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11/10/2016

Je vous félicite monsieur

... François-Xavier Verger pour votre soin apporté au château de Voltaire à Ferney,  votre souci de rendre ce lieu vivant , et permettre d'accomplir le voeu du Patriarche qui bâtissait pour mille ans !

 

 

« A un destinataire inconnu

Je vous félicite monsieur, vous et M. de Crawford 1 si vous avez le bonheur d'être ensemble . Vous avez le mérite d'être des Anglais . Il a celui des Italiens . Un Français ne serait pas à plaindre s'il se trouvait entre vous deux . Ma santé est toujours déplorable . Je suis un peu consolé quand je peux vous écrire, et je crois que je serais guéri si j'avais le bonheur de vous voir .

Voltaire .

Au château de Ferney 24 octobre 1761 . »

1 John Crawford of Auchinames . Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Clan_Crawford

 

10/10/2016

envoyer cette copie à

... Tout le monde .

Car l'oeuvre et la pensée de Voltaire ne sont pas propriété privée , au contraire .

Au fait, il s'en passe des choses en son château de Ferney : http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/ain/le...

 

 © France 3 Rhône-Alpes

 

 

 

« A Monsieur le président

Germain-Gilles-Richard de Ruffey etc.

en son hôtel

à Dijon

[20 octobre 1761] 1

Je supplie monsieur de Ruffey d'envoyer cette copie à M. de La Marche, ancien premier président, quand il l'aura lue . »

1 Cette note est écrite en tête de la copie de la lettre à De Brosses du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/07/vous-vous-preparez-a-accabler-du-poids-de-votre-credit-une-f-5857815.html

 

Il ne peut que me répéter son auri sacra fames

... Maudite soif de l'or !

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Et, bis repetita, je vous parie qu'on reverra aux premières places les pires profiteurs de la planète, qu'on leur lèchera les bottes , avant de les déboulonner  trop tard, comme toujours .

 

 

 

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney , 20 octobre 1761

Monsieur, j'ose à la fois vous remercier de l'arbitrage que vous avez daigné accepter et plaindre M. De Brosses de ne s'y être pas soumis . Je prends la liberté de vous envoyer la lettre que je lui écris . Je suis réduit à n'en faire juge que votre honneur, sans avoir la consolation de voir ce procès terminé par votre bouche . Vous me jugerez en secret, et ce sera tant pis pour celui qui n'a pas voulu votre jugement définitif . Cette affaire est plus grave qu'il ne pense . Il est triste d'être condamné unanimement par tous les gentilshommes de la province, et plus triste encore de l'être dans votre cœur . Je ne vois pas ce qu'il peut répondre . Il ne peut que me répéter son auri sacra fames 1. Mais l'or du pays des fétiches ne vaut pas assurément votre estime, et c'est là ce que j'ambitionne . Je suis avec un profond respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 Maudite soif de l'or ; Virgile, Enéide, II, 57 .

 

09/10/2016

Ah monsieur, vous riez de ce petit fétiche . Je ne ris pas . S'il a un visage de singe, il a un cœur de boue

... Mais qui donc correspond à ce portrait robot ? Un primate avide de primaires, l'agité de service , N. S. , Notre Saigneur qui est odieux, que ton nom soit supprimé, que ton règne ne vienne jamais, que ta volonté soit défaite, aux voix vas t'en pêcher, et ... casse-toi pauv'thon !     ! 

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 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fs1.dmc...

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 20 octobre 1761 1

Votre charmante lettre du 5 octobre m'a trouvé mon très respectable ami, dans un moment d'enthousiasme et l'a redoublé . Vous avez été le génie qui m'a conduit . Vous devez savoir , en qualité de génie, que le sujet d'une tragédie me passait par la tête . Je ne vous lais ni de froide politique ni de froide rhétorique ni de froides amours . J'ai trouvé tout ce que les plus grands noms ont de plus imposant, tout ce que la religion secrète des anciens, si sottement calomniée par nous, avait de plus auguste, de plus terrible, et de plus consolant, ce que les passions ont de plus déchirant, les grandeurs de ce monde de plus vain et de plus misérable , et les infortunes humaines de plus affreux . Ce sujet s'est emparé de moi avec tant de violence que j'ai fait la pièce en six jours, en comptant un peu les nuits . Ensuite il a fallu corriger . Voilà pourquoi je vous remercie si tard de toutes les bontés dont vous m'honorez . Je suppose qu'enfin vous avez des nouvelles de Mme de Paulmy 2, et peut-être est-elle chez vous . Permettez que je vous en félicite et que je lui présente mon respect . Je suis ému plus qu'un autre des sentiments de la nature, car c'est ce qui domine dans la pièce dont je vous parle . C'est ce qui me faisait verser des larmes en écrivant cet ouvrage avec la rapidité des passions .

Vous avez dû cher et illustre bienfaiteur des arts, recevoir par M. de Varenne, secrétaire de la noblesse de Bourgogne, un paquet où étaient les dessins de votre graveur . Je vous ai conjuré de permettre qu'il travaillât pour Pierre, et que les Cramer lui donnassent un petit honoraire ; je persiste dans ma prière .

Je vous ai rendu grâce de l'arbitrage de monsieur votre frère 3 que vous daignez me proposer . Il eût été bien doux et bien honorable pour moi d'avoir toute votre famille pour arbitre . Mais M. de Brosses n'en veut point . Il veut plaider parce qu'il croit que ce qu'on appelle la justice de Gex n'osera le condamner, et que je n'oserai en appeler au parlement . C'est en quoi il se trompe . Je respecte trop votre auguste compagnie pour la craindre . Je lui ait écrit à lui-même une lettre très ample dans laquelle je lui mets devant les yeux tous ses procédés et je finis par lui dire que s'il y a un seul homme dans Dijon qui l'approuve, je me condamne . Ah monsieur, vous riez de ce petit fétiche . Je ne ris pas . S'il a un visage de singe, il a un cœur de boue .4

J'aurai l'honneur de vous envoyer copie de ma lettre 5. Elle répond à tout ce que vous me faites l'honneur de me dire . Tout y est expliqué . C'est un factum adressé à lui-même . Vous me jugerez .j'aimerais mieux vous envoyer ma tragédie mais venez la voir jouer sur mon théâtre . Il est joli . Nous y avons représenté Mérope, nous avons fait pleurer jusqu'à des Anglais . Oh que le cher Ruffey aurait dormi ! Vous ne pouvez savoir à quel point je vous respecte et je vous aime .

V. »

1Le manuscrit porte une mention erronée, qui semble contemporaine :  « 20 octobre 1762 / M. de Voltaire. »

3 Charles-Philippe Fyot de La Marche, premier président du parlement de Dôle .

4 Le passage « Ah monsieur …. cœur de boue . » supprimé par l'éditeur manque dans toutes les éditions suivantes .

 

08/10/2016

Unissons-nous tous contre les barbares . La paix soit avec nous

... Est-il bien nécessaire Nicolas le vénal de faire miroiter un superflu-onéreux-démagogique référendum pour que le peuple décide à ta place d'encabaner les fichés-S les plus dangereux ? Brasseur de vent(s) , -dont certains ne sentent pas bon -, quelle unité proposes-tu ?

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« A Etienne-Noël Damilaville

20 octobre 1761 1

Je suis avec vous , mon cher frère, comme les anciens initiés qui sans s'être jamais vus se connaissaient et s'aimaient . Lisez, je vous prie, les Car qu'on m'a envoyés et que j'envoie à M. d'Alembert . Ils sont dans son paquet . Vous cachèterez le tout proprement . Au nom des frères répandez les Car . Ils ôteront , à la cour, le crédit dont Pompignan veut accabler nos chers frères . Unissons-nous tous contre les barbares . La paix soit avec nous . Mais que jamais on ne sache que j'ai envoyé ces Car à moi parvenus par un frère de province . »

1 L'identité du destinataire s'infère du ton de la lettre et de la forme de l'adresse .

 

vous vous préparez à accabler du poids de votre crédit, une femme que vous croyez sans appui ...Mais je vous avertis, monsieur, que vous ne réussirez pas dans cette entreprise odieuse

... Voilà encore un exemple de la volonté de justice de ce Voltaire que j'aime/nous aimons .

Et que ceux qui ne voient en lui qu'un chicanier, qu'ils se mettent à la place de la famille Calas, Sirven, de La Barre, des serfs de Saint-Claude, etc. et ils verront alors la qualité défensive et la valeur offensive de cet homme génial .

 

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 Avertissement aux barons de la finance et de la politique !

 

« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

20 octobre 1761 1

Vous n'êtes donc venu chez moi, monsieur, vous ne m'avez offert votre amitié que pour empoisonner par des procès la fin de ma vie . Votre agent le sieur Girod dit, il y a quelque temps , à ma nièce, que si je n'achetais cinquante mille écus, pour toujours, la terre que vous m'avez vendue à vie, vous la ruineriez après ma mort, et il n’est que trop évident que vous vous préparez à accabler du poids de votre crédit, une femme que vous croyez sans appui, puisque vous avez déjà commencé des procédures que vous comptez faire valoir quand je ne serai plus . Mais je vous avertis, monsieur, que vous ne réussirez pas dans cette entreprise odieuse .

J'achetai votre petite terre de Tournay à vie, à l'âge de soixante et six ans, sur le pied que vous voulûtes . Je m'en remis à votre honneur, à votre probité ; vous dictâtes le contrat, je signai aveuglément . J'ignorais que ce chétif domaine 2 ne vaut pas douze cent livres dans les meilleures années ; j'ignorais que le sieur Chouet votre fermier, qui vous en rendait trois mille livres, y en avait perdu vingt-deux mille . Vous exigeâtes de moi trente-cinq mille livres, je les payai comptant . Vous voulûtes que je fisse les trois premières années pour douze mille francs de réparations . J'en ai fait pour dix-huit mille en trois mois de temps, et j'en ai les quittances . J'ai rendu très logeable une masure inhabitable , j'ai tout amélioré, et tout embelli, comme si j'avais travaillé pour mon fils, et la province en est témoin ; elle est témoin aussi que votre prétendue forêt, que vous me donnâtes dans vos mémoires pour cent arpents, n'en contient pas quarante . Je ne me plains pas de tant de lésions, parce qu'il est au-dessous de moi de me plaindre .

Mais je ne peux souffrir (et je vous l'ai mandé, monsieur ) que vous me fassiez un procès pour deux cents francs, après avoir reçu de moi plus d'argent que votre terre ne vaut . Est-il possible que dans la place où vous êtes, vous vouliez nous dégrader l'un et l'autre, au point de voir les tribunaux retentir de votre nom et du mien pour un objet si méprisable ?

Mais vous m'attaquez . Il faut me défendre, j'y suis forcé . Vous me dîtes en me vendant votre terre au mois de décembre 1758, que vous vouliez que je laissasse sortir des bois de ce que vous appelez la forêt ; que ces bois étaient vendus à un gros marchand de Genève, qui ne voulait pas rompre son marché . Je vous crus sur votre parole ; je vous demandai seulement quelques moules de bois de chauffage, et vous me les donnâtes en présence de ma famille .

Je n'en ai jamais pris que six : et c'est pour six voies de bois que vous me faites un procès . Vous faites monter ces six voies à douze, comme si l'objet devenait moins vil .

Mais il se trouve, monsieur, que ces moules de bois m'appartiennent, et non seulement ces moules, mais tous les bois que vous avez enlevés de ma forêt depuis le jour que j'eus le malheur de signer avec vous . Vous me faites un procès, dont les suites ne peuvent retomber que sur vous, quand même vous le gagneriez .

Vous me faites assigner au nom d'un paysan de cette terre, à qui vous dites à présent avoir vendu ces bois en question . Voilà donc le gros marchand de Genève avec qui vous aviez contracté ! Il est de notoriété publique que jamais vous n'aviez vendu ces bois à ce paysan ; que vous les avez fait exploiter, et vendre par lui à Genève pour votre compte : tout Genève le sait . Vous lui donniez deux pièces de vingt-et-un sous par jour pour faire l'exploitation, avec un droit sur chaque moule de bois, dont il vous rendait compte . Il a toujours compté avec vous de clerc à maître . Je crus votre agent le sieur Girod, quand il me dit que vous aviez fait une vente réelle . Il n'y en a point, monsieur ; le sieur Girod a fait vendre en détail, pour votre compte, mes propres bois, dont vous me redemandez aujourd'hui douze moules .

Si vous avez fait une vente réelle à votre paysan, qui ne sait ni lire ni écrire, montrez moi l'acte par lequel vous avez vendu, et je suis prêt à payer .

Quoi ! Vous me faites assigner par ce paysan au bas de l'exploit même que vous lui envoyez ! Et vous dites dans votre exploit, que vous fîtes avec lui une convention verbale ! Cela est-il permis, monsieur? les conventions verbales ne sont elles pas défendues par l'ordonnance de 1667, pour tout ce qui passe la valeur de cent livres ?

Quoi, vous auriez voulu en me vendant si chèrement votre terre, me dépouiller du peu de bois qui peut y être ! Vous en aviez vendu un tiers il y a quelques années , votre paysan a abattu l'autre tiers pour votre compte . Son exploit porte qu'il me vend le moule douze francs, et qu'il vous en rend douze francs ( en déduisant, sans doute, sa rétribution ). N'est-ce pas là une preuve convaincante, qu'il vous rend compte de la recette et de la dépense ? que votre vente prétendue n'a jamais existé, et que je dois répéter tous ces bois que vous fîtes enlever de ma terre ? Vous en avez fait débiter pour deux cents louis, et ces deux cents louis m'appartiennent . C'est en vain que vous fîtes mettre dans notre contrat que vous me vendiez à vie le petit bouquet nommé forêt, excepté les bois vendus .

Oui, monsieur, si vous les aviez vendus en effet, je ne disputerais pas; mais encore une fois, il est faux qu'ils fussent vendus, et si votre agent 3 s'est trompé, c'est à vous de rectifier cette erreur .

J'ai supplié monsieur le premier président, monsieur le procureur général, M. le conseiller Le Bault, de vouloir bien être nos arbitres . Vous n'avez pas voulu de leur arbitrage, vous avez dit que votre vente au paysan était réelle ; vous avez cru m'accabler au bailliage de Gex . Mais , monsieur, quoique monsieur votre frère soit bailli du pays, et quelque autorité que vous puissiez avoir, vous n'aurez pas celle de changer les faits, il sera toujours constant qu'il n'y a point eu de vente véritable .

Vous dites dans votre exploit signifié à ce paysan, que vous lui vendîtes une certaine quantité de bois . Quelle quantité s'il vous plait ? Vous dites que vous les fîtes marquer : par qui ? Avez-vous un garde-marteau ? Aviez-vous la permission du grand maître des Eaux et Forêts ?

La justice de Gex est obligée de juger contre vous si vous avez tort ; elle jugerait contre le roi, si un particulier plaidait avez raison contre le domaine du roi . Le sieur Girod prétend qu'il fait trembler en votre nom tous les juges de Gex ; il se trompe encore sur cet article , comme sur les autres .

S'il faut que monsieur le chancelier et tous les ministres, et tout Paris soient instruits de votre procédé, ils le seront, et s'il se trouve dans votre compagnie respectable une personne qui vous approuve, je me condamne .

Vous m'avez réduit, monsieur, à n'être qu'avec douleur, votre très humble et très obéissant serviteur . »

1 Copie envoyée à Ruffey et à Claude-Philippe Fyot de La Marche . V* a porté sur le manuscrit « Copie de la lettre de M. de Voltaire à M. le président De Brosses du 20 octobre » ; deux autres copies portent des mentions semblables, de sa main et de celle de Wagnière .

2 Note de V* sur la copie envoyée à Le Bault (d'après Mandet-Gracey ) : « Je viens de l'affermer douze cents livres et trois quarterons [75 bottes ?] de paille et un char de foin . »

3 Note de V* en marge de la troisième copie : « votre agent, c'est à dire vous « ; et sur la copie destinée à Le Bault : « Pardieu l'agent n'est là que par politesse . »

 

07/10/2016

J'ai imaginé comme un éclair et j'ai écrit avec la rapidité de la foudre . Je tomberai peut-être comme la grêle . Lisez, vous dis-je, divins anges, et décidez

... Señor météo, lances-tu une alerte ora(n)ge ?

En tout cas je saute sur l'occasion pour mettre en ligne cette lettre, je viens de retrouver un accès Internet, pour combien de temps ? SFR m'ayant joyeusement annoncé, il y a quelques heures, un problème général qui durerait sans doute jusqu'au 10 !! Alors je speede !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20 octobre [1761] 1

Ô anges, ô anges,

Nous répétions Mérope (que nous avons jouée sur notre très joli théâtre, et où Marie Corneille s'est attiré beaucoup d'applaudissements dans le récit d'Isménie 2 que font à Paris de vilains hommes ) . Elle était charmante .

En répétant Mérope, je disais, voilà qui est intéressant . Ce ne sont pas là de froids raisonnements, de l'ampoulé, et du bourgeois . Ne pourrais-tu pas, disais-je tout bas à V..., faire quelque pièce qui tint de ce genre vraiment tragique ? Ton Don Pèdre sera glaçant avec tes états généraux, et ta Marie de Padille ! Le diable alors entra dans mon corps . Le diable ? non pas, c'était un ange de lumière, c'était vous . L'enthousiasme me saisit . Esdras n'a jamais dicté si vite . Enfin en six jours de temps j'ai fait ce que je vous envoie . Lisez, jugez, mais pleurez .

Vous me direz peut-être que l’ouvrage des six jours est souvent bafoué 3. D'accord mais lisez le mien . Il y a deux ans que je cherchais un sujet ; je crois l'avoir trouvé . Mais, dira madame d'Argental, c’est un couvent, c'est une religieuse, c'est une confession, c'est une communion. Oui madame, et c'est par cela même que les cœurs seront déchirés . Il faut se retrouver à la tragédie pour être attendri . La veuve du maître du monde aux carmélites, retrouvant sa fille épouse de son meurtrier, tout ce que l'ancienne religion a de plus auguste, ce que les plus grands noms ont d'imposant, l'amour le plus malheureux, les crimes, les remords , les passions, les plus horribles infortunes ! En est-ce assez ? J'ai imaginé comme un éclair et j'ai écrit avec la rapidité de la foudre . Je tomberai peut-être comme la grêle . Lisez, vous dis-je, divins anges, et décidez .

Voici peut-être de quoi terminer les tracasseries de la comédie . Fi Zulime ! Cela est commun et sans génie. Donnez la veuve d'Alexandre à Dumesnil, la fille d'Alexandre à Clairon , et allez .

Mlle Hus m'a écrit 4. Elle atteste les dieux contre vous . Qu'elle accouche . J'ai bien accouché, moi, et je n'ai été que six jours au travail . Que dites-vous de Mlle Arnould, et du roi d'Espagne 5?

Ô charmants anges je baise le bout de vos ailes .

V, le vieux V, âgé de

soixante et huit commencés . »

1 Date complétée par d'Argental sur le manuscrit .

2 Ac. V, sc. 6

4 Quand le comte de Lauraguais était venu à Ferney en septembre 1761, Bertin avait abandonné Mlle Hus enceinte pour Sophie Arnould, maîtresse de Lauraguais ; mais celle-ci revint à Lauraguais, dont elle eut encore deux enfants, avant de passer entre les bras d'autres amants .

5 Sur le roi d'Espagne : sa femme Marie-Amélie de Saxe était morte le 27 septembre, mais il ne se remaria pas ; le troisième pacte de famille avait été signé le 15 août 1761 et devait conduire à la déclaration de guerre de l'Angleterre à l'Espagne, puis au traité de Paris le 10 février 1763 . voir lettre du 11 octobre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/11/je-n-ai-nulle-part-a-la-tumefaction-du-ventre-de-mlle-hus-je.html