est qu'empoises 1 ni avances dues au seigneur . Monsieur Balleidier me fera plaisir de m'en instruire ainsi que des autres affaires dont il me parle . Je serai toujours empressé à lui témoigner mon estime et quand il n'aura rien à faire il me fera grand plaisir de venir aux Délices.
V.
3 octobre [1764] »
1 Le mot d'empoise ne convient pas . Faut-il lire emprise ? Mais ce mot n'existe pas au XVIIIè siècle au sens moderne , et le sens ancien (entreprise) ne convient pas davantage .
10:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/11/2019
Divins anges, vous avez à étendre vos ailes sur deux hommes assez singuliers
... qui n'en font qu'un , extraordinaire : François-Marie Arouet de Voltaire , né le 21 novembre 1694 et dont on fête le 325è anniversaire ce jour .
BON ANNIVERSAIRE VOLTAIRE
Longue vie aux Voltairiens !
Divins anges protégez aussi LoveVoltaire - Mam'zelle Wagnière , qui me manque infiniment .
Je vous dédie https://www.youtube.com/watch?v=nioKJNp8ADE
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
3 octobre [1764]1
Divins anges, vous avez à étendre vos ailes sur deux hommes assez singuliers ; c’est le petit ex-jésuite en vers et le petit huguenot Des Buttes en prose . Ce Des Buttes, auteur du Dictionnaire, trouve vos idées et vos conseils tout aussi bons que le jésuite, et il y défère tout aussi vite. Il m’apporta hier un gros cahier d’articles nouveaux et d’anciens articles corrigés 2. Je les ai lus, je les ai trouvés à la fois plus circonspects et plus intéressants que les anciens. C’est un travailleur qui ne laisse pas d’avoir quelque érudition orientale, et qui cependant a quelquefois dans l’esprit une plaisanterie qui ressemble à celle de votre pays. S’il n’était pas si vieux et si malade, vous pourriez en faire quelque chose.
Ce serait un grand coup d’engager frère Marin à faire imprimer les nouveaux cahiers de frère Des Buttes . Il y aurait assurément du bénéfice ; et si on n’ose pas proposer à frère Marin cette rétribution, il peut en gratifier quelque ami. Il peut surtout adoucir quelques teintes un peu trop fortes, s’il y en a , ce que je ne crois pas, car Des Buttes s’est tenu par les cordons.
Dans quelques jours on enverrait le reste de l’ouvrage . Il pourrait aisément être répandu dans Paris, avant que son diabolique prédécesseur fût connu. Tout ce que je puis dire sur ce livre, c’est qu’il n’est point de moi, et que ceux qui me l’attribuent sont des malavisés, des gens sans pitié, des Welches.
Je voudrais que mon ami le défroqué servît son ami Des Buttes, qu’il pût faire jouer le drame des Roués pour faire diversion, comme Alcibiade faisait couper la queue à son chien, pour empêcher les Athéniens de remarquer certaine frasque dont on commençait à parler.
Voici Desbuttes qui entre chez moi . Il ne me donne aucun repos. Il faut donc que je vous en donne, et que je finisse.
Le paquet du huguenot est adressé à M. le duc de Praslin.
Respect et tendresse.
N. B. – J'ai reçu deux lettres de frère Marin cachetées à vos armes ou du moins d'un cachet fort approchant . J'ai cru qu'il les avait écrites chez vous et j'en ai été bien aise .
J'apprends dans ce moment que votre ami M. Tiepolo vient de mourir . J'en suis sensiblement affligé . »
1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais omet les deux derniers paragraphes.
2 On a ici une précision de date intéressante sur cette première série d'additions au Dictionnaire philosophique ; voir l'édition de ce texte aux Classiques Garnier, et spécialement l'établissement du texte par R. Naves . Voir : https://voltaire-lire.msh-lse.fr/spip.php?article27
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictionnaire_philosophique
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20/11/2019
Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés
... Alors quel cap choisir ?
« A Etienne-Noël Damilaville
1er octobre 1764
Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés contre le Portatif . Quelle barbarie de m'attribuer un livre farci de citations de saint Jérôme, d'Ambroise, d'Augustin, de Clément d'Alexandrie, de Tatien, de Tertullien, d'Origène ! N'y a-t-il pas de l'absurdité de soupçonner un pauvre homme de lettres d'avoir seulement lu aucun de ces auteurs ? Le livre est reconnu pour être d'un nommé Dubut, petit apprenti théologien de Hollande . Hélas ! Je m'occupais tranquillement de la tragédie de Pierre le Cruel, dont j’avais déjà fait quatre actes, quand cette funeste nouvelle est venue troubler mon repos . J'ai jeté dans le feu et ce malheureux Portatif que je venais d'acheter, et la tragédie de Pierre, et tous mes papiers ; et j'ai bien résolu de ne me mêler que d'agriculture le reste de ma vie .
Je vous le dis, je vous le répète : ce maudit livre sera funeste aux frères si on persévère dans l’injustice de me l'attribuer . On sait comment la calomnie est faite . Voilà son style, dit-elle ; ne le reconnaissez-vous pas à ce tour, à cette phrase 1? Eh madame l'impudente ! Qui vous a dit que M. Dubut n'a pas le même style ? Est-il donc si rare de trouver deux auteurs qui écrivent à peu près dans le même goût ? Est-il donc permis de persécuter un pauvre innocent parce qu'on a cru reconnaître sa manière d'écrire ? La calomnie répond à cela qu’elle n'entend point raison, qu'il faut venger Pompignan et maître Aliboron, et qu'elle poursuivra les philosophes tant qu'elle pourra .
Opposez-donc, mon cher frère, votre éloquence à ses fureurs . En vérité tous les philosophes sont intéressés à repousser des accusations de cette nature . Interim écrasez l'infâme.
Voici un petit billet pour Protagoras . 2»
1 Ainsi Goldoni écrivait à Albergati , le 3 (selon le catalogue de la vente) ou le 30 (selon l'édition de Kehl) octobre, qu'il avait pu lire le livre qui courait secrètement, sans avoir encore pu l'acheter, et il ajoutait : Tout le monde le dit de Voltaire, et lui ne le reconnaît pas pour sien ; mais s'il n’est pas de lui il y a au monde un autre Voltaire que je ne connais pas . Celui qui l’a écrit n'a pas peur du diable .
2 C'est la lettre à d'Alembert du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/ce-livre-renie-par-moi-n-est-point-de-moi-6191348.html
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19/11/2019
Je deviens tous les jours plus difficile, à mesure que j’avance en âge et que j’approche de la majorité
... y compris la majorité parlementaire !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
1er octobre 1764
Le petit ex-jésuite qui me vient voir souvent m’a dit aujourd’hui : Je ne suis point content du monologue qui finit le 3è acte . Je deviens tous les jours plus difficile, à mesure que j’avance en âge et que j’approche de la majorité. Voici donc une nouvelle scène que je vous supplie de présenter à vos anges ; il est aisé de la substituer à l’autre. Je suis un peu guéri des illusions de l’amour-propre, tout jeune que je suis ; mais je m’imagine qu’on pourrait facilement obtenir de MM. les premiers gentilshommes de la chambre que le drame fût joué à Fontainebleau. Une de mes craintes est qu’il ne soit mal joué ; mais il faut se servir de ce qu’on a.
O mes anges ! j’avoue que je n’ai prêté qu’une attention légère au discours de notre prêtre. J’avais la cervelle tout entreprise d’une requête de nos petits États 1 au roi, pour obtenir la confirmation des lettres patentes de Henri IV, enregistrées au parlement de Dijon, en faveur des dîmes de notre pays. Je me conforme en cela aux vues et aux bontés de M. le duc de Praslin, et je me flatte qu’un curé ne tiendra pas contre Henri IV et Louis XV.
Je gémis toujours devant Dieu de l’injustice criante qu’on me fait de m’attribuer un Portatif ; vous savez quelle est mon innocence. Je me suis avisé d’écrire, il y a quelques jours, une lettre à frère Marin, adressée tout ouverte chez M. le lieutenant-général de police. Dans cette lettre je le priais d’empêcher un scélérat de libraire, nommé Besongne 2, natif de Normandie, d’imprimer l’infernal Portatif . Je ne sais si frère Marin a reçu cette lettre 3. En attendant, je trouve vos conseils divins, et je vais engager l’auteur à vous envoyer un portatif raisonnable, décent, irréprochable, et même un peu pédantesque ; et si frère Marin n’était pas riche, si on pouvait lui proposer de tirer quelque avantage de l’impression, cela ne serait peut-être pas mal avisé. J’en ai parlé à l’auteur, qui est proche parent de l’ex-jésuite ; en vérité ils sont tout à fait dociles dans cette famille-là ; il lui a dit qu’il s’allait mettre à travailler, tout malade qu’il est. Cet auteur s’appelle Dubut ; mais il a encore un autre nom ; il a étudié en théologie, et possède Tertullien sur le bout du doigt. Ce serait bien là le cas de donner les Roués ; il est bon de faire des diversions.
Je baise le bout des ailes de mes anges en toute humilité, avec la plus vive reconnaissance. »
1 Voir lettre du 29 septembre 1764 à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/nous-n-avons-contre-nous-qu-un-concile-du-douzieme-siecle.html
La requête des États du pays de Gex figure dans les papiers envoyés .
2 Jacques Besongne , voir page 507 : https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1989_num_147_1_450546
Le Dictionnaire Philosophique est édité par Gabriel Grasset , et non par les Cramer (Andrew Brown et Ulla Kölving )..
3 Cette lettre à Marin , secrétaire général de la Librairie, n'est pas connue . V* y dénoncerait le …. Dictionnaire philosophique ! Mais a-t-il vraiment écrit cette lettre ?
Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/548-francois-marin
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin
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18/11/2019
ce livre renié par moi n'est point de moi
... clame Mélenchon à la sortie de La chute de la maison Mélenchon, de Tomas Guénolé . Ce président de la France Insoumise, -parti créé pour les besoins matériels du susdit qui se voulait présidentiable,- a vraiment bonne mine quand il joue à la victime , la vierge effarouchée, et sonne plus faux qu'une cloche fêlée . Mélenchon , tu es un petit à grande gueule !
Tel quel !
« A Jean Le Rond d'Alembert
1er octobre [1764]1
Premièrement mon cher et grand philosophe, je vous conjure encore d'affirmer sur votre part de paradis, que votre frère n'a nulle part au Portatif . Car votre frère jure et ne parie pas, que jamais il n'a composé cette infamie, et il faut l'en croire , et il ne faut pas que les frères soient persécutés . Ce n'est point le mensonge officieux que je propose à mon frère, c’est la clameur officieuse, le service essentiel de bien dire que ce livre renié par moi n'est point de moi, c'est de ne pas armer la langue de la calomnie et la main de la persécution . Ce livre est divin à deux ou trois bêtises près qui s'y sont glissées . Quas aut incuria fudit aut humana parum cavit natura, mais je jure par Sabaoth et Adonaï quia non sum author hujus libri 2. Il ne peut avoir été 3 inspiré que par le diable, car il y a là du moral et de l'infernal .
Mon second point c'est que je suis tombé aujourd'hui sur l'article dictionnaire , en votre Encyclopédie . J'ai vu avec horreur ce que vous dites de Bayle 4, heureux s'il avait plus respecté la religion et les mœurs, ou quelque chose d'approchant . Ah que vous m'avez contristé ! Il faut que le démon de Jurieu 5 vous ait possédé dans ce moment-là . Vous devez faire pénitence toute votre vie de ces deux lignes . Qu'auriez-vous dit de plus de Spinoza et de La Fontaine ? Que ces lignes soient baignées de vos larmes ! Ah monstres ! ah tyrans des esprits ! quel despotisme affreux vous exercez ! si vous avez contraint mon frère à parler ainsi de notre père .
Ut ut est 6, je vous demande en grâce mon cher philosophe que je ne sois jamais l'auteur de ce Portatif . C'est une rapsodie, un recueil de plusieurs morceaux détachés de plusieurs auteurs . Je sais à quel point on est irrité contre ce livre . Les Fréron et les Pompignan crient qu'il est de moi, et par conséquent les gens de bien doivent crier qu’il n'en est pas . On ne peut ni vous estimer ni vous aimer plus que je fais .
V.
N. B. – J'apprends dans ce moment que les orages s'élèvent contre le Portatif . La chose est très sérieuse . L'ouvrage est d'un nommé Dubut, proposant, lequel n'a jamais existé, mais pourquoi me l'imputer ? »
1 V* a d'abord écrit 2 .
2 Qui sont, soit des négligences, soit des marques de l'infirmité humaine ….que je ne suis pas l'auteur de ce livre .
3 V* a oublié un mot comme écrit ou composé ou dicté .
4 D'Alembert a décrit le Dictionnaire de Bayle comme « un ouvrage que l'auteur aurait rendu infiniment estimable en supprimant ce qui peut blesser la religion et les mœurs. »Venant de lui , la formule est bien hypocrite .
5 Jurieu a violemment attaqué Bayle . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/425-pierre-jurieu
6 Quoi qu'il en soit .
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17/11/2019
nous n'avons contre nous qu'un concile du douzième siècle
... et le Nouveau Testament en qualité de catholiques soumis , un coran pour ou plutôt "contre" les musulmans, une bible et une torah tout aussi contraignantes pour les juifs . Toutes les religions, mono ou polythéistes sont basées sur des contraintes et l'entretien de la peur chez les fidèles , et l'intolérance pour tous ceux d'un autre bord . Lamentable .
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
Aux Délices près de Genève
29è septembre 1764
Monseigneur,
Malgré mon extrême crainte de parler des petites affaires à ceux qui en gouvernent de grandes, je ne peux me priver plus longtemps du plaisir de vous présenter les très humbles remerciements de Mme Denis et les miens . Nous sommes pénétrés de vos bontés autant que nous comptons sur votre production .
J'ose vous supplier de daigner parcourir les pièces ci-jointes 1. Les petits États de notre petite province se joignent à nous comme vous verrez par leur requête .
Nous avons pour nous Henri IV et M. Le duc de Praslin . Il est difficile qu'on ne se rende pas à ces deux noms .
Il est étrange que dans cette affaire qui a flotté cent trente ans entre des arrêts contraires les uns aux autres , on n’ait pas encore produit les lettres patentes de Henri IV enregistrées au parlement de Bourgogne qui devaient tout terminer . Il faut ou qu'on les eût ignorées ou que le parlement ait fait plus de cas du concile de Latran qui nous ôte nos dîmes, que de Henri le Grand qui nous les donne .
Nous espérons que les ordres de ce grand roi soutenus de ceux de Sa Majesté acquerront une nouvelle force en passant par vos mains . Nous plaidons pour deux républiques, pour les États de notre province, pour le maintien de quatre traités solennels , et nous n'avons contre nous qu'un concile du douzième siècle .
Agréez la reconnaissance et le respect avec lesquels je serai toute ma vie
Monseigneur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Il s'agit toujours des dîmes du pays de Gex . Les documents sont conservés aux Archives des Affaires étrangères et ont été imprimées par Th. Besterman.
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