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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Le plus grand malheur qui puisse arriver à un honnête homme est d'être soupçonné

"il n’y a  que le diable qui ne pardonne point"

http://www.deezer.com/listen-7413237   Comprenne qui peut !

diable musulman 1664_001947.jpgCe qui ne m'étonne pas du tout !

Combien sont des diables pour leurs semblables ?

Quand je lis des énormités pareilles à celle qui figure ci-dessus , je suis partagé entre le rire et une énorme frustration , celle de ne pas donner un énorme électrochoc du pauvre (coup de pied occulte !! ) à ceux qui croient  de telles coïonneries .

Le messager de Dieu, - selon Jaber (qui le tient du fils de la concierge du cousin de la tante à Jules ! )-  a l'air d'avoir été assez intime avec le chef des  diables pour avoir été à sa table, et assez mauvais invité pour critiquer celui qui le recevait . D'abord ce n'est pas beau de rapporter ! Na !!

Mouslim (La Purée pour les intimes) , fidèle d'entre les fidèles, intégriste parmi les intégristes, borné et crédule, intolérant, peut donc devenir manchot, à condition que ce soit du bras gauche . Sinon, la privation du bras droit le condamne inexorablement à la mort de faim et soif . Dommage ?! Ou pas ?

Continuez, chers frères musulmans, à vivre dans la crainte de déplaire à Mohamed ,- susdit scribe de Dieu,- la peur au ventre et le front à terre . Il aurait été plus simple, -mais la simplicité peut-elle exister  dans une quelconque religion-, d'avouer que traditionnellement une grande part des habitants de ce monde , y compris arabe, se torche traditionnellement les fesses avec les doigts de la main gauche, d'où, pour question de salubrité, la prescription de l'usage de la main droite seule pour s'alimenter .

Dieu vous garde, s'il le veut bien encore !

Je ne vous envierai jamais, et au diable votre paradis qu'on ne gagne que par l'esclavage de la pensée et du corps .

Ecoutez attentivement cet homme aimant et aimable, Charles Trenet , qui sera mal vu par l'Eglise apostolique et romaine (et qui serait peut-être lapidé en monde musulman ? ) ! il chante et ne condamne pas ! il chante : "Pardon" :  http://www.deezer.com/listen-3588621   et aussi : "Je n'irai pas à Notre Dame" : http://www.deezer.com/listen-3588619

Moi, roumi de base, je garde l'usage de tous mes membres pour tout ce que Dieu a prévu dès l'origine, sans distinguo de latéralité ; in medio stat virtus .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

1er avril 1768

 

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 26 mars. Votre sensibilité me pénètre. L'aventure de La Harpe a des suites bien désagréables . Malheur à la célébrité ! On a mis contre lui et contre moi dans la Gazette d'Utrecht un article abominable i. Cela est fait par quelques-uns de ces polissons de Paris qui sont aux gages des gazetiers étrangers , et qui leur fournissent des calomnies contre les particuliers , ne sachant pas un mot des affaires publiques . On dit dans cette Gazette d’Utrecht du 11 mars que La Harpe m'a volé Le Catéchumène et l'a fait imprimer . C'est là une des moindres douceurs de cet article . Je suis tous les jours en butte aux plus affreuses calomnies . Vous savez bien de qui est ce Catéchumène ii. C'est un ouvrage très médiocre dans lequel il y a quelques plaisanteries ; c'est une viande au gros sel . Peut-on supporter un voyageur qui est étonné de voir un temple, et qui est tout surpris que ce temple ait des portes qu'on ouvre et qu'on ferme ? Cependant on ose m'attribuer cent ouvrages dans ce goût, et enfin je puis en être la victime .

 

Le baron d'Holbach fait venir tous ces rogatons de Hollande . On ne manque pas chez lui de me les imputer et ces bruits courent dans tout Paris . Vous allez quelquefois dans sa maison ; je me recommande à vous, et je vous supplie de détourner les coups qu'on m'y porte .

 

Le correspondant qui m'a fait votre éloge iii, dont vous êtes si content, ne serait pas lui-même en état de me sauver si l'imposture m'attaquait avec des armes contre lesquelles il n'y a point de bouclier .

 

Vous me mandâtes il y a près d'un mois qu'on avait dit que chez le baron d'Holbach ma lettre à mon neveu sur La Harpe avait été lue devant vingt personnes . Il est vrai qu'on l'a dit, mais il est vrai aussi que jamais cette lettre n'y a été lue .

 

Comptez que le public ne fait que mentir . Comptez encore qu'il n'y a pas un mot de vrai dans la prétendue histoire de L’Honnête criminel, puisque Favre lui-même m'a écrit, m'a envoyé le procès-verbal, m'a prié d'envoyer un placet à M. le comte de Beauvau et qu'assurément je suis plus instruit que personne de cette affaire iv. Comptez que je sais très bien ce qui se passe . Comptez surtout qu'on est très irrité contre ces misérables brochures dont on est inondé . Le plus grand malheur qui puisse arriver à un honnête homme est d'être soupçonné et que les seuls soupçons peuvent conduire aux extrémités les plus funestes .

 

La Harpe m'a fait bien du mal v, mais il m'en a demandé pardon ; il m'a tout avoué avec componction ; il n’y a  que le diable qui ne pardonne point . J'ai dû le gronder, mais je ne dois point le laisser en proie aux outrages qu'on lui fait dans les gazettes vi.

 

Adieu, mon très cher ami, la vertu et votre amitié me consolent de tout .

 

Je ne vois pas ce que la calomnie peut m'imputer sur Mme Denis . Je lui donne vingt mille francs de pension . Je lui en ai assuré trente-cinq mille . La petite Corneille a eu plus de quarante mille écus en mariage . Si on vend Ferney, tout le prix de la terre sera pour Mme Denis . J'ai donné à mes autres parents tout ce que j'ai pu . J'en suis fâché pour la calomnie . »

 

i Dans une « Nouvelle de Paris » , datée du 11 mars, parue dans la Gazette du 18 ; V* protestera dans Le Mercure de France et La Harpe dans L'Avant-Coureur .

ii Le Catéchumène, 1768, n'est effectivement pas de V*, mais sans doute de Charles Borde .

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1230116.r=.langFR

iii Sans doute le duc de Choiseul .

iv En transmettant aux éditeurs de Kehl une lettre de V* du 11 avril,

voir page 95 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f100.image.r=.langFR

Fenouillot de Falbaire n'écrira pas la même chose à propos de l'histoire « du jeune Fabre »;

et voir lettre du 2 mars 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/02/i...

v Voir lettres depuis le 1er mars 1768 à Mme Denis, Damilaville, à d'Alembert .

vi Le 31 mars, V* écrit au Mercure de France : « On articule dans cette gazette (d'Utrecht) des procédés avec moi dans le séjour qu'il (La Harpe) a fait à Ferney . La vérité m'oblige de déclarer que ces bruits sont sans aucun fondement et que tout l'article est calomnieux d'un bout à l'autre ... »

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13/04/2011 | Lien permanent

ceux qui font mourir des citoyens, sans dire précisément pourquoi, sont assurément les plus despotiques de tous les homm

... A une liste déjà excessivement longue vient s'ajouter l'Afghanistan ( qui pourrait bien changer de nom, tant l'islamisme est hégémonique ). Petit tour dans la liste : https://misterprepa.net/les-dernieres-dictatures-dans-le-...

Pas moins de 57 régimes autoritaires, 35 régimes hybrides (entre le régime autoritaire et la démocratie) et 52 démocraties défaillantes, les démocraties « complètes » n’étant alors qu’au nombre de 23. Au rang des grands absents de cet article, on peut alors compter la Russie, la Chine, le Venezuela, la Tchétchénie et d’autres dictatures qui s’illustrent par le caractère autoritaire de leur régime.

Classement Rsf 2021 I Les Comores perdent neuf places et classées 84e au  niveau mondial -

Pour info et par curiosité : https://alwatwan.net/societe/classement-rsf-2021-i-les-co...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

13 de juin [1766]

Vous aurez pu savoir, mon cher philosophe, par la Lettre de Covelle 1, quelle a été l'absurde insolence du nommé Vernet, digne professeur en théologie . Je sais que vous dédaignerez à Paris les coassements de grenouilles du lac de Genève ; mais elles se font entendre chez toutes les grenouilles presbytériennes de l'Europe, et il est bon de les écraser en passant .

Je ne sais pas qui sont les auteurs qui travaillent actuellement au Journal encyclopédique 2; ce journal est très maltraité dans le libelle du professeur . Voyez si vous pouvez lui faire donner quelques coups de fouet dans ce journal . Pour moi, je me dispose à faire une justice exemplaire sur la personne dudit huguenot lorsqu’il viendra sur mes terres catholiques 3. Je ne souffrirai pas qu'il attaque impunément notre Saint Père le pape, et vous et frère Hume, et frère Marmontel, et même faux-frère Rousseau, et la comédie 4.

Vous avez peut-être vu le livre attribué à Fréret 5 qu'on dit être d'un capitaine au régiment du roi . Ce capitaine est plus savant que dom Calmet, et a autant de logique que Calmet avait d'imbécillité . Ce livre doit faire un très grand effet ; j'en suis émerveillé, et j'en rends grâce à Dieu . Vous souciez-vous beaucoup du bâillon de Lally 6, et de son gros cou que le fils aîné de l’exécuteur a coupé fort maladroitement pour son coup d’essai ? Je connaissais beaucoup cet Irlandais, et j'avais eu même avec lui des relations fort singulières en 1746 7. Je sais bien que c'était un homme très violent, qui trouvait aisément le secret de se faire haïr de tout le monde ; mais je parierais mon petit cou qu'il n’était point traitre . L'arrêt ne dit point qu'il ait été concussionnaire . Cet arrêt lui reproche vaguement des vexations, et ce mot de vexations est si indéterminé qu'il ne se trouve chez aucun criminaliste .

La France est le seul pays où les arrêts ne soient point motivés . Les parlements crient contre le despotisme ; mais ceux qui font mourir des citoyens, sans dire précisément pourquoi, sont assurément les plus despotiques de tous les hommes .

Savez-vous quand finira l'Assemblée du clergé, et quand on débitera l'Encyclopédie ? J'imagine qu'elle paraîtra quand l'Assemblée sera disparue 8.

Est-il vrai qu'on fait beaucoup de niches à Mlle Clairon ? Est-il vrai qu'on fait ce qu'on peut pour trouver admirable une nouvelle actrice 9 par qui on prétend qu'elle sera remplacée ?

Vous avez lu, sans doute, en son temps, la Prédication de l'abbé Coyer 10. Ne trouvez-vous pas qu'il prend bien son temps pour louer Genève ? La moitié de la ville voudrait écraser l'autre, et les deux moitiés sont bien basses et bien sottes devant les médiateurs . Adieu, mon très cher et très aimable philosophe ; quand vous aurez un moment de loisir, répondez à mes questions, et aimez moi .

Croyez-vous que la préface de l'Abrégé de l'histoire de l’Église soit de mon ancien disciple ? 11»

1 Lettre curieuse de M. Robert Covelle ... à la louange de M. le professeur Vernet, 1766, qui répondait aux Lettres critiques d'un voyageur anglais sur l'article Genève du Dictionnaire encyclopédique, et sur la lettre de d'Alembert à mr Rousseau, et observations sur deux articles du Journal encyclopédique, de Jacob Vernet .

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/32_Lettre_curieuse.html

Et voir lettre du 16 mai 1766 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/08/17/le-peu-qu-on-en-lit-excite-l-indignation-6332653.html

2 Encore édité par Pierre Rousseau .

3 V* dispose des droits seigneuriaux sur ses terres, et il a déjà menacé d'exercer ce droit de justice en 1759.

4 V* faisait en outre ce reproche, dans un billet à Cramer : « De quoi s'avise -t-il de parler de ma nièce ? » ; car Vernet avait écrit : « Madame sa nièce tient sa maison sur un pied splendide, ce qui n'est pas un petit relief dans ce temps-ci ».

5 Examen critique des apologistes ... , ouvrage attribué à Jean Levesque de Burigny ou à d'Holbach ou à Naigeon ;

voir lettre du 1er avril : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/11/toutes-les-querelles-de-cette-espece-ont-commence-par-des-ge.html

et 2 juin 1766: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/02/ce-sont-des-fous-mais-il-ne-faut-pas-les-bruler.html#more

6 Lally-Tollendal avait été conduit bâillonné au supplice le 9 mai 1766 . Pour les détails de cette exécution, voir les Fragments historiques sur l'Inde : https://fr.wikisource.org/wiki/Fragments_historiques_sur_l%E2%80%99Inde/%C3%89dition_Garnier

7 En 1745-1746, ils militaient tous deux pour le prétendant au trône d'Angleterre Charles-Edouard Stuart, en faveur de qui la France projeta de tenter un débarquement en Angleterre .

9 Marie-Pauline-Christine Alziari de Roquefort, dite Mlle Saint-Val (ainée), qui avait débuté le 5 mai 1766 . Le 26 juin, par Damilaville, V* apprendra qu'elle « a réellement du talent ». Voir aussi lettre du 26 juin de d'Alembert page 3 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f8.image.r=.langFR

11 De Frédéric II . Le 15 août V* écrit aux d'Argental au sujet de cette préface : « C'est une terrible préface ... » ; voir page 51 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f56.image.r=.langFR

Frédéric avouera le 15 décembre 1766 à V* qu'il est l'auteur de cette préface, puis qu'il est l'auteur de cet Abrégé de l'Histoire ecclésiastique de Fleury, traduit de l'anglais, 1766. http://books.google.

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02/09/2021 | Lien permanent

le dieu des jansénistes. Il commande pour qu'on n'obéisse pas

 Bosse ! (pas Hugo .... )

http://www.dailymotion.com/video/x6s5be_bernard-lavillier...

 Autre bosse : Abraham Bosse : http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.authenticit...

 -Pourquoi parler de bosses ?

-Je ne sais pas Docteur ! Est-ce que c'est grave ?

-Non ! mais voici ce que je vous prescris : http://www.youtube.com/watch?v=XCWIXIEizKM et faites comme sur l'image jointe.

-Docteur, je me sens déjà mieux . Est-ce que la perruque est indispensable ?

 

Bosse_toucher.jpg

 

 

 

Mon divin Volti ! moi pas fâché contre vous ! moi, seulement fâché contre CMN (= centre des monuments nationaux ). Autre histoire ... rester calme ...

Comme ceux-ci :

 http://www.youtube.com/watch?v=MjynHXaU0x8&feature=re...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 juin [1759]

Mon divin ange! moi fâché contre vous ! qui vous a dit cette anecdote ?[1] où l'avez-vous prise ? Vous êtes bien mal instruit pour un plénipotentiaire [D'Argental est devenu envoyé de Parme ; le duc de Parme est le gendre de Louis XV ; Choiseul vient de créer ce poste]. Ne sais-je pas que vous avez eu plus d'une affaire ? et ne sais je pas encore que vous avez daigné vous intéresser aux miennes ?[affaire des droits sur Tournay et sur Ferney] Je ne suis pas si suisse que je n'entende raison . Ne l'ai-je pas entendue sur les chevaliers ?[les corrections à apporter à Tancrède] n'ai-je pas fourbi de nouveau leurs armes ? n'ai-je pas à peu près fait ce que Mme Scaliger ordonnait ?[Mme d'Argental]

Mon ange, que les fondements soient bien ou mal faits, il n'importe. Il faut donner la maison à madame la marquise [donner la pièce à Mme de Pompadour]. Il faut la confier à M. le duc de Choiseul et que de ses mains bienfaisantes elle passe dans les belles mains de son amie. Il voulait, disiez-vous, une tragédie pour pot-de-vin du brevet [Choiseul est intervenu pour obtenir en faveur de V* et de Mme Denis le brevet de conservation des droits et privilèges seigneuriaux pour Ferney, en date du 28 mai 1759 ; V* remerciera le 3 juin]. La voilà. Trêve à vos critiques, laissez place à M. de Choiseul et à Mme de Pompadour pour faire les leurs. Ils s'en intéresseront davantage au bâtiment quand ils y auront mis quelque pierre. Ceci n'est point affaire de théâtre. C'est affaire d'État.

Vous m'avez laissé ignorer la bonne plaisanterie de la Grand-chambre qui voulait députer à l'infant, et empêcher qu'aucun conseiller du parlement connût jamais les intérêts d'aucun État. Enfin vous voilà compatible [représentant de Parme et à la fois conseiller honoraire au parlement]. Est-il vrai que vos confrères vous ont rendu un arrêt contre ceux qui ne saignent pas dans la pleurésie ? Cet arrêt doit être imprimé avec celui qui condamne l'Encyclopédie. On pourrait faire un beau volume de ces arrêts là.

Qu'importe, mon cher ange, qu'on donne mon Russe tome à tome, ou tout en bloc ? C'est l'affaire des libraires et je ne m'en mêle pas . Je me mêle de plaire à l'autocratrice de toutes les Russies. Il me faut une impératrice au moins dans mes intérêts, car je ne peux en conscience aimer Luc [FrédéricII ]. Ce roi n'a pas une assez belle âme pour moi. Il me semble que M. le duc de Choiseul le connait bien [allusion au paquet envoyé à Choiseul et contenant les vers de Frédéric attaquant les Français, le roi, Mme de Pompadour]. Je vous demande en grâce, mon cher ange, de souhaiter au moins qu'il soit puni.

Et ce polisson de Gresset qu'en dirons nous ?[Gresset vient de publier une Lettre … à Mme*** sur la comédie (1759) où il renonce au théâtre et annonce son retour chez les jésuites] quel fat orgueilleux ! quel plat fanatique! et que les vers de Piron sont jolis ![écrits en réponse à Gresset]2

Mais que M. d'Espagnac est raboteux, qu'il est difficile [Léonard d'Espagnac, conseiller à la Grand-chambre, au sujet des droits seigneuriaux de Ferney]! Il demande des choses impossibles, des choses que je n'ai point. C'est le dieu des jansénistes. Il commande pour qu'on n'obéisse pas. Je lui ai donné dix fois plus d'éclaircissements que jamais aucun possesseur de Ferney n'en a donné depuis le douzième siècle. Je suis aussi honteux que reconnaissant de vos bontés, de vos peines, de celles de M. l'ambassadeur de Chauvelin. Je baise toutes les ailes.

M. le comte de Choiseul est donc parti et déjà près de Vienne [où il a été nommé ambassadeur]. Mais battra-t-on Luc ? C'est là le grand point. Il serait bien honteux de faire avec lui une paix qui serait pour lui un triomphe.

Je ne peux encore penser à un sous-brevet pour Tournay, je ne peux que songer à vous, mes anges, à Pierre le Grand , à mes chevaliers et à mes foins, vous embrasser tendrement avec la plus vive reconnaissance, et vous aimer à jamais. Je suis très malingre, comment vous portez-vous ?

        1. V. »

1Il l'a prise sans doute chez Mme de Fontaine à qui V* dit le 13 juin : « l'ancienne chevalerie (Tancrède, envoyé à d'Argental) … mériterait un petit mot. M. le duc de Choiseul a toutes les affaires de l'Europe sur les bras et cependant m'a écrit trois fois … ; non seulement (d'Argental) était chargé de l'ancienne chevalerie, mais il l'était encore de quelque argent comptant qu'il avait eu la bonté de vouloir bien faire remettre au conseil de Mgr le comte de La Marche (pour le rachat des droits seigneuriaux de Tournay) . Il peut avoir trouvé la chevalerie injouable, mais encore faut-il le dire … »

Gresset pleure sur ses ouvrages

En pénitent des plus touchés .

Apprenez à devenir sages

Petits écrivains débauchés .

Pour nous qu'il a si bien prêchés,

Demandons que dans l'autre vie

Dieu veuille oublier ses péchés

Comme en ce bas monde on les oublie .

 

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29/06/2010 | Lien permanent

J'aime il est vrai tirer sur le jésuite, sur le moliniste, sur les billets de banque appelé billets de confession, sur t

... Cette déclaration de Voltaire n'est que celle de Charlie Hebdo avec deux siècles et demi d'avance .

A-t-on brûlé l'oeuvre de Voltaire ? oui .

A-t-on voulu faire taire Voltaire ? oui .

Voltaire s'est-il tu ? non . 

Voltaire a-t-il défendu la liberté de penser jusqu'au bout ? oui .

Alors, Charlie est un de ses successeurs et doit vivre .

Il fait grincer des dents, tant mieux ; il fait peur aux bénis-oui-oui, qu'il continue, ce sont  des lâches ; il fait rire, qu'il en soit remercié ; il crie "liberté et tolérance" , qu'on en soit bien conscient toujours .

 pauvrete tignous.jpg

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

4 janvier [1760]

Quelles misères de tous côtés : quel peuple que mes chers Parisiens qui s'amusent de platitudes et de tracasseries quand l’État souffre dans toutes ses parties, quand la France est épuisée de sang et d'argent ! L'empereur Julien disait 1 qu'il les aimait parce qu'ils étaient sérieux . Ils ont bien changé . Je parierais contre Marmontel lui-même qu'il n'est pas l'auteur de la malheureuse parodie 2 qu'on lui impute . Cela n'est ni de son esprit ni de son cœur .

Quel est le fait d'imprimeur qui s'avise de défigurer si indignement , la femme qui a tort entre ses mains . Et puis voilà cet autre animal de Fréron 3 qui croit que c'est un ouvrage nouveau et qui ne sait pas que cela fut joué il y a douze ans dans une petite fête que l'on donnait au roi Stanislas dans un appartement de Lunéville . Mme du Châtelet y jouait le premier rôle . La pièce n'était pas assurément telle qu'on vient de la donner 4. Ce Fréron saisit la chose comme un dogue affamé qui ronge le premier os qu'on lui présente .

J'aime il est vrai tirer sur le jésuite, sur le moliniste, sur les billets de banque appelé billets de confession, sur toutes les pauvretés de notre siècle mais c'est en grave historien et je ne m’abaisse pas à turlupiner frère Berthier . Je réserve ces messieurs pour l'article de l'histoire où il sera question du roi de Portugal, et du Paraguay . J'ai sur cela de bonnes anecdotes et très sures qui me viennent de Lisbonne . C'est l'amusement de ma vieillesse . Je n'ai, mon ancien ami, ni votre santé, ni la face large dont vous avez fait l'acquisition, mais je suis étonné d'être plus fort que [je] n'étais à paris . C'est la récompense de la retraite .

Connaissez-vous le dictionnaire de santé 5? Si vous en faites cas je le ferai venir . N'y a-t-il pas quelque petit almanach bien amusant ? Indiquez-m'en un je vous prie . J’aime à prendre de vos almanachs . Dites-moi donc ce que vous savez de ces arrangements de nos fortunes . Je suis obligé d'interrompre mes bâtiments . Qu'est devenu M. de Forbonnais 6? Je relis son livre 7. C'est je crois le seul qui fasse connaître l'intérieur du royaume . Où est l'auteur ? Vite que je le remercie , et vale .

V.

Vous recevrez mes chiffons pour Versailles, il faut avoir de l'attention . »

1 V* a lu dans la Vie de l'empereur Julien, de La Bléterie, 1751, : « En général, il aima beaucoup les Gaulois et n'en fut pas moins aimé . La simplicité, la franchise et les mœurs austères de ces peuples sympathisaient extrêmement avec son humeur affable, populaire, ennemie du faste et des plaisirs . » Voir : https://books.google.fr/books?id=88xfVEDYHZcC&pg=PA514&lpg=PA514&dq=Vie+de+l%27empereur+Julien,+de+La+Bl%C3%A9terie&source=bl&ots=3czqW1WbE2&sig=Ge0YWz5lM-N4a5DyuBL8y1zFRAU&hl=fr&sa=X&ei=8L6xVKucMdKs7AbcxoCoBA&ved=0CEAQ6AEwBQ#v=onepage&q=Vie%20de%20l%27empereur%20Julien%2C%20de%20La%20Bl%C3%A9terie&f=false

2 V* a vu juste ; la parodie en question, où figurent le duc d'Aumont et d'Argental, et qui avait paru dans la Correspondance littéraire, IV, 184-187, était en fait de Bay de Cury . Thieriot lui avait écrit  le 29 novembre 1759: «  Le bruit court dans Paris que Marmontel a été mené hier au soir coucher près de mon ermitage . M. le duc d'Aumont le croyait auteur de la parodie de la scène de l'abdication de l'empire dans Cinna . C'est une mauvaise plaisanterie piquante dont M. d'Argental n'a fait que rire, mais que M. le duc d'Aumont n'a pas pris de même […] ce que je trouve de pis, c'est la perte de dix ou douze mille livres que lui rapportait le Mercure dont il est fort menacé . »

4 Mme du Châtelet parle dans une lettre du 30 novembre 1748 à d'Argental, d'une « comédie en un acte en vers, qui est très jolie et que nous avons jouée pour notre clôture »

5 Histoire de la santé et de l'art de la conserver, traduit de l'anglais , 1759, Jacques [James] Mackenzie

6 Pressenti pour remplacer Silhouette, Véron de Forbonnais avait décliné cette offre mais avait accepté de conseiller éventuellement le ministère . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_V%C3%A9ron_Duverger_de_Forbonnais

 

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11/01/2015 | Lien permanent

la démence la plus ridicule est de s'aller faire esclave quand on est libre, et d'aller essuyer tous les mépris attachés

... Oh que voilà une démence bien commune, si commune qu'il me semble que la vraie cause en est le fait que ces hommes, loin d'être maîtres chez eux, tentent compenser en écrivant tant bien que mal ou en s'essayant au métier politique . Ah que la recherche des bravos est d'un puissant attrait  , double attrait si la richesse s'y adjoint .

La parité hommes-femmes non respectée montre que l'ego masculin supporte plus mal le confinement, ou alors que les femmes se contentent de régner au sein du foyer, "l'esclave" n'étant pas toujours celui/celle qu'on croit , qui porte les chaines du mariage ?

le loup et le chien.jpg

Re/lisez la fable de La Fontaine :  Le loup  et le chien

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Loup_et_le_Chien


 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
27 avril 1760.
Le malade, qui n'est pas mort, n'est pas assez abandonné de Dieu pour contredire son ange gardien. Il ne peut pas trop écrire de sa main, pour le présent; tout ce qu'il peut faire est de se conformer à la volonté céleste, et de dicter sa réponse à l'écrit intitulé petites remarques, mais qu'on croit cependant essentielles 1.
On demande grâce pour le reste, et surtout on insiste pour que Mlle Clairon entre armée sur le théâtre 2 ; parce qu'elle est à la tête de ses soldats, parce qu'elle est forcenée, parce qu'elle ne sait ce qu'elle veut, parce que j'ai vu ce moment faire un très- grand effet, parce que Mlle Clairon aura fort bonne grâce avec une cuirasse et une lance à la main.
L'ange est très-ardemment supplié de ne pas s'opposer à ce mouvement théâtral, sans quoi il agirait plutôt en démon incarné qu'en ange gardien.
On proteste au divin ange que, si la pièce est sifflée, on mettra tout sur son compte, et qu'il en sera responsable devant Dieu.
Au reste, faudra-t-il que les comédiens, qui, en qualité de compagnie ou de troupe, sont des ingrats, jouissent seuls de la part qui appartient à l'auteur, et qu'il ne puisse en gratifier quelqu'un qui en aurait de la reconnaissance ? Faudra-t-il qu'un libraire, tel que Michel Lambert, qui a l'insolence d'imprimer toutes les pauvretés que Fréron débite contre moi, gagne cent louis d'or à imprimer malgré moi mon ouvrage? Cela est-il juste ?
Nous ne trouvons point ici que la pièce 3 du petit Hurtaud ressemble à Nanine. Acanthe est une personne de condition, et Nanine est une paysanne ; Nanine a une rivale, et Acanthe n'en a point; et Mathurin est bien un autre personnage que Lucas; mais nous réservons à d'autres temps nos remontrances et nos plaintes.
Nous nous contentons de protester ici que nous n'avons jamais lu le discours 4 de M. Lefranc de Pompignan ; que nous mettons monseigneur 5 son frère au-dessus de saint Ambroise; sa Didon, au- dessus de celle de Virgile; ses Cantiques sacrés, au-dessus de ceux de David, et d'autant plus sacrés que personne n'y touche 6. Nous prêtons serment que nous n'ayons jamais lu ni ne lirons jamais le Journal 7 du révérend frère Berthier; et nous certifions à maître Joly de Fleury que nous trouvons son Discours 8 contre l'Encyclopédie un ouvrage unique en son genre. Nous lui en avons même fait de très-sincères remerciements qui paraîtront un jour, soit avant notre mort, soit après notre mort, et qui le couvriront de la gloire immortelle qu'il mérite.
Nous déclarons plus sérieusement que nous ne serons jamais assez fou pour quitter notre charmante retraite; que, quand on est bien, il faut y rester; que la vie frelatée de Paris n'approche assurément pas de la vie pure, tranquille, et doucement occupée, qu'on mène à la campagne ; que nous faisons cent fois plus de cas de nos bœufs et de nos charrues que des persécuteurs de la philosophie et des belles-lettres; que, de toutes les démences, la démence la plus ridicule est de s'aller faire esclave quand on est libre, et d'aller essuyer tous les mépris attachés au plat métier d'homme de lettres, quand on est chez soi maître absolu ; enfin, d'aller ramper ailleurs, quand on n'a personne au-dessus de soi dans le coin du monde qu'on habite.
Plus j'approche de ma fin, mon cher ange, plus je chéris ma liberté; et, si je ne la trouvais pas au pied des Alpes, j'irais la chercher au pied du mont Caucase. J'ai sous ma fenêtre un aigle qui ne bouge depuis cinq ans, et qui n'a nulle envie d'aller dans le pays des aigles ; je suis comme lui. Mais vous savez, mon divin ange, combien mon bonheur est empoisonné par l'idée que je mourrai sans vous avoir revu. Comptez que cela seul répand une amertume continuelle sur le destin heureux que je me suis fait.
Je vous prie, pour ma consolation, de vouloir bien me mander ce que vous faites de Zulime, à qui vous faites donner les rôles, qui est premier gentilhomme 9 du tripot; s'il est vrai qu'on joue une pièce contre les philosophes dans laquelle on représente Jean- Jacques marchant à quatre pattes, et si le premier gentilhomme du tripot souffre une telle indécence ? Jean-Jacques Rousseau, s'étant mis tout nu dans le tonneau de Diogène, s'est exposé, à la vérité, à être mangé des mouches ; mais il me semble que c'est assez de persécuter les philosophes à la cour, dans la Sorbonne, et dans le parlement, et que c'en serait trop de les jouer sur le théâtre. Je n'aime pas d'ailleurs qu'on fasse un batelage de la foire du temple de Corneille.
Mon cher ange, j'arrache la plume à mon clerc pour vous dire avec la mienne combien je vous aime. Vous m'avez presque fait aimer Zulime, que je viens de relire. A propos, j'ai toujours peur d'avoir fait quelque sottise entre M. le duc de Choiseul et Luc. Je tâche cependant de ne me point brûler avec des charbons ardents. Je me flatte que M. le duc de Choiseul n'est pas mécontent de ma conduite, et qu'il n'a que des preuves de mon zèle et de ma tendre reconnaissance pour ses bontés. Seriez-vous assez aimable pour m'assurer qu'il me les continue ? On parle ici beaucoup de paix. J'ai eu chez moi le fils 10 de M. Fox, jadis premier ministre, qui n'en croit rien.
Je vous demande pardon de cette énorme lettre, et je me mets aux pieds de Mme Scaliger. »

1 Il y avait ici quatre pages de corrections pour la tragédie de Zulime.

2 Dans le rôle de Zulime. V* avait envoyé Tancrède et Médime/Zulime le 17 mars 1760 : voir lettre du 17 mars à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/16/pour-le-roi-je-ne-lui-ferai-point-de-grace-il-aura-affaire-a-5583802.html

Le 10 avril, d'Argental écrivait à ce sujet à Palissot, auteur des Philosophes, la lettre qui suit :  « J'ai appris hier au soir, monsieur, que vous regardiez l'annonce des deux pièces de monsieur de Voltaire comme un obstacle au temps où vous désirez qu'on joue la vôtre . Cette opinion est sûrement fondée sur un malentendu qu'il est bon d'éclaircir . Il est vrai, monsieur que M. de Voltaire m'a envoyé deux tragédies, l'une nouvelle, l'autre raccommodée pour mieux dire refaite presque en entier . La première est réservée pour l'hiver, l'autre doit être jouée plus tôt ; mais je peux vous assurer que je remplirais bien mal les intentions de l'auteur si je voulais la faire passer avant aucune pièce pièce reçus, et s'il savait que c'est d'un ouvrage de vous dont il est question il ne ferait que se confirmer davantage dans sa façon de penser, et il serait très éloigné de vouloir vous disputer le rang qui vous est acquis . Comme les principaux acteurs dont il a besoin ne jouent point dans votre comédie, il serait possible d’étudier les deux pièces en même temps (bien entendu cependant que la vôtre passerait la première) . Mais si cet arrangement peut vous retarder le moins du monde, on diffèrera de donner les rôles jusqu'à ce que votre comédie soit entièrement prête [...] »

Les Philosophes sera jouée le 2 mai 1760 .

4 Lu à l'Académie française le 10 mars précédent.

5 L'évêque du Puy-en-Velay.

6 Le Pauvre Diable, vers 173 : « Sacrés ils sont , car personne n'y touche. » ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/satire-le-pauvre-diable-partie-1.html

7 Le Journal de Trévoux.

8 Le réquisitoire du 23 février 1759. Voir lettre du 7 février 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/26/ce-qui-est-neuf-n-est-pas-toujours-vrai-5308752.html

9 Le duc de Fleury, l'un des premiers gentilshommes de la chambre, chargé des spectacles, était d'année en 1760.

10 Stephen Fox, plus tard baron Holland, frère aîné du très-célèbre orateur Charles James Fox qui est mort en 1806. Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_Fox,_2nd_Baron_Holland

et : http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_James_Fox

 

 

 

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27/04/2015 | Lien permanent

plaisir des dieux, plaisir adieu !?

« A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

Mon aimable ange gardien, si j’avais eu quelque chose de bon à dire j’aurais écrit à MM. d’Ussé, mais écrire pour dire : j’ai reçu votre lettre, et j’ai l’honneur d’être, et des compliments et du verbiage, ce n’est pas la peine.

Je ne saurais écrire en prose quand je ne suis pas animé par quelque dispute, quelque fait à éclaircir, quelque critique etc. J’aime mieux cent fois écrire en vers, cela est beaucoup plus aisé, comme vous le sentez bien.

Voici donc des vers que je leur griffonne. Qu’ils les lisent, mais qu’ils les brûlent.

Venons à l’épître sur la preuve de l’existence de Dieu par le plaisir .[5ème Discours sur l’homme]. Ne pourrait-on pas y faire une sauce pour faire avaler le tout aux dévots ?

Il est très vrai que le plaisir a quelque chose de divin philosophiquement parlant, mais théologiquement parlant il sera divin d’y renoncer. Avec ce correctif on pourrait faire passer l’épître ; car tout passe. J’ai corrigé encore beaucoup les autres. Un petit mot, s’il vous plait, sur la dernière, sur l’aventure de la Chine [« …je lus hier dans un livre chinois… » : 6ème Discours sur l’homme]. J’aime vos critiques, elles sont fines, elles sont justes, elles m’encouragent. Pousuivez .

Je ne crois avoir fait qu’une action de bon chrétien et non un bon ouvrage dans ce que vous savez [ la pièce L’Envieux donnée à La Marre], et comme il faut que les bonnes œuvres soient secrètes je vous prie de recommander à La Marre le plus profond secret. D’ailleurs qu’il fasse tout ce que vous lui prescrirez. C’est ainsi que j’en userais si j’étais à Paris.

Mme du Chatelet fait mille compliments à l’ange gardien et à cet autre ange Mme d’Argental.

Ce Blaise, c’est ne vous en déplaise, Blaise Pascal mais il faudrait un autre nom. Je vous prie d’engager M. d’Argenson à donner des ordres positifs pour que mes ouvrages n’entrent point en France. Je crains toujours qu’on y ait glissé quelque chose qui troublerait, je ne dis pas mon repos, mais celui d’une personne que je préfère à moi comme de raison.

 

Voltaire

Cirey, le 15 décembre 1738 »

 

« la preuve de l’existence de Dieu par le plaisir », à 44 ans Voltaire a déjà bien travaillé pour accumuler les preuves sur le sujet ; il n’a pas été en retard pour trouver cette réponse par menus et grands plaisirs recherchés dès son adolescence, il faut avouer qu’il est naturellement doué et l’abbé de Chateauneuf, son parrain, n’a pas eu à rougir de son filleul.

« théologiquement parlant il sera divin d’y renoncer » : renonce qui veut, en tout cas , moi je ne veux pas rivaliser avec Dieu ni ses saints ;  que les dévots, grenouilles de bénitiers et punaises de sacristies avalent cette sauce , je reste un homme , pas un ange ( ou alors sérieusement déplumé, à poil(s) en quelque sorte !).

J’envie ce sacré bonhomme philosophe qui fait jouer ses relations de collège, je dirais même qui joue avec ses relations – quelle vérité, quelle  sincérité quand il demande « que mes ouvrages n’entrent point en France . Je crains toujours qu’on y ait glissé quelque chose qui troublerait… » ? Troublant  trublion que ce turbulent’auteur !

 

 

 

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15/12/2008 | Lien permanent

Eh, qui êtes-vous donc, vous autres maîtres de la terre?

...

 

 

 

« A FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
15 avril [1760]. 1

Puisque vous êtes si grand maitre
Dans l'art des vers et des combats,
Et que vous aimez tant à l'être,
Rimez donc, bravez le trépas ;
Instruisez, ravagez la terre ;
J'aime les vers, je hais la guerre,

Mais je ne m'opposerai pas
A votre fureur militaire.

Chaque esprit a son caractère ;
Je conçois qu'on a du plaisir
A savoir, comme vous, saisir
L'art de tuer et l'art de plaire.


Cependant ressouvenez-vous de celui 2 qui a dit autrefois :

 Et quoique admirateur d'Alexandre et d'Alcide,
J'eusse aimé mieux choisir les vertus d'Aristide.


Cet Aristide était un bon homme ; il n'eût point proposé de faire payer à l'archevêque 3 de Mayence les dépens et dommages de quelque pauvre ville grecque ruinée. Il est clair que Votre Majesté a encouru les censures de Rome, en imaginant si plaisamment de faire payer à l'Église les pots que vous avez cassés.
Pour vous relever de l'excommunication majeure, je vous ai conseillé, en bon citoyen, de payer vous-même. Je me suis souvenu que Votre Majesté m'avait dit souvent que les peuples de*** 4 étaient des sots. En vérité, sire, vous êtes bien bon de vouloir régner sur ces gens-là. Je crois vous proposer un très-bon marché en vous priant de les donner à qui les voudra.

Je m'imaginais qu'un grand homme,
Qui bat le monde et qui s'en rit,
N'aimait à dominer que sur des gens d'esprit,
Et je voudrais le voir à Rome.


Comme je suis très-fâché de payer trois vingtièmes de mon bien, et de me ruiner pour avoir l'honneur de vous faire la guerre, vous croirez peut-être que c'est par ladrerie que je vous propose la paix ; point du tout : c'est uniquement afin que vous ne risquiez pas tous les jours de vous faire tuer par des croates, des housards, et autres barbares, qui ne savent pas ce que c'est qu'un beau vers.
Vos ministres auront sans doute à Bréda de plus belles vues que les miennes. M. le duc de Choiseul, M. de Kaunitz 5, M. Pitt 6, ne me disent point leur secret. On dit qu'il n'est connu que d'un M. de Saint-Germain 7, qui a soupé autrefois dans la ville de Trente avec les Pères du concile, et qui aura probablement l'honneur de voir Votre Majesté dans une cinquantaine d'années.
C'est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout. Pour moi, qui suis près de finir ma carrière, et qui ne sais rien, je me borne à souhaiter que vous connaissiez M. le duc de Choiseul.
Votre Majesté m'écrit qu'elle va se mettre à être un vaurien ; voilà une belle nouvelle qu'elle m'apprend là ! Eh, qui êtes-vous donc, vous autres maîtres de la terre? Je vous ai vu aimer beaucoup ces vauriens de Trajan, de Marc-Aurèle et de Julien ; ressemblez-leur toujours, mais ne me brouillez pas avec M. le duc de Choiseul, dans vos goguettes.

Et sur ce, je présente à Votre Majesté mon respect, et prie honnêtement la Divinité qu'elle donne la paix à ses images. »

 1 Manuscrits et éditions ne présentent que des différences minimes tout en indiquant une année 1758 ; il est évident d'après des références ultérieures à cette lettre que le reste en est incomplet (V* plaçait Choiseul au plus haut et le qualifiait de poète )

2 Dans son Épître à mon esprit (v. 289-290), le roi de Prusse avait dit : Mais quoique admirateur de César et d'Alcide, J'aurais suivi par goût les vertus d'Aristide.

3 Jean-Frédéric-Charles, comte von Ostein, évêque de Wormes, suffragant de l'archevêque de Mayence, mort en 1763; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Friedrich_Karl_von_Ostein

4 Les peuples de Westphalie, sans doute, et plus spécialement de Clèves, dont la cession par Frédéric avait été évoquée comme une des clauses de la paix.

6 William Pitt, premier comte de Chatham, mort en 1778. http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Pitt_l%27Ancien

 

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14/04/2015 | Lien permanent

Et qu'il lui dit d'injures qui ne prouvent rien !

... Ou plutôt si, elles prouvent la bêtise de l'insulteur . Oui, M. Wauquiez, ce n'est pas en insultant le président que vous aurez l'estime du peuple ; vous vous ridiculisez par vos outances mélenchonesques et lepenniques . Gare au retour de flamme , vous n'y échapperez pas, les LR sont loin d'être bienfaisants ! Quant à devenir calife à la place du calife, mon cher Iznogoud bis, vous rêvez !

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« Au ministre Paul-Claude Moultou

à Genève

25è décembre 1762 1

Je vous ai une grande obligation, monsieur, des lumières que vous répandez sur le chaos informe que vous savez . Et le public vous en aurait une plus grande si vous vouliez travailler sur ce sujet qui est la cause de tous les hommes . J’aurai l'honneur de vous renvoyer les livres que vous avez bien voulu me prêter . Doduel 2 me paraît avoir bien raison et le compilateur Ruinant 3 avec ses actes sincères est sincèrement un imbécile . Pour Simon 4, quel fatras ! et comme il se défend mal contre Leclerc 5! Et qu'il lui dit d'injures qui ne prouvent rien !

Continuez le grand et bel ouvrage que vous avez entrepris 6. Votre philosophie sera souvent aux prises avec les égards pour les opinions reçues, incedis per ignes suppositos cineri doloso 7. Mais marchez hardiment sur ce feu . Vous ne vous brûlerez pas . Qu'avez-vous à craindre dans un siècle philosophique à qui vous direz la vérité ? Vous vous comblerez de gloire ; et si quelque pédant murmure, ce sera l'esclave derrière le char du triomphateur . Vous avez d'ailleurs un grand avantage . Vous écrivez avec clarté et avec éloquence . Vous embellirez tout ce que vous toucherez . Les discussions les plus épineuses deviendront intéressantes entre vos mains . J’ai un désir extrême de voir quelque chose de votre ouvrage, et un plus grand de vous revoir . Tout ce qui était à Ferney a été charmé de vous . Ne pourriez-vous pas nous accorder encore la même faveur ? Soyez persuadé de ma respectueuse estime , et permettez-moi d'y joindre l'amitié .

V. »

1 L'édition Georges Méautis « Un lettre inédite de Voltaire à Moultou », dans la Revue d'histoire littéraire y est peu exacte .

2 Comme V* cite ensuite Ruinart, l'ouvrage dont il parle ici est Dissertationes Cyprianicae, 1684 , d'Henricus Dodwellus [Henri Dodwell]

3 Theodoricus [Thierry] Ruinart, Acta primorum martyrum sincera et selecta […] [His] praemittitur praefatio generalis in qua refellitur dissertatio XI cyprianica Henrici Dodwelli de paucitate martyrum, 1689 ; c'est l'édition originale . V* avait en sa possession la traduction française, Les véritables actes des martyrs, traduits par Jean-Baptiste Drouet de Maupertuy, 1708 .

4 L'Histoire critique du Vieux Testament, dont l'édition de Paris, 1678 fut supprimée puis rééditée à Amsterdam en 1680, puis à Rotterdam en 1685 ; V* avait cette dernière édition .

5 Jean Leclerc à la suite des travaux de Richard Simon avait publié les Sentiments de quelques théologiens de Hollande sur l’Histoire critique du Vieux Testament composée par le père Richard Simon, 1685 ; cet ouvrage fut suivi d'une Réponse au livre intitulé Sentiments de quelques théologiens de Hollande, 1686 , une autre édition , de Richard Simon, provoqua à son tour une Défense des sentiments de quelques théologiens, 1686 . Il s'ensuivit une foule d'écrits divers de moindre importance .

6 Moultou travaillait à une histoire de l’Église qui ne fut jamais publiée .

7 Tu t'avances à travers des feux cachés sous une cendre trompeuse ; Horace, odes, II, i, 7-8.

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02/11/2017 | Lien permanent

on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite, et qu’on l’oublie de même

... Plût à Dieu que ce ne soit pas en France ! Mais ça se pourrait pourtant . Il n'est qu'à voir pour qui certains sont prêts à voter .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 auguste 1766 1

J’ai communiqué à votre ami votre lettre du 28. Je vous ai écrit par nos correspondants de Lyon. Nous attendons, monsieur, des lettres d’Allemagne pour l’établissement en question. Je suis toujours très persuadé que votre ami de Paris y trouverait un grand avantage . Il n’y a peut-être que la mauvaise santé de mon correspondant de Suisse qui pût déranger ce projet ; mais si la chose était une fois en train, ni ses maladies ni sa mort ne pourraient empêcher l’établissement de subsister. Il ne s’agit que de se rassembler sept on huit bons ouvriers dans des genres différents, ce qui ne serait point du tout malaisé.

Le seigneur allemand 2 à qui on s’est adressé a eu la petite indiscrétion d’en dire quelque chose à un jeune homme 3 qui peut l’avoir mandé à Paris. On n’était point encore entré avec lui dans les détails . On ne lui avait point recommandé le secret ; on a tout lieu d’espérer qu’étant actuellement mieux instruit, cette petite affaire pourra se conclure avec la plus grande discrétion.

On soutient toujours à Hornoy que tout ce qu’on a dit du sieur Belleval est la pure vérité. Ces anecdotes peuvent très bien s’accorder avec les autres ; elles servent à redoubler l’horreur et l’atrocité de cette affaire, qui est peut-être entièrement oubliée dans Paris ; car on dit que dans votre pays on fait le mal assez vite, et qu’on l’oublie de même.

Nous doutons fort que le Dictionnaire des Sciences et des Arts 4 soit donné de longtemps aux souscripteurs de Paris. Mais, quoi qu’il en soit, le projet de réduire cet ouvrage, et de l’imprimer en pays étranger, est extrêmement approuvé. Plût à Dieu que je visse le commencement de cette entreprise ! Je mourrais content, dans l’espérance que le public en verrait la fin.

On dit qu’on fait des recherches chez tous les libraires dans les provinces de France. On a déjà mis en prison, à Besançon, un libraire nommé Fantet 5. Nous ne savons pas encore de quoi il est question.

Toute notre famille vous fait les plus tendres compliments. Nous espérons recevoir de vous incessamment le mémoire en faveur du Breton 6, et ensuite celui du Languedochien 7.

Adieu, monsieur ; on vous aime bien tendrement.

Boursier et compagnie.

On me recommanda, ces jours passés, une lettre pour un notaire ; en voici une autre qu’on m'adresse pour un procureur ; l’amitié ne rougit point de ces petits détails . »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. où manque le post scriptum ; l'Edition Correspondance Littéraire , une fois d eplus omet le destinataire .

2 Frédéric II de Prusse .

3 Louis-François, fils de Théodore Tronchin . Voir les lettres de Frédéric II de Prusse : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6474

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6482

4 L’Encyclopédie .

5  Fantet ouvre une librairie à Besançon en 1751. Dénoncé par l'un de ses clients, il est arrêté le 18 juillet 1766 et incarcéré pour contrefaçon et vente de livres illicites

Voir la Lettre d'un membre du conseil de Zurich, de V* : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_d%E2%80%99un_membre_du_conseil_de_Zurich/%C3%89dition_Garnier

6 La Chalotais

7 Sirven

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31/10/2021 | Lien permanent

On a tant brûlé de livres bons ou mauvais, tant de mandements d’évêques, tant d’ouvrages dévots ou impies, que cela ne f

... et les candidats au Bac de même . Faute d'étudier, et a fortiori réviser , ils vont se fier aux prédictions des Madame Soleil électroniques , grand bien leur fasse !

https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/14/bac-s-20...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 juin [1763]

Mon cher frère, vous m’annoncez par votre lettre du 18 que Robin mouton débite, contre la foi des traités, le tome de l’Histoire générale avec les feuilles qui ne doivent pas y être. J’en ai parlé à Gabriel Cramer, qui jure Dieu et Servet qu’il n’a envoyé aucun exemplaire à Robin mouton. Si ce Robin mouton a acheté de Merlin par quelque colporteur aposté les exemplaires impurs et s’il les vend, il faut l’écorcher, ou du moins il faut lui faire peur. Mais que puis-je faire ? je crois qu’il ne me convient que de me taire, et m’en rapporter à M. d’Argental. Au reste, tout ce que j’ai souhaité, c’est que mon nom ne parût pas . Car, en vérité, il m’importe assez peu que le livre  soit condamné ou non. On a tant brûlé de livres bons ou mauvais, tant de mandements d’évêques, tant d’ouvrages dévots ou impies, que cela ne fait plus la moindre sensation. Les livres deviennent ce qu’ils peuvent. Je n’ai travaillé à cette nouvelle édition que pour faire plaisir aux frères Cramer ; je n’y ai pas le plus léger intérêt . Mais pour la personne de l’auteur, c’est autre chose. Je ne voudrais pas être obligé de désavouer mon ouvrage, comme Helvétius. On ne peut jamais procéder que contre le livre, et contre l’auteur, quel qu’il soit, on désignera, si on veut, un quidam, on ordonnera des recherches, on n’en fera pas à Ferney, ni aux Délices. Pourquoi d’ailleurs en faire ? parce qu’on a réimprimé dans une Histoire générale la lettre de Damiens 1, imprimée par le parlement même ? Dira-t-on que cette lettre fait soupçonner que les discours de la grand-salle tournèrent la tête de Damiens ? Ne l’a-t-il pas avoué ? cela n’est-il pas formellement dans son procès-verbal ? Le parlement a fait imprimer cet aveu de Damiens ; et moi, je n’ai pas dit un seul mot qui pût jeter le moindre soupçon sur aucun membre du parlement. Il faudra donc chercher d’autres motifs de condamnation. Or, si on cherche d’autres motifs, pourquoi irai-je parler dans les papiers publics de la lettre de Damiens, qui ne peut être l’objet de la censure qu’on peut faire ? Il me semble que cette démarche de ma part ne servirait qu’à réveiller des idées qu’il faut assoupir. De plus, je m’avouerais l’auteur de l’ouvrage, et, en ce cas, je fournirais moi-même des armes à la malignité , ce 2 serait prier ceux qui voudraient me nuire de me condamner juridiquement sous mon propre nom.

En voilà trop, mon cher frère, sur une chose qui n’aurait pas fait le moindre bruit, si l’esprit de parti ne faisait pas des monstres de tout. Je vous embrasse vous et nos frères.

Ecr. l’inf…

Permettez que je vous adresse cette lettre 3 pour M. Mariette. Il est bien étrange que M. le procureur-général de Toulouse n’ait pas encore envoyé les pièces quand le terme est expiré. »

1 Voir chapitre XXXVII du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_37

2 V* a écrit je rayé et remplacé par ce.

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16/06/2018 | Lien permanent

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