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14/12/2022

Les amis doivent passer devant les étrangers

... Et la France avant le Maroc !

 

 

« A Anne-Louise Dumesnil-Morin Élie de Beaumont

et à

Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

24è mai 1767 , à Ferney 1

Vous croyez bien, madame, que je ne perds pas un moment à exécuter vos ordres . J'écris aux personnes à qui vous m'ordonnez d'écrire . Je ne suis pas peut-être trop en droit de prendre cette liberté, mais la cause me paraît si bonne, et je suis si attaché, madame, à M. de Beaumont et à vous que les ministres ne trouveront point ma hardiesse déplacée . Je ne crains que celui qui a fait obtenir des lettres patentes à votre adverse partie . Je ne sais s'il sera comme César qui trouvait très bon qu'on appelât de lui-même à lui-même .

Votre affaire m'intéresse si vivement que j'abandonne celle des Sirven jusqu'à la Pentecôte . Les amis doivent passer devant les étrangers . D'ailleurs, les Sirven sont tellement justifiés aux yeux de l'Europe par l'éloquent mémoire de M. de Beaumont qu'ils peuvent aisément attendre quelques semaines .

Agréez, madame, mes tendres respects, et vous , généreux protecteur des droits de l'humanité et légitime défenseur des droits de votre femme, vous qui plaidez pour votre maison comme Cicéron, j'espère que vous gagnerez votre cause comme lui . Envoyez-moi, s'il-vous-plait, votre mémoire à deux colonnes par M. Damilaville . Je vous embrasse bien tendrement.

Je vais écrire aussi à M. d'Argental ; mais en vérité vous n'avez pas besoin qu'on sollicite en votre faveur .

V. »

1 Original chez Mme Jean de Mézerac, château de Canon .

13/12/2022

tout ce qu’elle fait n’est que pour avoir la gloire d’établir la tolérance

... Anne Hidalgo pour  les piétons contre les motorisés ? Marine Le Pen pour les migrants ? Eva Kaili pour les Qataris corrupteurs ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 Mai 1767 1

Nous avons reçu, monsieur, le beau discours 2 de M. l’abbé Chauvelin. Je l’ai communiqué à M. de Voltaire, qui en a pensé comme vous. Il est un peu malade actuellement. C’est apparemment de la fatigue qu’il a eue de faire jouer chez lui les Scythes, et d’y représenter lui-même un vieillard. Je n’ai jamais vu de meilleurs acteurs. Tous les rôles ont été parfaitement exécutés, et la pièce a fait verser bien des larmes. Vous n’aurez jamais de pareils acteurs à la comédie de Paris.

Je sais peu de nouvelles de littérature. J’ai ouï parler seulement d’un livre 3 de feu M. Boulanger, et d’un autre de milord Bolingbroke 4, dont on vient de donner en Hollande une édition magnifique. On parle aussi d’un petit livre espagnol dont l’auteur s’appelle, je crois, Zapata. On en a fait une nouvelle traduction à Amsterdam.

On calomnie l’impératrice de Russie, quand on dit qu’elle ne favorise les dissidents de Pologne que pour se mettre en possession de quelques provinces de cette république. Elle a juré qu’elle ne voulait pas un pouce de terre, et que tout ce qu’elle fait n’est que pour avoir la gloire d’établir la tolérance 5.

Le roi de Prusse a soumis à l’arbitrage de Berne toutes ses prétentions contre les Neuchâtelois. Pour nos affaires de Genève, elles sont toujours dans le même état ; mais le pays de Gex est celui qui en souffre davantage. On disait que M. de Voltaire allait passer tout ce temps orageux auprès de Lyon, mais je ne le crois pas. Il est dans sa soixante-quatorzième année, et trop infirme pour se transplanter.

J’ai l’honneur, d’être monsieur, bien sincèrement, avec toute ma famille, votre très humble et très obéissant serviteur.

Boursier. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. qui omet dans la formule les mots bien sincèrement ; édition Correspondance littéraire .

2 Prononcé au parlement le 29 Avril, sur l’expulsion des jésuites d’Espagne. (G.Avenel.)

Henri-Philippe Chauvelin : Discours d'un de messieurs de grand-chambre au parlement, toutes les chambres assemblées, du mercredi 29 avril 1767 : . Cette harangue , qui traite de l'expulsion des jésuite d'Espagne, contribua à sceller leur destin en France . Voir : https://data.bnf.fr/fr/see_all_activities/10673856/page1

3 Le Christianisme dévoilé. (G.A.)

Sur cet ouvrage, voir lettre du 23 avril 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/25/il-faut-que-vous-connaissiez-ce-monstre-6368229.html

4 Nouvelle édition de l’Examen important. (G.A.)

Voir lettre du 26 juin 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/20/il-examine-d-abord-de-sang-froid-ensuite-il-argumente-avec-f-6338632.html

5Une fois encore un curieux ton de propagande qu'on reproche à V* ; voir lettre du 18 mai 1767 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/08/m-6416081.html

12/12/2022

Ah qu'on a de peine dans ce monde !

... Dédicace à Mam'zelle Wagnière, votre conte préféré : Zadig ou La Destinée : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Je supplie mes anges de permettre que je leur adresse ma réponse à M. de Belloy . Ils trouveront dans ce petit paquet un détail concernant la troupe de Ferney . Soyez sûrs qu'on ne joue parfaitement le tragique que chez nous .

Souffrez que je vous dise encore qu'un monologue surtout aurait tout gâté . Quelle idée, juste Dieu, que d'annoncer tout d'un coup tout ce qu'on doit se cacher, ce qu'on se flatte même d’avoir entièrement oublié et qu'on doit avoir oublié en effet ! Quel horreur ! Un monologue en pareille occasion ! Jamais Mme de La Harpe ne l'aurait dit ; elle est trop honnête pour aller dire à l'écho qu'elle aime un homme marié qui a voulu la déshonorer et qui a persécuté son père . Fi ! vous dis-je , défaites-vous à jamais de cette exécrable idée . Ah qu'on a de peine dans ce monde ! Je vous assure que je ne me console guère . Je suis un vert vieillard, mais je suis bien affligé .

Mes anges, je me mets au bout de vos ailes.

21è mai [1767]. »

des mains étrangères De ces débats ont profité

... Et le pénible Ciotti , grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf, remporte une maigre victoire , président d'une bande de branquignols (qui --elle-- ne fait rire personne ). Il est vrai que la paye est bonne .

Primaires des républicains, Ciotti en finale - caricaturiste et caricature

 

 

 

« A Pierre-Laurent Buirette de Belloy

J’ai eu la hardiesse, monsieur, de me faire acteur dans ma soixante et quatorzième année. Des jeunes gens et des jeunes femmes ont corrompu ma vieillesse. Je n’ai pas soutenu la fatigue aussi bien qu’eux, et j’en ai été malade ; c’est ce qui a retardé un peu les tendres et sincères remerciements que vous doit un cœur pénétré de votre mérite et de la beauté de votre âme. Nous voilà, ce me semble, parvenus à imiter les Grecs, chez qui les auteurs jouaient eux-mêmes leurs pièce. M. de Chabanon et M. de La Harpe récitent des vers aussi bien qu’ils en font, et Mme de La Harpe a un talent dont je n’ai encore vu le modèle que dans mademoiselle Clairon. Enfin, par un concours singulier, la perfection de la déclamation s’est trouvée dans nos déserts . Mais ce qui fait plus d'honneur encore à la littérature, c’est l’exemple que vous donnez ; c’est l’amitié que vous me témoignez du sein de vos triomphes ; ce sont vos beaux vers 1 qui viennent au secours de ma muse languissante. 

Les neuf muses sont sœurs, et les beaux-arts sont frères.

Quelque peu de malignité

A dérangé parfois cette fraternité ;

La famille en souffrit, et des mains étrangères

De ces débats ont profité.

C’est dans son union qu’est son grand avantage ;

Alors elle en impose aux pédants, aux bigots ;

Elle devient l’effroi des sots,

La lumière du siècle et le soutien du sage.

Elle ne flatte point les riches et les grands :

Ceux qui dédaignaient son encens

Se font honneur de son suffrage,

Et les rois sont ses courtisans.

J’ai grande opinion du chevalier Bayard 2. C’est un beau sujet. Je ne suis que le poète de l’Amérique et de la Chine, et vous êtes celui des Français Recevez, monsieur, les témoignages les plus vrais de ma sensible reconnaissance. 

A Ferney, ce 21 Mai [1767].3»

1 Sur la première représentation des Scythes. (G.Avenel) .Voir lettre du 19avril 1767 à de Belloy . : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/21/ou-est-le-temps-que-je-n-avais-que-soixante-dix-ans-je-vous-assure-que-je-j.html

2 Gaston et Bayard, tragédie qui fut jouée la première fois à la cour de Versailles en février 1770, puis à Paris le 24 avril 1771 : https://books.google.fr/books?id=Keimg5heXCkC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Copie contemporaine ; édition « Seconde lettre de M. de Voltaire à M ; de Belloy », Mercure de France, juin 1767, avec ce commentaire : « M. de Belloy ayant remercié M. de Voltaire de la lettre obligeante que nous avons rapportée, a reçu cette nouvelle réponse, dont nous nous reprocherions de priver nos lecteurs. »

11/12/2022

Il était impossible de travailler plus heureusement à votre justification et à votre gloire

... MM. Ciotti et Retailleau, que vous êtes jolis, que vous me semblez beaux,etc., etc. et pitoyablement vains et creux dans votre chasse au hochet de président du LR : https://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/pr...

Election à la présidence des Républicains: ce qui distingue les candidats  Ciotti, Pradié et Retailleau - Nouvelles de France de nicematin.com

 

 

 

« A Jean-François Marmontel

de l'Académie française

[vers le 20 mai 1767] 1

Mon cher ami, mon cher confrère, je viens de lire l'indiculum ridiculum . Vous devez aller remercier le Sorbonne en cérémonie . Elle a rassemblé les pensées d'un grand écrivain et d'un grand citoyen . Elle démontre au roi que vous êtes un sujet fidèle, et à l’Église que vous êtes un homme très religieux . Il était impossible de travailler plus heureusement à votre justification et à votre gloire .

Votre ancien ami qui vous embrasse.

V. »

1 Pour la date, le 12 mai 1767, d'Alembert écrit à V* que l'Indiculum lui a été adressé (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-45.html

) ; le 16, V* ne l'a manifestement pas encore reçu (voir lettre du 16 mai 1767 à Marmontel ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/05/il-ne-s-agit-plus-ici-de-plaisanter-il-faut-ecraser-ces-sots-6415489.html

10/12/2022

Vous savez que nous ne sortons jamais ; tous les jours nous sont égaux

... Paroles de Chinois cloitrés ! Vingt mille morts journaliers selon la police, quatre vingts mille selon les croquemorts : qui ment ?

Au fait, dans le même temps, que fait le Covid en Inde , Afrique, Amériques ?

https://www.sortiraparis.com/actualites/coronavirus/articles/212134-coronavirus-dans-le-monde-samedi-10-decembre-2022-nouveaux-cas-et-morts-en-24h

Il y a peu, nous étions huit milliards d'humains face à des milliards de virus et germes pathogènes présents et à venir . Qui va gagner ?

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont 1

20è Mai [1767] à Ferney

Je suis bien malade, monsieur, et la santé de madame Denis est aussi un peu altérée ; ainsi nous comptons sur l’indulgence de M. le comte de Wargemont 2, quand il aura la bonté de venir dans notre hôpital. Vous savez que nous ne sortons jamais ; tous les jours nous sont égaux, et, soit qu’il nous fasse l’honneur de venir dîner vers les deux heures, ou de venir souper et coucher, nous nous flattons qu’il voudra bien avoir quelque condescendance pour un vieillard malingre et pour la simplicité de notre vie.

Vous connaissez les sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 L'édition Cayrol pense que la lettre est adressée à un intermédiaire « pour remettre au comte de Wargemont ».

2  Wargemont à qui on donnait ordinairement le titre de marquis et non de comte, était colonel en second à la légion de Soubise, plus tard brigadier et maréchal de camp  ; il devait rendre visite à V* le 25 mai 1767 : voir lettre du 26 mai 1767 à Gaillard d'Etallonde : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-36.html

Voir : https://noblesse.fandom.com/fr/wiki/Famille_de_Ribeaucourt

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=francois+gabriel&n=le+fournier

09/12/2022

Grand bruit, peu de besogne, un peu de gêne et voilà tout

... C'est ce qui arrive quand une opposition au gouvernement est imbécile, injustifiée  et petit bras : un bon coup de 49-3 derrière les oreilles, ça calme (ou pas ! ) .

 

 

«[Destinataire inconnu]1

Bon, bon, quand vous voudrez venir je vous ferai bien passer. Tout ceci se réduira à rien . Grand bruit, peu de besogne, un peu de gêne et voilà tout .

Voici deux brochures qui me sont tombées entre les mains . Priez Dieu pour frère Zapata et aimez un vieillard qui vous aime . 

[19 mai 1767]»

1 Manuscrit olographe (Riksarkiv, Stockholm, collection Lewenhaupt-Sjöholm) ; La date est ajoutée d'une main contemporaine, sans doute celle du destinataire .