05/09/2010
24 [août], jour de la St-Barthélémy ...Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.
Une fièvre brûlante : http://www.deezer.com/listen-5099873 ; http://www.deezer.com/listen-5099874 ; http://www.deezer.com/listen-5099875 ; http://www.deezer.com/listen-5099876 ; http://www.deezer.com/listen-5099877 ; http://www.deezer.com/listen-5099878 ; http://www.deezer.com/listen-5099879 ; http://www.deezer.com/listen-5099964 , mais délicieuse .
Beethoven, je t'aime au même titre que Volti .
Beethoven ce n'est quand même pas qu'un chien baveux, idole made in USA !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
5è septembre 1774
Mon cher ange, je suis toujours inquiet de la santé de Mme d'Argental, et de M. de Pont-de-Veyle. Je vois par votre lettre du 23 auguste que ni vous , ni le Grand Référendaire [i] n'êtes pas devins, quelque esprit que vous ayez tous deux. Vous ne vous doutiez ni l'un, ni l'autre du compliment qu'on devait lui faire le lendemain 24, jour de la St-Barthélémy [ii].
Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.
Je crois bien qu'on n'a pas beaucoup parlé de la Lettre du théologien [iii] dans tout le fracas des nouveaux changements qu'on fait de tous côtés. Le bourdonnement des guêpes ne fait pas grand bruit au milieu des coups de tonnerre. Il est ridicule d'attribuer cette Lettre à un Allemand nommé Paw qui a écrit dans un style obscur et entortillé des conjectures hasardées sur les Américains et sur les Chinois [iv]. Vous savez que c'est l'abbé Duvernet qui a tenu la plume, et qui sont ceux qui l'ont dirigée [v]. Ils m'ont pris pour leur bouc émissaire, et ils m'ont couronné de fleurs pour me sacrifier. Pour comble de douleur vous sentez que je ne puis les nommer et qu'il a fallu encore les ménager quand je leur ai fait des reproches qu'ils méritaient [vi]. Rien n'est plus triste, à mon sens, que d'être assassiné par ses amis, et d'être obligé de se taire.
Madame du Deffand me mande qu'elle vous voit quelquefois. Je vous prie de lui faire connaitre la vérité ; elle sait la répandre et la rendre piquante.
Je me garderai bien de traîner mon cadavre à Paris, parmi les factions qui le divisent. Je laisse à mes deux neveux de l'ancien et du nouveau parlement [vii] le soin de débrouiller le chaos. Je crois savoir qu'on veut créer une nouvelle compagnie, composée des deux autres, et que ce projet n'est guère exécutable. J'entrevois qu'il ne serait ni honnête, ni utile de sacrifier ceux qui ont servi le Roi à ceux qui l'ont bravé [viii]. J'aperçois de tous côtés des embarras et des dangers, mais les choses s'arrangent presque toujours d'une manière que personne n'avait prévue ; et rien de ce qui était vraisemblable n'arrive. Qui aurait imaginé la paix des Turcs et de ma Catau si prochaine !
M. Turgot passa quinze jours aux Délices il y a plusieurs années [ix]; mais M. Bertin y vint aussi [x], et ne m'a servi de rien. Si j'avais quelques jours de vie encore à espérer j'attendrais beaucoup de M. Turgot, non que je lui redemande l'argent que l'abbé Terray m'a pris dans ma poche [xi], mais j'espère sa protection pour les gens qui pensent, parce qu'il est lui-même excellent penseur. Il a été élevé pour être prêtre, et il connaît trop bien les prêtres pour être leur dupe ou leur ami. Toutefois Antoine se ligua avec Lépide qui était grand pontife, sot et fripon.
On me mande que le pontife Beaumont est exilé à Conflans . Je crois bien qu'il est à Conflans pour radouber sa vessie [xii], mais exilé j'en doute. Je doute aussi que M. le duc de La Vrillière se soit enfin défait de sa charge de facteur des lettres de cachet [xiii].
Il y a quelque temps que M. le maréchal de Richelieu m'envoya un mémoire qui me parait une lettre circulaire sur l'étrange procédé de sa folle cousine, très indigne petite-fille de Mme de Sévigné [xiv]. Je le crois plus affligé des aventures de la cour [xv] que de celles de Mme de St-Vincent.
Je vous trouve bien heureux d'être plein de sécurité au milieu de tant d'orages, et d'être un tranquille ambassadeur de famille [xvi]. Je voudrais seulement que Parme fût un État plus considérable.
Ecrivez-moi, je vous en prie, non pas comme ambassadeur, mais comme ami, soit par Mme Lobreau, soit par Mme de Sauvigny, soit par Bacon, substitut du procureur général, qui demeure à un ancien hôtel de Richelieu, place Royale.
Je crois que l'hippopotame Quez-à co [xvii] ne se charge plus des lettres de personne. On dit qu'un abbé Aubert est chargé de l'histoire appelée Gazette [xviii], attendu qu'il fait des fables.
Je vous embrasse, mon cher ange, de mes mains maigres, et je soupire après des nouvelles de vos malades.
V. »
i Maupéou.
ii Maupéou et ses collègues a été congédié le 24 août ; Maupéou a refusé de démissionner de sa charge de chancelier.
iii « Ouvrage aussi dangereux qu'admirable » de Condorcet que V* ne voulait pas se voir attribuer ; cf. lettre du 17 août.
iv Les Recherches philosophiques sur les Américains ou mémoires intéressants pour servir à l'histoire de l'espèce humaine, 1768-1769 et Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, 1773
v A De Lisle, le 17 novembre : « Le fond de cette brochure ... est d'un abbé Duvernet qui ne sait pas ce que c'est qu'un triangle. Il a été revu , corrigé et augmenté par M. de Condorcet qui le sait très bien, et qui a un génie supérieur. »
vi A Condorcet le 20 aout : « En un mot, je ne suis pas l'auteur de la Lettre du théologien ; je ne dois pas passer pour l'être ; et je suis bien sûr que vous et vos amis vous me rendrez cette justice ... J'attends mon repos de la vérité et de votre amitié. »
vii De l'ancien : d'Hornoy, du nouveau : Mignot.
viii A savoir, le nouveau parlement (de Maupéou) à l'ancien ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre.
ix En 1760.
x En 1755.
xi Turgot était devenu contrôleur général des Finances.
xii Christophe de Beaumont, archevêque de Paris , venait effectivement de se faire opérer et conserva ses fonctions.
xiii Il ne se défit pas en 1774 de sa charge de ministre de la maison du roi.
xiv Procès de Richelieu avec sa cousine Mme de St-Vincent qui aurait fait de faux billets à ordre au nom de Richelieu ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre 1774.
xv Depuis la mort de Louis XV, Richelieu est en disgrâce relative.
xvi Ambassadeur du duc de Parme qui est parent du roi de France (petit-fils de Louis XV).
xvii Marin que Beaumarchais appelait « animal marin », « hippopotame » dans les Mémoires Goësmann et dans l'Addition au supplément du mémoire (cf. lettre du 17 janvier 1774 à d'Argental). Dans son Quatrième mémoire, il le représentait allant à Versailles dans un carrosse portant pour armoiries une Renommée et l'Europe, le « tout embrassé d'une soutanelle doublée de gazettes, et surmontée d'un bonnet carré, avec cette légende à la houppe : Quez-à co ? Marin. »
xviii La Gazette de l'histoire « donne l'histoire de l'Europe deux fois par semaine » , la direction a été retirée à Marin ; cf. lettre du 31 mai 1773 à Vasselier.
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quand vous voudrez des commentaires cornéliens , vous n'avez qu'à tinter
Tinter, sonner, il est question de cloches si je ne me trompe . Les agiter peut amener des surprises ...
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Volti répondra-t-il si on le sonne ? Peut-être non ? http://www.deezer.com/listen-270712
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
5 septembre [1761]
Mes divins anges, quand vous voudrez des commentaires cornéliens [i], vous n'avez qu'à tinter. Monsieur de la Marche qui arrive ne m'empêchera pas de travailler. Je l'ai trouvé en très bonne santé. Il est gai ; il ne parait pas qu'il ait jamais souffert . Nous avons commencé par parler de vous. Et j'interromps le torrent de nos paroles pour vous le mander.
Est-il possible que vous ne m'ayez pas mandé le ministère de monsieur le comte de Choiseul [ii], et que je l'apprenne par le public ? Ah ! mes anges que je suis fâché contre vous !
Toute votre cour de Parme souscrit pour notre Corneille, votre prince [iii] pour trente exemplaire, M. Dutillot [iv], M. le comte de Rochechouart [v] souscrivent. La liste sera belle. Je voudrais savoir comment vous avez trouvé la lettre à mon cicéronien Olivet [vi]. Vous doutiez-vous que le germe d'Andromaque fût dans Pertharite [vii]? Il y a des choses curieuses à dire sur les pièces les plus délaissées . L'ouvrage devient immense. Mais malgré cela j'espère qu'il sera très utile. Il fera dix volumes in-4°, ou treize in-8°. N'importe, je travaillerai toujours et les Cramer s'arrangeront comme ils pourront et comme ils voudront.
Y a-t-il quelque nouvelle du Droit du Seigneur ? M. Legouz [viii] vous enverra une plaisante préface [ix].
Mes anges, je baise le bout de vos ailes.
V. »
i Cf lettres des 10 avril et 12 juillet à Duclos.
ii Choiseul-Praslin ; V* a cru « sur la foi des gazettes » qu'il était devenu secrétaire d'État ; nouvelle prématurée, Choiseul-Praslin devint chargé des Affaires étrangères le 15 octobre.
iii D'Argental représente à Paris le duc de Parme Philippe.
iv Premier ministre de Parme.
v Ambassadeur de France à Parme.
vi La lettre datée du 20 août et imprimée entre autres dans le Journal encyclopédique du 1er octobre 1761. elle traite de questions littéraires et linguistiques concernant les Commentaires sur Corneille.
vii Il indiquera à Cideville, le 23 septembre, après avoir signalé les points communs entre les deux pièces : « Racine a tiré tout son or du fumier de Pertharite, et personne ne s'en était douté. »
viii Legouz ou Legoust ou Le Goût : encore un des pseudonymes de V*, auteur du Droit du seigneur ; « il y a un Legouz à Dijon, parent de M. de La Marche » ; Legouz existait réellement.
ix V* compte « enjoliver cette petite drôlerie par une préface en l'honneur des cacouacs qui sera un peu ferme » ; pour cacouacs, nom donné aux philosophes, voir lettre à d'Alembert du 8 janvier 1758.
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l'auteur se moque également des prêtres ... plus on rend ces gens-là ridicules, plus on mérite du genre humain
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http://www.deezer.com/listen-5820509 : Ah ! Ah ! on rit déjà moins !
Orgueil des prêtres ? Rêve d'humains : "Que les mortels servent de modèle à Dieu" . Volti plus modestement dit "Dieu nous a créé à son image et nous le lui avons bien rendu !" : http://www.deezer.com/listen-2829102
« A Charles Bordes
5è septembre 1760 aux Délices
Jérôme Carré [i] est très flatté, Monsieur, de tout le bien que vous lui dites de M. Friport, et de L'Écossaise. Si vous voulez faire un petit pèlerinage vers le 18 septembre, vous trouverez à Tournay sur un théâtre de marionnettes [ii] deux ou trois acteurs qui valent bien ceux de Lyon, et surtout une actrice qui ne cède, je crois, à aucune de Paris ; vous verrez si le népotisme m'aveugle ; je ne suis pas si bon père que bon oncle; j'abandonne mes enfants [iii], mais je soutiens que ma nièce joue la comédie on ne peut pas mieux.
Il faut que vous me fassiez un petit plaisir ; un libraire nommé Rigolet, a imprimé à Lyon une petite brochure dans laquelle l'auteur se moque également des prêtres de Juda et des prêtres de Baal [iv] ; c'est toujours bien fait, plus on rend ces gens-là ridicules, plus on mérite du genre humain ; mais l'ouvrage est médiocre, et j'en suis fâché ; ce n'est pas assez de compiler, compiler [v], et d'écrire, d'écrire en faveur des philosophes ; tous ces ragoûts qu'on présente au public se gâtent en deux jours s'ils ne sont pas salés ; ce qu'il y a d'assez désagréable, c'est que Rigolet s'est avisé d'intituler sa feuille Dialogues chrétiens par M. V... imprimés à Genève.
Le second dialogue désigne un prêtre de Genève nommé Vernet auquel on reproche une demi-douzaine de friponneries [vi]; vous me rendriez un vrai service si vous pouviez savoir de Rigolet d'où il tient ces dialogues si chrétiens ; j'ai un très grand intérêt de le savoir. Si Rigolet vous confie son secret, soyez sûr que je ne vous compromettrai pas ; s'il ne veut point vous le dire, il le dira peut-être au lieutenant de police [vii] qui est votre ami. Je vous demande en grâce d'employer tout votre savoir-faire, tout votre esprit, toute votre amitié, pour contenter ma louable curiosité [viii]. Je vous embrasse de tout mon cœur ; Mme Denis vous en fait autant.
L'Ermite V. »
i Prétendu traducteur du prétendu auteur de l'Écossaise = V* ; « M. Friport » personnage de la pièce.
ii Allusion aux petites dimensions du théâtre de Tournay, et résurgence du travail de composition du Pot pourri qu'il a commencé et où la religion catholique est assimilée à un spectacle de marionnettes. Cf. Lettre du 24 octobre 1759 où il décrit la représentation de Tancrède chez lui : « Le théâtre de Polichinelle est bien petit ..., mais nous y tînmes neuf ... »
iii Ses œuvres.
iv Le 10 septembre il écrira au lieutenant de police Laffrusse que dans « ce libelle » imprimé à Lyon et « envoyé à un nommé Bardin, libraire genevois » « l'église de Lyon et celle de Genève sont également insultées. »
v Expression du Pauvre Diable.
vi Vernet avait entre autres écrit contre V* une lettre datée du 30 mai 1757, publiée dans le Journal helvétique de juin 1757 et reproduite dans La guerre littéraire en 1759 ; il y attaquait ce que V* avait dit explicitement dans une lettre à Thiriot datée du 26 mars 1757, publiée dans le Mercure de mai, et moins explicitement dans le chapitre 134 de l'Histoire -sur « l'âme atroce » de Calvin- qui avait fait brûler Servet et sur l'approbation que ces propos avait recueillie à Genève. Sur ces polémiques, voir lettres des 20 mai, 19 août, 6 septembre 1757 ; 27 décembre 1758 ; 7 et 10 février 1759.
Dans une lettre à d'Alembert du 29 décembre, V* proférait d'autres accusations contre Vernet : « ce Vernet convaincu d'avoir volé des manuscrits, convaincu d'avoir supposé une lettre de feu Giannone, Vernet qui fit imprimer à Genève les deux détestables premiers tomes de cette prétendue Histoire universelle » (en 1754, les deux volumes de l'édition Néaulme de 1753, reniés par V*, censés avoir été corrigés par Vernet), « Vernet qui reçut trois livres par feuille du libraire. »
vii Christophe de Laffrusse de Seynas, à qui V* écrira le 10 .
viii V* proposera même qu'on brûle la brochure à Genève, mais les Dialogues chrétiens ou Préservatif contre l'Encyclopédie sont actuellement publiés dans ses Œuvres.
05:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
Votre pédant en points et virgules, et votre disciple en philosophie et en morale, a profité de vos leçons
Point et virgule : http://www.deezer.com/listen-845481
Et une Virgule qui sonne comme des points de suspension : http://www.deezer.com/listen-2845649, ça peut (dé)plaire , ...
« A Frédéric II, roi de Prusse
A Potsdam, 5 septembre [1752]
Sire,
Votre pédant en points et virgules, et votre disciple en philosophie et en morale, a profité de vos leçons, et met à vos pieds La Religion naturelle [i], la seule digne d'un être pensant. Vous trouverez l'ouvrage plus fort, et plus selon vos vues [ii]. J'ai suivi vos conseils, il en faut à quiconque écrit. Heureux qui peut en avoir de tels que les vôtres.
Si vos bataillons et vos escadrons vous laissent quelque loisir, je supplie Votre Majesté de daigner lire avec attention cet ouvrage qui est en partie l'exposition de vos idées, et en partie celle des exemples que vous donnez au monde. Il serait à souhaiter que ces opinions se répandissent de plus en plus sur la terre. Mais combien d'hommes ne méritent pas d'être éclairés !
Je joins à ce paquet ce qu'on vient d'imprimer en Hollande [iii]. Votre Majesté sera peut-être bien aise de relire l'Éloge de La Mettrie. Cet éloge est plus philosophique que tout ce que ce fou de philosophe avait jamais écrit [iv]. Les grâces et la légèreté du style de cet éloge y parent continuellement la raison. Il n'en est pas de même de la pesante lettre de Haller, qui a la sottise de prendre sérieusement une plaisanterie. La réponse grave de Maupertuis n'était pas ce qu'il fallait [v]. C'était bien le cas d'imiter Suift, qui persuadait à l'astrologue Partrige qu'il était mort [vi]. Persuader à un vieux médecin qu'il avait fait des leçons au bordel eût été une plaisanterie à faire mourir de rire.
Nous attendrons tranquillement Votre Majesté à Potsdam . Qu'irais-je faire à Berlin ? Ce n'est pas pour Berlin que je suis venu quoique ce soit une fort jolie ville, c'est uniquement pour vous. Je souffre mes maux aussi gaiement que je peux. D'Argens s'amuse et engraisse. Arius de Prades est un très aimable hérésiarque [vii]. Nous vivons ensemble en louant Dieu et Votre Majesté, et en sifflant la Sorbonne . Nous avons de beaux projets pour l'avancement de la raison humaine [viii]. Mais un plus beau projet, c'est Gustave Vaza [ix]. Il n'y a pas moyen d'y penser en Silésie, mais je me flatte qu'à Potsdam vous ne résisterez pas à la grâce efficace qui vous a inspiré ce bon mouvement. Ce sujet est admirable et digne de votre génie unique et universel.
Je me mets à vos pieds.
V. »
i V* l'envoie aussi à la margravine qui fera des observations. L'ouvrage ne sera publié qu'en 1756.
ii Ce poème avait paru trop dévot à Frédéric et V* s'en défendit . Le matérialisme cynique de La Mettrie plaisait davantage au roi et il fit son Éloge .
iii V* avait demandé à la comtesse de Bentinck le 11 et le 25 août de lui faire avoir « l'éloge de La Mettrie avec des remarques et quelques autres pièces curieuses » qu'on a imprimé en Hollande. C'est L'Éloge du sieur de La Mettrie ... avec le catalogue de ses ouvrages et deux lettres . L'Éloge est de Frédéric, les deux lettres sont de Haller à Maupertuis du 10 novembre 1751 qui répond le 25 novembre.
iv La Mettrie a publié, entre autres, L'Homme machine en 1748, L'Anti-Sénèque ou le souverain bien en 1750, L'Art de jouir en 1751, Le Petit Homme à grande queue en 1751.
v La Mettrie, sceptique, avait dédié en termes amicaux son Homme machine au pieux Haller qui avait protesté courtoisement en disant qu'il ne le connaissait pas. Alors, dans l'Art de jouir et dans Le Petit homme, La Mettrie avait parlé de prétendues grivoiseries du sérieux Haller, qui adressa une très digne lettre de protestation à Maupertuis . Celui-ci répondit que ces « plaisanteries » n'avaient pu nuire à Haller.
vi Swift écrivit en 1709 l'Account of the death of mr Partidge the almanach-maker.
vii Cf. lettre à d'Alembert du 9 septembre.
Hérésiarque, hérésie : http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9r%C3%A9siarque
viii Début du Dictionnaire philosophique ? L'article Abraham sera envoyé au roi vers octobre.
ix Au cours d'un souper, Frédéric aurait conté « l'histoire de Gustave Vasa avec une éloquence si animée » que V* lui demanda de la conter en vers.
05:48 | Lien permanent | Commentaires (0)
Hué et persécuté je serais tombé malade et on m'aurait demandé un billet de confession. J'ai pris le parti de renoncer à tous ces agréments,
« A César-Gabriel de Choiseul, comte de Choiseul, duc de Praslin
A Potsdam 5 septembre [1752]
Vos bontés constantes me sont bien plus précieuses, Monsieur, que l'enthousiasme passager d'un public [i] presque toujours égaré qui condamne à tort et à travers, juge de tout et n'examine rien, dresse des statues et les brise pour vous en casser la tête. C'est à vous plaire que je mets ma gloire.
Je n'aime de signal [ii] que celui auquel je reviendrai voir mes amis. A l'égard de celui de Lisois [iii], je pense qu'à la reprise on pourrait hasarder ce qu'il a été très prudent de ne pas risquer aux premières représentations.
Ce n'est point le héros du Nord qui m'empêche à présent de venir vous faire ma cour. C'est Louis XIV. Une nouvelle édition qu'on ne peut faire que sous mes yeux m'occupera encore six semaines pour le moins. J'ai eu de bons matériaux que je mets en oeuvre [iv]. J'ai tiré de mon absence tout le parti que je pouvais. Je suis assez comme qui vous savez. Mon royaume n'est pas de ce monde. Si j'étais resté à Paris, on aurait sifflé Rome [v] et Le Duc de Foix, la Sorbonne eût condamné Le Siècle de Louis XIV, on m'aurait déféré au procureur général pour avoir dit que le parlement fit force sottises du temps de la Fronde. Hué et persécuté je serais tombé malade et on m'aurait demandé un billet de confession. J'ai pris le parti de renoncer à tous ces agréments, de me contenter des bontés d'un grand Roi, de la société d'un grand homme, et de la plus grande liberté dont on puisse jouir dans la plus petite retraite du monde. Pendant ce temps là j'ai donné le temps à ceux qui me persécutaient à Paris de consumer leur mauvaise volonté devenue impuissante. Il y a des temps où il faut qu'un pauvre diable d'homme de lettres qui a le malheur d'avoir de la réputation succombe ou s'enfuie.
Si jamais ma mauvaise santé, qui me rendra bientôt inutile au roi de Prusse, me forçait de revenir m'établir en France, j'aimerais bien mieux y jouer un rôle d'un malade ignoré que d'un homme de lettres connu. Vos bontés et celles de vos amis y feraient ma principale consolation. Je me flatte que votre santé est rétablie. Pour moi je suis devenu bien vieux. Mon imagination et moi nous sommes décrépis. Il n'en est pas ainsi du sentiment. Celui qui m'attache à vous et à vos amis n'a rien perdu de sa force. Il est aussi vif qu'inviolable.
J'envoie une nouvelle fournée de Rome sauvée. Je ne sais si à la reprise la gravité romaine plaira à la galanterie parisienne [vi].
Mille tendre respects.
V. »
i Succès d'Amélie ou le duc de Foix le 17 août à la Comédie française.
ii Allusion au coup de canon que l'on entend dans Adélaïde du Guesclin et dont il n'est plus question dans Amélie ou le duc de Foix.
iii Le personnage de Lisois remplace dans Amélie celui de Coucy qui figurait dans Adélaïde.
iv Cf. lettre à Thibouville du 15 avril 1752.
v Rome sauvée créée à la Comédie française le 24 février 1752, jouée onze fois à Paris en 1752.
vi La pièce sera reprise à Fontainebleau le 30 octobre 1752.
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04/09/2010
Je ne sais, Monsieur, si après avoir déclaré la guerre à l'Angleterre , je pourrai faire ma paix avec elle
D'après Nino, c'est le roi d'Angleterre qui a commencé : http://www.deezer.com/listen-2456530
Arm(é)e spéciale : http://www.deezer.com/listen-289350
Et ça va mal finir pour eux : http://www.deezer.com/listen-294544
Et dire qu'avec des hommes comme ce doux et fort Bourvil, il n'y aurait pas de guerres : http://www.deezer.com/listen-3377095
http://www.buffon.cnrs.fr/correspondance/corr_buffon_affi... : homme avec qui il fallait compter, ce Jean de Vaines .
« A Jean de Vaines
4è septembre 1776
Je ne sais, Monsieur, si après avoir déclaré la guerre à l'Angleterre [i], je pourrai faire ma paix avec elle. Je n'ai point de Canada à lui donner, ni de Compagnie des Indes à lui sacrifier ; mais je ne lui demanderai pas pardon d'avoir soutenu les beautés de Corneille et de Racine contre Gilles et Pierrot . Et je ne crois pas que l'ambassadeur d'Angleterre demande au roi de France la suppression de ma déclaration de guerre.
Je n'ai pu encore trouver à Genève le petit Commentaire historique [ii] dont vous me parlez. Il a été imprimé à Lausanne, et je crois que c'est Panckoucke qui en a toute l'édition. Je crois pourtant que j'en pourrai trouver incessamment.
Je suis actuellement bien malade et je ne sors pas de mon lit.
Permettez moi de mettre sous votre enveloppe un petit mot pour M. d'Alembert.
Je vous supplie aussi de bien vouloir faire parvenir ce paquet au s[ieu]r Moureau libraire, quai de Gesvres. »
i Allusion à sa Lettre à l'Académie contre Le Tourneur, panégyriste de Shakespeare ; cf. lettres des 19 juillet, 30 juillet et 27 août à d'Argental et 13 août à d'Alembert.
ii Commentaire historique sur les oeuvres de l'auteur de la Henriade que V* présente à Richelieu : « ... fait par un homme sage, d'après toutes les pièces justificatives qui sont encore entre ses mains ». On l'attribue souvent à Jean-Louis Wagnière (secrétaire de V*), dirigé par V* lui-même.
Moultou, le 4 novembre, dit : « ... l'ouvrage est de M. de Morsan » , (frère de Mme de Sauvigny qui a vécu quelques annnées à Ferney), mais dont « le patron lui a fourni ... les anecdotes et le style... »
http://www.deezer.com/listen-1041132 : un France - Angleterre mémorable !
Fin de programme : http://www.deezer.com/listen-302312
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Ce quelque chose était une petite fille qui est venue au monde sur le champ. On l'a mise sur un livre de géométrie qui s'est trouvé là
http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_d...
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C'est quand même quelque chose que cette naissance qui a ému plus Volti que la maman . Couchée sur un livre de géométrie, pour qu'elle ait la bosse des maths ? Ni la mère, ni l'enfant ne survivront, seul survivront le chagrin, -un peu,- et l'estime, -toujours ,- de Volti .
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Kek choz' é moi : http://www.deezer.com/listen-606423
http://www.deezer.com/listen-2508117 : mais nous n'avons pas, ici, "passé le temps d'être amis" dis-je .
Juliette, et sa poésie et son ton, qui apporte quelque chose : http://www.deezer.com/listen-2440180
« A Claude-Henri de Fuzée de Voisenon
A Lunéville, 4 septembre [1749]
Mon cher abbé greluchon [i] saura que Mme du Châtelet étant , cette nuit à son secrétaire, selon sa louable coutume, a dit : Mais je sens quelque chose ! Ce quelque chose était une petite fille qui est venue au monde sur le champ. On l'a mise sur un livre de géométrie qui s'est trouvé là, et la mère est allée se coucher . Moi, qui , dans les derniers temps de sa grossesse, ne savait que faire, je me suis mis à faire un enfant tout seul ; j'ai accouché en huit jours de Catilina. C'est une plaisanterie de la nature, qui a voulu que je fisse , en une semaine, ce que Crébillon avait été trente ans à faire. Je suis émerveillé des couches de Mme du Châtelet, et épouvanté des miennes.
Je ne sais si Mme du Châtelet m'imitera, si elle sera grosse encore ; mais , pour moi, dès que j'ai été délivré de Catilina, j'ai eu une nouvelle grossesse, et j'ai fait sur-le-champ Electre [ii]. Me voilà avec la charge de raccommodeur de moules [iii] dans la maison de Crébillon.
Il y a vingt ans que je suis indigné de voir le plus beau sujet de l'Antiquité avili par un misérable amour, par une partie carrée, et par des vers ostrogoths. L'injustice cruelle qu'on a faite à Cicéron ne m'a pas moins affligé. En un mot, j'ai cru que ma vocation m'appelait à venger Cicéron et Sophocle, Rome et la Grèce, des attentats d'un barbare. Et vous , que faites-vous ? Mille respects, je vous en prie, à Mme de Voisenon. »
i Voisenon est le confident de Mme du Châtelet ; un greluchon est un amant de cœur.
ii Le 12 août il envoie Catilina à d'Argental et le 1er septembre il en est « à l'ébauche du cinquième acte d'Electre ».
iii = ouvrages « moulés » = imprimés par Crébillon.
En douceur, encore quelque chose : http://www.deezer.com/listen-2714559
Liste des choses à faire ! mais plus guimauve que ça à chanter, tu meurs ! : http://www.deezer.com/listen-1184691
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