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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Sauve qui peut  sera la devise de ce commun naufrage. Les persécuteurs finiront par avoir raison, et la plus pure portio

... C'est bien ce qui risque d'arriver à l'Europe, et donc à la France en ce moment . Que faire ou ne pas faire : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/11/16/pascal-br...

https://i.la-croix.com/x/smart/2021/11/15/1201185264/refugies-bloques-frontiere-entre-Pologne-Bielorussie-lundi-15-novembre_0.jpg

Quand des humains sont repoussés comme des bêtes sauvages ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

25 auguste 1766 1

Tout ce que je puis vous dire aujourd’hui par une voie sûre, mon cher frère, c’est que tout est prêt pour l’établissement de la manufacture 2. Plus d’un prince en disputerait l’honneur ; et, des bords du Rhin jusqu’à ceux de l’Obi, Platon trouverait sûreté, encouragement et honneur. Il est inexcusable de vivre sous le glaive, quand il peut faire triompher librement la vérité. Je ne conçois pas ceux qui veulent ramper sous le fanatisme dans un coin de Paris, tandis qu’ils pourraient écraser ce monstre. Quoi ! ne pourriez-vous pas seulement me fournir deux disciples zélés ? Il n’y aura donc que les énergumènes qui en trouveront ! Je ne demanderais que trois ou quatre années de santé et de vie . Ma peur est de mourir avant d’avoir rendu service.

Vous apprendrez peut-être avec plaisir le jugement qu’a rendu le roi de Prusse contre le chevalier de La Barre et ses camarades 3. Il les condamne, en cas qu’ils aient mutilé une figure de bois, à en donner une autre à leurs frais ; s’ils ont passé devant des capucins sans ôter leur chapeau, ils iront demander pardon aux capucins, chapeau bas ; s’ils ont chanté des chansons gaillardes, ils chanteront des antiennes à haute et intelligible voix ; s’ils ont lu quelques mauvais livres, ils liront deux pages de la Somme de saint Thomas. Voilà un arrêt qui paraît tout à fait juste. On donne de tous côtés aux Velches des leçons dont ils ne profitent guère. Je suis aussi indigné que le premier jour. Je n’aurai de consolation que quand vous m’enverrez le factum du brave Élie. Voici un petit mot de lettre pour M. d’Alembert 4. Il m’ouvre son cœur, et M. Diderot me ferme le sien. Il est triste qu’il néglige ceux qui ne voulaient que le servir, et je vous avoue que son procédé n’est pas honnête 5. Je vois que les philosophes seront toujours de malheureux êtres isolés qu’on dévorera les uns après les autres, sans qu’ils s’unissent pour se secourir. Sauve qui peut  sera la devise de ce commun naufrage. Les persécuteurs finiront par avoir raison, et la plus pure portion du genre humain sera à la fois sous le couteau et dans le mépris.

Je vous prie, mon cher frère, de demander à Élie s’il est vrai que ce bœuf de Pasquier mugisse encore contre moi, et s’il est assez insolent pour croire qu’il peut m’embarrasser. Je veux surtout avoir l’ancien mémoire pour M. de La Bourdonnais . Cinq ou six procès dans ce goût pourront faire un volume honnête qui instruira la postérité, et du moins les assassins en robe pourront devenir l’exécration du genre humain.

Adieu, mon cher frère ; écrivez-moi de toute façon, sans vous compromettre, afin que je puisse savoir tout ce que vous pensez, et tout ce que vous voudrez me faire savoir et votre résolution 6.

Je vous embrasse mille fois. Écrasez l’infâme, écrasez. l’infâme, écrasez. l’infâme »

1 Copie Darmstadt B. ; édition de Kehl .

2 La colonie de philosophes envisagée à Clèves .

5 Cette phrase ne figure pas dans le manuscrit .

6 La fin de phrase depuis et tout ce que vous voudrez … manque dans les éditions .

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17/11/2021 | Lien permanent

Un temps viendra, sans doute, où nous mettrons les papes sur le théâtre

... Et ça ne sera pas pour leur plus grande gloire, occupés qu'ils sont de se rendre compte que leurs prêtres ne sont pas que des bergers bienveillants, mais parfois, trop souvent, des prédateurs sexuels pédophiles . Et ce n'est pas près de s'arrêter . Quelle hésitation peut avoir le tonsuré romain à accepter la démission du tonsuré lyonnais : assez de grimaces, le ménage doit être fait à tous les étages !

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« A Bernard-Joseph Saurin

28è février 1764

Vous avez fait, monsieur, bien de l’honneur à ce Tomson 1 ; je l’ai connu il y a quarante années. S’il avait su être un peu plus intéressant dans ses autres pièces et moins déclamateur, il aurait réformé le théâtre anglais, que Gille Shakespear a fait naître et a gâté ; mais ce Gille Shakespear, avec toute sa barbarie et son ridicule, a, comme Lopez de Vèga des traits si naïfs et si vrais et un fracas d’action si imposant, que tous les raisonnements de Pierre Corneille sont à la glace en comparaison du tragique de ce Gille. On court encore à ses pièces, et on s’y plaît en les trouvant absurdes.

Les Anglais ont un autre avantage sur nous, c’est de se passer de la rime. Le mérite de nos grands poètes est souvent dans la difficulté de la rime surmontée, et le mérite des poètes anglais est souvent dans l’expression de la nature. Le vôtre, monsieur, est principalement dans les pensées fortes, exprimées avec vigueur . Je vois dans tous vos ouvrages la main du philosophe.

Vous savez qu’il n’y a pas un mot de vrai dans l’histoire de Sigismunda et de Guiscardo , mais je vous sais bon gré d’avoir donné des louanges à ce Mainfroid dont les papes 2 ont dit tant de mal, et à qui ils en ont tant fait. Un temps viendra, sans doute, où nous mettrons les papes sur le théâtre, comme les Grecs y mettaient les Atrées et les Thyestes, qu’ils voulaient rendre odieux. Un temps viendra où la Saint-Barthélemy sera un sujet de tragédie 3, et où l’on verra le comte Raimond de Toulouse braver l’insolence hypocrite du comte de Montfort. L’horreur pour le fanatisme s’introduit dans tous les esprits éclairés. Si quelqu’un est capable d’encourager la nation à penser sagement et fortement, c’est vous sans doute. Je ne suis plus bon à rien ; je suis comme ce Danois qui, étant las de tuer à la bataille d’Hocstet, disait à un Anglais : « Brave Anglais, va-t-en tuer le reste, car je n’en peux plus. »

Adieu, mon cher philosophe , vous ne me parlez plus de votre ménage , je me flatte qu’il est toujours heureux . Conservez un peu d’amitié à votre véritable ami

V. »

1 En l’adaptant dans sa tragédie Blanche et Guiscard ; voir lettre du 22 janvier 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/28/mais-il-y-a-des-temps-ou-il-ne-faut-pas-irriter-les-esprits-qui-ne-sont-que.html

2 Ce mot a été biffé par V* qui le récrit au-dessus de la ligne, peut-être faute d'un synonyme ; de même deux lignes plus loin .

3 Baculard d'Arnaud a traité le sujet dans Coligny ou la saint-Barthélémy, pièce qui fut attribuée à V* ; voir une lettre de Leblanc à Bouhier du 29 janvier 1740 : le sujet est en effet tiré de La Henriade . Plus tard Marie-Joseph Chénier fit jouer Charles IX ou l’École des rois quelques mois après le début de la Révolution le 4 novembre 1789, et quelques années avant que son frère ne périt victime de celle-ci en 1794 .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Thomas-Marie_de_Baculard_d%27Arnaud

et : https://libretheatre.fr/charles-ix-ou-lecole-des-rois-de-marie-joseph-chenier/

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19/03/2019 | Lien permanent

les opinions se partagent sur toutes les affaires de ce monde ; mais après avoir tout pesé, tout discuté, il faut prendr

...

 

« A Henri-Louis Lekain

23 février 1767 à Ferney

Mon cher ami, le petit concile de Ferney a répondu au grand concile de l’hôtel d’Argental. Nous trouvons le projet qu’on nous propose froid et impraticable. Nous trouvons insipide ce Je ne puis, substitué à ce terrible Je l’accepte 1.

Nous croyons, d’après l’expérience, que ce Je l’accepte, prononcé avec un ton de désespoir et de fermeté, après un morne silence, fait l’effet le plus tragique.

Nous pensons que l’étonnement, le doute, et la curiosité du spectateur, doivent suivre ce mouvement de l’actrice. Nous sommes persuadés, d’après nos propres sensations, que tout le rôle d’Obéide, au cinquième acte, tient le spectateur en haleine, et le remue d’autant plus fortement qu’il devine dans le fond de son cœur ce qui doit arriver.

Nous avons pesé les inconvénients, et ce qui nous paraît des beautés ; nous avons conclu qu’il serait abominable de faire traîner Athamare à la torture et aux supplices, et que si dans ce moment Obéide prenait la résolution de s’offrir pour l’immoler, afin de lui épargner des souffrances, cela ressemblerait à un bourreau qui va donner le coup de grâce ; et si elle ne prend que dans ce moment la résolution de se tuer, cette inspiration subite ne fait pas, à beaucoup près, le même effet qu’un dessein pris dès la première scène, et qui rend son rôle théâtral pendant l’acte tout entier.

Nous alléguons beaucoup d’autres raisons que nous détaillons dans un mémoire que nous envoyons à M. d’Argental ; nous craignons à la vérité de nous tromper, en combattant l’avis des connaisseurs les plus éclairés, mais nous ne pouvons juger que d’après notre sentiment. Nous avons vu l’effet, et M. d’Argental ne l’a pas vu. Nous ne craignons rien de ce qu’ils craignent, et un endroit qui ne leur a fait aucune peine nous en fait beaucoup. C’est ainsi que les opinions se partagent sur toutes les affaires de ce monde ; mais après avoir tout pesé, tout discuté, il faut prendre enfin un parti. Ce parti est celui de jouer la pièce telle que je vous l’ai envoyée par M. Marin. Je vous prie seulement de changer ce vers :

Vous voyez, vous sentez quel meurtre se prépare.

Il faut mettre à la place 2:

Vous savez quel tourment un refus lui prépare.

Je suis persuadé que vous donnerez à l’actrice toute l’intelligence du rôle d’Obéide.

Nous nous flattons que le quatrième acte sera extrêmement théâtral ; je suis, bien sûr que vous le ferez réussir, quand vous direz au bonhomme Hermodan, avec une pitié noble : Vieillard, ton fils n’est plus.

Encore une fois, nous pouvons nous tromper, Mme Denis, Mme de La Harpe, Mme Dupuits, M. de La Harpe, M. Dupuits, M. Cramer, et moi ; mais répétez comme nous avons répété, et jugez d’après l’effet.

Je suis d’ailleurs dans la nécessité absolue de faire réimprimer la pièce incessamment, et j’attends de vos nouvelles avec la plus vive impatience.

V.

N. B. – Depuis ma lettre écrite 3, nous venons de jouer la pièce ; le cinquième acte a fait un plus grand effet encore que le quatrième. On a versé beaucoup de larmes, et il n’y a point de critique qui tienne contre des larmes. Si j’avais le malheur de croire une seule des critiques qu’on me fait, la pièce serait perdue : croyez-en mon expérience, et l’effet dont je viens d’être témoin.

Souvenez-vous du quatrième acte de Tancrède, qu’on voulait me faire changer. »

1 Les Scythes, acte V, scène 1.

2 La correction a été faite acte V, scène 2 .

3 Curieuse survivance de ce tour ancien, depuis ma lettre écrite, qu'on aurait pu croire tombé en désuétude depuis le temps où Mme de Sévigné en faisait usage .

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24/07/2022 | Lien permanent

n’ayant rien, on ne peut rien m’ôter ; j’ai tout donné

... Paroles de perdants du premier tour de la présidentielle en dessous des 5% nécessaires pour le remboursement des frais de campagne ?

Quelle est la réponse des banquiers , eux qui refusent si facilement et promptement les demandes des particuliers ? Deux poids, deux mesures ...

A moins que ce ne soit un débitant d'huile qui rode devant ses cuves vides : nouvelle affaire tournesol ! Les grossistes encore pourvus "arnaquent" les particuliers, le terme n'est que trop juste . Rappelons-nous quand même qu'il existe d'autres huiles, et basta girasol ! https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-e...

 

 

 

« De Voltaire et Marie-Louise Denis

à Antoine-Jean-Baptiste-Robert Auget, baron de Montyon 1

Ferney, par Genève, 9 janvier [1767]

Monsieur, c’est une grande consolation que vous soyez le juge de ma nièce, Mme Denis : car, pour moi, n’ayant rien, on ne peut rien m’ôter ; j’ai tout donné. Le château que j’ai bâti lui appartient ; les chevaux, les équipages, tout est à elle. C’est elle que les cerbères de bureau d’entrée persécutent ; nous avons tous deux l’honneur de vous écrire pour vous supplier de nous tirer des griffes des portiers de l’enfer.

Vous avez sans doute entre les mains, monsieur, tous nos mémoires envoyés à monsieur le vice-chancelier, qui sont exactement conformes les uns aux autres, parce que la vérité est toujours semblable à elle-même.

Il est absurde de supposer que Mme Denis et moi nous fassions un commerce de livres étrangers : il est très aisé de savoir de la dame Doiret de Châlons, à laquelle les marchandises sont adressées par une autre Doiret, toute la vérité de cette affaire, et où est la friponnerie.

Nous n’avons jamais connu aucune Doiret, y en eût-il cent : il y a une femme Doiret qui est venue dans le pays en qualité de fripière ; elle a acheté des habits de nos domestiques, sans que nous l’ayons jamais vue ; elle a emprunté d’eux un vieux carrosse et des chevaux de labourage de notre ferme, éloignée du château, pour la conduire ; et nous n’en avons été instruits qu’après la saisie.

Loin de contrevenir en rien à la police du royaume, j’ai augmenté considérablement la ferme du roi sur la frontière où je suis, en défrichant les terres, et en bâtissant onze maisons ; et, loin de faire la moindre contrebande, j’ai armé trois fois mes vassaux et mes gens contre les fraudeurs. Je ne suis occupé qu’à servir le roi, et j’ai trouvé dans les belles-lettres mon seul délassement à l’âge de soixante-treize ans.

Nous avons encore beaucoup plus de confiance en vos bontés, monsieur, que nous n’avons de chagrin de cette aventure inattendue. M. d’Argental peut vous certifier sur son honneur que nous n’avons aucun tort, Mme Denis, ni moi ; et mon neveu l’abbé Mignot, en est parfaitement instruit.

Nous espérons recouvrer incessamment des pièces qui prouveront bien que nous n’avons jamais eu la moindre connaissance du commerce de la femme Doiret, ni de sa personne : nous vous demandons en grâce d’attendre, pour rapporter l’affaire, que les pièces vous soient parvenues. Mme Denis est trop malade pour avoir l’honneur de vous écrire ; et moi, qui l’ai été beaucoup plus qu’elle, j’espère que vous pardonnerez à un vieillard presque aveugle si j’emploie une main étrangère pour vous présenter le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire,

gentilhomme ordinaire du roi.



Je me joins à mon oncle avec les mêmes sentiments, monsieur. Votre très humble et très obéissante servante.

Denis. »

1 Jean-Baptiste-Robert Auget, baron de Montyon, mort le 19 décembre 1820 âgé de quatre-vingt-sept ans, a légué des sommes considérables aux hôpitaux de Paris, et a fait les fonds de différents prix que distribuent annuellement des classes de l’Institut.(Garnier.)

Voir : https://data.bnf.fr/fr/11887021/antoine-jean-baptiste-robert_auget_montyon/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_Montyon

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19/04/2022 | Lien permanent

pariez toujours qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce que l'on dit dans le monde et vous ferez en peu de temps une

... La malice du cerveau humain ne suffisant pas à fournir suffisamment de mensonges, le dit cerveau a créé l'IA pour épauler ses manigances . On ne croyait plus ce qu'on lisait, ce qu'on entendait, ce qu'on voyait, et maintenant on sait faire revivre des morts . Plus besoin de faire tourner les tables dans des chambres obscures pour converser avec des disparus, l'IA est là à volonté . Géniale et pire des inventions . Bombe dont le détonateur n'est pas dans les mains de philanthropes , mais plus que souvent dans celles de bipèdes malveillants : https://www.boitmobile.fr/les-derives-de-lintelligence-ar... 

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https://www.youtube.com/watch?v=298dZWW-t3A&ab_channe...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21 mars 1768

Mon très cher et très vertueux ami, pariez toujours qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce que l'on dit dans le monde et vous ferez en peu de temps une grande fortune . Tout ce qu'on vous a conté du père Adam, de Mlle Guimard et de l'honnête criminel sont des romans à mettre dans Les Mille et une nuits . Le bon Adam est précisément tout le contraire du portrait qu'on a fait de lui . Il ne sait quelquefois ce qu'il dit, mais d'ailleurs c'est un très bon diable . Il est des nôtres et il travaille même actuellement à une conversion ; par conséquent jugez s'il est honnête homme .

Soyez très sûr mon cher ami, que le voyage de maman était d'une nécessité absolue . Vous ne savez pas à quel excès de fureur se portent les fanatiques et surtout le bœuf au cœur de tigre .

Il y a un autre excès bien funeste, c'est celui de l'acharnement à m'imputer tout ce que ce coquin de Marc-Michel Rey imprime depuis dix ans . Il n'y avait que maman qui pût opposer une digue à ce torrent très dangereux .

Voici la copie de ce que j'écris à M. le duc de Choiseul 1 . C'est un tour dont je me sers quelquefois avec lui . Ce tour est nouveau et lui a paru plaisant comme à moi .

Je vous envoie ma lettre pour La Harpe 2. Il a fait une énorme sottise par une légèreté condamnable . Il l'a soutenue par un orgueil féroce qu'on lui reproche . Mais j'en reviens toujours à dire qu'il n'a pas voulu me nuire, que cette leçon le corrigera, qu'il a du talent, qu'il faut lui pardonner, qu'il faut le gronder et l'aider, et surtout lui envoyer ma lettre . Je lui mande qu'on ne doit haïr que les Fréron et les ennemis de la société , et j'ai raison .

Je vous remercie tendrement, mon vertueux ami d'avoir vu maman, j’ai quelque espérance de passer avec vous la fin de ma vie . Cela me soutient et j'ai besoin d'être soutenu, du moins c'est la plus douce de mes illusions . »

2 S'agit-il encore de la lettre du 17 mars 1768 ? Voir en effet la lettre du 18 mars 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/07/je-suis-excede-6469648.html

 

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11/11/2023 | Lien permanent

il ne met aucune vérité dans ses procédés

... C'est le cas de Gérard Depardieu, acteur donc menteur jusque dans la vie quotidienne, il est malheureusement ordurier et violent envers les femmes :  il faut que cela cesse , ça ne dure que depuis trop longtemps : https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/depardieu/vide...

depardieu-mis-en-examen-pour-viol.jpg

https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-gerard-depa...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

11è avril 1768 à Ferney 1

Si je recevrai des grands d’Espagne qui ne sont point superstitieux ! qui ne sont point familiers de l'Inquisition ! qui méprisent également Augustin et Molina ! Oui sans doute, mon cher philosophe, et j'irais dix lieues au-devant d'eux si je pouvais aller . Je leur ferai mal les honneurs de ma retraite ; je suis malade, vieux et faible, mais ils seront les maîtres chez moi, et ce seront eux qui me recevront quand je pourrai paraître devant eux.

J'ai oublié entièrement le tort que M. de La Harpe a eu avec moi : mais il me paraît qu’il ne se connaît pas en expressions tendres et touchantes . Il vous dit qu'il avait lu à Mme Denis la lettre qu'il m'écrivît de sa chambre à la mienne, et qu'ils se mirent tous deux à pleurer ; il a pris apparemment Mme Denis pour sa femme ; et je ne vois pas comment cette lettre aurait pu tirer des larmes à ma nièce . Voici ses propres paroles :

Vous m'alléguez que vous ne l'avez donné à personne, je vous crois, mais quelle raison auriez-vous de ne me pas croire lorsque je vous dis que c'est à Paris qu'on me l'a donné .

Jugez,mon cher philosophe, si ce petit mensonge et ce style sont attendrissants .

Ce n'est pas un homme lié avec vous qui a dû être le plus empressé à posséder ce manuscrit.

Voici comment la lettre finit :

Si vous faisiez de moi des plaintes qui me fussent injurieuses, vous me forceriez d'avoir avec vous une espèce de procès public .

Vous m'avouerez qu'il est un peu étrange qu'il m'écrive ce ce style dans ma maison dans le temps qu'il était convaincu d'avoir pris dans mon portefeuille un manuscrit que je n'avais donné à personne . Ce qui m'attriste le plus sur le jeune homme, c'est qu'il ne met aucune vérité dans ses procédés . Cependant, loin de me plaindre de lui, je l'ai justifié contre toutes les imputations dont la foule de ses ennemis s'est empressée de le charger . Mon goût pour ses talents, l'espérance que l'usage du monde mûrira son caractère, l'attachement qu'il a pour la bonne cause, l'ont emporté sur tout le mal qu'il m'a fait ; il est cause de ma séparation d'avec Mme Denis ; il est cause que les derniers jours de ma vie sont privés de secours ; ma consolation est de savoir que Mme Denis doit être heureuse à Paris . Je lui fais vingt mille livres de pension, je lui en ai assuré trente-cinq mille . La petite Corneille est bien mariée . J'ai eu soin de tous mes parents, je n'aurai rien à me reprocher quand je rendrai ma chétive figure aux quatre éléments et le ressort incompréhensible qui l'animait à l'Être des êtres universel et incompréhensible .

Sur ce, je vous donne ma bénédiction, mon cher ami, et je vous demande la vôtre. »

1 Original, adresse autographe ; édition Lettres inédites, 1884,limitée au premier paragraphe et à quelques lignes du reste ; édition Schlobach . Il s'agit ici d'une lettre que d'Alembert avait demandée à V* le 5 avril 1768 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/086

, pour recevoir à Ferney deux jeunes Espagnols : José Pignatelli y Gonzaga, marquis de Mora, fils de l'ambassadeur Juan Joaquin Atanasio Pignatelli de Aragon, comte de Fuentes et gendre du marquis d'Aranda, qui avait aux yeux des philosophes le mérite d'avoir chassé les jésuites d'Espagne ; ainsi que le duc de Villa-Hermosa .

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08/12/2023 | Lien permanent

Le plaisir l’emporte sur la peine

... Je le souhaite à tous ceux qui nous enthousiasment , émeuvent, réjouissent, déçoivent parfois, tous ces sportifs qui nous donnent un spectacle rare, unique même, pour ces J.O. 2024.

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

29 janvier [1769] à Ferney 1

Je ne sais pas, monsieur, pourquoi vous dites à M. le duc de Choiseul qu’il marche dans la carrière des Colbert 2. Je ne le soupçonne point du tout être homme de finances ; je crois qu’il ne marche que dans la carrière des Choiseul . Il est plus fait pour jeter son argent par la fenêtre que pour en lever sur les peuples ; il aura des armées brillantes et bien disciplinées, les payera qui pourra. Mars n’aurait pas trouvé bon qu’on l’appelât Plutus.

Cependant vos vers sont jolis. Je vous en remercie de tout mon cœur, et je vois avec grand plaisir que vous êtes partisan du bon goût en aimant Lully et Rameau. Je suis un peu sourd, je ne puis guère m’intéresser à la musique. Je suis aussi fort en train d’être parfaitement aveugle, mais je puis encore lire les ouvrages d’esprit. Le plaisir l’emporte sur la peine. C’est un sentiment que vous m’avez fait éprouver par la petite brochure 3 que vous avez eu la bonté de m’envoyer.

Agréez, monsieur, mes très sincères remerciements, et daignez me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé.

V. »

1 Copie contemporaine ; édition « Lettres de Voltaire », Journal de Lyon du 21 juillet 1784 qui, comme le manuscrit porte1768 dans la date de cette lettre . Elle est de 1769 comme le prouve notamment l'allusion à Lucile ( Brenner 8861 ), opéra-comique de Marmontel, musique de Grétry qui fut joué au Théâtre Italien le 5 janvier 1769 et qui fournit à La Touraille l'occasion d'écrire une brochure intitulée : Lettre à M. de Voltaire sur les opéras philosophi-comiques, où l'on trouve la critique de Lucile, 1769 , de la même période date la publication de la Lettre à l'auteur d'une brochure intitulée Réponse à la Défense de mon oncle, 1769, de lui également.

Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Lucile_(opera)

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5833035w

et : https://fr.wikisource.org/wiki/La_D%C3%A9fense_de_mon_oncle/%C3%89dition_Garnier/Avertissement_de_Decroix

 

Voir aussi la note de Beuchot , édition Garnier : Cette lettre a été imprimée sous la date du 29 janvier 1768 dans le Journal de Lyon, 1784, page 236 ; et dans le tome II du Supplément au recueil des lettres de M. de Voltaire, publié par Auger, en 1808. Mais dans le Nouveau Recueil de gaieté et de philosophie, publié par La Touraille en 1785, deux volumes in-12, on trouve à la page 137 du tome Ier une Épître à M. le duc de Choiseul, datée du 1er septembre 1768, et commençant ainsi :

Vous qui marchez dans la carrière
Des Périclès et des Sulli, etc. 

La lettre où Voltaire rappelle cette épître ne peut donc être de janvier 1768. (Beuchot.)

2 Ce n’est pas de Colbert, mais de Périclès et Sully que parle La Touraille en corrigeant ce vers;

.Vous qui marchez dans la carrière
Des Périclès et des Sullys,
etc. 

Voir J.-C. Larcher, comte de La Touraille : Nouveau recueil de gaîté et de philosophie, 1785 , I, 137 : https://archive.org/details/bim_eighteenth-century_nouveau-recueil-de-gait_la-touraille-jean-chrys_1785_1/page/136/mode/2up

3 Ce doit être la Lettre à M. de Voltaire sur les opéras philosophi-comiques, où l’on trouve la critique de Lucile, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes, 1769, in-12 de 68 pages. Mais cette brochure ne dut guère paraître qu’en mars ; c’est donc à ce mois qu’il fallait placer la lettre de Voltaire. (Beuchot).

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08/08/2024 | Lien permanent

Non nostrum inter vos tantas componere lites Il ne nous appartient pas de régler de si grands litiges entre nous

... On se croirait à un meeting de LFI, ou de la droite extrême ou non, ou des opposants divers et variés au président qui se montre depuis peu un tantinet trop va-t-en-guerre , auxquels on peut ajouter tous les membres de l'Union européenne qui freinent fort quand il s'agit de se coltiner un Poutine les armes à la main .

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https://desk-russie.eu/2023/01/14/en-ukraine-le-droit-international-nous-oblige.html

 

 

 

« A François-Louis-Claude Marin

19 auguste 1768 à Ferney.

J’ai été un peu à la mort, mon cher monsieur : un petit tour de broche de plus, on aurait dit : Il est mort, mais cela n’est rien ; sans cela je vous aurais bien remercié sur-le-champ de la petite réponse de M. Linguet au modeste La Bletterie 1. M. Linguet me paraît un Français plein d’esprit, et La Bletterie, un Welche assez impertinent. Il prétend que j’ai oublié de me faire enterrer ; c’est ce que je n’oublie point du tout, car je me suis fait bâtir un petit tombeau, fort propre, de bonne pierre de roche, qui d’ailleurs est d’une simplicité convenable . Mais, comme il faut toujours être poli, je dis au sieur de La Bletterie :

Je ne prétends point oublier
Que mes œuvres et moi nous avons peu de vie ;
Mais je suis très-poli, je dis à La Blettrie :
« Ah ! monsieur, passez le premier ! »

On dit que la mortalité est fort grande sur les ouvrages nouveaux ; mais, Dieu merci, nous avons un bon Mercure. Ce monsieur Lacombe est un homme qui a beaucoup d’esprit ; son prédécesseur 2 était un bœuf, qui, dit-on, labourait fort mal sa terre. Je vous souhaite prospérité, santé, argent, et plaisir. Je vous aime une fois plus depuis que je sais que vous avez été visiter les saints lieux.

J’ai vu un petit livret 3 où il me paraît prouvé que notre saint-père le pape n’a nul droit de suzeraineté sur le royaume de Naples.

Non nostrum inter vos tantas componere lites.4 »

1 Simon-Nicolas-Henri Linguet : Lettre sur la nouvelle traduction de Tacite, par M. l’abbé de La Bletterie, avec un petit recueil de phrases élégantes tirées de la même traduction, pour l’usage de ses écoliers, 1768, in-12. : https://books.google.fr/books?id=jszngpwZszMC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Cette brochure contient un « recueil de phrases élégantes tirées de la même traduction, pour l'usage de ses écoliers » dans le genre du Dictionnaire néologique.

2 Voir lettre du 27 mai 1768 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/27/le-mauvais-gout-parait-enracine-6487225.html

Par le passé, La Place , directeur du Mercure, se chargea de faire paraître la lettre adressée à Nicodème Thieriot le 23 juin 1761 . Cette lettre a été imprimée dans le Mercure de 1761, juillet, tome II, page 81. Les éditeurs de Kehl l’avaient placée dans les Mélanges littéraires, après en avoir imprimé la plus grande partie en tête de la tragédie de Zulime : ce double emploi se retrouve dans beaucoup d’éditions. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/23/quand-on-vexe-un-pauvre-auteur-les-dix-neuf-vingtiemes-du-mo.html

4 Virgile., Bucoliques, III, v. 108. Il ne nous appartient pas de régler de si grands litiges entre nous.

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10/03/2024 | Lien permanent

quinze mille cultivateurs pouvaient être aussi utiles à l'État, du moins dans cette vie, que vingt chanoines qui ne doiv

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Travaille ! esclave !! Paroles de moines .

Horreur.

Au XVIIIè siècle , me direz-vous .

Oui, mais les Eglises diverses et multiples actuelles ne pronent -elles pas encore  une obéissance aveugle à leurs dogmes , et par là de s'échiner pour leur gloire, sinon gare à l'enfer .

http://www.deezer.com/listen-3371738

Relevez-vous ! Hommes libres ! Paroles de Voltaire .

Etonnez-vous, après ça qu'on devienne irreligieux !

Je vous laisse choisir vers qui vont mes préférences . 

 

 

 

 

« A Jean-François Joly de Fleury

 

A Ferney le 4è février 1771

 

Monsieur,

 

Vous ne serez point surpris qu'un homme qui a eu l'honneur de vous faire sa cour pendant que vous étiez intendant de Bourgogne i vous implore pour des infortunés ; il vous voyait alors occupé du soin de les soulager .

 

L'avocat ii que je prends la liberté de vous présenter n'est point un homme que l'on doive juger par la taille. Il joint à la plus grande probité une science au-dessus de son age . Il est le défenseur de douze à quinze mille bons sujets du roi, que vingt chanoines veulent rendre esclaves iii. Il a cru que quinze mille cultivateurs pouvaient être aussi utiles à l'État, du moins dans cette vie, que vingt chanoines qui ne doivent être occupés que de l'autre.

 

Vous connaissez cette affaire, Monsieur, vous en êtes juge . Il ne m'appartient pas de vous parler en faveur d'aucune des parties, mais il m'est permis de vous dire que l'impératrice de Russie a rendu libres quatre cent mille esclaves de l'Église grecque ; que le roi de Sardaigne a aboli la servitude dans ses États iv; et je puis encore ajouter à ces exemples le roi du Dannemark qui a la bonté de me mander qu'il est actuellement occupé à détruire dans ses deux royaumes cet opprobre de la nature humaine. Tout ce que désireraient les quinze mille hommes à qui on refuse les droits de l'humanité, serait que vous en fussiez le rapporteur.

 

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect,

Monsieur,

votre etc . »

 

i Celui-ci était venu avec son neveu ( pourtant fils de l'ennemi Omer Joly de Fleury) chez V* qui lui avait donné une fête ; cf. lettre à Mlle Clairon du 16 octobre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/16/a...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Joly_de_F...

 

ii Charles-Gabriel-Frédéric Christin, avocat de Saint Claude (Jura): http://www.demolyremy.fr/histoire_demoly/histoire_jura_de...

 

iii Les chanoines de Saint-Claude revendiquaient encore le droit de mainmorte . V* écrira, ou soufflera à Christin, la Supplique des serfs de Saint-Claude à monsieur le chancelier (Maupéou), c'est évoqué dans une lettre à Christin du 22 avril 1771 ;

http://books.google.be/books?id=xE0TAAAAQAAJ&pg=PA484...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mainmorte

 

iv En particulier dans le duché de Savoie par un édit du 20 janvier 1762 (cité en note par V* dans Au roi en son Conseil : page 411 : http://books.google.be/books?id=NRNvjjYauOsC&pg=PA586... )

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04/02/2011 | Lien permanent

Le fanatisme est si violent dans certaines têtes 

... qu'il faudrait un Don Quichotte , et un Sancho Pança  pour l'anéantir : " Ecoute moi abominable monde ... " https://www.youtube.com/watch?v=z2XBaLsB_SM&ab_channe...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental , Envoyé

de Parme, etc.

quai d'Orsay

à Paris

16è avril 1768

Vous demandez, cher ange, qu'on vous ouvre son cœur, et quand on vous l'a ouvert à deux battants, vous ne dites pas un mot à l'ouvreur de loge . Je ne vous ai point parlé de l'aventure de La Harpe, qui , je crois , n'est guère connu de vous, et à qui d'ailleurs je ne veux point faire de peine, et qui n'a jamais eu intention de me nuire, quelque tort qu'il ait pu avoir avec moi . Il est jeune, il est pauvre, il est marié ; il a besoin d'appui, je n'ai pas voulu lui ravir votre estime .

Je souhaite que Mme Denis vive heureuse à Paris, et je veux mourir dans la solitude . Le fanatisme est si violent dans certaines têtes , la persécution contre les gens de lettres se déclare si ouvertement, que je veux que Mme Denis soit à Paris pour repousser les coups de la calomnie et pour empêcher qu'on ne m’attribue les ouvrages de Chevrier 1, de l'ex-capucin Maubert, de l'ex-théatin Laurent, de l'auteur du Catéchumène, de celui du Militaire philosophe, de celui des Trois imposteurs, et de tant d'autres dont l'Europe est inondée  ; mon nom vient malheureusement sur le bout de la langue plutôt que celui de ces messieurs . Cela seul est capable de perdre un homme . Vous savez qu'on a cent oreilles pour la calomnie, et à peine une pour la justification d'un accusé . Il faut du moins qu'on me laisse mourir en paix , vous savez que c’est la seule grâce que je demande .

Au reste, vous ne m'avez point répondu sur une lettre de change de quarante écus que je vous ai envoyée . Vous êtes tout juste le contraire de M. le maréchal de Richelieu ; il n'envoie point de lettre de change, et vous ne faites pas semblent d'en recevoir .

On m'a mandé que vous aviez été fort content de la tragédie de M. de Chabanon ; pour moi, je lui ai dit la vérité . Je l’aime trop pour n'être pas très fâché s'il fait imprimer cet ouvrage dans l'état où il est .

Dieu merci, la santé de Mme d'Argental va toujours de mieux en mieux, et il y a tout lieu d'espérer qu'elle jouira très longtemps d'une vie très heureuse . C'est une grande consolation pour moi de savoir qu'à la fin la nature n'a plus de tort avec elle .

Je reviens aux articles de votre lettre du 26 mars , où vous me parliez de Babylone 2 et d'un malheureux chevalier . Je vous ai envoyé tout ce que je savais de Babylone par M. Jeannel . Mais nulle réponse sur ce qui se passe vers l'Euphrate ni de M. Jeannel ni de vous .

Je ne sais rien du malheureux chevalier, et je n'en saurai rien que quand des paquets de Hollande, qui sont toujours trois mois en chemin seront arrivés, alors je vous en rendrai un compte fidèle . Comptez, mon très cher ange, sur mon exactitude autant que sur les sentiments qui m'attachent à vous depuis soixante années ; car vous savez que je vous ai aimé depuis votre enfance, comme je vous aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie .

V. »

1 Sur Chevrier, voir lettre du 11 octobre 1761 à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/01/il-a-fait-avec-le-droit-du-seigneur-la-meme-petite-infamie-q-5855131.html

Tous les noms qui suivent ont été rencontrés à plusieurs reprises dans d'autres lettres . Sur Jean Maubert du Gouvest, voir lettre du 29 juillet 1755 à Clavel de Brenlès : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/03/je-n-ai-jamais-rien-vu-de-plus-plat-et-de-plus-horrible-cela.html

Sur Du Laurent, voir lettre du 12 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/04/le-ministere-ne-s-occupe-pas-sans-doute-de-ces-pauvretes-il-6341560.html

et du 4 avril 1768 à Charles Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/28/on-sait-assez-combien-tous-ces-bruits-sont-faux-mais-a-force-6473139.html

2 Comme la quasi-totalité des lettres d'Argental à V*, cette lettre du 26 mars relative à la Princesse de Babylone ne nous est pas parvenue .

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17/12/2023 | Lien permanent

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