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23/09/2012

Réjouissez-vous à Lyon, avec la meilleure des femmes

... Car vous avez la chance d'héberger Mam'zelle Wagnière , qui peut compter sur "l'inviolable attachement " d'un solitaire gessien .

A vous ces jolies fleurs, à votre image, épanouies et tendres

BON ANNIVERSAIRE LOVEVOLTAIRE

 

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Autre femme remarquable, Emilie du Châtelet, compagne et amie de Voltaire. On a retrouvé un certain nombre de manuscrits de cette savante et ils vont être mis en vente aux enchères le mois prochain . Pour permettre leur maintien en France, leur étude et sauvegarde , il est fait appel aux donateurs .

http://fonds-voltaire.org/index.php/patrimoine/cirey

URGENCE

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 http://fonds-voltaire.org/edc1/



 

« A M. Pierre PICTET,

[Professeur en droit.]

 

Magistrat de Genève, chez le sieur Le Blanc à Lyon

Monrion, 16 janvier [1757].

Mon très-aimable voisin, les Délices ne sont plus Délices quand vous n'êtes plus dans le voisinage; il faut alors être à Monrion. Votre souvenir me console; et l'espérance de vous revoir, au printemps, me donne un peu de force.
Je suis bien honteux pour ma nation qu'il y ait encore des Ravaillac; mais Pierre 1 Damiens n'est heureusement qu'un bâtard de la maison Ravaillac, qui a cru pouvoir tuer un roi avec un méchant petit canif à tailler des plumes. C'est un monstre, mais c'est un fou. Cet horrible accident ne servira qu'à rendre le roi plus cher à la nation, le parlement moins rétif, et les évêques plus sages.
Réjouissez-vous à Lyon, avec la meilleure des femmes et la plus aimable des filles, et comptez sur l'inviolable attachement des deux solitaires suisses. »

1 En réalité Robert-François Damiens . V* mélange un peu les prénoms en parlant de lui .

 

22/09/2012

On ne doit pas me reprocher du moins d'avoir tant écrit contre le fanatisme je n'en ai pas encore assez dit

 ... Et vous pouvez compter sur moi, modeste scribe/scribouillard, pour vous informer au jour le jour des pensées et actions de Voltaire contre le fanatisme .

 Et Fesses de bouc, le grand frère protecteur des petits n'enfants trop bien connu, par trouille s'est permis de bloquer la page  du Point pour épargner le pauvre lecteur heurté par la caricature de Mohammed issue de Charlie hebdo . On dit "merci à FdB !"

http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20120920.OBS3104/caricature-de-mahomet-facebook-suspend-le-point.html

Me voici rassuré à tout jamais sur la sauvegarde du droit de penser de mes petits enfants ; aucune aventure sordide , aucune nouvelle sexuelle , aucune information pertinente ne peut les toucher : FESSES de BOUC LES PROTEGE !

 

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« A madame de FONTAINE,

A PARIS.

A Monrion, 16 janvier [1757]

Ceci est pour ma nièce, ma compagne en maladies; pour mon neveu le juge et le prédicateur, pour mon petit-neveu, pour M. de Florian, que j'embrasse tous du meilleur de mon cœur. Nous sommes un peu malades, Mme Denis et moi, à Monrion.
Les bons Suisses me reprochent d'avoir trop loué une nation et un siècle qui produisent encore des Ravaillac. Je ne m'attendais pas que des querelles ridicules produiraient de tels monstres.
Je crois bien que Robert-François Damiens n'a point de complices; mais c'est un chien qui a gagné la rage avec les chiens de Saint-Médard; c'est un reste des convulsions. On ne doit pas me reprocher du moins d'avoir tant écrit contre le fanatisme je n'en ai pas encore assez dit. S'il y a quelque chose de nouveau, nous prions instamment M. de Florian, qui n'épargne pas ses peines, de se souvenir de nous.
Songez à votre santé, ma chère nièce; j'ai fait un fort beau présent 1 au grand Tronchin le guérisseur il en est très-content. Voici ce Testament 2 que vous demandez, ma chère enfant; je vous prie d'en donner copie sur-le-champ à M. d'Argental et à Thieriot. Ce nouveau Testament est meilleur que l'ancien qui court sous mon nom. »

1 Il lui a offert des flambeaux en décembre 1756 : le 22 décembre il écrit à Jean-Robert Tronchin : « Voici pour les payer deux petits billes de change, l'un de 3200 livres tournois 6, l'autre de 4028 livres tournois 16 . »

2 Voltaire désigne ainsi son poème de la Religion naturelle, dans la lettre à Thieriot du 12 avril 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/06/21/quoique-j-y-aie-dit-tout-ce-que-je-pense-je-me-flatte-pourta.html

 

21/09/2012

Pourquoi faut-il que les fanatiques s'épaulent tous les uns les autres

... Parce qu'ils sont lâches et minoritaires .

 Lire sans délai : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2012/09/pourquoi-charlie-hebdo-sauve-l.html

 

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Un brin de bon sens !

 Voir : http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/18/une-culture-de-la-haine-fort-contagieuse

 

« A M. D'ALEMBERT.

A Monrion, 16 janvier [1757].

Je vous envoie, mon cher maître, l'article Imagination, comme un boiteux qui a perdu sa jambe la sent encore un peu. Je vous demande en grâce de me dire ce que c'est qu'un livre contre ces pauvres déistes, intitulé la Religion vengée 1, et dédié à monseigneur le dauphin, dont le premier tome parait déjà, et dont les autres suivront de mois en mois, pour mieux frapper le public.
Savez-vous quel est ce mauvais citoyen qui veut faire accroire à monsieur le dauphin que le royaume est plein d'ennemis de la religion? Il ne dira pas au moins que Pierre 2 Damiens, François Ravaillac, et ses prédécesseurs, étaient des déistes, des philosophes. Pierre Damiens avait dans sa poche un très-joli petit Testament 3 de Mons. Je crois l'auteur parent de Pierre Damiens. Mandez-moi le nom du coquin, je vous prie, et le succès de son pieux libelle. Votre France est pleine de monstres de toute espèce. Pourquoi faut-il que les fanatiques s'épaulent tous les uns les autres, et que les philosophes soient désunis et dispersés! Réunissez le petit troupeau, courage. J'ai bien peur que Pierre Damiens ne nuise beaucoup à la philosophie.
Mme Denis et le solitaire Voltaire vous embrassent tendrement. »

1 La Religion vengée, ou Réfutation des auteurs impies, par une société de gens de Lettres (Soret, le père Hayer, etc.), t. 1, 1757, in-12. il en a paru, depuis, vingt autres volumes. Le premier cahier a paru en janvier 1757 . http://books.google.fr/books?id=HokUAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

2 En réalité, Robert-François étaient les seuls prénoms de l'assassin insensé de Louis XV.

3 Voltaire veut donner à entendre que Damiens était l'instrument des jansénistes, en supposant qu'il était porteur du N. T. de Mons, dont voici le titre Nouveau Testament traduit sur la Vulgate, avec les différences du grec, Mons, Gaspard Migeot (Amsterdam, Elzevier), 1667, deux volumes in-12, que le père Colonia a compris dans sa Bibliothèque janséniste. Le livre trouvé sur Damiens était intitulé Instruction chrétienne. (Beuchot.)

Voir : http://users.skynet.be/sky71622/NTM.html

 

de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.

... Si au moins c'était possible !

Mais je crois qu'il faudra plus que ça pour apaiser les fanatiques islamistes . Ils sont pauvres doublement, pécunièrement et en esprit, donc doublement faciles à duper . "S'il y a un complot, je n'ai rien à dire" dit Voltaire, et moi au contraire j'affirme que s'il y a complot, et j'en suis sûr malheureusement, il ne reste qu'à trouver à qui profite le crime pour trouver les véritables coupables de ces tueries .

Inch Allah, mais attache bien ton chameau !

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« A M. de CIDEVILLE. 1

A Monrion, le 16 janvier [1757].

Nous vous sommes très-obligés, monsieur, de nous avoir rassurés sur l'état du roi, après nos justes alarmes. Toutes les nouvelles s'accordent à dire qu'il est très-bien, et que cette affreuse catastrophe ne peut avoir aucune suite fâcheuse. Il est fort à désirer qu'on puisse faire parler ce monstre.
C'est certainement un fou fanatique; mais, s'il a des complices, il est bien essentiel de les connaitre. Mandez-moi tout ce que vous saurez. Nous sommes fort étonnés que vous n'ayez pas encore l'édition de mon oncle et l'
Histoire générale. Il écrit positivement à M. Cramer pour qu'elle vous soit envoyée sur-le-champ. Nous sommes à Monrion depuis huit jours, et nous ne nous y portons pas trop bien l'un et l'autre. Ecrivez-nous toujours aux Délices, car peut-être y retournerons-nous bientôt.
J'espère qu'après tant d'alarmes tout sera tranquille dans Paris avant quinze jours. Si l'on avait fait des petites-maisons pour le clergé et le parlement, et qu'on eût jeté sur leurs querelles tout le ridicule qu'elles méritent, il y aurait eu moins de têtes échauffées, et par conséquent moins de fanatiques. Le public a mis trop d'importance à ces misères;
de bons ridicules et de grands seaux d'eau, c'est la seule façon d'apaiser tout.
Mon oncle a fait à notre siècle plus d'honneur qu'il ne mérite, quand il a dit que la philosophie avait assez gagné en France, et que nos mœurs étaient trop douces actuellement pour craindre que les Français pussent dorénavant assassiner leur roi. Il est désespéré de s'être trompé, car il aime véritablement et la France et son roi; mais
un fou ne fait pas la nation. Le roi est aimé, et mérite de l'être, à tous égards.
Adieu, monsieur; songez quelquefois à vos amis des Délices, et soyez persuadé qu'ils ont pour vous la plus tendre et la plus inviolable amitié. Il faut, mon cher et ancien ami, que la tête ait tourné à ce huguenot de Cramer, qui m'avait tant promis de vous apporter mes guenilles.
Les étrangers me reprochent d'avoir insinué, dans plus d'un endroit, que, vous autres Français, vous êtes doux et philosophes. Ils disent qu'on assassine trop de rois en France pour des querelles de prêtres. Mais un chien enragé d'Arras, un malheureux convulsionnaire de Saint-Médard, qui croit tuer un roi de France avec un canif à tailler des plumes, un forcené idiot, un si sot monstre a-t-il quelque chose de commun avec la nation? Ce qu'il y a de déplorable, c'est que l'esprit convulsionnaire a pénétré dans l'âme de cet exécrable coquin. Les miracles de ce fou de Paris, l'imbécile Montgeron, ont commencé, et Robert-François Damiens a fini. Si Louis XIV n'avait pas donné trop de poids à un plat livre de Quesnel, et trop de confiance aux fureurs du fripon Le Tellier, son confesseur, jamais Louis XV n'eût reçu de coup de canif. Il me parait impossible qu'il y ait eu un complot: en ce cas, je suis justifié des éloges de ma nation; s'il y a un complot, je n'ai rien à dire.

Je vous embrasse tendrement, vous et le grand abbé 2. N'oubliez jamais votre vieux et très-attaché camarade V. »

1 Les quatre premiers alinéas de cette lettre sont de la main de Mme Denis; les trois derniers sont de l'écriture de Voltaire.

2 L'abbé du Resnel : Jean-François du Resnel du Bellay : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Du_Resnel...

 

20/09/2012

Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons

... Avant que je mange les pissenlits par la racine ! Certains disent "bâtir, passe encore mais planter à cet âge ", ce qui m'inquiète un peu connaissant la rapidité de la croissance de ces cucurbitacées ; oserait-on insinuer que je ne passerai pas l'été prochain ?

 Toujours est-il que les courges et citrouilles qui devaient orner le ventre du géant du château de Voltaire ont dû se métamorphoser en carrosses discrètement, car nous avons eu des fleurs, oui, mais des citrouilles point . Misère à poil, pas de gratin de courge, pas de soupe au potiron .

Cessons ces divagations, ô melon hallucinogène

Hiiipss !!

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« A madame Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de BAIREUTH

A Monrion, janvier (1757).

Madame, souffrez que je vous réitère mes vœux pour la santé de Votre Altesse royale, et que je la remercie de ce qu'elle a bien voulu m'assurer, par M. le marquis d'Adhémar 1, de la continuation de ses bontés. Je prends la liberté de lui envoyer des nouvelles de Paris qui pourront lui paraître extraordinaires, et qui exerceront sa philosophie.
J'ignore si Votre Altesse royale a reçu les exemplaires de l'histoire 2 que je mets à ses pieds. Je me flatte que le roi son frère 3 continuera à fournir les plus beaux monuments de l'histoire moderne. Mais c'est à César qu'il appartient d'écrire ses Commentaires.
Je suis encore persuadé qu'il se souviendra qu'il m'a tiré de ma patrie; que je quittai pour lui mon roi, mon pays, mes charges, mes pensions, ma famille.
Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons 4, et je demanderais la protection de Votre Altesse royale s'il était à Berlin. Mais il a autre chose à faire qu'à honorer de ses melons mes potagers.
Que Votre Altesse royale et monseigneur daignent toujours agréer le profond respect et les prières de
Frère VOLTAIRE » 

1 Antoine Honneste de Monteil de Brunier , marquis d'Adhémar, officier dans le régiment d'Heudicourt-cavalerie, dit le Saint et qui selon Mme de Graffigny, semblait tomber toujours des nues et « ne savait pas plus les usages que s'il venait du Monomotapa » . Il était « ami des philosophes ».

2 L'Histoire générale de Charlemagne ...etc.

3 Frédéric II de Prusse .

4 V* sollicité par Frédéric II de se rendre auprès de lui craignait de perdre dans sa cour sa liberté et son repos . Il refusa d'abord sous prétexte de la rigueur du climat de Berlin . D'Argens, La Mettrie et d'Algarotti furent chargés par le roi de lui écrire et le rassurer sur ce point . Darget , secrétaire du roi, joignit aux lettres un certificat en vers accompagné de deux melons cueillis au mois de juin à Potsdam . Voir lettre (236) du 10 juin 1749 de Frédéric à V* : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/22/text/

 

 

 

19/09/2012

Si on avait songé à rendre les jansénistes et les molinistes aussi ridicules qu'ils le sont en effet

... Sans compter les sunnites, chiites, salafistes, intégristes de tous bords et de tous rangs, toutes religions confondues dès lors qu'elles font naitre des fanatiques .

 

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Persiste et signe

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN

Monrion, 15 janvier [1757].

Je suis bien sensible, mon très-cher ami, à votre intention et à celle de notre Esculape 1. Il n'y a qu'à lever les épaules de pitié quand un dévot croit assassiner un roi avec un canif à tailler des plumes mais il faut frémir d'horreur quand on voit cet exécrable fou animé de l'esprit des convulsionnaires de Saint-Médard, qui a passé dans sa machine atrabilaire. C'est un chien qui a pris la rage de quelques autres chiens, sans le savoir. Il faudra ajouter trois ou quatre lignes au chapitre du jansénisme. Si on avait songé à rendre les jansénistes et les molinistes aussi ridicules qu'ils le sont en effet, Pierre Damiens, petit bâtard de Ravaillac, ne se serait pas servi de son canif.
Le ministère a eu la bonté de m'envoyer les bulletins, et M. d'Argenson m'a écrit de sa main 2; mais je crains les bigots.

On me mande de Vienne que l'impératrice aura en Bohême cent soixante mille hommes, que les Russes viennent au nombre de cent mille. On attend les Francs. Jamais l'empire romain n'a mis tant de monde en campagne; et il s'agit d'une chétive province que l'empire romain ignorait, et un marquis de Brandebourg a une plus grande armée que Scipion, Pompée et César !
P. S. Vous ne me mandez rien du fanatisme des Pharisiens et des Parisiens il y a pourtant eu des placards on a arrêté beaucoup de monde. On a mené à la Conciergerie quatre chariots couverts, remplis d'assassins, de cuistres, de témoins vrais ou faux. »

1 Théodore Tronchin le médecin .

2 Voir lettre du 6 janvier du comte d'Argenson : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/18/o...

 

vous prétendez qu'on ne meurt que de chagrin? ajoutez-y, je vous prie, les indigestions

... Des deux, mon choix me porterait indiscutablement sur une orgie de chocolat et de bon vin en bonne compagnie !

J'ai mis ce titre  pour ne pas augmenter la morosité du temps, pour ne pas dire la monstruosité, ce qui est de tous les siècles  tant que "les temps éclairés n'influeront que sur un petit nompbre d'honnêtes gens, le vulgaire sera toujours fanatique !" . La flambée de violence de ces minus habens qui tuent et pillent au nom d'un prophète qui n'en peut mais, confirme s'il en était besoin que le fanatisme est le fruit d'obscurs petits esprits .

Allah est grand ! et ses fidèles sont souvent détestables, ils n'ont rien compris, ou alors à force d'interdits promulgués par Mohammed ils pètent les plombs pour se défouler, "saintement" bien sûr !

Mohammed , j'espère que tu as honte de tes fidèles assassins . Est-ce parce que tu étais moche que l'on a interdit de te représenter ? Vaut-il mieux brûler une église avec ses paroissiens ou rire de soi-même caricaturé ?

 

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http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/cabu-est...

"Nous sommes dans le temps de tous les crimes" , mektoub, Inch Allah ! Mais que ça ne dure pas, sinon ... !

 

 

« A M. THIERIOT.

A Monrion, 13 janvier [1757].

Eh bien vous courez donc de belle en belle, et vous prétendez qu'on ne meurt que de chagrin? ajoutez-y, je vous prie, les indigestions.
Il n'a pas tenu à Robert-François Damiens que le descendant de Henri IV ne mourût comme ce héros. J'apprends dans le moment 1, et assez tard, cette abominable nouvelle. Je ne pouvais la croire; on me la confirme: elle glace le sang; on ne sait où l'on en est. Quoi, dans ce siècle! quoi, dans ce temps éclairé ! quoi, au milieu d'une nation si polie, si douce, si légère, un Ravaillac nouveau . Voilà donc ce que produiront toujours des querelles de prêtres! Les temps éclairés n'influeront que sur un petit nombre d'honnêtes gens le vulgaire sera toujours fanatique. Ce sont donc là les abominables effets de la bulle Unigenitus,2 et des graves impertinences de Quesnel, et de l'insolence de Le Tellier 3!
Je n'avais cru les jansénistes et les molinistes que ridicules, et les voilà sanguinaires, les voilà parricides!
Je vous supplie, mon ancien ami, de me mander ce que vous saurez de cet incroyable attentat, si votre main ne tremble pas. Écrivez-moi par Pontarlier les lettres arrivent deux jours plus tôt par cette voie. A Monrion, par Pontarlier, s'il vous plaît. C'est là que je passe mon hiver dans des souffrances assez grandes, en attendant que votre conversation les adoucisse dans ma petite retraite des Délices, auprès de Genève.
J'ai cette indigne édition de la Pucelle. Je me flatte qu'on n'en parle plus. Nous sommes dans le temps de tous les crimes. Je vous embrasse de tout mon cœur. »

2 Bulle Unigenitus Dei Filius : http://fr.wikipedia.org/wiki/Unigenitus

3 Qui poussa Louis XIV à révoquer l’Édit de Nantes . http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Le_Tellier_(homme_d'%...)