03/01/2017
je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an
... Ce qui est même flatteur concernant des traités et accords qu'on voit fleurir à propos de la guerre de Syrie, et qui comme toutes fleurs en hiver, sont flétris avant qu'on puisse en apprécier la couleur .
Drôles d'étrennes cette année !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
4 janvier 1762
Mes divins anges, songez donc que je ne peux pas faire copier toutes les semaines un Cassandre. Ne serait-il pas amusant que je vous renvoyasse l’ouvrage cartonné, que vous me le renvoyassiez apostillé, et que toutes les semaines vous vissiez les changements en bien ou en mal ? Rien ne serait plus aisé. Si vous pensez avoir la pièce telle qu’elle est, vous êtes loin de votre compte. Dépêchez-moi un exemplaire, et sitôt qu’il sera arrivé, vite des cartons, et mes raisons en marge ; et le lendemain le paquet repart, et la poste est toujours chargée de rimes. Cela est juste, puisque j’ai fait Cassandre en poste 1.
Madame de Fontaine n’aime pas Cassandre . Madame Denis l’aime beaucoup ; mademoiselle Corneille n’y comprend pas grand-chose : ce qui est sûr, c’est que cet ouvrage nous amusera.
Madame Denis m’a fait entendre qu’elle avait écrit à mes anges des choses que je désavoue formellement. Je ne suis pas si pressé d’imprimer. Il est vrai que je ne pourrai guère me dispenser de donner Cassandre dans quelques mois, parce qu’il y a une personne au bout du monde 2 qui a la rage d’avoir une dédicace, et qu’il est bon d’avoir des amis partout ; mais je ne me presserai point.
Crébillon 3 me fait lever les épaules ; c’est un vieux fou à qui il faut pardonner.
L’alliance, le pacte de famille 4, le plaisir de me voir tout d’un coup catalan, napolitain, sicilien, parmesan, m’a d’abord transporté ; mais si l’Espagne n’attaque pas les Anglais avec cinquante vaisseaux de ligne, je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an. Je veux qu’on batte les Anglais et Luc, et qu’on ne siffle ni Zulime ni Cassandre.
Mes anges, je baise le bout des ailes.
V. »
1 C'est-à-dire à la hâte .
2 Le comte de Schouvalov ; voir fin de la lettre du 23 décembre 1761 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/20/je-suis-persuade-que-vous-ne-voulez-pas-que-j-entre-dans-les-5889437.html
3 Voir lettre du 11 octobre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/11/je-n-ai-nulle-part-a-la-tumefaction-du-ventre-de-mlle-hus-je.html
4 Voir lettre du 11 octobre 1761 à d'Argental, note précédente .
00:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/01/2017
il dénie la paternité de l'Ode sur la guerre
... Et bien plus encore son implication dans la guerre . Qui est-il ? qui sont-ils, ceux qui qui correspondent à ces qualités (sic) ? Si j'étais pape , bénissant urbi et orbi, j'en aurais diablement beaucoup à exclure des bienfaits de mon goupillon, et la liste est longue, toujours trop longue . Nous verrons fin 2017 si les voeux pieux et profanes ont eu quelque semblant de réalisation . Wait and see !
« A Joseph du Fresne de Francheville 1
[2 janvier 1762]
[Dans cette lettre d'une main de secrétaire, mais dont la formule est autographe, V* , entre autres choses, fait amicalement grief à son ancien secrétaire d'avoir pu croire qu'une « seconde partie » de Candide était de lui ; il lui apprend qu'il n'aurait pas entrepris le commentaire de Corneille s'il n'avait été assuré de l'aide de ses confrères de l'Académie ; il dénie la paternité de l'Ode sur la guerre (voir lettre du 16 septembre 1761 à Pierre Rousseau ) , quoiqu'il avoue en aimer quatre strophes ; les souscriptions pour l'édition de Corneille doivent être envoyées aux Cramer à Genève . Pour sa part, il vit maintenant à Ferney, où il a construit une église et son théâtre .]2
1 Secrétaire de V* en 1752 . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/264-joseph-dufresne-de-francheville
et : http://data.bnf.fr/12462265/joseph_du_fresne_de_francheville/
2 Les détails donnés sont tirés de la réponse de Du Fresne de Francheville envoyée « De Hoff en Saxe, quartier général de Son Altesse Royale » le 5 février 1762, dans laquelle celui-ci remercie V* d'une lettre qu'il a reçue de lui « par la voie [du] prince Henri ».
23:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voulez-vous remettre la partie à dimanche ?
... Oui ! mais sauf erreur, je crois bien que c'est ce qui est prévu depuis longtemps, nous tirerons les rois comme d'hab , faute de changer de président .
« A Camille Gallatin 1
Ferney jeudi [vers 1761-1762]
Nous sommes obligés madame de sortir demain et samedi . Voulez-vous remettre la partie à dimanche ?
Je suis à vos ordres tous les jours de ma vie .
V. »
1 La destinataire est une des cinq filles de Jean-Louis Pictet, femme de Pierre Gallatin . Voir : http://www.archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/VoltaireetRousseau_02_2016.pdf
17:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
Que je suis heureux d'être étranger à tout ce qui s'écrit et se dit en ce monde !
... Sur les réseaux dits sociaux .
Quelles économies d'énergies on ferait en faisant taire cet intolérable et inepte bavardage qui constitue 99,99999% des messages , et je parie qu'on pourrait se passer du gaz de schiste rien qu'en interdisant les messages contenant des fautes d'or tograf d'orthographe . Je n'en dis pas plus . Logique .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
[1761-1762] 1
Vous n'avez pas lu le tome II d'un mauvais livre ? Si cela va chez vous, ne lui ouvrez pas, car s'il est bon que Memnon soit partout, il est bon que Candide ne soit nulle part .
Que je suis heureux d'être étranger à tout ce qui s'écrit et se dit en ce monde !
C'en est fait : dans les bois je veux vivre à mon gré,
Et du sentier des sots je me retirerai.
J'éviterai le jeu, la table, les querelles,
Les vains amusements, les spectacles, les belles.
Quel plaisir noble et doux de haïr les plaisirs ;
De se dire en secret : me voilà sans désirs,
Je suis maître de moi, juste, insensible, sage,
Et mon âme est un roc au milieu de l'orage .
J'oubliais que je joue la comédie ce soir et que mon rôle est de fondre en larmes, de mourir d'amour, de me tuer de désespoir . »
1 André Delattre, en 1752, place cette lettre à la fin de 1765 ; mais quel est alors le « tome II » contenant à la fois Memnon et Candide ? Ou du moins Candide, car Memnon pourrait figurer dans un tome I.
16:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
l'indignation de la postérité
... Fanfoué la mérite-t-il ? le demander, c'est peut-être y répondre .
http://www.programme.tv/news/videos/172802-deguise-en-fra...
On n'oublie rien de rien ! on s'habitue, c'est tout ! mais, en attendant, ça n'empêche pas de nous mettre en boule .
http://www.deezer.com/album/13902994
« A Henri Rieu
à Genève
[1761-1762]
Monsieur,
Mille remerciements, mon cher monsieur ; l'ombre du grand Corneille et sa petite-nièce vous feront aussi les leurs . Scudéry eut très grand tort 1; l'Académie n'eut pas toujours raison, et Scudéry mérite l'indignation de la postérité . Elle paierait en cette monnaie si elle pouvait connaître son nom .
Bonjour, monsieur ; quand aurons-nous l'honneur de vous voir ?
V. »
1 Voir pages 19, 24, 47, 49, 52, … , 500 : https://books.google.fr/books?id=G2JfAAAAcAAJ&pg=PA90&lpg=PA90&dq=scud%C3%A9ry+voltaire&source=bl&ots=uIbis_AV56&sig=M_NRu5iFsTh3xH-UmacpOKhmmFM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwidqP___KHRAhVHtBoKHU3wAYYQ6AEIOzAF#v=onepage&q=scud%C3%A9ry%20voltaire&f=false
00:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2017
en gaulois je vous remercie de tout mon cœur
... et sous le gui traditionnel, --autre tradition historique dont on hérite dès qu'on devient Français, selon un certain Nico-les-casseroles--, je vous souhaite une bonne année 2017, ainsi que les suivantes si jamais je n'étais plus en état de vous présenter mes voeux par la suite .
Lisez Voltaire, et si jamais vous avez une minute de plus , laissez un commentaire .
« A Henri Rieu 1
à Genève
[1761-1762]
Monsieur,
Je vous ai des obligations en anglais, et en gaulois je vous remercie de tout mon cœur . Je vois que ce cardinal de Richelieu, le fondateur de notre comédie, était un des plus mauvais poètes de son temps . Notre confrère le cardinal de Bernis fait mieux des vers, mais il n'y a pas d’apparence qu'il soit premier ministre comme l'autre . Quand vous n'aurez rien à faire ayez la bonté de vous souvenir d'un ermite que sa mauvaise santé empêche d'aller à Genève, et qui sent tout le bonheur de vous posséder quand vous voulez bien lui faire cet honneur . J'ai celui d'être avec tous les sentiments que je vous dois
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi . »
1 Voir page 517 : https://books.google.fr/books?id=PP2exyLVv9UC&pg=PA517&lpg=PA517&dq=henri+rieu+voltaire&source=bl&ots=Yjps7KE3i0&sig=uIl5ycnuo_EetmHrOxOubGQHbbE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi_3Zb245_RAhVJ2BoKHX7SCasQ6AEIRDAI#v=onepage&q=henri%20rieu%20voltaire&f=false
02:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2016
Rien ne pouvait être plus douloureux pour moi que le contretemps que j'éprouve
... Nous dira peut-être Fanfoué Hollande dans son discours de voeux, que je me ferai un plaisir -- non dissimulé -- de zapper .
Images d'un expert en contretemps, un vrai pro !
« A Gabriel Cramer
[1761-1762]
Rien ne pouvait être plus douloureux pour moi que le contretemps que j'éprouve . Je n'ai jamais varié sur l'ordre des pièces qui doivent former le recueil de Pierre Corneille avec le commentaire . J'ai toujours dit à monsieur Cramer ce que j'ai mandé à l'Académie, que je commencerais par Médée, Le Cid, Les Horaces, Cinna, et que je rejetais à la fin de l'édition les comédies indignes de ce grand homme et de notre siècle que personne ne peut lire, et qui ne servent qu'à faire voir de quelle grossièreté et de quelle barbarie nous sommes sortis .
Il n'était donc pas vrai que Gravelot ait fait sept dessins comme il le disait . En trois mois il n'en a fait que deux . Je serai mort avant qu'on puisse donner l'ouvrage au public .
Le vain et misérable ornement des estampes est très inutile, comme je l'ai toujours pensé, dans un ouvrage fait pour être feuilleté par tous ceux qui voudront s'instruire du théâtre et de la langue .
Mon cher Gabriel, je vous conjure de dire à Gravelot qu'il faut absolument donner l'ouvrage entier dans le cours de 1662 1. Il ne peut faire trente-deux estampes dans un temps si court . Il faut se partager supposé qu'on veuille des tailles douces 2.
Je ne sais pas pourquoi vous n'achevez pas Jeanne . Cela me fait plus de peine que le retardement
de Pierre, et je ne crois pas ce délai utile à vos intérêts . Caro Gabriele songez donc que nous sommes mariés ensemble ; et qu'il faut que votre presse roule pour moi jusqu'à ce que la mort m'empêche de griffonner . Pourquoi envoyer cent pistoles à qui n'a rien fait encore ?
Je suis désespéré d'un malentendu si désagréable . Quoi j'ai déjà fait vingt commentaires et il n'y a pas une estampe de commencée !
Il est encore temps de mettre ordre à tous ces embarras en payant à Gravelot l'inutile ouvrage qu'il a fait à peine, et en prenant une ferme résolution de travailler sans estampes, en diminuant le prix, à moins que l'on ne soit sûr des graveurs qui s'engageront à donner les estampes dans un temps convenu . Il serait bon de se voir avant d'envoyer mille francs, car ce pourrait bien être mille francs de perdus . Ne les envoyez point, et entendons nous . Ces gravures des détestables pièces de Mélite et de La Suivante me dégoûtent et m'indignent à mesure que je vous en parle .
N'envoyez point d'argent, et entendons nous. »
1 Sic . Voir : http://www.livre-rare-book.com/search/current.seam?maximumPrice=0.0&keywords=&firstResult=0&faceted=true&ISBN=¢ury=ALL&quicksearch=&l=fr&bookType=ALL&reference=&matchTypeList=ALL&author=&title=theatre+de+pierre+corneille++avec+des+commentaires++c+++c+++c&description=&minimumPrice=0.0&sorting=RELEVANCE&minimumYear=0&ageFilter=ALL&keycodes=&maximumYear=0&cid=3264717
2 Ces sept derniers mots sont ajoutés entre les lignes sur le manuscrit .
00:59 | Lien permanent | Commentaires (0)