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07/12/2013

à moins que le roi de Prusse ne l'ait fait comte pour le consoler d'avoir été massacré par des pandours

 ... Magnifique consolation que celle d'être anobli ou décoré à titre posthume ! misérable cadeau qui ne donne pas une seule seconde de vie supplémentaire, pauvre hochet  qui peut satisfaire des proches désespérés pendant quelques brefs instants , cautère sur une jambe de bois !

Allez vous faire voir chez le roi de Prusse , dirai-je à ceux qui veulent briller au prix de leur peau .

 Decoration-posthume.jpg


 

« A Élie Bertrand

premier pasteur

à Lausanne 1

Aux Délices 11 novembre [1758]

Je n'ai point connu de comte de Manstein,2 mon cher philosophe, à moins que le roi de Prusse ne l'ait fait comte pour le consoler d'avoir été massacré par des pandours ; c’était un Poméranien devenu Russe, qui avait pris le comte de Munck à brassecorps,3 l'avait colleté, secoué et mis di sotto,4 puis le garrotta et l'envoya dans une charrette en Sibérie . Ensuite ayant peut-être quelque peur d'y aller à son tour, il quitta le service d’Élisabeth pour Frédéric . Il se mit à faire des mémoires . J'en mis une partie en français mais il y a encore quelques fautes . Je n'eus pas le temps de tout corriger . Je crois que les Cramer donneront volontiers à la veuve vingt-cinq louis d'or, mais je n'ai pu réussir à en faire donner davantage .

Je crois la veuve mal à son aise, et le roi son nouveau maître pourra bien être hors d'état de faire des pensions aux veuves .

Je ne lirai pas plus, mon cher ami, les libelles du Mercure germanique que ceux de Neuchâtel . Toutes ces pauvretés tombent dans un éternel oubli après avoir vécu un jour .

Il est toujours question de tremblement . Celui de 5 Syracuse n'a pas été si considérable qu’on le disait . Il y en a eu un au Hâvre-de-Grâce, qui a renversé des maisons . Je n'ai pas sur ces phénomènes des notions bien détaillées . Je sais seulement que la terre tremble depuis deux ans, et que les hommes ensanglantent sa surface depuis longtemps 6.

Je plante en paix des jardins, et quand j'aurai planté, je reviendrai à Lausanne , où je voudrais bien vous tenir . Je vous prie mon cher […]7 raisonnable, d'assurer M. et Mme de Freudenrick de mes respects 8 . »

1 Lausanne changé en Berne, d'une autre main que celle de V*.

3 L'expression subsiste encore dans certaines régions de France .

4 = Dessous, donc l'avait renversé .

5 Une autre main a ajouté ici « celui de ».

6 Depuis longtemps a été ajouté d'une autre main sur le manuscrit ; ces mots ne sont pas indispensables .

7 V* avait écrit ici un mot illisible du fait qu'une autre main a surchargé par théologien ; était-ce chrétien ?

8 Ajout valeas d'une autre main .

 

06/12/2013

Il n'a qu'un plaisir , c'est de faire parler de lui . J'ai cru autrefois que ce plaisir était quelque chose mais je m’aperçois que c'est une sottise

... Cette sottise, "faire parler de soi", pour ne pas dire cette co..., apanage des guignols de la téléréalité trash, n'est pas prêt de disparaitre tant le paraitre semble le but ultime de ces bas-de-plafond. La sagesse voltairienne leur est à tout jamais inatteignable, mais je suis peut-être trop pessimiste, non ?

 

bas-de-plafond.jpg

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

ancien conseiller au parlement de Normandie

à son château de Launay

Rouen

Aux Délices 10 novembre [1758]

Mon affaire avec le marquis Angot est fort sérieuse, mon cher et ancien ami, mais vous l'avez rendue si plaisante par votre aimable lettre , que je ne peux plus m'affliger . Le constat de cadavre 1 me fait encore pouffer de rire . Je crois ce puant marquis bien en colère que je vive encore et que j'aie douté de son existence . Ce petit gnome ne vous a donc pas répondu ; je le ferai ester à droit de pardieu 2, fut-ce dans Argentan en basse Normandie . Je vous suis doublement obligé et de vos bons conseils et de vos bonnes plaisanteries . Je vois qu'il n'est pas aisé de trouver un procureur honnête homme, encore moins un marquis qui paye ses dettes . Cet Ango doit être furieusement grand seigneur car non seulement il ne paye point ses créanciers mais il ne daigne pas leur faire civilité . Cet Ango n’est point du tout poli . Vous allez donc à Paris mon cher ami chercher le plaisir et ne le point trouver, jouir de la ville et ne l'aimer ni ne l'estimer et y attendre le moment de retourner à votre charmante terre . Pour moi j'ai renoncé aux villes, j'ai acheté une assez bonne terre à deux lieues de mes Délices . Je ne voyage que de l'une à l'autre , et si j'entreprenais de plus grandes courses ce serait pour vous .

Le roi de Prusse m'écrit souvent qu'il voudrait être à ma place . Je le crois bien, la vie des philosophes est bien au dessus de celle des rois . Le maréchal de Daun et le greffier de l'empire instrumentent toujours contre Frédéric . Les uns le vantent, les autres l'abhorrent . Il n'a qu'un plaisir , c'est de faire parler de lui . J'ai cru autrefois que ce plaisir était quelque chose mais je m’aperçois que c'est une sottise . Il n'y a de bon que de vivre tranquille dans le sein de l'amitié . Je vous embrasse de tout mon cœur . Mme Denis en fait autant .

V. »

1 Ce qui veut dire « constat au sujet du corps » en parlant d'un mort, c'est ici plaisamment appliqué par Cideville au sujet du marquis de Lézeau bien vivant ; vois lettre du 30 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/27/comment-il-faut-faire-pour-se-faire-payer-d-une-dette-de-qua-5232578.html

2 Forme archaïque pour « ester en justice » .

05/12/2013

Les effets publics se soutiendront sans doute puisque voilà un lieutenant de police à la tête de la marine

 ... De nos jours il serait miraculeux que les effets publics prennent de la valeur simplement parce que notre ministre de l'Intérieur (SuperFlic) hérite du portefeuille du ministère de la Marine ou de la pêche ; quel que soit le résultat des chaises musicales envisagé, il restera un teigneux . Je pense d'ailleurs que la Marine lui ferait sortir des boutons tant il est allergique à la fille du pape du FN .

 Marine_Nationale.jpg

Bon , comme Voltaire , je regarde ces modifications possibles ou supposées avec la même ironie . Si dans ces affaires nous ne perdons pas d'argent, ce sera déjà une belle chose .

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

8 octobre [novembre 1758]

Mon cher correspondant , ces annuités sont donc bonnes puisqu'on en paye les coupons . Ces billets de loterie ne sont donc pas mauvais puisqu'ils produisent des lots dont on délivre l'argent . Les effets publics se soutiendront sans doute puisque voilà un lieutenant de police 1 à la tête de la marine . Quand ils seront au pair, daignez avertir votre ami de Ferney .

Je crois bien que ce n'est pas vous qui avez fait les quatre vers pour le roi de Prusse . Ce n'est pas moi non plus . Il m'en envoya plus de deux cents l'année passée 2 , mais à présent s'il en fait cent ce sont des élégies .

Expliquons-nous sur les Rois 3, c'est-à-dire sur le paiement des Rois, et sur mes Pâques, c'est -à-dire sur le paiement de Pâques . J'entends que je vais tirer sur vous pour l'échéance des trois Rois, et pour l'échéance de Pâques . On entend à Lyon qu'on fait à Pâques le paiement des Rois, et à la Jean 4 , celui de Pâques ; et chez les vieux seigneurs de Ferney c'est tout le contraire . C'est donc pour la fin de décembre que je vais tirer et pour la fin de mars, et mes billets seront peut-être au porteur afin qu'il ne soit pas dit que j'ai acheté Ferney et payé avant de m'accommoder pour les lods avec le seigneur paramont 5 .

On dit à Versailles la Saxe évacuée, on dit les Suédois à Berlin 6 et je n'en crois rien ni vous non plus .

Cours à l'incluse je vous en supplie.

Nous vous embrassons tous et toutes .

V. »

1 Berryer en sa qualité de lieutenant de police avait surtout songé à rendre service à Mme de Pompadour et en sera récompensé en obtenant le 1er novembre 1758 la charge de secrétaire d’État à la Marine . Il ne fit pas davantage preuve de compétence dans ce poste et devint aussi impopulaire que dans sa précédente fonction .

2 Voir lettre de Frédéric du 8 octobre 1757 : page 280 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f283.image

Il n’y a que 42 vers dont la conclusion est remarquable .

3 Échéance du jour des Rois, le 6 janvier , Épiphanie .

4 St Jean le 24 juin .

5 Voir lettre du 23 septembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/m...

6 Berlin était menacé à la fois par les Suédois et par les Autrichiens, mais ne fut occupée par aucune armée ennemie avant octobre 1760 .

 

04/12/2013

Je ne cherche dans la terre de Ferney qu'un tombeau dans ma patrie

 ... Point de dépouille de Voltaire à Ferney, de toute façon il est immortel, ... et son esprit est partout .

 DSC04053 il aurait pu y être.png

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

Aux Délices près de Genève

6 novembre [1758]

Monsieur, j'ai eu l'honneur de voir monsieur votre frère à Ornex . Je lui ai témoigné combien j'étais affligé que ma mauvaise santé m'eût empêché de venir vous rendre mes devoirs . C'est tout ce que j'ai pu faire d 'aller chez M. de Boisy deux ou trois fois . Le régime où me tient M. Tronchin me condamne à des assujettissements bien tristes . Je ne cherche dans la terre de Ferney qu'un tombeau dans ma patrie .

On m'a parlé d'abord des lods et ventes de ce tombeau sur le pied du cinquantième denier, ensuite on m'a dit que c'était le huitième puis le sixième, et enfin le quart . J'écrivis d'abord à Mme la princesse de Conti . Elle m'a mandé qu'il n'était point du tout sûr que Mgr le comte de La Marche son petit-fils eût la seigneurie de Gex 1 dont dépend la terre de Ferney . J'écrivis en même temps à Mgr le comte de La Marche et à son intendant pour demander que la moitié des lods me fût remise , et je n'ai point encore eu de réponse .

J'eus l'honneur de vous écrire en ce temps-là mais j'étais fort peu instruit de tout ce que 2 on m'a remis le mémoire ci-joint que j'ai l'honneur de vous envoyer . Il peut servir ou auprès de Mgr le comte de La Marche ou auprès de celui qui sera possesseur de Gex . Il ne s'agit dans ce mémoire que des 2 tiers des lods que le seigneur dominant s'est réservé . Quant à votre tiers, monsieur, c'est un autre article sur lequel vous n'éprouverez de ma part que beaucoup d'envie de vous plaire , si je parviens à consommer entièrement cette affaire qui n'est pas sans difficultés et sans épines .

Si je peux coucher quelqu'un de ces jours chez M. de Boisy, j'irai avec beaucoup d'empressement à Gex vous demander vos lumières et vos bontés . Monsieur, votre frère m'a flatté que vous pourriez en attendant venir avec lui dans ma petite retraite dont je ne sors presque jamais , et où je dîne tous les jours à deux heures et demie . Je n'ose espérer que vos affaires vous permettent de faire ce voyage , mais je serais enchanté de vous recevoir et de vous dire avec quels sentiments j'ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé écrivait à V* le 23 octobre 1758 : « J'ai envoyé votre lettre , monsieur, à mon petit-fils qui est à l'armée mais je puis toujours vous y répondre qu'il ne peut rien dire à présent les affaires de la successsion n'étant pas décidées . Il ne sait si il aura la terre de Gex ou s'il ne l'aura pas . J'aurais été fort aise qu'il put faire ce que vous souhaitez . »

2 Sauf erreur de déchiffrement, V* fait ici un lapsus difficile à corriger .

 

 

03/12/2013

nowadays the earth is cover'd with blood and mangled carcasses, almost every month . Let the happy madmen who say that what is, is well, be confounded

... The happy madmen doivent être une espèce en voie de disparition , je pense , au train où vont les choses . Et j'en fus un .

 Au passage, je salue admirativement Voltaire qui sut apprendre l'anglais en quelques mois d'immersion britannique, ce qui est beaucoup plus efficace que les cours dispensés au lycée ( voir le classement de la France, au travers de ses étudiants/élèves au niveau mondial, on rit jaune à Paris pendant qu'on s'éclate à Shangaï )

 

keith lord marischal.jpg

 

« A George Keith, dixième comte Marischal 1

Aux Délices 4 octobre [novembre 1758]

Mylord, when I ran last years into profecies, like Isaïab and Jeremiah, I did think I should weep this year over your worthy brother . I learn'd his death 2 and that of kings' sister at a time . Nature and war work on together your king's calamities . The lost of marechal Keite is a great one . All your philosophy can not remove your grief . Philosophy assuages the wound and leaves the heart wounded . This present war is the most hellish that war ever fought . Your lordship saw formerly one battle a year at the most . But nowadays the earth is cover'd with blood and mangled carcasses, almost every month . Let the happy madmen who say that what is, is well, be confounded . T'is not so indeed with twenty provinces exhausted and with three hundred thousand men murdered .

I wish your lordship the peace of mind necessary in this lasting hurricane of horror . I enjoy a calm and delightfull life, that Federic will never taste of . But the more happy I am the more I pity kings . I hope you were as happy as I am, were you not a tender brother 3.

Conservez vos bontés milord à un philosophe campagnard qui sera toujours pénétré pour vous du plus tendre respect .

V »

3 « Milord, quand ces dernières années, comme Isaïe et Jérémie, je me suis risqué dans les prophéties, je ne pensais pas que j'aurais à pleurer cette année votre estimable frère . J'ai appris en même temps sa mort et celle de la sœur du roi . La nature et la guerre travaillent en même temps au malheur de votre roi . La perte du maréchal Keith y contribue grandement . Toute votre philosophie ne peut étouffer votre peine . La philosophie apaise la blessure mais laisse le cœur blessé . La guerre présente est la plus funeste de celles qui aient jamais été menées . Autrefois votre Seigneurie voyait au plus une ba&taille par an . Mais maintenant c'est presque chaque mois que la terre se couvre de sang et de cadavres défigurés . Que les fous heureux qui disent que tout est bien soient confondus . Certes, il ne peut en être ainsi quand vingt provinces sont épuisées et trois cent mille hommes assassinés . Je souhaite à votre Seigneurie la paix de l'âme nécessaire dans ce perpétuel ouragan d'horreur . Je jouis d'une vie calme et délicieuse, que Frédéric ne goûtera jamais . Mais plus je suis heureux, plus j'ai pitié des rois . Je vous souhaiterais d'être aussi heureux que moi si vous n'étiez pas un frère plein de tendresse . »

 

02/12/2013

Nous bêlons doucement pendant que ces monstres rugissent

 ...

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

née comtesse

d'Oldenbourg, à son passage

à Strasbourg

si elle ne passe point

dans un mois envoyez

à Vienne

Aux Délices 4 octobre [novembre 1758] 1

Nous faisons des vœux, madame, dans notre retraite heureuse au bord d'un lac pour que votre voyage soit heureux et que vous finissiez s'il est possible par être aussi tranquille que nous . Je vous fais mille compliments, madame, à vous, au seigneur du triangle 2, et si je l'osais à votre divine duchesse de Carinthie 3. Il paraît qu'enfin on respirera et que les malheurs publics pourront cesser . Dieu le veuille . Nous sommes dans notre ermitage des agneaux qui n'entendons parler que de tigres et de lions . Nous bêlons doucement pendant que ces monstres rugissent . Ne nous oubliez pas , madame, quand vous serez dans votre gloire . Daignez vous souvenir des bons ermites qui vous respectent et qui vous aiment .

Vous avez pris sans doute vos degrés de docteur à Tubinge après avoir étudié à Leipsik . Vous allez plaider votre cause à Vienne . L'impératrice à l'air de gagner la sienne . Mais vous, madame, que deviendrez-vous ? Ô doux repos ne serez vous jamais connu de l’héroïne à qui je suis si tendrement attaché pour jamais avec le respect le plus inviolable ?

V.

Le père Menoux 4 comptait vous convertir et c'est vous qui l'avez séduit . Je vous crois plus contente de la Lorraine que de la Suisse . »

1 L'année est fixée entre autres considérations par l'adresse, par la lettre du 9 décembre 1758 . il est d'autre part certain que « octobre » est porté par erreur de V*, lapsus calami qu'on retrouve dans la lettre du 4 octobre [novembre 1758] à Keith et du 8 octobre [novembre 1758] à Jean-Robert Tronchin .

2 C'est le chancelier Kaunitz, voir lettre du 9 septembre 1758 à la comtesse de Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html

3 Marie-Thérèse d'Autriche .

 

01/12/2013

Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis et qui ne craint point le consistoire

 ... Le consistoire ne m'empêche pas de dormir, quand aux coulis je ne les mâche pas , et  je fais des petits tours en pensée à Ferney chez Voltaire où j'ai passé tant d'heures heureuses souvent .

 

chateau 5 tours et machicoulis.png

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

assesseur baillival

à Lausanne pr Ussières

Aux Délices 2 novembre [1758]

Mon cher ami, je reçois la cargaison des livres anglais sur lesquels je n'avais plus compté 1. J'avais fait venir, il y a six mois, les mêmes volumes de Londres . Les uns seront dans mon cabinet des Délices, les autres dans celui de Ferney . On n'en saurait trop avoir ; tous ces livres sont contre les prêtres .

A qui faut-il que je paye ? Je suis tout prêt, et je vous remercie de tout mon cœur .

On est très irrité à Berne contre le ministre de Vevey 2 ou de Lausanne, auteur du punissable libelle inséré dans le Mercure suisse, et s'il est découvert, il portera la peine de son insolence .

Vous avez bien raison de plaindre notre ami Polier de Bottens qui a eu la faiblesse de se laisser gourmander par des cuistres après avoir eu la force de faire hardiment une bonne œuvre qui devait imposer silence à ces marauds . Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis 3 et qui ne craint point le consistoire .

Vous n'êtes point venu aux Délices mais j'espère que nous vous possèderons dans le château de Ferney, et que je vous donnerai comme M. de Sottenville le divertissement de courir un lièvre 4. Mille respects à Mme de Brenles . Bonsoir mon cher ami .

V. »

1 Probablement ceux dont il est question dans la lettre du 1er septembre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/14/vous-m-avez-debauche-et-vous-me-laissez-la.html

« N'aviez-vous pas écrit pour des Warburton, Bolingbroke et humes ? »

2 Identifiable par la lettre du 27 décembre 1758 à de Brenles dans laquelle le « catéchiste à V*** » est présenté comme le beau-frère de Clavel de Brenles ; or Mme Clavel était une demoiselle Étiennette Chavannes et son frère François ministre à Vevey ; voir lettre du 6 mars 1757 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/11/si-ce-n-est-pas-jeudi-qu-on-preche-ce-sera-assurement-cette.html

3 Que l'on trouve encore à cette époque sur les châteaux de Tournay et Ferney .

4 Georges Dandin, I, vi : Molière .