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Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ?

 

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

 

8è décembre 1775, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Il faut encore que malgré vos immenses travaux, malgré les miens chétifs, malgré mon petit accident qu'on a honoré du nom d'apoplexie, et peut-être hélas ! malgré votre goutte, je vous fasse encore passer deux minutes à lire mes radoteries . Je vous dis comme à M. de Trudaine que je vais lundi 11 du mois dans nos États faire accepter votre arrêt i, purement et simplement comme la bulle Unigenitus, en dépit du premier ordre de l'État, qui est , dit-on, un peu rénitent.

 

Je regarde votre arrangement non seulement comme le salut de notre petite province, mais comme experimentum in anima vili, pour faire ailleurs de plus grandes opérations. L'article des corvées, surtout, est l'avantage du royaume . Et pour vos trente mille livres aux soixante colonnes de l'État ii, il faudra bien que nous les donnions, puisque vous croyez la chose juste.

 

Mais après avoir accepté, et signé, je vous demande hardiment une grâce, c'est l'aumône. Elle est de droit divin bien plus que la dîme et surtout bien plus que l'indemnité des trente mille livres. Je dis à chacun des soixante publicains : peccata tua eleemosinis redime iii, vous êtes maudits dans l'Évangile comme dans votre pays ; tâchez de gagner le royaume des cieux en vous faisant amicos ex mammona iniquitatis iv.

 

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ? Songez, je vous en conjure, que nous sommes , de compte fait, le plus pauvre canton du royaume, que nous payons tout sur le fonds de nos terres, et que nos terres couvertes de glace pendant cinq mois de l'année ne rendent pas trois pour un. Songez que le corps des fermiers généraux est après celui des bernardins et des bénédictins le corps le plus riche du royaume, et qu'une aumône de cinq mille francs ne fut jamais mieux placée.

 

D'ailleurs, en vérité ces soixante rois des aides et gabelles méritent-ils tant de libéralité de votre part ? ne savez-vous pas tous les tours qu'ils veulent vous jouer, et tous les bruits ridicules qu'ils font courir ? n'êtes-vous pas précisément dans le cas où était le duc de Sully quand tant de financiers et de suppôts de financiers s'élevaient contre sa probité éclairée ? Il est bien juste de les condamner à une amende de cinq mille francs en faveur des pauvres de Gex qui vous bénissent.

 

Nous vous supplions surtout de vouloir bien, en faisant ce traité avec les soixante rois de France, leur signifier de retirer leurs troupes v au 1er janvier. Leurs grenadiers jouent de leur reste ; ils se croient dans un pays ennemi, et ils le désolent. Mais surtout paccata tua eleemosinis redime.

 

Je me mets à vos pieds goutteux ; et mon âme particulièrement se met aux pieds de la vôtre.

 

LE VIEUX MALADE DE FERNEY V. »

 

 

i  Qui concerne le rachat du monopole du sel aux fermiers généraux, l'expulsion de leurs commis et l'abolition des corvées.                                               Cf. lettres du 29 août à Moultou,31 août à de Vaines, 5 octobre à Mme de Saint-Julien, du 5 octobre à Turgot.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/28/a...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/31/m...

 

ii  Les soixante fermiers généraux.

 

iii  Rachète tes péchés par des aumônes.

 

iv  (Fais toi )des amis avec l'argent de l'injustice.

 

v  Leurs employés.

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08/12/2010 | Lien permanent

M. Sinner peut mériter beaucoup de louanges, quoique son libraire mérite la corde

... Tout comme certains élus municipaux feront du bon travail bien qu'appartenant à des partis dont les chefs sont discutables .

 

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

Capitaine aux gardes, etc.

à La Haye

16 février 1759, à Genève à Tournay 1

Je ne peux écrire de ma main, ainsi, monsieur, pardonnez .

Le libelle diffamatoire a été saisi à Genève où Grasset en avait envoyé quelques exemplaires ; il y a ordre de le saisir à Paris, où il en fait passer une balle par un libraire nommé Tillard 2; ce libelle insolent rédigé par un prêtre fanatique a pour but principal de renouveler l'opprobre de la famille Saurin composée de onze personnes, qui crient miséricorde au conseil de Berne ; il n'est pas seulement farci d'injures grossières, il est souillé d'accusations aussi absurdes que criminelles, de déisme et d'athéisme, et ne peut faire qu'un très mauvais effet ; le profond mépris qu'il inspire, et 3

 

à tous les devoirs de l'honneur et de la société en tâchant de favoriser le misérable auteur de cette rapsodie . Je vous supplie de dire à M. Sinner 4 que je lui serai très obligé de m'envoyer son ouvrage . Grasset a été décrété de prise de corps à Genève, pour avoir volé les cousins germains de Mme Constant 5 ; mais il peut malgré cella avoir imprimé un bon livre à Lausanne, et M. Sinner peut mériter beaucoup de louanges, quoique son libraire mérite la corde . Les jésuites méritent pis s'ils ont ourdi la conspiration de Portugal , et s'ils ont donné une belle absolution aux [assass]ins du roi ; mais quand on aura brûlé la moitié de 6

 

moins du monde contre moi un libelle punissable ; ce serait bien là le cas où les battus paieraient l'amende . Je me flatte que notre ami , M. de Brenles, vous secondera de tout son pouvoir . Vous sentez, monsieur, que la plus grande obligation que je puisse vous avoir, est de me procurer le moyen de venir jouir des douceurs de votre amitié . Je voudrais bien vous envoyer ce que vous me demandez 7, mais le roi de Prusse m'a défendu expressément de le laisser sortir de mes mains ; et on dit qu'il a deux cent mille hommes .

A tout jamais votre très humble et très obéissant serviteur

V.

gentilhomme ordinaire du roi. »

1 La moitié inférieure de la lettre est déchirée et le texte de la première et de la seconde page manque à partir de là . La troisième page n'était qu'à moitié remplie et se retrouve donc ici retranscrite entière s'il n'y a pas eu de post scriptum.

2 On ne connait pas de libraire de ce nom .

3 Lacune jusqu'au bas de la première page .

4 Johann Rudolf Sinner , auteur de Extraits de quelques poésies du XIIè, XIIIè et XIVè siècle, 1759 à Lausanne.Voir : http://books.google.fr/books?id=4TcUAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

5 Les frères Cramer ; la mère de Charlotte de Constant était la petite fille de Jacques Cramer, dont le frère Jean-Antoine était le grand-père deGabriel et Philibert Cramer, les libraires .

6 Lacune correspondant au bas de la seconde page .

7 Il s'agit des vers composés par Frédéric II à l'occasion de la mort de sa sœur Wilhelmine .

 

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23/03/2014 | Lien permanent

Donnez-moi encore trois sous, disait une brave Allemande

... prénommée Angela .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

[vers le 6 juin 1761] 1

Fi les vilains hommes qui boivent de ça . Donnez-moi encore trois sous, disait une brave Allemande .

Vous en voulez donc encore, mes divins anges ! En voici et grand bien vous fasse . Toute la cargaison est pour le petit troupeau des honnêtes gens . Les libraires n'en doivent point tâter, et le pain des forts ne doit pas être jeté aux chiens 2.

Laissez là vos procès ; donnez-nous des tragédies . C'est bientôt dit ; voici mes divins anges le commentaire de votre texte . Vous faites des dépenses considérables pour rebâtir une église, des prêtres vous font un procès criminel pour des os de morts dérangés dans un cimetière , et ils veulent que vous soyez puni de vos bienfaits . Vous êtes uni avec vos vassaux et avec votre curé . Vous avez une procuration d'eux tous pour en appeler comme d'abus au parlement . Les entrepreneurs restent les bras croisés et demandent des dommages . Abandonnez là les entrepreneurs, votre curé, vos vassaux . Laissez là les intérêts du corps de la noblesse qu'elle vous a fait l'honneur de vous confier . Voyez périr une malheureuse petite province que vous commenciez à tirer de la plus horrible misère . Laissez là les défrichements, les dessèchements des marais, le tout pour nous faire vite une mauvaise tragédie qui ne pourra certainement être que détestable au milieu de tous ces tracas .

Ô anges que me demandez-vous ? Pour Dieu laissez- moi achever mes affaires . Je me suis fait une patrie et des devoirs . Qui m'exhortera mieux que vous à les remplir ? Il faut avoir l'esprit net pour faire une tragédie . Laissez-moi nettoyer ma tête .

À propos de scandale du texte en avez-vous jamais vu un qui approche de celui d'Oola et Ooliba 3dans la lettre de ce cher M. Eratou 4 à ce cher M. Clokpicre ?

On dit qu'il y a trois jeunes gens qui s'élèvent, un Eratou, un Clokpicre et un Dardelle, et qu'ils promettent beaucoup . Je ne connaissais que l'eau d'Ardelle . Je ne sais si elle est bonne pour la brûlure 5.

Quoi , Térée honni ? Philomèle sifflée au printemps 6? Cela n'est pas juste .

Faire payer le magasin de Vezel à messieurs de Prusse, voilà ce qui me paraît juste ou du moins très bien fait .

Mais ce pauvre Lekain ! Ah quand il serait beau comme le jour, il n'aurait rien eu 7.

Et l'ami Pompignan qui fait la vie du feu duc de Bourgogne 8! et qui a prononcé un beau discours sur l'amour de Dieu !

Dieu conserve longtemps le roi ! »

 

1 Le manuscrit est daté par l'éditeur »avril ou mai 1761 », et l'édition Kehl place la lettre fin mai 1761, suivie par les autres éditions ; mais la lettre est presque certainement contemporaine de celle du 6 juin 1761 à Lekain .

2 Dans le rituel de l'Eucharistie on lit

Ecce panibus angelorum […]

Non mittendus canibus .

3 Voir lettre du 15 janvier 1761 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/01/13/je-le-supplie-tres-instamment-de-vouloir-bien-s-en-rapporter-5744265.html

L'histoire d'Olla et d'Ooliba est une des « scies » les pus connues de V* .

4 Anagramme d'Arouet .

5 Cette phrase et la suivante , rayées sur la copie Beaumarchais-Kehl manquent dans toutes les éditions .

7 On lui refusait sa part entière .

8 Jean-Jacques Lefranc de Pompignan avait composé l’Éloge historique de Mgr le duc de Bourgogne, 1761 . Voir : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.1998.oferret&part=4808

 

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04/05/2016 | Lien permanent

Nous sommes dans un étrange temps où il faut craindre qu'un parlement ne falsifie des pièces .

... en Espagne en voie d'être amputée par une bande d'égoïstes indépendantistes menés par un Carles à tête de Playmobil .

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« A Etienne-Noël Damilaville

28 janvier 1763 1

M. de Beaumont, mon cher frère, est donc aussi un de nos frères . Il n'y a qu'un philosophe qui puisse faire tant de bien . Il se trouvera que Mme Cals aura beaucoup plus d’argent qu'elle n'en aurait eu en reprenant tranquillement sa dot et son douaire . Tout cela est d'un bien bon augure pour la révision . J'attends l'Histoire du Languedoc où l'on trouvera peut-être de quoi faire un cadre au tableau de toute cette aventure .

Nous sommes dans un étrange temps où il faut craindre qu'un parlement ne falsifie des pièces .

Aurai-je l'Appel à la raison 2 pour lequel on dit que Kroust et Griffet et feu Berner sont décrétés 3? Toute cette aventure des jésuites fait rire les philosophes, car il est permis au sage de rire .

Quand je dis que frère Thieriot est un philosophe trop apathique, ce n'est pas parce qu'il n'écrit point ( quoique j'écrive étant presque aveugle ) mais c'est qu'étant curieux de tous les rogatons nouveaux, il ne m'en envoie aucun . Il ne fait aucun pas pour m'en déterrer un seul . Sur ce j'embrasse mes frères .

Écrasez l’infâme . »

1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre avec une autre en la datant du 30 janvier 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-4.html

2 V* a appris l'existence de cette pièce par une lettre de d'Alembert du 12 janvier 1763 ; c'est l'ouvrage anonyme intitulé Appel à la raison, des écrits et libelles publiés par la passion contre les jésuites de France, 1762 . selon Sommervogel, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes publiés par des religieux de la compagnie de Jésus , 1884, l'ouvrage serait d'André-Christophe Balbany, et Caveyrac n'aurait écrit que le Nouvel appel à la raison, 1762 . Voir : https://books.google.fr/books?id=I0dGAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1269204f

3 C'est encore d'Alembert qui, dans la même lettre du 12 janvier, apprend à V* que Caveyrac était déclaré de prise de corps par le Châtelet, et que Griffet avait pris la fuite pour la même affaire ; voir des extraits de cette lettre dans http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/jean-jacques-fait-des-lacets-dans-son-village-avec-les-monta.html

 

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23/12/2017 | Lien permanent

La tolérance est le premier article de mon catéchisme, et je mourrais content si je voyais la persécution et le fanatism

... "Je sais bien que vous serez damnés dans l'autre monde, mais il n'est pas juste que vous soyez persécutés dans celui-ci ."

Qui dit mieux et plus simplement que Voltaire à tous ceux qui se targuent d' "avoir de de la religion" ?

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« A Philippe Debrus

Mardi soir [1762-1763] 1

Qu'importe, monsieur, qu'un Anglais 2 parle ou ne parle pas au roi d'un jugement inique d'un parlement français ? Soyez persuadé qu'on ne parle pas au roi si aisément, et que d'ailleurs Sa Majesté est l'homme du royaume qui influe le moins sur cette affaire ; il ne s'en mêle ni ne s'en mêlera ; il laissera agir la commission du conseil, et dira seulement son mot comme les autres . Nous dépendons absolument des juges, et nous les aurons pour nous, soyez-en sûr . C'est alors que tout retentira auprès du roi de ce qu'on doit à l'innocence persécutée . Je vous dirai plus ; cette affaire est très capable de faire obtenir à vous autres huguenots, une tolérance que vous n'avez point eue depuis la révocation de l'édit de Nantes . Je sais bien que vous serez damnés dans l'autre monde, mais il n'est pas juste que vous soyez persécutés dans celui-ci 3.

La tolérance est le premier article de mon catéchisme, et je mourrais content si je voyais la persécution et le fanatisme décrédités .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 L'édition Lettres inédites place la lettre entre le 17 octobre et le 25 décembre 1762 .

2 Cet Anglais est sans doute le duc de Bedford dont il est plusieurs fois question dans la correspondance de cette époque .

3 C'est ici la fin de la première page du manuscrit ; le reste du texte au verso manque dans les éditions .

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07/11/2017 | Lien permanent

L'intolérance déshonore trop la nature humaine

... Et la tolérance vécue, une vertu , et ça se discute : https://www.youtube.com/watch?v=34NtmFXuF7U&ab_channe...

On retiendra la tolérance de Jane Birkin qui est une belle personne engagée , porte-parole d'Amnesty international et tendre et forte femme que l'on ne peut plus qu'entendre désormais : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08233283/jane-...

Pour mémoire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Birkin

Arabesque: Jane Birkin: Amazon.fr: CD et Vinyles}

Elle a les clés du paradis , incontestablement : https://www.youtube.com/watch?v=erqlDH7YMqg&list=OLAK5uy_mCzbkojE2K4A6v0Doh2A6OgmtTx1c0YyI&index=12&ab_channel=JaneBirkin-Topic

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou fils

à Genève

25è décembre 1767

Mon cher philosophe, l'affaire des Sirven devient d'une importance extrême . Le rapporteur me demande un écrit imprimé depuis quelques mois à Toulouse, dans lequel on justifie l'assassinat juridique des Calas 1; les maîtres des requêtes, qui ont déclaré unanimement la famille innocente, y sont très-maltraités; leur tribunal y est déclaré incompétent et leur jugement injuste. J'ai malheureusement perdu cet écrit précieux, qui doit être une pièce produite au procès . Je ne me souviens plus du titre . Il me semble que c'était une lettre adressée à un correspondant imaginaire, comme les lettres de Vernet. Je vous demande en grâce d'écrire sur-le-champ à quelqu'un de vos amis de Languedoc qu'il faut qu'il déterre cette lettre et qu'il l'envoie en droiture à M. de Chardon, maître des requêtes, sous l'enveloppe de M. le duc de Choiseul.

Cela est, encore une fois, de la dernière importance. Il n'y a point de peine qu'on ne doive prendre pour recouvrer cet ouvrage. C'est un préliminaire nécessaire pour casser le dernier arrêt de Toulouse, qui révolte tout le monde.

Je me porte fort mal, mais je mourrai content avec l'espérance de voir la tolérance rétablie . L'intolérance déshonore trop la nature humaine. Nous avons été trop longtemps au-dessous des Juifs et des Hottentots. Je vous embrasse bien tendrement, mon cher philosophe. Vous devriez bien venir quelque jour coucher chez nous, nous causerions.

V. »

1 On ne connait pas l'écrit répondant à cette description ; voir lettre du 14 novembre 1767 à Chardon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/07/cette-piece-soutient-fortement-l-incompetence-de-messieurs-d-6446687.html

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17/07/2023 | Lien permanent

Il faudra s'adresser au gros fiscal de l'empire pour vous faire indemniser

... Est ce que je  peux conseiller à l'Etat français pour se faire rembourser les dégats causés par les cinglés en bonnets rouges (même pas de fabrication française d'ailleurs ) .

 

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 Mais bon, l'Union européenne a d'autres chats à fouetter et ces couillonnades gauloises retomberont sur l'ensemble des contribuables inévitablement . Point d'empereur à barbe fleurie à l'horizon, seulement quelques président et ministres encravatés pour tenter de nous faire croire aux jours meilleurs pour l'emploi .

Je retiens l'expression d'un reste de lucidité "La bataille de l'emploi n'est pas encore gagnée !", et j'ajoute que l'on va vers une victoire à la Pyrrhus . Les morts de faim, comptez-vous !

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini

Aux Délices 1er novembre [1758]

J'ai écrit trois fois à l’Électeur palatin . Point de nouvelles . Il faudra s'adresser au gros fiscal de l'empire pour vous faire indemniser par ce gros coquin de Smith 1.

Je vous prie de vouloir bien passer chez Turckeim 2 et de lui dire que ses délais font mourir de faim 32 personnes que j'ai à nourrir chez moi .

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher Collini .

V. »

1 Allusion à l'avanie de Francfort ; voir lettre du 19 juillet 1757 à Collini : page 237 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f240.image

et la lettre du 20 janvier 1759 au même : page 49 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f31.image.r=collini%20colini

2 Jean de Turckheim, banquier de Voltaire à Strasbourg et un des banquiers du duc Charles-Eugène de Wurtemberg (ou Virtemberg comme l'écrit V*)

 

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30/11/2013 | Lien permanent

En fait d'amour, il faut parler et faire

... En de justes proportions, ne pas faire sans parler, ni parler sans rien faire .

Ce que ne semble pas avoir compris Dirty Silly Keutard, d'après le dernier livre paru, écrit par une femme  sans foi ni lois, avide de publicité et fric .

Je leur dédie ceci :

 wanna have sex Liberty_Meadows.gif


 

 

 

 

« A François de Chennevières

[vers décembre 1757]

Grand merci mon cher confrère de votre petite pastorale .

Vous possédez la langue de Cythère,

Si vos beaux faits égalent votre voix,

Vous êtes maître en l'art divin de plaire ;

En fait d'amour, il faut parler et faire ,

Ce dieu fripon ressemble assez aux rois :

Les bien servir n'est pas une petite affaire .

Hélas ! il est plus aisé mille fois

De les chanter que de les satisfaire .

Il se peut pourtant que vous ayez autant de talents pour le service de Misis que vous en avez pour faire de jolis vers 1. En ce cas je vous fait réparation d'honneur . Si vous avez quelque nouvelle intéressante, je vous prie de m'en faire part quoique en prose . Je vais faire lire Misis à Mme Denis la paresseuse qui n'écrit point mais qui vous aime véritablement . »

 

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21/02/2013 | Lien permanent

il y a dans la plupart des jeunes officiers français plus de bonne volonté que de sagesse

... Qu'on ne se méprenne pas, ici ce n'est pas un reproche, juste un constat . Sagesse et bonne volonté demandent effectivement du temps pour aller de pair .

Uniformes TDM AR - La Sabretache

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Mes divins anges ; je vis il y a quelques jours, une lettre de l'un de vous deux entre les mains de Mme Denis . Cette lettre, qui d'ailleurs est dans le goût de Mme de Sévigné, ne contient pas une approbation entière de mes déportements concernant mon théâtre et les Délices . Mais considérez , je vous prie, que je suis, quoi qu'on die 1, dans ma soixante et douzième année, que Mme Denis a commencé sa cinquante-sixième, et qu'à cet âge, il faudrait avoir le diable au corps pour jouer la comédie . Il me semble qu'il faut savoir vieillir, et que les fleurs du printemps ne sont pas faites pour l'hiver .

À l'égard des Délices, je ne peux m'attacher à une maison qui après moi n'appartiendrait pas aux miens . Je deviens d'ailleurs tous le jours si faible que c'est une fatigue pour moi de sortir de Ferney . Ce n'est pas la peine d'avoir deux maisons quand une suffit . Je resserre tous les jours mes désirs . Je n'ai plus en vérité qu'un seul regret, c'est de mourir sans vous revoir .

J'ai reçu une lettre de M. Berger, qui m'a paru cachetée avec vos armes , ou du moins quelque chose d'approchant . J'ai soupçonné qu'il l'avait écrite chez vous ; il ne m'instruit point de sa demeure . Permettez que je vous adresse ma réponse 2, et que je vous supplie de la lui faire tenir, supposé que vous découvriez le logement de ce Berger ; je vous demande pardon de la liberté grande 3.

On me mande beaucoup de bien du Siège de Calais 4. Il me semble que vous devez vous intéresser à ce succès . N'y a-t-il pas un roman du Siège de Calais qui vous plaisait beaucoup ?

Nous avons ici M. de Villette 5. Quelle est donc son aventure ? Il dit qu'il a été emprisonné et exilé, pour avoir fait semblant de tuer un homme . Que serait-ce donc s'il l’avait tué effectivement ?

On nous dit que Fréron est au Fort-l'Evêque 6, et La Harpe à Bicêtre 7. Voilà le Parnasse plaisamment logé ! Passe encore pour Fréron, mais je plains le pauvre La Harpe .

Je me flatte que ma nièce Florian aura l’honneur de venir prendre vos ordres avant d'entreprendre le voyage de Ferney . Je fais bâtir de nouvelles cellules pour les recevoir dans mon couvent . Si vous aviez jamais pu venir à Lyon, et de là à Ferney, j'aurais certainement conservé mon théâtre .

Je baise toujours bien dévotement le bout des ailes de mes anges .

 

25è février 1765

 

Il est vrai que j'ai pris la liberté d'écrire à Mme la duchesse de Gramont 8, et de demander une compagnie de dragons pour M. Dupuits quand son tour viendra d'être placé . Il a dix ans de service tout jeune qu'il est, c'est un officier très sage et plein de bonne volonté , et il y a dans la plupart des jeunes officiers français plus de bonne volonté que de sagesse . »

1 Les Femmes savantes, III, 2, vers 772 , Molière : http://www.toutmoliere.net/acte-3,405429.html#scene_ii

4 Sur Le Siège de Calais, « nouvelle historique » de Mme de Tencin et de Pont-de-Veyle, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudine_Gu%C3%A9rin_de_Tencin

5 Villette a été emprisonné six mois à Strasbourg pour des raisons obscures, sans doute à l'instigation de son père qui il a extorqué une forte somme, prétendant voir commis un meurtre .

6 A la suite d'une violente attaque contre Mlle Clairon publiée dans l'année littéraire, I, 120, de 1765, Fréron n'a échappé que de peu à l'emprisonnement, et a dû présenter des excuses à l'actrice, dans le numéro du 9 mars 1765 .

7 Ce bruit n'est pas fondé .

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09/05/2020 | Lien permanent

le malheureux plaisir que vous vous êtes toujours fait de vouloir humilier tous les autres hommes

 Pour fêter à ma manière l'année franco-russe et la chute du mur de l'incompréhension :

 http://www.myvideo.de/watch/5066050/Its_a_long_way_to_Tipperary

Soit dit en passant, mais ne le répétez à personne, pas de manifestation pour célébrer au château de Volti sa liaison (épistolaire) avec Catherine II !

Bast' ! N'épiloguons plus !!

 

 

 

Lettre dont le brouillon autographe porte de nombreuses corrections .

 

« A Frédéric II

 

Au château de Tournay par Genève

21 avril 1760

 

             Sire,

 

             Un petit moine de Saint-Just [couvent où s’était retiré Charles Quint] disait à Charles–Quint : Sacrée Majesté, n’êtes–vous pas lasse d’avoir troublé le monde ? faut-il encore désoler un pauvre moine dans sa cellule ? Je suis le moine, mais vous n’avez pas renoncé aux grandeurs et aux misères humaines comme Charles-Quint ? Quelle cruauté avez-vous de me dire que je calomnie Maupertuis [lettre du 3 avril ] quand je vous dis que le bruit a couru qu’après sa mort on avait trouvé les œuvres du philosophe de Sans-Souci dans sa cassette ?[rumeur, dont The Scots magazine s’est fait l’écho ; c’est sans doute le chevalier de Bonneville qui en avait vendu le manuscrit, éditées à Lyon chez Bruyset le 17 janvier 1760 ] Si en effet on les y avait trouvées cela ne prouverait-il pas au contraire qu’il les avait gardées fidèlement, qu’il ne les avait communiquées à personne, et qu’un libraire en aurait abusé, ce qui aurait disculpé des personnes qu’on a peut-être injustement accusées [J.-M. Bruyset et de Bonneville ont été emprisonnés à Pierre-Encise le 6 février]? Suis-je d’ailleurs obligé de savoir que Maupertuis les avait renvoyées ? Quel intérêt ai-je à parler mal de lui ? que m’importe sa personne et sa mémoire ? en quoi ai-je pu lui faire tort en disant à Votre Majesté qu’il avait gardé fidèlement votre dépôt jusqu’à sa mort ? Je ne songe moi-même qu’à mourir, et mon heure approche. Mais ne la troublez pas par des reproches injustes, et par des duretés qui sont d’autant plus sensibles que c’est de vous qu’elles viennent.

 

 

             Vous m’avez fait assez de mal. Vous m’avez brouillé pour jamais avec le roi de France, vous m’avez fait perdre mes emplois [historiographe] et mes pensions, vous m’avez maltraité à Francfort, moi et une femme innocente, une femme considérée qui a été trainée dans la boue et mise en prison [en 1753 ; cf. lettres du 20 juin et 7 juillet 1753], et ensuite en m’honorant de vos lettres vous corrompez la douceur de cette consolation par des reproches amers. Vous m’avez reproché au sujet du médecin Tronchin [V* avait écrit que Théodore Tronchin refusait d’aller soigner à domicile le prince Ferdinand , 29 juin 1759] que j’avais reçu de vous une pension. Est-il possible que ce soit vous qui me traitiez ainsi quand je ne suis occupé depuis trois ans qu’à tâcher quoique inutilement de vous servir sans aucune autre vue que celle de suivre ma façon de penser ? [en servant d’intermédiaire dans les négociations de paix, par l’entremise du cardinal de Tencin et de la margravine de Bayreuth fin 1757-début 1758, et avec l’aide de la duchesse de Saxe-Gotha]

 

             Le plus grand mal qu’aient fait vos œuvres, c’est qu’elles ont fait dire aux ennemis de la philosophie répandus dans toute l’Europe : les philosophes ne peuvent vivre en paix, et ne peuvent vivre ensemble. Voici un roi qui ne croit pas en Jésus-Christ, il appelle à sa cour un homme qui n’y croit point, et il le maltraite. Il n’y a nulle humanité dans les prétendus philosophes, et Dieu les punit les uns par les autres. Voilà ce que l’on dit, voilà ce que l’on imprime de tous les côtés, et pendant que les fanatiques sont unis, les philosophes sont dispersés et malheureux, et tandis qu’à la cour de Versailles et ailleurs on m’accuse de vous avoir encouragé à écrire contre la religion chrétienne c’est vous qui me faites des reproches et qui ajoutez ce triomphe aux insultes des fanatiques. Cela me fait prendre le monde en horreur avec justice. J’en suis heureusement éloigné dans mes domaines solitaires. Je bénirai le jour où je cesserai en mourant d’avoir à souffrir par vous, mais ce sera en vous souhaitant un bonheur dont  votre position  n’est peut-être pas susceptible et que la philosophie seule pourrait vous procurer dans les orages de votre vie, si la fortune vous permet de vous borner à cultiver uniquement ce fond de sagesse que vous avez en vous, fond admirable mais altéré par les passions inséparables d’une grande imagination, un peu par l’humeur, et par des situations épineuses qui versent du fiel dans vôtre âme, enfin par le malheureux plaisir que vous vous êtes toujours fait de vouloir humilier tous les autres hommes, de leur dire, de leur écrire des choses piquantes d’autant plus indignes de vous que vous êtes plus élevé au-dessus d’eux par votre rang et par vos talents uniques. Pardonnez à ces vérités que vous dit un vieillard qui a peu de temps à vivre,[le 14 mai, V* écrit à la duchesse de Saxe-Gotha : « Je crois mon commerce fini avec le chevalier Pertrizet (= Frédéric). J’ai pris la liberté de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, mon âge, mon ancienne liberté, les malheurs auxquels je m’expose m’ont autorisé et m’ont peut-être conduit trop loin . »] et il vous les dit avec d’autant plus de confiance que convaincu lui-même de ses misères et de ses faiblesses infiniment plus grande que les vôtres. Il gémit des fautes que vous pouvez avoir faites autant que des siennes, et il ne veut plus songer qu’à réparer avant sa mort les écarts funestes d’une imagination trompeuse, en faisant des vœux sincères pour qu’un aussi grand homme que vous, soit aussi heureux et aussi grand en tout qu’il doit l’être. »

 

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21/04/2010 | Lien permanent

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