21/06/2018
Il ne faut dans le temps présent donner aucun prétexte à des scélérats persécuteurs
...
« A Gabriel Cramer
Jeudi matin [juin-juillet 1763]1
Je prie monsieur Cramer de vouloir bien effacer le nom de Ribaudier et de Ribadier , et de mettre à sa place Thibaudier . Il ne faut dans le temps présent donner aucun prétexte à des scélérats persécuteurs plus dangereux que ne l'ont jamais été les jésuites . Cela est très sérieux . Si malheureusement on accusait une certaine personne d'être l'auteur du caloyer 2, ouvrage beaucoup trop hardi auquel elle n'a nulle part, elle serait infailliblement perdue . Monsieur Cramer est aussi prié d'avoir la bonté d'envoyer l'épreuve de la petite et innocente plaisanterie dont il est question . »
1 L'édition Gagnebin place cette lettre à l'automne 1763 ; mais dès le 19 juillet V* envoyait des exemplaires du Catéchisme de l'honnête homme ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien (https://fr.wikisource.org/wiki/Cat%C3%A9chisme_de_l%E2%80%99honn%C3%AAte_homme) ; voir fin de la lettre du 19 juillet 1763 à la duchesse de Saxe-Gotha : « Madame j'ai l'honneur de vous envoyer un petit catéchisme qui m'a paru assez raisonnable. »
2 Un caloyer est un moine grec .
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Je le prie de me faire dire comment il se porte
... Afin que je puisse faire mes paris pour le match France-Pérou de ce jour ! [Antoine, juste un petit SMS, please ! ]
« A Henri Rieu
[vers 1763] .
Si j'avais un moment de santé j'irais savoir des nouvelles de mon cher corsaire . Je le prie de me faire dire comment il se porte . »
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Vous n'avez donc pas les pieds aussi bons que la tête
... à moins que ce soit l'inverse mon cher Griezmann ! Bon match quand même Antoine, sans faire des grimaces "à la Neymar" .
« A Henri Rieu
à Chouilly.1
[vers 1763] 2
Vous n'avez donc pas les pieds aussi bons que la tête mon cher corsaire ? Guérissez votre entorse ; et venez nous voir . Je pense qu'un jour le libraire qui a imprimé le Tractatus theologico-politicus 3 pourrait imprimer le livre anglais dont vous me parlez . Les faquins qu'il attaque ont publié tant d'horreurs qu'il est juste qu'on publie leur opprobre, et puisqu'ils se sont établis par la fraude il faut qu'ils soient écrasés par la vérité .
Je vous embrasse. »
1 Le Clos, à Chouilly est une maison appartenant à la mère de Rieu, née Renée-Madeleine Calendrini : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=en&p=renee+madeleine&n=calandrini
2 Ce billet est daté d'après la lettre du 17 juillet 1763 au même .
08:47 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/06/2018
Il me paraît qu'elle est approuvée de tout le monde
... Mme Carole Bourdais, mère qui agit remarquablement, pour aider les familles à enfants handicapés, et qui fait appel publiquement au président Macron : https://www.lci.fr/societe/ma-vie-est-entre-parentheses-l...
La volonté de faire le bien, à l'oeuvre .
« A Pierre Pictet
[vers 1763]1
Je vous envoie, mon cher voisin, la sage réponse du Conseil . Il me paraît qu'elle est approuvée de tout le monde . Nous verrons ce que l'adverse partie y répondra . Nous ne cessons ici de bénir Dieu de la guérison de Mme Constant . Toute notre petite famille vous présente ses très humbles obéissances, ainsi qu'à madame Pictet . »
1 L'édition Havens place ce billet , à titre d'hypothèse, le 10 décembre 1760 . Tout ce qu'on peut dire, c'est que Charlotte Constant fut en mauvaise santé, avec des rémissions de 1760 jusqu'à sa mort en 1766 .
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Le malade est bien indigne de manger du gibier
... Si toutefois il en trouve encore ! ce gibier qui devrait finalement disparaitre sans l'intervention des fusils des chasseurs, mais plus certainement par l'activité in/sensée nous nourrir : l'agriculture et ses pesticides et destructions de milieux naturels .
https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/06/18/oi...
« A Louis-Amable Deprez de Crassier
Chevalier de Saint-Louis, Lieutenant
du roi du Charolais etc. 1
[vers 1763] 2
Le malade est bien indigne de manger du gibier que monsieur de Crassier lui fait l'honneur de lui envoyer mais sa dernière volonté sera de le servir s'il le peut et de lui témoigner ses sentiments les plus respectueux .
V. »
1 Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1100852/texteBrut :
« M. de Prez de Crassier, chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel d'infanterie, grand bailli d'épée. »
2 D'après un décalque sur papier transparent du manuscrit, sur lequel on a porté la mention « Écriture de la main de Voltaire en 1775 » ; mais en fait l'écriture est antérieure d'au moins dix ans .
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19/06/2018
Vous avez très bien relevé mes inadvertances
... Cette constatation semble totalement impossible à placer dans la bouche d'un lycéen ou tout autre étudiant recevant ses notes d'examen, ou alors peut-être de la part d'un recalé admis au repêchage et qui veut la jouer "humble sujet" devant son "clairvoyant examinateur" : lèche-cul !
« A Gabriel Cramer
[1763]1
Vous avez très bien relevé mes inadvertances mon cher Gabriel . Tout est corrigé .
Renvoyez toujours la dernière épreuve .
À ce soir, copie .
Je renvoie Pomp[ée], Méla et Corn[elius] Nepos .
Envoyez-moi je vous prie l'introduction à l’Histoire du Danemark. »
1 Pour la date, elle est donnée par l'allusion à l'ouvrage de Paul-Henri Maller : Histoire de Dannemarc, 1763 , dont les deux premiers volumes sont effectivement intitulés Introduction à l'histoire de Dannemarc . Voir : http://data.bnf.fr/13005574/paul-henri_mallet/
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18/06/2018
On est sûr de la justice, quand on est protégé par la vertu
... Vous avez trois heures pour rendre votre dissertation .
P.S. -- On est sûr de se faire recaler quand on casse son lycée .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
A Ferney 30 juin [1763] 1
Madame,
Une bonne âme a mis entre mes mains les libéralités d’une grande âme. Je ferai tenir incessamment à la famille infortunée des Calas les marques de votre générosité. Ce secours est un augure bien favorable pour le gain absolu de leur procès. On est sûr de la justice, quand on est protégé par la vertu. Votre Altesse Sérénissime n’a jamais fait que de belles actions. Tous les princes, vos confrères, ne vous imitent pas, madame ; ils donnent des batailles, ils les gagnent ou ils les perdent ; ils font des traités ou dangereux ou utiles ; mais secourir la vertu malheureuse, aller chercher dans le sein de l’opprobre et de la misère des inconnus persécutés, les honorer d’un bienfait considérable, c’est ce qui n’appartient qu’à madame la duchesse de Gotha . On ose donner des fêtes à Paris ; je ne sais pas trop bien pourquoi. Il me semble que c’est aux Anglais et à certains princes d’Allemagne à donner des fêtes. Si Votre Altesse Sérénissime peut se plaire aux petits objets qui marquent de l’humanité, je lui dirai que Jean-Jacques Rousseau, condamné dans la ville de Calvin pour avoir fait parler un vicaire savoyard, Jean-Jacques qui s’était débourgeoisé de Genève, a trouvé des bourgeois qui ont pris son parti. Deux cents personnes, parmi lesquelles il y avait deux ou trois ministres, ont présenté pour lui requête au magistrat 2 « Nous savons bien qu’il n’est pas chrétien, disent-ils ; mais nous voulons qu’il soit notre citoyen. » Voilà donc la tolérance établie, Dieu soit béni ! C’est un exemple qu’on ne suivra pas à Rome, en Espagne, en Autriche . Que votre auguste famille me conserve ses bontés. Agréez, madame, mon profond respect.
V. »
1 L'édition Voltaire à Ferney la place en 1760, corrigée par Moland .
2 Le 18 juin 1763 ; des représentations, trop tardives pour être efficaces, furent présentées au conseil, de juin à août 1763 .
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