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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il m’a dit qu’il s’était donné tous les mouvements possibles pour prévenir l’exécrable catastrophe qui a indigné tous le

... Paroles d'un confident d'Emmanuel Macron suite à l'agression de l'Ukraine par le despote Poutine ?

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Des reines de beauté pour des républicains admiratifs, dont je suis .

Longue vie à Indira Ampiot !

 

 

 

« A Jacques-Marie-Bertrand Gaillard d'Etallonde

26 Mai 1767

Je fus très consolé, monsieur, quand le roi de Prusse daigna me mander 1 qu’il vous ferait du bien. Il a rempli sur-le-champ ses promesses, et j’ai l’honneur de lui écrire aujourd’hui 2 pour l’en remercier du fond de mon cœur. Il est assurément bien loin de penser comme vos infâmes persécuteurs. Je voudrais que vous commandassiez un jour ses armées, et que vous vinssiez assiéger Abbeville. Je ne sais rien de plus déshonorant pour notre nation que l’arrêt atroce rendu contre des jeunes gens de famille, que partout ailleurs on aurait condamnés à six mois de prison.

Le nonce 3 disait hautement à Paris que l’inquisition elle-même n’aurait jamais été si cruelle. Je mets cet assassinat à côté de celui des Calas, et immédiatement au-dessous de la Saint-Barthelémy. Notre nation est frivole, mais elle est cruelle. Il y a peut-être dans la France sept à huit cents personnes de mœurs douces et de bonne compagnie qui sont la fleur de la nation, et qui font illusion aux étrangers. Dans ce nombre il s’en trouve toujours dix ou douze qui cultivent les arts avec succès. On juge de la nation par eux ; on se trompe cruellement. Nos vieux prêtres et nos vieux magistrats sont précisément ce qu’étaient les anciens druides, qui sacrifiaient des hommes : les mœurs ne changent point.

Vous savez que M. le chevalier de La Barre est mort en héros. Sa fermeté noble et simple, dans une si grande jeunesse, m’arrache encore des larmes. J’eus hier la visite d’un officier de la légion de Soubise 4, qui est d’Abbeville ; il m’a dit qu’il s’était donné tous les mouvements possibles pour prévenir l’exécrable catastrophe qui a indigné tous les gens sensés de l’Europe. Tout ce qu’il m’a dit a bien redoublé ma sensibilité. Quelle religion, monsieur, qu’une secte absurde qui se ne soutient que par des bourreaux, et dont les chefs s’engraissent de la substance des malheureux !

Servez un roi philosophe, et détestez à jamais la plus détestable des superstitions. »

2 On ne sait rien de cette lettre à Frédéric II, pas même si elle a jamais existé, du moins à cette date .

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18/12/2022 | Lien permanent

Le maraud a quelquefois le bec retors et la griffe tranchante ; mais aussi on n’a jamais débité des mensonges avec une i

... Voltaire semble bien avoir connu Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour , pour ne citer que ces deux malfaisants , en adjoignant le mou Jordan Bardella dit "le dégonflé" et la harpie Marine Le Pen .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet

19 octobre 1768

Il faut amuser ses anges tant qu’on peut, c’est mon avis. Sur ce principe, j’ai l’honneur de leur envoyer ce petit chiffon 1 qui m’est tombé par hasard entre les mains.

Mais de quoi s’est avisé M. Jacob Tronchin de dire à M. Damilaville que j’avais fait une tragédie ? Certainement je ne lui en ai jamais fait la confidence, non plus qu’au duc et au marquis Cramer. Si vous voyez Jacob, je vous prie de laver la tête à Jacob. L’idée seule que je peux faire une tragédie suffirait pour tout gâter. Je vais, de mon côté, laver la tête à Jacob 2.

Mais pourquoi n’avez-vous pas conservé une copie des Guèbres ? Je suis si indulgent, si tolérant, que je crois que ces Guèbres pourraient être joués ; mais la volonté de Dieu soit faite !

Je pense 3  qu’il était nécessaire que j’écrivisse au président sur le beau portrait qu’on a fait de lui : on disait trop que j’étais le peintre.

On a imprimé cet ouvrage sous le nom d’un marquis de Bélestat, qui demeure dans ses terres en Languedoc . Mais enfin celui qui l’a fait imprimer m’a avoué qu’il était de La Beaumelle : je m’en étais bien douté. Le maraud a quelquefois le bec retors et la griffe tranchante ; mais aussi on n’a jamais débité des mensonges avec une impudence aussi effrontée. Le président sera sans doute bien aise que ces traits soient partis d’un homme décrié.

Comment pourrai-je vous envoyer le Siècle de Louis XIV et le précis du suivant 4, poussé jusqu’à l’expulsion des révérends pères jésuites ? Mon culte de dulie ne finira qu’avec moi. »

3 Voir la lettre du13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

4 L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV.

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02/05/2024 | Lien permanent

Je n'aurais pas à présent de quoi me faire enterrer. Je prie Messieurs d'attendre.

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C'est dimanche, un peu de soleil exotique ne fait pas de mal et si vous suivez le rythme vous aurez la pêche !

 

 

 

« A Marie-Louise Denis


22 juillet [1769]


Ma chère amie, mon indignation redouble chaque jour sur l'aventure des lettres [®] et des derniers chapitres [®®]. Comment n'avez-vous pas remarqué que dans une de ces lettres il semble que le comte du Châtelet soit mon fils ? Il était pourtant né avant que je connusse sa mère [né le 20 novembre 1727]. Vraiment, ce serait là le dernier coup dans les circonstances où la fortune se plait à me placer. Plus je réfléchis sur cette complication d'infidélités et de dangers, plus je me dis qu'il faut me taire car si je crie : « On m'a volé, on m'a falsifié ! -Ah! Ah! me répondra-t-on, ces choses là sont donc de vous ! » Que faire donc encore une fois ? Ne se plaindre de personne pour ne point faire de nouveaux ennemis ; mieux serrer ses papiers, ; condamner hautement des chapitres détestables auxquels il est impossible qu'un homme instruit et qui sait un peu écrire ait la moindre part.


Peut-être faudra-t-il un jour engager doucement l'infidèle [®®®] à rendre d'autres papiers plus importants, dont il s'est emparé [®®®®]. Mais je suis très sûr qu'à présent il ne faut pas le pousser à bout. Il faut même avoir pitié de lui . M. le duc de Choiseul lui ôterait la pension dont il l'honore et qui est sa seule ressource pour lui et pour sa femme. L'indiscrétion, la mauvaise éducation, la pauvreté et non la mauvaise volonté lui ont fait commettre une assez méchante action [®®®®®]. Ensevelissons-la dans le plus profond oubli. Il sera comme Crispin [personnage de valet peu scrupuleux, peut-être inventé par Raymond Poisson, ou alors celui de Le Sage dans Crispin rival de son maître], quelquefois honnête homme et quelquefois fripon. D'ailleurs je n'ai que ma certitude, mais nulle preuve que je puisse alléguer. Quand j'en aurais, je me tairais encore. Ce serait un fracas de tracasseries, une source d'horreurs qu'on ferait naître, si on laissait seulement tomber sur lui des soupçons. Tout cela est triste, me direz-vous. Oui, sans doute, mais il me semble qu'on peut s'en tirer avec son innocence, des amis, et un peu d'attention. Il me semble qu'on peut tout réparer en peu de temps [accréditer son reniement]; et qu'on a pris toutes les précautions nécessaires. MM. de Jaucourt et de Schomberg, favoris de M. le duc de Choiseul, lui ont écrit de Ferney sans même m'en prévenir. M. Marin parlera sans doute à M. de Sartines et monsieur le chancelier.


Votre neveu [d'Hornoy, conseiller au parlement] peut aisément désabuser ses confrères. Mon petit billet à M. Marin me paraît très convenable [®®®®®®]. On peut en faire cent copies. Il en faut surtout aux avocats généraux. Voilà, je crois, les emplâtres qu'on doit mettre sur les blessures que ma facilité et le hasard m'ont faites. J'ajuste sans peine l'affaire de la Duchesne [®®®®®®®].


J'espère qu'on n'annotera rien [®®®®®®®®]. Je n'aurais pas à présent de quoi me faire enterrer. Je prie Messieurs d'attendre. Bonsoir ma chère amie. J'oubliais de vous dire que j'ai fait pour M. d'Argental ce que j'ai pu [un prêt d'argent].


V. »

 


® Lettres de V* « à Mme de La Neuville, etc » que la veuve Duchesne a achetées, que « bonne imbécile » elle voulait imprimer, sur lesquelles elle avait « consulté Mme Denis » qui les avait envoyées à son oncle.


®® Ceux de l'Histoire du parlement que V* renie plus particulièrement ; cf. lettre à d'Alembert du 9 juillet.


®®® La Harpe .

V* dans sa précédente lettre à Mme Denis est plus précis : « Vous savez qu'on me vola beaucoup (de papiers) , vous n'ignorez pas qui me les vola. J'ai perdu un très gros manuscrit de recherches sur l'histoire de France dont je vois bien qu'on extrait tout ce qui regarde le parlement. Le voleur a compilé tout à sa mode... »


®®®® Sans doute s'agit-il d'un manuscrit de ses Mémoires qui avait disparu et qu'on accusera La Harpe d'avoir volé ; il ne le montrait à personne et il devait n'être imprimé qu'après sa mort et celle de Frédéric II.



®®®®® La Harpe a volé à coup sûr le deuxième chant de La Guerre civile de Genève, qu'il diffusa à Paris à l'automne 1767, ce qui mécontenta fort Théodore Tronchin (dont il était question dans ce chant) … et surtout provoqua le départ de Mme Denis (de Ferney) qui soutenait La Harpe ; cf. lettres de mars-avril 1768.


®®®®®® Le 19 juillet, à Marin : « … les derniers chapitres (de l'Histoire du parlement) (lui) ont paru aussi indécents que faux et mal écrits » et en relève quelques exemples de « mauvais style » et ne déduit qu'ils « ne paraissent pas de la m^me plume que les premiers », « ils sont si mauvais en tout sens qu'ils ne méritent pas qu'on les réfute » et conclu en affirmant que « rien ne peut égaler l'indignation où (il est) ».


®®®®®®® « l'affaire » du carton, à mettre dans La France littéraire où on lui attribuait un certain nombre d'œuvres qu'il désavoue, les unes à tort, d'autres à raison ; cf. lettre du 17 avril.


®®®®®®®® En vue d'une saisie ; il demandera le 24 juillet à Christin l'avocat, entre autres, si le Parlement de Paris peut décréter de prise de corps « un jeune homme » domicilié dans un parlement de province à qui on attribue sans preuves une histoire du parlement de Paris...

 


Indignation, dit-il ?

Indignation, j'écoute :

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Et maintenant c'est vous qui allez être indignés ?!

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25/07/2010 | Lien permanent

Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait l

... Ingambe, tout comme François Hollande, qui ne semble pas avoir les deux pieds dans le même sabot, et qui sera toujours alerte quand bien même il serait enquiquiné par l'UMP et consorts . Qu'il fasse un bon choix pour ses ministres .

 

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« A M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.

A Monrion, près Lausanne, ce 13 janvier [1756]

Vous me proposez, monsieur, les plus belles étrennes du monde je les accepte d'un grand cœur. Il n'y a point de Suisse dans les Treize Cantons 1 qui aime mieux l'histoire de France que moi et c'est vous qui me l'avez fait aimer. Vous avez la bonté de m'annoncer votre cinquième 2 édition , soyez sûr que vous verrez la trentième. Vous avez rendu un très-grand service au public, en augmentant d'un tiers un ouvrage si utile. Vous êtes d'ailleurs fort heureux qu'on ne vous vole point vos manuscrits, et qu'on ne vous les défigure pas. J'en connais de plus misérables 3.
Vous me demandez comment on peut m'envoyer mes étrennes ; très-aisément, en les mettant à la poste avec le contre-seing d'un de vos amis, et en me les adressant en droiture à Genève. Il est
vrai que je passe mon hiver dans mon ermitage auprès de Lausanne mais tout me vient par Genève, c'est la grande route. Après le don de votre excellent livre, le plus grand plaisir que vous puissiez me faire, c'est de dire à Mme du Deffand combien je m'intéresse toujours à elle. Je ne lui écris point, parce que, dans ma solitude, je n'ai rien de commun avec le monde. Je suis devenu Suisse et jardinier. Je sème et plante. Je n'oublie point les personnes auxquelles j'ai été attaché, mais je ne les ennuie point de mes inutiles lettres.
Je suis très-aise pour l'Académie des belles-lettres que vous remplissiez et que vous honoriez la place d'un théatin 4; je n'en savais rien. Je ne lis ni gazettes ni Mercures. Je ne sais plus l'histoire de mon siècle; et je n'ai guère de correspondance qu'avec le jardinier des Chartreux 5, quoique l'apparition de la Pucelle puisse faire penser que je suis en commerce avec leur Portier 6. Mme Denis vous fait mille compliments. Je me flatte que votre ami 7 n'a plus la goutte. Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait le pied emmaillotté.
Recevez ma très-sincère et très-tendre reconnaissance, et mon inviolable attachement.
J'ai eu l'honneur d'avoir un tremblement de terre dans mon ermitage des Délices. Si les îles Açores sont englouties, comme on l'assure, je me range du sentiment de M. de Buffon.8 »


 

1 En 1815 la Confédération helvétique sera composée de vingt-deux cantons, actuellement 26 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Suisse

2 Cette édition (1756, 2 vol. in-8°) de l'Abrégé chronologique, dont la huitième parut du vivant de Hénault, était dédiée à Marie Leckzinska, et portait, pour la première fois le nom du président.

3 Dernier vers du sonnet de Benserade sur Job. Voir : http://www.bmlisieux.com/curiosa/benserad.htm

4 Voir : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/th%C3%A9atin/77672

Jean-François Boyer, évêque de Mirepoix, décédé le 20 août 1755 a été remplacé par le président Hénault à l'Académie royale des Inscriptions et des belles lettres ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_membres_de_l%27Acad%C3%A9mie_des_inscriptions_et_belles-lettres

5 Dans le volume publié en 1820, Mme de Graffigny qui vécut six mois à Cirey, écrit sous le titre de Vie privée de Voltaire et de Mme du Châtelet, et page 2978, il est parlé d'un jardinier à qui Voltaire a écrit une trentaine de lettres. (CL.) . Voir : http://books.google.fr/books?id=tDYHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=jardinier&f=false

7 Le comte d'Argenson, ministre de la guerre.

8 Face au mythe de l'Atlantide, Buffon veut prouver que ce continent a existé et que les Açores en sont la trace .

 

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08/05/2012 | Lien permanent

on a oublié tout net les petits appartements commodes pour les amis . Je vais remédier sur le champ à ce défaut abominab

 Rédigé le 28 juin 2011 pour parution le 27 février 2011 .

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Les Délices et leur gardien en décembre 2010 .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

 

A Prangins 27 février 1754

au pays de Vaud

 

Ainsi donc, mon ancien ami, vous viendrez par le coche comme le gouverneur de Notre-Dame de la Garde 1. Vous n'irez point en cour, mais bien dans le pays de la tranquillité et de la liberté . Si je suis à Prangins vous serez dans un grand château ; si je suis chez moi 2, vous ne serez que dans une maison jolie, mais dont les jardins sont dignes des plus beaux environs de Paris . Le lac de Genève, le Rhône qui en sort, et qui baigne ma terrasse, n'y font pas un mauvais effet . On dit que la Touraine ne produit pas de meilleurs fruits que les miens, et j'aime à le croire . Le grand malheur de cette maison c'est qu'elle a été bâtie apparemment par un homme qui ne songeait qu’à lui, et on a oublié tout net les petits appartements commodes pour les amis . Je vais remédier sur le champ à ce défaut abominable . Si vous n'êtes pas content de cette maison, je vous mènerai à une autre que j'ai auprès de Lausanne 3, bien entendu qu'elle est aussi sur les bords du grand lac . J'ai acquis cet autre bouge dans un esprit d’équité . Quelques amis que j'ai à Lausanne 4, m'avaient engagés les premiers à venir rétablir ma santé dans ce bon petit pays romand ; ils se sont plaints avec raison de la préférence donné à Genève, et pour les accorder j'ai pris encore maison à leur porte . . Vous trouverez plus de bouillon que n'en avait le président Montesquieu 5. Le hasard qui m'a bien servi depuis quelque temps, m'a donné un excellent cuisinier ; mais malheureusement je ne l'aurai plus aux Délices ; il reste à Prangins où il est établi ; je ne m'en soucie guère mais Mme Denis qui est très gourmande en fait son affaire capitale . Je n'aurai ni Castel, ni Neuville, ni Routh 6 pour m'entendre en confession, mais je me confesserai à vous, et vous me donnerez mon billet . Mme la duchesse d'Aiguillon, la sœur du pot des philosophes 7, ne me fournira ni bonnet de nuit, ni seringue . Je suis très bien en seringues et en bonnets ; elle aurait bien dû fournir à l'auteur de L'Esprit des lois de la méthode, et des citations justes . Ce livre n'a jamais été attaqué que par les côtés qui font sa force ; il prêche contre le despotisme, la superstition et les traitants . Il faut être bien mal avisé pour lui faire son procès sur ces trois articles . Ce livre m'a toujours paru un cabinet mal rangé avec de beaux lustres de cristal de roche ; je suis un peu partisan de la méthode, et je tiens que sans elle aucun grand ouvrage ne passe à la postérité .

 

Venez, mon cher et ancien ami . Il est bon de se retrouver le soir après avoir couru dans cette journée de la vie .

 

V. »


1 En réponse à une citation de Thieriot ; allusion au Voyage de messieurs de Bachaumont et de Chapelle, dont on vient de rééditer les Œuvres . Page 90 : http://fr.wikisource.org/wiki/Voyage_de_Chapelle_et_de_Ba...

2 Aux Délices ; voir lettre du 13 février à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/13/j...

3 A Montriond .

4 Polier de Bottens et de Brenles, notamment l'invitaient alors qu'il était en Alsace ; voir lettre du 7 mai 1754 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/e...

5 Montesquieu est mort le 10 février .

6 Ces trois jésuites avaient « assiégé » Montesquieu mourant .

7 Elle était au chevet de Montesquieu et demanda à V* une épitaphe , qui ne la fit pas ; les « sœurs du pot » sont des religieuses qui vivent en communauté et soignent les malades .

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27/02/2011 | Lien permanent

les polissons qui, de leur grenier, gouvernent le monde avec leur écritoire, sont la plus sotte espèce de tous ; ce sont

... Le plus bel exemple étant évidemment celui d'Eric Zemmour ; plus minable et plus vain que lui, tu meurs ! Mélenchon , grand scribouillard devant l'éternelle ( République ) fait lui aussi un dindon plausible . Ils devraient se méfier, le passage des fêtes de Noël est un écueil reconnu pour leur espèce .

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

9è février 1767, à Ferney

Ayant été mort, monseigneur, et enterré environ cinq semaines dans les horribles glaces des Alpes et du mont Jura, il à fallu attendre que je fusse un peu ressuscité pour remercier Votre Éminence de ce qu’elle aime toujours ce que vous savez, c’est à dire les belles-lettres, et même les vers, et qu’elle daigne aussi aimer ce bon vieillard qui achève sa carrière

Œbaliæ sub montibus altis 1.

Je vous réponds qu’il a profité de vos bons avis, autant que ses forces ont voulu le lui permettre. Je crois que je dois dire à présent :

claudite jam rivos, pueri ; sat prata biberunt. 2

N’êtes-vous pas bien content du discours de notre nouveau confrère M. Thomas ? Son prédécesseur, Hardion 3, n’en aurait point autant fait.

J’ai chez moi M. de La Harpe, qui est haut comme Ragotin, mais qui a bien du talent en prose et en vers. Je corromps la jeunesse tant que je puis ; il a fait un discours sur la guerre et sur la paix 4 qui a remporté le prix d’une voix unanime. Si Votre Éminence ne l’a pas lu, elle devrait bien le faire venir de Paris . Elle verrait qu’on glane encore dans ce siècle après la moisson du siècle de Louis XIV. Nous cultivons ici les lettres au son du tambour ; nous faisons une guerre plus heureuse que la dernière ; le quartier général est souvent chez moi. Nous avons déjà conquis plus de cinq pintes de lait que nos paysannes allaient vendre à Genève. Nos dragons leur ont pris leur lait avec un courage invincible ; et comme il ne faut pas épargner son propre pays quand il s’agit de faire trembler le pays ennemi, nous avons été à la veille de mourir de faim.

Ayez la bonté de faire dire quelques prières dans vos diocèses pour le succès de nos armes, car nous combattons les hérétiques, et je hais ces maudits enfants de Calvin, qui prétendent, avec les jansénistes, que les bonnes œuvres ne valent pas un clou à soufflet. Je ne suis point du tout de cet avis . Je voudrais qu’on eût envoyé contre ces parpaillots un régiment d’ex-jésuites au lieu de dragons.

Tout ce que dit Votre Éminence sur les prétentions est d’un homme qui connaît bien son siècle et le ridicule des prétendants. Cela mériterait une bonne épître en vers ; et si vous ne la faites pas, il faudra bien que quelque inconnu la fasse, et la dédie à un homme titré et illustre, sans le nommer. Mais faudra-t-il dans cette épître passer sous silence ceux de vos confrères 5 qui font des mandements dans le goût des Femmes savantes de Molière, et qui, au nom du Saint-Esprit, examinent si un poète doit écrire dans plusieurs genres où dans un seul, et si La Mothe et Fontenelle étaient autorisés à trouver des défauts dans Homère ? Les femmes petits-maîtres pourraient bien aussi trouver leur place dans cette petite diatribe ; on remettrait tout doucement les choses à leur place. J’avoue que les polissons qui, de leur grenier, gouvernent le monde avec leur écritoire, sont la plus sotte espèce de tous ; ce sont les dindons de la basse-cour qui se rengorgent. Je finis en renouvelant à Votre Éminence mon très tendre et profond respect pour le reste de ma vie.

V. »

1 Virgile, Georgiques., IV, v. 125. : au pied des hautes montagnes d'Obalie [Tarente]. Il y a dans Virgile :

Œbaliæ sub turribus altis. : Sous les hautes tours d'Oebalia.

2Virgile, Bucoliques, III, v. 111 : enfants, bouchez les ruisseaux, les prés ayant assez bu.

3 Voir lettre du 20 décembre 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/20/m-6372387.html

5 Lefranc de Pompignan, évêque du Puy.

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17/06/2022 | Lien permanent

On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation.

 Cette phrase, comme bien d'autres sorties de leur contexte, semble admirablement s'appliquer à l'actualité, et pourtant elle est de 1759 !

Les charlatans qui font de Nostradamus et Elisabeth Tessier leurs garants, leurs maitres, ne manqueront pas, -je le leur demande-, de reconnaitre en Volti un prophète exceptionnel ! ou alors c'est à désespérer de la bonne foi de ces gourous à deux sous !

caillou archaeocyathenormandie.jpg Pour trouver un tel "caillou" il faut aller en Normandie, mon cher Volti, point d'Elbe, ni de Tamise ...

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Connaissez-vous l'Abbé Caillou ? http://www.deezer.com/listen-5106405

http://www.deezer.com/listen-7438814 petit comme un ca.....

Mais connaissez-vous, par contre, Alphonse du gros caillou ? Non ? alors je vous le présente : http://www.deezer.com/listen-6110380 et j'en reste là pour ce jour . 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Aux Délices 30 novembre [1759]

 

Mon adorable ange, je vois bien par votre lettre que M. le duc de Choiseul est encore plus estimable que je ne croyais ; je vois sa franchise noble et digne d'un meilleur temps, et surtout je vois que son cœur est digne de vous aimer. Il vous a mis au fait de tout i. Il ne peut assurément mieux placer sa confiance. Je lui envoie aujourd'hui un gros paquet de Luc ii. Peut-être avec le temps on tirera quelque avantage des lettres que je fais passer. Je ne suis point jaloux du roi d'Espagne iii. S'il fait la paix, moi Jodelet, je ne vais point sur les brisées de Sa Majesté Catholique . Sérieusement , mon cher ange, je n'ai aucune envie de me faire de fête. J'ai seulement rêvé que pouvant aller souvent chez l'Électeur palatin qui daigne m'aimer un peu, et chez Mme la duchesse de Gotha, et même à Londres, où l'on m'a invité vingt fois, je pourrais dans l'occasion faire passer au ministre un compte fidèle de ce que j'aurais vu et entendu iv. Je me flatte que M. le duc de Choiseul ne me prend pas pour un alte succinctus v qui cherche pratique. Je suis frappé de nos malheurs et s'il s'agissait de m'arracher à ma charmante retraite pour aller ramasser quelque caillou qui pût servir parmi les fondements qu'on cherche pour établir l'édifice de la paix, j'aurais été chercher ce caillou dans l'Elbe ou dans la Tamise. Mais, Dieu merci je serai inutile, et je ne quitterai probablement pas mes étables, ma bergerie et mon cabinet. Permettez-moi de laisser dormir mes chevaliers vi jusqu'en janvier . Pour les oublier mieux vii, je me mets au second volume de Pierre le Grand . Le Prut viii, Catherine orpheline gouvernant un empire, un fils condamné par son père et par quatre-vingts juges dont la moitié ne savait pas signer son nom ix, feront une diversion qui vaudra les neuf années d'Horace x. On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation xi. On ne fera point la guerre l'hiver, on courra aux spectacles, et la chevalerie pourra vous égayer ce carême.

 

Je pense que c'était l'abbé du Resnel à gouverner nos finances plutôt qu'à Silhouette, car celui-ci n'a traduit Pope et le Tout est bien qu'en prose, et l'abbé l'a traduit en vers. Mais j'aimerais encore mieux Martin xii le manichéen .

 

De grâce, mon respectable ami, dites-moi si les effets publics reprennent un peu de faveur. J'ai quatre-vingts personnes à nourrir .

 

Est-il vrai que M. d'Armentières a été battu xiii, est-il vrai que les flottes se battent xiv? Je croyais que la flotte de M. le maréchal de Conflans allait à la Jamaïque. J'ai peur que tout n'aille aux diables sur mer et sur terre. La paix, la paix, mon divin ange.

 

V. »

 

i V*, une fois de plus, sert d'intermédiaire entre la France et la Prusse, depuis septembre, dans des négociations de paix secrètes. Il fait passer les lettres écrites suivant les instructions du ministère par le truchement de la Duchesse de Saxe-Gotha à qui il adresse des billets d'accompagnement codés ; cf. lettre du 26 janvier 1760 : par exemple « la belle » ou « la coquette » désignent Frédéric !

ii Choiseul le remerciera le 20 décembre de la communication de « deux lettres de Luc, une du 12 novembre et l'autre du 21 » ; il écrira : « J'ai montré votre lettre (celle du 30 novembre) au roi et à sa société ; je les ai fort assurés que j'avais trouvé le pupitre, qu'il ne restait plus qu'à trouver le traité à signer dessus une base si agréable. » La lettre du 21 était arrivée par l'intermédiaire de la duchesse de Saxe-Gotha.

iii Choiseul proposait une médiation de l'Espagne.

 

iv C'est par l'intermédiaire de d'Argental que V* avait proposé ses services à Choiseul vers le 15 novembre.

 

v « qui a son vêtement retroussé haut » comme le sont les serveurs d'Horace dans les Satires, à savoir remuants, voire intrigant comme l'altecinctus de Phèdre.

 

vi Tancrède.

vii Par habitude, V* prend du recul : « ces ouvrages gagnent à se reposer » dit-il ans une lettre du 20 juillet.

viii Le Pruth, rivière célèbre par la mauvaise campagne de Pierre le Grand contre les Turcs.

ix Le 22 novembre, V* écrit à Schouvalov : « La triste mort du czarovits m'embarrassera un peu. Je n'aime pas à parler contre ma conscience, l'arrêt de mort m'a toujours paru trop dur ... Je tâcherai de me tirer de ce pas glissant en faisant prévaloir dans le cœur du czar l'amour de la patrie sur les entrailles du père. »

x A propos de Tancrède, il écrit le 24 novembre : « Horace veut qu'on tienne son affaire enfermée neuf ans »

xi Bertin, le 23 novembre vient de remplacer le contrôleur Silhouette qui avait fait enregistrer par lit de justice le 20 septembre l'Édit de subvention qui taxait les riches ; il avait dû suspendre les remboursements le 21 octobre . V* dira de Silhouette le 3 décembre : « il a voulu gouverner en temps de guerre comme à peine on pourrait le faire en temps de paix ... il a ruiné le crédit dont il avait besoin . Ses idées m'ont paru très belles, mais employées très mal à propos ... il a fait tout le contraire de ce qu'on fait à Londres. » Le 12, il soupçonnera certains financiers à qui il « voulait faire rendre gorge » de l'avoir « culbuté ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_de_Silhouette...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_L%C3%A9onard_Jean_Bapt...

 

xii En rapport avec Candide.

xiii Louis de Conflans, marquis d'Armentières abandonne, sur ordres supérieurs, Munster le 23 novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Conflans_d'Armenti%...

 

xiv Hubert de Conflans est battu sur mer le 20 novembre par l'amiral anglais Hawke dans la baie du Morbihan.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_de_Brienne_de_Conflan...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Hawke

 

Et pour vous raccompagner :  Le roi caillou : http://www.deezer.com/listen-7557796

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30/11/2010 | Lien permanent

Mon âme recommanda à mon corps de la suivre aux États . J'allai à Gex

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 http://www.deezer.com/listen-2571853 : Yedid nefesh !

http://www.deezer.com/listen-894819 : Je n'ai que mon âme ! Dédié à Mam'zelle Wagnière .

 http://www.deezer.com/listen-2703589 : La couleur de mon âme ! LES couleurs ... de cette partie de nous-même que l'on dit éternelle .

 Si mon âme en partant : http://www.deezer.com/listen-229965 

J'ai vendu mon âme au diable : http://www.deezer.com/listen-4868416 ; marché de dupe !

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

 

A Ferney 14è décembre 1775

 

Je n'ai point encore eu un plus beau sujet d'écrire à notre protectrice i. C'était mardi, douzième du mois, que je devais lui mander notre triomphe sur ceux qui s'opposaient au salut du pays, et qui avaient mis les prêtres dans leur parti. Mon âme recommanda à mon corps de la suivre aux États . J'allai à Gex tout malingre et tout misérable que j'étais. Je parlai, quoique ma voix fût entièrement éteinte. Je proposai au clergé d'accepter la bulle Unigenitus de M. Turgot, c'est-à-dire la taxe de trente mille livres ii, purement et simplement, avec une reconnaissance respectueuse. Tout fut fait, tout fut écrit comme je le voulais . Mille habitants du pays étaient dans les environs aux écoutes, et soupiraient après ce moment comme après leur salut malgré les trente mille livres. Ce fut un cri de joie dans toute la province. On mit des cocardes à nos chevaux, on jeta des feuilles de laurier dans notre carrosse. Nos dragons accoururent en bel uniforme, l'épée à la main. On s'enivra partout à votre santé, à celle de Turgot et de M. de Trudaine. On tira nos canons de poche toute la journée iii.

 

Je devais donc, Madame, vous écrire tout cela le mardi ; mais il fallut travailler à mille détails attachés à la grande opération. Il fallut envoyer des paquets à Paris. J'étais excédé, et je m'endormis. Ma lettre ne partira donc que demain vendredi 15è du mois. Et vous verrez par cette lettre qu'il n'y a point de joie pure dans ce monde, car pendant que nous passions doucement notre temps à remercier monsieur Turgot, et que toute la province était occupée à boire, les pandoures de la ferme générale, qui ne doivent finir la campagne qu'au 1er janvier, avaient des ordres secrets de nous saccager. Ils marchaient par troupes au nombre de cinquante, arrêtaient toutes les voitures, fouillaient dans toutes les poches, forçaient toutes les maisons, y faisaient le dégât au nom du Roi et obligeaient tous les paysans à se racheter pour de l'argent. Je ne conçois pas comment on n'a point sonné le tocsin contre eux dans tous les villages, et comment on ne les a point exterminés. Il est bien étrange que la ferme générale, n'ayant plus que quinze jours pour tenir leurs troupes chez nous en quartier d'hiver, ait pu leur permettre et même leur ordonner des excès si punissables. Les honnêtes gens ont été très sages, et ont contenu le peuple qui voulait se jeter sur ces brigands comme sur des loups enragés.

 

Puisse monsieur Turgot nous délivrer de ces monstres pour nos étrennes, comme il nous l'a promis.

 

Le palais Dauphin iv est bien loin d'être couvert. M. Racle nous avait flattés qu'il le serait au 1er novembre, mais tout s'est borné à des préparatifs, et à la piquer à coups de marteau de grandes pierres de roche, qui à mon gré ne conviennent point du tout à une maison de campagne. Il en a fini entièrement une pour lui, qui contient de grands magasins, et des appartements commodes, et qui coûte quatre fois moins. Tout le monde est persuadé que notre petit pays va s'enrichir et se peupler v. On s'empresse à me demander des maisons à toute heure. Mais je ne bâtis pas comme Amphion, et je n'ai plus de lyre. Tout va bientôt me manquer, mais j'aurai au moins achevé à peu près mon ouvrage, et je mourrai avec la consolation d'avoir été encouragé par vous.

 

Permettez-moi, Madame, de présenter mon respect à monsieur votre frère vi, et agréez l'attachement inviolable de votre protégé V, qui est à vous jusqu'à son dernier soupir. »

 

i Protectrice du pays de Gex, elle utilise ses relations pour aider V* à obtenir la liberté de commerce dans ce pays.Elle (1730-1820) a épousé François-David Bollioud de Saint-Julien, baron d'Argental (1713-1788), en 1754.

 

ii Chiffre fixé par Turgot pour le rachat du monopole des fermiers généraux ; cf. lettre du 8 décembre à Turgot.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/08/q...

 

iii Hennin, résident de France à Genève, le 19 décembre, donnera à Vergennes le détail de ce qui fut un jour de triomphe pour V* : quand il arriva aux États «  tout le monde se rangea autour de lui » ; le député du clergé le remercia ...; on adopta les conditions à l'unanimité ; ensuite « on pria M. de Voltaire d'aider les États de ses conseils dans la répartition de l'impôt et de continuer à s'occuper des avantages du pays dont il faisait le bonheur » ; à sa sortie le peuple rassemblé cria : « Vive le roi ! Vive M. de Voltaire ! », « orna ses chevaux de lauriers et de fleurs » ...; « il fut escorté par sa bourgeoisie de Ferney à cheval ; dans tous les villages où il passa mêmes acclamations, même profusion de lauriers » ; Hennin conclut : « Pour l'homme le plus sensible au bonheur de ses semblables, et à sa gloire personnelle, c'eût été certainement une journée bien brillante ; à plus forte raison pour M. de Voltaire qu'on peut dire qui réunit à l'excès ces deux sentiments »

 

iv Maison que Mme de Saint Julien se faisait construire et qui s'écroulera avant d'être finie.

 

v Ce qu'écrit effectivement le résident Hennin à Vergennes.

 

vi Le marquis de La Tour du Pin, devenu marquis de Gouvernet commandant de Bourgogne.

 

 

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14/12/2010 | Lien permanent

on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers

... Fabrice Di Vizio, avocat borné et menteur, est un de ces malfaisants, avocat des "antivax" ( et bien entendu un chouchou de Cyril Hanouna qui se croit génial de mettre en lumière des minus habens de son niveau ) : https://www.la-croix.com/France/Lavocat-anti-vaccins-Fabrice-Di-Vizio-juge-pairs-2022-09-27-1201235148

et https://actu.orange.fr/societe/videos/opposition-au-pass-sanitaire-et-a-la-vaccination-six-mois-d-interdiction-d-exercer-la-profession-d-avocat-dont-trois-fermes-requis-contre-me-fabrice-di-vizio-CNT000001SUpFl.html

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

11è Avril 1767 

Je reçois deux lettres bien consolantes de M. d’Argental et de M. de Thibouville, écrites du 2 d’avril. Ma réponse est qu’on s’encourage à retoucher son tableau, lorsqu’en général les connaisseurs sont contents, mais qu’on est très découragé quand les faux connaisseurs et les cabales décrient l’ouvrage à tort et à travers . Alors on ne met de nouvelles touches que d’une main tremblante, et le pinceau tombe des mains.

Vous me faites bien du plaisir, mon cher ange, de me dire que mademoiselle Durancy a saisi enfin l’esprit de son rôle, et qu’elle a très bien joué ; mais je doute qu’elle ait pleuré, et c’était là l’essentiel . Madame de La Harpe pleure.

Je vais écrire à M. le maréchal de Richelieu 1, qui ne fait que rire de toutes les choses qui sont très essentielles pour les amateurs des beaux-arts, et je lui parlerai de mademoiselle Durancy comme je le dois. Mais vous avez à Paris M. le duc de Duras, qui a du goût et de la justice. Je suppose, mon cher ange, que vous avez raccommodé la sottise de Lacombe. Vous me demandez pourquoi j’ai choisi ce libraire : c’est qu’il avait rassemblé il y a deux ans, avec beaucoup d’intelligence, quantité de choses éparses dans mes ouvrages, et qu’il en avait fait une espèce de Poétique 2 qui eut assez de succès.

Il m’écrivit des lettres fort spirituelles. Je ne savais pas qu’il fût lié avec Fréron. Il me semble qu’il en a agi comme les Suisses, qui servaient tantôt la France et tantôt la maison d’Autriche. Enfin il me fallait un libraire, et j’ai préféré un homme d’esprit à un sot.

Il faut vous dire encore que, lorsque je lui envoyai la pièce à imprimer, mon seul but était de faire connaître aux méchants, et à ceux qui écoutent les méchants, qu’un homme occupé d’une tragédie ne pouvait l’être de toutes les brochures qu’on m’attribuait. Vous savez bien que je voulais prouver mon alibi.

A présent que je suis un peu plus tranquille et un peu plus rassuré contre la rage des Velches, j’ai revu les Scythes avec des yeux plus éclairés, et j’y ai fait des changements assez importants. Je crois que la meilleure façon de vous faire tenir toutes ces corrections éparses est de les rassembler dans le volume même ; j’y ferai mettre des cartons bien propres, afin de ménager vos yeux.

J’attends l’édition de Lacombe, pour vous renvoyer deux exemplaires bien corrigés. Mais croirez-vous bien que je n’ai pas cette édition encore ? La communication interrompue entre Lyon et mon petit pays me prive de tous les secours. J’ai vingt ballots à Lyon, qui ne m’arriveront probablement que dans trois mois. Je ne sais pas pourquoi je ris de la guerre de Genève, car elle me gêne infiniment, et me rend l’habitation que j’ai bâtie insupportable.

Si je ne puis avoir l’édition de Lacombe, je me servirai de celle des Cramer, quoiqu’elle soit déjà chargée de corrections qui font peine à la vue.

Quand vous aurez la pièce en état, je vous demanderai en grâce qu’on la joue deux fois après Pâques, en attendant Fontainebleau. Une fois même me suffirait pour juger enfin de la disposition des esprits, qu’on ne peut connaître que quand ils sont calmés.

Peut-être le rôle d’Athamare n’est pas trop fait pour Lekain. Il faudrait un jeune homme beau, bien fait, passionné, pleurant tantôt d’attendrissement et tantôt de colère, n’ayant que des paroles de feu à la bouche dans sa scène avec Obéide au troisième acte ; point de lenteur, point de gestes compassés.

Il faudrait d’autres vieillards que Dauberval, il faudrait d’autres confidents ; mais le spectacle de Paris, le seul spectacle qui lui fasse honneur dans l’Europe, est tombé dans la plus honteuse décadence, et je vous avoue que je ne crois pas qu’il se relève.

M. de La Harpe était le seul qui pût le soutenir ; le mauvais goût et les mauvaises intentions l’effraient. Il n’a rien, il n’a été que persécuté ; il pourra bien renoncer au théâtre, et passer dans les pays étrangers.

Vous me parlez des caricatures que vous avez de ma personne. Je n’ai jamais eu l’impudence d’oser proposer à quelqu’un un présent si ridicule. Je ne ressemble point à Jean-Jacques, qui veut à toute force une statue 3. Il s’est trouvé un sculpteur, dans les rochers du mont Jura, qui s’est avisé de m’ébaucher de toutes les manières . Si vous m’ordonnez de vous envoyer une de ces figures de Callot 4, je vous obéirai.

Je vous assure que je suis très affligé de n’être sous vos yeux qu’en peinture.

Mlle Saint-Val, comme je vous l’ai dit, me demande à jouer Olympie. Si elle a ce qu’on n’a plus au théâtre, c’est-à-dire des larmes : de tout mon cœur.

Vous trouvez qu’on peut faire un partage des autres pièces entre Mlle Dubois et Mlle Durancy . Votre volonté soit faite.

Je compte qu’une grande partie de cette lettre est pour M. Thibouville aussi bien que pour mes anges. J’obéirai d’ailleurs aux ordres de M. de Thibouville, à la première occasion que je trouverai.

Je me mets aux pieds de madame d’Argental. »

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28/09/2022 | Lien permanent

Le grand point est de voir les choses comme elles sont, d'oublier l'auteur, et de ne juger que l'ouvrage

... Ça , c'est la situation idéale , avec un auteur qui a un programme de gouvernement bénéfique à la majorité du peuple . Et non pas seulement une succession de dictats destructeurs promulgués par des partis extrêmistes . A tous ceux qui, aveuglément, veulent voter pour les dits partis détestables pour la seule raison qu'on "ne les a encore jamais essayés!", je dis "Essayez la roulette russe avec six balles dans le barillet !" pour voir si vous pouvez en réchapper . Allez-y, votez n'importe comment, partez en vacances, et profitez-en, ce seront peut-être les dernières .

 

 

« A Marie-Louise Denis

23è décembre 1768

En réponse à votre lettre du 16, ma chère nièce, vous saurez que vous avez dû recevoir Empereurs et Marseillais par l'ami Marin .

Vous devez avoir reçu aussi deux grands paillards pour le drame intitulé désormais Les Deux Frères . Trois actes entiers remplis d'adoucissements sont parvenus sans doute aux deux anges par M. le duc de Praslin . Un petit contraste entre les bons et les mauvais prêtres de l'Antiquité n'a pas été oublié . Il ne reste pas à présent le moindre prétexte à la malignité . Il faut que vous encouragiez Marin . S'il pouvait oublier un moment qu'on a nommé un autre que La Touche, il n'aurait nulle crainte . Mais sachant malheureusement que le diable a fait cette bonne œuvre, il voit sa griffe partout et j'ai peur même que les anges ne soient imbus de ce préjugé . Le grand point est de voir les choses comme elles sont, d'oublier l'auteur, et de ne juger que l'ouvrage .

Nous parlerons une autre fois du Duc de Bénévent . Ce petit duc doit céder à un empereur de Rome .

Il est fort difficile de trouver un A.B.C. . Cet ouvrage traduit de l'anglais par un nommé Chiniac 1 , a été imprimé à Bâle . Il y en a fort peu d'exemplaires à Genève. L'ouvrage me paraît beaucoup trop hardi pour la France, et je ne conçois pas comment on a pu en laisser entrer des exemplaires .

Au reste, il y a six ans que le livre est imprimé ; car le titre porte 1762 ; comment peut-on avoir l'injustice absurde de me l'imputer ? Vous sentez combien il est impossible de j'aie fait à la fois les Siècles de Louis XIV et de Louis XV, une tragédie, un tome tout entier à l'Histoire générale, et ce terrible A.B.C. L'homme le plus robuste ne pourrait suffire à tant d'ouvrages, et vous savez quelle est ma mauvaise santé dans un âge très avancé . La considération de cet âge doit fermer la bouche à mes calomniateurs ; et je suis persuadé que vous leur imposerez silence .

Je pleure amèrement Damilaville ; la nature avait fait cet homme-là pour moi . J'imaginais même qu'il viendrait se retirer à Ferney . Le voilà mort, il ne sera jamais remplacé. Si Diderot a toutes mes lettres ne serait-il pas honnête qu'il vous les remit entre les mains ?

Je suis fort fâché que le roi de Danemark ait été dans l'écurie de la Sorbonne . Pourquoi voir des ânes quand on a vu des chevaux d'Espagne ?

Le frère de la Présentation me paraît fort inutile . On est assez actuellement dans le goût de retrancher les cérémonies . Celle-ci surtout est très ridicule.

Le Châtelard devient un endroit charmant, mais la maison Racle devient plus invendable que jamais . Le séjour des troupes surtout est un obstacle invincible . Elles ont fait un mal irréparable à ce pauvre petit canton . Si elles reviennent, je pourrai bien m'en aller . Je ne sais ce que deviendra Versoix . Il a fallu que Racle donnât cinquante louis à un secrétaire de l'intendant ; Fabry qui n'oublie rien, en a voulu avoir aussi cinquante ; il a fallu les donner . Si tout se traite ainsi, il en coûtera des sommes immenses au patron, et rien de s'achèvera .

Le pain n'a jamais augmenté dans notre petit pays barbare, tout y est toujours sur le même pied, il faut toujours s'adresser à Genève pour se nourrir et se vêtir . La nature a voulu que ce canton fut pauvre et sot ; elle a été parfaitement obéie .

Vous ne me mandez point si votre sœur est revenue . Je n'ai point reçu encore la lettre de M. Dupuits . Je lui fais mille compliments ainsi qu'à sa chère petite femme . Je vous embrasse avec la plus vive et la plus inaltérable tendresse . »

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30/06/2024 | Lien permanent

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