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14/03/2010

J’espère beaucoup du pouvoir que votre aimable éloquence doit avoir sur tous les esprits.

 

 

Allez savoir pourquoi j’ai soudain repensé à ces deux artistes qui sur radio Luxembourg égayaient l’heure du repas de leurs aventures : Jeanne Sourza et Raymond Souplex.

Est-ce l'heure ? Un coup de nostalgie ? Ce goût du rire malgré les emmerdes ? Le recours fréquent au système D ?

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=76aGF_M0XYM

 

 

 

 En visionnant cette vidéo, la séquence du vidage de poche de La Hurlette par Carmen vous donnera une (faible ? ) idée de ce que l'on trouve couramment dans mes diverses poches ; "la nature a horreur du vide" disait-on, ça s'est révélé faux, c'est juste, uniquement lorsque l'on parle de MES poches . Mes lectures de Jules Vernes , et en particulier "L'Ile mystérieuse", m'ont incité à avoir toujours sur moi de quoi faire face à un naufrage sur une ile déserte . Ma fréquentation de Khoh Lanta m'a conforté dans cette attitude .

 

 

jane-sourza-et-raymond-souplex-sur-le-banc.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou

 

 

Lundi soir [14 mars 1763)

 

              Vous partagez, Monsieur, mes craintes et ma douleur. Les Lettres toulousaines [Les Toulousaines ou Lettres historiques et apologétiques en faveur de la religion réformée et de divers protestants condamnés (1763) d’Antoine Court de Gébelin] s’étendent beaucoup sur l’aventure de Sirven et de sa fille. Voila ce qui nous perdra. L’affaire de Sirven n’a point été jugée [cf. lettres à Damilaville des 15 et 23 mars 1765]. Le parlement de Toulouse joindra au Conseil ces deux affaires ensemble [affaires Calas et Sirven], et justifiera l’une par l’autre ; il soutiendra que les protestants sont en possession d’assassiner leurs fils et leurs filles, quand ils veulent changer de religion ; ils feront voir en trois mois de temps deux pères de famille accusés par la voix publique de ce crime épouvantable ; ils diront qu’ils ont cru absolument nécessaire de faire un exemple. J’avais recommandé expressément à nos trois avocats [Mariette, Elie de Beaumont, Loyseau de Mauléon] de ne jamais parler de l’affaire de Sirven, ils m’ont tenu parole.

 

              Vous écrivez sans doute à Lausanne et à Vevey. Si vous pouvez obtenir que l’auteur supprime le débit du livre jusqu’à la fin du procès, nous sommes sauvés[f1] , sinon tout est perdu. L’auteur ne risque rien en différant, il détruit tout notre ouvrage en se pressant. Qu’il attende la fin de notre procès, il aura de quoi faire un second volume intéressant. Je lui fournirai plusieurs pièces, et plusieurs anecdotes. J’espère beaucoup du pouvoir que votre aimable éloquence doit avoir sur tous les esprits. »

 

A Monsieur le Ministre de Moultou

à Genève.

 

 

 

 

 


 [f1]A Damilaville, le 28 mars : que  "l'auteur supprime (son livre) de bonne grâce jusqu'à ce que le parlement toulousain ait envoyé ses procédures et ses motifs (en ce qui concerne la condamnation de Calas)". Il propose à l'avocat Debrus de "consoler (l'auteur) par un petit présent pour le dédommager du retardement (et des cartons) qu'on demande" et il offre "d'y contribuer".]

 

 

 

 

 

 

 

 

Antoine_Court_Gebelin.jpg

 

 

 

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Court_de_G%C3%A9belin

http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?noticeid=551&scatid=144&lev=1

 

 

 

 

Les Toulousaines :

 

http://books.google.fr/books?id=UJUTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=voltaire+%22antoine+court+de+g%C3%A9belin%22&source=bl&ots=BBNrGm52yi&sig=7LOQNkkW04VBR8drAr_xaKiyVV8&hl=fr&ei=UYibS_KfLIjh4gao-tFl&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5&ved=0CBYQ6AEwBA#v=onepage&q=&f=false

 

 

 

 

Le Toulouse : de Nougaro :

 

http://www.youtube.com/watch?v=SmRu1q3eQWE&feature=related

 

13/03/2010

le prince jette son manteau de philosophe et prend l’épée dès qu’il voit une province à sa bienséance

Froidure sur le château de Volti, mais soleil radieux et oiseaux qui se font entendre et voir (construction de nids à tout va ), donc pour illustrer ceci :

Le chant des "oiseaux dans la charmille" :

http://www.youtube.com/watch?v=rv1Bj8_6ID4&feature=re...

La Noue :

http://cesar.org.uk/cesar2/people/people.php?fct=edit&...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_La_Noue

Mlle Gautier :

http://cesar.org.uk/cesar2/people/people.php?fct=edit&...

 

gaultier mlle.jpg
Ci-dessus :
Mlle Gau(l)tier qui récompensa "la vertu" de La Noue .

 

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

A Bruxelles ce 13 mars 1741

 

Devers Pâques on doit pardonner

Aux chrétiens qui font pénitence !

Je la fais ; un si long silence

A de quoi me faire damner.

Donnez-moi plénière indulgence.

 

Après avoir en grand courrier

Voyagé pour chercher un sage,

[son voyage à la cour de Frédéric en novembre- décembre 1740]

J’ai regagné mon colombier,

Je n’en veux sortir d’avantage.

J’y trouve ce que j’ai cherché,

J’y vis heureux, j’y suis caché.

Le trône et son fier esclavage,

Ces grandeurs dont on est touché,

Ne valent pas notre hermitage.

 

Vers les champs hyperboréens

J’ai vu des rois dans la retraite

Qui se croyaient des Antonins.

J’ai vu s’enfuir leurs bons desseins

Aux premiers sons de la trompette.

[Frédéric, auteur de L’anti-Machiavel,  vient d’envahir la Silésie]

 

Ils ne sont plus rien que des rois,

Ils vont par de sanglants exploits

Prendre ou ravager des provinces.

L’ambition les a soumis.

Moi, j’y renonce, adieu les princes,

Il ne me faut que des amis.

 

              Ce sont surtout des amis, tels que mon cher Cideville, qui sont très au-dessus des rois. Vous me direz que j’ai donc grand tort de leur écrire si rarement, mais aussi il faut m’écouter dans mes défenses. Malgré ces rois, ces voyages, malgré la physique qui m’a encore tracassé, malgré ma mauvaise santé, qui est fort étonnée de toute la peine que je donne à mon corps, j’ai voulu rendre Mahomet digne de vous être envoyé. Je l’ai remanié, refondu, repoli depuis le mois de janvier. J’y suis encore. Je le quitte pour vous écrire. Enfin je veux que vous le lisiez tel qu’il est, je veux que vous ayez mes premiers prémices, et que vous me jugiez en premier et dernier ressort. La Noue vous aura mandé sans doute que nos deux Mahomets se sont embrassés à Lille [Le Mahomet second de La Noue, et le Mahomet de V* ; la pièce de V* sera représentée pour la première fois à Lille –où habitent M. et Mme Denis- le 25 avril, par La Noue et sa troupe]. Je lui lus le mien. Il en parut assez content, mais moi je ne le fus pas, et je ne le serai que quand vous l’aurez lu à tête reposée. Ce La Noue me parait un très honnête garçon et digne de l’amitié dont vous l’honorez. Il faut que Mlle Gautier ait récompensé en lui la vertu, car ce n’est pas à la figure qu’elle s’était donnée, mais à la fin elle s’est lassée de rendre justice au mérite.

 

              Or mandez-moi, mon cher ami, comment il faut s’y prendre pour vous faire tenir mon manuscrit. Je ne sais si vous avez reçu L’Anti-Machiavel que j’envoyai pour vous à Prault, le libraire, à Paris. Je le soupçonne d’être avec les autres dans la chambre infernale qu’on nomme syndicale. Il est plaisant que le Machiavel soit permis et que l’antidote soit de contrebande. Je ne sais pas pourquoi on veut  cacher aux hommes qu’il y a un roi qui a donné aux hommes des leçons de vertu. Il est vrai que l’invasion de la Silésie est un héroïsme d’une autre espèce que celui de la modération tant prêchée dans L’Anti-Machiavel. La chatte métamorphosée en femme court aux souris dès qu’elle en voit [fable de La Fontaine], et le prince jette son manteau de philosophe et prend l’épée dès qu’il voit une province à sa bienséance.

 

Puis fiez-vous à la philosophie [La Pucelle].

 

              Il n’y a que la philosophie de Mme du Châtelet dont je ne me défie pas. Celle-là est constante dans ses principes, et plus fidèle encore à ses amis qu’à Leibnits.

 

              A propos, Monsieur le conseiller, vous saurez que cette philosophe a gagné un préliminaire de son procès fort important [le procès qu’elle fait pour être reconnue héritière du marquis de Trichâteau], et qui paraissait désespéré. Son courage et son esprit l’ont bien aidée. Enfin je crois que nous sortirons heureusement du labyrinthe de la chicane où nous sommes.

 

              Mais vous que faites-vous ? où êtes-vous ?

 

              Quae circumvolitas agilis thima ? [Où vas-tu promener sur le thym ton vol infatigable ?] Mandez un peu de vos nouvelles au plus ancien et au meilleur de vos amis. Bonjour, mon très cher Cideville, Mme du Châtelet vous fait mille compliments. »

 

 

 

 

 

 

 

Mahomet:http://cesar.org.uk/cesar2/dates/dates.php?fct=edit&p...

 

 

 Haendel : http://www.youtube.com/watch?v=3jExF36PF_A

12/03/2010

la coyonnerie mahométane : Il n’y a pas trente cuistres qui s’intéressent à cela.

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/26_Lettre_civile.html

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/18_Remarque_Jour...

Coyonnerie mahométane ! 

Interloqués ?

Encore un roumi qui se déchaine contre l'islam ?

Que nenni !

Puissent tous les critiques -et praticants aussi- de l'islam connaitre le coran aussi bien que Volti !

bolero-chic.jpg

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=MP3qwZxm7p4&NR=1

 

 

« A Gabriel Cramer

 

A Tournay 12 [mars 1760]

 

             J’apprends que mon cher Gabriel m’envoie la préface [Préface de L’Ecossaise qui contient une présentation caustique du rôle de Frélon (=Fréron) ], je suppose qu’il a eu la bonté de faire mettre la petite addition nécessaire à la fin de la pièce.

 

             Il faut qu’il ait le diable au corps pour avoir tiré 1 000 exemplaires de la coyonnerie mahométane [La Lettre civile et honnête ; réponse à une anonyme Critique de l’Histoire universelle de M. de Voltaire au sujet de Mahomet et du mahométisme.]. Il n’y a pas trente cuistres qui s’intéressent à cela.

 

             C’est Rafet à Toulouse qui imprime la feuille littéraire que je crois de Lombard[f1]  , jésuite. Tâchons d’en connaitre l’auteur. Nous guerroierons ; je suis comme Luc [= Frédéric II], j’aime à guerroyer.

 

             Le jésuite Saci [accusé de malversations.] en appelle au parlement pour la lettre de change de 30 000 livres. »

 

 


 [f1]Théodore Lombard, professeur (?) à Toulouse et auteur de poèmes dont certains sont publiés dans Le Parnasse chrétien de J. Chabaud et dans le Recueil des Jeux floraux ; auteur de Réflexions sur l'impiété prise du côté littéraire (1749) et d'une Réponse à un libelle intitulé :Idée générale des vices principaux de l'institut des jésuites (1761).

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=-p64smkh0iM

 

 

 

11/03/2010

Vous devriez bien venir coucher chez nous quand vous serez de loisir.

 

 

 

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

 

[11 mars 1770]

 

             Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien me mander s’il est vrai que M. Cramer le Conseiller [Philibert Cramer] soit envoyé par le magnifique Conseil, au petit duc de Choiseul, dans la petite cour de France, pour représenter au Roi l’insolence de ses ministres. Je ne doute pas que s’il va donner des ordres à Versailles, il ne soit reçu avec toute la soumission que doit un roi à la république romaine. En attendant il s’agit d’avoir à Versoix du bœuf, du mouton, du bois et de la chandelle ; cela est plus important que l’ambassade de Flamminius  Cramer [allusion à Titus Quintus Flamininus (souvent dit Flaminius) qui alla en ambassade auprès de Prusias négocier la  fin d’Hannibal].

 

             Je suis toujours dans mon lit, d’où je contemple tranquillement les orages[f1]  ; mais je vous avoue que mon orgueil est bien flatté de voir un de mes libraires aller donner des ordres à votre cour.

 

             Vous devriez bien venir coucher chez nous quand vous serez de loisir.

 

             V. »        

 

 


 [f1]Depuis le 18 février, on avait proscrit huit chefs chez les Natifs, par un édit du 23 février et on avait demandé aux autres de prêter serment ou de partir. Dès le 16 février V* offrait asile à Ferney à tous ceux qui le souhaiteraient. Le 12 mars, il va encore signaler à Choiseul que "le 7 mars trois pauvres ouvriers ont été assaillis et blessés dès qu'ils eurent dit qu'ils étaient français ... Les Bourgeois ... avaient laissé faire".

10/03/2010

des blessures que la mort seule peut guérir

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://rde.revues.o...

 

letr v à denis autographe.jpg

 - Lettre autographe, signée « Voltaire », adressée à sa nièce, mme Denis. Bruxelles, 8 janvier 1741 ; 1 page in-4°, adresse sur le 4° feuillet. « J’arrive à Bruxelles, je vous fais mille tendres compliments sur votre attachement au bon St Louis. [...] Mais compliments à part mes chers enfants, il faut que je vous voye. Monsieur Du Chastelet va à Paris, nous l’acompagne-rons madame Du Chastelet et moy, nous arriverons jeudy vers les trois ou quatre heures [...] J’ay rapporté de Prusse une fluxion sur les yeux qui me rend un fort vilain aveugle ; mais ma chere niece comme ce n’est pas pour mes baux yeux que vous m’aimez, votre oncle le quinze vingt viendra hardiment vous faire la cour. »

 

 

 

Les années ont passé,  la "chère nièce" (très "chère" nièce dorénavant ) a des réflexions un peu vexantes et irrévérencieuses . Trop , c'est trop, mais comme d'habitude ce cher homme va encore pardonner .

Adorable Voltaire ami !

Il est bon de souhaiter à tous un(e) ami(e) tel(le) que lui .

http://www.youtube.com/watch?v=_x0R0vFBHdE&NR=1

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Colmar 10 mars 1754

 

             Mon cher et respectable ami, je ne peux que vous montrer des blessures que la mort seule peut guérir. Me voilà exilé pour jamais de Paris, pour un livre qui n’est pas certainement le mien dans l’état où il parait, pour un livre[f1]  que j’ai réprouvé et condamné si hautement. Le procès-verbal authentique de confrontation que j’ai fait faire[f2] , et dont j’ai envoyé sept exemplaires à Mme Denis ne parviendra pas jusqu’au roi[f3]  ; et je reste persécuté.

 

             Cette situation aggravée par de longues maladies ne devait pas, je crois, être encore empoisonnée par l’abus cruel que ma nièce a fait de mes malheurs.

 

             Voici les propres mots de sa lettre du 20 février : « Le chagrin vous a peut-être tourné la tête. Mais peut-il gâter le cœur ? L’avarice vous poignarde. Vous n’avez qu’à parler … je n’ai pris de l’argent chez Laleu que parce que j’ai imaginé à tout moment que vous reveniez et qu’il aurait paru trop singulier dans le public que j’eusse tout quitté surtout ayant dit à la cour et à la ville que vous me doubliez mon revenu. »

 

             Et ensuite elle a rayé à demi l’avarice vous poignarde, et a mis l’amour de l’argent vous tourmente.

 

             Elle continue : ne me forcez pas à vous haïr … vous êtes le dernier des hommes par le cœur, je cacherai autant que je pourrai les vices de votre cœur.

 

             Voilà les lettres que j’ai reçues d’une nièce pour qui j’ai fait tout ce que je pouvais faire, pour qui j’étais revenu en France autant que pour vous, et que je traite comme ma fille.

 

             Elle me marque dans ces indignes lettres que vous êtes aussi en colère contre moi qu’elle-même. Et quelle est ma faute ! de vous avoir suppliés tous deux de me déterrer quelque commissionnaire sage et intelligent qui puisse servir pour elle et pour moi. Pardonnez, je vous en conjure, à l’excès de ma douleur si je répands dans votre sein généreux mes plaintes et mes larmes.

 

             Si j’ai tort, dites-le moi, je vous soumets ma conduite. C’est à un ami tel que vous qu’il faut demander des reproches quand on a fait des fautes. Que Mme Denis vous montre toutes mes lettres, vous n’y verrez que l’excès de l’amitié, la crainte de pas faire assez pour elle, une confiance sans bornes, l’envie d’arranger mon bien en sa faveur, en cas que je sois forcé de fuir, et qu’on me confisque mes rentes (comme on le peut, et comme on me l’a fait appréhender), un sacrifice entier de mon bonheur au sien, à sa santé, à ses goûts. Elle aime Paris. Elle est accoutumée à rassembler du monde chez elle. Sa santé lui a rendu Paris encore plus nécessaire. J’ai pour mon partage la solitude, le malheur, les souffrances, et j’adoucis mes maux par l’idée qu’elle restera à Paris dans une fortune assez honnête que je lui ai assurée, fortune très supérieure à ce que j’ai reçu de patrimoine. Enfin, mon adorable ami, condamnez-moi si j’ai tort. Je vous avoue que j’ai besoin d’un peu de patience. Il est dur de se voir traiter ainsi par une personne qui m’a été si chère. Il ne me restait que vous et elle. Et je souffrais mes malheurs avec courage quand j’étais soutenu par ces deux appuis. Vous ne m’abandonnerez pas. Vous me conserverez une amitié dont vous m’honorez dès notre enfance. Adieu mon cher ange, j’ai fait évanouir entièrement la persécution que le fanatisme allait exciter contre moi jusque dans Colmar au sujet de cette prétendue Histoire universelle[f4]  . Mais j’aurais mieux aimé être excommunié que d’essuyer les injustices qu’une nièce qui me tenait lieu de fille a ajoutées à mes malheurs. Mille tendres respects à Mme d’Argental.

 

             V. »

 

 

 

 


 [f1]Edition « pirate » faite par Néaulme de l’Histoire universelle

 

 [f2]Le 28 févier, il a écrit à La Gazette d’Utrecht : « … qu’ayant fait venir … de Paris » le manuscrit original de l’Histoire universelle, il « en a établi l’authenticité par devant les notaires de Colmar, Callot et Besson, le 25 février ; que ce manuscrit est de l’année 1740, qu’il contient 1254 pages, en deux tomes très usés, outre douze cahiers séparés ; qu’il est sept à huit fois plus ample que la prétendue Histoire Universelle … et due ces deux ouvrages ne se ressemblent pas ». Ce PV, dont une partie est datée du 24 février, l’autre du 27, est encore conservé à Colmar.

 

 [f3]Le 28 février, V* demandait à Malesherbes à qui il avait envoyé le « procès-verbal authentique » de vouloir « bien faire parvenir au roi la vérité … »

 

 [f4]CF. lettre du 24 février et note concernant les jésuites Mérat et Menoux, et lettre du 26 mars.

09/03/2010

un moment a tout détruit : nous n’avons à présent qu’une perspective très triste

 Après la journée de la Femme, mesdames, il serait bon que vous chantiez ainsi !

 http://www.youtube.com/watch?v=3hd4Mi-UeXc&feature=re...

 

 

 

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.worldtem...

 

montre éros.jpg
Y a-t-il eu ce type de montres à Ferney sous les yeux du Patriarche ?

 

 

 

 

 

 

 

 

« A de La Ponce

 

[mars 1771]

 

             Si vous allez à Chanteloup je me recommande à vos bons offices. Je vous prie de me mettre aux pieds de M. le duc, de Mme la duchesse de Choiseul, et de Mme la duchesse de Gramont. Leurs bontés seront toujours gravées dans mon cœur. Il me semble que je suis comme la France, je dois beaucoup à ce grand ministre.

 

             S’il a fait pacte de  famille [traité d’alliance entre les Bourbons de France et d’Espagne en 1761] , s’il vous a donné la paix [terminé la Guerre de Sept ans en 1763], si la Corse est au roi [en 1768], je lui dois aussi l’établissement de Mlle Corneille, les franchises de mes terres, et les grâces dont il a comblé toutes les personnes que j’ai pris la liberté de lui recommander. Ainsi, Monsieur, je crois qu’il peut très raisonnablement compter sur les cœurs de la France, sur le vôtre et sur le mien.

 

             Ce n’est pas que je ne trouve l’érection des six nouveaux conseils admirable[f1]  , ce n’est pas que je ne sois persuadé que nous avons besoin d’une nouvelle jurisprudence, mais cela n’a rien de commun avec les services que M. le duc de Choiseul a rendus à l’État, ni avec la reconnaissance que je lui dois.

 

             Je vous remercie bien sensiblement, Monsieur, du service essentiel que vous venez de rendre à  ma petite colonie, en assurant par vos bontés et par vos soins l’envoi de la petite caisse adressée à M. le marquis d’Ossun [une caisse de montres destinées à l’Espagne, qu’il annonce le 6 mars au marquis]: vous ne pouviez mieux favoriser ces pauvres gens dans une circonstance plus critique . Ils sont maltraités de tous les côtés. Ils n’ont encore rien pu obtenir de ce qu’ils demandaient [entre autres, l’exemption de droits ], et notre petit pays qui se flattait, il y a quelques mois, de la protection la plus signalée [celle de Choiseul bien sûr] est bien près de retourner dans son ancienne barbarie. Je m’étais épuisé entièrement pour le vivifier un peu, un moment a tout détruit : nous n’avons à présent qu’une perspective très triste avec la famine dont nous avons bien de la peine à nous délivrer.

 

 

 

 

 


 [f1]Soutien de V* à la réforme du chancelier Maupéou, ennemi de Choiseul  qui a une responsabilité dans la disgrâce d'icelui. La duchesse qui n'admet pas cette approbation écrira à Mme du deffand : "Qu'il est pitoyable, ce Voltaire, et quil est lâche ! Il s'excuse, il s'accuse, se noie dans son crachat pour avoir craché sans besoin. Il chante la palinodie, il souffle le froid et le chaud . Il ne sait ce qu'il dit ; il fait dégoût et pitié." L'édit de Maupéou, du 23 février 1771 supprime la vénalité des charges, les épices, décentralise la justice et restreint le ressort du parlement de Paris en créant des conseils supérieurs ; il simplifie aussi la procédure.

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=uFfD1Ke7_dM

 

 

08/03/2010

Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur

http://www.youtube.com/watch?v=Q1cKPn-xBbw&feature=re...

 

 

statue hom fem bb 8 mars.jpg

 

Journée de la femme ! centième anniversaire !

 

Allez ! je mets un titre provocateur en hommage (sic) à Coline Serrault .

Pour dire le vrai, très franchement, je l'ai trouvée gonflante . Et me trouvant gonflé, je me permets d'accoucher sur le papier cette pensée .

Cette féministe convaincue  m'a fait découvrir à la radio ce matin, un terme assez peu usité : "anthropoculture", entendez par là, tout simplement le fait que les femmes "cultivent" les enfants en leur sein, ou encore plus prosaïquement font des enfants .

 

Il y a une trentaine d'années, une psychologue, ex-enseignante, mère de famille avait déclaré lors d'un congrès de parents d'élèves, qu'elle faisait mettre sur son passeport , à la rubrique "métier" : ingénieur domestique, ce qui correspondait tout à fait fonctionnellement exactement,  à "mère au foyer". Cette trouvaille avait été déclarée géniale, et j'approuvais et approuve encore, mais combien de femmes ont osé suivre ce modèle ? Je serais curieux de la savoir, n'hésitez pas à me le dire

 

http://www.youtube.com/watch?v=36qzWxBBXX8&feature=re...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

Ferney 8 mars [1762]

 

             Paire d’anges,

 

             Madame Scaliger [surnom donné par V* à la comtesse] est plus que Scaliger [Philologue italien du XVIème, auteur d’une Poétique qui pose les fondements du classicisme], elle a du génie. Je suis plein de reconnaissance et de vénération. C’est encore peu que du génie, elle est bon génie. Assez de dames disent leurs dégoûts, assez disent en tournant la tête : ah !l’horreur ! et puis vont jouer et souper. Mais trouver le mal et le remède cela n’est pas du train ordinaire. Je ne peux encore prendre un parti sur ce qu’elle propose. J’avais fait ce Cassandre ou cette Olympie [changement de titre pour satisfaire Mlle Clairon qui doit jouer le rôle l’Olympie] uniquement pour le cinquième acte. Je voulais hasarder de faire voir une femme mourant de douleur. Je me disais : le président Hénault dans son petit livre [Le Nouvel abrégé chronologique de l’histoire de France] fait mourir vingt ministres de chagrin, pourquoi Statira n’en mourrait-elle pas ? En la peignant surtout dès le second acte accablée de ses douleurs, et languissante, et invoquant la mort, et n’attendant que ce moment, cela n’était-il pas cent fois plus naturel que de faire expirer de douleur en un seul vers, et d’une seule bouchée une sotte princesse dans Suréna ? Ah ! que cela est beau ! disaient les cornéliens que j’ai vus dans ma jeunesse : Non, je n’expire point, Madame ; mais je meurs [citation inexacte de Suréna]. Et moi je dis : que cela est froid ! que cela est pauvre ! Ah ! ce que je commente ne me plait guère [Commentaires sur Corneille].

 

             Enfin pourquoi un bûcher ne vaudrait-il pas le pont aux ânes du coup de poignard ?

 

             Pourquoi avant-hier un acteur qui lisait la pièce aux autres acteurs qui vont la jouer chez moi dans huit jours, nous fit-il tous fondre en larmes ? Attendons ces huit jours, laissez moi jouer la pièce telle que je l’ai achevée, laissez-moi reprendre mes esprits. Je n’en peux plus, je sors du bal, ma tête n’est point à moi. Un bal, vieux fou ? un bal dans tes montagnes ? et à qui l’as-tu donné ? aux blaireaux ? Non, s’il vous plait : à très bonne compagnie, car voici le fait. Nous jouâmes hier Le Droit du seigneur, et cela sur un théâtre[f1]  qui est plus joli, plus brillant que le vôtre assurément. Notre théâtre est favorable aux cinquièmes actes. La fin du quatre fut reçue très froidement comme elle mérite de l’être. Mais à ces vers : Je vais partir, je ne partirai plus, Avouez donc la gageure perdue. J’aime, eh bien donc régnez, à ces vers si vrais, si naturels, si indignement retranchés, il partait des applaudissements des mains et du cœur. J’avoue que la pièce est bien arrondie, mais enfin c’est notre cinquième acte qui a plu. A des Allobroges, direz-vous. Non, à des gens d’un goût très sûr, et dont l’esprit n’est ni frelaté, ni jaloux, qui ne cherchent que leur plaisir, qui ne connaissent pas celui de critiquer à tort et à travers, comme il arrive toujours à Paris à une première représentation, comme il arriva à L’Enfant prodigue, à Nanine, à Sémiramis, à Mahomet, à Zaïre, oui, à Zaïre . On est assez lâche pour céder quelquefois à d’impertinentes critiques, on sacrifie des traits noblement hasardés, auxquels le public s’accoutumerait en quatre jours. Il y a un beau milieu à tenir  entre l’obstination contre les critiques des sages, et l’esclavage de la critique des fous. Vous êtes mes sages, mais soyez fermes. Oui Le Droit du seigneur a enchanté trois cents personnes, de tout état et de tout âge, seigneurs et fermiers, dévotes et galantes. On y est venu de Lyon, de Dijon, de Turin. Croiriez-vous que Mlle Corneille a enlevé tous les suffrages ? Comme elle était naturelle ! vive ! gaie ! comme elle était maîtresse du théâtre, tapant du pied quand on la soufflait mal à propos ! Il y a un endroit où le public l’a forcée de répéter. J’ai fait le bailli ; et ne vous en déplaise, à faire pouffer de rire. Mais que faire de trois cents personnes au milieu des neiges, à minuit quand le spectacle a fini ? Il a fallu leur donner à souper à toutes, ensuite il a fallu les faire danser. C’était une fête assez bien troussée [ref. à Monsieur de Pourceaugnac, de Molière]. Je ne comptais que sur cinquante personnes. Mais passons, c’est trop me vanter.

 

             Nous jouons Cassandre dans huit ou dix jours. Je vous dirai l’effet. Comptez que nous sommes très bons juges, parce que nous sommes la nature pure et éclairée. Fiez-vous à nous.

 

             Je reviens de Cassandre à mon impératrice. Je savais bien qu’Ivan Chouvalow, mon favori et celui d’Elisabeth, avait raccommodé la princesse impériale avec la mourante, mais on me dit que dans le fond il est fort mal avec l’empereur germanico-russe aujourd’hui buvant et régnant [Pierre III, ami de Frédéric II]. C’est son cousin de l’artillerie [Pietr Petrovitch Shouvalov , grand maître de l’artillerie, mort le 16 janvier 1762] qui était en grâce. Il n’y est plus ; il vient de mourir.

 

             Cet empire russe deviendra l’arbitre du Nord. Je vous en avertis, messieurs les Français.

 

             Faut-il que les Anglais se moquent partout de vous ? Il y a là un Keat [Robert Keith, ambassadeur d’Angleterre à St Petersbourg de 1758 à 1762] qui sait boire, qui a captivé l’empereur, et votre Breteuil [fils du frère de Mme du Châtelet, ambassadeur de France à St Petersbourg de 1760 à 1763] n’a captivé personne. Ah ! pauvres Français avec vos vaisseaux de province ![chaque province devait fournir un vaisseau] Vous êtes dans le temps de la décadence, et vous y serez longtemps. Faites votre provision de café et de sucre, vous le payerez cher avant qu’il soit peu.

 

             Mes anges, neige-t-il à Paris ?

             Mille tendres respects.

 

             V. La Créature »

 

 

 

 

 

 

 

            


 [f1]Il est « mieux entendu, mieux orné, mieux éclairé que celui de Paris » : à Mme de Fontaine le 19 mars.

Au duc de Villars, le 25 mars : détails sur la mise en scène de Cassandre-Olympie jouée la veille (et où Gabriel Cramer a joué le Baron) : « notre salle est sur le modèle de celle de Lyon ; le même peintre a fait nos décorations ; la perspective en est étonnante, on n’imagine pas d’abord qu’on puisse entendre les acteurs qui sont au milieu du théâtre, ils paraissent éloignés de cinq cent toises. Ce milieu était occupé par un autel. Un péristyle régnait jusqu’aux portes du temple. La scène s’est toujours passée dans ce péristyle, mais quand les portes de l’intérieur étaient ouvertes, alors les personnages paraissaient être dans le temple, qui par son ordre d’architecture se confondait avec le vestibule ; de sorte que sans aucun embarras cette différence essentielle de position a toujours été très bien marquée. »

Au deuxième acte, « deux fermes sur lesquelles on avait peint des charbons ardents, des flammes véritables qui s’élançaient à travers les découpements de la première ferme percée de plusieurs trous, cette première ferme s’ouvrant pour recevoir Olympie, et se refermant en un clin d’œil, tout cet artifice a été si bien ménagé que la pitié et la terreur étaient au comble. »

 

 

 

 

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