05/11/2011
J'ai peur que les places d'Alsace ne dépendent des dames de Paris, et que deux cents louis ne l'emportent sur le zèle le plus vif
Bien évidemment, de nos jours , aucun homme, aucun, ne réussit par le soutien d'une femme , parisienne ou non, en Alsace ou en Auvergne ! on le saurait !! Quoique , quoique ...
http://forbiddenplanet.co.uk/blog/2008/whores-of-mensa-les-dames-de-paris/
Traduction : Les Putains de Mensa . A voir ...
...Sachant que les dames présentes sur cette couverture, et non "sous la couverture", ne sont pas des putains, que nenni ...
...Sachant qu'elles ont fait bouger la société, donc les hommes ...
...Sachant que Mensa est une association regroupant ceux qu'il est commun de nommer "surdoués" ...
Quant à ceux qui l'emportent par la puissance de l'argent, plutôt que par le zèle de servir et d'être utile, la liste est longue, trop longue ...
Notre XXIè siècle a encore un côté furieusement XVIIIè, -siècle,- tendance XVIè, -arrondissement ,- car on ne change pas les bonnes vieilles recettes du pouvoir .
Trouvez-moi un élu SMIcard !
« A Sébastien Dupont
Avocat
A Prangins, pays de Vaud, près Nion, 7 janvier [1755]
Sur votre lettre du 31 décembre, mon cher ami, j'écris à M. de La Marche une lettre à fendre les cœurs ; j'importunerai encore M. d'Argenson . J'écrirais au confesseur du roi, et au diable, s'il le fallait , pour votre prévôté ; et si j'étais à Versailles, je vous réponds qu'à force de crier, je ferais votre affaire . Mais je suis à Prangins, vis-à-vis Ripaille,1 et j'ai bien peur que des prières du lac de Genève ne soient point exaucées sur les bords de la Seine . Je vous aimerais mieux bailli de Lausanne que prévôt de Munster . Tâchez de vous faire huguenot, vous serez magistrat dans le bon pays Roman . J'ai peur que les places d'Alsace ne dépendent des dames de Paris, et que deux cents louis ne l'emportent sur le zèle le plus vif, et sur la plus tendre amitié . Je ne vous écris point de ma main, parce que je souffre presque autant que vos juifs . Il est vrai que j'ai la consolation de n'avoir point de P. Kroust 2 à mes oreilles . J'ai les Mandrins à ma porte ; j'aime encore mieux un Mandrin 3 qu'un Kroust . Adieu ; si vous êtes prévôt, je serai le plus heureux des hommes . Mille tendres respects à Mme Dupont . Que devient la douairière Goll ?4
Je vous prie de vouloir bien envoyer chercher M. de Turckeim,5 de le remercier de ma part, et de lui demander ce qu'il lui faut pour ses débours et pour ses peines, moyennant quoi je lui enverrai un mandement sur son frère . Pardon . »
1 Ripaille est effectivement presque en face de Prangins , sur la rive sud du lac Léman, ce qui fait qu'on prétend à Prangins et à Nyon que ce fut au château de Guiger que V* composa ces vers :
Au bord de cette mer où s'égarent mes yeux,
Ripaille , je te vois, ...etc.
Voir les notes de l’Épître LXXXV de mars 1755 : L’Auteur arrivant dans sa terre près du lac de Genève : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113266/f364.image
2 Le père Kroust, moine fanatique et violent, frère du confesseur de la dauphine, et recteur des jésuites, avait à leur instigation, en 1750 fait brûler le Dictionnaire de Bayle en place publique de Colmar .A propos de ce Kroust ou Croust voir page 500, article Jésuites , ou Orgueil : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113355/f503.image
voir page 167 au chapitre XV de Candide : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411337x/f185.image
voir page 105 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f108.image
3 Louis Mandrin, contrebandier fameux, rodait alors en Savoie ; il sera pris quelques mois plus tard et roué vif le 26 mai 1755 à Valence . On publiera son Testament politique en 1755 à Genève .
.http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Mandrin
V* aura de la sympathie pour celui qui s'attaque aux fermiers généraux et « mange les mangeurs de gens. »
4 « Cette bonne dame Goll », logeuse de V* à Colmar, à partir du 2 octobre 1754, rue des Juifs, qui vient de perdre son mari en décembre 1754.
5 Turckeim, de Colmar avait été chargé du transport des caisses de V* et Mme Denis .Voir lettre à Dupont du 26 décembre 1754 : page 306 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f309.image....
(a detail from the cover showing some of the women, including Josephine Baker, Marjane Satrapi and Marie Antoinette; (c) the WOM crew, who are all presumably sitting back smoking Gauloise and drinking Pernod in a pavement cafe in Montmartre as we speak)
23:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2011
Je n'aurais pas celui [le crédit] d'obtenir une place de balayeur d'église ; cependant il faut tout tenter pour ses amis, et l'amitié doit être téméraire .
Le Balayeur de Chagall .
http://culture-et-debats.over-blog.com/
« A M. de Brenles
A Prangins, le 7 janvier [1755]
Vous faites très bien , monsieur, de ne point venir à Prangins, où il n'y a à présent, que du froid et du vent . Je commence à vous être attaché de manière à préférer votre bien-être à mon plaisir . Je vais faire mes efforts, tout malade que je suis, pour me rapprocher de vous , et pour jouir de votre présence réelle . J'ai déjà conclu pour Monrion 1, sans l'avoir vu, et je me flatte que M. de Giez 2 ne signera de marché qu'avec moi . J'irai voir Monrion dès que je serai quitte de trois ou quatre rhumatismes qui m'empêchent de vous écrire de ma main . Il faut bien voir par bienséance la maison qu'on achète , mais vous sentez que vous et Mme de Brenles vous êtes les véritables objets de mon voyage . J'ai grande impatience de venir achever de vivre avec des philosophes .
Je reçois dans le moment une lettre de Mgr l’électeur palatin 3, qui me paraît philosophe aussi . Il me mande qu'il a été sur le point de mourir ; il veut que je vienne le voir incessamment, mais je vous jure que vous aurez la préférence .
Je reçois aussi une lettre de notre ami Dupont, qui veut avoir la prévôté de Munster auprès de Colmar, et qui s'imagine que j'aurai le crédit de la lui faire obtenir 4. Je n'aurais pas celui d'obtenir une place de balayeur d'église ; cependant il faut tout tenter pour ses amis, et l'amitié doit être téméraire .
Mme Goll 5 ne m'écrit point ; je voudrais qu'elle vint partager à Monrion la possession des prés, des vignes, des pigeons, et des poules, dont j'espère être propriétaire .
Puis-je vous supplier, monsieur, de vouloir bien présenter mes respects à M. le bailli et à M. le bourgmestre ?
Ma garde-malade vous fait, ainsi qu'à Mme de Brenles les plus sincères compliments .
J'ose me regarder comme votre ami ; point de cérémonie pour les gens qui aiment . »
1 Monrion ou Mont-Riond, nom donné à un crêt ou monticule planté de vignes entre Lausanne et le lac Léman, et auprès duquel se trouve, en se rapprochant du côté droit du chemin qui descend de la même ville au petit port d'Ouchy, la maison de Monrion dont parle V* ; il commença à y demeurer le 16 décembre 1755 et y restera jusqu'au 10 mars 1756 ; il y fera une autre station de trois mois du 9 janvier 1757 jusqu'au début avril . Plus tard cette maison logera le docteur Tissot qui en deviendra propriétaire .
2 Jeune suisse, banquier de V* qui mourra dix mois plus tard ;
voir lettres du 26 septembre 1755 à M. Bertrand: page 472 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f475.image....
page 473 à de Brenles : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f476.image....
et 24 octobre 1755 à de Brenles : page 487 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f490.image....
Lettre du 29 décembre 1754 , voir page 308 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f311.image....
4 Voir lettres à partir du 3 janvier 1755 , au président Hénault, à Dupont, à d'Argenson .
Pages 311 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f314.image....
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03/11/2011
j'ai toujours envisagé la retraite comme le port où il faut se réfugier après les orages de cette vie
Le " port" qu'évoque Volti, ici, se trouve à l'horizon , -ligne qui recule quand on avance, -à l'image de ces projets présidentiels sarkozyens qui ont le mérite de démontrer l'aspect démagogique du personnage, aspect que certains candidats dénoncent, tout en faisant de même .Seuls les malades atteints d'Alzheimer peuvent encore se laisser berner .
Il n'y a pas que les religions qui promettent le paradis, les politiciens sont même assez forts pour le faire connaitre sur terre . Mais il y a longtemps que je ne crois plus à la poupée qui tousse, et au candidat désintéressé .
"Grande politique de la fin de vie " promise par un individu qui, par la politique, mène la grande vie .
Bast'd !!...
« A Monsieur le maréchal duc de Richelieu
Au château de Prangins, près de Nion, au pays de Vaud, le 5 janvier [1755]
Je vous souhaite, monseigneur, la continuation durable de tout ce que la nature vous a prodigué ; je vous souhaite des jours aussi longs qu'ils sont brillants, et je ne souhaite à moi chétif que la consolation de vous revoir encore . Il fallait , pour arriver ici, m'y prendre un peu de bonne heure . Le mont Jura est couvert de neige au mois de janvier, et vous savez que je ne pouvais demeurer dans une ville où l'homme le plus considérable 1 n'avait pas seulement daigné me recevoir avec bonté, mais avait encore publié son peu de bienveillance . Je suis loin de me repentir d'un voyage qui m'a procuré le bonheur de vous retrouver ; bonheur trop court pour moi , après lequel je soupirais depuis si longtemps .
J'ose espérer qu'on ne m'enviera pas la solitude que j'ai choisie, et qu'on trouvera bon que je ne la quitte que pour vous faire encore ma cour, quand vous reviendrez dans votre royaume 2. Vous savez que j'ai toujours envisagé la retraite comme le port où il faut se réfugier après les orages de cette vie . Vous savez que je vous aurais demandé la permission de finir mes jours à Richelieu , s'il eût été dans la nature d'un grand seigneur de France de pouvoir vivre sans dégoût dans son propre palais ; mais votre destinée vous arrête à la cour pour toute votre vie .
Un homme tel que vous jamais ne s'en détache ;
Il n'est point de retraite ou d'ombre qui le cache
Et , si du souverain la faveur n'est pour lui,
Il faut ou qu'il trébuche, ou qu'il cherche un appui .3
Ce sont des vers de Corneille que vous me citiez autrefois, et que sans doute vous vous rappelez encore . Appelez-moi du fond de mon asile, quand il vous plaira ; et, tant que j'aurai des forces, je viendrai encore jouir du plaisir de vous renouveler le tendre respect et l'inviolable attachement que j'ai pour vous .
On ne dira pas que je n'aime point ma patrie, puisque celui qui lui fait le plus d'honneur est celui qui peut tout sur moi .
Mme Denis partage mes sentiments et vous présente les mêmes hommages . Elle paraît bien ferme dans la résolution de supporter ma solitude . Les femmes ont plus de courage qu'on ne croit . »
1 Le cardinal de Tencin .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/19/c...
3 Othon, I, 1.Les vers originaux sont : « … ou qu'il périsse ou qu'il prenne un appui . » http://fr.wikipedia.org/wiki/Othon_(Corneille)
et : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_1...
20:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/11/2011
dans le temps que je vous parlais de caisses, vous me parliez de Munster ; cet objet est plus important pour moi
Munster ! mon cher Voltaire ,
Vous avez dit : Munster ?
Mon inconscient me souffle irrésistiblement à l'oreille la publicité qui était faite pour le "Munster des Petits Amis" , que les moins de vingt ans n'ont jamais, ni vue, ni entendue .
Kitchissime pub :
http://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB32125...
Eh bien ! voici des caisses -à savon, de course-, de Munster ... Allez ! roulez jeunesse !!
Plus sérieusement, saluons encore ici l'amitié active de Volti qui emploie toutes ses relations pour soutenir une personne aimée , ce sera Munster pour un grand ami !
« A Sébastien Dupont
A Prangins, 3 janvier [1755]
Mon cher ami, dans le temps que je vous parlais de caisses, vous me parliez de Munster ; cet objet est plus important pour moi . Je viens de faire un mémoire, sur la réception de votre lettre du 25 décembre . J'écris à M. le comte d'Argenson la lettre la plus pressante ; j'en écris autant au président Hénault 1; je m'adresse encore à un commis . Mme Denis se joint à moi ; mais que peuvent de pauvres suisses comme nous ? Ne feriez-vous pas bien d'engager, si vous pouvez, M. de Monconseil à faire parler madame sa femme ?2 Gare encore que le procureur général ne demande la comptabilité . Je ne suis pas né heureux, mais je le serais assurément si je pouvais vous servir . La poste part ; je n’ai que le temps de vous rendre compte du devoir dont je me suis acquitté . Mille compliments à Mme Dupont . Ne m'oubliez pas auprès de M. et Mme de Klinglin . Adieu . Si vous êtes prévôt, je vous promets de venir vous voir .
V.»
1 Voir lettre du 1er Novembre 2011. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/01/je-suis-impotent-et-rabeti.html
2 Cécile Thérèse Rioult de Cursay fut dame d'honneur de la reine de Pologne , femme de Stanislas Lesczinski, au cours de son séjour à Chambord ; elle épousa le marquis et lieutenant-général de Monconseil en 1747, et elle acquit la jouissance du domaine de Bagatelle , au Bois de Boulogne, et y reçut dans les premiers temps la société galante . Dévouée à la reine, et pour faire pendant à Mme de Pompadour, elle favorisa une rencontre entre Louis XV et la princesse de Robecq, obtenant alors comme compensation le pouvoir d'arrondir son domaine déjà étendu . Elle écrira en prose et en vers une relation de la fête donnée par le maréchal duc de Richelieu à son retour victorieux de Minorque en 1756 . Elle donnera des fêtes plus morales, dont celle du 5 septembre 1757 en l'honneur de Stanislas . Elle avait donc de l'influence et des relations importantes.
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01/11/2011
je suis impotent et rabêti
Et moi, je suis orphelin et toutengris , car depuis dimanche 30 octobre à 18 h , le château de Voltaire à Ferney a fermé ses portes au public ; jusqu'au 1er avril 2012 , seuls des groupes , sur réservation, pourront faire des visites durant ce laps de temps .
Vision de James, due à l'heure d'hiver, la fameuse vingt-cinquième heure ...
« A Charles-Jean-François Hénault
Président de la 1ère chambre des enquêtes au Parlement de Paris
Au château de Prangins, près Nion, pays de Vaud, 3 janvier 1755
Voici le fait, monsieur ; je prends la liberté d'écrire à M. le comte d'Argenson 1, en faveur d'un avocat de Colmar, et je suis comme le suisse du chevalier de Grammont, je demande pardon de la liberté grande 2 . Une recommandation d'un Suisse en faveur d'un Alsacien n'est pas d'un grand poids ; mais si vous connaissiez mon Alsacien 3, vous le protègeriez . C'est un homme qui sait par cœur notre histoire de France ; c'est le seul homme de lettres du pays, c'est le meilleur avocat et le moins à son aise, chargé de six enfants 4. Il s'agit d'une place dans une petite ville affreuse, nommée Munster ; il s'agit de rendre heureux mon ami intime ; il s'appelle Dupont . Il demande d'être prévôt de Munster, et il est assurément très indifférent à M. d'Argenson que ce soit Dupont ou un autre qui soit prévôt dans un village ou ville impériale .
J'ose vous supplier, avec la plus vive insistance, d'en parler à M. d'Argenson . Vous aurez le plaisir de donner du pain à toute une famille, et d'être le protecteur d'un homme très estimable . Je vous jure que vous ferez une bonne action, et je vous conjure de la faire .
Je suis presque perclus de tous mes membres, dans un assez beau château, en attendant la saison de prendre les eaux d'Aix en Savoie . L'état cruel où je suis ne me permet d'écrire que dans les grandes occasions, et c'en est une très grande pour moi que de vous supplier de faire la fortune de Dupont mon ami . Si jamais j'ai de la santé et de l'imagination, j'écrirai à Mme du Deffand 5; mais je suis impotent et rabêti 6 ; je ne vous en suis pas moins tendrement attaché . Comptez que , dans toute la Suisse, il n'y a personne d'aussi pénétré que moi d'estime et de reconnaissance pour vous .
« Je me joins à mon oncle, monsieur, en faveur de M. Dupont ; c’est un homme qui a fait toute notre ressource à Colmar . Il joint à beaucoup d'esprit et de connaissances toutes les qualités du cœur ; il a six enfants, il est bon père, bon mari, et bon ami ; c'est un sujet digne d’être présenté par vous . Je vous le recommande de toutes mes forces, et nous nous croirions heureux s'il pouvait obtenir cette place . Nous ne sommes ici que pour attendre la saison des bains ; je vous supplie de ne pas me croire en Suisse, car je ne m'y crois pas moi-même ; mais , dans quelque lieu que je sois, monsieur, ne doutez pas de mes sentiments pour vous . On ne peut vous connaître, quand on sait sentir, sans vous être tendrement attaché pour la vie . Denis »
1 Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson , condisciple de V* au collège Louis Le Grand, devenu ministre de Louis XV et secrétaire d'Etat à la guerre depuis 1743 .
Douze à quinze jours plus tard, V* écrivit une épître badine sur le sujet de cette demande :
Rendez, rendez heureux l'avocat qui m'engage ;
Donnez-lui les grandeurs d'un prévôt de village.
2 Protagoniste cité dans les Mémoires du chevalier de Grammont , ouvrage du comte Anthony de Hamilton, auteur anglais que V* citera dans le Temple du Goût : « le vif Hamilton » ; voir page 16 : http://books.google.fr/books?id=HpsZAAAAYAAJ&pg=PA24&...
4 Un de ces enfants, Philippe-Sébastien, né en 1743, fut prêtre et abdiqua en 1794, il devint le premier directeur des archives du Haut-Rhin.
5 Hénault est son amant ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand
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31/10/2011
Puisque les hommes sont assez barbares pour punir de mort la faute d'une fille qui dérobe une petite masse de chair aux misères de la vie
http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag1215/dossier/sa_3400_ivg_niv2.htm
Je salue cette grande dame
« A Jacques Abraham Élie de Brenles
Prangins, 31 décembre [1754]
Puisque les hommes sont assez barbares pour punir de mort la faute d'une fille qui dérobe une petite masse de chair aux misères de la vie, il fallait donc ne pas attribuer l'opprobre et les supplices à la façon de cette petite masse de chair . Je recommande cette malheureuse fille à votre philosophie généreuse 1. Nous espérons avoir l'honneur de vous voir à Prangins, quand vous aurez fini cette triste affaire . Il est vrai que nous sommes, ma nièce et moi, dans une maison d'emprunt, et qu'il s'en faut de beaucoup que nous ayons un ménage monté ; mais le régisseur de la terre nous aide, et nous sommes d'ailleurs des philosophes ambulants qui, depuis quelque temps, ne sommes point accoutumés à nos aises .
Nous resterons à Prangins jusqu'à ce que nous puissions nous orienter . Je vois qu'il est très difficile d'acquérir ; qu'importe après tout, pour quatre jours qu'on a à vivre, d'être locataire ou propriétaire ? La chose vraiment importante est de passer ces quatre jours avec des êtres pensants .
Je n'en connais point avec qui j'aimasse mieux achever ma vie que M. et Mme de Brenles ; nous n'avons de compatriotes que les philosophes, le reste n'existe pas . Je reçois, dans le moment, une lettre de la pauvre Mme Goll 2 ; son sort est fort triste d'avoir été obligée d'épouser un Goll, et de l'avoir perdu . On la chicane sur tout ; on ne lui laisse rien . Le mieux qu'elle puisse faire serait de venir se retirer avec nous auprès de Lausanne . Je lui ai offert la maison que je n'ai pas encore ; j'espère qu'elle et moi nous serons logés l'un et l'autre des mains de l'amitié .
« Je m'unis à mon oncle, madame, pour vous prier de faire l'honneur à deux ermites de les venir voir, dès que M. de Brenles sera libre . Il y a longtemps que j'ai celui de vous connaître de réputation, et, par conséquent, la plus grande envie de jouir de votre aimable société . Je vous jure que si je n'étais pas garde-malade , je serais demain à Lausanne, pour vous dire combien je suis sensible à toutes vos politesses, et le désir que j’ai de mériter votre amitié .
Denis »
Venez donc l'un et l'autre quand vous pourrez dans ce vaste ermitage, où vous ne trouverez que bon visage d'hôte . Venez recevoir mes tendres remerciements ; venez ranimer un malade, et vous charmerez sa garde .
Voltaire. »
1 De Brenles est avocat et professeur de droit, et V* lui demande d'aider une jeune femme accusée d'infanticide ou d'avortement .
2 Sa logeuse à Colmar ; voir page 23 : http://books.google.fr/books?id=jEUbAAAAYAAJ&pg=PA23&dq=jean+ulrich+de+goll&hl=fr&ei=tK2uTr2mKISVswbPkKjdDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CDMQ6AEwAA#v=onepage&q=jean%20ulrich%20de%20goll&f=false
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29/10/2011
On commence à me regarder actuellement comme un homme mort
On peut de nos jours aussi regarder certains candidats aux élections présidentielles, non seulement comme des "hommes" / femmes mort(e)s, mais encore pis, comme des boulets . Je ne citerai aucun nom, mais suivez mon regard ( pour l'occasion, je louche, ce qui fait que droite et gauche se retrouvent unis dans un flou, non pas artistique, mais diantrement désagréable ! ) .
Prohibitions modernes que je vous laisse apprécier !
J'ai un petit coup de coeur pour l'interdiction de passer à pieds (?), toucher(?) et surtout regarder !
Curieusement, seuls les hommes n'ont pas le droit de pisser ; dites-moi, pourquoi cette discrimination ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
A Prangins, pays de Vaud, 30 décembre [1754]
Je vous souhaite une bonne année, mon cher ange, à vous, à Mme d'Argental, à M. Pont de Veyle, à tous vos amis . Mes années seront bien loin d'être bonnes ; je les passerai loin de vous . Les bains d'Aix ne me rendront pas la santé ; je voudrais que l'envie de vous plaire me rendît assez de génie pour arranger les Chinois 1 à votre goût; mais l'aventure du Triumvirat fait trembler les sexagénaires .
Solve senescentem 2…................ Horace
Il est vrai que le Triumvirat 3 aurait réussi, si j'avais été à Paris ; l'auteur ne sait pas l'obligation qu'il avait à ma présence pour son Catilina 4. On commence à me regarder actuellement comme un homme mort ; c'est ce qui fait que Nanine 5 a réussi, en dernier lieu . Le mot de Proscription, qu'on lisait sur les décorations du Triumvirat, était fait pour moi 6. Cela me donne un peu de faveur . Si les comédiens entendaient leurs intérêts, ils joueraient à présent toutes mes pièces, et je ne désespérerais pas qu'Oreste 7 n'eût quelque succès ; mais je ne dois plus me mêler des vanités de ce monde .
Je vous demande pardon, mon cher et respectable ami, de vous importuner de mes plaintes contre Lambert 8. Je vous supplie de lui faire parvenir cette nouvelle lettre, et d'exiger de lui qu'il envoie chez Mme Denis tous mes livres ; c'est assurément un détestable correspondant . Je suis honteux de lui écrire une lettre plus longue qu'à vous ; mais il faut épargner ce port, et j'ai tant à me plaindre de Lambert que je n'ai pu être court avec lui . Mme Denis, ma garde-malade, vous fait mille compliments . »
3 Pièce de Crébillon père ; voir : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/ciceron/crebillon/index.html
et :http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....
V* reprendra le titre pour sa propre version de cette tragédie qui sera représentée en 1764. Voir :http://books.google.fr/books?id=ZE40AAAAMAAJ&pg=PA171...
4 Pièce de Crébillon père, Prosper Jolyot de Crébillon ;
voir : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/crebillon/index.html
5 Comédie de V* , jouée le 16 juin 1749 pour la première fois : http://books.google.fr/books?id=9146AAAAcAAJ&printsec...
Voir aussi , à propos de la place des femmes au sein de certaines pièces : http://philosophie-et-litterature.oboulo.com/place-femmes-sein-trois-pieces-suivantes-mariage-figaro-beaumarchais-nanine-25675.html
6 Les éditions du Triumvirat de V* étaient accompagnées de deux ouvrages en prose: l’un surle Gouvernement et la Divinité d’Auguste; l’autre intitulé des Conspirations contre les Peuples, et des Proscriptions.
7 Oreste fut joué à Paris, pour la première fois, le 12 janvier 1750. Voltaire y assista en loge grillée. La pièce avait été lue en novembre 1749, chez le comte d’Argental ; voir : http://books.google.fr/books?id=gTUHAAAAQAAJ&pg=PA44&lpg=PA44&dq=oreste+voltaire&source=bl&ots=5VwWWio8xA&sig=oapiIgnuEUUmQnad8n-pVxfDiEA&hl=fr&ei=lg2sTveYN4XMhAfHwqhs&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=7&ved=0CEQQ6AEwBg#v=onepage&q&f=false
8 Lambert s'est permis de faire imprimer les œuvres de V* ,sans son consentement, et dans une version pleine d'erreurs . Voir lettres précedentes à d'Argental .
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