09/01/2019
Tout annonce, Dieu merci, un siècle philosophique
... Oups !... pardon ! fake new ! so sorry .
« A Etienne-Noël Damilaville
4è janvier 1764 1
M. Gabriel ne tâtera plus de mes contes, ils ne courront plus à Paris . Ces petites fleurs n'ont de prix que quand on ne les porte pas au marché . Mon cher frère a raison .
Voici donc au lieu de conte la lettre de mon petit secrétaire au grand secrétaire de M. Lefranc de Pompignan 2.
Mon petit secrétaire, qui a de l'esprit, a écrit cette lettre de son chef . Mes frères verront par la lettre quel en est le sujet .
J'ai été enchanté du discours de M. de Marmontel, quoiqu'il y ait un endroit qui m'a fait rougir 3. Il a pris avec une habileté bien noble et bien adroite le parti de nos frères contre les Pompignan . Tout annonce, Dieu merci, un siècle philosophique . Chacun brûle les tourbillons de Descartes avec l'Histoire du peuple de Dieu du frère Berruyer 4, Dieu soit loué .
Mais, quand aurai-je le mandement de M. de Beaumont, et l'Antifinancier ?
Orate fratres .
Écr l'inf. »
1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais amalgame des fragments de cette lettre avec une version abrégée de la lettre du 7 janvier 1764 à Damilaville : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-2.html
2 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/09/la-procession-dans-laquelle-il-marchait-au-derriere-d-un-jeune-jesuite.html
3 Dans son discours de réception à l'Académie, Marmontel, parlant de l'amitié a dit : « Plusieurs en ont goûté les charmes auprès de ce génie aimable qui manque ici à mon bonheur ; auprès de cet homme universel qui m'a permis de l'appeler mon maîte, lui qui dans Athènes aurait eu pour disciples les Euripides et les Xénophons. » ; voir Discours prononcés dans l'Académie française, le jeudi 22 décembre MDCCLXIII à la réception de M. Marmontel, 1763 ; voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-jean-francois-marmontel
4 Isaac-Joseph Berruyer, Histoire du peuple de Dieu , depuis la naissance du Messie jusqu'à la fin de la Synagogue, 1753, en huit volumes sous la forme la plus complète ; voir : https://books.google.fr/books?id=vnUPAAAAQAAJ&pg=PA112&lpg=PA112&dq=Histoire+du+peuple+de+Dieu+,+depuis+la++naissance+du+Messie+jusqu%27%C3%A0+la+fin+de+la+Synagogue&source=bl&ots=EvwrnaQrzT&sig=02pFz4BnwrChGpCkbClUmSLKJv8&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjOgbz_x-DfAhUP3RoKHRHxBeoQ6AEwCHoECAIQAQ#v=onepage&q=Histoire%20du%20peuple%20de%20Dieu%20%2C%20depuis%20la%20%20naissance%20du%20Messie%20jusqu'%C3%A0%20la%20fin%20de%20la%20Synagogue&f=false
14:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite
... Comme disait le grand Jacques "Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire
Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant", ce qui bien sûr n'ajoute aucune valeur aux deux protagonistes , et le "derrière d'un jeune jésuite" ne regarde ni le pape et ni ses subordonnés .

https://www.youtube.com/watch?v=KNBzzjHs8vc
« A Ladouz
4è janvier 1764 1
Monsieur,
Vous avez écrit trois lettres à M. de Voltaire signées Ladouz à l'hôtel des Asturies rue du Sépulcre . Vous lui dites dans ces trois lettres que vous avez été secrétaire du célèbre Lefranc de Pompignan, que vous n'avez plus le bonheur d'être à lui, et qu'il vous a renvoyé parce qu'il vous soupçonnait d'avoir fourni à M. de Voltaire des mémoires contre lui .
Vous demandiez à M. de Voltaire une attestation qui détruisît cette calomnie, il vous répondit qu'il ne vous connaissait pas, que vous ne le connaissiez pas, et qu'on ne lui avait jamais envoyé d'autres mémoires contre M. Lefranc de Pompignan que ses propres ouvrages . Il me charge, étant vieux et malade, et presque aveugle, de vous répéter la même chose de sa part .
Voici tout ce qu'il connaît de M. Lefranc de Pompignan.
1° D'assez mauvais vers.
2° Son discours à l'Académie 2 dans lequel il insulte tous les gens de lettres .
3° Un mémoire au roi 3 dans lequel il dit à Sa Majesté qu'il a une belle bibliothèque à Pompignan-les-Montauban.
4° La description d'une belle fête qu'il donna dans Pompignan, de la procession dans laquelle il marchait au derrière d'un jeune jésuite, accompagné des bourdons du pays, et d'un grand repas de vingt-six couverts dont il a été parlé dans toute la province 4.
5° Un beau sermon de sa composition 5, dans lequel il dit qu'il est avec les étoiles dans le firmament, tandis que les prédicateurs de Paris, et tous les gens de lettres, sont à ses pieds dans la fange .
Mon maître a appris aussi que M. Lefranc de Pompignan se comparait à Moïse (quoiqu'il soit noyé) et que monsieur son frère l'évêque était Aaron 6; il leur en fait ses compliments .
Il a entendu parler aussi d'une pastorale de monseigneur l'évêque, adressée aux habitants du Puy-en-Velay par Mgr Cortiat secrétaire 7. On lui a mandé que dans cette pastorale il est question d’Aristophane, de Diagoras, du Dictionnaire encyclopédique, de Fontenelle, de La Mothe, de Perrault, de Terrasson, de Boindin, du chancelier Bacon, de Descartes, de Malebranche, de Loke, de Neuton, de Leibnitz, etc., etc.
Nous félicitons messieurs du Puy-en-Velay d’avoir lu les ouvrages de tous ces messieurs . Tel pasteur, telles brebis . Mais mon maître n'entre dans aucune de ces querelles scientifiques . Il cultive la terre avec bien de la peine, et laisse les grands hommes éclairer leur siècle .
Vous lui mandez que Mgr l'évêque d'Alès 8 veut vous prendre pour secrétaire, en cas que vous ayez une attestation en bonne forme que vous n'avez point trahi les secrets de M. Lefranc de Pompignan . Il vous envoie cette attestation, et il se flatte que quand vous serez avec M. d'Alès vous ne ressemblerez pas à M. Cortiat secrétaire .
P.-S. – Je vous demande pardon monsieur . J'oubliais dans les ouvrages de M. Lefranc de Pompignan La Prière du déiste qu'il a traduite de l'anglais 9. »
1 Edition Lettre / du secrétaire / de M. de Voltaire./ 1764, 7 pages qui comporte le post scriptum, absent du manuscrit Wagnière . Quoique Wagnière prétende : « Il est très vrai que, de l'avis de M. de Voltaire, j’écrivis cette lettre en réponse à celle qu'il avait reçue du secrétaire de M. de Pompignan, à qui il ne voulut pas répondre . Je n'avais ni le génie ni l'esprit de mon maître pour faire mieux . »/ , il est certain que cette lettre émane de Voltaire . C'est pourquoi il convient de la présenter ici .
2 Voir lettre du 15 septembre 1763 à Helvétius : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/13/on-n-a-cause-gagnee-avec-notre-nation-qu-a-l-aide-du-plaisant-et-du-ridicul.html
3 Voir lettre du 13 juin 1760 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/11/on-a-besoin-de-plaisanterie-c-est-un-remede-sur-contre-la-ma-5637966.html
4 Allusion à la « Lettre au sujet de la bénédiction de l'église de Pompignan », de Pompignan en appendice au Discours prononcé dans l'église de Pompignan, le jour de sa bénédiction, de François Philippe de Laurens de Reyrac (Villefranche-de-Rouergue, 1762 ,
5 Ce sermon n'est pas de Pompignan ; voir lettre du 9 février 1763 à Mme d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/je-ne-peux-rendre-ni-les-hommes-ni-les-filles-raisonnables.html
6 A nouveau, il ne s'agit pas de propos tenus par Pompignan mais par Dupré de Saint-Maur qui le recevant à l'académie , compara les deux Pompignan à « deux frères , qui furent consacrés l'un comme juge, l'autre comme pontife, pour opérer des miracles dans Israël » ; voir les Discours prononcés dans l'Académie française le lundi 10 mars MDCCLX à la réception de M. Lefranc de Pompignan . Voir : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan
et : http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-du-marquis-de-pompignan
7 Voir lettre du 30 décembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/01/un-beau-mandement-bien-chretien-bien-seditieux-bien-intolerant-bien-absurde.html
8 Jean-Louis de Buisson de Beauteville . Voir : https://data.bnf.fr/11345261/jean-louis_de_buisson_de_beauteville/
9 Lefranc de Pompignan a publié la « Prière universelle, traduite de l'anglais de M. Pope, par l’auteur de la tragédie de Didon et du Discours sur l'intérêt public », 1740, réimprimée en 1760 par Morellet avec un commentaire ironique . Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=lEH3Nt34NyIC&pg=PA13&lpg=PA13&dq=Discours+sur+l%27int%C3%A9r%C3%AAt+public+pompignan&source=bl&ots=ulDnLdho1n&sig=-NIwPdQ0kSW0cZsBs1ki6MFFseA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwifzrekr9_fAhUOCxoKHQ3WDzUQ6AEwAnoECAMQAQ#v=onepage&q=Discours%20sur%20l'int%C3%A9r%C3%AAt%20public%20pompignan&f=false
01:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/01/2019
il y aura des clabauderies, mais je suis endurci à la fatigue
... vient de me glisser à l'oreille Edouard Philippe !
Qu'on se le dise .

Ils l'ont dans le dos !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental
4è janvier 1764
Je n’envoie point de nouveaux contes à mes anges, sans savoir auparavant si Les Trois manières ont trouvé grâce devant leurs yeux . Je suis bien fâché qu'on ait imprimé Ce qui plait aux dames, et l’Éducation des filles ; c'est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché .
Je ne leur dis rien des Roués, je ne leur dis rien d'Olympie la religieuse, parce que c'est à eux à tout dire, à tout faire, à me conduire, à me donner leurs ordres .
Je ne dis rien de la Gazette littéraire, par la même raison .
Oserai-je prendre la liberté de leur adresser, et de mettre sous leur protection, ce petit paquet pour le bonhomme Corneille ? Je me flatte qu’avant qu'il soit un mois l'édition cornélienne paraîtra dans Paris, il y aura des clabauderies, mais je suis endurci à la fatigue .
J'ai préparé un grand mémoire sur Olympie, mes anges l'auront quand j'aurai reçu leurs commandements, que j'attends avec respects et tendresse . »
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Nos seigneurs français sont le contraire des anglais ; ils promettent et ne tiennent rien
... Mais depuis le XVIIIè siècle, les Anglais sont devenus tout à fait capables d'avoir les mêmes défauts , la preuve : Brexit !
« A Gabriel Cramer
[vers le 1er janvier 1764]
[…] Si M. Philibert ne fait pas envoyer des imprimés chez les souscripteurs cornéliens qui n'ont pas payé, tout est perdu . Nos seigneurs français sont le contraire des anglais ; ils promettent et ne tiennent rien [...]
11:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai toujours été monsieur plus occupé de vous servir que vous ne croirez
... pense et dit au juge M. Barbarin à qui je dénie tout titre honorifique , lâche s'il en est . Est-il capable un seul instant de se mettre à la place des enfants abusés et de leurs parents pour comprendre enfin son impardonnable culpabilité ? Je ne crois pas . Homme de déni , retranché comme bien des subalternes sous le parapluie d'un dieu à qui on fait tout dire et tout faire . Lamentable et détestable .
https://www.20minutes.fr/lyon/2410199-20190107-video-proc...

« A Alexis-Jean Le Bret
1er janvier 1764 à Ferney
J'ai toujours été monsieur plus occupé de vous servir que vous ne croirez ; mais il est assez difficile d'engager des libraires à imprimer une partie du Dictionnaire de Bayle, lorsqu'on l'a réimprimé tout entier en Hollande avec de nombreuses additions . Il est vrai qu'il n'y a que les articles philosophiques qui intéressent les gens qui pensent … Je ferai pourtant tout mon possible pour que vous soyez content, et si je peux recouvrer ma santé, je consacrerai mon temps à vous servir dans cette entreprise . »
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J'apprends que le parlement de Dijon vient de défendre par un arrêt , de payer les nouveaux impôts . J'avoue que je suis un mauvais serviteur du roi, car j'ai tout payé
... Les gilets jaunes de 1763-64 étaient moins destructeurs que ceux d'aujourd'hui et savaient s'opposer au roi intelligemment, sinon toujours efficacement .
J'aimerais bien , au passage, que nombre de "mauvais serviteurs" de la république soient disciples de Voltaire et se dispensent de frauder détestablement , et que GAFA cesse de se goinfrer sans payer son écot . Est-ce trop demander ?

Payez ! bandes de voleurs !
« A Etienne-Noël Damilaville
1er janvier 1764 1
Je reçois la belle lettre ironique de mon cher frère du 25 décembre au soir, avec la lettre de frère Thieriot, et Ce qui plait aux dames, et l’Éducation des filles 2. Cette Education des filles était destinée à figurer avec d'autres éducations, car nous avons aussi élevé des garçons 3. Il est vrai que je m’amuse cet hiver à faire des contes pour réjouir les soirs ma petite famille . Mais frère Cramer a fait une action abominable de copier chez moi l’Éducation des filles, et de l'envoyer à Paris . Il ne faut pas fatiguer le public . Je me souviens trop de La Serre
Volume sur volume incessamment desserre 4.
Et frère Thieriot , à qui d'ailleurs je fais réparation d'honneur, m'écrit fort censément qu'il faut user de sobriété .
Vous ne manquerez pas de contes, mes frères, vous en aurez, et de très honnêtes . Un peu de patience, s'il vous plait .
Au reste, votre lettre du 25 est encore plus consolante qu'ironique . Je vois qu'on ne brûle ni l'évêque d'Alétopolis, ni quakre, ni tolérance . Mais avez-vous l'arrêt du parlement de Toulouse contre le duc de Fitzjames 5, je vous l'envoie, mes frères ; la pièce est rare, et vaut mieux qu'un conte .
Vous remplissez mon âme d'une sainte joie en me disant que le sieur Evremond 6 perce dans le monde ; il fera du bien, malgré les fautes horribles d’impression . Béni soit à jamais celui qui a rendu ce service aux hommes !
On parle beaucoup d'une œuvre toute différente, c'est le mandement de votre archevêque 7. On le dit imprimé clandestinement comme les contes de La Fontaine, et on dit qu'il ne sera pas si bien reçu . Pourrai-je obtenir un de ces mandements et un Antifinancier 8? Si par hasard vous aviez mis par écrit vos idées sur la finance, je vous avoue que j'en serais plus curieux que de tous les antifinanciers du monde . Je m'imagine que vous avez des vues plus saines, et des connaissances plus étendues que tous ceux qui veulent débrouiller ce chaos .
J'apprends que le parlement de Dijon vient de défendre par un arrêt , de payer les nouveaux impôts . J'avoue que je suis un mauvais serviteur du roi, car j'ai tout payé .
Permettez-moi que je vous adresse cette lettre pour Guy Duchesne, au Temple du goût . Il y a , par parenthèse, un vers oublié dans Ce qui plaît aux dames.
Et vous , madame, en ce palais de gloire,
oub[l]ié : Quand vous couchez côte à côte du roi,
Dormez-vous mieux, aimez-vous mieux que moi ?9
Adieu mon cher frère . Saint-Evremond est un très grand saint . »
1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl omet l'avant-dernier paragraphe à la suite de la copie Beaumarchais (Permettez-moi …. mieux que moi?)
2 Voir lettre du 10 février 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/01/08/je-dois-aussi-dire-hardiment-la-verite-cela-est-delicat-et-d-6015191.html
3 V* songe sans doute à l’Éducation d'un prince, qui ne parut pas séparément, mais est inclus dans les Contes de Guillaume Vadé .
4 Boileau, Le Chapelain décoiffé, 19-20 .
5 Le parlement de Toulouse a ordonné le 17 décembre 1763 l'arrestation du duc « en quelque endroit qu'il se trouve », ce qui manifestement excède les possibilités d'action des magistrats .
6 Voir lettre du 30 décembre 1761 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/29/les-francais-commencent-a-se-former-5892505.html
7 Voir lettre du 30 décembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/01/un-beau-mandement-bien-chretien-bien-seditieux-bien-intolerant-bien-absurde.html
8 Voir lettre du 26 décembre 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/25/pourquoi-envoyer-15-ou-16-citoyens-depenser-leur-argent-dans-les-pays-etran.html
9 Ce qui plaît aux dames, 252-253 .
02:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/01/2019
Il faut du temps pour que les réputations murissent
... Les bonnes comme les mauvaises ?
A tous ceux qui se soucient de leur e-réputation, vivent dans l'angoisse du vae victis et son pouce abaissé, je dis qu'ils ont encore bien du temps à perdre pour se soucier de l'avis de parfaits inconnus qui jamais ne seront capables faire plus qu'un clic, champions de l'anonymat à l'âme de charognards . Vivez et parlez à ceux qui vous entourent plutôt qu'à vos machines dites connectées, sinon vous finirez comme elles, à la poubelle , pollueurs pollués, inrecyclables .
Ami Georges Brassens, tu nous manques toujours : https://www.youtube.com/watch?v=Cz9NOhwK1yo
Ô Trompettes de la renommée bien mal embouchées : https://www.youtube.com/watch?v=gWRzopyZBSA

Un bisou ou un coup de pied au cul ? quel choix , tout en nuances ?!
« A Pierre Guy
1er janvier 1764 aux Délices
à Guy Duchesne, libraire
Le dessein que vous me communiquez, monsieur, de faire une jolie édition de La Henriade 1, sera, je crois approuvé, parce que notre nation devenue de jour en jour plus éclairée, en aime Henri IV davantage . J'ai été toujours étonné qu'aucun littérateur, aucun poète du temps de Louis XIII et de Louis XIV, n'eût rien fait à la gloire de ce grand homme . Il faut du temps pour que les réputations murissent .
Le bel éloge de Maximilien de Sully par M. Thomas 2, a rendu le grand Henri IV plus cher à la nation . Ainsi je pense que vous prenez le temps le plus favorable pour réimprimer La Henriade, et que l'amour pour le héros fera faire pardonner les défauts de l'auteur . Je n'étais pas digne de faire cet ouvrage quand je l'entrepris, j'étais trop jeune ; et à présent je suis trop vieux pour l'embellir .
La dédicace que vous voulez bien m'en faire m'est très honorable . Mais en me dressant ce petit autel, je vous prie d'y brûler en sacrifice votre Zulime et votre Droit du seigneur, que vous avez imprimés sous mon nom, et qui ne sont point du tout mon ouvrage . Vous avez été trompé par ceux qui vous ont donné les manuscrits, et cela n'arrive que trop souvent . C'est le moindre des inconvénients de la littérature .
Quant aux souscriptions pour le Corneille, arrangez vous avec l’éditeur de Genève ; je ne me suis mêlé que de commenter et de souscrire . Tout ce que je sais c'est que l'édition est finie . J'ai fait mes commentaires avec une entière impartialité, sachant bien que les belles pièces de Corneille n'ont pas besoin de louanges, et ses fautes ne font aucun tort à ce qu'il a de sublime .
On m'a envoyé de Paris un conte intitulé , Ce qui plait aux dames . J'y ai trouvé remormora pour remémora ; frange pour fange ; une rime doublée et d'autres fautes . Je ne crois pas que l'imprimeur s'appelle Robert Etienne .
Je suis de tout cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Duchesne a déjà donné en 1761 une réimpression de l'édition Prault de 1746 de La Henriade ; il ne paraît pas avoir publié de réédition avant 1770 .
2 Voir lettre du 18 septembre 1763 à Bernard-Louis Chauvelin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/16/adieu-nos-beaux-arts-si-les-choses-continuent-comme-elles-so-6084973.html
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