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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Non, madame, mon cœur n’a pas renoncé au genre humain, dont vous êtes une très aimable partie... vous seule, madame, me

... Hélas, je ne dois parler de vous, physiquement, qu'au passé chère Mam'zelle Wagnière - LoveVoltaire mais vous continuez à m'inspirer et soutenir au fil des jours de ce blog voltairien : merci pour tout .

 

 

« A Anne-Madeline-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

À Ferney, 30 septembre 1768

Si madame papillon-philosophe garde les secrets aussi bien que les paquets, je me confesserai à elle à Pâques. Non, madame, mon cœur n’a pas renoncé au genre humain, dont vous êtes une très aimable partie. Je suis vieux, malade et dégoûtant, mais je ne suis point du tout dégoûté ; et vous seule, madame, me réconcilierez avec le monde.

Voici le secret dont il s’agit. Mme Denis m’a mandé qu’un jeune homme a tourné en opéra-comique 1 un certain conte intitulé L’Éducation d’un Prince . Je n’ai point vu cette facétie, mais elle prétend qu’elle prête beaucoup à la musique. J’ai songé alors à votre protégé, et j’ai cru que je vous ferais ma cour en priant Mme Denis d’avoir l’honneur de vous en parler. Tout ce que je crains, c’est qu’elle ne se soit déjà engagée. Ne connaissant ni la pièce ni les talents des musiciens, j’ai saisi seulement cette occasion pour vous renouveler mes hommages. L’état triste où je suis ne me permet guère de m’amuser d’un opéra-comique. Il y a loin entre la gaieté et moi ; mais mon respectueux attachement pour vous, madame, ne vieillira jamais, et rien ne contribuera plus à me faire supporter ma très languissante vie que la continuation de vos bontés.

J’ignore en quel endroit M. le chevalier de Pezay prend actuellement le bain avec Zélis 2. S’il s’est toujours baigné depuis qu’il vous remit cette affaire entre les mains, il doit être fort affaibli.

Vous tirez toujours des perdrix, sans doute, et vous n’êtes pas une personne à tirer votre poudre aux moineaux. Rassemblez le plus de plaisir que vous pourrez, et soyez heureuse autant que vous méritez de l’être.

Agréez, madame, mon tendre respect.

V. »

1 Le Baron d’Otrante, que Voltaire, l'auteur, avait envoyé à Grétry ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/583

Ce baron est un personnage de L’Éducation d'un prince qui ne se confond pas avec la dialogue du même nom de Marivaux . Voir lettre du 15 octobre 1768 à Mme Denis, ainsi que Pierre Long des Clavières, La Jeunesse de Grétry, 1921.

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12/04/2024 | Lien permanent

Si vous réussissez, vous serez immortalisée chez les Guèbres comme chez les Arabes

... A différents titres, c'est sûr, Mme Marine Le Pen qui faites campagne présidentielle sous couvert de législatives européennes ; continuez à ce rythme et sur ce ton et mentez tant que vous pouvez, vous ne manquez pas de partisans ébaubis . Continuez à fuir la justice,  vous qui osez jouer à la salvatrice du pays dans le même temps que vous piochez illégalement dans les caisses de l'Etat pour renflouer votre sale parti .

Voir : https://www.francetvinfo.fr/politique/marine-le-pen/

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Reine des faux-jetons

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère près du Rempart, vis-à-vis l'hôtel des Menus

à Paris

Je vous ai envoyé , ma chère nièce, au 1er du mois un paquet par M. de Chennevières comme vous me l'aviez recommandé expressément . Je vous en donnai avis par une lettre particulière adressée rue Bergère, et en cas d'absence chez M. d'Hornoy . Je n'ai eu de réponse ni de vous ni de M. de Chennevières, et j'ignore encore si le dérangement des postes causé par l'arrangement de Versoix n'a pas nui à mon paquet .

Je vous ai écrit aussi au sujet de Mme de Saint-Julien . Mandez-moi, je vous prie, si vous avez reçu mon paquet et mes deux lettres . Je soupçonne que les embarras de votre nouvel établissement ne vous ont pas encore permis de m'en donner des nouvelles . Instruisez-moi aussi des marches de l'abbé Mignot . Est-il encore à Hornoy ? Est-il à Paris ? Je lui dois une réponse et je ne sais où l'adresser . Je souhaite aux autres provinces de la France un meilleur temps que celui du petit pays de Gex . La terre est imbibée d'eau, on ne peut semer, les maladies règnent . Vous mourriez d'ennui et de rhumatismes à Ferney . Il n'y a qu'un travail assidu qui puisse faire supporter la vie, et c'est ma seule ressource .

J'imagine que vous attendez Lekain pour prendre une résolution au sujet de la pièce de Linan 1 . Je crois cette affaire plus délicate encore que celle de Mahomet . Si vous réussissez, vous serez immortalisée chez les Guèbres comme chez les Arabes .

Ma lettre est courte, mais ma tendresse pour vous sera aussi longue que ma vie . J'ai vingt lettres à répondre aujourd’hui . Je vous embrasse bien tendrement .

V.

15è octobre 1768

 

Je reçois dans le moment votre lettre du 9è octobre . Je ferai tout ce que vous voudrez, je vous enverrai les papiers et vous en userez comme il vous plaira . Je tiens l'affaire palatine et virtembourgeoise très sûre , de quelque manière que vous vous y preniez . 

J'ai mandé, comme je vous l'ai dit, à Mme de Saint-Julien, que vous étiez engagée avec Grétry 2 . Vous pouvez ajouter que le jeune auteur du Duc de Benevent 3 vous en a priée, et que la première facétie que vous aurez de ce jeune homme sera pour Montsivri 4 . Je crois qu'on peut faire une excellente musique du Beneventin . J'ai toute la déclamation dans la tête . Je serai au reste très fâché d'être soupçonné d'une plaisanterie qui ne convient qu'à l’âge de vingt-quatre ans, et je compte sur vous pour dérouter les devineurs . Tout cela vous amusera, si vous croyez la chose amusante , sinon il n'y a qu'à tout jeter dans le feu. »

1 Les Guèbres, que V* prétend attribuer à Linant : https://xn--thtre-documentation-cvb0m.com/content/les-gu%C3%A8bres-voltaire

2Ce mot est orthographié Guétry par Wagnière, ainsi que dans la lettre du 7 novembre 1768 à Mme Denis ; sans doute prononçait-on ainsi .

3 Le duc de Benevent est le prototype du baron d'Otrante dans L’Éducation d'un prince : voir lettre du 30 septembre 1768 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/11/non-madame-mon-coeur-n-a-pas-renonce-au-genre-humain-dont-vo-6493716.html

L'  « auteur » est donc V* : https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_en_vers_(Voltaire)/L%E2%80%99%C3%89ducation_d%E2%80%99un_prince

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26/04/2024 | Lien permanent

on se tait, et on admire

 ... Ce que je fais en regardant mes athlètes favoris, les archers .

Voltaire a dit :  "il faut absolument envoyer M. de La Vallière pour tirer juste" !

Nom de Zeus, surtout pas ! S'il n'a pas été qualifié, je ne veux pas le voir sur le pas de tir .

Girouille, Prévost et Faucheron ont bien entamé ces jeux et je fais des voeux pour qu'ils soient en finale demain soir . Rude besogne, mais j'aimerais bien les voir face aux Coréens qui sont les modèles, les extra-terrestres du tir à l'arc tant chez les hommes que chez les femmes .

699 points sur 720 , ce qui signifie qu'aucune des 72  flèches tirées n'est sortie d'un petit rond jaune de 24 cm de diamètre situé à 70m , voila ce qu'a réalisé IM Dong Hyun, que certains journalistes en mal de copie appellent l' "archer aveugle" .

 Je dis "chapeau" en ajoutant Vive la France pour nos 3 archers et notre archère Bérengère Schuh .

Archers, je vous salue ! Bons tirs !

gael prévost 27_7_2012.jpg

Gaël Prévost

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 4 août [1756]

Il me semble, monseigneur, que toutes les lettres adressées à mon héros doivent lui être rendues, et que messieurs de la poste de Compiègne auraient pu vous renvoyer à Marseille la lettre que je vous adressai à la cour 1 quand vous eûtes donné ce bel assaut; mais apparemment que l'on n'aime pas les mauvais vers dans ce pays-là. Il se peut aussi que les directeurs de la poste vous aient attendu à Compiègne de jour en jour, et vous attendent encore. Je ne ressemble point au général Blakeney 2, je ne peux sortir de ma place. La raison en est que je suis assiégé par une file de médecines dont le docteur Tronchin m'a circonvenu. Que n'ai-je un moment de force et de santé ! je partirais sur-le-champ, je viendrais vous voir dans votre gloire; je laisserais là toute ma famille, qui se passerait bien de moi dans mon ermitage.
Vous croyez bien que j'ai un peu interrogé le voyageur dont vous me parlez 3, et vous devez vous en être aperçu quand je vous mandais que ce n'était pas des seuls Anglais que vous triomphiez. Vous avez, comme tous les généraux, essuyé les propos de l'envie et de l'ignorance. Souvenez-vous comme on traitait le maréchal de Villars avant la journée de Denain. Vous avez fait comme lui, et on se tait, et on admire, et l'enthousiasme que vous inspirez est général. On a mal attaqué, disait-on; il faut absolument envoyer M. de La Vallière 4 pour tirer juste. Au milieu de tous ces beaux raisonnements arrive la nouvelle de la prise; voilà jusqu'à présent le plus beau moment de votre vie. Qu'est-il arrivé de là? Qu'on ne vous conteste 5 plus le service que vous avez rendu à Fontenoy. Port-Mahon confirme tout, et met le sceau à votre gloire. Il se pourra bien faire que vous ne soyez pas le premier dans le cœur de la belle personne 6 que vous savez mais vous serez toujours considéré, honoré, et je vous regarde comme le premier homme du royaume, C'est une place que vous vous êtes donnée, et que rien ne vous ôtera. Il me pleut de tous côtés de mauvais vers pour vous; vous devez en être excédé. Pour vous achever, il faut que je prenne aussi la liberté de vous envoyer ce que j'écrivais ces jours-ci à mon petit Desmahis 7. Ce Desmahis est fort aimable; vous ne vous en soucierez guère, vous avez bien autre chose à faire.
Nous sommes tous ici aux pieds de notre héros. »

2 Blakeney défendait le fort Saint-Philippe.

3 Théodore Tronchin, médecin ; voir la lettre du 5 juillet 1756 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/07/18/vous-triompherez-des-difficultes-des-anglais-des-sots-et-des.html

5 On le conteste encore aujourd'hui ( en 1860).

6 Mme de Pompadour .

 

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27/07/2012 | Lien permanent

voici la réponse de notre comité à votre comité, mais ne nous égorgeons point

... Est-ce bien le résumé concluant les déclarations des candidats à la primaire de droite, lors du débat de ce jeudi soir ?

J'y ai heureusement échappé pour cause d'une vie sportive qui convient bien mieux à ma santé que de démêler le vrai du faux dans des programmes électoraux, et supporter les singeries de Sarko est au delà du raisonnable ; comme disait ma brave marraine, il a une "âme putassière" , qu'il aille au diable sans délai .

 © Polynésie 1ère

Et pour l'y aider , je suis prêt à aller voter au bout du monde !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Ô divins anges, voici la réponse de notre comité à votre comité, mais ne nous égorgeons point . Je vous supplie de vouloir bien m'obtenir une réponse sur mon Talleyrand d'Excideuil 1.

Puisque vous ne répondez point sur l'Espagne, j'espère .

Mais répondez donc sur le paquet de Mme Du Deffand .

Mais un mot sur Le Droit du seigneur, sur Zulime, sur M. le maréchal de Fronsac 2.

Je veux vous envoyer ma lettre au président De Brosses en forme de factum . Il m'a volé . D'accord, mais il est honni dans son parlement de Bourgogne . Car je l'ai berné, car je suis berneur, car il est bernable 3, car l’ancien premier président de La Marche vous en dira bientôt des nouvelles .

Interim je baise le bout de vos ailes .

V.

 

Mémoire à tous les anges

M. le comte de Choiseul étant essentiellement

compté pour l'un d'iceux

Notre comité qui vaut bien le vôtre, sauf respect, vu qu'il est composé de gens du tripot, et de très bons acteurs, est obligé de vous déclarer qu'il ne peut être de votre avis sur la plupart de vos objections .

Nous frémissons d'indignation quand vous nous proposez de mettre notre pièce à la glace, par une confidence froide et inutile d'amour au commencement du premier acte . Cela serait très bien inventé pour ôter tout l'effet d'un coup de théâtre que produit le mariage de Cassandre et d'Olympie, et pour rendre ridicules les remords de Cassandre, et pour ôter toute la force à la scène vigoureuse où l’on justifie la mort d'Alexandre, car messieurs et mesdames la terreur des remords et les réflexions sur la mort d'Alexandre seraient très mal placées après des scènes amoureuses, ce n'est pas là la marche du cœur . Vous me citez Zaïre, mais songez-vous que le piquant des premières scènes de Zaïre consiste dans l'amour d'un Turc et d'une chrétienne ? Sans quoi cela serait aussi froid que la déclaration de Xiphares 4 .

Nous pensons que vous vous méprenez infiniment sauf respect, quand vous croyez qu'Olympie est le premier rôle . Il ne l'est que quand Statira est morte . Quoi, vous croyez qu'Olympie est faite pour Mlle Clairon ? Ah ! tout comme Zaïre .

C'est Statira qui est le grand rôle . Ah comme nous pleurions à ces vers !

J'ai perdu Darius, Alexandre et ma fille,

Dieu seul me reste 5 .

C'est que Mme Denis déclame du cœur, et que chez vous on déclame de la bouche .

Nous sommes respectueusement et sincèrement de l'avis du comité sur une certaine prière que faisait Cassandre et non pas Cassander à une certaine Antigone . Il y a d'autres détails que nous avons corrigés sur-le-champ selon les vues très justes du comité .

Nous avons été plus sévère que vous sur quelques articles .

Mais nous sommes diamétralement opposés sur Olympie . Songez qu'elle est bien résolue à ne point épouser Cassandre, mais qu'elle ne peut s'empêcher de l’aimer, et qu'elle ne lui dit qu'elle l'aime qu'en s’élançant dans le bûcher . Si vous ne trouvez pas cela honnêtement beau, par ma foi vous êtes difficiles .

Nous vous envoyons une petite esquisse de nos corrections qui jointe à celles que vous avez déjà, est capable de boucher les trous des sifflets . Mais pour mieux faire, renvoyez-nous la pièce et nous vous la rendrons mise au net .

Délibéré dans la troupe de Ferney le 12 novembre de l'an de grâce 1761 . »

1 Charles de Talleyrand, prince de Chalais, marquis d'Excideuil ; voir lettre du 12 décembre 1761 aux d'Argental : « Je prends la liberté de demander des nouvelles du prince de Chalais, marquis d'Excideuil, comte de Talleyrand, ambassadeur en Russie en 1637 avec un marchand nommé Roussel . » et lettre du 12 décembre 1761 au comte de Choiseul : « C'est en l'an 1635, et 36 que les Russes prétendent que Louis XIII envoya le prince de Chalais, comte de Talleyrand, marquis d'Ecideuil, ambassadeur à Moscou et à la Porte, conjointement avec un omme Roussel . » Voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Talleyrand-P%C3%A9rigord#Principales_personnalit.C3.A9s

2 Allusion probable à un mariage projeté pour le fils de Richelieu, qui ne se réalisa qu'en 1764 .

3 Ce mot est employé par V* dans L'enfant Prodigue, ac. I , sc. 1, était sans doute d'usage dans le langage familier, il ne fut admis à l'Académie qu'en 1762 .

4 Dans Mithridate, de Racine, Ac. I, sc. 2 . cette dernière remarque est ajoutée entre les lignes par V* sur le manuscrit . Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_MITHRIDATE.pdf

 

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18/11/2016 | Lien permanent

Nous avons été d'autant plus alarmés, que nous ne pouvions avoir le bonheur de vous voir et de causer avec vous

... notre si tendre et aimable ami Kim Jung Un . Dieux merci, comme il n'y a que la tête des fous qui ne blanchit pas, nous pouvons encore en avoir la preuve grâce à vous .

Kim Jong-un. Le virus de la mégalomanie | Les Echos

Verticalement et en tous sens , en huit lettres : espèce d'enflure .

 

 

« A François Tronchin

Conseiller d’État

à Genève

Mon cher ami, en vérité, Labat n'a pas mieux réussi en faisant le gille aux Délices qu'en le faisant à Paris . Mme Denis a eu certainement raison de se plaindre de ses procédés à monsieur votre frère 1. Non seulement Labat a dit à Racle, l'ingénieur des ponts et chaussées, que si j'avais mis des cheminées de marbre au lieu de cheminées de plâtre, je devais payer le plâtre que j'avais ôté, mais il est allé demander aux petits garçons du vigneron, s'ils n'avaient pas vu (quand ils étaient en nourrice ) deux pressoirs dans les dépendances . Il est certain qu'il n'y en a jamais eu qu'un qui commençait à se pourrir, et que j'ai fait à neuf celui qui y est aujourd’hui .

Cette conduite a indigné Mme Denis ainsi que toutes les personnes qui en ont été informées , et cela je vous le jure, sans aucune exception .

Nous avons senti combien il est plus doux d'avoir à faire à vous qu'à lui . Si les Délices valent moins aujourd'hui que lorsque je les ai reçus, il est juste que je paie une indemnité ; et si elles valent davantage, je suis bien loin d’imaginer que je puisse prétendre le moindre dédommagement . Quel homme était plus propre à décider la question qu'un arbitre accepté par M. Labat lui-même ? Arbitre qui est à la fois agriculteur et architecte, et qui fait tous les marchés de la province . Il a décidé que les améliorations, indépendamment des embellissements, c'est-à-dire les écuries, remises , greniers, chambres des domestiques, nouveaux potagers, citernes, conduites d'eau, étaient aux détériorations comme huit sont à deux . Cela pouvait arrêter la petite envie qu'a eue M. Labat de nous mettre dans l'embarras .

Nous avons été d'autant plus alarmés, que nous ne pouvions avoir le bonheur de vous voir et de causer avec vous . Vous êtes bien persuadé que Mme Denis, principale intéressée dans cette affai[re] , et moi qui n'ai plus, Dieu merci, d'intérêt pour rien, nous avons toujours été prêts à nous rendre à toutes vos volontés . Nous serons attachés sans réserve à tout ce qui porte votre nom . Mme Denis vous renouvelle les assurances de la plus tendre amitié, de l'entière déférence à tout ce qu'il vous plaira de régler ; mes sentiments sont les mêmes, je vous embrasse, et j'ai la plus grande envie de vous voir 2.

V.

14è février 1765 à Ferney .3 »

1 Voir lettre écrite par Jean-Robert à son frère François le 9 février 1765 : « […] J'attendrai l'effet des soins du baron sur l'arbitrage des dégradations aux Délices, puis on se mettra en règle avec V, puis tu feras pour la suite de cette affaire tout ce que tu croiras convenable etc. Cette famille de punaises est originale, si elle n’était pas établie avant l'habitation du duc de V. Il faut bien les faire déguerpir etc. , boucher les trous, blanchir avec de la chaux vive . Elles ne peuvent pas tenir contre le vernis, mais tu connais mieux que moi tous les bons secrets […] Voici cher ami, des papiers que j'ai reçus de Mme Denis, avec ma réponse que tu voudras bien lui faire parvenir, ou la lui remettre toi-même, si tu le juges à-propos . Je ne sais si j'aurai rencontré tes idées . Si cela n'est pas, comme elle ne contient que de la décence et des généralités, j'estime qu'il ne peut y avoir des conséquences . Tout ce qui me chagrine beaucoup là-dedans c'est les embarras que je te donne . Je m'était flatté que le premier expédient t'en affranchirait, mais M. Racle, ou Rafle qui veut sans doute faire sa cour etc., se trouve par malheur pour les parties intéressées chez M. de V, en sorte qu'il faut prendre une autre route . Je suis toujours dans le sentiment qu'il ne faut avoir ni difficultés ni procès, et je t'avoue que j'aime mieux être lésé que de lutter contre V. Ta dextérité à manier les affaires et à saisir les faibles établira un juste milieu et un dénouement raisonnable , car avec leur façon de penser sur le compte du baron, il est fort inutile de persister à employer ses bons offices […] Une circonstance qui n'a pas trait à l’affaire des Délices, et qu'il est à-propos cependant que tu n'ignores pas, c'est que l'ami Camp et moi avons toujours traité M. de V, sur la matière d'intérêt, comme toi-même, nous le regardions comme notre parent, sans provision usitée dans les affaires de commerce, et sans aucun bénéfice sur les achats ; etc. […] Voici encore copie d'une lettre que je viens de recevoir de M. de V et je mettrai au bas si j'ai le temps le projet de la réponse que je me propose de faire partir par le courrier de mardi […] Le baron me marque qu'on le regarde dans cette maison comme le loup-garou, qu'il ne s'en embarrasse guère , et qu'il est parvenu au point qu'il désirait, qui est de mettre cette affaire en mains de deux avocats , MM. Delorme et Vasserot . […] Je vois bien dans mes réponses à Mme D et à M. de V qu'il y a une espèce de contradiction dans les manières de procéder que je propose, mais je crois de répondre à chacun ce qu'il faut, et en faisant ma lettre à Mme Denis, je n'avais pas connaissance de celle de M. de V , et comme il semble indiquer que je devrais m'en tenir à l'arbitrage de l'ingénieur, j'ai cru devoir l'écarter, et persister dans le besoin d'autres tiers arbitres . Je n'ai pas dû mettre dans la main de V un instrument qui l'autorise à prononcer lui-même la voie à l'amiable, ou l'arbitrage quelconque . »

2 Réponse de François Tronchin à V* le même jour -14 février 1765 : « J'avais bien raison hier au soir mon cher ami, de vous signifier qu'aucun juge ou arbitre ne prononcerait entre vous et mon frère ; je n'ai pas même besoin d'attendre ses réponses à ma lettre d’avant-hier puisque, sur mes premiers avis, mon frère a dans le cœur tout ce que je vous ai marqué, et s'en remet à moi . Et moi je vous déclare que je suis prêt à recevoir pour lui les Délices telles que vous jugerez à propos de me les remettre ; m'en remettant parfaitement et uniquement à vous seul et à la bonne nièce pour qui je reçois la lettre que je joins ici . J'aurai été vous le dire moi-même s'il m'eût été possible de quitter . Gardez-vous d’imaginer que j'aie pu être un moment spectateur tranquille ; jugez différemment du silence apparent que j'ai gardé pendant quelques jours avec vous, et croyez-moi, mon cher ami, très véritablement à vous et très en droit d’exiger votre amitié et votre approbation . »

3 Le manuscrit original a été endommagé par le cachet .

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04/05/2020 | Lien permanent

Je voudrais que les  gens qui sont si fiers et si rogues sur leurs paillers voyageassent un peu dans l’Europe, qu’ils en

... Si toutefois ils comprenaient ce que l'on dit . En particulier, ceci s'adresse à nos chefs de partis politiques, débordant d'orgueil et fiers de leurs discours creux et surannés, coqs et poules les pieds dans le fumier .  

 

 

« A Daniel-Marc-Antoine Chardon 1

5è avril 1767

Monsieur,

Il paraît par la lettre dont vous m’honorez, du 27 de mars, que vous avez vu des choses bien tristes dans les deux hémisphères. Si le pays d’Eldorado avait été cultivable, il y a grande apparence que l’amiral Drack 2 s’en serait emparé, ou que les Hollandais y auraient envoyé quelques colonies de Surinam. On a bien raison de dire de la France : non illi imperium pelagi 3; mais si on ajoute : illa se jactet in aula.4  ce ne sera pas in aula tolosana .5

Je suis persuadé, monsieur, que vous auriez couru toute l’Amérique sans pouvoir trouver, chez les nations nommées sauvages, deux exemples consécutifs d’accusations de parricides, et surtout de parricides commis par amour de la religion. Vous auriez trouvé encore moins, chez des peuples qui n’ont qu’une raison simple et grossière, des pères de famille condamnés à la roue et à la corde, sur les indices les plus frivoles, et contre toutes les probabilités humaines.

Il faut que la raison languedochienne 6 soit d’une autre espèce que celle des autres hommes. Notre jurisprudence a produit d’étranges scènes depuis quelques années ; elles font frémir le reste de l’Europe. Il est bien cruel que, depuis Moscou jusqu’au Rhin, on dise que, n’ayant su nous défendre ni sur mer ni sur terre, nous avons eu le courage de rouer l’innocent Calas ; de pendre en effigie et de ruiner en réalité la famille Sirven ; de disloquer dans les tortures le petit-fils d’un lieutenant-général, un enfant de dix-neuf ans ; de lui couper la main et la langue, de jeter sa tête d’un côté, et son corps de l’autre, dans les flammes, pour avoir chanté deux chansons grivoises, et avoir passé devant une procession de capucins sans ôter son chapeau. Je voudrais que les  gens qui sont si fiers et si rogues sur leurs paillers voyageassent un peu dans l’Europe, qu’ils entendissent ce que l’on dit d’eux, qu’ils vissent au moins les lettres que des princes éclairés écrivent sur leur conduite ; ils rougiraient, et la France ne présenterait plus aux autres nations le spectacle inconcevable de l’atrocité fanatique qui règne d’un côté, et de la douceur, de la politesse, des grâces, de l’enjouement et de la philosophie indulgente qui règnent de l’autre ; et tout cela dans une même ville, dans une ville sur laquelle toute l’Europe n’a les yeux que parce que les beaux-arts y ont été cultivés ; car il est très vrai que ce sont nos beaux-arts seuls qui engagent les Russes et les Sarmates à parler notre langue. Ces arts, autrefois si bien cultivés en France, font que les autres nations nous pardonnent nos férocités et nos folies.

Vous me paraissez trop philosophe, monsieur, et vous me marquez trop de bonté, pour que je ne vous parle pas avec toute la vérité qui est dans mon cœur. Je vous plains infiniment de remuer, dans l’horrible château 7 où vous allez tous les jours le cloaque de nos malheurs 8. La brillante fonction de faire valoir le code de la raison et l’innocence des Sirven sera plus consolante pour une âme comme la vôtre. Je suis bien sensiblement touché des dispositions où vous êtes de sacrifier votre temps, et même votre santé, pour rapporter et pour juger l’affaire des Sirven, dans le temps que vous êtes enfoncé dans le labyrinthe de la Cayenne. Nous vous supplions, Sirven et moi, de ne vous point gêner. Nous attendrons votre commodité avec une patience qui ne nous coûtera rien, et qui ne diminuera pas assurément notre reconnaissance. Que cette malheureuse famille soit justifiée à la Saint-Jean ou à la Pentecôte, il n’importe ; elle jouit du moins de la liberté et du soleil, et l’intendant de la Cayenne n’en jouit pas. C’est au plus malheureux que vous donnez bien justement vos premiers soins ; et je suis encore étonné que, dans la multitude de vos affaires, vous ayez trouvé le temps de m’écrire une lettre que j’ai relue plusieurs fois avec autant d’attendrissement que d’admiration 9.

Pénétré de ces sentiments et d’un sincère respect, j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc. »

2 Le corsaire Sir Francis Drake : https://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Drake

3 Virgile ,  Æneid., liv. I, v. 142 ; l'empire de la mer n'est pas pour lui .

4 Virgile, Æneid., liv. I, v. 144., qu'elle se vante dans cette cour .

5 Dans la cour de Toulouse ; c'est-à-dire le parlement de Toulouse , en rapport à son rôle dans l'affaire Calas .

7 Le Palais de justice. (G.A.)

8Le manuscrit ajoute ici en Amérique, ce que V* a biffé .

9 Lettre du 27 mars 1767, conservée .

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21/09/2022 | Lien permanent

Des préjugés sage ennemie, Vous de qui la philosophie,L'esprit, le cœur, et les beaux yeux, Donnent également envie A qu

 ... Je crois bien Mam'zelle Wagnière que Voltaire s'adresse à vous .

Bientôt le printemps

 DSCF4662 bientot le printemps.png

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille d'Esclavelles d'ÉPINAY

A Lausanne, 26 décembre [1757].
Des préjugés sage ennemie,
Vous de qui la philosophie,
L'esprit, le cœur, et les beaux yeux.
Donnent également envie
A quiconque veut vivre heureux
De passer près de vous sa vie
;
Vous êtes, dit-on, tendre amie;
Et vous seriez encor bien mieux,
Si votre santé raffermie
Et votre beau genre nerveux
Vous en donnaient la fantaisie.

Heureux ceux qui vous font la cour, malheureux ceux qui vous ont connue et qui sont condamnés aux regrets . Le hibou des Délices est à présent le hibou de Lausanne il ne sort pas de son trou mais il s'occupe avec sa nièce de toutes vos bontés. Il se flatte qu'il y aura de beaux jours cet hiver, car après vous, madame, c'est le soleil qui lui plaît davantage. Il a dans sa masure un petit nid bien indigne de vous recevoir; mais quand nous aurons de beaux jours et des spectacles, peut-être, madame, ne dédaignerez-vous point de faire un petit voyage le long de notre lac. Vous aurez des nerfs, M. Tronchin 1 vous en donnera j'espère qu'il vous accompagnera. Tous nos acteurs s'efforceront de vous plaire; nous savons que l'indulgence est au nombre de vos bonnes qualités.
Je vous demande votre protection auprès du premier des médecins, et du plus aimable des hommes, et je lui demande la sienne auprès de vous. Mais si vous voyez la tribu Tronchin, et des Jallabert 2, et des Crommelin, etc., comme on le dit, vous ne sortirez point de Genève, vous ne viendrez point à Lausanne. L'oncle et la nièce en meurent de peur.
Recevez, madame, avec votre bonté ordinaire, le respect et le sincère attachement du hibou suisse.

V.
Me permettez-vous, madame, de présenter mes respects à M. l'abbé de Nicolaï 3? Je voudrais bien que monsieur votre fils, qui est si au-dessus de son âge et si digne de vous, et son aimable gouverneur 4, voulussent bien se souvenir du Suisse de Lausanne. »

1 Théodore Tronchin

2 Jean Jallabert, professeur de philosophie à Genève, où il mourut en 1768, voir lettre du 21 décembre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/23/monsieur-jallabert-va-allonger-sa-perruque-par-devant.html

. Quant à Crommelin, conseiller de Genève, Voltaire le nomme dans sa lettre du 24 décembre 1758, à Thieriot : http://www.genealogie-aisne.com/perso/icrommelin.htm

 

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25/02/2013 | Lien permanent

deux ministères à la fois ! Plus de plaisirs, plus de soupers . Il est mort s'il veut allier tout cela

... On croirait bien que V* s'adresse à un certain M. Le Foll aux multiples casquettes et qui transpire la fatigue ( à juste titre ! ) et la mauvaise foi (à tort ).

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental, Envoyé

de Parme etc.

rue de la Sourdière

à Paris

De profundis clamavi . J'ignore tout, du pied de mes Alpes . Joue-t-on Tancrède ? Personne ne m'en dit mot . Réussit-elle ? est-elle tombée ?1 J'ai vraiment bien pris mon temps pour écrire à M. le duc de Choiseul ! C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !2 Le voilà donc chargé de la guerre et de la paix , deux ministères à la fois ! Plus de plaisirs, plus de soupers . Il est mort s'il veut allier tout cela . Ce qui regarde Mlle Corneille parait-il aussi important à mes anges qu'à moi ? ont-ils le temps d'y penser ? n'ont-ils pas eux-mêmes un peu d'affaires ?

Je ne sais par quel oubli je n'ai pas répondu à Lekain . Il y a un arrangement pour Œdipe 3, eh mon cher ange n'êtes-vous pas le maître absolu de tout ? À quoi sert ma voix! je n'en fais usage que pour vous regretter . Oui tous les rôles sont bien distribués , oui tout est bien . Mais M. de Richelieu est-il à Versailles ? entrera-t-il au conseil ? Et maître Omer ? que fait-il brûler ? quel plat et calomnieux réquisitoire fait-il imprimer ? J'ai cet homme en tête . J'aime l'Ecclésiaste 4. Le roi l'avait lu à son souper . Il fut fait pour Mme de Pompadour . Et un Omer !... Ah ce petit singe à face de Tersite 5 doit être puni . Que je hais ces monstres ! Plus je vais en avant plus le sang me bout . Le roman de Jean-Jacques excite aussi un peu ma mauvaise humeur .

Ne regrettez-vous pas le chevalier d'Aydie ?6 Tous nos contemporains s'en vont . Je n'ai que deux jours à vivre, mais je les emploierai à rendre les ennemis de la raison ridicules .

Je baise le bout de vos ailes – mais vos yeux ! vos yeux !

V.

7 février [1761] »

3 Œdipe fut souvent repris , mais il ne l'avait pas été depuis octobre 1758 : il sera repris en août 1761 pour quatre représentations .

6 Blaise-Pascal d'Aydie qui vient de mourir récemment : http://mondomicile.centerblog.net/535-le-chevalier-aydie-... ; il avait inspiré le personnage de Couci à V*dans Adélaïde du Guesclin ; voir : http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/critique/sainte-beu...

 

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08/02/2016 | Lien permanent

il a la première des qualités que Cicéron recommandait à un orateur, la probité

... La probité a plus d'un argument attirant ! Non ? Difficile d'y renoncer .

Je serai toujours épaté par le talent des illustrateurs des qualités morales .

probité.jpg

Voir page 147 : https://books.google.fr/books?id=pXtUAAAAYAAJ&pg=PA147&lpg=PA147&dq=cic%C3%A9ron+%2B+probit%C3%A9&source=bl&ots=29J0NDUwOb&sig=LS6o1v3aBd8Smu5fWzGxgVh6DN8&hl=fr&sa=X&ei=3cOKVPqlGcyqUaqlgPgD&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=cic%C3%A9ron%20%2B%20probit%C3%A9&f=false

 

 

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

4 décembre [1759]

Je vois madame par votre charmante lettre que votre auguste impératrice est dans le temple du bonheur comme dans celui de l'immortalité . Qui a bâti l'un , mérite bien d'habiter l'autre .

Vous devez avoir reçu ma réponse 1 à la première lettre dans laquelle vous me parliez de ce temple que vous orniez de tous les charmes de votre esprit . Vous ne me faites l'honneur de m'écrire que quand vous avez des succès à mander . Vos lettres sont pour moi des postillons sonnant du cor . Vous devriez mettre des feuilles de laurier dans le paquet comme les anciens Romains . J’ai partagé votre joie et votre enthousiasme, je vous supplie , madame de peindre de vos belles couleurs à M. le comte de Caunits et à M. le comte de Choiseul tous les sentiments que vous m'avez fait éprouver .

Voici un temps heureux pour vous madame . On dit que votre procès est en très bon train et je juge par tout ce que vous voulez bien me dire de vos affaires que la terre de Kniphauze vous reviendra grâce aux soins infatigables de cet admirable M. du Triangle qui prend si bien le parti des dames à qui l'on fait des injustices . J’en reviens toujours là . Je ne serai point content que votre adverse partie ne soit condamnée aux dépens et à l'amende au moins . Ne tient-il donc qu'à ruiner deux ou trois familles ? et en sera-t-il quitte après cela pour garder une moitié de votre bien ? Espérez en votre avocat de Bruxelles . Comptez sur lui, madame . Il a affaire à un perfide chicaneur , mais personne ne sait mieux faire valoir les lois que votre avocat, personne en met les affaires dans un plus beau jour . Et d'ailleurs il a la première des qualités que Cicéron recommandait à un orateur, la probité . J'espère tout de lui : on dit que les procès sont longs en Allemagne, mais le conseil aulique et Dieu sont justes .

Dites-moi je vous en prie , madame, si vous êtes satisfaite de votre destinée, si les dépenses de vos voyages ne vous ont point épuisée . Tout m'intéresse de vous . Je voudrais savoir jusqu'aux moindres particularités de votre vie . Je suis à vos ordres jusqu'à la fin de la mienne .

V. »

 

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12/12/2014 | Lien permanent

Je suis un grand babillard, monsieur ; mais il est si doux de s'entretenir avec vous des sottises du genre humain, et de

... Sur le dernier point je suis plus réservé .

 

bebe_babille.png

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

[14 octobre 1759 ?]1

Pour me dépiquer des malheurs publics et des miens propres ( car je navigue malheureusement dans la barque) je me suis mis à jouer force tragédies et nous gardons des rôles pour madame l'ambassadrice ; nous jouâmes Fanime ces jours passés . La scène est à Saïd, petit port de Syrie . Nous eûmes pour spectateur un arabe qui est de Saïd même 2, qui sait sept ou huit langues, qui parle très bien français, et qui eut beaucoup de plaisir . Savez-vous bien que j'ai eu un autre arabe ? C'est l'abbé d'Espagnac . Pourquoi faut-il qu'un homme coriace soit si aimable? vivent les gens faciles en affaire . La vie est trop courte pour chipoter .

Vous connaissez la belle lettre de Luc où il parle si courtoisement de M. le duc de Choiseul 3. J'ai bien peur que mes Russes n'aient pris aussi une lettre qu'il m'adressait . Cet homme ne ménage pas plus les termes que ses troupes . Il perdra ses États pour avoir fait des épigrammes . Ce sera du moins une aventure unique dans les chroniques de ce monde .

Je suis un grand babillard, monsieur ; mais il est si doux de s'entretenir avec vous des sottises du genre humain, et de vous ouvrir son cœur ; je compte si fort sur vos bontés que je me suis laissé aller . Conservez-moi et madame l'ambassadrice un peu de souvenir et de bienveillance . Je vous avertis que Mme Denis est devenue très digne de jouer les seconds rôles avec Mme de Chauvelin . L'oncle et le nièce sont à ses pieds . Je vous présente mon tendre respect dans la foule de ceux qui vous aiment . »

1 L'édition Kehl a la suite de la copie Beaumarchais et comme les autres éditions amalgame cette lettre à celle du 3 novembre 1760 . il semble que c'est de cette lettre dont il est question dans la lettre du 12 octobre à Jean-Robert Tronchin et Ami Camp ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/28/je-ne-suis-pas-le-chien-du-jardinier-5477946.html

) . On a ici la première lettre conservée parmi celles que V* adressa à Bernard-louis Chauvelin, frère de Louis-Germain, Henri-Philippe et Jacques-Bernard . Un billet no daté du duc de Choiseul à Chauvelin doit remonter à l'époque de la présente lettre : « Il faut que M. Chauvelin passe par Genève, et attende l'arrivée de la pièce pour juger si le seigneur châtelain tient tout ce qu'il promet ; j'en doute, si tant est que l'on puisse douter d'après l'auteur . »

Il y a un léger doute sur les prénoms du destinataire : selon le recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France, 1713, il se nommait François-Claude, connu comme chevalier et appelé marquis à partir de 1758 ; le Dictionnaire de biographie française, 1758, confirme et ajoute « alias Bernard-Louis ».

3 Peut-être l'ironique lettre du 2 juillet 1759 (voir page 135 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f147.image.r=frederic.langFR ), bien que Choiseul n'y soit pas nommé, ou plutôt une autre lettre bien postérieure qui ne nous serait pas parvenue .

 

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30/10/2014 | Lien permanent

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