29/09/2012
Je n'ai nulle envie d'aller à Paris, où l'on est complètement fou
... Ce qui m'est confirmé par l'auteur de ce qui suit !
Buggtoxic et L'Effet papillon

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=RaJLLQXY7Lg&NR=1
Mais je vais volontier à Lyon ...
A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON
(à Monsieur Robert Tronchin et compagnie à Lyon)
Monrion, 6 février [1757].
Voici mon cher correspondant la pancarte que vous demandez . Vous voilà donc devenu corsaire ! Pour moi je n'ai armé de vaisseaux que contre les jésuites .Celui qui a écrit une lettre chrétienne à un cardinal chrétien a une âme héroïque et sage, qui distingue la religion de ses abus. Cela est d'autant plus beau que ces abus ont été sur le point de lui coûter la vie, et ont assassiné ses prédécesseurs.
La lettre touchante que j'ai reçue du roi de Prusse, et l'invitation que l'impératrice me fait d'aller à Pétersbourg, ne me feront pas quitter les Délices. Je n'ai nulle envie d'aller à Paris, où l'on est complètement fou.
Je vous embrasse tendrement .
Permettez que je vous prie de donner cours à l'incluse .
Le Suisse V.”
23:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis heureux
... Ce que je dirai dans un peu moins d'une année, si les petits cochons ne me mangent pas .
Dès ce jour mon blogounet entame sa cinquième année, tout comme celui de LoveVoltaire (à quelques jours près), et ce sont plus de cent cinquante mille visites et plus de trois cent dix mille pages lues qui, au fond de moi, m'encouragent .
A ceux qui me sont fidèles et à ceux qui arrivent sur ce blog par hasard, je ne demande qu'une chose : lisez Voltaire avec esprit, avec coeur, vous ne le regretterez pas .)
PS (Pensée Subliminale) : Les commentaires créent du lien, usez-en, s'il te-vous plait !
Cueillons ! cueillons !
Au chateau de Voltaire, ces deux là n'ont pas froid aux ...
“A M. le comte d'ARGENTAL.
Conseiller d'honneur du Parlement
rue de la Sourdière
à Paris
A Monrion, près de Lausanne, 6 février 1757.
Moi, aller à Pétersbourg, mon cher ange . Savez-vous bien que ma petite retraite des Délices est plus agréable que le palais d'été de l'autocratrice? Si Dosmont joue la comédie, je la joue aussi ; et je fais le bonhomme Lusignan dans huit jours. Cela me convient fort,
Car à revoir Paris je ne dois plus prétendre;
Vous voyez qu'au tombeau je suis prêt à descendre.
(Zaïre, acte II, scène 3 , Lusignan.)1
Nous avons un bel Orosmane, un fils 2 du général Constant 3, qui a soupé avec vous à Argenteuil avec MIle du Bouchet 4. Votre tragédie de Robert-François Damiens, et de tant de fous, n'est donc pas encore finie Je ne sais pas pourquoi les comédiens ne hasardent pas Mahomet dans ces circonstances.
Vous avez une belle âme d'aimer toujours le tripot au milieu de toutes les atrocités qui vous entourent. Les plus sages sont assurément ceux qui cultivent les arts, et qui aiment le plaisir tandis que les autres se tourmentent.
Le roi de Prusse m'a écrit de Dresde une lettre très-touchante. Je ne crois pourtant pas que j'aille à Berlin plus qu'à Pétersbourg je m'accommode fort de mes Suisses et de mes Genevois. On me traite mieux que je ne mérite. Je suis bien logé dans mes deux retraites. On vient chez moi on trouve bon qu'en qualité de malade je n'aille chez personne. Je leur donne à dîner et à souper, et quelquefois à coucher. Mme Denis gouverne ma maison. J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis heureux. Vous m'avouerez que ce Dosmont a tort de vouloir que je quitte tout cela pour l'aller entendre à Pétersbourg. S'il avait vu mes plates- bandes de tulipes au mois de février, il ne me proposerait pas ses glaces.
On dit que Mlle Dumesnil et Lekain se sont en effet surpassés dans Sémiramis. L'abbé 5 coadjuteur de Retz n'aurait-il pas mieux fait d'aller là qu'à son abbaye ?
Adieu, mon cher et respectable ami. Il n'y a que vous de sage, j'y compte aussi les anges.
Le Suisse VOLTAIRE.”
2 David-Louis Constant de Rebecque, connu sous le nom de Constant d'Hermenches (1722-1785) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=david+louis;n=constant+de+rebecque
3 Samuel Constant de Rebecque (1676-1756) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=samuel;n=constant+de+rebecque
4 Mme d'Argental, née du Bouchet. Son mariage datait de 1737, semblait n'être pas connu de tout le monde . L'hôte doit donc être Constant l'aîné .
5 L'abbé de Chauvelin, alors exilé pour avoir donné sa démission de conseiller de la troisième chambre des enquêtes. (CL.)
20:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il y a en France deux nations celle des honnêtes gens, et celle des sauvages. C'est le pays des contrastes
... Choisis ton camp, camarade !
Et que le meilleur gagne !

“A M. le président Germain-Gilles-Richard de RUFFEY 1
à Dijon
A Monrion, près de Lausanne, 6 février [1757].
Il y a quelques jours, monsieur, que j'ai fait partir à votre adresse, par Pontarlier, un paquet de quelques livres qui sont au coche ou à la messagerie, et qui vous seront rendus à votre premier ordre, en cas que quelque méprise dans l'adresse n'ait pas permis qu'on les portât chez vous. Si vous jetez les yeux sur cette histoire, vous n'y trouverez rien de plus fou et de plus atroce que ce qui se passe aujourd'hui dans Paris. Voilà la suite du jansénisme et du molinisme et des querelles des prêtres. Il y a en France deux nations celle des honnêtes gens, et celle des sauvages. C'est le pays des contrastes. J'ai bien fait de choisir le pays de l'uniformité. Si j'avais de la santé, je serais heureux et je vous écrirais de plus longues lettres. Comment va monsieur le premier président de La Marche ? Comptez que personne ne vous est plus attaché que le Suisse V. »
1 Voir entre autres : http://www.archive.org/stream/histoiresecrte00rich#page/n7/mode/2up
17:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/09/2012
Il faut que je m'accoutume aux naufrages
... Dit Arnaud Montebourg, in petto, après sa piètre prestation face aux ouvriers . Et il ajouta "Sais-je encore nager quand je n'ai plus pied ?" , avant de réaliser qu'il porte un gilet de sauvetage nommé "C'est la faute à la crise" , gilet qu'il porte depuis 2010, la preuve : http://www.davidmourey.com/article-arnaud-montebourg-presente-l-ouvrage-crise-naufrage-des-economistes-53167725.html .

“A M. Jean-Robert TRONCHIN.
Monrion, 5 février [1757].
Mon cher correspondant, encore un gros vaisseau de pris . Je tremble pour notre compagnie des Indes .
Il me paraît assez sûr que l'Espagne va se déclarer 1. Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre très-tendre. L'impératrice de Russie veut que j'aille à Pétersbourg. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices.
Il faut que je m'accoutume aux naufrages. Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux de Cadix qui périssent; une barque que j'envoyais de Monrion aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac. Cela ne m'empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre ce rôle me convient. On joue tous les jours la comédie à Lausanne ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin.
Je suis bien fâché de la mort du marquis d'Argenson 2, ex-ministre philosophe. Il y avait cinquante ans que je l'aimais.
Me premettrez-vous de vous adresser les lettres ci-jointes pour épargner une partie du port à de pauvres diables ?
Les Pictet sont enchantés de Lyon et ils ont raison .
Il me revient qu'on a brûlé à Glats les magasins du roi de Prusse . C'est une perte difficile à réparer . Il y a disette de grains en Germanie .
Les deux Suisses vous embrassent bien tendrement ”
1 Certitude déçue car l'espagne ne rentrera en conflit contre l'Angleterre que le 2 janvier 1762, suite au Troisième Pacte de Famille signé avec le France le 15 août 1761. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Wall
2 Ami depuis les années de collège à Louis Le Grand . Mort le 26 janvier :Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson
17:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
la recommandation d'un Suisse, n'est pas d'un grand poids
... A moins qu'il ne soit banquier !
Comprenne qui peut
Tag genevois : SOVAGE ?
“A M. LEKAIN
A Monrion, près Lausanne, le 4 février [1757].
Mon cher Lekain, ma recommandation, la recommandation d'un Suisse, n'est pas d'un grand poids; cependant j'ai écrit 1 comme vous l'avez voulu.
Est-il vrai que, le lendemain de cet horrible assassinat, votre camarade Dubreuil reçut une lettre adressée à un autre Dubreuil, laquelle lettre contient ces mots Fuyez, le coup est manqué ? Voilà des tragédies bien abominables. Je vous embrasse.
P. S. J'écris peu et tard mais c'est que je travaille et que je suis malade.”
1 Lettre à Richelieu du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/27/le-roi-de-prusse-vient-de-m-ecrire-une-lettre-tendre-il-faut.html
15:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/09/2012
Unissez, tant que vous pourrez, tous les philosophes contre les fanatiques
... Des paroles, le fameux poids des mots contre des actes et des discours qui devraient faire honte à ceux qui les commettent . Philosophes = amoureux de la sagesse, vous ne serez jamais trop actifs pour désamorcer toutes ces bombes humaines qui nous menacent . Inspirez-vous de Voltaire !
« A M. D'ALEMBERT.
A Monrion, 4 février [1757].
Je vous envoie Idole, Idolâtre, Idolâtrie 1, mon cher maître; vous pourriez, vous ou votre illustre confrère, corriger ce que vous trouverez de mal, de trop, ou de trop peu. Un prêtre hérétique de mes amis 2, savant et philosophe, vous destine Liturgie. Si vous agréez sa bonne volonté, mandez-le-moi, et il vous servira bien.
Il s'élève, à ce que je vois, bien des partis fanatiques contre la raison mais elle triomphera, comme vous le dites, au moins chez les honnêtes gens, la canaille n'est pas faite pour elle. Je ne sais quel prêtre de Calvin s'est avisé d'écrire, depuis peu, un livre contre le déisme, c'est-à-dire contre l'adoration pure d'un Être suprême, dégagée de toute superstition. Il avoue franchement que, depuis soixante ans, cette religion a fait plus de progrès que le christianisme n'en fit en deux cents années mais il devait aussi avouer que ce progrès ne s'étend pas encore chez le peuple, et chez les excréments de collège. Je pense comme vous, mon cher et grand philosophe, qu'il ne serait pas mal de détruire les calomnies que Garasse-Berthier ose dédier à monseigneur le dauphin contre la partie la plus sage de la nation. Ce n'est pas aux précepteurs de Jean Châtel, ce n'est pas à des conspirateurs et à des assassins à s'élever contre les plus pacifiques de tous les hommes, contre les seuls qui travaillent au bonheur du genre humain.
Je vous dois des remerciements, mon cher maître, sur l'inattention que vous m'avez fait apercevoir touchant l'expérience de Molyneux et de Bradley 3. Ils appelaient leur instrument parallactique, et ils nommaient parallaxe de la terre la distance où elle se trouve d'un tropique à l'autre, etc. J'ai transporté, de ma grâce, aux étoiles fixes ce qui appartient à notre coureuse de terre.
Vous me feriez grand plaisir de me mander ce qu'on reprend dans cette Histoire générale. Je voudrais ne point laisser d'erreurs dans un livre qui peut être de quelque utilité, et qui met tout doucement sous les yeux les abominations des Campion, des Oldcorn des Guignard et consorts, dans l'espace de dix siècles. Je me flatte que vous favorisez cet ouvrage, qui peut faire plus de bien que des controverses. Unissez, tant que vous pourrez, tous les philosophes contre les fanatiques. »
1 Que l'on trouve aussi dans les Questions sur l'Encyclopédie ou Dictionnaire Philosophique ; page 402 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f405.image
2 Voltaire désignait ainsi Polier de Bottens . http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_de_Bottens
3 Éléments de la philosophie de Newton, 2e partie, chap. 1er. Page 691 : http://books.google.fr/books?id=oQlEAAAAYAAJ&pg=PA846&lpg=PA846&dq=El%C3%A9ments+de+la+philosophie+de+Newton,+2e+partie,+chap.+1er&source=bl&ots=G_bUe1rUYI&sig=3TUKPditMZRoVtv7DEuxwcPpVu4&hl=fr&sa=X&ei=8JVkUO6HPIbR0QWK_IDYCg&sqi=2&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=El%C3%A9ments%20de%20la%20philosophie%20de%20Newton%2C%202e%20partie%2C%20chap.%201er&f=false
20:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre tendre; il faut que ses affaires aillent mal
... Bien vu , Voltaire !
Un roi aussi ça trompe
Quant à moi, le ciel me préserve de ne recevoir de tendres lettres que quand les choses vont mal, et d'en écrire seulement quand j'ai le blues .
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU
A Monrion, près de Lausanne, 4 février [1757].
Je ne sais si mon héros aura déjà reçu un fatras d'histoire qui commence à Charlemagne, et même plus haut, et qui finit par le vainqueur de Mahon 1. Vous n'aurez guère, monseigneur, le temps de lire dans votre année d'exercice 2; cet exercice a été violent dans ces dernières horreurs. Vous voyez des choses bien extraordinaires, mais vous en verrez des exemples dans le fatras que j'ai l'honneur de vous envoyer. Il est en feuilles. Je n'ai point de relieur à Monrion, et je crois que vos livres ont une reliure particulière.
Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre 3 tendre; il faut que ses affaires aillent mal. L'autocratrice 4 de toutes les Russies veut que j'aille à Pétersbourg. Si j'avais vingt-cinq ans, je ferais le voyage. Lekain veut en faire un; et il se flatte que vous lui donnerez permission d'aller prêcher à Marseille à Pâques 5. Je n'ose vous en supplier. Il n'appartient point à un Suisse de parler des acteurs de Paris. Ce n'est pas assurément le temps de parler de comédie il y a des tragédies bien abominables en France, qui prennent toute l'attention. Ce pauvre marquis d'Argenson, que vous appeliez le secrétaire d’État de la république de Platon, est donc mort 6? Il était mon contemporain: il faut que je fasse mon paquet. Jouissez, mon héros, de votre gloire et d'une vie heureuse et longue. Les héros vivent plus longtemps que les philosophes j'en excepte Fontenelle 7, dont je vous souhaite l'estomac et les cent années. Vous voilà doyen de l'Académie: c'est une bien belle place, mais il la faut conserver. Conservez-moi aussi vos bontés. Les deux Suisses vous adorent. »
1 Les éditions de 1756 et 1757 de l'Essai sur l'Histoire générale (ou Essai sur les Mœurs) comprenaient, comme Beuchot l'a dit dans son Avertissement en tête de l'Essai sur les Mœurs (tome XI), le Siècle de Louis XIV; les événements y étaient conduits jusqu'en juin 1756. C'était au chapitre cxcvi que se trouvait le passage dont Voltaire parle ici, et qu'il a replacé, sauf quelques mots, dans le chapitre xxxi du Précis du Siècle de Louis XV; voyez tome XV, pages 338-340.
2 Comme premier gentilhomme de la chambre, il est chargé de la direction des spectacles et de la Comédie Française .
3 Datée du 19 janvier, à Dresde. Elle nous est inconnue. Frédéric II écrivait le 20 janvier à sa soeur Wilhelmine : « J'ai été très surpris de recevor une lettre de Voltaire que l'on m'avait dit mort ; je lui ai fait répondre par l'abbé [de Prades] tout plein de belles choses . »
4 Élisabeth de Russie. Elle a signé le traité de Versailles le 22 janvier 1757. Voir : http://books.google.fr/books?id=d57lg2-FlCIC&pg=PT268&lpg=PT268&dq=elisabeth+de+russie+1757&source=bl&ots=i0VWQ7ZBF8&sig=CU19_uqJkyPSe4x-tCzBFMFkziU&hl=fr&sa=X&ei=dl1kUKrXHKik0AXBsoHIBA&ved=0CEEQ6AEwBg#v=onepage&q=elisabeth%20de%20russie%201757&f=false
5 Voir lettre du 20 novembre 1756 à Lekain : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/03/a-marseille-la-troupe-aurait-grand-besoin-de-vos-lecons-et-i.html
6 Le 26 janvier. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson
16:30 | Lien permanent | Commentaires (0)

