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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Tantum relligio potuit suadere malorum / Tant la religion a pu suggérer de maux

... Un énième attentat récent par un fou de Dieu donne encore raison à Voltaire, et je m'aperçois que je dois malheureusement mettre tout ceci au pluriel ; religions je vous déteste .

Pour me réconcilier avec le monde sans frontières,  plus que la lyre évoquée ci-dessous, je préfère mille fois la kora de Ballaké Sissoko accompagnée ici du violoncelle de Vincent Ségal : https://www.youtube.com/watch?v=TAIwGw1paIcje vous souhaite une belle heure de vie d'union .

 

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La vie est plus belle en couleur(s)

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 8 juillet [1762] 1

Plus d'un amant sur sa lyre a formé

Ces tendres sons qui charment les amantes .

Un père a fait des chansons plus touchantes.

Pourquoi cela ? C'est qu'il a mieux aimé .

 

Je suis bien loin de blasphémer l'amour ;

C'est un grand dieu , je le sais , et je jure

De le servir jusqu'à mon dernier jour,

Mais il faut bien qu'il cède à la nature .2

 

Je conçois votre bonheur mon grand magistrat qui êtes le plus aimable des hommes, et je tiens Mme de Paulmy 3 aussi heureuse que vous . J'aurais voulu voir monsieur votre fils faire aussi des chansons pour sa sœur . Mais peut-être qu'avec ses bonnes qualités il n'a pas le cœur aussi tendre que vous . J'attends avec impatience votre mémoire, et j'espère toujours que ce mémoire terminera tout . Monsieur votre fils le lira, et se rendra .

Je prends la liberté de vous envoyer deux pièces singulières d'un procès affreux dont je vous ai déjà parlé . Vous verrez avec quelle naïveté la nature que vous aimez tant, s'exprime . Cette aventure est ce que je connais de plus horrible depuis que je suis au monde . Il faut s'écrier :

Tantum relligio potuit suadere malorum 4.

J'ai pris cette affaire à cœur du fond de la retraite . J'ai vu une famille que je crois innocente abandonnée de tout le monde et livrée à l'infortune la plus affreuse . Tout ce que je vois de loin, tout ce que j'entends redouble mon goût pour la retraite . Que ne puis-je goûter les charmes de la vôtre ? pourquoi faut-il que Pierre Corneille en faisant mes plaisirs fasse mon esclavage? Nous avons imprimé presque toutes ses bonnes pièces . Je serai bientôt réduit à commenter ce qui m'ennuiera, c'est un triste métier .

Je crains d'avoir perdu un dessin de M. de Vosges . Il réparera ma sottise par un dessin meilleur . Je vous présente mon sincère respect . Permettez que j'en fasse autant à Mme la marquise de Paulmy .

V.

J'adresse le paquet à M. de Villeneuve que je crois franc de port . »

1 Le post scriptum est écrit dans la marge du bas du manuscrit olographe .

2 Fyot de La Marche, premier président au parlement de Bourgogne avait fait des vers pour sa fille .

3 Marguerite , fille de Fyot de La Marche, deuxième femme de Antoine-René de Voyer de Paulmy d'Argenson épousé en 1748, , voir : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Antoine-Ren%C...

4 Tant la religion a pu suggérer de maux ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .

 

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29/05/2017 | Lien permanent

J'ai toujours été fâché qu'il y eût sur la terre tant de plantes qui fissent du mal, et si peu de salutaires

...Dit Voltaire , mais je pense que les plantes incriminées sont debout sur leurs deux pattes et dotées d'une bouche ventrale avec un esprit bien ou mal employé pour le salut de leurs semblables .

Des dizaines de milliers d'années ont été nécessaires pour que l'homo sapiens assure sa survie en sélectionnant les céréales, j'ose espérer qu'il n'en faudra pas tant pour , comme disait Jésus, séparer le bon grain de l'ivraie ( pour ceux qui aiment à s'instruire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bon_Grain_et_l%27Ivraie ) .

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 http://lhomeliedudimanche.unblog.fr/2014/07/

 

«  Au comte Luigi LORENZI 1
Au château de Tournay, 15 avril 1760
J'ai reçu, monsieur, la lettre et les patentes de botaniste dont vous m'honorez, dans le temps où j'ai le plus besoin de simples.
Je ne suis pas jeune, et je suis très-malade. Si je peux trouver quelque herbe qui rajeunisse, je ne manquerai pas de l'envoyer à votre Académie. J'ai toujours été fâché qu'il y eût sur la terre tant de plantes qui fissent du mal, et si peu de salutaires 2 ; la nature nous a donné beaucoup de poisons, et pas un spécifique.
C'est dommage que nous ayons perdu le bel ouvrage de Salomon qui traitait de toutes les plantes, depuis le cèdre jusqu'à l'hysope 3 c'était sans doute un très-bel ouvrage, puisqu'il était composé par un roi. Il était apparemment le premier médecin de ses sept cents femmes et de ses trois cents concubines. Je ne sais si vous avez vu les hérésies du Salomon du Nord; il va plus loin que son devancier, lequel ne sait pas s'il reste quelque chose de l'homme après sa mort. Pour celui-ci, il est sûr de son fait, et il croit que ses soldats tuent si bien leur monde qu'il n'en reste rien du tout. J'attends le Peut-être de Rabelais 4 le plus doucement que je peux

 

J'ai l'honneur, monsieur.»

 

1 Le comte de Lorenzi, frère du chevalier de Lorenzi avec lequel J.-J. Rousseau fut en correspondance ( https://books.google.fr/books?id=0NFQAAAAcAAJ&pg=PA31... ), était né à Florence; et, de 1734 à 1765, époque de sa mort, il y remplit les fonctions de chargé des affaires du roi de France en Toscane. . (Clogenson.)
Lorenzi était membre de l'Académie de botanique de sa ville natale, comme Piero Alessandro Ginori à qui V* écrit le même jour :
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/10/malheureusement-les-hommes-ne-choisissent-pas-leur-patrie-comme-ils-voudrai.html

 

2 Cette forme de critique à l'égard de la Providence sera reprise dans l'Histoire de Jenni :http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/voltaire-lhistoire-de-jenni-ou-le-sage-et-lathee.html

 

 

4 On dit que ses dernières paroles furent « Je vais chercher un grand peut-être » ou alors « la farce est jouée », mais ces propos sont sans doute apocryphes . Voir : http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-francois_rabelais-991.php

 

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12/04/2015 | Lien permanent

je n'aime pas ces fureurs étudiées, ces déclamations

... De même que Nuit debout me fait irrésistiblement penser au Nuit grav' des paquets de cigarette : mise en garde bidon, ça pique les yeux  un moment, ça part en fumée, ça pollue, ça ne sert à rien .

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 Ou "comment se faire entendre dans le bordel ambiant !"

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

4 mai [1761]

Les divins anges auront de l'Oreste tant qu'ils voudront . J'ai relu les fureurs, je n'aime pas ces fureurs étudiées, ces déclamations . Je ne les aime pas même dans Andromaque . Je ne sais ce qui m'est arrivé, mais je ne suis content ni de ce que je fais , ni de ce que je lis . Il y a surtout une consultation d'avocat pour Mlle Clairon qui est du style des charniers Saint-Innocent 1. J'ai pardonné à l’archidiacre, j'oublie Fréron, mais Omer me le paiera .

Les jésuites sont bien impudents d'oser dire que frère La Valette ne faisait pas le commerce, et qu'il ne vendait que les denrées du cru . Je connais un homme d'honneur, un brave corsaire qui l'a vu, déguisé en matelot , courir les colonies anglaises et hollandaises, et qui l'a accompagné dans un voyage à Amsterdam .

Je suis encore plus indigné de tout ce que je vois, que de tout ce que je lis . Je regrette fort le chevalier d'Aydie 2 car il était bien fâché contre le genre humain . Je crois que je n'aime que mes anges et Ferney .

M. le duc de Choiseul m'a écrit une fort jolie lettre 3, mais il est si grand seigneur que je n'ose l'aimer .

Le cardinal de Bernis est à Lyon . Je ne l'ai pas prié de venir dans mon joli séjour . Je ne suis pas arrangé encore, et il est cardinal .

Je vous demanderai encore grâce, de lire Le Droit du seigneur ou L’Écueil du sage . Je vous dis qu'il faut que vous ayez des âmes de bronze si vous n'en êtes pas contents . Il est vrai que c'est toute autre chose que ce que vous avez vu – mais songeons à Oreste . J'y travaille dans l'instant . »

 

3 Du 23 avril 1761 : « Je vous demande mille pardons, mon cher solitaire, d'avoir été si longtemps sasn vous écrire ; j'en suis d'autant ^plus fâché que mon silence forcé occasionne nécesssairement la rareté de vos lettres et que je vous assure que, dans la nombre de celles que je suis dans le cas d elire, les vôtres avaient la préférence [...] »

 

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13/04/2016 | Lien permanent

Quoi qu’il arrive, je donnerai mon temps et mon argent pour le succès d’une entreprise que je crois honorable et utile à

... Sera-ce la conclusion du discours de notre indéfrisable président aujourd'hui ? Non, certes pas, ce serait une promesse sans lendemain de plus, au moins , un mensonge éhonté, au mieux , ou l'inverse . 

Sera-ce le thème de campagne de mister Bling-bling Sarkozy ? Non, impossible ! il n'a pas changé à ce point, ça se saurait, tout comme si Carla avait de la voix .

Je me limite ici à ces deux phares de la pensée républicaine, mais la liste est plus longue que le poil dans la main d'un coiffeur présidentiel .

Il me semble bien qu'on est toujours sous l'Ancien Régime (sauf Fanfoué le ventripotent perpétuel figure de mode chez Dessange )

http://www.lepoint.fr/politique/le-coiffeur-de-hollande-d...

 

14 juillet oblige : https://www.youtube.com/watch?v=HG0bJzfgUaI

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"Attention ! état d'urgence ! les pétards restent interdits sur la voie publique ! hic !" vous rappelle un président qui ne manque pas de toupet .

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

Si je n’étais pas tombé malade, monsieur, et si je n’étais pas même menacé de perdre la vue, j’aurais déjà remercié Son Altesse sérénissime de la bonté qu’elle a eue et de l’honneur qu’elle m’a fait 1. L’ouvrage que j’entreprends demanderait de meilleurs yeux et une santé plus robuste. J’espère pourtant que nous viendrons à bout de tout, avec la protection du petit nombre d’hommes qui suivra l’exemple généreux de M. le prince de Condé. L’ouvrage sera beaucoup plus considérable que je ne croyais ; il contiendra cinq ou six volumes in-4°. J’ai déjà commenté le Cid, Horace, Cinna, Pompée, Polyeucte, Rodogune, et Héraclius, et si je peux me rétablir, le reste suivra bientôt. Les libraires m’ont fait apercevoir qu’il sera impossible d’orner ces ouvrages d’estampes 2, que chaque exemplaire coûterait alors six louis d’or, au lieu de deux. Quoi qu’il arrive, je donnerai mon temps et mon argent pour le succès d’une entreprise que je crois honorable et utile à la nation. Le désintéressement des frères Cramer, qui entreprennent l’édition sous mes yeux, leur fait un honneur qui  est assez rare dans cette profession. J’espère que tout se passera d’une manière qui ne déplaira pas au public.

Permettez-moi, monsieur, de vous marquer ma surprise sur ce que vous me mandez au sujet de la lettre de M. le prince de Condé. Il faut qu’il y ait quelque méprise, et qu’il s’agisse apparemment de quelque autre lettre que Son Altesse sérénissime aura écrite à quelque étranger sur des objets importants ; car il n’y a pas d’apparence qu’un Français ait jamais publié une lettre d’un prince tel que lui, sur quelque objet que ce puisse être, sans lui en demander la permission ; et ce sont même des permissions que les hommes qui connaissent leur devoir se gardent bien de demander. Je vous supplie, monsieur, de lui présenter mon profond respect et mes vœux sincères pour des succès dignes de son nom et de son courage.

Vous ne doutez pas, monsieur, des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire . »

 

1 Le prince de Condé avait écrit à V* le billet suivant : « Paris, le 8 juillet 1761 . Ce sera avec plaisir, monsieur, que je me joindrai à ceux qui procureront aux descendants de Corneille un sort plus heureux . Je vous prie donc de m'inscrire pour six exemplaires . Je suis fort aise que cette occasion m'ait procuré de vos nouvelles et me mettre dans le cas de vous assurer, monsieur, de la continuité de mes anciens sentiments pour vous. Louis de Bourbon . »

2 V* avait demandé une estampe à Watelet, puisque celui-ci l'en remercie le 9 août 1761 : « … il faut être Michel-Ange pour peindre et dessiner Corneille ; Raphaël imiterait Racine, Corrège et le Guide seraient seuls dignes de rendre vos ouvrages [...] »

 

 

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14/07/2016 | Lien permanent

Je ne me souviens plus quel était l'honnête homme qui priait Dieu tous les matins que ses ennemis fissent des sottises

... Avec ou sans Dieu, nombre de candidats sont exaucés à la veille des municipales du 28 juin, parfois au delà de leurs espérances .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

25 de mars [1765] 1

Mon cher philosophe utile et agréable au monde, sachez que votre ouvrage est comme vous, et qu'aucun enfant n'a jamais si bien ressemblé à son père . Sachez que, dès qu'il parut dans Genève entre les mains de quelques amis, tous dirent : Il écrit comme il parle, le voilà, je crois l'entendre . Quand on l'avait lu, on le relisait ; on en cite tous les jours des passages . J'écrivis à mon ami M. de Cideville que je le croyais déjà répandu à Paris ; je lui parlai du plaisir qu'il aurait à le lire, et je lui recommandai, dans deux lettres consécutives, de ne vous point nommer, précaution entre nous fort inutile : il est impossible qu'on ne vous devine pas à la seconde page . Vous aurez à la fois le plaisir de jouir du succès le plus complet, et de nier que vous avez rendu ce service au public devant les fripons et les sots qui ne méritent pas même la peine que vous prenez de vous moquer d'eux .

Je suis très fâché de n'avoir point encore appris que le roi ait dédommagé les Calas . On roue un homme plus vite qu'on ne lui donne une pension . Vous avez bien raison dans ce que vous dites du style des avocats ; ils n'ont jamais su combien la déclamation est l'opposé de l'éloquence, et combien les adjectifs affaiblissent les substantifs, quoiqu'ils s’accordent en genre , en nombre et en cas ; mais après tout, les raisons que frère Beaumont à détaillées sont fortes et concluantes, il y a de la chaleur et le public reste convaincu de l'innocence des Calas , quod erat demonstrandum 2. Tout ce que je demande au ciel, c'est que le parlement de Toulouse casse l'arrêt souverain des maîtres des requêtes . Je ne me souviens plus quel était l'honnête homme qui priait Dieu tous les matins que ses ennemis fissent des sottises . Le fanatisme commence à être en horreur, d'un bout de l'Europe à l'autre . Figurez-vous qu'un grand seigneur espagnol 3, que je ne connais point, s'avise de m'écrire une lettre tout à fait antifanatique, pour me demander des armes contre le monstre, en dépit de la Sainte-Hermandad.

Jean-Jacques est devenu entièrement fou ; il s'était imaginé qu’il bouleverserait sa chère patrie que je corrompais, dit-il, en donnant chez moi des spectacles ; il n'a pas mieux réussi en qualité de boutefeu, qu'en qualité de charlatan philosophe . Tout ce qu'il a gagné, c'est d'être en horreur à tous les honnêtes gens de son pays ; ce qui joint à des carnosités et des sophismes, ne fait pas une situation agréable .

Est-il vrai qu'Helvétius est à Berlin? Il me paraît que le réquisitoire composé par Abraham Chaumeix lui a donné une paralysie sur les trois doigts avec lesquels on tient la plume . Est-ce qu'il ne savait pas qu'on peut mettre l'inf … en pièces, sans graver son nom sur le poignard dont on la tue ? Mme Denis vous embrasse de tout son cœur, et moi aussi . »

1 L'édition de Kehl est incomplète de la fin de l'avant-dernier paragraphe (Tout ce qu'il a gagné …. agréable )

2 Ce qu'il fallait démontrer .

3 V* en donnera le nom en tête d'une lettre à Damilaville du 22 avril 1765 : « A Monsieur Joaquim D’Eguia Marquès de Marros, à Ascoitia par Bayonne en Espagne

C’est mon cher frère, l’adresse d’un adepte de beaucoup d’esprit qui s’est adressé à moi et qui brûlerait le grand inquisiteur s’il en était le maître . » Voir : https://es.wikipedia.org/wiki/Joaqu%C3%ADn_Mar%C3%ADa_de_Egu%C3%ADa_Aguirre

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25/06/2020 | Lien permanent

Quiconque vient chez moi me fait honneur, mais je n'adopte aucun parti que celui de la tranquillité et de la paix

... Je ronge mon frein ( il va falloir que je fasse une révision avant le contrôle technique ) , et je pense que vous aussi Mam'zelle Wagnière, en attendant la réouverture du château de notre ami .

Le château de Voltaire à Ferney : la dernière demeure du philosophe des  Lumières - Culturez-vous

Welcome home !

Virus quand vas-tu nous laisser circuler librement ?

 

« A Gabriel Cramer

[novembre-décembre 1765]

Je renvoie à M. Caro sa feuille M corrigée avec un nouveau petit chapitre . Je ne sais s'il est à Genève, ou à Tournay . Je sais seulement que nous avons grande envie de le voir . Je l'avais prié il y a quelque temps 1 de me faire avoir un Grégoire de Tours de la bibliothèque ; je lui serai très obligé de vouloir bien s'en souvenir .

Comment se porte Mme Cara ? »

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[novembre-décembre 1765]

Je prie M. Caro d'interrompre un moment les affaires politiques pour me mander si :

Il a entendu parler des deux premières feuilles de l’Histoire de Charles XII déjà tirées, les discours préliminaires, ou s'il a entendu l’histoire elle-même ? Ces discours préliminaires contiennent 58 pages dans l'édition in-8° que j'ai sous les yeux .

Il serait très convenable de placer l’addition que je prépare à la fin de ces discours préliminaires, plutôt qu'à la fin de l'histoire .

Je souhaite qu'on ait commencé en effet par ces discours, parce que je viens de recevoir du bureau des affaires étrangères des éclaircissements sur les premiers temps des expéditions de Charles XII . Il est important que monsieur Cramer me fasse une réponse positive et prompte . Il l'enverra chez M. Souchay à dix heures .

Je le prie de me renvoyer aussi la lettre que je lui ai confiée ; il m'a promis de n'en laisser courir aucune copie dans Genève . Je me flatte qu'il ne laissera pas ignorer à M. Tronchin Boissier que j'ai marqué la plus vive indignation contre la lettre du citoyen à Jean-Jacques , dans laquelle un homme de son mérite est si indignement outragé 1. Je veux bien qu'on sache que quelques personnes des rues basses, qui n'ont point du tout l'esprit bas, viennent quelquefois se promener à Ferney et me voir . Quiconque vient chez moi me fait honneur, mais je n'adopte aucun parti que celui de la tranquillité et de la paix .

M. le duc de Praslin , M. de Sainte-Croix [so]n premier commis digne de toute sa confiance, M. Hennin qui m'honore de son amitié peuvent me rendre témoignage que je ne leur ai jamais rien écrit sur Genève dont personne ait le moindre sujet de s'alarmer . J'ai l'honneur d'être voisin de la République, et je dois souhaiter plus que personne sa prospérité et son repos ; et je supplie M. Cramer d'assurer les parents et les amis qu'il a dans le Conseil, que j'ai droit à leur bienveillance par mes sentiments . »

1 Il s'agit de la Lettre d'un citoyen à Jean-Jacques Rousseau en mars 1765, qui vient de paraître à Genève et a été supprimée par le Conseil de Genève le 16 novembre 1765 ; « l'homme de mérite » critiqué dans l'opuscule est Tronchin-Boissier .

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30/03/2021 | Lien permanent

Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ; Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir

... Ô président adoré ! après ça je vais passer pour le plus grand courtisan, limite lèche-cul pour tout dire ! Heureusement je n'en pense pas un mot, et comme tu aimes à employer le conditionnel, moi aussi : si tu veux "prendre le virus en tenaille entre les mesures de freinage et la vaccination" ,  image d'un stratège alliant le forgeron et le garagiste, la tenaille de mon impatience confinée pourrait bien déchirer mon bulletin de vote "d'ici la fin" ... mai 2022 .

https://www.lci.fr/politique/video-covid-19-confinement-e...

blague mesures – Blagues et Dessins

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain, Comédien

ordinaire du roi

près de la Comédie-française

à ¨Paris

7è décembre 1765

Mon cher ami, vous aurez sans doute le crédit de faire mettre deux cartons à cette pauvre Adélaïde . Le libraire ne pourra refuser de prendre cette peine, que j’ai offert de payer. Les deux fautes dont je me plains sont capitales, et peuvent faire très-grand tort à un ouvrage que vous avez fait valoir.

Le premier carton doit être à la page 30.

Non, c’est pour obtenir une paix nécessaire ;
Gardez d’être réduit au hasard dangereux
Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux1.

Il faut mettre à la place :

Non, c’est pour obtenir une paix nécessaire ;
On la veut, on en traite, et dans tous les partis
Vous serez prévenu, je vous en avertis.
Passez-les en prudence 2, etc.

Le second carton doit être à la page 39, où il se trouve deux vers répétés dans la même scène :

Enflé de sa victoire, et teint de votre sang.
Il m’ose offrir la main qui vous perça le flanc3.

Il faut mettre à la place :

Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ;
Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir.

Je vous demande en grâce d’exiger ces deux cartons. Si le libraire les refuse, exigez du moins qu’on fasse un errata, dans lequel ces deux corrections se trouvent. Vous sentez à quel point ma demande est juste. Celui qui a glissé dans ma pièce ce détestable vers inintelligible :

Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux,

ne m’a pas rendu un bon service.

Mandez-moi, je vous prie, quand vous jouez Gustave4. On m’a écrit que si monseigneur le dauphin se porte mieux, il y aura encore des spectacles à Fontainebleau ; mais j’en doute beaucoup.

Je crois M. d’Argental à la cour ; c’est pourquoi je vous adresse cette lettre en droiture.

Adieu ; vous savez combien je vous suis tendrement dévoué. »

4 Le Gustave Wasa, tragédie de La Harpe, non imprimée, sera joué le 3 mars 1766. Voir lettre du 16 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/14/vous-avez-regarde-ma-liberte-ma-foi-comme-un-bien-de-conquet-6303360.html

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07/04/2021 | Lien permanent

Fi ! que cela est horrible de se rétracter ! Je ne veux pas vous en croire

... Poutine , Loukachenko et Erdogan, beau trio de tordus, unis par la malfaisance : https://actu.orange.fr/monde/crise-migratoire-pologne-bel...

 

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Le 20 auguste 1766

J’ai reçu, mon cher Cicéron, une lettre du 8 août (puisque les Velches ont fait août d’auguste)1 . Cette lettre m’a transporté de joie. J’ai vu que le plus généreux de tous les hommes me donne le titre de son ami ; je veux mériter et conserver, jusqu’au dernier moment de ma vie, un titre qui m’est si cher. J’ai sur-le-champ dressé de petits mémoires pour M. le duc de Praslin, M. le duc de Choiseul et M. de Saint-Florentin, que Mme de Saint-Julien, parente de M. le duc de Choiseul, et qui est actuellement chez moi, doit porter à Paris. Elle part dans deux jours, et nous servira de tout son pouvoir.

Mais aujourd’hui je reçois une lettre du 11 août qui me perce le cœur. Vous n’y êtes plus mon ami, vous m’écrivez Monsieur. Fi ! que cela est horrible de se rétracter ! Je ne veux pas vous en croire ; je m’en tiens à la première lettre, et je déchire la seconde. J’ai déjà répondu à la première, et cette petite réponse vous parviendra dans le paquet de M. Damilaville 2, dont Mme de Saint-Julien a bien voulu encore se charger.

Je vous répète ici combien je m’intéresse à l’affaire qui vous regarde, et à quel point je suis étonné que M. de La Luzerne n’ait pas pleinement gagné son procès. Je suis persuadé que vous viendrez à bout de tout ; mais je vous dirai toujours que, si nous n’obtenons pas l’évocation pour les Sirven, je suis bien sûr que vous obtiendrez les suffrages de tout le public. L’esquisse du mémoire que vous eûtes la bonté de m’envoyer, il y a quelques mois, me parut devoir produire un morceau admirable, fait pour être lu avec avidité par tous les ordres de l’État, et pour confirmer la haute réputation où vous êtes. La véritable éloquence, et même la langue, sont d’ordinaire trop négligées à votre barreau, et les plaidoyers de nos avocats n’entrent point encore dans les bibliothèques des nations étrangères. Je ne connais guère que votre mémoire pour les Calas qui ait eu de la réputation en Europe ; il a été jusqu’à Moscou.

Adieu, mon cher Cicéron, je me mets aux pieds de madame votre femme. Ne m’ôtez jamais le beau titre que vous m’avez donné. »

1 Cette évolution est conforme aux lois phonétiques du français, qui d'augustum ( ou plutôt d'agustu) a fait aoust ( toujours écrit tel dans les présentes lettres ) puis aout, prononcé d'abord a. out ( le t s'entendant ), puis a.ou (t sourd ), enfin août prononcé ou, comme saoul, de satullum a fini par se prononcer sou dès l'époque de V* . Voir faon, de favonem, etc. Linguistiquement parlant, le français se caractérise par la disparition de toutes les syllabes latines qui n'étaient ni initiales, ni accentuées, par la disparition d'un certain nombre de consonnes intervocaliques, notamment t et d, par la disparition des consonnes finales non protégées par un e muet, ainsi que par la réduction des voyelles intérieures en hiatus, comme dans eage qui a donné âge, etc. Dans le cas d'août, la prononciation en deux syllabes est encore attestée au XVIIè siècle comme il appert par la chanson de marins , Le Trente et un du mois d'août . On l'entend d'ailleurs parfois ici ou là, par exemple dans une chanson à la mode dans les années 60 , La Gadoue, de Petula Clark : https://www.youtube.com/watch?v=B14y1krpq-c

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14/11/2021 | Lien permanent

J’ai peu de loisirs ; mais quand on ne sort jamais de chez soi, on trouve le secret d’employer la journée

... Si j'en crois les déclarations et l'attitude des Français, il semble bien que la majorité ne partage pas les vues du patriarche Voltaire . Par ailleurs, je suis estomaqué par le succès des guignoleries de l'amuseur public Macron ; il ne se rend pas compte que s'il en faisait profession il ne toucherait pas un kopek . Il me rappelle la fable du loup voulant entrer dans la bergerie, les biquettes-électeurs Mc Fly et Carlito le denonceront-ils à temps ? Pour l'instant, ils jouent leur jeu et sont complices du sien, ça rapporte !

http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/louchevreau.htm

Mcfly et Carlito - YouTube

" ... il contrefait son ton,
            Et d'une voix papelarde
Il demande qu'on ouvre en disant: " Foin du loup!"

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Mon ancien ami, vous avez attendu trop tard ; vous en serez puni ; vous attendrez ; il fallait me parler de votre grenier dans le temps de la moisson. Tout le monde a glané, hors vous, parce que vous ne vous êtes pas présenté. Je vous promets de réparer votre négligence 1.

Je ferai venir les Révolutions de l’Empire romain 2, puisque vous m’en dites du bien. Je n’ai pas entendu parler de M. d’Orville ; mais quand vous voudrez m’envoyer son livre 3 par frère Damilaville, vous me ferez plaisir. On m’a envoyé enfin l’Encyclopédie en feuilles . Je la4 fais vite relier, afin de le lire. Ce sera ma consolation au coin du feu, dans ce rude hiver. J’ai peu de loisirs ; mais quand on ne sort jamais de chez soi, on trouve le secret d’employer la journée. Je m’occupe continuellement de l’affaire de Sirven, qui sera dispendieuse. Je suis extrêmement content du mémoire que M. de Beaumont m’a envoyé ; il est touchant et convaincant. Il est vrai que les Sirven sont comme vous : ils ont trop attendu ; mais ils trouveront encore de la sensibilité dans les cœurs. Le mien est à vous. Je vous embrasse.

V.

4è février 1766 »

1 Thieriot a demandé à V* une aide financière ; il lui a écrit qu'il a pratiqué le « népotisme » en favorisant tous ses neveux et nièces, et en se négligeant lui-même. Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/24/je-veux-soulever-l-europe-ma-foi-les-coquins-en-auront-dans-le-cul.html

3 Pensées Philosophiques de M. de Voltaire. Sous-titre : Voltaire portatif. : voir page 25 et 271 https://doc.rero.ch/record/10675/files/Bibliographie_Voltaire_Bengesco_volume4.pdf

4 V* a d'abord dicté le, mais le second pronom n'a pas été corrigé .

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26/05/2021 | Lien permanent

J’ai été pendant trois mois sur le point de perdre les yeux, et c’est ce qui fait que je ne peux encore vous écrire de m

... Mon cher Voltaire, il semble bien que nos maux masculins reçoivent des traitements qui n'ont rien à envier à ceux du XVIIIè siècle quant à leurs conséquences nocives, ou "comment pour garder trois poils sur le caillou on devient impuissant et suicidaire" : https://www.europe1.fr/societe/information-europe-1-medic...

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

22 février 1764 1

Mon cher et ancien ami, vous en usez avec nous comme les jansénistes avec la communion ; vous nous écrivez

A tout le moins une fois l’an.2

Cela n’empêche pas que nous ne vous aimions tous les jours. Nous prétendons d’ailleurs être plus philosophes à Ferney que vous ne l’êtes à Launay ; car nous ne faisons nulle infidélité à nos campagnes, et vous quittez la vôtre. Le fracas et les folies de Paris ont encore pour vous des charmes ; mais il paraît que les tragédies nouvelles n’en ont guère.

Vous me parlez de contes : en voici un que je vous donne à deviner, pour peu que vous vous ressouveniez de votre grec, vous n’aurez pas de peine ; et si vous n’aviez pas quitté Launay, j’aurais cru que Macare était chez vous ; mais vous êtes homme à le mener de la campagne à la ville. Macare est certainement chez mademoiselle Corneille, aujourd’hui madame Dupuits ; elle est folle de son mari, elle saute du matin au soir, avec un petit enfant dans le ventre, et dit qu’elle est la plus heureuse personne du monde. Avec tout cela, elle n’a pas encore lu une tragédie de son grand-oncle, ni n’en lira. Son grand-oncle commenté vous arrivera, je crois, avant qu’il soit un mois. Les Anglais, qui viennent ici en grand nombre, disent que toutes nos tragédies sont à la glace ; il pourrait bien en être quelque chose ; mais les leurs sont à la diable.

Il est fort difficile à présent d’envoyer à Paris des Tolérance par la poste ; mais frère Thieriot, tout paresseux qu’il est, tout dormeur, tout lambin, pourra vous en faire avoir une, pour peu que vous vouliez le réveiller.

J’ai été pendant trois mois sur le point de perdre les yeux, et c’est ce qui fait que je ne peux encore vous écrire de ma main. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments.

N. B. – Si vous aimez les contes, dites à M. d’Argental qu’il vous fasse lire chez lui les Trois manières . Adieu, mon cher et ancien ami. 

V.»

1 Cideville a noté sur le manuscrit original : « Répondu le 17 avril 1764 ». Dans sa lettre du 11 février, il écrit notamment : « Il me semble […] que votre muse supporte à merveille les grâces et la vigueur de votre printemps ; rien en effet de plus printanier que votre conte de Berthe [Ce qui plait aux dames] et votre conte d'André et de Denis [Gertrude] : rien de meilleure plaisanterie que votre Quakre . Je n'ai point eu le bonheur de lire votre discours sur la tolérance , on en dit des merveilles […] . »

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12/03/2019 | Lien permanent

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