25/08/2022
nous ne savons plus quand nous jouerons
... Rassurez-vous les enfants, entre les grèves de vos enseignants et les congés scolaires, vos occasions de pouvoir jouer ne manqueront pas ces neuf prochains mois .
« A Henri Rieu
Samedi au soir [14 mars 1767]
Madame la dauphine est peut-être morte, on a cessé les spectacles à Paris 1 ; nous ne savons plus quand nous jouerons . Nous ne manquerons pas d'avertir à l'avance notre cher corsaire . Tout ce que je puis lui dire c'est que Mme de La Harpe lui fera grand plaisir .
Mille tendres compliments . »
1 La dauphine Marie-Josèphe est morte le 13 mars 1767, mais déjà les 9 et dix mars avaient été déclarés jours de prière pour son rétablissement . V* dut écrire cette lettre le lendemain de sa mort , qui est un samedi .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Jos%C3%A8phe_de_Saxe_...)
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j’espère même que les principaux magistrats de votre province, justement indignés contre les manœuvres du procureur général , agiront auprès de leurs amis
... Avis aussi au Garde des Sceaux M. Dupond-Moretti ... ?
« A François-Louis-Henri Leriche
14 mars 1767
Le parlement de Besançon doit être très flatté, monsieur, que la cour ne l’ait pas cru persécuteur, et je suis persuadé que le parlement de Dijon montrera bien qu’il ne l’est pas ; j’espère même que les principaux magistrats de votre province, justement indignés contre les manœuvres du procureur général 1, agiront auprès de leurs amis de Dijon. Pour moi, quoique sans crédit, j’y ferai tous mes faibles efforts.
M. l’avocat Arnould est l’homme le plus propre à bien servir Fantet 2. Il faut qu’il s’adresse à cet avocat, à qui j’écrirai dès que j’aurai appris que Fantet est à Dijon. Je vais écrire à quelques amis que j’ai dans ce pays-là, et même à M. le premier président 3. Ma recommandation auprès du président de Brosses ne serait pas bien reçue ; il a mieux aimé profiter de ma bonne foi, en me vendant sa terre de Tournay à vie, que de mériter mon amitié par des procédés généreux ; mais j’ai le bonheur d’avoir pour amis des hommes qui ont plus de crédit que lui dans le parlement.
Vos bontés pour Fantet redoublent, monsieur, l’attachement que je vous ai voué. Ne pourrai-je point avoir la consolation de vous posséder quelques jours dans ma retraite ? »
1 Doroz. (Georges Avenel ) ; voir lettre à d'Alembert du 16 de septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/20/il-broutera-desormais-ses-chardons-et-voila-du-moins-cet-ane-6356165.html
2 Voir lettre du 4 août 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/30/on-dit-que-dans-votre-pays-on-fait-le-mal-assez-vite-et-qu-o-6346840.html
3 Fyot de La Marche..
14:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2022
Dans l'incertitude où je suis
... je renouvelle mon appel à nouvelles de Mam'zelle Wagnière-LoveVoltaire disparue d'Overblog depuis le 13 juin, elle qui est un modèle de fidélité exemplaire pour la mise en ligne de l'oeuvre de Voltaire . SVP , je suis plus qu'inquiet ;
« A Jacques Lacombe
Libraire
Quai de Conti
à Paris
Dans l'incertitude où je suis, monsieur, si on jouera Les Scythes, et dans la confiance que j'ai en vous, je vous envoie cette tragédie . Elle réussira plus auprès des Français que les héros romains . Il y a de l'amour comme dans l’opéra-comique, et c'est ce qu'il faut à vos belles dames . M. le duc de Choiseul et M. le duc Praslin ont déjà vu cet ouvrage, que l'auteur leur a dédié du pied du mont Caucase , ainsi les censeurs ne peuvent vous faire aucune difficulté . Je suis même si persuadé de l’amitié de M. Marin que c'est à lui que j'adresse la pièce pour vous être remise . Je vous prie de vouloir bien me mander par quelle voie et à quelle adresse vous me faites parvenir l'Histoire d'Italie 1 .
Voudriez-vous bien me marquer tout ce que vous savez de particulier touchant Bélisaire 2. Vous me ferez plaisir de donner 3 un honoraire de vingt-cinq louis d'or sur votre édition, si la pièce a quelque succès .
Je vous embrasse à mon ordinaire sans cérémonie, aimant beaucoup mieux votre amitié que les compliments .
V.
14è mars 1767 .
1 Voir lettre du 7 février 1767 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/06/15/je-n-ai-pu-vous-remercier-de-votre-almanach-ni-le-lire-6387084.html
2 L'affaire Bélisaire de Marmontel : https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9lisaire_(Marmontel)
3 A Lekain .
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23/08/2022
vale et ride
... Sans plus, sans moins !
« A Pierre-Michel Hennin
en son hôtel
à Genève 1
La représentation des Scythes ne sera que pour samedi . Monsieur le Résident est supplié de vouloir bien donner au porteur toutes les guirlandes de fleurs qu'il pourra .
M. de Bournonville n'en a pas semé sur nos pas, mais nous pourrons bien en avoir sans lui .
Tâchez aussi , je vous en prie, de nous envoyer le volume que vous avez fait relier dans lequel se trouve l'épître de ce fanatique abbé de Rancé 2 à ses sots moines .
N. B. – Il se pourrait bien faire que la pièce ne fût jouée que de demain en huit, au lieu d'aujourd'hui en huit . Cela sera, je crois, plus commode pour vous . Je vous prie de le dire à mon cher corsaire .
Adieu, monsieur, vale et ride 3.
Samedi [14 mars 1767] au matin à Ferney . »
1 L'édition Correspondance inédite, 1825, date, comme les autres éditions, du 15 mars 1769 ; en fait la date se déduit, en général des diverses allusions, et plus précisément de la réponse de Hennin à V* du 16 mars 1767 qui fait totalement allusion à la Lettre de l'abbé de Rancé .
2 Sur cette Lettre de l'abbé de Rancé à un ami, écrite de son abbaye de la Trappe, 1765 ; de Nicolas-Thomas Barthe, voir lettre du 16 mars 1767 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-22.html
3Porte-toi bien et ris .
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Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne
... Un peu de provoc' par ce titre !
Ce voeu idéaliste du XVIIIè siècle n'est plus d'actualité, désormais un pur voeu pieux .
Il est bien évident qu'on ne doit absolument pas imiter un Poutine et ses sbires, dans le même temps qu'on est en droit d'accueillir, ou au moins aider, des Ukrainiens comme le fait la Pologne : https://www.lesechos.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-la...
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
14è mars 1767
Le diable est déchaîné, mon cher ami ; et quand on n’est pas aussi fort que l’archange Michel, qui le battit si bien, il faut faire une honnête retraite. Il est très-prudent à vous de ne point envoyer à Dijon des armes offensives qui pourraient tomber entre les mains des ennemis . Il faut attendre qu’il y ait une trêve, pour avoir des correspondances sûres.
Je trouve qu’on fait beaucoup d’honneur au parlement de Besançon, en avouant qu’il n’est pas persécuteur ; mais je crois qu’on se trompe en regardant comme tel le parlement de Dijon. J’espère que Fantet 1 y sera traité aussi favorablement qu’il l’aurait été dans votre province.
J’écrirai à des amis qui prendront sa défense . Avertissez-moi quand Fantet sera à Dijon, et quand il faudra agir . J’y mettrai tout mon savoir-faire. J’ai la main heureuse . L’affaire des Sirven prend le train le plus favorable ; et, quoi qu’on en dise et quoi qu’on fasse, la raison et l’humanité l’emportent sur le fanatisme. Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne. L’impératrice de Russie et le roi de Pologne me font l’honneur de m’écrire de leur main qu’ils font tous leurs efforts pour établir la plus grande tolérance dans leurs États . Ils poussent l’un et l’autre la bonté jusqu’à me dire que mes faibles écrits n’ont pas peu contribué à leur inspirer ces sentiments. Ma patrie ne va pas encore jusque-là ; mais la dernière aventure du bureau de Collonges 2 prouve assez les progrès de la raison.
On aura soin, mon cher ami,de vous payer pour vos déboursés . Tâchez de faire parvenir des Honnêtetés 3 à M. Leriche, et quelques Questions 4. Mille tendres amitiés. »
1 Libraire de Besançon, poursuivi juridiquement pour avoir vendu quelques ouvrages philosophiques.
2 L’affaire Le Jeune.
3 Les Honnêtetés littéraires ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/125
4 Les Questions de Zapata , dont la publication est attestée à partir du 4 mars 1767 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/183
08:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
22/08/2022
Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie
... A combien de chefs d'Etats et de gouvernements peut-on dire cela en France ? Combien de fieffés sal..ards a-t-on dû ménager pour ne pas en venir à la guerre ? Trop, beaucoup trop et ce ne sont pas nos présidents de la République, grands avaleurs de couleuvres, qui diront le contraire . Et ce n'est pas demain la veille que ça changera . Au fait, bon voyage en Algérie !
« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
13è mars 1767 1
Mes anges et M. de Thibouville sauront donc que M. d’Hermenches vient de jouer Athamare à Lausanne avec un très grand succès . Et qui est M. d’Hermenches ? Un major suisse 2, qui a beaucoup d’esprit et qui a une femme très aimable, laquelle a joué très bien Obéide. Nous jouons sur le théâtre de Ferney dans quatre jours . On donne les Scythes à Genève, on les donne à Lyon . Messieurs de Paris, faites comme il vous plaira.
Je me suis aperçu qu’il y avait deux fois dangereux en trois vers, page 13, dans le rôle d’Hermodan :
D’aucun soins dangereux sa paix n’est altérée.
Corrigez :
Jamais de tristes soins sa paix n’est altérée.
La franchise, qui règne en nos déserts heureux,
Fait mépriser ta cour et ses fers dangereux.3
Acte quatrième, scène de l’embaucheur 4 .
Il faut absolument ôter ce vers :
Nous te traitons en frère, et ta férocité, 5
etc.
On dit beaucoup, au cinquième acte, que les Scythes sont féroces ; il ne faut pas qu’on dise, au quatrième acte, que les Persans sont féroces aussi;voici comme nous avons corrigé :
Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie,
Ton accueil nous flattait, notre simplicité
N’écoutait que les droits de l’hospitalité,
Et tu veux me forcer dans la même journée, etc. 6
M. de Thibouville est prié d’ajouter à toutes ses bontés celle de faire porter sur les rôles ces petites corrections.
J’ai envoyé à Lekain un résumé de tous les changements, afin qu’il les confronte.
N. B. Il se pourrait qu’on crût que ce vers, dans le premier acte :
Dans le secret du cœur ne puisse entretenir 7 »
1 La seconde feuille manque, d'où l'absence de la fin de lettre .
2 Constant d’Hermenches ; voir lettre du 10 mars 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/20/puisse-je-vous-revoir-encore-une-fois-6397043.html
3 Ces vers seront encore modifiés dans l'acte I, scène 3 .
4 V* voit son héros Athamare sous les traits d'un sergent recruteur suisse ; on est à la scène 2 de l'acte IV.
5 Vers effectivement supprimé .
6 Acte IV, scène 2 des Scythes .
7 Le reste de cette lettre manque.
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J'espère que mon boiteux de procureur, grâce à vos soins, me fera rendre justice .
... Souhait de Dupond Moretti face aux membres du gouvernement , plus ministre qu'homme de bien, d'un seul coup plus procureur qu'avocat : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/karting-a...
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy, Conseiller au Parlement
rue d'Anjou au Marais
à Paris
12è mars [1767] à Ferney 1
Si vous n’êtes pas turc, mon cher magistrat, je vous ai autant d'obligation qu'au bon Turc, votre oncle . Il me paraît que vous entendez tous deux fort bien les affaires, surtout quand il s'agit de tirer les gens d'embarras . J'espère que mon boiteux de procureur, grâce à vos soins, me fera rendre justice .
Criez bien tous en faveur des Sirven, mes chers parents et amis . Le rapporteur est aussi bien disposé que vous-même. Les Calas et les Sirven seront deux bonnes époques .
Criez aussi en faveur de Bélisaire, c'est un bon homme, un brave soldat, l'aveugle le plus clairvoyant qu'il y ait au monde .
M. d'Hermenches, très bien connu de M. et Mme de Florian, dit qu'il vient de jouer Les Scythes à Lausanne avec un très grand succès . Nous les jouerons dans quatre jours sur notre petit théâtre . On va les donner à Genève et à Lyon . A l'égard de Paris, je ne m'en mêle point.
Pardon de ma courte lettre, mais je vais à la répétition, et ce n'est pas sans vous embrasser tous avec la plus grande tendresse .
V. »
1 On peut juger du ton des échanges entre Paris et Genève à cette époque par une copie de la main de Wagnière intitulée : « Extrait de la lettre de M. le duc de Choiseul à M. Hennin du 12è février 1767 » :
« Vous pouvez, monsieur, faire savoir aux représentants que la cour a trouvé très mauvais que vous vous soyez chargé de recevoir par la main des commissaires une pièce dont le défaut essentiel est de n'exprimer rien, et d’oser se prévaloir d'un témoignage aussi faux que celui de leur conscience pour attester leur innocence, ce qui équivaut à nous taxer d'injustice ; qu'elle vous a défendu absolument de rien recevoir dorénavant de la part des représentants, qu'au surplus, ce n'est point par les mots ni par des démarches vaines et sans effets qu'ils peuvent espérer de fléchir Sa Majesté, justement indignée de toutes les manœuvres de quelques uns d'entre eux dont ils ont eu la faiblesse de suivre les pernicieux conseils . Que tant que leur aveuglement subsistera et qu'ils continueront de donner leur confiance à des gens pleins de passions et de vues particulières, qui dans plusieurs écrits séditieux ont eu la témérité de calomnier devant eux les intentions généreuses et bienfaisantes des médiateurs, Sa Majesté les regardera tous comme coupables des mêmes complots, qu'ils doivent savoir ce qu'ils ont à faire pour mériter qu'elle leur rende ses bonnes grâces, et que ce n'est pas à vous à leur donner des conseils là-dessus . »
Voir : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta5bab611e4646...
et : https://data.bnf.fr/fr/see_all_activities/10126091/page1
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