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13/12/2023

je communierai tant qu'il y aura une communion dans le monde, et je hurlerai avec les loups pour n'être point dévoré par eux

... Lorsqu'une religion est servie et prônée par de sales individus il devient nécessaire de les combattre avec leurs armes , sans remords, ni sentiment de culpabilité .

 

 

« A Jacob Tronchin

Conseiller d’État

à Genève

12è avril 1768 à Ferney

Je ne savais pas, monsieur, qu'il y eut un Tronchin allemand 1 ; ils me paraissaient tous Français et bons Français . Comment un Tronchin peut-il s'appeler Waldkirk, « Église du bois » ? Je parie que cette église n'est pas si jolie que celle où je communie . Oui, par Dieu, je communie, et je communierai tant qu'il y aura une communion dans le monde, et je hurlerai avec les loups pour n'être point dévoré par eux . J'accepte de bon cœur le Te Deum de votre pauvre diable d'évêque , qui comme vous savez est fait pour édifier l’Église, attendu qu'il est petit-fils d'un maçon .

Je n'ai jamais entendu parler du chandelier de Lyon ; c'est apparemment quelqu’un qui veut m'éclairer . Ce chandelier prétend que je suis votre parent . Plût à Dieu qu'il dît vrai , mais j'aime encore mieux que vous soyez mon ami .

Il est très vrai qu'on va travailler à force à Versoix . Ce sera un débouché de plus pour ceux qui achèteront Ferney . Pour moi qui ne songe qu'à la vie éternelle, il m'est fort indifférent de monter au ciel par Ferney ou par Tournay . Mais tant que je végéterai dans ce bas monde soyez très sûr que vous aurez en moi un serviteur passionnément dévoué .

De quoi s’avisait ce pauvre Jallabert de chevaucher 2 ? Je me garderai bien d'en faire autant .

Donnez-vous le plaisir d'ouvrir le paquet du chandelier . S'il y a quelque chose qui vaille la peine d'être lu ayez la bonté de me l'envoyer , sinon jetez-le dans le feu avec les quinze ou vingt volumes de brochures qui ont inondé votre République depuis quatre ans . Vivez gaiement, moquez-vous de tout . C'est un très bon parti que j'ai pris depuis longtemps .

V.

Quand vous viendrez à Ferney je vous ferai manger du pain bénit, tout indigne que vous en êtes. »

1 Louis Tronchin, mort en 1756, [Louis II Tronchin] avait épousé Élisabeth von Waldkirk à Schaffhausen le 3 décembre 1726, donnant ainsi naissance à une branche de Tronchin germanisée.

Voir : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=louis&n=tronchin&oc=1

et http://www.stadtarchiv-schaffhausen.ch/fileadmin/Redaktoren/Dokumente/De_Waldkirch_Esther_Elisabeth.pdf

2 Jean Jallabert vient de faire une chute de cheval et a été mortellement blessé . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Jallabert

12/12/2023

Si ces impostures atroces parviennent jusqu'au gouvernement, je me flatte qu'il me rendra justice

... C'est fait, M. Darmanin , votre démission a été refusée . That'all folks !

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Jusqu'à la prochaine fois ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 avril 1768

Le malheureux Sirven, mon cher ami, veut s'établir dans mon voisinage . Il va lever une boutique qui sera tenue par ses filles ; nous rassemblons tous ses petits fonds . Il vous prie de lui envoyer une lettre de change à quinze jours de vue sur Lyon en son nom . Vous connaissez assez le nom de Pierre-Paul Sirven, vous lui avez rendu d'assez grands services . Vous n'avez qu'à m'envoyer la lettre de change de l'argent que vous avez bien voulu lui garder .

De toutes mes souffrances, mon cher ami, celles que la calomnie me fait essuyer sont les plus cruelles et les plus dangereuses , mais ces calomnies sont si peu vraisemblables qu'il faudra bien à la fin qu'elles s'anéantissent . Il est impossible qu'un homme occupé comme je le suis depuis deux ans de rassembler tous les matériaux qui peuvent faire honneur à sa patrie abandonne un si important ouvrage pour écrire toutes les fadaises que vingt auteurs faméliques ne composeraient pas en trois ans . Si ces impostures atroces parviennent jusqu'au gouvernement, je me flatte qu'il me rendra justice ; j'ose même tout attendre des bontés et du discernement du roi .

Je ne sais aucune nouvelle de littérature . Les mauvais livres qui nous inondent m'ont un peu dégoûté des nouveautés ; j’aime mieux relire Cicéron et Horace . Bonsoir, mon cher et vertueux ami . »

On m’a dit que depuis quelque temps on ne souffrait pas que les chefs des bureaux reçussent des paquets qui n’étaient pas pour eux

... Entendez-vous ô favorisés assistants parlementaires du FN ? L'appât du pouvoir n'empêche pas l'appât du gain chez Marine Le Pen and Co . Elle n'est pas la première à l'avoir fait, elle ne sera sans doute pas la dernière , ce qui ne l'excuse en aucune manière .

https://www.europe1.fr/politique/affaire-des-assistants-parlementaires-du-fn-marine-le-pen-confiante-sur-le-fond-et-la-forme-4219161

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https://www.cartooningforpeace.org/editos/france-le-front...

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

A Ferney, 11 Avril 1768 1

L’amitié dont vous m’honorez, monsieur, et l’extrême sensibilité qu’elle m’a inspirée, exigent que je vous ouvre mon cœur. J’aimerais certainement mieux avoir l’honneur de vous recevoir dans Ferney, que de vendre ce petit coin de terre qui m’a coûté près de cinq cent mille livres, et qui est au nombre des ingrats que j’ai faits. Je n’ai voulu le vendre que pour procurer tout d’un coup à madame Denis une somme assez considérable pour qu’elle pût vivre et être logée à Paris aussi commodément qu’elle l’était dans cette campagne. J’ai soixante-quatorze ans ; je suis très faible, je n’attends plus que la mort ; et quoique je fasse des gambades sur le bord de mon tombeau, je n’en suis pas moins près d’y être couché tout de mon long. Il me serait égal de passer le reste de mes jours dans une petite terre voisine dont je jouis : elle est moins agréable que Ferney ; mais les agréments ne sont plus faits pour moi, je les compte pour rien.

J’ai essuyé des chagrins violents ; je les compte aussi pour 2 fort peu de chose : c’est l’apanage des hommes, et surtout le mien. Je soupçonne que les Quarante écus, que j’avais pris la liberté de vous envoyer, n’ont pas été rendus à M. de Chennevières. On m’a dit que depuis quelque temps on ne souffrait pas que les chefs des bureaux reçussent des paquets qui n’étaient pas pour eux. Je tenterai encore l’aventure, jusqu’à ce que vous puissiez me donner un moyen plus sûr de vous faire parvenir les facéties qui pourront vous amuser, en attendant que je puisse vous envoyer la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, ouvrage un peu plus sérieux, qui m’a coûté des recherches immenses, et un travail assidu. Ce travail prouve bien que je ne puis être l’auteur de cent brochures scandaleuses que la calomnie m’attribue continuellement 3. C’est un tribut que je paie à un peu de réputation ; mais je ne mérite ni cette réputation, ni ces accusations cruelles.

Mille respects à madame de Rochefort ; vous ne devez pas douter, monsieur, des tendres sentiments qui m’attachent à vous jusqu’au dernier moment de ma vie. »

1 Édition Supplément au recueil, II, 91-92.

2 Le mot pour ne figure pas dans le manuscrit .

3 L'édition porte journellement au lieu de continuellement .

 

 

11/12/2023

bâtard du bâtard de Zoïle

... Zoïle envers les femmes , est-ce ainsi qu'on doit voir Gérard Depardieu ? Oui ! Sans circonstances atténuantes .

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/depardieu/gera...

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« A Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey

Au château de Ferney par Genève , 11 Avril 1768 1

Il ne vous manque plus rien, monsieur ; vous avez pour vous le public, et il n’y a contre vous que

Ce lourd Fréron diffamé par la ville,

Comme un bâtard du bâtard de Zoïle.

Je ne suis point du tout étonné que cet imbécile maroufle, l’opprobre des supérieurs qui le tolèrent, n’ait pas senti l’intérêt prodigieux qui règne dans votre ouvrage.

Les Frérons sont-ils faits pour sentir la nature 2 ?

Vous avez très bien fait d’ajouter à l’histoire du jeune Favre tout ce qui peut la rendre plus touchante. Le fait n’est pas précisément comme on le débite. S’il était tel, on n’aurait pas défendu à ce jeune homme, en le tirant des galères, d’approcher de Nîmes de plus de dix lieues. Je suis très instruit de toute cette affaire 3, puisqu’il y a longtemps que Fabre m’a fait prier d’écrire en sa faveur au commandant de la province 4, et j’ai pris cette liberté. Il vous devra beaucoup plus qu’à moi, puisque vous avez intéressé pour lui toute la nation . Je suis charmé que vous soyez lié avec M. de Marmontel . Il est mon ami depuis plus de vingt ans : c’est un des hommes qui méritent le plus l’estime du public et les aboiements des Frérons.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc.

Voltaire. »

1 Copie par Fenouillot de Falbaire ; édition de Kehl.

Le manuscrit était envoyé aux éditeurs de Kehl avec une lettre de Fenouillot de Falbaire à Beaumarchais , datée « ce lundi 10 », dans laquelle il lui demandait de publier la note jointe en même temps que la lettre. Voici cette note que Beaumarchais ne publia pas :

«  M. de Voltaire avait été mal informé, et se trompe dans tout ce qu'il dit ici . L'histoire du héros de L’Honnête criminel est exactement telle qu'elle fut imprimée à la tête de la seconde édition que M. de Falbaire donna de cette pièce en mars 1768 . Tous les faits qu'on y rapporte sont consignés dans un mémoire que le premier consul de Nîmes venait de certifier véritable , d'après le témoignage de trois témoins oculaires entendus par lui-même, en présence de plusieurs magistrats ; et M. le maréchal prince de Beauvau, alors commandant en Languedoc, a entre les mains le certificat du sergent qui permit l'échange et reçut le fils à la place du père.

C’est lorsque l'ouvrage de M. de Falbaire eut donné de la célébrité à cette belle action et qu’elle fut bien constatée, que le roi réhabilita Fabre le 24 du même mois d'avril 1768 ; car cette jeune victime de l’amour filial et de l'intolérance religieuse ayant passé sept ans aux galères, n'en était sortie en 1762 qu'en vertu d'un simple brevet de congé, obtenu par l'entremise d'un jardinier de Mme la marquise de Pompadour ; et ce n'est point de Nîmes, mais de Paris et de tous les lieux où le Roi a fait son séjour, qu'il lui était selon l'usage, défendu d'approcher de plus de dix lieues . Les pièces originales, relatives à cette affaire, doivent être déposées à la bibliothèque du roi. »

Voir aussi la Correspondance littéraire, VII, 481-488

et : https://data.bnf.fr/fr/11902530/charles-georges_fenouillot_de_falbaire/

2 Adapté de Mérope, ac. IV, sc. 2 : « Ce n’est pas aux tyrans à sentir la nature. »

3 Voir note 1 ci-dessus.

4 Lettre non connue.

a péché par étourderie, par ignorance de toutes les bienséances, par un orgueil insupportable ; mais j'en reviens toujours à dire qu'il ne faut pas le perdre, qu'il a des talents, qu'il peut se corriger

... Telle est la défense de Marine Le Pen pour David Rachline, truand en col blanc, élément remarquable et remarqué du RN :

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/a-frejus-enquete-ouverte-sur-rachline-et-sa-gestion-marine-le-pen-prend-ses-distances-avec-le-maire-rn_226831.html

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https://www.pressreader.com/france/var-matin-frejus-saint...

 Asinus asinum fricat, tel est le mode de (sur)vie au RN

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11 avril 1768

Mon cher ami, je rien de caché pour vous, vous verrez par ma lettre à M. d'Alembert tout le fond de l'affaire . La Harpe a péché par étourderie, par ignorance de toutes les bienséances, par un orgueil insupportable ; mais j'en reviens toujours à dire qu'il ne faut pas le perdre, qu'il a des talents, qu'il peut se corriger, qu'il est jeune, pauvre et marié, et m'a fait bien du mal sans le savoir .

Il avait persuadé Mme Denis de son innocence . Elle me sut un très mauvais gré de lui faire perdre dans Mme de La Harpe une complaisante qui pouvait l'amuser pendant l'hiver . C'est à ce sujet que Mme Denis m'a traité bien cruellement ; mais puisque je pardonne à La Harpe vous croyez bien que je pardonne à Mme Denis . Je n'ai d'autre intention, d’autre soin que de la rendre heureuse pendant le peu de temps qui me reste à vivre et après ma mort . Je ne suis point du tout à mon aise dans le moment présent, il s'en faut de beaucoup ; mais tout s'arrangera et certainement Mme Denis ne souffrira pas un seul moment du petit embarras que j’éprouve . Ma vie est si différente de la sienne qu’il faut absolument qu'elle aille à Paris, où elle a beaucoup d'amis et de parents et moi il faut que je meure dans la solitude .

Je vous prie mon cher ami de détromper M. Chardon de l’erreur où il est en supposant que le Catéchumène est de moi . Vous savez bien certainement qu'il n'en est pas, non plus que tant d'autres ouvrages que la calomnie m’impute . Il est bien cruel que n’étant occupé que du Siècle de Louis XIV qui est immense, on m'attribue des pauvretés que je n'ai pas même lues . Vous verrez par une déclaration de La Harpe insérée dans L'Avant-Coureur du lundi 4 avril combien je suis intéressé à tenir la conduite que je tiens .

Adieu, mon très cher ami ; soyez bien sûr que ma philosophie est digne de la vôtre ; mais mandez-moi donc ce que vous devenez et ce que l'on fait pour vous . »

10/12/2023

S’il me restait encore du sentiment et de l'imagination

... Je me garderais d'avoir recours à cette foutue IA, tas de ferraille électrifié qui ne saura jamais rêver . Les menteurs sont ses principaux partisans et adorateurs . Hola ! lui dit justement l'Europe .

https://www.huffingtonpost.fr/international/article/l-uni...

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En fait, l'"ami" est déjà dans la place

 

 

« A Davis-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches, Baron de Rebecque

Major du régiment d'Espingue

à Besançon

11è avril 1768 à Ferney

Après votre lettre charmante, monsieur, je désire que la chambre des finances de Montbéliard ne me paie pas un sou, afin que je puisse me traîner à Besançon . Je serais charmé de vous voir ordonner des évolutions pacifiques à des soldats qui se battent comme des diables pendant la guerre, et qui sont honnêtes gens pendant la paix .

S’il me restait encore du sentiment et de l'imagination je viendrais faire ma cour à Mme de Grosbois 1 et à Mme de Lacoré 2, et j'irais, s'il le fallait, entendre la messe du révérend père Nonnotte ; vous savez que les ex-jésuites ne m'effraient pas ; mais ma faiblesse et ma mauvaise santé qui augmentent tous les jours pourraient bien me faire rester à Tournay ou à Ferney, où j'attendrai paisiblement la fin de ma végétation et toutes les illusions qui me bercent jusqu'au dernier moment . Mais tant que je respirerai, soyez sûr que vous aurez en moi le serviteur le plus tendrement attaché .

Mesdames de Lacoré et de Grosbois veulent-elles bien permettre que je leur présente mes très humbles respects et mon extrême reconnaissance, et pour toutes leurs bontés ?

V. »

1Peut-être cette Mme de Grosbois est-elle la femme de Jean-Claude Perreney, née Fyot de Mimeure, dont le fils est Claude-Irénée-Marie-Nicolas Perreney de Velmont, marquis de Grosbois ?

2 Femme du La Corée mentionné dans la lettre du 3 juillet 1766 à Ethis de Corny : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/25/mes-vaches-et-moi-monsieur-nous-vous-avons-beaucoup-d-obliga-6339746.html

 

09/12/2023

Ce brigandage est intolérable, et peut avoir des suites funestes

... C'est assez Mme Le Pen Marine et vos sbires ; vous êtes des escrocs, indubitablement : https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/affa...

Et ça voudrait gouverner la France !

 

 

« A Daniel-Marc-Antoine Chardon, Maître

des requêtes

rue Sainte-Apolline

à Paris

11è Avril 1768 à Ferney

Il faut, monsieur, que je vous parle avec la plus grande confiance, et très ouvertement, quoique par la poste. Je n’ai pas assurément la moindre part à la plaisanterie au gros sel intitulée le Catéchumène 1. Il y a des choses assez joliment tournées ; mais je serais fâché de l’avoir faite, soit pour le fond, soit pour la forme. Ce Catéchumène est tout étonné de voir un temple : il demande pourquoi ce temple a des portes, et pourquoi ces portes ont des serrures. D’où vient-il donc ? quelle est la nation policée sur la terre qui n’ait pas de temple, et quel temple est sans porte ? Je me flatte que vous ne me croirez pas capable d’une pareille ineptie.

La Hollande est infectée, depuis quelques années, de plusieurs moines défroqués, capucins, cordeliers, mathurins, que Marc-Michel Rey, d’Amsterdam, fait travailler à tant la feuille, et qui écrivent tant qu’ils peuvent contre la religion romaine, pour avoir du pain. Il y a surtout un nommé Maubert 2 qui a inondé l’Europe de brochures dans ce goût. C’est lui qui a fait le petit livre des Trois Imposteurs 3, ouvrage assez insipide, que Marc-Michel Rey donne impudemment pour une traduction du prétendu livre de l’empereur Frédéric second .

Il y a un théatin 4 qui a conservé son nom de Laurent, qui est assez facétieux, et qui d’ailleurs est fort instruit ; il est auteur du Compère Matthieu 5, ouvrage dans le goût de Rabelais, dont le commencement est assez plaisant et la fin détestable.

Les libraires qui débitent tous ces livres me font l’honneur de me les attribuer pour les mieux vendre. Je paie bien cher les intérêts de ma petite réputation. Non seulement on m’impute ces ouvrages, mais quelques gazettes même les annoncent sous mon nom. Ce brigandage est intolérable, et peut avoir des suites funestes. Vous savez qu’il y a des gens à la cour qui ont plus de mauvaise volonté que de goût ; vous savez combien il est aisé de nuire . Il n’est pas juste qu’à l’âge de soixante-quatorze ans ma vieillesse, accablée de maladies, le soit encore par des calomnies si cruelles.

Je compte assez sur l’amitié dont vous m’honorez pour être sûr que vous détruirez, autant qu’il est en vous, ces bruits odieux.

M. Damilaville, mon ami, pour qui vous avez de la bienveillance, vous certifiera que le Catéchumène n’est point de moi ; et quand vous serez parfaitement instruit de l’injustice qu’on me fait, vous en aurez plus de courage pour la réfuter.

Je ne perds point de vue les commissions que vous avez bien voulu me donner : elles seront faites avec tout l’empressement que j’ai de vous plaire . Ma mauvaise santé ne m’a pas encore permis de sortir ; mais, dès que j’aurai un peu plus de forces, mon premier devoir sera de vous obéir.

J’ai l’honneur d’être avec une parfaite estime, et les sentiments les plus respectueux,monsieur, votre tr-s humble et très obéissant serviteur

Voltaire. » »

1 Sur le Catéchumène, voir lettre du 1er mars 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html

2 Sur Jean Maubert de Gouvest, voir lettre du 29 juillet 1755 à Clavel de Brenles :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/03/je-n-ai-jamais-rien-vu-de-plus-plat-et-de-plus-horrible-cela.html

3 L'histoire des Trois imposteurs n'a pas encore été faite . Il vient d'en paraître une édition (Yverdon, 1768), mais la première édition connue est de 1719 . Sur son exemplaire, V* a écrit « livre dangereux » . Cet ouvrage violent, mais sans chaleur, n'est certainement pas de Robert Challe, quoique G. Lanson ait pensé qu'il pût être annoncé à la fin des Difficultés sur la religion ; voir son article « Questions diverses sur l'esprit philosophique en France avant 1750 », Revue d'Histoire littéraire de la France, 1912 , t. XIX , p. 25-29.

Voir : https://biblioweb.hypotheses.org/16070

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56870299/f5.item.langFR.zoom

4 En fait c'est un mathurin et non un théatin .