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02/12/2022

Nul monarque avant moi sur le trône affermi N’a quitté ses États pour chercher un ami

...  A dit Emmanuel Macron, se confiant à Joe Biden lors du repas intime de prestige hier soir . Félicitations au passage à notre première dame impeccablement chic .

Brigitte Macron aux États-Unis : sa robe blanche fendue sur le côté fait  perdre la tête à Emmanuel Macron !

Rien à droite ? rien à gauche ? on peut traverser !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

16 mai 1767

Je dépêche aujourd’hui à M. d’Argental, par M. le duc de Praslin, trois exemplaires d’une nouvelle édition de Genève. Je vous enverrai incessamment celle de Lyon, qui sera, je crois, plus correcte. Je n’impute toutes ces éditions qu’on s’empresse de faire qu’à cet heureux contraste des mœurs républicaines et agrestes avec les mœurs fardées des cours. Je ne pense pas que la pièce ait un grand mérite ; cependant, si vous nous l’aviez vu jouer, je crois que vous en seriez assez content. Lekain trouverait peut-être du plaisir à dire 

Nul monarque avant moi sur le trône affermi

N’a quitté ses États pour chercher un ami ;

Je donne cet exemple, et ton maître te prie ;

Entends sa voix, entends la voix de ta patrie,

Celle de ton devoir, qui doit te rappeler,

Et des pleurs qu’à tes yeux mes remords font couler.1

J’ai aussi un peu fortifié sa scène avec Indatire, afin qu’il ne fût pas tout à fait écrasé par le Scythe.

Le quatrième acte, au moyen de quelques légers changements, a fait une très grande sensation ; les deux vieillards ont fait verser des larmes. C’est un grand jeu de théâtre, c’est la nature elle-même. Les galants Velches ne sont pas encore accoutumés à ces tableaux pathétiques. Je n’ai jamais vu sur notre théâtre un vieillard attendrissant ; Sarrazin même ne jouait Lusignan que comme un capucin.

Madame de La Harpe a fait pleurer dès sa première scène, en disant :

Laisse dans ces déserts ta fidèle Obéide 2.

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare .

Tranquilles, sans regrets, sans cruels souvenirs …

Il faut convenir que ce rôle est très neuf au théâtre, et, en vérité, c’est quelque chose que de faire du neuf aujourd’hui. Ce vers :

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare ;

et ceux-ci : 

Va, si mon cœur m’appelle aux lieux où je suis née,

Ce cœur doit s’en punir, il se doit imposer

Un frein qui le retienne, et qu’il n’ose briser ;

ces vers, dis-je, contiennent tout le monologue qu’on propose ; et ils font un bien plus grand effet dans le dialogue. Il y a cent fois plus de délicatesse, plus d’intérêt de curiosité, plus de passion, plus de décence, que si elle commençait grossièrement par se dire à elle-même, dans un monologue inutile, qu’elle aime un homme marié.

Il n’y a personne de nos acteurs de Ferney qui ne sente vivement combien ce monologue gâterait le rôle entier d’Obéide, à quel point il serait déplacé, et combien il serait contradictoire avec son caractère. Comment irriter, par degrés, la curiosité du spectateur ? comment lui donner le plaisir de deviner qu’Obéide idolâtre un homme qu’elle doit haïr, quand elle aura dit platement, dans un très froid monologue, ce qu’elle doit, ce qu’elle veut se cacher à elle-même ?

Je n’aime pas assurément les longs et insupportables romans de Paméla et de Clarisse 3. Ils ont réussi, parce qu’ils ont excité la curiosité du lecteur, à travers un fatras d’inutilités : mais si l’auteur avait été assez malavisé pour annoncer, dès le commencement, que Clarisse et Paméla aimaient leurs persécuteurs, tout était perdu, le lecteur aurait jeté le livre.

Serait-il possible que ces insulaires connussent mieux la nature que vos Velches ? Ne sentez-vous pas que ce qui est à sa place dans Alzire serait détestable dans Obéide ?

La pièce a été mal jouée sur votre théâtre, il faut en convenir, et la malignité a pris ce prétexte pour accabler la pièce : c’est ce qui m’est toujours arrivé On s’est attaché à de petits détails, à des mots, pour justifier cette malignité. J’ai ôté ce prétexte autant que je l’ai pu ; mais je ne puis vous donner des acteurs. Lekain n’est point assez jeune, et mademoiselle Durancy ne sait point pleurer ; vos vieillards sont à la glace. Il n’y a pas un rôle dans la pièce qui ne dût contribuer à l’harmonie du tableau. Les confidents mêmes y ont un caractère ; mais où trouver des confidents qui sachent parler avec intérêt ?

Malgré cette disette, mademoiselle Durancy, les Lekain, les Brizard, les Molé, en jouant avec un peu plus de chaleur et de véhémence (c’est-à-dire comme nous jouons), pourraient certainement attirer beaucoup de monde, et subjuguer enfin la cabale, comme ils ont fait dans Adélaïde du Guesclin, laquelle ne vaut pas certainement les Scythes.

Le rôle d’Athamare est actuellement plus favorable à l’acteur. Il arrivait au deuxième acte sans parler ; il faut qu’il attire sur lui toute l’attention. Ce sont de ces défauts dont je ne me suis aperçu que sur notre théâtre.

Je m’attendais que les comédiens répondraient à toutes les peines que je me suis données, et à tous les services que je leur ai rendus depuis cinquante ans. Ils devaient reprendre les représentations des Scythes ; c’est une loi dont ils ne se sont écartés que pour moi. Ils ont mieux aimé manquer à ce qu’il me doivent, et jouer les Illinois 4 pour faire mieux tomber les Scythes. Ils savent bien que c’est à peu près le même sujet. Leur conduite est le vrai secret de dégoûter le public d’un sujet neuf qu’ils vont rendre trivial. Je ne méritais pas cette ingratitude de leur part. Ma consolation est qu’il y a plus d’éditions des Scythes que les comédiens n’en ont donné de représentations. »

1Les Scythes, Act. II, sc. IV, avec de légères modifications.

2 Ibid.Ac. II, sc. 1, ainsi que les citations qui suivent .

4 Hirza ou les Illinois d'Edmé-Louis Billardon de Sauvigny, représenté le 27 mai 1767, retiré après une seule représentation, repris le 22 juin et joué alors treize fois . Pendant ce temps les comédiens refusaient de reprendre Les Scythes .

Voir : https://books.google.fr/books?id=kqOIygAACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edme-Louis_Billardon_de_Sau...

01/12/2022

malheureusement vous vous êtes servi de la première édition et non de la seconde

... Je vous en préviens ! Quelle suite allez-vous y donner ? https://www.lepoint.fr/phebe/phebe-les-avertissements-sur...

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[mai 1767]

M. de Voltaire prie monsieur Cramer de lui envoyer brochés un exemplaire des Nouveaux mélanges et un quatrième volume de ces mélanges séparé, où sont Les Scythes. »

 

 

« A Gabriel Cramer

Mon cher ami, je suis désespéré . Je viens de recevoir le recueil ; vous y avez mis ma Lettre à M. de Beaumont ; mais malheureusement vous vous êtes servi de la première édition et non de la seconde . On accuse dans la première un avocat, homme d'un grand mérite nommé Coqueley, d'avoir été complice de Fréron . Il a prouvé qu'il ne l’était point : c'est lui faire une injustice atroce que de mettre son nom avec celui de Fréron . Je vous envoie la seconde édition de cette lettre ; il n'y a qu'un carton à faire ; mais ce carton est d'une nécessité absolue, sans quoi le volume n’entrerait jamais à Paris .

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Mardi [mai 1767] »

30/11/2022

bien envoyer à maman et à son oncle un exemplaire relié

... et non pas un vulgaire SMS, insta ou tic toc !

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[mai 1767]

On prie monsieur Caro de vouloir bien envoyer à maman et à son oncle un exemplaire relié des Nouveaux mélanges philosophiques, historiques, et critiques qu'on dit qu'il a imprimés 1. »

29/11/2022

la comédie mardi

... Au choix : https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/

 

 

« Marie-Louise Denis et Voltaire

à Abraham et Louise-Suzanne Gallatin

[vers le 15 mai 1767]1

Mme Denis et M. de Voltaire prient M. et Mme Gallatin et toute leur maison pour la comédie mardi 19 mai 1767 à 5 heures. »

1 Original au dos d'une carte à jouer .

La tête me tourne de toutes ces éditions

... affirme , pour sa défense, Amazon qui vient de faire une grosse boulette vis-à-vis d'Apple : https://www.presse-citron.net/apple-enrage-amazon-se-trom...

Où en est l'action Apple après de coup d'épingle dans son chiffre d'affaire ? Y-a-t-il du suicide dans l'air pour Steve Jobs, Steve Wozniak, Ronald Wayne ?

https://fr.finance.yahoo.com/quote/AAPL/history/?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAHcnDyC6iXTjuO0qAoAAlr6Ba74akhfqhbmlNaj9H44AKGI7Llr37XZZ_j4iRwm51V-oC59PCHRFknM5WPIzR4c31U51yF9tU2kO0wdFvBUGR_u2nxVvsCcSqlKuJ8v8UON2jOUndAutoU2wHh3XArVWPNVqa-fSgdNFLHp--TYc

 

 

 

« A Jacques Lacombe

Libraire

Quai de Conti

à Paris

Acte Ier, scène 3

Sozame

Je mourrais trop content si ma chère Obéide

Haïssait comme moi cette cour si perfide .

Pourra-t-elle en effet penser dans ses beaux ans

Ainsi qu'un vieux soldat détrompé par le temps ?

Tu connais cher ami mes grandeurs éclipsées,

Et mes soupçons présents, et mes douleurs passées

etc.

 

Acte IVè, scène 6

Dans un même sépulcre enferme-nous tous deux.

 

Sozame

Trois amis y seront, ma douleur te le jure.

Mais déjà l'on s'avance, on venge notre injure ;

Nous ne mourrons pas seuls .

 

Hermodan

Je l'espère ; j'entends

Nos tambours, nos clairons, les cris des combattants,

Nos Scythes sont armés – dieux, punissez les crimes !

Que les cœurs innocents ne soient plus vos victimes

Ayez pitié d'un père

etc.

 

La tête me tourne de toutes ces éditions . Il y a pourtant cinquante ans que j'en use ainsi . Tout cela se débite ; au moins chez les épiciers .

Dites-moi donc, je vous en prie, si c'est en effet l'abbé Fouchet qui es l’auteur du Supplément à la Philosophie de l'histoire .

15è mai 1767 .

 

Plus – Acte IIIè, scène 3, 4è vers,

Dans notre obscur asile on voit ce qui l'amène .

corrigez :

Dans notre heureux asile on voit ce qui l'amène. »

28/11/2022

Une telle proposition excite ma juste colère.

... Halte à la hausse du prix du Pass Navigo et du ticket de métro dit, à juste titre, M. David Belliard : https://www.20minutes.fr/paris/4011872-20221127-hausse-pa...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argenrtal

15 Mai 1767.

Nous jouons donc plus souvent les Scythes en Scythie qu’à Paris ? C’est en essayant mon habit de Sozame que je présente encore ma requête à M. et Mme d’Argental, à M. de Thibouville, à M. de Chauvelin (à qui je n’ai pas encore pu faire réponse), et à toutes les belles dames qui se sont imaginé qu’Obéide doit commencer par un beau monologue sur son amour adultère pour un homme marié, qui a voulu l’enlever et en faire une fille entretenue : monologue qui certainement jetterait de l’indécence, du froid et du ridicule sur tout son rôle.

De l’indécence, parce qu’elle ne doit pas balancer lorsqu’elle croit son amant marié ; du froid, parce que les combats secrets qu’elle éprouve ensuite ne seraient qu’une répétition de ce que son monologue aurait dit ; du ridicule, parce que alors elle serait forcée de dire, dans son entrevue avec Athamare : « Ah ! ah ! votre femme est donc morte ? tant mieux ; tirez-moi d’ici au plus vite, et allons nous marier à Ecbatane. »

 Oui, j’aurai le courage

D’ensevelir mes jours dans ce désert sauvage.

Cela seul, dit de la manière dont Mme de La Harpe le récite, fait cent fois plus d’effet qu’un monologue, qui est presque toujours du remplissage.

Ah ! si vous aviez deux vieillards attendrissants ! Non, vous dis-je, cette pièce n’a jamais été bien jouée que par nous. J’avertirai toujours qu’il faut qu’Obéide pleure à ces vers :

 

Laisse dans ces déserts ta fidèle Obéide…

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare. 

Si tout finit pour moi, toi seul en es la cause ;

Toi seul m’as condamnée à vivre en ces déserts.

Ah ! c’est pour mon malheur !.............

Va, c’est toi qui reviens pour m’arracher le cœur.

Et puis, quand son père lui dit :

Mais qu’il parte à l’instant ; que jamais sa présence

N’épouvante un asile ouvert à l’innocence .

comme elle doit répondre avec une voix entrecoupée :

C’est ce que je prétends, seigneur !

comme elle doit dire douloureusement :

Et plût aux dieux

Que son fatal aspect n’eût point blessé mes yeux !

Relisez la pièce d’une tire, je vous en prie, et voyez si, étant jouée avec un concert unanime, par des acteurs intelligents et animés, elle ne doit pas attacher le spectateur d’un bout à l’autre. Voyez si le style n’est pas convenable au sujet ; si ce n’est pas une critique ridicule, et digne d’un Fréron, de vouloir qu’Obéide parle comme Sémiramis, Sozame comme Mahomet, et Indatire comme César.

On ne laisse pas de sentir un peu d’indignation de se voir si mal jugé. Ah ! Velches ! maudits Velches ! quand je vous donne du grand, vous dites que je suis boursouflé, et quand je vous donne du simple, vous dites que je suis bas. Allez, vous ne méritez pas les peines que je prends pour vous depuis cinquante années ; je vous abandonne à votre sens réprouvé.

Monsieur le marquis de Chauvelin, je vous demande pardon de ne vous avoir pas écrit. Lisez la pièce, en voilà trois exemplaires ; voyez l’effet qu’elle fera sur vous.

Messieurs, détrompez tant que vous pourrez les belles dames ; je les respecte fort, mais jamais je n’approuverai le monologue qu’elles demandent sur un amour adultère dont il ne faut pas dire un mot.

Et toi, pauvre Théâtre-Français, qui n’as qu’un seul acteur 1, et encore est-il trop gros ; toi qui n’approches pas de notre petit théâtre de Ferney, est-il possible que tu n’aies ni confident ni second rôle ? Ferme donc ta porte, malheureux !

Faites comme vous pourrez, mes anges ; mais venons-en à notre honneur et mettez-moi dans l’occasion aux pieds d’Elochivis et de Nalrisp 2.

A l’égard de Valider 3, je crois que cette âme-là se soucie peu d’une tragédie, et que vous ne vivez pas le long du jour avec lui.

Le faiseur de buste a mandé qu’il avait envoyé, par une diligence qui va de Besançon à Paris, un petit buste d’ivoire dont l’original vous adore. Ce n’était pas ce que je lui avais demandé ; je ne l’ai point vu : je suis contredit en tout dans les déserts de Scythie.

Je reçois dans le moment une lettre de M. de Thibouville, lettre funeste, lettre odieuse, dans laquelle il propose un froid réchauffé du monologue d’Alzire . Cela est intolérable. Ce qui est bon dans Alzire est affreux dans les Scythes. Il est beau qu’Obéide, étant adultère dans son cœur, se cache dans son crime ; il est beau qu’elle l’expie en épousant Indatire ; mais il faut que l’actrice fasse sentir qu’elle est folle d’Athamare ; il y a vingt vers qui le disent. Comment n’a-t-on pas compris que ce détestable monologue serait absolument incompatible avec le rôle d’Obéide ? Une telle proposition excite ma juste colère.

M.de Thibouville me mande que mon ange prend des bouillons purgatifs. Ah ! mes anges, portez-vous bien, si vous voulez que je vive.

V.»

1 Lekain .

3 Laverdy .

27/11/2022

on se tutoie toujours dans mon village

...Dédicace à LoveVoltaire, forever : We will be victorious ! https://www.youtube.com/watch?v=lbrWcvXceGU

https://www.youtube.com/watch?v=w8KQmps-Sog

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« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

A Ferney, 13 mai [1767]

Je n'ai que le temps, monsieur, de vous dépêcher par M. Marin un exemplaire de la seconde édition de Genève, exemplaire corrigé de ma main . Vous y trouverez quelques fautes d'impression réformées , comme :

Notre culte, Obéide, est simple comme vous 1.

Il est bien clair qu'il fallait nous puisqu'on se tutoie toujours dans mon village de Scythie .

Je n'ai point encore vu l'édition de Lyon et je crois que vous aurez le temps de la prévenir .

Permettez-moi d’en acheter cent exemplaires pour une commission à vingt sous pièce, sans compter le papier marbré .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Les Scythes, ac. II, sc. 3 ; l'édition Lacombe et plusieurs autres éditions portent cependant vous .