06/11/2016
vous avez réveillé mon ancienne passion pour vous, et vous ne me laisserez pas là après m'avoir tourné la tête
... Dit Valérie Pécresse à Alain Juppé ! Et traduction en sous titre , in petto : "pense à moi pour un ministère important" .
Je t'aime, moi non plus !
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche
4 novembre [1761] 1
Mon corps est malade, monsieur ; mon âme se porte bien, car elle est pleine de vous . Je ne sais où vous êtes, et j'ignore si mademoiselle votre fille est auprès de vous .
Je suis en peine d'un gros paquet que je vous ai adressé concernant les fétiches . Mais comptez que le grand Corneille m'est encore plus précieux que le petit président De Brosses .
Je vous avais supplié de me faire savoir si votre graveur pouvait entreprendre une douzaine d'estampes ; la moitié du monument serait érigée sous vos auspices . Je vous demande en grâce de me dire si vous avez approuvé ma témérité .
Il ne faut pas que vous vous contentiez de m'être apparu dans ma retraite ; vous avez réveillé mon ancienne passion pour vous, et vous ne me laisserez pas là après m'avoir tourné la tête . Quelque part que vous soyez, daignez me donner vos ordres, et agréez le tendre respect du malade .
Voltaire . »
1 Fyot de La Marche appuyait Voltaire dans l'affaire des moules de bois dont De Brosses exigeait le paiement [voir lettre du 20 octobre 1761 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/07/v... ] . Ce dernier en écrit au baron de Gémeaux le 1er novembre 1761 : « A ce que vous me marquez, touchant l'affaire de Voltaire, je reconnais le style de votre ami M. de La Marche qui ne peut se défaire de l'ancien mal talent qu'il a conçu contre moi, malgré les avances obligeantes qu'il m'avait faites en signe de réunion , malgré le cadeau qu'il m'a forcé d'accepter, et quoique assurément il ne me reste contre lui pas le moindre levain de mauvaise volonté . Il m'est revenu qu'il épousait contre moi le parti de Voltaire . Cela ne m'a pas empêché de sacrifier mon juste ressentiment contre ce drôle-là, à la considération que je me suis faite pour l'amitié dont M. de La Marche l'honore . Il s'est avisé, après cinq mois de silence, de m'écrire la semaine passée une lettre de la dernière impertinence . Dans la chaleur je lui ai fait une réponse atterrante . Vous verrez un jour sa lettre et ma réponse, car, après m'être ainsi satisfait dans le premier moment, j'ai repris de sens froid le parti de la supprimer, pour ne faire de peine ni à son ami, ni à sa nièce que je serais fâché de désobliger , jugeant aussi d'ailleurs qu'il y aurait encore plus de hauteur et de dignité à dédaigner un fol, et à ne lui faire aucune réponse . Mais, sur ces entrefaites, Mme de Neuilly [belle-sœur de La Marche] étant venue chez moi jeudi dernier, je lui fis voir la lettre que je venais de recevoir , et qu'elle trouva d''une insolence extrême . Je la priai d'en dire deux mots à monsieur son beau-frère . Je fis même plus, car je lui remis en main pour M. de La Marche un petit billet, au moyen duquel Voltaire demeure le maître de finir l'affaire, car je consens à lui faire présent de cette commission de trente pistoles, qu'il m'avait donnée et qu'il ne veut pas payer, pourvu qu'il déclare par écrit que je lui en ai fait présent et qu'il m'en remercie . C'est justement ce qu'il désire, car il prétend qu'il me l'avait demandée comme présent . »
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05/11/2016
Mon avis est qu'on donne la moitié de son bien pour conserver l'autre, et pour mériter l'estime des Anglais
... Mais ces fichus partisans du Brexit qui ont remporté une victoire à la Pyrrhus (selon moi ), méritent-ils que les citoyens français fassent quelque sacrifice financier que ce soit ?
Non ! On se passe fort bien de leur estime . Et je ne donnerai pas la moitié de mon pantalon, et de mon caleçon, pas plus qu'une manche de veste à l'outre-Manche .
Adressez vous à St Martin
« A François de Chennevières
A Ferney du 4 novembre 1761
Que je suis honteux, mon cher monsieur, je vous remercie toujours très tard de votre prose aimable et de vos jolis vers 1. On a beau être tout entier aux grands vers alexandrins de Corneille, on doit de l'attention aux vôtres ; quoiqu'ils aient deux pieds de moins . Mais quand en ferez vous sur la paix ? Ce ne sera pas je crois sitôt . J'ai lu le Mémoire historique de M. le duc de Choiseul avec les yeux d'un citoyen . Mon avis est qu'on donne la moitié de son bien pour conserver l'autre, et pour mériter l'estime des Anglais . L'oncle et la nièce vous embrassent . »
1 On n'a pas cette lettre de Chennevières .
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vous demandez le secret aux cloches
... et la vérité aux politiciens en période électorale !
Soyez un moment réalistes !
Les cloches résonnent, les politicards raisonnent, à moins que ce soit l'inverse , et tout le monde sort sourd , sinon sceptique , sans dessus-dessous (phrase à répéter 10 fois sans s'essouffler ) .
Schtroupf ! na !!
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
4 novembre [1761] 1
Du secret ! du secret ! vous en parlez bien à votre aise mes adorables anges, vous qui avez toutes les vertus . Mais vous demandez le secret aux cloches . M. le duc de Villars m'a vu faire mon œuvre des six jours . On l'a lu acte par acte, et on l'a mandé à M. de Thibouville . Mes anges que la pièce soit bonne, qu'elle vous plaise et cela suffit ; mais pour votre Cassander, rayez s'il vous plait cela de vos papiers, à moins que je n'appelle Alexandre, Alexander et le fleuve Scamandre, Scamander . À l'égard de Dieu, vous savez que toute l'antiquité dit également Dieu et les dieux, comme nous Dieu et les saints . Mais une autre fois j'aurai l'honneur de vous en dire davantage . Permettez-vous que je vous adresse mes réponses à mes confrères d'Olivet et Saurin, qui je crois me sont venues 2 par vous ?
Chantez donc la musette de Rameau 3. »
1 Daté par l'éditeur de 1762, changé en 1763, suivi par la copie Beaumarchais-Kehl qui supprime quelques lignes de la fin et les remplace par la seconde partie d'une lettre du 9 novembre 1763, donnant la date du tout . Au moment de l'impression (copie préparée) les éditeurs de Kehl finalement écartèrent cette lettre et joignirent le fragment de 1763 à une lettre du 4 décembre de cette même année, placée , sans date, dans la première moitié de novembre 1763 .
2 Tournure elliptique .
3 Cuthbert Girdlestone, dans son Jean-Philippe Rameau, 1757, estime que l'attribution de La Musette à Rameau est douteuse . Alors peut-être de Rameau : https://www.youtube.com/watch?v=jMLewEB1l7g
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04/11/2016
On a crié au plagiaire, et au ridicule
... Goncourt, Renaudot, Fémina, Médicis, Académie Française, Jean-Freustié, Littéraire du Monde, FNAC, etc., etc., de tous ces prix littéraires nul écho de plagiat, de nègre, de banalité, de bêtise crasse, de fumisterie, de ridicule , au moins pour l'instant , pourvou qué ça doure !
A tout seigneur tout honneur , tant pis si je me trompe : http://bibliobs.nouvelobs.com/sur-le-sentier-des-prix/201...
... et complément d'enquête : http://bibliobs.nouvelobs.com/sur-le-sentier-des-prix/201...
Voulez-vous un exemple de plagiaire ridicule ? en voici un de première grandeur, l'inénarrable BHL :
http://www.dailymotion.com/video/xc6bie_l-hommage-des-ami...
« Au marquis Francesco Albergati Capacelli
Au château de Ferney 2 novembre 1761
Le malade monsieur ne peut vous écrire qu'un mot, c'est que vous pensez comme tout Paris sur la pièce dont vous me faites l'honneur de me parler 1 . On a crié au plagiaire, et au ridicule . L'auteur est d'ailleurs un homme de mérite, mais en cette occasion il a fait une grande sottise .
Daignez lire la réponse que je fais à un monsieur de Rimini ou Rimino 2 et la lui faire parvenir cachetée . Je vous demande pardon . Je n'ai que le temps de vous assurer de mon tendre respect .
Voltaire . »
1 La lettre de Capacelli ne nous est pas parvenue .
2 Lettre du même jour à Bianchi : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/01/j-ai-commence-par-admirer-avant-de-travailler.html
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N'êtes-vous pas indigné comme moi, de voir des gens qui se disent gravement : passons notre vie à gagner de l'argent, cabalons, enivrons-nous quelquefois
... Et puis qui font passer des lois répréhensives en se faisant passer pour des parangons de vertu .
Gare à l'orage électoral !
« A Giovanni Paolo Simone Bianchi etc.
à Rimini
[2 novembre 1761] 1
Vous avez prononcé , monsieur , l'éloge de l'art dramatique 2, je suis tenté de prononcer le vôtre . Je regardai cet art dès mon enfance comme le premier de tous ceux à qui ce mot de beau est attaché . On me dira vous êtes orfèvre , M. Josse 3, mais je répondrai que c'est Sophocle qui m'a donné mes lettres de maîtrise, et que j'ai commencé par admirer avant de travailler .
Je vois avec plaisir que dans l'Italie, cette mère de tous les beaux-arts, plusieurs personnes de la première considération, non seulement font des tragédies et des comédies, mais les représentent . M. le marquis Albergati a fait des imitateurs . Ni vous , ni lui, ni moi, monsieur, ne prétendons qu'on fasse de l'Europe la patrie des Abdérites 4. Mais quel plus noble amusement les hommes bien élevés peuvent-ils imaginer ? De bonne foi, vaut-il mieux mêler des cartes, ou ponter au pharaon ? C'est l'occupation de ceux qui n’ont- point d'âme . Ceux qui en ont doivent se donner des plaisirs dignes d'eux .
Y a-t-il une meilleure éducation que de faire jouer Auguste à un jeune prince et Émilie à une jeune princesse ? On apprend en même temps à bien prononcer sa langue et à bien la parler . L'esprit acquiert des grâces, on a du plaisir et on en donne très honnêtement . Si j'ai fait bâtir un théâtre chez moi, c'est pour l'éducation de Mlle Corneille ; c'est un devoir dont je m'acquitte envers la mémoire du grand homme dont elle porte le nom .
Ce qu'il y avait de mieux au collège des jésuites de Paris où j'ai été élevé, c'était l'usage de faire représenter des pièces par les pensionnaires, en présence de leurs parents . Plût à Dieu qu'on n'eût que cette récréation à reprocher aux jésuites ! Les jansénistes ont tant fait par leurs clabauderies que les jésuites ont fermé leurs théâtres . On dit qu'ils fermeront bientôt leurs écoles ; ce n'est pas mon avis . Je crois qu'il faut les soutenir et les contenir 5, leur faire payer leurs dettes quand ils sont banqueroutiers ; les pendre même quand ils enseignent le parricide ; se moquer d'eux quand ils sont d'aussi mauvais critiques que frère Berthier . Mais je ne crois pas qu'il faille livrer notre jeunesse aux jansénistes, attendu que cette secte n'aime que le traité de la grâce de saint Prosper 6, et se soucie peu de Sophocle, d’Euripide et de Térence ; quoique par une de ces contradictions si ordinaire aux hommes , Térence ait été traduit par les jansénistes de Port-Royal .
Faites aimer les arts de ces grands hommes (je ne parle pas des jansénistes) , je parle des Sophocle, vous serez secondé en deçà des Alpes . Malheur aux barbares jaloux à qui Dieu a refusé un cœur et des oreilles . Malheur aux autres barbares qui disent, on ne doit enseigner la vertu qu'en monologue, le dialogue est pernicieux . Eh ! mes amis, si l'on peut parler de morale tout seul, pourquoi pas deux, et trois ?
Pour moi j'ai envie de faire afficher : on vous donnera mardi un sermon en dialogue, composé par le révérend père Goldoni . N'êtes-vous pas indigné comme moi, de voir des gens qui se disent gravement : passons notre vie à gagner de l'argent, cabalons, enivrons-nous quelquefois, mais gardons-nous d'aller entendre Polyeucte 7.
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec une estime infinie votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. »
1 Daté sur l'original « 15 novembre in circa 1761 . Ginevra, del sig[no]r di Voltaire in Franzese » . Kehl place cette lettre à la fin de 1763 . bianchi doit indiquer ici la date de la réception . Le mot d’accompagnement à Albergati ( lettre du même jour ) fixe le jour de l'envoi .
2 Tragedie di Lauriso Tragiense, pastore arcade . Con due ragionamenti del medessimo sopra la composizione delle tragedie, 1761 , de G. P. Bianchi
3 L'Amour médecin , Ac. , sc. 1, de Molière .
4 Les Abdérites ou Abdéritains sont des fous ; voir La Fontaine, Fables , Démocrite et les Abdéritains : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/democrite.htm
5 On retrouve « soutenir et contenir » dans La Balance égale (février 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-faceties-balanc... ) , ainsi que le fait remarquer Mlle H. Frémont , « Sur un mémoire en faveur des jésuites attribué à Voltaire », Bulletin du bibliophile, 1955 . Voir : http://rnbi.rouen.fr/en/notice/le-me%CC%81diateur-dune-grande-querelle-texte-imprime%CC%81
6 Prosper d'Aquitaine , De gratia Dei et libero arbitrio, 432 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_Tiro
7 On retrouve l'attaque contre Polyeucte dans : voir page 40 et suiv. : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Voltaire-Turc.pdf
17:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
vous ne voulez pas lâcher votre scène . C'est bien dommage
... Nicolas le présomptueux, vous n'êtes rien sans un pondeur de discours qui vous donne un peu de valeur ajoutée, vous êtes abrutissant et creux . Vos blagues de beauf', gardez les pour Rachida . Ite missa est .
« A Etienne-Noël Damilaville
[vers le 1er novembre 1761] 1
Ah ! Ah ! Quand vous n'écrivez point, frère, c'est pure malice .
Ah ! Ah ! Vieux fou de Crébillon, vous ne voulez pas lâcher votre scène . C'est bien dommage . Vous l'échappez belle .
Qu’est-ce que L'Ami de la vérité ? S'il y a du bon envoyez-le au frère des Alpes .
L'avocat Moreau n'a nulle part au Mémoire historique . M. le duc de Choiseul l'a fait en trente-six heures .
Y a-t-il une relation de l'autodafé de Lisbonne 2? »
1 L'édition de Kehl mêle cette lettre à des extraits de lettres du 11 et du 13 novembre 1761 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-46-122624843.html et http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-47-122639938.html
2 Dans le Sermon du rabbin Akib qui est daté du 20 novembre 1761, V* cite l'Accordao dos inquisidores contra o padre Gabriel Malagrida jesuita, de Rodrigues Galhardo, qui fut traduit par Pierre-Olivier Pinault , avocat au Parlement de Paris, sous le titre Arrêt des inquisiteurs,ordinaires et députés de la sainte Inquisition, contre le père Gabriel Malagrida, dans l'acte public de foi célébré à Lisbonne le 20 septembre 1761 . Voir page 277-278 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/287
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mais c'est donc un imbécile que ce nonce ?
... Il semble bien que non , heureusement , à ce jour . Je ne suis toujours pas un calottin, mais il est bon de se tenir au courant de toutes idées pacifistes , avec aujourd'hui Mgr Ventura ( frère caché de Lino ? ) .
Voir : http://fr.radiovaticana.va/news/2016/09/19/diplomatie_vat...
Quam stultus est ! ... selon Voltaire ! (à juste titre )
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
[vers le 1er novembre 1761] 1
Mes anges demandaient des Grizel 2, en voilà . Est-il vrai que le nonce 3 a demandé justice des Gouju 4? mais c'est donc un imbécile que ce nonce ?
Quel est l'autre imbécile qui dans notre tragédie de couvent a mis :
Elle baigne de pleurs les larmes de sa mère ?
au lieu de …..................genoux …...........
J'aimerais mieux : Elle baigne de pleurs sa malheureuse mère 5.
Mais l'Espagne ! L’Espagne se moque de nous ! L'univers s'en moque . Ah ah !
Le président De brosses est un petit fétiche aussi vilain, aussi fripon, aussi haïssable de son corps, que j'en aie jamais connu . »
1 Daté « nov. 1761 » par d'Argental .
2 Voir lettre du 26 décembre 1760 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/27/quand-il-s-agit-d-argent-tout-le-monde-est-de-la-meme-religi-5737486.html
3 Pietro Pamfili-Colonna, évêque in partibus de Colossus . Voir : http://www2.fiu.edu/~mirandas/bios1766-ii.htm
4 Voir lettre du 14 septembre 1761 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/22/si-a-son-age-elle-joue-des-roles-de-petite-fille-on-peut-fai-5838720.html
5 Le vers entier disparut d'Olympie ; il figurait probablement à l'acte IV, sc. 4 .
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