05/08/2020
On examine l'ouvrage dans l'idée d'y trouver des choses dangereuses
... Voir , et en particulier à propos de la PMA : https://www.vie-publique.fr/loi/268659-loi-bioethique-pma
Les catho intégristes freinent des quatre fers , comme d'hab' . Je ne me prononce pas pour les autres religions qui ont sans doute elles aussi leurs visions de ce que doit être une famille selon dieu et ses prophètes .
« A Etienne-Noël Damilaville
19è avril 1765 1
Mon cher frère, je suis confondu, pétrifié ; c'est donc un secret que l'expulsion des jésuites, puisqu'il est défendu d'en parler . Point de bruit si je ne le fais est donc la devise des maîtres des actions et des pensées des hommes ? J'espère au moins qu'on ne perdra rien pour attendre, et que dans quelque temps ce charmant ouvrage paraîtra . Les Bazin de Hollande n'étaient pas encore arrivés quand M. Delahaye partit avec les Caloyer 2. Ces Caloyer m'ont paru fort augmentés, et capables de faire beaucoup de bien . Vous avez une petite liste des personnages auxquelles on peut en envoyer, et vous trouverez sans doute quelque adepte qui se chargera aisément du reste .
Les Bazin sont d'un genre tout différent . Ils ne me semblent pouvoir faire fortune qu'auprès de ceux qui connaissent un peu l'histoire ancienne . Je crois qu'ils n’essuieront pas le sort de la Destruction . L'étiquette du sac n'inspire pas la même défiance . Le nom seul de jésuite effarouche la magistrature . On examine l'ouvrage dans l'idée d'y trouver des choses dangereuses . Des fatras d’histoire donnent moins d'alarme . La destruction des Babyloniens par les Persans effarouche moins que la destruction des jésuites par les jansénistes .
L'enchanteur Merlin est très instamment prié de n'en pas faire une édition nouvelle avant de faire écouler celle d'un pauvre diable à qui j'ai donné ce petit morceau pour le tirer de la pauvreté . Je crois que l'enchanteur se tirera bien de sa secondé édition ; l'ouvrage m'a paru assez curieux et assez neuf . Je n'en ai envoyé que quelques feuilles en divers paquets à M. d'Argental, sous le couvert d'un ministre . Mandez-moi, mon cher frère, si je puis en user de même avec vous, en me servant de l'adresse de M. Gaudet 3, et en lui adressant les paquets par Lyon .
Je ne verrai Gabriel que dans quelques jours . C'est un petit voyage d'aller de Genève chez moi, l'allée et le retour prennent une journée .
Mon cher frère, je vous embrasse . Écr l'inf. »
1 Voir lettre du 17 Avril 1765 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/31/j-ai-oublie-tous-mes-maux-quand-j-ai-appris-la-liberalite-du-6254906.html
2 Le Catéchisme de l'honnête homme : https://fr.wikisource.org/wiki/Cat%C3%A9chisme_de_l%E2%80%99honn%C3%AAte_homme
3 C'est le directeur général des vingtièmes, donc le supérieur de Damilaville .Voir : https://books.google.fr/books?id=BieiBgAAQBAJ&pg=PP12&lpg=PP12&dq=m;+gaudet+vingti%C3%A8mes+1765&source=bl&ots=WwR4i26iFo&sig=ACfU3U2CftsdesEi5_iZmhwSSIqAgvUlEg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj9u9n5n4TrAhUR8uAKHaEjB4UQ6AEwAnoECAcQAQ#v=onepage&q=m%3B%20gaudet%20vingti%C3%A8mes%201765&f=false
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04/08/2020
Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise ... ce siècle sera le tombeau du fanatisme
... Optimiste , inénarrable Candide !
https://www.youtube.com/watch?v=AzBlD5TrfWI&list=RDjt...
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence etc.
au château de Dirac
près d'Angoulême
19è avril 1765 à Ferney
Que diront donc, mon cher marquis, les ennemis de la raison et de l’humanité, quand ils apprendront que le roi a daigné donner trente-six mille livres à la famille Calas, avec la permission de prendre à partie les homicides qui ont fait rouer un innocent ? Il faut à présent que le fanatisme rougisse, se repente, et se taise. Au reste, l’arbre qui a porté dans tous les temps de si détestables fruits doit être jeté au feu par tous les honnêtes gens.
Ce qui vous surprendra, c’est qu’il y a une affaire à peu près semblable à celle des Calas sur le tapis. Tâchez, si vous avez quelque correspondant à Paris, d’avoir une lettre imprimée de M. de Vol*** à M. Dam*** etc. Elle pourra vous étonner et vous attendrir. Bénissons le ciel, qui permet que la raison s’étende de tout côté chez les Welches : ce siècle sera le tombeau du fanatisme.
Pardonnez si je vous écris des lettres si courtes ; mais j’en suis si accablé que cela prend tout mon temps. »
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03/08/2020
J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux
... Grand bien te fasse mon cher Voltaire, mais moi qui suis soumis à un président de la République , aucune illusion, je n'espère aucune libéralité et ne tiens ma jeunesse et vigueur qu'à mes propres moyens . Hasta luego !...
https://www.youtube.com/watch?v=kiRlJ4HuWGc&list=RDjt...
« A Etienne-Noël Damilaville
17è avril 1765 1
Je réponds à votre lettre du 10 . Si elle avait été du 11, vous auriez été dans un bel enthousiasme des trente-six mille livres accordées par le roi à notre famille Calas 2. Si le roi savait combien on le bénit dans les pays étrangers, il trouverait que jamais personne n’a mis son argent à un pareil intérêt. Jamais l’innocence n’a été mieux vengée ni plus honorée. Vous êtes assurément bien payé, mon cher frère, de toutes vos peines. Le généreux Élie doit être bien content . On regarde ici son mémoire comme un chef-d’œuvre . Il était impossible que les juges résistassent à la force de son éloquence. J’ai oublié tous mes maux, quand j’ai appris la libéralité du roi ; je me suis cru jeune et vigoureux, et j’imagine qu’à présent vous ne portez plus d’emplâtre au cou.
Ou je suis bien trompé, ou M. de Beaumont a dû voir l’arrêt du parlement de Toulouse à la suite de la sentence de Castres. Si cet arrêt ne s'y trouve pas nous allons écrire pour le faire venir . Élie va donc, une seconde fois, tirer la vertu du sein de l’opprobre et de l’infortune. Je vous prie de l’embrasser bien tendrement pour moi, et de lui dire qu’il a un autel dans mon cœur.
Vous ne m'avez point encore accusé la réception du paquet que M. Delahaye a dû vous remettre, il n'est donc point encore à Paris ? Et s'il y est, il faut donc qu'il soit arrivé quelque malheur . Ne pourriez-vous point aller chez lui ? Le paquet ne laisse pas d'être de quelque conséquence . J'ai exécuté ponctuellement tous les ordres que frère Archimède m'a donnés 3, et je fais des vœux pour que la Destruction paraisse incessamment . Toutes ces destructions-là sont l'édification des honnêtes gens . Combattez, anges de l’humanité, bonsoir mon cher frère . Écr. l’inf. »
1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais suivie des éditions, amalgame cette lettre avec celle du 19 avril en le abrégeant l'une et l'autre et datant du 17 avril : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5990
2 Voir dans la lettre du 7-8 juin 1764 à Cramer , où V* évoque pour la première fois l'idée de ce dédommagement : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/14/quel-dedommagement-aura-la-famille%C2%A0.html
Voir aussi la lettre d'Elie de Beaumont du 11 avril 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/28/vous-avez-de-bons-conseils-consultez-les-et-faites-ce-qu-ils-vous-diront.html
Le Journal encyclopédique du 15 avril 1765, page 171, dit que, dans les 36 000 livres, il y en eut 12 000 pour Mme veuve Calas, 6000 pour chacune des deux demoiselles Calas, 3000 pour le fils, et 3,000 pour la servante. Dupleix de Bacquencourt, maître des requêtes, rapporteur du procès, se rendit chez Mme Calas, et lui remit en outre une somme considérable en or. Cette dame pria le magistrat de vouloir bien lui dire à qui elle en avait l’obligation. « Je suis chargé, a-t-il répondu, madame, de vous demander comme grâce de ne point prendre la peine de vous en informer. »
3 D'Alembert, dans la lettre citée à propos de celle du 16 avril 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/29/il-ne-tiendrait-qu-a-vous-de-dire-bientot-que-de-fous-j-ai-g-6254435.html
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02/08/2020
J'espère que vous réussirez dans toutes vos entreprises, et que votre bonheur sera désormais égal à vos infortunes passées
... https://www.youtube.com/watch?v=6dCmwGbEON4
« A Anne-Rose Calas
Vous concevez bien , madame, qu'elle a été ma joie en apprenant les bienfaits dont le roi soulage vos malheurs, et récompense votre vertu . J'espère que vous réussirez dans toutes vos entreprises, et que votre bonheur sera désormais égal à vos infortunes passées .
Permettez-moi d'embrasser mesdemoiselles vos filles, monsieur votre fils et M. Lavaysse .
J'ai l'honneur d'être avec l'intérêt le plus vif, et le plus grand attendrissement, madame, votre très humble et très obéissant serviteur
V.
17è avril 1765 à Ferney. 1»
1 A son habitude, Mme Calas a porté le nom de V* et la date sur le manuscrit .
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01/08/2020
Il faut bien peu de chose aux grands de ce monde pour inspirer l’amour ou la haine
... https://www.youtube.com/watch?v=T02HJFNLaLQ
« A Etienne-Noël Damilaville
16è avril 1765
Il est donc enfin décidé, mon cher frère, que le roi daignera donner un dédommagement à notre veuve. Je vous assure qu’il aura l’intérêt de son argent en bénédictions. Un roi fait ce qu’il veut des cœurs : tous les protestants sont prêts à mourir pour son service. Il faut bien peu de chose aux grands de ce monde pour inspirer l’amour ou la haine. Je ne suis pas assez au fait des affaires pour décider sur la prise a partie ; mais si cette prise réussissait, ce serait un terrible coup. Je ne crois pas qu’il y en ait d’exemple depuis le massacre de Cabrières et de Mérindol ; mais cette cruelle affaire était bien d’un autre genre : il s’agissait de l’abus sanguinaire des ordres du roi, de dix-huit villages mis en cendres, et de huit à neuf mille sujets égorgés. Tantum religio potuit suadere malorum !1 Je m’unis à vous plus que jamais dans la sainte tolérance. Écr. l’inf. »
1 Tant la religion a pu inspirer de crimes , Lucrèce, De natura rerum, I, 101 ( voir : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucrece/livre1a.htm ).
V* fait allusion à des évènements datant du règne de François Ier ; voir lettre du 20 avril 1765 à Dupont : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5994
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_M%C3%A9rindol
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31/07/2020
les liaisons avec les jeunes gens du bel air sont souvent dangereuses, quel vide on trouve dans leur société
... La période des vacances et les fréquentations fugaces sont bien faites pour confirmer ce constat voltairien . Sea, sex and sun ! Noyades, MST et coups de soleil !
« A Jean-François-Joseph de Toulongeon, comte de Champlitte 1
A Ferney, 16 avril 1765
M. le marquis de Villette, monsieur, m’ayant appris qu’il était votre parent, et que vous étiez instruit de toutes ses affaires, j’ai cru que vous me pardonneriez la liberté que je prends de vous écrire sur sa situation présente. Il m’a inspiré un véritable intérêt à tout ce qui le regarde. Il est aimable, plein d’esprit ; je lui crois le cœur excellent, et j’ai vu avec une satisfaction bien sensible qu’il respecte et qu’il aime monsieur son père autant qu’il le doit. Il est fait pour être sa consolation. Plus il sent les fautes dans lesquelles il peut être tombé, plus il sent aussi la nécessité et le plaisir honnête de les réparer. La bonté de son caractère m’a enhardi quelquefois à observer avec lui combien les liaisons avec les jeunes gens du bel air sont souvent dangereuses, quel vide on trouve dans leur société, et que nos parents sont nos véritables amis. C’est surtout la manière dont il m’a parlé de vous, monsieur, qui m’a déterminé à vous ouvrir mon cœur. Il m’a fait l’honneur de regarder mon petit ermitage comme sa maison, et quand nous le perdrons, il nous laissera bien des regrets. Je prévois qu’avant de retourner à Paris il passera quelque temps auprès de vous ; il en sera plus cher à monsieur son père, et méritera davantage son amitié. Ce sera vous, monsieur, à qui il devra cette réconciliation entière. Je voudrais pouvoir l’accompagner quand il ira vous voir ; mon âge et les maladies dont je suis accablé me priveront probablement de cet avantage ; mais ils ne me laissent pas moins sensible à votre mérite et aux bontés que vous m’avez toujours témoignées. C’est surtout de ces bontés que j’attends quelque indulgence de vous pour cette lettre. Il ne m’appartient pas sans doute d’animer votre sensibilité pour M. de Villette ; permettez-moi seulement de joindre la mienne à la vôtre, et de vous renouveler tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
1 Ce destinataire a été identifié par sa parenté avec le marquis de Villette ( il est le mari d'Anne-Prospère, tante de de Villette ) , et par le fait que Champlitte est en Haute-Soône sur la route de Paris .
Voir : https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&n=de+toulongeon&oc=0&p=jean+francois+joseph
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Champlitte
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30/07/2020
Si nous sommes encore sots et barbares, c’est aux instructeurs qu’il faut s’en prendre
... "L'année scolaire 2020-2021 sera caractérisée par le développement du sport et de la culture dans la vie de chaque élève. L'éducation physique et sportive ainsi que l'ensemble des disciplines artistiques seront au cœur de cette priorité."
Je n'invente rien, c'est officiel : https://www.education.gouv.fr/la-circulaire-de-rentree-20...
Avec ça, nos enfants sont bien lotis ! Costauds, agiles et bien dans leurs baskets, aussi cultivés que les champions de TLMVPSP et les 12 Coups de midi, nous aurions des adultes idéaux, et ainsi nous n'aurions plus jamais besoin d'avoir des Gisèle Halimi ni des Jacqueline Sauvage ?
Il serait bon qu'on n'oublie pas de rendre hommage à ces femmes, et qu'on enseigne pour quoi et contre quoi elles se sont battues , modèles de courage pour rendre notre monde meilleur . Mesdames, Voltaire est de votre côté .
Nos enfants en juillet 2021
« A Théophile Imarigeon Duvernet 1
Ferney, le 16 avril 1765
Je fais mon compliment, monsieur l’abbé, aux habitants de la ville de Vienne de vous avoir confié leur collège. Les jeunes gens de cette ville auront fait un grand pas vers la sagesse lorsqu’ils commenceront à rougir de l’atrocité de leurs ancêtres à l’égard du malheureux Servet. Il est très-important de leur apprendre de bonne heure que ce médecin espagnol, moitié théologien et moitié philosophe, avant d’être cuit à petit feu dans Genève, avait déjà été condamné à être brûlé vif à Vienne, au milieu du marché aux cochons. Il faut encore que ces jeunes gens sachent que Servet était l’ami et le médecin de l’archevêque et du premier magistrat de cette ville : ils devaient l’un et l’autre leur santé aux soins de Servet ; le fanatisme éteignit en eux tout sentiment d’amitié et de reconnaissance. Le prélat permit à son official, escorté d’un inquisiteur de la foi, de déclarer hérétique son médecin ; et le magistrat, escorté de quatre à cinq assesseurs aussi ignorants que lui, crut que, pour plaire à Dieu et pour édifier les bonnes femmes du Dauphiné, il devait en conscience faire brûler son ami Servet, déclaré hérétique par un inquisiteur de la foi.
Vous trouverez certainement dans la bibliothèque de votre collège une grande partie des matériaux qui vous seront devenus nécessaires pour l’histoire des révérends pères jésuites. Vous êtes très en état, monsieur, de bien faire cette histoire, et vous êtes sûr d’être lu, lors même qu’il n’y aurait plus au monde ni jésuites ni ennemis des jésuites. Vous rendrez un grand service aux hommes en leur faisant connaître des religieux qui les ont trompés, et qui les ont fait battre en les trompant.
Un grand philosophe géomètre, qui daigne me mettre au nombre de ses amis, vient de publier un discours très-éloquent sur la destruction de ces religieux 2. Ce discours, plein de chaleur, de sel et de vérités, est une excellente préface à l’histoire que vous préparez. Vous devez sentir, monsieur, plus que personne, que la destruction de cette Société, dite de Jésus, est un grand bien qui s’opère en Europe. C’est une légion d’ennemis de moins que les gouvernements et la philosophie auront désormais à craindre et à combattre. Il est à désirer que les hommes de lettres qui les remplacent dans l’enseignement de la jeunesse aient autant de courage et de lumières que vous en avez pour faire le bien. On verra bientôt en France, en Espagne, en Portugal, une génération d’hommes très-instruits qui sentiront vivement combien il est affreux de se tourmenter pour des subtilités métaphysiques, et de faire un enfer anticipé de ce monde, qui ne devrait être, pendant le peu d’instants que nous nous y arrêtons, que le séjour des plaisirs et de la vertu. Si nous sommes encore sots et barbares, c’est aux instructeurs qu’il faut s’en prendre. Les études dans les collèges n’ont été jusqu’ici réglées que d’après les principes d’une théologie dogmatique ; et c’est de cette source empoisonnée que sont sorties tant de sectes qui, en l’honneur de Jésus-Christ, se sont chargées d’anathèmes, et qui, après s’être querellées grossièrement, ont employé des milliers de bourreaux pour s’exterminer, et ont fait, en s’exterminant, un vaste cimetière de l’Europe, tantôt pour les couleurs eucharistiques, et tantôt pour la grâce versatile.
Ce que vous me dites, monsieur, du nombre de ceux qui ne croient pas en Dieu est une vérité incontestable. Le temps où il y eut en Europe plus d’athées et plus de crimes de toutes les espèces est celui où l’on eut plus de théologiens et de persécuteurs, M. Charles Gouju 3 est entièrement de votre sentiment, et il s’en rapporte à votre prudence au sujet de la petite homélie qu’il adresse à ses frères sur la banqueroute des révérends pères jésuites, et sur l’athéisme des théologiens.
Je suis, etc. »
1 La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue ; Théophile-Imarigeon Duvernet, né à Ambert en Auvergne, en 1734, mort en ou avant 1797, est auteur d’une Vie de Voltaire publiée pour la première fois en 1786, et dont la dernière édition est de 1797. Il avait été l’éditeur et le mutilateur des Lettres de M. de Voltaire à M. l’abbé Moussinot, son trésorier, 1781, in-8°. . Voir : https://books.google.fr/books?id=hUIgvFD5M7sC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9007035p/f2.image
2 Sur la destruction des jésuites, de d'Alembert .
3 A propos de la Lettre de Charles Gouju à ses frères par les révérends pères, 1761, voir la lettre à Thieriot du 14 septembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/22/si-a-son-age-elle-joue-des-roles-de-petite-fille-on-peut-fai-5838720.html
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Charles_Gouju/%C3%89dition_Garnier
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