Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/01/2019

Il n’est plus question vraiment de bagatelles

... Il est question de débattre à tout va , et radio-bistro n'a pas fini d'émettre .

"Les Français parlent aux Français !..." , mais certains me font douter qu'ils savent "parler français " .

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

18è janvier 1764 1

Huc quoque clara tui pervenit fama triumphi,

Languida quo fessi vix venit aura Noti.2

Le philosophe de Vic-sur-Aisne est donc actuellement le philosophe de Paris-sur-Seine ; car il sera toujours philosophe, et il connaîtra toujours le prix des choses de ce monde.

Je fais, monseigneur, mes compliments à Votre Éminence, et c’est assurément de bon cœur . Je vous avais parlé de contes pour vous amuser, mais il n’est plus question de contes de ma mère l’Oye. J’avais soumis à vos lumières certain drame 3 barbare que j’ai débarbarisé 4 tant que j’ai pu, et sur lequel motus . Il n’est plus question vraiment de bagatelles. Vous devez être accablé de nouveaux amis, de serviteurs zélés, qui ont tous pris la part la plus vraie, la plus tendre, qui ont eu l’attachement le plus inaltérable, qui ont été pénétrés, qui seront pénétrés, etc., etc., etc. ; et Votre Éminence de sourire.

Si vous n’êtes pas toujours à Versailles, n’irez-vous pas quelquefois à l’Académie ? Tant mieux : vous y serez le protecteur des remarques impartiales sur Corneille. Vous aimez les choses sublimes ; mais vous n’aimez pas le galimatias, les pensées alambiquées et forcées, les raisonnements abstrus et faux, les solécismes, les barbarismes ; et certes vous faites bien.

Monseigneur, quelque chose qu’il arrive, aimez toujours les lettres ; j’ai soixante-dix ans, et j’éprouve que ce sont de bonnes amies ; elles sont comme l’argent comptant, elles ne manquent jamais au besoin.

Que Votre Éminence agrée le tendre respect du vieux de la montagne ; honorez-le d’un mot de souvenir, quand vous aurez expédié la foule.

N. B. – Puis-je avoir l’honneur de vous envoyer un Traité sur la Tolérance, fait à l’occasion de l’affaire des Calas, qui va se juger définitivement au mois de février ? Ce n’est pas là un conte de ma mère l’Oye, c’est un livre très sérieux ; votre approbation serait d’un grand poids. Puis-je l’adresser en droiture à Votre Éminence, ou voulez-vous que ce soit sous l’enveloppe de M. Jeannel, ou voulez-vous que je ne vous l’envoie point  ?"

1 Bernis a écrit de son côté à V* le 16 janvier 1764 , du Plessis, par Senlis, au sujet de son passage à Versailles et à Paris .

2 Le bruit illustre de ton triomphe parvient jusqu'ici, où le souffle fatigué du Notus ne parvient plus que languissant ; d'après Ovide : Les Pontiques, II, I, 1-2.

3 Olympie .

23/01/2019

Je n'ai point du tout été la dupe de tous les bruits qui ont couru sur une présentation à Versailles , et j'ai jugé que cette représentation n'aurait pas beaucoup de suite

... Also sprach un Gilet jaune bas de plafond .

- Warum ?...

- ... Weil : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/emmanuel-macron-p...

 Un 21 janvier Louis XVI perd la tête, un 21 janvier Benalla perd la mémoire, un 21 janvier le président Macron prend le temps et les moyens pour redorer l'industrie française . Il a compris , lui, que pour distribuer de l'argent il faut d'abord en gagner .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18 janvier 1764 aux Délices

J'étais mort, comme vous savez ; la lettre de mes anges du 12 janvier, ne m'a pas tout à fait ressuscité, mais elle m'a dégourdi . Il y a eu certainement trois paquets détenus à la poste . On ne veut absolument point de livres étrangers par les courriers ; il faut subir sa destinée ; mais avec ces livres on a retenu le conte des Trois Manières, qui était adressé à M. de Courteilles, et ce qu'il y a de plus criant, de plus contraire au droit des gens, c'est que ce conte manuscrit était tout seul de sa bande, et ne faisait pas un gros volume . Le roi ne peut pas avoir donné ordre qu'on saisît mon conte, et s'il l'a lu, il en aura été amusé pour peu qu'il aime les contes .

Je soupçonne donc que ce conte est actuellement entre les mains de quelque commis de la poste qui n’y entend rien . Comment fléchir M. Jeannel ? Est-il possible que la plus grande consolation de ma vie, celle d'envoyer des contes par la poste, soit interdite aux pauvres humains ? Cela fait saigner le cœur .

Ce qui m'émerveille encore, c'est que M. Le duc de Praslin n'ait point reçu de réponse de monsieur le premier président de Dijon . Cette réponse serait-elle avec mon conte ? J'ai supplié M. le duc de Praslin de vouloir bien faire signifier ses volontés à mon avocat Mariette . Il  fera ce qu'il jugera à propos .

Mais quoi ! la conspiration des roués s'en est donc allée en fumée ? J'ai envoyé en dernier lieu un 5è acte des Roués ; il est sans doute englouti avec mon conte . La pièce des Roués me paraissait assez bien ; la conspiration allait son train ; ce 5è acte me paraissait très fortifié ; mais s'il est entre les mains de M. Jeannel, que dire ? Que faire ? M. le duc de Praslin ne pourrait-il pas me recommander à M. Jeannel comme un bon vieillard qu'il honore de sa pitié ? Je suis sûr que cela ferait un très bon effet .

Par où, comment enverrai-je une Olympie rapetassée qu'on me demande ? M. Jeannel me saisira tous mes vers .

M. Lefranc de Pompignan envoie par la poste autant de vers hébraïque qu'il veut , et moi je ne pourrai pas envoyer un quatrain ! Et mes paquets seront traités comme des étoffes des Indes !

Vous me parlez, mes divins anges, de distribution de rôles, mais auparavant il faut que la pièce soit en état, et j'enverrai le tout ensemble .

Mes anges peuvent être persuadés que je leur ai écrit toutes les postes depuis un mois, sans en manquer une, et toujours sous l'enveloppe de M. de Courteilles ; qu'ils jugent de ma douleur et de mon embarras !

On m'a mandé d’Angleterre qu'il m'était venu un gros paquet de livres pour la Gazette littéraire . Je n'entends pas plus parler de ce paquet que de mon conte ; je n'entends parler de rien ; et je reste dans la banlieue de Genève, tapi dans les neiges comme un blaireau .

Je n'ai point du tout été la dupe de tous les bruits qui ont couru sur une présentation 1 à Versailles , et j'ai jugé que cette représentation n'aurait pas beaucoup de suite .

Je me mets sous les ailes de mes anges, dans l'effusion et dans l'amertume de mon cœur.

 

N.B. – Remarquez bien que depuis un mois je n'ai reçu d'eux qu'une lettre .

Remarquez encore que j'approuve de tout mon cœur l'idée du père Corneille . Je vais écrire ou plutôt faire écrire ( car mes yeux refusent le service) à Gabriel Cramer à Genève pour qu'il s'arrange avec les distributeurs des exemplaires à Paris , pour que le père Corneille en porte à qui il voudra . Il sera sans doute très bien accueilli du roi . »

1 L'édition de Kehl a mis représentation .

22/01/2019

tous ceux qui ont pris en main la cause de ces infortunés, vous regarderont dans l'Europe comme leur principale bienfaitrice

... Remplaçons la margravine par Angela Merkel et nous avons peut-être ce que lui a dit Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle ce matin . Que ceux qui sont mécontents de l'entente franco-allemande aillent se faire voir en Syrie, au Yémen ou en Corée du Nord, ces va-en-guerre n'ont encore rien compris .

 Résultat de recherche d'images pour "merkel macron"

 

 

 

« A Caroline-Louise de Hessen-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach 1

Au château de Ferney par Genève,

17è janvier 1764

Madame,

Votre Altesse Sérénissime a été touchée de l'horrible aventure des Calas . Ce procès d'une famille protestante qui redemande le sang innocent va bientôt être jugé en dernier ressort . Je mets à vos pieds cet ouvrage consacré aux vertus que vous pratiquez . Si Votre Altesse Sérénissime daigne envoyer quelques secours pour subvenir aux frais qu'une famille indigente est obligée de faire, cette générosité sera bien digne de Votre Altesse Sérénissime, et tous ceux qui ont pris en main la cause de ces infortunés, vous regarderont dans l'Europe comme leur principale bienfaitrice . Souffrez que je sois ici leur organe, en vous renouvelant le profond respect avec lequel je suis

Madame

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

au cas que la première ne soit pas jugée convenable

... une seconde évaluation des élèves sera faite en CM2, tout comme je l'ai faite en mon jeune âge, sans état d'âme

 https://www.lepoint.fr/societe/les-evaluations-en-cp-sont...

Où est le problème , enseignants de tous bords, je vous le demande ? Je crains bien que les mauvais résultats ne reflètent que votre pauvre et bordélique formation , qui n'a d'égale que votre aptitude à la récrimination syndicale .

Quant à ceux qui craignent de stresser leurs chères têtes blondes, qu'ils se rassurent , cette épreuve n'est que de la gnognote comparée à la privation (justifiée) de jeux vidéo .

 

 

« A Gabriel Cramer

[janvier 1764 ?]

M. le professeur Tronchin m'ayant dit qu'il y avait quelque chose à changer dans l'article qui doit être mis dans la Gazette, voici le double d'une déclaration que je supplie monsieur Cramer de vouloir bien faire insérer, au cas que la première ne soit pas jugée convenable . Je me flatte qu'il me fera l'amitié d'avoir l’œil sur cette petite affaire qui est pour moi très importante . Je lui demande la lettre de M. Le Bret, j'attends le Corneille . Toute la maison lui fait les plus tendres compliments. »

21/01/2019

Ces petites guerres d'ailleurs sont agréables, elles tiennent le public éveillé, et peuvent contribuer au succès d'un journal

... Oh ! qui se souvient de cette terrible nouvelle ? https://www.voici.fr/news-people/actu-people/1987-whitney...

Seul un serveur sans sentiment ni réflexion, niché quelque part dans le monde, est capable de nous en informer encore, après quelques vaguelettes du passé people exposé en kiosque  . Mais ça peut encore distraire, sans plus .

 

Résistons : https://www.youtube.com/watch?v=I5mlAZkibgw

 Souvenons -nous plutôt, avec tendresse et/ou passion, d'une chanteuse sans caprices de vedette surdimensionnée, la gentille, forte et talentueuse France Gall  : https://www.voici.fr/news-people/actu-people/1987-france-...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

[vers janvier 1764] 1

Ceci est une affaire d’État sérieuse . Tant que les Anglais se sont contentés de prendre nos vaisseaux et de s'emparer du Canada et de Pondicheri, j'ai gardé un noble silence . Mais à présent qu'ils poussent la barbarie jusqu'à trouver Racine et Corneille ridicules, je dois prendre les armes . Voici une petite lettre écrite aux auteurs de la Gazette littéraire 2. L'auteur y venge, autant qu'il le peut, la nation et le bon goût, sans dire aucune injure à M. Home qui les outrage . On se flatte que cette lettre pourra amuser mes anges, après quoi ils la remettront, s'ils le jugent à propos, à M. l'abbé Arnaud . Ces petites guerres d'ailleurs sont agréables, elles tiennent le public éveillé, et peuvent contribuer au succès d'un journal . »

1 Sur le manuscrit original, on lit en tête, de la main de Wagnière : « Mémoire important » . D'Argental a porté l'année .

2 V* fait allusion au compte rendu qu'il a préparé pour la Gazette littéraire du 4 avril 1764 des Éléments of criticism, de Henry Home, lord Kames (1762, https://books.google.fr/books/about/Elements_of_Criticism.html?id=otICAAAAYAAJ&redir_esc=y) . Quoique Home eût critiqué La Henriade, V* garde à son égard un ton modéré , et relève surtout son dogmatisme bien connu . Mais il reprendra l'attaque contre ses thèses relatives au théâtre français et anglais dans une note de L'Homme aux quarante écus, chapitre « D'un bon souper chez M. André » : https://books.google.fr/books?id=zgTfAgAAQBAJ&pg=PA64&lpg=PA64&dq=D%27un+bon+souper+chez+M.+Andr%C3%A9&source=bl&ots=TlUy8usIYv&sig=ACfU3U2grW7PEyZwTi66H5pKiZJvRUz7uQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjst67Lxf7fAhUSbBoKHTXJC9YQ6AEwAXoECAAQAQ#v=onepage&q=D'un%20bon%20souper%20chez%20M.%20Andr%C3%A9&f=false

.

20/01/2019

Ces sentiments sont d'autant plus vrais qu'il daigne m'en faire part dans une lettre qui n'est point une lettre d'affaires ; il parait que c'est son cœur qui parle

... Ce qui, par ailleurs n'empêche nullement d'avoir aussi une tête bien faite . Est-ce le cas monsieur le président ?

 Image associée

Indissociables en fait

 

 

« A [Jacob Favre ?]1

15è janvier 1764 à Ferney

Monsieur,

Je croirais manquer à mon devoir, et à mon attachement pour vous et pour le Conseil, si je ne vous instruisais pas que j'ai reçu une lettre de la main de M. le duc de Choiseul 2, dans laquelle il veut bien me communiquer combien il a été content de M. de Crommelin, et à quel point il est satisfait des officiers du pays de Genève, qui sont excellents et qui servent le roi très bien 3. Ce sont ses propres paroles . Il s'exprime sur messieurs du Conseil de Genève en termes remplis de sensibilité et d'envie de leur plaire . Ces sentiments sont d'autant plus vrais qu'il daigne m'en faire part dans une lettre qui n'est point une lettre d'affaires ; il parait que c'est son cœur qui parle, et c'est ce qui m'autorise à vous prier, monsieur, d'en dire un mot au Conseil, déjà assez instruit des démarches de M. le duc de Choiseul .

Vous savez sans doute que M. le cardinal de Bernis a salué le roi à Versailles le 9 de ce mois .

Voulez-vous bien, monsieur, présenter mon respect à monsieur le premier syndic 4, et être persuadé de celui avec lequel j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

 

1L'édition Tronchin donne cette lettre comme adressée à François Tronchin . V* venait d'adresser une série de lettres sur ce sujet à Jacob Favre, premier syndic en 1763, et il semble donc logique de le désigner comme le destinataire de la présente .

2 Lettre qui n'est pas connue .

3 Le duc est colonel général du régiment suisse .

19/01/2019

Comment un conseiller au parlement peut-il prononcer la chimère de son impôt unique, tandis qu'un autre conseiller devenu contrôleur général est indispensablement obligé de conserver tant d'autres taxes ?

... 1764, 2019 : même combat ! comment faire tourner l'Etat sans impôts ? comment faire plus de social avec moins de revenus ? casse-tête éternel que certains ne comprennent pas et résolvent de manière boiteuse : comme toujours !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13è janvier 1764 1

Il faut se résigner,mon cher frère ; si les ennemis de la tolérance l'emportent, curavimus Babilonem, et non est sanata, derelinquamus eam 2 . Il n'y aura jamais qu'un petit nombre de philosophes et de justes sur la terre .

Je vous remercie de L'Antifinancier . L'ouvrage est violent et porte à faux d'un bout à l'autre . Comment un conseiller au parlement peut-il prononcer la chimère de son impôt unique, tandis qu'un autre conseiller devenu contrôleur général est indispensablement obligé de conserver tant d'autres taxes ?

De plus on confond trop souvent dans cet ouvrage, le parlement, cour supérieure à Paris, avec le parlement de la nation qui était les états généraux . Je vois que dans tous les livres nouveaux on parle au hasard . Dieu veuille qu'on ne se conduise pas de même !

Je suis bien aise d’amuser mes frères de quelques notes sur Corneille, en attendant qu’ils aient l'édition . Je voudrais que nos philosophes, les Diderot, les d'Alembert, les Marmontel, vissent ces remarques . Je pense qu'ils seront de mon avis, et j'en appelle au sentiment de mon cher frère .

Je le supplie de vouloir bien envoyer l’incluse à M. Mariette . Il verra par ladite incluse, combien les particuliers sont obligés de demander justice .

Je l'embrasse tendrement, et surtout écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suivant la copie de Darmstadt mêle une version abrégée de cette lettre avec celle du 18 janvier 1764 .

2 Nous avons soigné Babylone, et elle ne s'est pas guérie ; abandonnons-la ; Jérémie, LI, 9.