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11/12/2011

mener une vie patriarcale,..., c'est le hochet de la vieillesse.

 

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Patriarche végétal .


Volti , lui, au contraire, fut un patriarche d'une activité débordante, remarquable, modèle . Ce "hochet" fut agité et fit du bruit, et nous l'entendons encore ; les Ferneysiens le voient aussi en parcourant leur ville .

 

 

 

« A madame Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg


Aux Délices, 24 mars [1755]

Comment luttez-vous contre la queue de l'hiver, madame, avec votre maudite exposition au nord ? Vous êtes sur les bords du Rhin, et vous ne le voyez pas. Vous êtes à la campagne, et à peine y avez-vous un jardin. Vous avez une amie intime,i et il faut qu'elle vous quitte. Ni la campagne ni Strasbourg ne doivent vous plaire. Monsieur votre fils n'est-il pas auprès de vous ? il vous consolerait de tout. Que ne puis-je vous avoir tous deux dans mes Délices , c'est alors que mon ermitage mériterait ce nom. Nous sommes du moins au midi, et nous voyons le beau lac de Genève. Mme Denis n'a pas heureusement de prébende qui la rappelle. Nous oublions, dans notre ermitage, les rois, les cours, les sottises des hommes, nous ne songeons qu'à nos jardins et à nos amis.

Je finis enfin par mener une vie patriarcale, c'est un don de Dieu qu'il ne nous fait que quand on a barbe grise, c'est le hochet de la vieillesse. Si j'avais autant de santé que je me suis procuré de bonheur, je vous dirais plus souvent, madame, que je vous aimerai de tout mon cœur jusqu'au dernier moment de mon existence. Mme Denis et moi sommes à vous pour jamais, ne nous oubliez pas près de la branche qui préside à Colmar. »

 

i Mme Zuckmantel de Brumath, sœur de l’envoyé de Prusse à Mannheim, que V* appelle « sœur Broumath ».

Voir lettre du 23 octobre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/05/concluons-que-les-femmes-valent-mieux-que-les-hommes.html

 

Si, après cela, vous avez le courage de venir chez moi, il faut que vous ayez encore celui d'y être très-mal logé et très-mal couché

 

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Au pays de Gex, sens dessus dessous .

 

 

 

« A M. LEKAIN

Aux Délices, 24 mars[1755] .

Je reçois dans le moment votre lettre de Dijon, du 18 mars.i J'envoie ma réponse à Lyon, mon cher ami, chez Mlle Destouches ii. Vous allez sans doute recueillir à Lyon autant d'applaudissements et d'honoraires qu'à Dijon. Si, après cela, vous avez le courage de venir chez moi, il faut que vous ayez encore celui d'y être très-mal logé et très-mal couché. Mes Délices sont sens dessus dessous. Je suis entouré d'ouvriers qui m'occupent du matin au soir. Vous me verrez devenu maçon, charpentier, jardinier; il n'y a que vous qui puissiez me rendre à mon premier métier.
Vous ferez aisément le voyage de Lyon à Genève, par les voitures publiques. Ma maison est précisément à la porte de Genève, et je vous enverrai un carrosse qui vous prendra en chemin, le jour de votre arrivée. Vous n'aurez qu'à m'instruire du jour auquel la voiture publique se rend à Genève; mon ermitage est précisément sur le chemin qui conduit de Lyon à cette ville, Vous n'aurez pas la peine d'entrer dans Genève pour venir chez moi. Si mon carrosse ne vous rencontrait pas en chemin, vous n'aurez qu'à dire au voiturier d'arrêter à Saint-Jean, à deux cents pas de la porte de Genève.

Nous vous faisons, Mme Denis et moi, les plus tendres compliments.

 

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Je ne suis pas à Prangins songez bien que je suis chez moi, aux Délices, à Saint-Jean, aux portes de Genève, et que la maison méritera son nom quand vous y serez. »

 

 

ii Michelle Destouches, future Mme Destouches-Lobreau , Directrice du théâtre de Lyon.

Mlle Poncet , connue sous le nom de Mlle Destouches, et plus tard Mme Destouches-Lobreau vient de devenir directrice du Théâtre de Lyon ; on ne la confondra pas, comme l'a fait Léon Vallat, Un Siècle de théâtre et de musique à Lyon, 1932, avec sa demi-sœur, plus tard Mme Destouches-Dunant, et avec une actrice Jeanneton Destouches, qui n'est pas apparentée aux précédentes .

Voir page 70 : http://books.google.fr/books?id=-9RJAAAAMAAJ&pg=PA70&...

Page 63 : http://books.google.fr/books?id=Q37IqjVTN34C&pg=RA1-P...

 

 

09/12/2011

je fais déjà tailler mes vignes et mes arbres. Je m'occupe à faire des basses-cours

 

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Voltaire n'était pas un paysan d'opérette, un jardinier du dimanche, un traine binette . Il sait parfaitement , en temps et lieux, faire exécuter les travaux nécessaires pour avoir de bonnes récoltes .

 

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Il mène les hommes de l'art afin de rendre son logis agréable pour lui et ses amis et parents ;  sans faire appel à Valérie Damidot, lui  !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, près de Genève, 8 mars [1755].

Mes Délices sont un tombeau, mon cher et respectable ami. Nous voilà, ma garde-malade et moi, sur les bords du lac de Genève et du Rhône; je mourrai du moins chez moi. Il est vrai qu'il serait assez agréable de vivre dans une maison charmante, commode, spacieuse, entourée de jardins délicieux mais j'y vivrai sans vous, mon cher ange, et c'est être véritablement exilé.
Notre établissement nous coûte beaucoup d'argent et beaucoup de peines. Je ne parle qu'à des maçons, à des charpentiers, à des jardiniers; je fais déjà tailler mes vignes et mes arbres. Je m'occupe à faire des basses-cours. Vous croirez, sur cet exposé, que j'ai abandonné votre Orphelin; ne me faites pas cette cruelle injustice. Vous aurez vos cinq magots chinois incessamment, et tout ce que je vous ai promis. J'ai travaillé autant que l'a permis ma déplorable santé. Si vous l'ordonnez, le tout partira à l'adresse de M. de Chauvelini, l'intendant des finances, à votre premier ordre. Si vous voulez me donner jusqu'à Pâques, j'aurai encore peut-être le temps de limer, et l'envie de vous plaire pourra m'inspirer. Je ne vous parlerai plus de Lambert,ii quoique sa négligence m'embarrasse; je ne vous parlerai que de Gengis; c'est Arlequin poli par l'amouriii. C'est plutôt le Cimon de Boccace iv et de La Fontaine v.

 


Chimon aima, puis devint honnête homme.
(La Courtisane amoureuse )


Voilà le sujet de la pièce. Vous aviez raison de découvrir cinq actes dans mes trois. Le germe y était reste à savoir si cette tragédie aura la sève et le montant d'Alzire; non assurément. J'y ai fait tout ce que le sujet et ma faiblesse comportent; mais ce n'est pas assez de faire bien, il faut être au goût du public il faut intéresser les passions de ses juges, remuer les cœurs, et les déchirer. Mes Tartares tuent tout, et j'ai peur qu'ils ne fassent pleurer personne. Laissons d'abord passer toutes les mauvaises pièces qui se présenteront ne nous pressons point, et tâchons que dans l'occasion on dise Cela est bien; et s'il était parmi nous, cela serait encore mieux.

In qua scribebat, barbara terra fuit. vi
(OVID., Taist., III, eleg. i, v. 18.)

Consolez-moi, mon cher ange, en m'apprenant que vous êtes heureux, vous et les vôtres. Je baise toujours le bout des ailes de tous les anges. »

 



 

i Jacques-Bernard de Chauvelin, intendant des finances et conseiller d'Etat, frère du marquis François-Claude de Chauvelin, et de l'abbé Henri-Philippe de Chauvelin.

Page 309 : http://books.google.fr/books?id=pmowAAAAYAAJ&pg=PA309&dq=Jacques-Bernard+de+Chauvelin&hl=fr&ei=r0XiTpqQC8iYhQerxo3bAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CF4Q6AEwBQ#v=onepage&q=Jacques-Bernard%20de%20Chauvelin&f=false

 

ii Imprimeur-éditeur qui a fait paraître une édition dénaturée des Œuvres de Voltaire .

 

 

 

 

 

Pourquoi des nations commerçantes se font-elles la guerre ? Elles y perdent l'une et l'autre

Il n'est pas toujours question de guerres avec troupes armées, sang à la une, tripes à l'air, comme Volti l'évoque ici .

De nos jours, bien sûr, ce type d'exercice existe toujours, et pas seulement sur console vidéo . Les nations commerçantes se font des guerres économiques , et puis, comme les pertes l'emportent sur les gains, tentent de trouver des solutions dans l'urgence .

Maître Sarko , que je vois diminué par sa récente paternité, lance des ultimatums avec dates butoirs pour pouvoir rentrer pouponner le plus tôt possible . Est-ce la bonne attitude ? Franchement, je ne pense pas que ce soit la plus mauvaise non plus . La partie de poker menteur continue .

Le sang coulera plus tard , anonymement , loin des responsables .

Aux dernières nouvelles, l'ennemi héréditaire, perfide Albion, joue solo pour ne pas toucher à ses avantages ; rien de nouveau sous le soleil , la City mène toujours le bal .

Voir , en 1776 :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Recherches_sur_la_nature_et_les_causes_de_la_richesse_des_nations

 

Wealth_of_Nations.jpg


 

 

 

 

« A M. le conseiller François TRONCHIN i

Délices, 5 mars [1755].

Les eaux du Rhône, monsieur, ne sont pas aussi dangereuses qu'on me l'avait dit; celles de la mer Atlantique et de la mer du Sud le sont un peu davantage ii. Je ne leur confierai plus mon bien; mais je me tiens très-heureux sur terre dans notre acquisition commune des Délices.

Voilà donc les Anglais qui vont prendre nos vaisseaux, si cela est, je renvoie mes maçons et mes charpentiers. Pourquoi des nations commerçantes se font-elles la guerre ? Elles y perdent l'une et l'autre. Il est honteux que les négociants de tous les pays n'aient pu établir entre eux la neutralité, comme faisaient autrefois les villes hanséatiques. Il faudrait laisser les rois se battre avec leurs grands diables de soldats, et que le reste du monde se mit enfin à être raisonnable. »

 



 

 

ii V* est actionnaire de la Compagnie des Indes orientales, et les nouvelles alliances France-Autriche d'une part et Prusse-Angleterre font craindre un début des hostilités très proche ; ce sera la Guerre de Sept ans qui débutera le 16 juin 1755.

 

08/12/2011

si je ne peux vous entendre à l'église, je vous entendrai à table

 En ce jour lumineux entre tous dans la bonne ville de Lyon, la lumière du ciel a suppléé à la lumière des humains au pays de Gex, et m'a permis de planter le douzième représentant de la tribu des pommiers et poiriers que l'association du Verger Tiocan donne au château de Voltaire à Ferney , cette année .

L'ancien verger, qui est cependant assez récent (10-15 ans), a été ravagé par de stupides moutons, un peu excusables et  moins stupides que leurs maîtres qui les ont laissé sans pature il y a 3 ans, avec la conséquence prévisible : les affamés rongent l'écorce des arbres, et les arbres meurent . Plus de la moitié du verger a péri sur ces trois années, et ce n'est pas fini . Quelques survivants souffreteux sont juste conservés pour prélèvement éventuel de greffons .

http://www.verger-tiocan.asso.cc-pays-de-gex.fr/

 

POMMIER-api-étoilé.jpg


Mardi 6 décembre, par un temps d'hiver détestable, avec pluie et froid (neige sur les proches sommets du Jura), 11 arbres ont été plantés . Douze étaient prévus, douze avaient été préparés, mais si les bras et les jambes fonctionnent bien, mon cerveau a des lacunes, et j'ai oublié d'apporter le petit pommier Api étoilé . Le temps encore plus détestable de mercredi m'a contraint à continuer de promener ce jeune passger dans ma voiture jusqu'à ce midi où, enfin , il a trouvé sa place . 

Longue vie à ces jeunes de vieilles espèces sauvegardées, la plupart étant connues du temps de Voltaire . Il était plus gourmand de poires et de pêches que de pommes .

 

api étoilé 8_12_2011 verger voltaire.JPG


Voici une photo d'un jeune qui promet ; je vous tiendrai au courant de son avenir et celui de ses frères et cousins de verger .

 


 

 

 

 

« A M. POLIER DE BOTTENSi

A Prangins, 28 février [1755]

Je me félicite, monsieur, d'être enfin votre voisin ii, et je vous demande mille pardons, aussi bien qu'à M. de Brenles, de n'être pas venu chez vous deux vous remercier de m'avoir fait Lausannois mais j'étais si malade, j'avais si peu de temps, et j'étais si occupé des préparatifs de mon bonheur, que je n'ai pas eu un instant dont je pusse disposer. J'attends avec impatience le moment où je pourrai être votre diocésain, si je ne peux vous entendre à l'église, je vous entendrai à table. Nous parlerons, à mon retour, de la proposition que vous avez eu la bonté de me faire sur Bottens iii. Oserais-je vous prier, monsieur, de m'honorer de vos bontés auprès de Mlle de Bressonaz, de lui présenter mes respects, et de lui dire combien je m'intéresse à tout ce qui la touche?
Je fis un effort, en partant, pour grimper au château de votre bailli, de là il fallut aller à Prélaz, essayer de conclure un marché pour Mme de Bentinck iv. Elle est digne d'être votre diocésaine, et
je vous réponds qu'elle vous donnera la préférence sur le célèbre Saurin v, de la Haye.

Adieu, monsieur; si je ne crois pas absolument en Calvin, je crois en vous, et je vous suis attaché pour toute ma vie.
C'est de tout mon cœur.

 

V. »

 

iAntoine-Noé de Polier de Bottens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d... . Par la suite, pour l'Encyclopédie , il écrira un article Liturgie, qui sera amendé par V*, et Messie, de même .Voir lettre du 18 février 1755 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/12/04/l...

 

ii Il vient de louer Monrion, près de Lausanne .

 

iii Bottens, commune du pays de Vaud : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bottens

 

 

vJacques Saurin, ancien pasteur en Hollande : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Saurin

Voir article à ce nom : http://flandres-hollande.hautetfort.com/histoire-hollande/http://flandres-hollande.hautetfort.com/histoire-hollande/

 

07/12/2011

c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres

 J'aime beaucoup cette photo consensuellement/politiquement incorrecte :

fumer tue tard.gif

Je la dédie à tous les fumeurs, et fumeuses (n'est-ce pas Mam'zelle Wagnière ) non repentis, à qui je souhaite de tout coeur d'échapper à toute maladie liée à l'herbe à Nicot, comme le fit un brave homme que je connais, mort dans sa centième année, fumeur invétéré .

 Et merde aux censeurs qui ont supprimé la pipe de Jacques Tati, la cibiche de Sartre, le mégot de Lucky Lucke !

 

 

Volti, non fumeur, n'a jamais jété l'anathème sur les producteurs de fumée bleue . Il prisa, par mode , sans doute , dans sa prime jeunesse .

 

 

« A Henri-Louis LEKAIN i

A Prangins, 27 février [1755]

Mon cher Orosmane,ii venez à Dijon, où l'on vous admire, et de là dans une maison où l'on vous chérit. Si vous voulez que j'écrive à M. le maréchal de Richelieu pour vous faire obtenir un congé iii, je hasarderai ma faible recommandation, et Mme Denis y ajoutera la sienne, qui n'est pas faible.

J'aimerai jusqu'au dernier moment le spectacle de Paris qui fait le plus d'honneur à la nation; mais je vous aimerai encore davantage. Faites mes compliments, je vous en prie, à tous vos camarades. J'ai lu le Triumvirat; j'y ai trouvé de belles choses iv. Ce n'est point M. de Crébillon qui a quatre-vingts ans, c'est moi: car c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres, et surtout pour ceux que vous possédez. Adieu je vous embrasse de tout mon cœur, je vous embrasse tendrement.

P. S. Pour moi, qui me porte bien, monsieur, je trouve le Triumvirat détestable; mais je meurs d'envie de vous voir, aussi bien que mon oncle. Je suis fort flattée de votre souvenir. Venez voir le malade et sa garde; vous serez reçu avec le plus grand plaisir du monde, et mon oncle n'aura peut-être pas le cœur assez dur pour vous laisser partir les mains vides. On a beau essayer de persuader au public que mon oncle avait fait le Triumvirat, celui de Crébillon n'en a pas paru meilleur. Quelle folie de répandre de pareils bruits .

Adieu, monsieur; allez à Dijon vous faire admirer, et venez nous voir nous aimons autant votre personne que vos talents.

DENIS
. »


 

 

ii Un des personnages principaux de Zaïre : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zaire-partie-1-79291504.html

 

iii Le maréchal de Richelieu, premier gentilhomme de la Chambre du roi, avait aussi la responsabilité des spectacles donnés par les Comédiens français, dont Lekain, qui pour jouer indépendamment, devait obtenir un congé ; ce sera fait pour les congés de Pâques de la Comédie Française .

 

 

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Douce chaîne de la vie .

En écho à cette belle photo sur : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance---annee-1741---partie-10-90652809.html


06/12/2011

Les matins on vous voit paraître Dans la meute des chiens courants, Et dans celle des courtisans, Tous bons serviteurs de leur maître

 

Lequel des deux est le courtisan de l'autre ?

NB.- Le moustachu en uniforme, par fonction , et vocation, ne pense pas, et peut servir l'un ou l'autre sans état d'âme . Grandeur et servitude de la gent militaire ! A mettre parfois dans la meute des chiens courants ...

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Mais oui ! mais oui !

Gros, gras, bouffi d'orgueil, prétendu de gauche, le plein aux as Dirty Silly Keutard est aussi à l'aise avec un candidat de gauche qu'avec un de ceux de droite . Ne cherchez pas l'erreur, l'argent est un beaume puissant qui fait passer bien des douleurs d'amour-propre (quand il en reste encore, ce qui n'est pas le cas ici !)

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Pauvre France !

 

 

 

 

« A M. LE DUC DE LA VALLIÈREi

Des bords du lac, 26 février [1755]

Quelle lubie vous a pris, monsieur le duc ! Je ne parle pas d'être philosophe à la cour c'est un effort de sagesse dont votre esprit est très-capable. Je ne parle pas d'embellir Montrouge comme Champs vous êtes très-digne de bien nipper deux maîtresses à la fois. Je parle de la lubie de daigner relancer du sein de vos plaisirs un ermite des bords du lac de Genève, et de vous imaginer que

Dans ma vieillesse languissante
La lueur faible et tremblante
D'un feu près de se consumer
Pourrait encor se ranimer
A la lumière étincelante
De cette jeunesse brillante
Qui peut toujours vous animer.


C'est assurément par charité pure que vous me faites des propositions. Quel besoin pourriez-vous avoir des réflexions d'un Suisse, dans la vie charmante que vous menez ?

 


Les matins on vous voit paraître
Dans la meute des chiens courants,
Et dans celle des
courtisans,
Tous bons serviteurs de leur maître.

Avec grand bruit vous le suivez
Pour mieux vous éviter vous-même,
Et le soir vous vous retrouvez.

Votre bonheur doit être extrême
Alors qu'avec vous vous vivez.
A vos beaux festins vous avez
Une troupe leste et choisie
D'esprits comme vous cultivés,
Gens dont les goûts non dépravés,
En vins, en prose, en poésie,
Sont des bons gourmets approuvés,
Et par qui tout bas sont bravés
Préjugés de théologie.
Dans ce bonheur vous enclavez
Une fille jeune et jolie,
Par vos soins encore embellie,
Qu'à votre gré vous captivez,
Et qui dit, comme vous savez,
Qu'elle vous aime à la folie.
Quelle est donc votre fantaisie,
Lorsque, dans le rapide cours
D'une carrière si remplie,
Vous prétendez avoir recours
A quelque mienne rapsodie ?
N'allez pas mêler, je vous prie,
Dans vos soupers, dans vos amours,
Ma piquette à votre ambroisie
Ah ! toute ma philosophie
Vaut-elle un soir de vos beaux jours?

Tout ce que je peux faire, c'est de vous imiter très-humblement et de très-loin non pas en rois, non pas en filles, mais dans l'amour de la retraite. Je saluerai, de ma cabane des Alpes, vos palais de Champs et de Montrouge, je parlerai de vos bontés à ce grand lac de Genève que je vois de mes fenêtres, à ce Rhône qui baigne les murs de mon jardin ii. Je dirai à nos grosses truites que j'ai été aimé de celui à qui on a donné le nom de Brochet, que portait le grand protecteur de Voiture iii. Comptez, monsieur le duc, que vous avez rappelé en moi un souvenir bien respectueux et bien tendre. La compagne de ma retraite iv partage les sentiments que je conserverai pour vous toute ma vie.
Ne comptez pas qu'un pauvre malade comme moi soit toujours en état d'avoir l'honneur de vous écrire.
J'enverrai mon billet de confession à M. l'abbé de Voisenon,v évêque de Montrouge. »

 

 

i Louis-César Le Blanc de La Baume, d'abord duc de Vaujour (cité sous ce nom dans la lettre 661), et ensuite duc de La Vallière, naquit le 9 octobre 1708, et mourut le 16 novembre 1780. Il était petit-neveu de la duchesse de La Vallière, l'une des maitresses de Louis XIV. Il épousa, en 1732, Anne-Julie de Crussol d'Uzès. Le duc de La Vallière était capitaine des chasses, etc., et grand-fauconnier de France, depuis 1748.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_C%C3%A9sar_de_La_Baume_Le_Blanc,_duc_de_La_Valli%C3%A8re

 

ii Aux Délices .

 

iii Le prince de Condé, dit le Grand Condé, duc d'Enghien, fut protecteur de Voiture ; la Lettre de la Carpe [Voiture] au Brochet [Condé] eut une grande réputation ; V* en parle dans ses Mélanges Littéraires, au chapitre Connaissance des beautés et des défauts, article Lettres familières .

http://www.maremurex.net/Voiture.html

Condé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_Bourbon-Cond%C3%A9

Voiture : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Voiture

 

iv Mme Marie-Louise Denis, une de ses nièces .

 

v Ami de Voltaire, de longue date ; V* s'amusait à le nommer « monseigneur de Montrouge ».