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04/01/2012

Laissez-moi me flatter d'obtenir cette faveur que je vous demande avec la plus vive instance

 Volti me fait souvent penser à un chat qui vient se frotter à nos jambes , ronronner, faire patte de velours, et qui fait aimablement comprendre que ce qui l'intéresse d'abord , c'est notre don de nourriture , avec ou sans caresses , et avec une soumission affichée, trop belle pour être vraie .

Ici, une fois de plus, Volti plaide pour aider un ami , et il est , selon moi, bien difficile de rester sourd à sa demande .

chat66.JPGCelui-ci est un mien voisin d'une indépendance remarquable, résultat d'un croisement tigre/zèbre !

 

 

 

« A M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.

Aux Délices, près de Genève, 2 avril 1755

On me mande que mon héros a repris son visage. Il ne pouvait mieux faire que de garder tout ce que la nature lui a donné. Vous êtes donc quitte, monseigneur, au moins je m'en flatte, de votre maladie cutanée. Il était bien injuste que votre peau fut si maltraitée, après avoir donné tant de plaisir à la peau d'autrui mais on est quelquefois puni par où l'on a péché.
Je me mêle aussi d'avoir une dartre. On dit que j'ai l'honneur de posséder une voix aussi belle que la vôtre si j'ai, avec cela, un érysipèle au visage, me voilà votre petite copie en laid.
Un grand acteur est venu me trouver dans ma retraite c'est Lekain i, c'est votre protégé, c'est Orosmane, c'est d'ailleurs le meilleur enfant du monde. Il a joué à Dijon, et il a enchanté les
Bourguignons; il a joué chez moi, et il a fait pleurer les Genevois. Je lui ai conseillé d'aller gagner quelque argent à Lyon, au moins pendant huit jours, en attendant les ordres de M. le duc de Gèvres ii. Il ne tire pas plus de deux mille livres par an de la Comédie de Paris. On ne peut ni avoir plus de mérite, ni être plus pauvre. Je vous promets une tragédie nouvelle, si vous daignez le protéger dans son voyage de Lyon. Nous vous conjurons, Mme Denis et moi, de lui procurer ce petit bénéfice dont il a besoin. Il vous est bien aisé de prendre sur vous cette bonne action. M. le duc de Gèvres se fera un plaisir d'être de votre avis et de vous obliger. Ayez la bonté de lui faire cette grâce. Vous ne sauriez croire à quel point nous vous serons obligés. Il attendra les ordres à Lyon. Ne me refusez pas, je vous en supplie. Laissez-moi me flatter d'obtenir cette faveur que je vous demande avec la plus vive instance. Il ne s'agit que d'un mot à votre camarade. Les premiers gentilshommes de la chambre ne font qu'un.
Pardon de vous tant parler d'une chose si simple et si aisée mais j'aime à vous prier, à vous parler, à vous dire combien je vous aime, à quel point vous serez toujours mon héros, et avec quelle tendresse respectueuse je serai toujours à vos ordres. »

 

ii Le duc de Gesvres, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, comme Richelieu . On trouvera un exemple de son travail en date du 30 juin 1743 , à la Comédie Française : http://www.archive.org/stream/lescomdiensduro00frangoog#page/n18/mode/2up

et : http://www.archive.org/stream/lescomdiensduro00frangoog#p...

 

 

03/01/2012

les sots font des enfants, mais ils ne font pas verser des larmes aux juges

Je vous laisse deviner ce que le barbu nordique m'a offert ( à retardement, mais ça va quand même ) ; ci-dessous un indice :

chateau 4 ce matin 3_1_2012.JPG

 

 

 

Par habitude ou tradition personnelle, je ne souhaite quasiment jamais la bonne année dès le 1er janvier . Si cela ne tenait qu'à moi, je demanderais à tous de souhaiter la bonne année-bonne santé au jour anniversaire de naissance de chacun, car il est bien évident que l'année nouvelle d'un individu vient après cette échéance ( parfois déchéance , hélas ! ) .

 

Bon , allez ! Je me lâche, mais c'est bien parce que c'est vous et que vous avez eu :

  • la curiosité *

  • la chance *

  • la volonté *

  • la surprise *

  • la poisse *

  • l'immense bonheur *

    de vous retrouver sur cette page, qui n'est intéressante que par ce qui suit, lettre d'un dénommé François-Marie Arouet, que j'aime sous le nom de Voltaire .

(* Options ou réponses à choix multiple .)

 

En son nom , à vous, ses anges-gardiens , ayez :

Bonne Année

Belles Idées

Bonnes    Lectures

Bonnes     Ententes

Bonne   Santé

 

 

 

« A M. DE BRENLES.

Aux Délices, près de Genève, 29 mars [1755]

Je fais mes compliments, mon cher monsieur, à l'humanité en général, et à Lausanne en particulier, si votre ouvrage vous ressemble. Je vous remercie de mettre au monde des philosophes. Il faudra bientôt que je quitte ce monde maudit où il y en a si peu, je me consolerai en sachant que vous en conservez la graine. Vous devez être bien content, vous donnez la vie à un être pensant i, et vous sauvez celle d'une pauvre fille ii : cette dernière action est bien plus belle encore, car les sots font des enfants, mais ils ne font pas verser des larmes aux juges. Vous êtes le Cicéron de Lausanne.

Je compte bien venir vous embrasser à Monrion, et y faire ma cour à Mme de Brenles dès que je serai quitte de mes ouvriers. Je suis assurément bien loin de vous oublier; vous savez que je n'ai pris Monrion que pour vous et pour vos amis, je n'en avais nul besoin. J'ai la plus jolie maison, et le plus beau jardin dont on puisse jouir auprès de Genève; un peu d'utile s'y trouve joint même à l'agréable. Je suis occupé à augmenter l'un et l'autre, je suis devenu maçon, charpentier, et jardinier. Votre métier assurément est plus beau de faire des garçons et de sauver des filles. Nous prenons, ma nièce et moi, la part la plus tendre à tous vos succès. Nous faisons mille compliments au père, à la mère, et au nouveau-né . Il faudra qu'il soit baptisé par un homme d'esprit, je me flatte que ce sera M. Polier de Bottens qui fera cette cérémonie. Ne m'oubliez pas, je vous prie, auprès de ce digne ami. De belles terrasses et une belle galerie m'ont fait Genevois, mais c'est vous et Mme de Brenles qui me faites Lausannois. Adieu, monsieur; vivez heureux, et aimez un homme qui met son bonheur à être aimé de vous.

Je vous embrasse et suis pour jamais, etc. V. »

i Cet enfant mourut quelques jours plus tard .

 

21/12/2011

vous ne prétendez pas obtenir une grâce extraordinaire du ministre en lui disant qu'il suffit qu'une chose soit utile pour qu'on ne la fasse point

 Ce que je peux aisément traduire au XXIè siècle par " il suffit qu'une chose soit inutile pour qu'elle soit au budget de l'Etat ".

 

 

 

« A M. DUPONT,
Avocat

Aux Délices, près de Genève, 28 mars [1755]

Je n'ai que le temps, mon cher ami, de vous mander que j'ai fait partir votre mémoire. Votre dessein sans doute n'est pas qu'il soit présenté tel que vous me l'avez envoyé, vous ne prétendez pas obtenir une grâce extraordinaire du ministre en lui disant qu'il suffit qu'une chose soit utile pour qu'on ne la fasse point. Il y a quelques autres douceurs qui pourraient aussi effaroucher un peu le docteur bénévole. Enfin le mémoire est parti. Tout ce que je crains, c'est de m'adresser à M. de Paulmy pour une chose qui dépend probablement du chancelier, comme j'écrivis à M. d'Argenson pour cette maudite prévôté que M. de Paulmy avait dans son département i. Je ne me consolerai jamais de ce quiproquo.
Mes tendres respects, je vous en conjure, à toute la maison Klinglin, et à Mme Dupont. Vous avez dans Mme Denis et dans moi deux amis pour la vie. Pardon de mon laconisme je suis entouré de cinquante ouvriers. La terrasse de Mme Goll avait ses charmes, mais je suis ici un peu plus au large. Il ne me manque que de la santé et votre société. Je regrette bien nos petits soupers avec Mme Dupont.

 

V. »



 

 

Celui qui vous doit l'air qu'il respire ici n'y doit déplaire à personne

Volti est ici d'une politesse et d'une humilité reconnaissante remarquables , presque trop belles pour être vraies . Bien des gens pourraient s'en inspirer, et l'appliquer .

 

 

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN i

Vous ne m'avez rien fait dire, mon cher séducteur. Monsieur votre frère, le prêtre ii, m'avait promis de dire à la vénérable compagnie que je suis son très humble valet, je me flatte qu'il s'en souviendra. Celui qui vous doit l'air qu'il respire ici n'y doit déplaire à personne. Je veux bien que vos ministres aillent à l'Opéra-Comique mais je ne veux pas qu'on représente dans ma maison, devant dix personnes, une pièce pleine de morale et de vertu, si cela leur déplaît. »

 

i François Tronchin, ex-banquier retiré fortune faite, membre du Petit Conseil de Genève, accueillit V* le 12 décembre 1754 à son arrivée à Genève, et présida à son installation aux Délices . Il s'y installera après la rétrocession du domaine à son frère Jean-Robert (banquier à Lyon) en 1765 .

 

ii Louis Tronchin , pasteur et professeur de théologie.

A voir :  

Cette lettre , que j'ai trouvée sans date, je l'ai déjà mise en ligne datée d'août 1755 :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/08/10/c...

depuis quelque temps je n'aime pas les trônes

Pas plus que Voltaire, je n'aime les trônes où siègent des élus, tant du suffrage universel que les soi-disant élus de Dieu . Le seul avantage (?) pour le peuple est que là-haut ils sont des points de mire, j'allais dire des cibles à quolibets, plus souvent que des objets d'admiration .

Pour le reste , " Hi ! Happy tax payers !!"

 Lorsque j'entends les échos médiatiques des courses aux trônes, je ne peux oublier les Foires du Trône de ma jeunesse , où moyennant finances on est les rois .

trone02.jpg

 

 

 

« A Madame Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, duchesse DE SAXE-GOTHA
Aux Délices, près de Genève, 25 mars [1755]

Madame, je ne suis donc destiné qu'à être de loin le malade de Votre Altesse sérénissime . La grande maîtresse des cœurs a l'avantage de souffrir auprès de vous, et il est sûr qu'elle en souffre infiniment moins. C'est du moins une consolation pour moi d'être dans un lit que monseigneur le prince, votre fils, a mieux occupé que moi, je crois qu'il y dormait mieux. J'ai acheté toute meublée la maison où il a passé un été mais j'ai fait abattre un trône qu'on lui avait fait pour avoir la vue de Genève et de son lac i. Votre Altesse sérénissime me dira que depuis quelque temps je n'aime pas les trônes , je les aimerais si Votre Altesse sérénissime avait un royaume. Mais si je détruis les trônes de sapin peints en vert, j'abats toutes les murailles qui cachent la vue, et monseigneur le prince ne reconnaîtrait plus la maison. Est-il possible, madame, que votre malade plante et bâtisse, et que ce ne soit pas à Gotha ? J'ai appelé ce petit ermitage les Délices; il portait le nom de Saint-Jean. Celui que je lui donne est plus gai. Il n'y a pas d'apparence que je quitte une maison charmante et des jardins délicieux où je suis le maître, et un pays où je suis libre, pour aller chez un roi, fût-ce le roi de Cocagne. Je ne quitterai mes Délices que pour des délices plus grandes, pour faire encore ma cour à Votre Altesse sérénissime. Je n'irai point à Berlin essuyer des caprices cruels, ni à Paris m'exposer à des billets de confession, je crains les monarques et les évêques. Je vivrai et je mourrai en paix, s'il plaît à la destinée, la souveraine de ce monde, car j'en reviens toujours là c'est elle qui fait tout, et nous ne sommes que ses marionnettes. Si je n'avais pas été condamné à passer presque tout le mois de mars dans mon lit par cette destinée, qui prédétermine les corps et les âmes, j'aurais écrit plus tôt à ma protectrice, à ma bienfaitrice, à celle qui aura toujours mes premiers respects et les premiers hommages de mon cœur.
Nous avons , à Genève le premier ministre de Cassel, qui a été autrefois gouverneur du prince, et qui vient demander pardon aux cendres de Calvin de la désertion de son pupille.
Recevez, madame, les profonds respects que je présente à Votre Altesse sérénissime et à votre auguste maison. »

 

 

 

i C'est une constante que V*, dans ses dernières résidences, tient à avoir une « belle vue ».

 

15/12/2011

Zadig = Voltaire = Joie

Zadig : le retour

Mam'zelle Wagnière, j'ai ri pour deux . Si jamais cette pièce est jouée près de chez vous ...

Je ne regrette pas d'être sorti par un temps à ne pas mettre un politic(h)ien dehors .

Spectacle très agréable, très enlevé, humour, clins d'oeils, moments de reflexion, texte de Voltaire et surtout esprit de Voltaire respectés .

En un mot comme en cent, à tous ceux qui veulent passer un bon moment, allez voir cette pièce .

Pour les Ferneysiens, et gens d'alentour, il reste deux soirées pour en profiter ; excellente idée de sortie pour se mettre en joie avant les fêtes .

Si pas contents, je rembourse !*

*Parole de Grec !

 

Zadig---les-quatre-pretendants.JPG

 

En recherche d'image, je suis arrivé sur un blog qui confirme mon opinion présente et future :

http://parisbutteauxcailles.over-blog.com/article-zadig-d...

Vous voyez, je n'ai pas menti !

Mam'zelle Wagnière aime Zadig, et moi aussi

zadig a ferney 15_12_2011.jpg

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-zadig-ou-la-destinee---partie-1-68775925.html

 

A l'heure où vous lirez cette note, je serai au spectacle pour voir Zadig, à Ferney-Voltaire, ce qui clot la saison Voltaire . 

Ou alors, j'en serai revenu .

J'ai une affection particulière pour Zadig, - je parle du conte, - car j'en possède une édition unique au monde, celle que m'a donnée Mam'zelle Wagnière lors de notre première rencontre ; je revis encore avec plaisir et émotion ce premier instant .

Pour vous donner une idée de ce que je vais voir/j'ai vu :

http://www.ferney-voltaire.fr/TPL_CODE/TPL_EVENEMENT/PAR_...